Pas de réveil traditionnel mais huit yeux me dévisageant, approchant leurs mandibules acérées de mon visage. Je sursaute à la vue de ces quatre mimigals et réveille de mon cri Paris et Pépite. Piotr se tient devant moi et derrière lui se dresse une dame majestueuse. Grande aux cheveux roux, la peau cristalline, elle semblait regarder mon sommeil avec beaucoup de tendresse. Elle est habillée d'une longue robe jouant des transparences et des reflets. «
Opale ! Je te présente Ama, oune de mes clientes les pluus... fidèle ! Ce matin tu seras avec elle et ses trrois pokémons ! Yé vous laisse entre faammes. » Piotr disparaît, ses mimigals aussi, il ne reste plus que moi, mes deux comparses et la grande dame. Elle dégage une sérénité incroyable, ses grands yeux verts m'intimident. Je me redresse et d'un geste gracieux de la main elle m'invite à m'asseoir sur une chaise à ses côtés. Une fois installée avec elle, elle se penche vers moi pour gentiment me replacer quelques mèches et fait claquer ses mains. Débarquent alors trois pokémons que je reconnais ; un persian, un nymphali et un nanméouie. Ce dernier nous apporte des tasses de thé bien pleine et aux odeurs délicieuses. Pépite s'est rapidement rapproché et est venu s'installer confortablement sur mes genoux. Je cherche Paris du regard et il tourne craintivement autour de nous, c'est amusant. Il n'a pas le regard sévère qui le caractérise habituellement, mais une moue dubitative.
Nos quatre invités semblent ignorer complètement la présence de mes pokémons et ont leurs yeux rivés sur mon visage. «
Qui es-tu Opale ? » Sa question si ouverte me perturbe et me confond, mais sa voix douce et son articulation prolongeant chaque syllabe me réconforte. D'une voix un peu balbutiante au départ, je me présente. Je me sens étrangement en confiance. Je lui raconte mon arrivée à la Pokémon Community, les événements du début des vacances, mes passions, mes goûts, mes curiosités, certaines parties de mon histoire. Elle acquiesce à tout avec un sourire des plus serein. Ses pokémons sont incroyablement dressés, immobiles et droits, ils écoutent comme elle la discussion. À l'inverse, Pépite lui se tord dans tous les sens pour essayer de boire mon thé ou d'attraper des biscuits et Paris ne termine pas sa ronde.
«
Je vois, tu es une jeune fille qui connaît déjà beaucoup de choses... Je vais me présenter maintenant. Je m'appelle Ama et je suis une coordinatrice performeuse. J'ai toujours lié ma passion des concours au coaching Pokémon. Je suis d'un bon niveau, j'ai beaucoup de rubans et je peux beaucoup t'apprendre sur le monde de la coordination. Si tu es intéressée, bien sûr. Je remarque aussi que tes créatures sont très peu disciplinées. » Que... quoi ? C'était une insulte ? Ou bien une remarque ? Comment dois-je le prendre ? Je me sens coupable... Je me sens presque forcée de lui expliquer ? Je lui raconte la capture de Paris et les soucis que j'ai eu avec son dressage infructueux. Elle écoute.
