On ne fait pas dans la dentelle
Axel Bird

Elle regarda à gauche et à droite afin de s’assurer que personne ne la suivait. Le souffle court, elle se donnait l’impression d’être une petite espionne. Comme lorsqu’elle était encore garde forestier sur l’île des Guimauvriers. Les sens à l’affût, l’œil vif, l’ouïe fine, elle tentait de percevoir chaque bruit de pas, chaque bruissement de papier… Poussant un soupir en constatant qu’aucune de ses connaissances n’était dans les parages, elle se coula furtivement jusqu’à la grande double porte en joli bois et passa les battants. Un pas à l’intérieur et elle referma précipitamment derrière elle, s’attirant par la même occasion quelques regards courroucés de la part des gens déjà présents. Certains en vinrent même à poser un index sur leur bouche en lui sifflant de faire moins de bruit ; comme si une porte qui se refermait était la perturbation la plus dérangeante qu’ils aient déjà connus. Elle leva la tête et esquissa un léger sourire gêné, comme pour s’excuser, mais les Phyllali se désintéressèrent bien rapidement d’elle pour retourner à leurs devoirs. Comme elle l’avait supposé, ici, personne ne faisait attention à elle.

Pourtant, elle avait l’air assez étrange dans ce décor. Entre les livres poussiéreux, les nombreuses tables pour travailler et les groupes occupés à rédiger leur dernier devoir pour Roseverte, Hazel se faisait l’effet d’un véritable paria. Elle était jolie et élancée, Hazel. Une peau parfaitement lisse, un teint de pêche, de longs cheveux châtains tirant sur le violet attachés en une queue de cheval haute, des longs cils recouverts de mascara, et un maquillage discret mais sophistiqué. Ses vêtements étaient à l’image du reste de son physique ; soignés, élégants, choisis avec goût et soin. Pour cette fin de journée, elle portait un slim bleu très clair avec effet jean, un chemisier à col Claudine rose pâle et blanc, agrémenté d’un ruban blanc écru noué autour du cou. Une petite veste en grosse laine blanche venait recouvrir le tout, s’arrêtant en dessous de ses fesses, la taille ceinturée par un cordon du même rose pâle que son haut.

Son sac à dos sur l’épaule, elle observa les lieux un moment. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait à la Bibliothèque, évidemment. Elle avait suivi comme tous les nouveaux élèves de sa promotion, la barbante et traditionnelle visite de ces locaux, et avait eu l’immense joie de rencontrer la très aimable *tousse* Madame Pervenche. Pourtant, en plus d’un mois, c’était la première fois qu’elle venait y étudier sérieusement. Un peu intimidée dans cet environnement hostile, elle se décida à avancer vers les rayonnages de livres afin de chercher les ouvrages portés sur la Médecine. Assorti à ses vêtements avec la nacre de son corps et le rose de ses extrémités, Lupin voletait joyeusement autour d’elle, faisant parfois tinter son carillon. Carillon qui ne tarda d’ailleurs pas à gêner les élèves qui voulaient étudier dans le silence. De nombreux soupirs agacés s’élevèrent de toute part, et Hazel fusilla du regard son Eoko. Elle se sentait déjà bien trop peu à sa place ici, ce n’était pas la peine d’y rajouter une difficulté !

S’enfonçant donc plus profondément encore dans la Bibliothèque, elle parvint enfin au rayon qu’elle cherchait. Esquissant un sourire légèrement rose du fait de son rouge à lèvre discret, elle passa ses doigts aux ongles vernis d’incarnadin sur les différentes tranches d’ouvrages. Maladies et autres épidémies. Anatomie globale des Pokémon. Changement de statuts. Plantes médicinales. C’était une véritable mine de connaissance ! Enthousiasmée par autant de recherches fructueuses, elle prit un livre au hasard et en lu le résumé. Ce dernier semblait intéressant bien qu’un peu éloigné de ce qu’elle recherchait vraiment. Le reposant donc, elle se baissa et se retrouva à la hauteur d’un petit livre à reliure de cuir noir qui l’intrigua. Pokémon Obscurs et folie. Qu’est-ce que c’était un Pokémon Obscur ? Sortant le livre pour le feuilleter, elle ne se rendit compte de la disparition de Lupin que bien trop tard. Levant alors la tête, paniquée, elle décida de le chercher avant toute chose.

Ce stupide Eoko ! Ne pouvait-il pas rester en place, de temps en temps ? Irritée, elle traversa deux rangées de tables, s’attirant par la même occasion les soupirs exaspérés de ses camarades, puis retrouva enfin le petit plaisantin qui lévitait joyeusement autour d’un garçon brun. « Lupin ! » chuchota-t-elle précipitamment en faisant signe à son Pokémon de venir. Encore une fois, elle s’attira les foudres de ses camarades et se décida à les fusiller elle-même du regard. Non mais eh, ne pouvaient-ils pas être un minimum compréhensif ? Lupin pour sa part ignora complètement sa dresseuse. Lévitant vers une seconde table, il sortit des tréfonds de nulle part… une culotte ?! Mince alors !

Accélérant le pas, Hazel retint sa respiration quand elle vit le Eoko se diriger vers un garçon blond, plongé dans ses lectures, et lui déposer… la culotte sur la tête. Aussitôt, elle eut l’impression que son monde s’effondrait. Ça ne sentait pas bon. Pas bon du tout. Gambadant en direction de Lupin, elle l’attrapa par l’antenne et le tira fermement vers elle, les sourcils froncés. Puis, se rendant compte de la présence du blond qui commençait à s’agiter, la culotte sur la tête, elle se mit à rougir violemment. « Heuuu… Désolée je heu… Mon Pokémon… est un peu turbulent et… il t’a mis un truc sur la tête… » bafouilla-t-elle, sa voix de plus en plus éteinte au fur et à mesure que le blond se tournait vers elle.

