Grosse ambiance. Plantée devant le chalet du préfet, Eryn se sentait toute petite. Déjà parce qu’il était plus grand qu’elle, et ensuite parce qu’elle venait de l’embarquer de force dans une aventure qui n’avait pas trop l’air de lui plaire. Ce n’était pas sa faute. Ce Roseverte, quel emmerdeur ! Ne pouvait-il pas leur demander, au moins, si ça les gênait de partir ensemble ? Leonidas n’en avait très certainement pas envie, même s’il affirmait le contraire en souriant d’un air quelque peu crispé qui la mettait encore plus mal à l’aise. Au moins l’invitait-il à rentrer dans la chambre, ce qu’elle fit de son pas timide de petite souris gênée. Et bizarrement, la pièce semblait… Différente. Plus sombre, en fait. Alors que quand elle venait y chercher Cael, l’endroit était bien plus lumineux, tandis que là, l’air semblait plus lourd, plus oppressant. Leonidas déprimait-il donc à ce point ? C’était limite angoissant pour elle. Heureusement, Leonidas y mettait les formes, en lui proposant de la viande séchée, privilège immense qu’il lui faisait vu qu’à l’entendre, il n’en proposait même pas à Cael. Après un petit rire gêné, elle en prit une lamelle pour la mâchonner distraitement, avant de répondre à ses questions posées quelques instants plus tôt.
« Non, ma valise n’est pas prête, j’ai bondi pour venir ici dès que j’ai su pour la mission. Je pensais proposer à Cael, retourner faire ma valise et retourner le chercher pour aller au bateau avec lui. » Elle esquissa un sourire gêné. « Du coup… Je te laisse faire ta valise, je vais m’occuper de la mienne, et on se retrouve devant ton dortoir ? »
Leo accepta, et après un nouveau sourire, Eryn s’enfuit pour rejoindre son dortoir, histoire de préparer ses propres affaires. Concrètement, elle n’emporterait rien de vraiment exceptionnel. De quoi de changer, de quoi manger et boire, son carnet de notes, sa lampe, ses affaires de scientifique, son appareil photo, bref, rien que le strict nécessaire. Son sac serait fait en quelques minutes, si Flim la laissait tranquille et n’insistait pas pour y ajouter mille et une petites choses inutiles. Il ne lui fallut que peu de temps pour atteindre son dortoir et s’enfermer dans sa chambre, et très vite, la Mentali se retrouva assise sur son lit, se grattant la tête en se demandant ce qu’elle pouvait bien emmener dans la multitude de fringues répandus au sol. Ahlala… Incorrigible petite Mentali. Ce fut finalement le Posipi qui l’aida à choisir, la Vipélierre lui prêtant main-forte avec grand plaisir, cette noble petite plante aimant beaucoup trop la beauté et l’élégance. Il lui fallut un peu plus de temps que prévu, mais finalement, son sac fut bouclé, chargé sur le dos de Yakuru qui trépignait d’impatience à l’idée de le porter, et après avoir laissé un mot à Dahlia pour lui dire qu’elle partait en mission, elle quitta son dortoir pour rejoindre en toute hâte celui de Leonidas, priant pour ne pas l’avoir trop fait attendre.
« Me voilà, je suis prête ! Tu as tout ce qu’il te faut ? » Apparemment, oui, et il semblait moins chargé qu’elle. « Alors c’est parti pour Johto ! En route, mauvaise troupe ! »
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« Pfouuuh… Pas fâchée d’être arrivée. »
La traversée avait été quelque peu rasoir. Zhu, le Métamorph, en avait profité pour s’approcher de Leo, mais surtout de Luné, et prendre timidement sa forme pour essayer de communiquer plus facilement avec le Zoroark. Mais ce dernier ne semblant pas très réactif, il avait fui pour retourner vers sa dresseuse, qui épluchait des sites depuis son iPok pour apprendre un maximum de trucs sur Insolourdo. Elle n’avait rien appris de vraiment exceptionnel, si ce n’est que sa queue ressemblant à un petit foret lui permettait de creuser à reculons et de s’enfuir en surprenant l’ennemi (après tout, qui s’enfuie en reculant, hein ?) et que les petites ailes atrophiées sur son dos lui permettaient de voler sur de courtes distances. Bref, pas grand-chose, quoi. Heureusement, le trajet n’avait pas été très long, et ils avaient fini par descendre, et en s’aidant de la carte du monde qu’elle avait téléchargé sur son iPok, ils étaient allés d’Oliville à Mauville à pied en moins d’une heure, en coupant à travers la campagne pour aller plus vite. Petit avantage d’Eryn, qui connaissait le terrain, pour y avoir maintes fois joué avec ses cousins, quand ils allaient visiter la famille Fish qui vivait non loin. En passant devant la maison des Fish, d’ailleurs, elle avait pu constater d’un simple coup d’œil que personne n’était là. Elle ne pourrait pas dire bonjour à sa famille. Tant pis ! Ils avaient donc continué leur route pour atteindre l’Antre Noir. Du moins, l’une des trois entrées. Le professeur Orme leur avait donné rendez-vous à l’entrée près de Mauville, leur disant que celle d’Ebenelle leur était inaccessible (beaucoup trop de chemin à faire) et qu’il était impossible de passer par l’entrée près de Bourg Geon, bloquée par une corniche trop haute pour être escaladée.
« Normalement, c’est la bonne entrée. Je doute que le professeur Orme se déplace en personne, à mon avis il a dû envoyer un de ses nombreux assistants. On ne devrait pas tarder à - »
Un léger bruit dans les fourrés l’interrompit, et alors qu’elle tournait la tête, un petit être violet en sortir, pour la fixer droit dans les yeux. Le cœur d’Eryn rata un battement. Mentali. Si elle s’était attendue à se retrouver devant l’incarnation de son dortoir ! Et grands dieux, quelle pure merveille ! Alors qu’elle admirait le Mentali, un Noctali sortit du buisson pour s’asseoir à côté de son comparse, ou plutôt de sa compagne, vu comment il posait la patte sur la sienne. Absolument adorable ! Mais d’où venaient-ils ? La réponse vint rapidement. Du chemin apparut soudainement leur dresseuse, une petite femme à l’air aussi sympathique que sa référente de dortoir, ses cheveux noirs ébouriffés retenus par une pince, ses lunettes quelque peu de travers prouvant qu’elle venait juste de les relever sur son nez, sa blouse blanche de scientifique laissant apparaître son carnet de notes et quelques stylos. Elle les rejoignit en quelques pas, et leur fit un sourire des plus chaleureux pour leur souhaiter la bienvenue.
« Vous devez être les élèves de Lansat, non ? Eryn et Leonidas ? Je suis envoyée par le professeur Orme. Vous pouvez m’appeler Kate. C’est un plaisir de voir de jeunes gens aussi dévoués à la recherche scientifique. »
Nouveau sourire. Et bêtement, Eryn l’imita, mise en confiance par la gentillesse de l’adulte aux Pokémon si merveilleux. La mission commençait plutôt bien, en fait !