D'un claquement de doigt, elle fait se dresser Paris comme hypnotisé. Je laisse échapper un petit cri de surprise. Il n'en perd pas son attitude distante mais il l'a comme écouté. «
Opale, tu n'es pas là pour plaire à tes pokémons. Eux doivent te plaire, c'est toi qui dirige. C'est comme ça que les miens sont si disciplinés. Ils n'ont d'ailleurs pas de surnom. Un pokémon n'est pas ton ami Opale, il est ton serviteur. Je sens en toi les capacités pour devenir une performeuse mais tu ne peux pas laisser des créatures mener la barque pour toi. » Elle claque à nouveau des doigts et Paris s'assoit. Je ne comprends pas ce qu'elle essaye de me dire, elle n'aime pas ses pokémons ? Que se passe-t-il ? Elle dégage pourtant tant d'amour, tant de sérénité... Je plonge mon regard dans ceux de ses pokémons et ils semblent tous figés, interdits de spontanéité. «
C'est comme ça qu'on gagne un concours. Ton Galvaran serait bon à jeter s'il n'était pas shiny, mais il a cet avantage. Cependant c'est une bête. Ton Vivaldaim lui est plus prometteur, il faut juste le maîtriser. »
Je reste de marbre... Je ne comprends pas... non ! Pépite va très bien, c'est ainsi qu'il est heureux je ne veux pas le rigidifier ou quoi ? Et Paris ?? Je ne veux pas le rendre docile, lui faire perdre sa sauvagerie, seulement faire qu'il m'apprécie ! Je me redresse et écarte Pépite d'Ama. Je vais me placer derrière une machine à coudre et prend un ton neutre. «
Je ne partage pas votre vision Ama. Que dois-je faire pour vous ? » Un petit rire terrifiant s'échappe d'elle. Elle s'approche de moi et me tend quelques accessoires. «
Tu n'es qu'au début de ton parcours, je ne peux pas te blâmer de croire encore que tes pokémons peuvent être tes amis... Mais nous nous retrouverons plus tard je le sens, c'est pourquoi je ne vais pas te tenir rigueur de ton insolence et je vais t'enseigner ce qu'il faut savoir. » Quelle étrange femme... Je ne la comprends pas... Je jette un œil à Paris encore assis sous les ordres d'une inconnue. Ce n'est pas moi ça. Je m'attelle donc aux tâches qu'elle me confie avec difficultés mais sous ses conseils avisés j'arrive à un rendu pas trop mal en général. Piotr passe sûrement derrière moi de toute façon car jamais Ama ne laisserait ses « instruments » de concours avec des objets imparfaits. Elle m'apprend beaucoup au fur et à mesure, sur les compétiteurs les plus connus, les villes les plus importantes, les différences de règlement entre les régions, son expérience, ses échecs aussi. Cette dame est pleine de contradictions, elle semble avoir beaucoup d'affection et de soin pour moi.
Midi approche et je la remercie de son enseignement, mon travail étant terminé. En quittant la salle, elle m'incite à aller voir sa performance du lendemain et prétend que de toute manière nous nous reverrons. Comment peut-elle savoir cela alors que moi-même je n'ai aucune idée de ce que je veux faire... La porte de mon atelier se referme sur la marche distinguée et millimétrée du persian et je commence à préparer de quoi manger pour le midi. Pépite s'affaire avec moi et je regarde mon vivaldaim encore assis et immobile sous les ordres de cette étrange enchanteresse. «
Paris, je vais être franche avec toi. Je t'ai capturé en pensant pouvoir t'aider. Tu n'avais pas l'air heureux, j'étais heureuse de t'avoir. Ce que je souhaite c'est que l'on s'apprécie, que l'on soit amis. Ton attitude me fait souffrir et si tu souhaites partir avec cette femme, marcher au pas en permanence, répondre non pas à un surnom mais à des claquements de doigt, pars ! Je ne t'offrirai pas ce genre d'enseignement. » De toute ma prise de parole, il est resté de marbre. Il se redresse sur la fin tranquillement et va de son côté ranger quelques tissus sans m'adresser le moindre regard. Je ne peux m'empêcher de sourire un peu, nous sommes loin d'être amis, mais déjà un obstacle semble s'être éloigné...
Quelle étrange rencontre... Rapidement après le départ d'Ama c'est Piotr qui débarque dans mon atelier. Je vois premièrement se glisser sous ma porte les mimigals qui l'accompagnent puis son corps atypique apparaître une fois la porte ouverte. Je me demande à quel genre d'énergumène il va me balancer cette fois-ci. Tant que le travail me convient finalement, je ne devrai pas me plaindre. Il s'approche de moi et commence à choisir un tissu ici, un tissu par là et me les balance sous le nez. «
Demain c'est la grrrande concours ! Tu vas être avec moi dans les loges, il te faut du bel habit ! Pour tes pokémon aussi ! Ye te laisse l'après-midi ! » Sobrement il se retire, me laissant seule face à ce tas de tissus qui, j'imagine, sont des contraintes de couleurs pour être assortie avec lui... J'enfile alors mes écouteurs et me mets au travail...Très bien, que la leçon commence...
Piotr : Tu es née sur des chemins loin d'ici
Opale : Des chemins loin d'ici? C'est inouï ?
Piotr : C'est pourtant vrai!