Elle avait l’impression de s’être littéralement décomposée. Mais qu’avait fait Lupin, encore une fois ? Rouge de honte, elle piétina sur place, mal à l’aise. Elle espérait seulement que ce garçon ne lui ferait pas un scandale au beau milieu de la Bibliothèque. Elle n’était pas sûre de pouvoir supporter un truc pareil. Ah, pauvre Hazel… Une journée normale, était-ce trop demander pour toi ? Visiblement oui. Il y en avait cependant un qui s’amusait énormément de la situation et, sourire aux lèvres, le Eoko se tourna vers le blond inconnu pour le saluer. Ahaha. Quel petit con.

On ne fait pas dans la dentelle
Axel Bird

Elle avait envie de se terrer au fond d’un trou pour ne plus jamais en ressortir. Pourquoi Lupin faisait-il toujours les trucs les plus ridicules avec le moins de discrétion ? D’autant plus que tous les élèves de sa promotion avaient déjà remarqué son Eoko chromatique. Après tout, avec une couleur rose et blanche pareille, il ne pouvait pas passer vraiment inaperçu. Alors pourquoi était-il si peu discipliné ? Elle voulut fondre en larme tant Lupin l’embarrassait. Voler des culottes, c’était déjà bien gênant en soit. Les cacher dans la chambre d’Hazel, après tout pourquoi pas ; de toute façon, personne n’entrait jamais dans son dortoir pour la voir, donc l’affaire était réglée. Mais la déposer sur la tête d’un autre élève de son âge ? Donnez-moi tout de suite un flingue qu’on en reparle plus, hein ! Hazel se sentit rougir violemment. Cette culotte, elle n’était pas à elle, heureusement d’ailleurs. Mais ce fichu Eoko, oui. Et ça, elle n’aurait jamais pu mentir à ce sujet car tout le monde savait que Lupin lui appartenait. La gorge sèche, elle se pencha vers le garçon blond pour s’excuser et l’avertir de ce fait. Elle ne le connaissait après tout pas assez pour lui arracher la lingerie du crâne et la fourrer en cachette dans son sac. Sûr qu’il n’aurait rien compris et qu’il l’aurait houspillée pour lui avoir pratiquement décroché la tête. Alors elle avait opté pour la solution la plus logique. Même si c’était aussi la plus compliquée.

Tendue, elle attendit que le garçon blond veuille bien se tourner vers elle. Dès que cela fut fait, elle remarqua sa jolie chevelure miel et ses grands yeux d’un bleu océan. Ouah, il avait eu de la chance niveau génétique, celui-là. Il paraissait un peu plus jeune qu’elle, mais elle était sûre qu’il deviendrait sacrément canon dans le futur. Il avait quelques traits androgynes également, mais cela ne la dérangea pas. Fait étrange d’ailleurs, elle avait l’impression qu’elle l’intimidait. Dès qu’il la regarda à son tour, il se mit à rougir violemment. Ses pupilles saphir semblaient détailler chaque millimètre carré de sa peau, ce qui la mit plutôt mal à l’aise. Oh, elle avait l’habitude qu’on la regarde et l’admire, évidemment. Mais en général, c’était fait maladroitement et discrètement, ce qui l’amusait. Pour le coup, ce garçon-là donnait l’impression d’avoir vu la première fille de sa vie. A la fois embarrassée et gênée, elle eut un petit sourire d’excuse. Pas le temps néanmoins d’ajouter quoi que ce soit, car le garçon venait de refermer brusquement son livre, de le glisser sous son bras et de s’enfuir. Sans lui rendre la culotte évidemment, sinon ce n’était pas drôle.

Passant à côté d’elle comme une fusée, il lui murmura un timide « C’est pas grave » avant de s’engouffrer dans le labyrinthe des étagères et de disparaître derrière un groupe de Phyllali qui venait chercher des ouvrages sur la situation géopolitique de Johto. Eh merde ! Hazel se tourna vers Lupin pour le fusiller du regard, comme si tout cela était de sa faute. Puis, décidant de laisser à plus tard ses recherches sur les Pokémon Obscurs, elle tira son Eoko vers elle et courut après le garçon blond. Elle passa devant une première étagère, puis regarda à gauche et à droite. Aucune trace de la victime de Lupin, évidemment. Il avait détalé tellement rapidement que l’information n’avait même pas eu le temps de monter jusqu’à son cerveau. Et pourtant, elle avait de bons réflexes ! Tant pis. Elle observa chaque groupe de Phyllali, et tenta de déterminer celui qui avait l’air de plus mauvaise humeur. Allant donc sur sa droite, elle traversa une seconde étagère, puis une troisième, et se retrouva devant une des portes de sortie de la Bibliothèque. Par-là ? Hazel n’en avait aucune idée, mais faute de mieux, autant suivre son instinct.

