"Les mentalis ne sont que des superficielles qui ne savent rien faire? Haha, regarde-moi bien!"
Quand je suis arrivée ici pour la toute première fois, je n’étais personne. Juste une fille banale de Kanto. Des notes dans la normale, rien d’extraordinaire. Une enfance parsemée d’amitiés, mais rien qui sorte de la moyenne non plus. Pas de Charizard pour brûler ma ville d’origine, pas d’événement traumatisant. D’accord j’ai grandi sans ma mère, mais ma grand-mère, elle, était là, tout comme mon père. Au final j’ai tout de même eu une enfance très heureuse, confortable. Une vie idéale. Je ne l’échangerais pour rien au monde, mais il n’en demeure pas moins que voilà, c’était plutôt vide. Depuis, les événements ont pris un virage inattendu. À chaque nouvelle rencontre, ma vie a changé. Si autrefois je n’avais rien à raconter, c’est tout le contraire maintenant. Je pourrais vous parler d’eux des heures durant, des aventures que nous avons partagées, des rires que nous avons échappés et des larmes qui ont coulé. Je ne suis pas fière de tout ce qui est arrivé, mais une chose est certaine. Je suis heureuse de les avoir rencontrés, tous autant qu’ils sont.
Ouji-sama a été le premier à entrer dans ma vie. Offert par le Collectionneur lui-même, il est devenu mon starter et mon compagnon le plus fidèle. Il n’y avait que nous deux, au départ. Fort de caractère, il n’a pourtant pas hésité à me faire confiance et c’est à ses côtés que j’ai pris part à mon premier concours de coordination, à ma première sortie capture. Sans lui, je n’aurais sans doute pas eu la volonté et l'assurance nécessaire à ces activités. D’accord, on n’a pas gagné le ruban, mais on s’est beaucoup amusés et on s’est fait de nouveaux amis en chemin. À chaque étape de notre périple, il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour me protéger, quitte à exagérer à de nombreuses reprises. Sa Majesté Ouji-sama Vertefeuille, premier du nom de l'illustre maison Highwind, Prince de sa Dame, fier souverain inégalé du Dortoir Mentali et représentant Royal du peuple des Vipelierres n’a pas cessé de briller, à mes côtés. Enfin, peuple des Liananja maintenant, mais il ne va pas s’offusquer d’un détail comme celui-là. Encore aujourd’hui, il m’apporte son soutien. Sans lui, je n’aurais pas pu traverser ces récents événements. À dire vrai, je ne serais pas la personne que je suis maintenant. De starter, il est devenu une partie de moi et je l’aime tel qu’il est, tout comme il m’aime pour ce que je suis.
Ruby L. Jones est la première amie que je me suis faite. C’est au parc que nous nous sommes rencontrées, nous préparant toutes deux pour ce fameux concours de coordination. Procrastinant dans mes propres préparatifs –à croire que c’est une habitude-, j’ai décidé de l’aider sans trop y réfléchir à deux fois. C’est elle qui a gagné finalement, du coup je me plais à dire que je n’ai pas totalement perdu. Après ça, la Pyroli et moi sommes restées proches et elle m’a même offert Sephiroth, mon fantominus, pour mon anniversaire. En acceptant son cadeau, je prouvais que j’étais prête à accepter les spectres et à ne plus en être effrayée, et ce malgré mon statut de Mentali. C’était important pour moi et je pense que ce l’était pour elle aussi. C’était ma façon de l’aider à briser les idées préconçues. Elle a vécu quelques revers avec son copain, Orren, mais nous étions là, Kaeko et moi, pour la soutenir et pour la forcer à sortir un peu. Depuis, toutefois, notre trio s’est un peu flétri. C’est l’une des choses que je regrette particulièrement, j’aurais aimé pouvoir être plus présente pour mon amie. Mais j’imagine que c’est la vie, ça aussi. Je me demande comment elle va, depuis le temps.