Tu montais des pokémons
A trois ans et demi
Opale : A trois ans et demi?
Piotr : Le tropius
Alban : Etait vert !
Piotr : Tu t'amusais à terrifier ton père !
Alban : Tu l'as mis à l'eau
Opale : Moi tu crois?
Alban : J'en suis sûr!
Piotr : Mais on te grondait
Quand tu en faisais trop
Alban : Essaie d'imaginer
Piotr : Ton passé regretté
Tous les deux :
Tu as tout à apprendre
Hélas le temps nous est compté
Opale : D'accord, je suis prête
Piotr : Bon, fais comme moi et tiens-toi droite
Alban : Et ne marche pas il faut que tu flottes
Opale : Je me sens un peu idiote
Est-ce que je flotte ?
Piotr : Comme un petit yacht
Alban : Une révérence
Opale : Après je danse
Piotr : On te fait un baise-main
Piotr et Alban : Mais surtout rappelle toi bien
Piotr :Si moi je tiens mes promesses
Toi tu feras des prouesses
Alban : Répète toi sans cesse
Piotr et Alban : Que tu es une performeuse !
Piotr : Mets tes pas dans les miens, un par un
Piotr et Alban : Tu vois tu fais ça très bien
«
AAAARG ! » Je me réveille en sursaut endormie sur mes ciseaux, la marque des motifs sur mon visage, la salive coulant sur mon plan de travail. Était-ce un rêve ? Qu'est-ce qu'Alban venait foutre ici ? Je regarde l'heure... il est minuit... L'atelier est dans un état déplorable. J'ai du passer plusieurs heures à réussir à calculer les mensurations de Paris vu qu'il fuyait dès que je m'approchais avec le mètre. Le code couleur était le rose et le blanc et s'accordait assez bien avec mes pokémon et moi. L'habit ne fait pas le moine comme on dit et Piotr est très certainement excellent. J'enfile maladroitement la robe que je me suis faite, il y reste des aiguilles plantées et les imperfections sont grandes, mais je l'aime bien. C'est une robe qui m'arrive au genou, elle est faite de voiles superposés laissant beaucoup de transparence sauf au niveau des parties qui doivent être dissimulées. Je la trouve gracieuse et volante, presque volage même, elle me plaît et elle reste à mon image. Mes cheveux tombent sur mes épaules, cela faisait bien longtemps, et je me suis construit un diadème simple assorti à mes chaussures et à ma ceinture. Pour ce qui est de Paris je lui ai préparé un joli jabot de ma confection, lui enfiler sera une autre paire de manche, ainsi qu'une cape rose qui rappelle mes voiles. Je ne voulais pas le surcharger ni chercher à être particulièrement originale, mais il me semble que ça lui ira. Quant à Pépite ce fut bien plus simple comme j'ai pu les lui faire essayer. Il portera un large ruban rose pour le ceinturer et des canons d'avant-bras blanc. Je pense qu'ils seront très beaux et majestueux. J'ai essayé de leur parler pour les préparer à montrer un comportement exemplaire, en expliquant qu'il fallait qu'ils soient très à mon écoute pour que nous donnions l'impression d'être... classes, bons ? Bien qu'il soit tard, je ne peux me résoudre à passer la nuit dans l'atelier. Je réorganise l'atelier et le range du mieux possible. J'emporte avec moi tout ce que je peux... chaparder. Des chutes de tissus, une vieille paire de ciseau, quelques autres outils, tant que ça n'ait pas l'air de manquer à l'appel. Pépite et Paris emportent assez docilement les vêtements du lendemain et nous allons sonner à un hôtel de luxe près de la plage, j'ai la chance d'avoir encore la carte de ma tante pour me permettre ce genre de dépense.