Sortant donc silencieusement de la Bibliothèque, elle regarda autour d’elle et remarqua le blond qu’elle recherchait. Ah ! Se dirigeant doucement vers lui pour ne pas le faire fuir de nouveau comme un Pokémon acculé, elle se baissa vers lui, la mine toujours gênée. Doucement, elle récupéra la culotte qui était sur sa tête et qui était restée là tout du long, puis la glissa dans son sac. « Hm désolée. Elle n’est pas à moi donc il faut que j’aille la déposer aux affaires perdues. Navrée pour ça, mon Eoko adore jouer avec de la lingerie, il est incontrôlable. » dit-elle d’une petite voix. Puis, remarquant le Roucool qui était aux côtés du dresseur blond, elle lui adressa un sourire un peu plus sincère. « Ton Pokémon a déjà l’air plus sage. C’est un Roucool n’est-ce pas ? C’est le Collectionneur qui te l’a donné ? Il est super mignon ! »

Elle observa encore un peu l’oiseau beige et marron tout en résistant à l’envie de le caresser. Ce n’était pas son Pokémon, donc elle n’allait pas s’y risquer sans avoir l’autorisation, mais à bien des égards, il était beaucoup plus adorable que Lupin. Ah Lupin… De toute façon, tout le monde était plus mignon que cet insupportable trublion pervers. C’était pas sa veine, d’avoir reçu un Pokémon pareil de la part du Collectionneur… Soupirant, elle replaça ses longs cheveux sur le côté et rangea ses lunettes dans son sac. Après tout, maintenant que Lupin l’avait détournée de ses recherches et de ses lectures en allant faire le zouave auprès d’autres dresseurs, elle n’en aurait plus l’utilité dans l’immédiat.

« Ah oui et au fait je m’appelle Hazel Haymitch. Je suis chez les Givrali. Et toi ? Désolée que ton après-midi studieuse ait été perturbée par Lupin » - elle désigna son Eoko du doigt et leva les yeux au ciel, comme pour lui montrer à quel point elle était exaspérée - « Je voulais aussi travailler un peu mais vu qu’il est intenable, je ne vais pas y retourner. Je risque de me faire houspiller par les Phyllali. Ils sont si sérieux… »

Elle adressa un sourire mutin au garçon blond en attendant qu’il lui réponde. Il espérait que cette fois ci, le choc des premières rencontres serait passé pour le pauvre Axel. Après tout, elle n’avait pas envie qu’il se remette à s’enfuir dans toute l’école.

On ne fait pas dans la dentelle
Axel Bird

Un blanc inconfortable s’était installé entre les deux adolescents. Hazel, qui n’avait plus eu l’habitude d’être dans une situation de ce style après sa première semaine à l’académie, commença à se sentir étrange. D’ordinaire, elle attendait que les gens viennent lui parler pour entamer une discussion. D’ailleurs, en général, elle attirait les filles comme des aimants avec ses habits, ses bijoux, ses vernis et son maquillage toujours à la pointe de la mode. Il y en avait même qui suivaient attentivement son régime au Réfectoire pour savoir ce qui était tendance au niveau de la nourriture. Les garçons se faisaient plus rares, mais beaucoup étaient déjà venus lui adresser la parole. Après tout, et Hazel le savait, elle était loin d’être disgracieuse. Elle n’abordait donc que rarement les gens. Et quand elle le faisait, elle s’assurait d’abord qu’ils n’allaient pas l’envoyer paître. Alors pourquoi ce garçon blond restait-il si silencieux ? Elle ne comprenait pas trop, mais elle commençait à se sentir fichtrement gênée. Il est vrai que leur rencontre aurait pu se faire sous de meilleurs augures. Si Lupin n’avait pas déposé une culotte sur la tête du Voltali, probablement aurait-elle pu au choix l’ignorer ou le saluer gentiment. Mais le destin en avait décidé autrement.

Son Eoko flottait doucement devant elle. Cet abruti allait recevoir une sacrée correction une fois qu’ils seraient seuls tous les deux. Mais en attendant, elle n’avait pas d’autre choix que de le laisser voguer librement. Attends un peu Lupin, le courroux d’Hazel sera terrible ! Souriant donc puisque c’était la seule chose qu’elle puisse actuellement faire, la Givrali complimenta le petit Roucool qui la regardait d’un air curieux. Une si petite boule de plumes ! C’était carrément trop mignon. Surtout en comparaison de l’affreux machin qu’elle se payait. Ah… Déception quand tu nous tiens. Une fois les premiers engrenages de la conversation enclenchés, Hazel tenta de poursuivre sur sa lancée. Elle avait l’impression que communiquer était de plus en plus naturel, malgré le silence buté auquel elle faisait face. Si les remarques ne parvenaient pas à déclencher une réaction, peut-être les questions seraient-elles plus efficaces ? Elle se présenta brièvement et poliment, puis renvoya la balle à son interlocuteur, en espérant être en mesure de papoter un peu plus, cette fois.

Pour autant, le blond continua de la regarder avec son air toujours aussi gêné. Ou ébahi. Ou impressionné. Elle ne savait pas trop, en fait. Oui bon ok, là elle ne savait vraiment plus quoi faire. D’autant plus que lui faire un signe de la main et partir comme si de rien n’était serait compliqué. Allons, pourquoi s’était-elle fourrée dans une situation pareille ? Elle décida de regarder ailleurs pour faire passer le temps, et vit que le Roucool semblait se faire agressif. Il se leva, la toisa d’un regard noir puis… sortit les griffes et se jeta sur elle.