Kaeko D. Riviera est un nom qui ne vous a probablement pas échappé. C’est sur Cobaba que nous nous sommes rencontrées par des circonstances plutôt bizarres. S’étant trompée de chambre, elle est entrée par la fenêtre du chalet que je partageais avec un autre étudiant. Je l’ai entendue tomber –Kaeko et le plancher, best otp ever- alors que je sortais de la douche et je l’ai prise pour un voleur, je l’ai même attaquée. Si j’avais su que quelques minutes plus tard nous nous retrouverions en pleine discussion de filles devant une assiette de biscuits. Nous sommes devenues très proches par la suite, au point de partager une même chambre. Oh, et vous ais-je dis que ma colocataire était aussi mon Roméo? Si si, une pièce de théâtre magnifique. Je pense bien que j’ai encore les marques du corset tant il était serré, mais sinon c’était bien. Kaeko a été très présente, à un moment où j’ai eu besoin d’elle, tout comme je l’ai soutenue lors de certains revers plus difficiles. Ma Deadpool chérie a beaucoup souffert à cause du vol de la Team Rouage, en Novembre 2014. J’aurais aimé pouvoir faire plus pour elle, mais j’ai réussi à lui offrir un œuf de Pitrouille pour son anniversaire. Ça ne remplacera jamais Pimp, mais ça lui a fait plaisir, je pense. J’en suis fière quand même. J’espère qu’elle s’en tire bien avec le dortoir. Les autres filles n’arrêtent pas de la surnommer la Creepy préfète. Kaeko a l’air de bien le prendre, mais j’ai toujours trouvé ça dommage. C’est une fille super, elles devraient apprendre à la connaître avant de dire des trucs comme ça. Mais bon, on ne changera pas le dortoir de la superficialité en claquant des doigts.
Aileen Sôma, oh la la, Aileen. Je l’ai rencontrée après avoir été poursuivie par toute une armée de férosinges enragés et le pire, c’est que j’ai même trouvé le moyen de croire qu’elle était en couple avec Lucas. Vous imaginez ça vous? Aileen en couple avec un Noctali? Et puis quoi encore, les poulpes auront des dents! Dites, ça a des dents un poulpe? Hum hum! On a cuisiné ensemble aussi, mais ce n’est pas le plus important, je sais. Elle a toujours été franche, mais également loyale et protectrice, beaucoup. Ce sont des qualités que j’aime retrouver chez les gens et on s’est plutôt bien entendues du coup. Certes, nous étions et sommes toujours différentes, mais c’est bien comme ça. Après c’est un peu difficile d’en parler spécifiquement. J’ai simplement l’impression qu’elle a toujours été là. Il me suffisait de tourner la tête pour la voir apparaître de nulle part, fière et toute resplendissante avec son petit sourire malicieux. Invariablement, elle n’a souhaité que mon bonheur et je lui en suis très reconnaissante. Je ne suis pas trop inquiète pour elle en toute franchise, mais elle me manque beaucoup, mon amante secrète. <3
Ginji Labelvi, comment oublier le coPAIN. Comment oublier un tel ami. Un instant, je reviens. – Pardon, je ne pouvais pas parler de Ginji sans manger des biscuits en même temps. Je ne me souviens plus trop comment ça a commencé. Tout le monde connait Ginji de toute façon et ça ne changera pas. C’est quelqu’un d’amical, de très gentil et de vrai, très facile d’approche. Il est simplement un type bien, un Voltali (Tous les Voltalis sont des gens bien, sauf peut-être Warren. Il est bizarre Warren). Je lui ai confié un Lampéroie, un genre d’anguille électrique, pour son équipe. Il était très content et il a même essayé de m’apprendre à cuisiner. Comme vous vous y attendez, ça a échoué misérablement, mais c’était amusant. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous nous sommes rapprochés, quand nous nous sommes croisés dans les bois. Figurez-vous qu’il est tombé d’une falaise, droit dans une rivière. Mais bon, ce genre de maladresse c’est quotidien, c’est normal maintenant. Après je ne sais pas si c’est isolé à Ginji ou si c’est pareil pour tous les étudiants de PC en fait, je pense qu’on a une malédiction ou un truc comme ça… Enfin! Toujours est-il que j’ai fini par le retrouver et qu’on a même survécu à un orage, à la découverte d’un œuf de Squirtle, Michelangelo, et à un échange. Spark est probablement encore avec lui, ou en tout cas j’ose l’espérer. Je lui fais pleinement confiance pour ma petite souris presque préférée (Oui bon, je ne peux pas dire que c’est ma préférée avec Chidori qui m’espionne, de quoi je vais avoir l’air?!). Pourtant, malgré toutes ces aventures, il aura fallu attendre Enigma. Cette satanée île. Je la déteste, mais profondément. Je pense que j’aurais pu fonder un club entièrement dévoué à maudire cet endroit, bien franchement. Je ne comprends pas comment ils ont pu nous y envoyer et nous y faire passer une fichue nuit. La déchetterie passe encore, mais ça, oh ça?! Hum hum, désolé. Il s’en est passé des choses, sur cette île. Je peux encore l’entendre, si je me concentre. Des amis. Des amis. Juste des amis. J’ai fait la seule chose qui me paraissait sensée. Je lui ai promis de l’être, son amie. Au bout du compte, regardez-moi. Je suis partie sans rien lui laisser de plus qu’une lettre. Je ne suis pas mieux que ces enfants qui lui ont fait tant de mal. Je suis presque pire.
Lyph et Noctis Flavelle. Ce sont des membres de ma famille et le pire, c’est que je n’en avais aucune idée la première fois que je les ai rencontrés. Je connaissais déjà ma cousine Victoire, mais eux, c’est par un coup de chance incroyable que je les ai trouvés. Nous avions des doutes sur notre lien de parenté, à cause du nom de famille de leur mère, mais rien n’était certain. J’ai contacté Nanny et elle nous a répondu par la poste, sous forme d’une lettre accompagnée d’une photo. C’est là que nous avons eu la fameuse confirmation et que nos familles se sont soudainement étendues. Enfin, techniquement non, mais oui en même temps. Notre famille connue s’est étendue, ça va ça? Oui, bon. Toujours est-il que je ne les ai pas vus depuis un moment. Je me demande s’ils sont déjà retournés sur Lansat ou s’ils sont encore chez eux. Je devrais peut-être essayer d’aller faire un tour avant mon propre départ? Remarque c’est malin, si j’y vais et que je me heurte à une porte fermée, j’aurai fait tout le voyage pour rien. Ce serait bien moi, rien d’inédit là-dedans.
Cael Joy est un autre membre de ma famille que j’ai rencontré sur Lansat. Son cas est pourtant un peu différent de la fratrie Flavelle puisque nous ne sommes pas liés du côté Highwind, mais bien du côté Joëlle. Combien de degrés nous séparent véritablement l’un de l’autre? Je n’en ai aucune idée. Toujours est-il qu’il s’agit d’une bonne connaissance avec qui je suis allée en mission. Un truc de Ranger, du genre que je n’aurais jamais cru faire à mon arrivée à la PC, mais que j’ai adoré. J’y ai rencontré cinq enfants que je n’oublierai jamais. Ils ne m’en laisseront jamais l’occasion de toute façon. Nous avons vécu beaucoup de choses, en l’espace de quelques jours, et j’ai l’impression que nos destins sont liés depuis. Sinon, pour en revenir à Cael –puisque c’est un peu son nom qui est au début du paragraphe-, c’était aussi le colocataire de Leo à l’époque. J’espère qu’il en prend soin, le lion avait des problèmes d’insomnies et de cauchemars, mais c’est sans doute le cadet de ses soucis maintenant. J’espère juste que mon cousin fait un meilleur boulot que moi.