«
Les rêves qui sommeillent dans nos cœurs
Au creux de la nuit
Habillent nos chagrins de bonheur
Dans le doux secret de l'oubli
Écoute ton rêve et demain
Le soleil brillera toujours
Même si ton cœur a l'âme en peine
Il faut y croire quand même
Le rêve d'une vie
C'est l'concouuuurs »
Après m'être inquiétée pendant quelques minutes de mes rêves chantés, mes yeux s'ouvrent dans un lit gigantesque, réveillée par le soleil et son arrivée. Quelle n'est pas ma surprise en voyant devant moi mes deux camarades déjà tout vêtus pour partir au concours. Je jette un regard à Paris, quelque chose a changé ? Sa fleur semble avoir été un peu arrangée, elle est moins fanée et mieux placée. Je réalise que Pépite s'entend bien avec lui, c'est pas la folie quoi, mais il peut le toucher sans qu'il fuit, décidément il n'y a qu'à moi qu'il ne veut pas répondre. Après tous mes rituels matinaux j'enfile ma jolie robe et mes deux pokémons se placent à côté de moi, Paris à ma droite majestueux avec son jabot et sa capa, Pépite lui à ma gauche se tient droit et dignement. Je ne comprends pas ce qui se passe, je dors encore ? Ils m'ont visiblement écouté hier, ils doivent avoir compris que cela me tenait à cœur.
Nous allons donc rejoindre Piotr tout apprêtés, tous beaux et il nous a accueilli comme tel. Le grand hall est rempli d'admirateurs en tout genre, ils viennent demander des autographes à mon maître de stage. Je n'avais pas idée qu'il était à ce point adulé. Il avait d'ailleurs changé son traditionnel juste-corps pour un costume rose et blanc très très proche du corps. Lorsque l'idée lui venait, il me présentait alors que je restais sagement à ses côtés. Je pus serrer la main de plein de personne qui me félicitaient hypocritement pour ma tenue. Pourquoi hypocritement ? Parce que je vois bien leurs regards se poser sur les imperfections de ma tenue, ses accrocs et les fils rebelles que j'étais encore incapable de dompter. Quel monde de faux-cul. Nous nous dirigeons ensuite vers la loge et là... Pépite a beaucoup de mal à se tenir et moi de même. Les buffets sont magistraux, des fontaines et des fontaines de nourritures succulentes. Je m'en approche pour faire goûter un peu à mes pokémons et moi-même m'en servir, j'essaye de m'y prendre bien, sans trop avoir l'air d'une goinfre. Mais c'est tellement bon...
Mais le concours s'apprête à démarrer, je vais m'asseoir à côté de Piotr. Nous sommes très hauts comparé à la scène. Le reste des spectateurs ont amené des jumelles de théâtre, cela leur donne un côté très sophistiqué et en même temps super pompeux. Je me contenterai de voir ce que voudra bien me montrer le gigantesque écran qui surplombe l'espace. Une musique retentit et tout le monde se lève pour applaudir... sauf dans la loge où leurs applaudissements retenus me font regretter de ne pas être avec les gens normaux dans les gradins. Un visage apparaît sur l'écran.
«
BIENVENU POIVRESSEL !!! Est-ce que vous êtes-là ??? » Des hurlements lui répondent... Je ne pourrai pas le tenir, je prétexte une envie pressante, Pépite m'accompagne mais Paris comprenant aussi mon manège préfère rester dans la loge. Rapidement j'arrive à me faufiler dans les gradins et hurle avec les autres. «
Vous me connaissez je suis Viviane Méridian la présentatrice des meilleurs concours d'Hoenn ! » La jeune femme vêtue de rose semble être au moins autant appréciée que les différents compétiteurs qui font leur entrée en scène, la liesse du public est incroyable.
Ils sont au nombre de six, c'est visiblement une sorte de finale. Ama et son persian ainsi que Jimmy et son chaffreux sont présents, la curiosité me brûle de voir ce qu'ils vont proposer. Je me sens si bien bousculée par les gens, subissant la chaleur et donc la transpiration des gens, la joie est incroyable. Quelques rangs plus loin j’aperçois mon professeur monsieur Heartnett, qui visiblement ne pouvait pas manquer l'événement. Il est au moins aussi excité que moi. Les personnes qui l'entourent le reconnaissent et prennent plein de photos avec cet idole du monde de la coordination. Lui aussi doit apprécier l'ambiance des gradins, ou bien tout simplement que tout le monde l'adule. C'est étrange qu'il ne soit pas venu nous saluer plus tôt avec Piotr.