Réflexe oblige, elle sauta en arrière souplement pour se mettre hors de portée du petit Pokémon, tandis qu’Axel réagissait tout aussi rapidement. Le garçon attrapa donc son Pokémon pour le garder près de lui, un air encore plus embarrassé sur le visage. Hazel le fut tout autant en constatant qu’elle avait fait un geste de la main vers l’arrière, comme elle avait l’habitude de le faire lorsqu’elle se saisissait de son fusil passé sur son épaule. Boooon effectivement, elle avait pensé à décocher une fléchette paralysante à ce minus, mais bien heureusement, elle n’avait pas le matériel nécessaire sur Lansat. Sûr et certain que décocher une volée de fléchettes enduites de sédatif sur le Pokémon d’un camarade n’était pas la façon la plus cool de sympathiser. M’enfin ! Cet événement sembla enfin tirer Axel de sa léthargie et le garçon se présenta brièvement. Axel. Voltali. Hmmm, le dortoir de ce bellâtre d’Orren Losvrôk alors. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Pas de soucis. J’ai fait quelque chose de mal tu penses ? Un geste trop brusque ? Désolée de l’avoir perturbé, en tout cas » s’excusa-t-elle de nouveau avec une mine confuse. Puis, reprenant bien rapidement son sourire angélique, elle enchaîna « Voltali c’est bien ce dortoir avec le Préfet Spécialiste Type Dragon ? Le brun avec une prestance incroyable ? » demanda-t-elle, le regard soudainement un peu plus brillant. Puis, se rendant compte de son attitude un peu plus intrusive, elle piétina maladroitement sur place. « Oui enfin heu… J’ai entendu dire que c’était un super bon Préfet et qu’il était même Préfet-en-Chef ! On a une assez bonne relation avec notre Préfète, chez les Givrali, mais Voltali est réputé pour accueillir ses membres comme dans une véritable famille. C’est vrai ? Ça se passe comment chez vous ? »

Elle joignit ses mains derrière son dos, un air intrigué sur le visage. Elle ne pouvait empêcher sa curiosité de lui picoter le bout des doigts. Si Axel avait été plus bavard, elle l’aurait carrément bombardé de questions sur les Voltali, et en particulier sur le magnifique Orren. Après tout, Hazel était du genre à s’amouracher de n’importe quel bellâtre plus âgé qu’elle, et le mystérieux et charismatique Préfet des Voltali ne faisait pas exception. Il avait ce genre de charme un peu brut et écorché qui lui allait à ravir et qu’elle appréciait particulièrement. En plus d’avoir une plastique qui était loin d’être désagréable à admirer. Ah ! Quelle joie avait-elle eue de tomber sur un Voltali, après tout. Même si ce dernier ne semblait pas trop vouloir parler avec elle, elle trouverait bien l’occasion de lui soutirer deux ou trois informations, l’air de rien. Enfin…

Chassant ses pensées d’un revers de la main impatient, Hazel reporta son attention sur le gros livre que tenait Axel. Il avait l’air particulièrement compliqué, et de là où elle se tenait, elle n’arrivait pas à lire le titre qui y était inscrit. Les Voltali n’étaient pas particulièrement réputés pour leur sérieux au travail, mais vu que celui-ci était carrément allé à la Bibliothèque pour plancher sur un ouvrage aussi difficile, il devait sans doute être bien plus motivé. « C’est un bien gros livre que tu as là. Tu travailles sur un devoir particulier ou c’est pour tes recherches personnelles ? » demanda-t-elle avec un sourire, soucieuse de lancer Axel sur un sujet qui lui tenait déjà plus à cœur et le mettrait moins mal à l’aise.

On ne fait pas dans la dentelle
Hazel Haymitch

Pour éviter une nouvelle fois le regard de la jeune demoiselle qui me transcendait l'esprit, je regarda l'eoko chromatique qui voulait un peu autour de nous. C'est à cause de lui que je me suis retrouvé à parler avec une fille. Enfin...à cause..d'un coter je devrais plutôt dire "grâce", mais non. Je n'ai vu que très rarement dans ma vie des Éoko, et c'est la première fois que j'en vois un chromatique. Il est très beau, il a un air taquin, je l'aime bien. Il a l'air d'être tout de même tres exaspèrant, je compatis. Je regarde mon Sky à côté qui ne sait pas voler, je le vois regarder le Éoko avec fascination. Déjà d'une, surement par sa couleur, mais encore plus parçe qu'il vole je pense, chose que Sky ne peut pas faire. C'est à cause de ses trop petites ailes, je me demande si en Roucarnage il arrivera en voler. Je l'espère pour lui, et comme ca je pourrais partir faire le tour du monde en volant dans le ciel, accompagné de mes pokemons. Oui, ce rêve ne m'a toujours pas quitter, mais pour l'instant je consacre tout le mon temps à réaliser le rêve de mon Pokemon : voler. Je détourne le regard des deux pokemons, et croise de nouveau le regard de Hazel.

Je respire silencieusement, et je me détend. Déjà, j'essaye d'effacer mes rougeurs sur mes joues, et puis, de sourire ça serait pas mal. Je ferme les yeux et souffle un bon coup, je devais être bizarre à voir mais tant pis. Je rouvre les yeux et croise de nouveau le regard transcendant d'Hazel. Je me sens mieux que tout à l'heur, plus à l'aise on va dire. Enfin, je me sens toujours bizarre, mais moins qu'avant quoi. Par contre, il y a toujours ce gros blanc entre nous, c'est assez gênant, mais moi, je ne dirais rien. Surtout que Sky vient de sauter sur la jeune fille, donc je préfère la laisser parler, j'ai pas envi de dire n'importe quoi. Ouf, elle parle. Oh, là je vais être obligé de répondre, la pauvre, elle se sent coupable. Je souris légèrement, ET OUI ÇA M'ARRIVE DE SOURIRE VOILA. "Non non pas du tout ne t'inquiète pas tu n'as rien fait. Et tu ne l'as pas du tout perturbé, il voulait juste que je....non rien. Zut, j'en ai trop dit. Je ne vais quand même pas lui dire que c'est parçe qu'il voulait que je réagisse par rapport à elle. Vous voyez, faut vraiment pas que je parle moi.