Orren Losvrôk est le frère de ma meilleure amie Aileen. Nous nous sommes rencontrés dans les bois et, croyez-moi ou pas, je l’ai pris pour une hallucination. Le pire, c’est que je n’étais pas si loin que ça de la vérité finalement, avec mon gros monologue de la mort, avant de réaliser que je le connaissais déjà, par l’entremise de Ruby. De fil en aiguille, le préfet est devenu un bon ami, bien que je ne le connais pas non plus tant que ça. Toujours est-il que c’est grâce à lui si j’ai obtenu un œuf de Gible. Grâce à lui et au redoutable Spike. Ce fut une expérience très enrichissante. Je ne pensais pas que j’avais ça en moi, mais nous y sommes arrivés. Le face à face avec ce dragon psychopathe est ce qui m’a forcé à finalement briser le moule de la mentali faiblarde et un peu trop superficielle. C’est lui qui m’a coupé les cheveux, qui m’a débarrassé de ma vanité. Tout ça grâce à Orren qui a accepté de me faire confiance, qui a cru en moi. Prochaine fois que je le verrai, je dois m’assurer de le remercier comme il se doit.
Nathaniel Fisher a été mon colocataire l’été dernier, sur l’île Cobaba. Il m’a accueilli de la plus étrange des façons, sur un radeau improvisé au beau milieu d’un salon inondé. Si les débuts de cette rencontre ont été plutôt aléatoires, étranges et surréalistes, toujours est-il que les choses se sont arrangées. En quelques mots échangés à peine, Nath’ a réussi à me rendre un peu de cette inspiration qui me faisait tant défaut. Les rêves sont faits pour être poursuivis, c’est ce chemin qui en vaut la peine. Il ne faut pas abandonner, surtout avec un rêve beau comme le mien. Même qu’il n’aurait pas hésité à me confier ses propres Pokémon et mon sourire, bien que pas à son goût, n’en était pas moins agréable. Ce n’était que quelques mots offerts avec un brin de maladresse, mais ils sont restés avec moi depuis. Je me demande si, lui aussi, il poursuit encore son rêve.
Allen Sylver Wills est la première personne que j’aie vraiment rencontrée à la Pokémon Community. C’était dans le cadre d’une mission à la bibliothèque, nous étions chargés de retrouver le ou les coupables d’une série de vols de livres. Si j’avais su, ce jour-là. Mais, bien sûr, on ne sait jamais ces choses-là. Je l’ai revu pour une seconde mission, cette fois nous devions nettoyer une maison infestée de Pokémon araignées. Il était topdresseur et, pourtant, il m’a invité à passer devant presque en un défi. Je lui en ai toujours été reconnaissante. Il m’a donné la chance de me prouver et je l’ai saisie. Moi qui n’étais qu’une toute petite mentali en coordination, j’ai eu un rôle à jouer dans cette mission. Avant même que je sache que j’en étais amoureuse, d’abord et avant tout, Allen a toujours été une source d’inspiration. Intelligent, fort et fier, il avait l’air intouchable. Cœur d’acier Allen Wills, il ne l’a pas volé. Mais avant longtemps, au fond de ses yeux céruléens, j’ai vu la solitude. Je l’ai vu sourire, je l’ai vu s’étonner de ma présence sur le quai, à son arrivée sur Cobaba. J’ai appris à lire son regard et, surtout, je me suis attachée à lui. Nous sommes allés au bal de fin d’année ensemble, tout comme nous avons partagé l’été, tous deux résidents du même chalet. Lentement, mais sûrement, nos sentiments ont fait leur petit bout de chemin. Il m’a même offert une barrette flashy à mon anniversaire, je la garde précieusement, encore à ce jour.