La première performance est mise en place. Immédiatement l'atmosphère change, la scène est envahie par un décor futuriste, le dôme se ferme au-dessus et la scénographie prend une tout autre tournure une fois éclairée par des objets phosphorescents qui la composent. Une vieille dame entre en scène, elle est encore emprunte de beaucoup de grâce pour son âge. Elle vient s'asseoir au centre derrière une harpe dont chaque corde est peinte d'une couleur fluorescente différente. Avec la musique un Moyade femelle est alors éclairé flottant dans l'espace de tout son rose. Un ballet de lumière et de couleurs associés aux attaques du pokémon et à la musique de sa dresseuse prend place. Je suis émerveillée par le spectacle et personne n'ose réagir... sauf lorsque le dôme s'ouvre à nouveau et que la performance prend fin. Les gens sautent, crient, envoient leur culotte (je ne saurai même pas dire si ce n'est pas Andreas qui a fait ça), le salut de Miranda Fate est digne et sa disparition pleine d'émotion. Ama dans ses enseignements m'avait expliqué son parcours, la dame fait des concours son métier depuis plus de trente ans et n'a jamais perdu la niaque, ni l'originalité qui la caractérise dans ses performances.
En attendant que le second décor soit mis en place, la public est baigné dans une musique moderne. Je pense qu'il me faut rejoindre les loges, je ne veux pas faire mauvaise impression. En m'installant Piotr me demande si j'ai pu voir le précédent tableau je lui confirme que oui et il me fait part de son émerveillement. Ici les gens ne dansent pas sur de la musique moderne durant les intermèdes mais échangent avec beaucoup de passion sur ce qu'ils viennent de voir. Je lui donne aussi mes impressions et la discussion s'avère très intéressante. Il me lâche alors avec beaucoup de fierté qu'il lui a fabriqué ses premiers costumes et qu'ils ont eu une histoire très passionnel. Je me serai volontiers passé de ce détail mais j'acquiesce quand même d'un sourire poli. Le deuxième décor est mis en place et cette fois-ci le dôme ne se referme pas.
La scène est vide et seul s'avance un jeune homme vêtu d'une grande cape. Il pointe le ciel du doigt et nous voyons alors se dessiner dans le ciel l'ombre d'un... Kyogre ? Un grand « OH ! » est lâché par le public interloqué. D'autres ombres de Pokémon aquatiques se forment et tout l'océan semble flotter au-dessus de nous. Descend alors de toutes ces brumes foncées un Grodrive, en s'approchant du sol il déclenche des systèmes mis en place au sol qui provoquent un spectacle aquatique de fontaines gérés en temps réel par le dresseur. Plusieurs associations d'attaques plus tard, la performance se termine et les applaudissement ne se font pas attendre. «
Encore une surprise en cette journée splendide ! » balance la présentatrice Méridian. J'applaudis avec la même retenu que ceux qui m'encadrent. Je suis tout aussi interloquée mais cette fois-ci j'entends des retours à chauds reprocher toute sorte de chose à la prestation. Je ne pensais pas qu'il était possible d'être aussi critique sur quelque chose d'aussi impressionnant mais de toute évidence, cela n'a pas fait l'unanimité et c'est très intéressant d'entendre tout ça. Je m'en délecte et Paris se promène parmi les riches invités des loges en écoutant toutes les informations qu'il peut. Il n'y a plus de doute, ce Pokémon est terriblement intéressé par les concours Pokémon. Et moi ?
La troisième prestation débute, il s'agit d'Ama. Le décor est presque tout blanc mais très détaillé, très perfectionné. C'est très étrange même ce sentiment de simplicité alors que l'on voit l'ampleur de la difficulté. Ama apparaît avec une grâce et une délicatesse incroyable. Persian arrive très simplement d'une marche fière et parfaite, son corps, sa pierre, tout resplendit chez lui. C'est alors qu'avec beaucoup de grâce et accompagnée de sa dresseuse en danse, il saute d'objet en objet en effectuant des attaques. Chaque objet renferme un système musical, c'est comme des percussions, et la musique qu'il créé est très harmonieuse. Il n'y a rien en trop, tout est parfait et sobre, aucune fioriture. Cela se termine et les réactions sont plus vivaces encore que lors de la prestation de Miranda. Des fans lui envoient des fleurs, même les personnes dans la loge s'excite à la vue du spectacle. Les discussions qui suivent la célèbrent comme une déesse, même si certains lui reprochent d'avoir été là où on l'attendait. Je suis bouche-bée, je fais le lien avec tout ce qu'elle m'a dit... Elle est incroyable, elle va peut-être gagner...