Hazel se remit à parler avec un magnifique sourire. Enfin c'est bizarre de comment elle parle d'Orren. C'est mon préfet, et le préfet de tous les voltalis. Je ne lui ai encore jamais adresser la parole, mais je l'ai aperçu dans la salle commune. On dit que c'est un très grand dresseur charismatique avec un magnifique panel de Pokemon de type dragon. Hazel a surement eu vent de ses rumeurs, ou alors elle lui a déjà parlée si ça se trouve. "Euh...oui c'est bien lui..." Elle me coupe pour se rattraper, visiblement elle a dit quelque chose qu'il ne fallait pas. "Oui c'est ça il est bien Préfet-En-Chef. C'est à dire que je ne lui ai jamais parler, enfin on a jamais eu l'occasion de se parler. Oui c'est ça on est un peu comme une famille, en tout ça se passe plutôt bien." Je prefere lui laisser poser les questions. Moi mes questions sont toujours bizarres de toute façon donc bon. De toute façon, vu sa curiosité qu'elle ne cache pas du tout, elle avait surement encore plein de questions en réserve. En tout cas ça va je suis de nouveau "normal", enfin encore à moitié, faut juste que j'eivte de la fixer trop longtemps quoi.

Et comme je l'vqais predit, elle continua avec ses questions, ce qui m'arrengeais carrément. Hazel me posa une question sur mon livre. Ah oui, je l'avais presque oublié celui-là, bien qu'il soit dans mes mains. C'est vrai que c'est plutôt rare de croiser un Voltali avec un gros libre dans les bras. "C'est un livre sur la mécanique des airs et c'est pour Sky, mon roucool." Je désigna d'un signe de tete mon roucool qui était à côté de moi. Je reporte mon regard sur Hazel et je vais le truc à pas faire. Je l'ai fixée plus de dix secondes. Mes battements de cœurs s'accélèrent et je me remis à rougir. Je ne comprend vraiment pas pourquoi cette fille me fait autant....d'effet en quelque sorte.

On ne fait pas dans la dentelle
Axel Bird

Lupin semblait être le centre de l’attention. Entre le Roucool du Voltali et ce dernier, Hazel se disait que son Eoko chromatique semblait avoir bien plus de succès qu’elle pouvait n’en avoir elle-même. Un brin vexée, même si elle ne le montra pas, la Givrali se contenta de garder un sourire fixé sur son visage. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit le même genre d’expression chez Axel. Oh ? Commençait-il à prendre assez ses aises pour lui parler avec moins de timidité ? Rassurée de pouvoir avoir un semblant de conversation avec le blond, Hazel s’assit en face de lui, à distance respectueuse du Roucool néanmoins. Elle n’avait pas envie qu’il se remette à l’attaquer. Hmm… De l’autre côté du couloir, ça lui semblait donc être la meilleure des solutions. Ce dernier n’était pas bien large, en plus. Elle pourrait entendre Axel et se faire entendre sans se donner l’impression d’être deux marchands de Magicarpe, tout en restant à distance respectable de l’oisillon. Voilà qui lui semblait être une bonne idée. Sans se départir de sa mine joyeuse, elle regarda donc Axel qui se perdait dans ses explications. Visiblement, le pauvre garçon était vraiment intimidé par sa présence ; mais au moins faisait-il des efforts pour briser sa coquille. Elle eut un regard indulgent et ne fit aucun commentaire pour ne pas le gêner encore plus. Chaque chose en son temps, après tout.

Décidant donc de parler pour essayer de changer au plus vite de sujet - et avouons-le, aller gratter des informations sur les garçons qu’elle trouvait craquants -, Hazel se mit à parler des Voltali en général, dans le but de recentrer le sujet sur Orren. Le beau Orren ! Les joues légèrement roses, elle hocha la tête quand il lui confirma que ce dernier était bien son Préfet. Elle le savait, évidemment, mais elle souhaitait converser progressivement, en y allant pas à pas. Inutile de déblatérer toutes les informations qu’elle avait, ça ne ferait que fuir son interlocuteur. L’écoutant donc lui parler des Voltali et lui confirmer ses pensées sur le côté très familial du dortoir, Hazel fut déçue d’apprendre qu’il n’avait jamais parlé à son Préfet. Ohh, c’était dommage. Mais effectivement, compte tenu de la timidité d’Axel, et le nombre d’élèves par promotions… il était normal qu’Orren n’ait pas pu encore discuter avec chacun. Il devait faire des discours généraux, ou des trucs dans ce style. Mais quand on en arrivait un peu plus au privé, c’était une autre histoire.

« Je vois », commenta-t-elle, toujours souriante. « Je t’avoue que je connais pas encore trop de Voltali à part Orren et toi. Mais juste de nom pour ton Préfet, je ne lui ai jamais vraiment parlé non plus… Vous êtes aussi dans des chambres à deux ou à trois, ou vous êtes en individuel ? J’ai entendu dire que des travaux avaient été faits dans chaque Dortoir afin que ces derniers correspondent encore mieux aux élèves qui y habitent. Chez nous c’est très hm… bleu, on va dire. Mais comme je ne suis jamais allée dans un autre Dortoir, je ne sais pas s’il n’y a que les couleurs qui changent ou le reste également. Vous avez aussi un ruisseau artificiel dans votre Salle Commune ? »

Elle offrit un nouveau sourire à Axel. Pour elle, les autres Dortoirs ressemblaient grosso modo au sien, sauf qu’ils étaient adaptés au niveau des couleurs. Etant donné qu’elle n’avait jamais vu d’autres Salles Communes, elle supposait que ce n’était pas si différent que cela. Et puis après tout, pourquoi auraient-ils un ruisseau artificiel, eux ? Givrali était de type Glace, et certainement pas Eau. Elle était encore loin de s’imaginer à quel point elle se trompait sur les Salles Communes… Ignorante pour le moment néanmoins, elle rajusta sa position et cala son dos contre le mur du couloir. Désert à cette heure-ci, il leur offrait une petite opportunité d’être tranquilles tous les quatre.

Passant donc du coq à l’âne, Hazel décida d’interroger Axel sur son livre, à présent. Ce dernier le regarda comme s’il avait oublié sa présence, puis, avec un signe de tête vers son Roucool, il entreprit les explications. Ouaaah, un livre sur la mécanique des airs ? Ça avait l’air fichtrement compliqué. Et pour son Roucool en plus ? C’était quoi ça, la mécanique des airs ? Une genre de sous-branche de la Mécanique Pokémon pour robotiser ses montures et en faire des champions de courses aériennes ? Hm non, sûrement pas. Alors plutôt hm… « Oh, je ne connaissais pas. Par mécanique des airs tu veux parler hm… Des choses comme les avions ou les montgolfières, par exemple ? Je ne suis pas très douée pour tout ce qui est bricolage, mais ça m’a l’air compliqué comme livre. Et quand tu dis que c’est pour ton Roucool… Qu’est-ce que ça signifie ? »

Elle regarda le petit oiseau. Si mécanique des airs référait bien à ce à quoi elle pensait, pourquoi Sky en aurait-il besoin ? Après tout, un oiseau pouvait voler. Effectivement, il n’était pas encore assez robuste pour porter son dresseur sur son dos, mais même avec ces paramètres pris en compte, l’intérêt d’Axel pour ce livre était fichtrement bizarre. Enfin pas tant son intérêt, mais plutôt les raisons évoquées. Piquée de nouveau dans sa curiosité, Hazel rectifia sa place tandis que Lupin descendait progressivement vers elle pour se poser sur ses genoux. La queue en forme de bandelette de papier de l’Eoko chromatique se déposa en tas sur le sol, et le Pokémon pencha la tête de côté pour faire tinter sa cloche. Soupirant, Hazel laissa son starter de côté pour continuer la conversation. « Du coup, je crois avoir compris que tu souhaitais faire Mécanicien, c’est ça ? Tu t’es déjà inscrit dans ta Spécialité et ton Parcours, ou pas encore ? ».

Elle-même était déjà Pokéathlète, mais n’avait pas encore les prérequis nécessaires pour passer Médecin. Pour autant, cela ne l’empêchait pas de déjà se renseigner sur le sujet. Peut-être était-ce le cas d’Axel ? A moins que ce dernier ne soit encore plus avancé qu'elle. Ah, la honte qu’elle aurait si c’était le cas…

On ne fait pas dans la dentelle
Hazel Haymitch

Vous savez, on m'a toujours dis que le mensonge c'était pour les lâches qui n'ont pas la force de porter leur propre poids, alors il le laisse tomber et ils vont se faire oublier. J'ai toujours été d'accord avec ce genre d'arguments, de type adulte on va dire. Quand j'étais petit, on m'a toujours dis que j'étais ke plus mature qui réfléchissait le plus et qui évitait toujours les conflits inutiles. C'est peut être vrai que je faisais ça, mais maintenant c'est une tout autre histoire. Ça passe de s'énerver contre un tas de feuilles mortes, à aller se baigner dans une eau gelée. Non non, je ne suis pas fou, je suis juste bizarre. Enfin, tout ça pour revenir au mensonge. Je n'ai jamais réussir à mentir à qui que ce soit. À chaque fois, j'ai eu ce sentiment de culpabilité qui m'envahissait, et j'allais me dénoncer moi-même. Un jour, j'étais partis rejoindre des amis à la plage en pleine nuit alors que le lendemain nous avions cours. Et bien apres une heure, j'ai dis à mes amis que j'allais rentrer chez moi, car je n'arrivais pas à rester là en sachant que je venais en quelque sorte de mentir à mes parents. J'ai été traité de mauviette mais au fond de moi, j'étais sur d'avoir fait le bon choix. Et au lieu de me crier dessus, mes parents m'ont en quelque sorte félicité d'avoir eu le courage de le dire. Depuis ce jour, je n'ai plus jamais menti. C'est bizarre, mais c'est comme ça.

Je regardais, ou je contemplais ou j'admirais comme vous voulez, la jeune demoiselle Givrali qui se trouvait en face de moi, Hazel. Je la vis regarde Sky, mon roucool, avec une sorte de méfiance. Pourquoi ce Piaf avait-il fait une chose pareille ? Après une culotte déposé aimablement par le Pokemon qui ressemble à du papier toilette, y'a un autre pigeon là qui attaque l'une des premières filles que je rencontre à l'académie. Décidément, les pokemons ne m'aiment pas beaucoup. Je sais pourquoi Sky a fait ça, donc d'un côté je le comprends, mais de l'autre, il aurait quand même pu s'y prendre d'une manière plus...subtile. Des fois j'aimerais avoir un Magicarpe, peut-être que ça ne sert à rien mais au moins ça bouge pas quoi. Enfin, passons. Je regarda une énième fois le regard brillant comme une nuit sans nuages de la jeune Hazel, ce qui me fit tourner la tête. Je ne put m'empêcher de la fixer pres de une minute. En fait, c'est pas que je la trouve magnifique ou quoi, c'est juste nulle...m'intrigue. Pour moi c'est un peu comme une nouvelle "espèce", sans vouloir être péjoratif, de fille. Pour c'est vrai qu'elle est jolie mais bon. Toute façon elle s'intéresse plus à Orren qu'à moi. En même temps il est plus grand, en âge et en taille, il est plus expérimenté que moi et il a surtout plus de charme et de charisme. Pourquoi que j'attire personne moi ? C'est parçe que je suis petit ? C'est pas de ma faute !