Jimmy débarque alors dans les loges et vient murmurer un appel à l'aide à l'oreille de Piotr. Ce dernier m'envoie lui porter secours. Je déteste l'idée de rater des prestations mais je n'ai pas le choix. Lui passera en dernier aujourd'hui ce qui nous laisse du temps pour régler son problème. J'entre dans sa loge et y voit un gigantesque papillon. Je me disais bien qu'il ne m'avait pas confié les accessoires de son pokémon qui participerait au concours pour mon premier jour. Son pokémon est un Pyrax chromatique, ses ailes sont bleues au lieu d'être rouges. Cela rend le contraste avec le feu qu'il dégage très impressionnant. Il m'explique que son pokémon a cramé son diadème en fleurs... En même temps foutre une couronne de fleurs sur la tête d'un pokémon qui peut incendier une ville ce n'était pas malin. Il lui faut une nouvelle couronne. Je cherche un matériau intéressant... Après plusieurs minutes de panique j'imagine un diadème en fer forgé se mettre à rougir sous le coup des attaques du Pyrax. Jimmy est partant ! Maintenant... il nous faut du fer forgé... Avec Jimmy nous partons donc gaiement vandaliser le grand portail qui donne l'accès aux jardins du complexe de coordination. Plein de ressources, et de multiples pokémons aux capacités très différentes, Jimmy arrive en m'en sortir un morceau suffisamment sympa pour que je puisse, avec l'aide du Pyrax et de ses flammes, le tordre et lui construire sa plus belle couronne. Le résultat est superbe, nous nous applaudissons mutuellement et il me remercie. Je retourne en loge et j'ai effectivement raté deux prestations dont la dernière n'a pas visiblement provoqué l'émoi.
«
Et maintenant, pour conclure en beauté cette splendide journée : Jimmy Feutron !!! » Jimmy s'avance sur scène et là se marient un spectacle pyrotechnique et une guitare électrique pendant plusieurs minutes. Pleins de choses magnifiques s'y déroulent, son Pyrax excelle... Mas tout le monde lui reproche un grand manque d'originalité. Le prix se jouera entre Miranda et Ama. La loge dans l'attente des résultats se transforme en salle de bal et je me retrouve à danser avec toutes sortes de personnes ; des vieux bizarres, des jeunes riches, d'autres stagiaires (et c'est sûrement la meilleure partie). Les délibérations prennent plus de temps que prévue et un nouveau buffet fait son arrivée. Pépite commence à oublier ses bonnes manières, un peu trop enjoué par la danse, et se lance dans un dévorage en règle de petits fours. Paris feint de ne pas le connaître à l'autre bout de la salle. Le vivaldaim et sa fleur déviante attire la curiosité des gens, je savais bien qu'il dégageait quelque chose de spécial... La soirée se poursuit très agréablement puis vient le moment de désigner la grande gagnante.
«
Et le ou la grande gagnante de ce concours est... MIRANDA FATE !!! » Les applaudissements retentissent à nouveau, dans les loges certains pensent qu'elle a été favorisé pour son âge et sa proximité avec la retraite, c'était peut-être son dernier concours en dehors de sa région natale qui est Kantô. Moi je l'ai trouvé tellement formidable avec son Moyade. La soirée se termine avec toujours autant de liesse et de joie, Piotr m'a laissé faire la fête dans le grand hall avec les gens normaux. Je recroise Andreas qui me félicite pour ma tenue et s'envole pour distribuer des roses à toutes les jeunes filles de la salle... erm.
Je vous épargnerai le discours ennuyeux des deux jours qui suivirent ces trois premiers jours remplis d'expériences. Je me suis retrouvé à faire du baby-sitting pour un concours de Couafarel ! Piotr m'a chargé de garder une journée entière les cinq boules de poil dont il avait la responsabilité. Pokémons exigeants et ennuyeux, je n'ai pas du tout apprécié ce passage. Le lendemain j'ai aidé à mettre en place la scène du défilé, expérience qui aurait pu valoir le coup si tout n'avait pas été aussi attendu et kitsch ! Au moins j'aurai eu l'occasion de voir comment se mettent en place les lumières et les décors. Le défilé en lui-même était tout aussi mauvais, s'extasier devant des pokémons parce qu'ils ont une étoile au lieu d'un rond sur la tête, je ne comprends pas le principe. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas imposé ça à mes pokémons qui restèrent dans la chambre d'hôtel d'Alamos. Oui, c'est bien à Sinnoh qu'a eu lieu ce concours canin. La ville en elle-même fut une splendide découverte, le lac l'entourant était impressionnant et l'atmosphère de cette cité qui serait le berceau de Darkrai est très particulière. Avec Paris et Pépite nous passions nos après-midi à visionner des rediffusions de concours que m'avait conseillé Ama. L'intérêt de Paris pour la discipline ne cesse de grandir, sa fleur se porte mieux et lorsque les concours sont évoqués il est plus attentif. Il reste toujours aussi sauvage et distant pour le reste. Pépite est moins intéressé mais s'amuse beaucoup de porter des costumes, donc pour le moment tout fonctionne.
Aujourd'hui nous changeons encore de région. L'avion est sur le point de décoller et mes amis me harcèlent de message. Bien sûr je parle de mes amis du net, qui m'appellent Electr@. Ils s'inquiètent de mon manque de nouvelle, de la distance que je prends avec eux... J'aimerai trouver un juste équilibre. Alors je leur raconte mon dilemme entre l'intérêt que je commence à éprouver pour la coordination et mon rêve de devenir informaticienne. Tous y sont très sensibles mais manquent d'objectivité. Ils ne me connaissent que comme une geek, forcément ils m'invitent à ne pas abandonner ce « don ». Je me sers de l'avion comme prétexte pour ne plus avoir à répondre, ils ne facilitent pas mon choix. Pourquoi ne suis-je pas capable d'associer tout ce qui me plaît ? L'avion arrive dans le charmant village que Villedargent. Une belle découverte de Kantô pas très loin de chez ma tante. Piotr me dit que nous y resterons deux jours, cela me laissera le temps de la voir.
Je prends le temps de m'installer dans l'hôtel, j'ai laissé Paris et Pépite visiter la ville, ils sont tout excités à l'idée de découvrir une ville d'une région différente. En seulement quelques jours ils auront pu découvrir plus de cultures différentes et de pokémons que plusieurs personnes en une vie entière. Piotr ne m'a pas donné beaucoup d'informations encore une fois mais j'ai vu dans la ville des affiches pour un concours se déroulant le lendemain. Je me doute que je vais devoir retoucher des trucs pour que cela soit parfait. J'ai vraiment le sentiment d'avoir beaucoup appris au cours derniers jours, de m'être montrée utile et que Piotr m'estime aussi, plus qu'au début du stage. Avec de la chance j'aurai une appréciation pas trop dégueulasse. Et puis grâce à Ama ma culture est bien plus agrandie. Je me sens presque à l'aise dans ce milieu.
Je reçois un sms de ma tante me disant qu'elle serait disponible pour manger ce midi avec moi, le soucis étant que je dois déjà retrouver Piotr dans un restaurant. Je lui propose donc de nous rejoindre pour le café et je me prépare pour me rendre au rendez-vous. Une fois sortie je rappelle Paris et Pépite qui ne s'était pas trop éloignés et nous nous retrouvons devant cette façade splendide, un restaurant proposant plein de spécialités du pays. Je m'y engouffre et découvre avec stupeur que mon maître de stage n'y est pas seul. «
Bonjourrr Opale ! Viens t'installer ! Tu connais déjàà notrre invitée ! » Je reconnais Miranda Fate, la gagnante du concours d'il y a deux jours, je la salue humblement et m'installe à côté d'eux. «
Je suis ravi de ce stage ma chèrre Opale. Je n'ai eu que des retourrs positifs ! Enfin, Jimmy s'est ravisé avec l'aide que tu lui as apporté hier, mais ce fut superr ! Donc tu vas passer l'après-midi avec une des plus grandes coordinatrices du monde et lui confectionner sa tenue pour demain, elle est la guest-star du jury ! Villedargent est sa ville natale ! » Je la regarde impressionnée, elle prend une inspiration et me répond d'une voix douce et mielleuse. «
Tu as l'air prometteuse Opale. Ama m'a parlé de toi, elle m'a dit que tu serais sûrement pour elle ce qu'elle est pour moi, une rivale lui rappelant sa jeunesse... Mais ne crois pas que j'adhère à ses méthodes, cependant on ne peut pas nier qu'elles sont aussi efficaces. Il me tarde de voir la tenue que tu vas me confectionner. » Pendant le repas nous échangeons sur le monde du concours et j'apprends plein d'anecdotes passionnantes et découvre aussi des techniques fabuleuses. Les deux me parlent des plus belles performances qu'ils ont vu, ils font rapidement référence à leur passé d'amant sur le ton de l'humour, je n'en reviens pas de partager un repas avec deux grandes figures du monde du concours.