La Givrali continua de parler, et à ce que je vois, mon dortoir au sens propre l'intéressait plus qu'une personne vivante qu'elle a en face d'elle. Je vais quand même lui répondre, en cachant tout de même que je suis un peu vexé de voir qu'un dortoir est plus intéressant que moi. Je me savais ennuyant mais pas à ce point-là... "Je pense que chez nous il ya des chambres à deux ou à trois ou à un. Moi je suis seul dans ma chambre." Pourquoi j'ai dis ça moi ? Ça fait vraiment le type qui n'a pas d'amis... "Je ne vais presque jamais dans la salle commune donc je ne fais pas attention à la décoration, mais non au dernière nouvelle nous n'avons pas de ruisseau artificiel." Et c'est tout, je la laisse parler. Moi je ne dis rien ! Je ne suis jamais allé dans les autres salles communes, mais savoir qu'il y a un ruisseau artificiel dans un des dortoirs me donne envie d'aller jeter un coup d'œil. Mais ça n'arrivera jamais, jamais je ne mettrais les pieds dans un dortoir exclusivement féminin, c'est carrment du suicide pour moi. Tout ces cheveux, ces maquillages, toutes ces filles, c'est pire que la mort.

Je posa mon gros livre à côté de moi qui était...gros. Des fois je me demande si je n'aurais pas mieux fait d'être un phyllali. C'est vrai quoi, ils sont tous tres chercheurs et ils sont férues de sciences. Mais bon, j'aime les voltalis, je me suis attaché à ce dortoir, et je ne le quitterai pour rien au monde. Hazel reporta son attention sur le gros livre. Il fallait bien que cette fameuse question arrive. Je n'aime pas y répondre, surtout quand Sky est à côté de moi. Mais bon, ce n'est plus un enfant donc...bon. "Oui c'est ça, les machines qui volent si tu veux." J'espère qu'elle va pas croire que je la prend pour une idiote. "C'est à dire que...quand je dis que c'est pour mon roucool c'est parçe qu'il...ne...ne sait pas, voler." Sky ne me regarda pas et partit regarder à une fenêtre le parc de l'académie. Je soupira, et regarda par terre. Ça me fait toujours un peu mal de dire ça. Ça me fait mal de me dire que si ça se trouve, mon Pokemon ne pourra jamais rejoindre ses semblables dans le ciel. Soudan, je sentis des...oh non, pas ça. Des larmes cristallines se mettent à rouler sur mes joues. Oh non, mais pourquoi je pleure moi. Pourquoi maintenant ! Je les essuis d'un coup de manche rapide et je relève la tête en souriant, mes yeux un peu rouges. Génial, manquait plus que ça...

Hazel continua de me parler au sujet de la mécanique. Elle me demanda si j'étais mécanicien. Ou plutot si j'avais accédé à ce grade on va dire. Si je dis non, elle va surement me comparer à Orren et dire que lui il est déjà dans un parcours spécialisé, mais si je dis oui c'est mentir. Je n'ai jamais mentis et je n'aime pas ça...mais une fois ça passe ? "Oui oui, je suis Scientifque Mécanicien, et toi ?" Au mon dieu mais j'ai fais quoi là ?! Et puis je ne peux pas revenir en arrière, je vais paraître débile et elle va partir. Pourquoi j'ai dis ça moi ? En plus je lui ai retourné la question, si jamais elle me dit qu'elle n'est pas encore spécialisée, ça veut dire que nous sommes au meme grade du coup je n'aurais eu aucune honte à etre comme elle. Siça se trouve, elle va peut-être s'intéresse plus à moi... Mais qu'est-ce que je dis moi ! Heureusement que Sky ne m'entends pas... Ça y est, je me sens mal.

On ne fait pas dans la dentelle
Axel Bird

Il y avait une sorte de malaise qui s’était installé entre les deux jeunes adolescents, mais Hazel faisait de son mieux pour tenter de le dissiper. Malgré ce qu’on pourrait penser néanmoins, la demoiselle n’était pas aussi assurée qu’elle voulait le faire croire lorsqu’elle rencontrait pour la première fois une personne. Elle n’en avait pas l’habitude, la pauvre ! Pour autant, face à quelqu’un d’encore plus paniqué qu’elle, elle souhaitait au moins faire illusion. D’une part parce que sinon elle serait déjà partie en courant depuis longtemps, et d’autre part parce que sans effort, elle risquait de se retrouver à faire la carpe en face d’Axel qui n’était pas du type bavard. Elle parlait donc sans s’arrêter, lançait des sujets au hasard, essayant de faire l’intéressante même si elle ne faisait que débiter des montagnes d’inepties à la seconde.  Et force était de constater que son travail payait ! Axel sortait de plus en plus de sa coquille et répondait à ses questions avec moins de doutes. Il restait toujours cloîtré derrière sa carapace ; ça elle pouvait le voir. Pour autant, il osait sortir un pied timide afin de l’inviter dans son monde.