Ma tante fait son apparition à la fin du repas pour le café comme prévu. Elle est saluée par ces deux figures de la coordination comme une des leurs, en effet, Piotr se fournit toujours avec les produits de l'entreprise. Ils se connaissent même, il ne savait pas nous étions liées, et moi je n'avais aucune idée de l'influence de ma tante dans le milieu. Je la regarde émerveillée se mêler parfaitement à la discussion et faire preuve d'autant d'élégance que Miranda et mon patron. Avec la présence d'un membre de ma famille, la discussion se centre sur moi, ils me demandent comment j'ai vécu ces quelques jours, si je souhaite évoluer dans le milieu... Je leur réponds ce que vous savez, je ne sais pas, mais cela me plaît beaucoup. Et puis à la Pokémon Community, même si je choisis d'être coordinatrice, que choisir entre Performeuse et Styliste ? Ils me disent de ne pas m'inquiéter et que de toute manière, l'un servira l'autre. L'heure sonne les quinze heures, il est l'heure pour Miranda et moi de partir, nous nous retrouvons dans un petit atelier très coquet où tout est déjà mis en place. Paris et Pépite se montre très volontaires et moi j'écoute ce que souhaiterait Mirande.
Elle me dit qu'elle souhaite que l'on comprenne avec sa tenue qu'elle est heureuse d'être chez elle, que beaucoup d'amour et de souvenirs lui reviennent avec ce lieu, qu'elle veut aussi montrer qu'elle ne vit pas du passé et qu'elle va encore de l'avant malgré son âge. Je prends des notes et encore des notes. La pression grimpe, toutes ces indications ne sont pas concrètes, seulement liées à des émotions : pas de couleur, de forme... Je prends ses mesures puis elle s'éclipse le temps de l'après-midi. Je conçois alors avec mes acolytes une robe en drapé doré, la matière est belle, beaucoup de chaleur émane du tissu. La robe est longue et couvre presque tout son corps, elle offre cependant un décolleté assez grand et est cintrée à la taille. Pas de bijoux avec une robe dorée pour éviter le surplus. Il m'aura fallu des heures de travail pour y parvenir et le résultat me semble aller parfaitement, du moins j'en suis fière. En revenant et en l'essayant j'ai la satisfaction de savoir qu'elle sera heureuse et je ne rate pas, j'avais ce pressentiment. Elle tourne dans sa robe vive et me prend dans ses bras pour me remercier. C'est sûrement le plus beau cadeau de cette semaine. Nous installons autour d'un thé et d'autres anecdotes sont énoncées jusqu'à plus d'heure. «
Tu sais ma petite Opale, le monde de la coordination est un univers magnifique, tu y verras les plus belles choses que la complémentarité entre les hommes et les pokémons a à offrir. C'est malheureusement aussi la porte ouverte aux horreurs, à toi de trouver dans la bonne catégorie. » Et maintenant j'en rêve...
Terminé le stage, terminée l'aventure. Je me retrouve sur Cobaba pleine de magnifiques souvenirs. La dernière journée j'ai assisté au concours et j'ai du forcément aider pour les petites galères de dernière minute, on avait même perdu un pokémon tout de même. Des rencontres différentes et riches, la découverte d'un milieu nouveau... J'en suis changée c'est sûre... Et toi je t'ai bien oublié pendant ces histoires ? Qu'en penses-tu toi ? Je devrai être coordinatrice, ou pas ? Il est sûr que Paris le souhaite en tout cas et je suis heureuse de l'avoir mieux découvert... n'est-ce pas ?