Avec un sourire, elle hocha donc la tête tandis qu’il lui répondait, afin de lui montrer qu’elle était attentive et l’inciter à parler plus. Alors comme ça, il y avait des chambres qui pouvaient aller jusqu’à trois étudiants chez les Voltali ? Il lui semblait que chez les Givrali, on plafonnait à deux. Ou en tout cas, elle n’avait croisé aucune fille de sa promotion qui soit en colocation avec deux autres personnes. Néanmoins, Axel lui avoua qu’il était seul dans sa chambre. Oh ? Comment cela se faisait-il ? S’ils étaient trois, ils auraient pu s’arranger au moins pour qu’il y ait des colocataires pour chaque. A moins que son colocataire ne soit parti de l’académie ? C’était tout à fait possible, même si Hazel trouvait cela triste. Car elle avait beau se plaindre de son étrange colocataire dès qu’elle en avait l’occasion - les chandelles glauques et les posters occultes dans sa chambrée, ce n’était pas vraiment ce qu’elle pouvait qualifier de très ‘tendance’ -, elle n’en était pas moins reconnaissance envers l’administration. Elle pouvait se sentir moins seule, ainsi. Et même si Tabatha n’était pas la fille avec laquelle elle s’entendait le mieux dans l’académie du fait de leurs centres d’intérêts divergents, Hazel n’en restait pas moins heureuse d’avoir un peu de compagnie humaine.

Elle resta néanmoins pensive quand Axel resta évasif quant à la décoration de sa salle commune. Il assura cependant qu’il n’y avait pas de ruisseau artificiel. Oh… C’était donc une particularité de chez elles, hein ? « Je suppose que la décoration varie donc drastiquement d’un dortoir à un autre… Dans le nôtre, en plus du ruisseau artificiel, on a un coin bibliothèque plutôt confortable dans le fond ; même s’il n’est pas aussi fourni en littérature que celle de Madame Pervenche. Et une sorte de grande lampe avec des sortes de boules lumineuses, c’est assez amusant. Puis bon, Givrali obligent, on a un panneau avec d’innombrables post-it concernant les derniers ragots. Je ne les lis jamais parce qu’il y en a beaucoup trop, mais je suis certaine qu’il y a à peu près toutes les événements recensés là-dedans… » expliqua-t-elle à Axel avec un petit rire. Puis, prenant une mine un peu plus compatissante, elle se tourna vers Lupin et le fit fuir d’une pichenette sur l’emplacement où aurait dû se trouver son nez. « C’est bizarre que tu sois seul. Ton colocataire de début d’année a quitté l’académie ou tu n’en as pas eu depuis le départ ? Si c’est le cas, l’administration n’a pas fait du super travail, c’est pas vraiment équitable… M’enfin d’un côté, au moins tu dois être tranquille pour travailler, et puis tu peux arranger ta chambre comme bon te semble et y faire ce que tu veux… »

Elle eut un sourire mutin puis se mit à observer ses ongles pour s’assurer que son vernis était bien en place. Puis, intriguée par le livre qu’Axel venait de poser à côté de lui, elle décida de l’interroger là-dessus. Pour un si jeune garçon, il donnait l’impression d’être bien plus avancé qu’elle niveau projets professionnels. Des livres sur la mécanique des airs ? Un futur Mécanicien, à n’en point douter. N’y connaissant absolument rien sur le sujet, elle décida de laisser l’occasion au Voltali de s’exprimer un peu plus. Des machines qui volent, donc ; elle avait plutôt bien deviné, même si ça n’avait pas été compliqué. Quant au Roucool ? Oh ? Il ne pouvait donc pas voler ? Son esprit de Médecin se focalisa immédiatement sur le petit Type Vol, essayant de se demander s’il s’agissait d’une malformation des ailes ou simplement d’un refus de s’envoler. A moins que ce Roucool ne soit encore trop jeune pour avoir appris. Néanmoins, de là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas vraiment voir. Surtout qu’elle connaissait peu cette espèce de Pokémon. Elle devinait cependant où Axel voulait en venir. Essayer de construire une machine qui permettrait à son Roucool de voler ? Voilà qui était un projet assez intéressant. Et plutôt touchant, qui plus est. Faisant comme si elle n’avait pas remarqué les larmes qui coulaient sur les joues du garçon, Hazel détourna les yeux.

« Hmmm je vois. Désolée si c’est indiscret mais il ne peut pas voler parce qu’il est trop jeune, parce qu’il a une déformation des ailes ou parce qu’il fait un blocage psychologique ? Si c’est le dernier, je peux peut-être l’aider, tu sais… » dit-elle à mi-voix, comme si elle osait à peine prononcer ces mots. Puis, ayant eu la confirmation de la spécialité d’Axel, elle répondit également, comme pour justifier ses dires. « Oh je suis juste Pokéathlète pour le moment, mais je vise le Parcours Médecin. C’est pour ça que je te posais toutes ces questions, tout à l’heure. Je souhaite me spécialiser dans la psychologie Pokémon et dans les maladies. Donc si mes quelques connaissances peuvent t’être utiles… »

Elle laissa sa phrase en suspens afin d’inviter Axel à choisir ce qui lui conviendrait le mieux. C’était quand même triste, un oiseau qui ne pouvait pas voler. Et dire que des trucs stupides comme son Eoko avaient cette chance… Parfois, les choses étaient assez injustes.

Une lumière s’alluma néanmoins dans son esprit quand elle pensa à Lupin. Lupin était un Pokémon psychique et il était capable de faire léviter les objets, même si ce n’était que pour quelques secondes. Et si… non. Le projet semblait trop fou. Mais peut-être y parviendraient-ils ? Avec un peu de coopération… Tournant donc une mine radieuse vers Axel, elle lui fit donc part de son idée. « Eh mais attend. Lupin peut faire léviter des choses. Est-ce que ça plairait à Sky de léviter sur quelques mètres ? Ce ne serait pas vraiment voler, mais il pourra toujours avoir quelques sensations et s’approcher un peu du Vol, tu ne crois pas ? »

Après tout, pourquoi pas ?