Vint alors la tristement célèbre Team Rouage, frappant au cœur d’une nuit de novembre. Le lien est sans doute nébuleux, mais il y en a bien un. C’est après cet événement qu’il est venu me voir à ma chambre, inquiet de mon état. Lorsqu’il m’a vue, Allen a tout de suite compris que je n’allais pas bien et, invité par Ouji-sama, il est entré en refermant derrière lui, furibond. Je pense qu’il s’en voulait de ne pas avoir pu me protéger et je comprends tout à fait, maintenant que c’est moi qui me retrouve à tenter de protéger les autres. De fil en aiguille, par un revers du destin que je ne m’explique pas, il s’est déclaré ce jour-là. Peut-être que de me voir ainsi lui a fait réaliser quelque chose, je n’en sais trop rien. Toujours est-il que depuis ce 4 décembre, nous étions ensemble. Ce n’était pas parfait, bien sûr, mais je l’aimais et il faudra me tuer avant de me faire dire qu’il ne m’aimait pas. Je sais que c’était le cas avec une sincérité et une intensité indiscutable. Je le sais autant que je sais que l’aurore viendra demain. Mais peut-être n’étions-nous pas prêts. Peut-être le destin a-t-il simplement décidé que ça ne devait pas se passer comme ça, puisqu’il m’a fait rencontrer quelqu’un d’autre. Les choses n’ont fait que se compliquer, mais nous tenions le coup. La Saint-Valentin, si elle a connu un mauvais départ, demeure à ce jour l’une des plus belles journées qu’il m’ait été donné de passer.
Malheureusement, les beaux jours étaient déjà derrière nous. Il est parti en mission et n’est jamais revenu. Problèmes familiaux au sein du grand empire Wills de Sinnoh. C’est ma meilleure amie qui me l’a appris. Tous m’ont dit de ne pas l’attendre, tous ont tenté de me décourager, ils m’ont dit de tourner la page. J’avais même toutes les raisons de le faire, mais n’y suis pas parvenue. Quelque chose me reliait à lui, mais plus que de l’amour, c’était devenu de la culpabilité et, surtout, de la peur. Il était ma plus grande source d’inspiration, il était ma fierté et mon point d’ancrage, ma source de volonté. Comment aurais-je pu le laisser partir, moi qui n’étais qu’une mentali faible et superficielle qui n’avait réussi de bon, dans sa vie, qu’à conquérir le cœur d’un jeune homme solitaire, mais oh combien formidable? Plus que cela, je culpabilisais de ne pas pouvoir l’aider, de ne pas l’avoir fait. J’étais tellement faible, à côté de lui. Les mois qui ont suivi son départ ont été très difficiles, je ne m’en cacherai pas. Ça m’a tellement fait souffrir. J’ai fait des tonnes de choses que je regrette, mais il est trop tard, elles sont faites. Même après avoir reçu son texto, j’ai refusé de confronter la réalité. J’étais si dépassée. C’est dans cette même période que j’ai su, pour la mort de ma mère. J’étais jeune, je suis toujours jeune, et c’était beaucoup trop de choses à encaisser du même coup. J’ai fait du mieux que j’ai pu, mais dans mon angoisse et dans mon empressement, j’ai fait plus de mal que de bien autour de moi. Malgré tout, si je devais le revoir aujourd’hui, je le remercierais. S’il n’était pas parti, sans doute aurais-je continué à vivre de la même façon. Sans son départ, assurément, je n’aurais pas eu à confronter toutes ces choses et ne serais jamais devenu la jeune femme que je suis aujourd’hui. Même par son absence, il aura pris soin de moi. Je lui dois beaucoup, d’une façon à la fois drôle et ironique.
Leonidas Blackhart. Il a suffi d’une danse pour que le monde autour de nous s’effondre. Tout ce que je croyais acquis, tout ce que je croyais vrai. Il a réussi à me bouleverser et à tout remettre en question. Moi qui croyais naïvement qu’il n’y avait qu’un chemin vers le bonheur, Leo m’a prouvé le contraire. Pourtant j’ai nié et je l’ai fait avec tant d’acharnement et de volonté. Je ne voulais pas le voir, je ne voulais pas le sentir dans mon cœur. Pourtant, je le savais. J’étais tombée amoureuse de Leonidas Blackhart tout comme il s’était épris de moi. Je ne l’ai réalisé que trop tard, un après-midi dans sa chambre au dortoir Phyllali. J’étais venue m’occuper de son Pokémon, mais les choses ont pris un tout autre chemin et je me suis piégée. En caresses affectueuses, j’ai passé ma main dans sa chevelure de miel, oubliant mon engagement auprès d’un autre et réalisant, pour la première fois, l’impureté de mon cœur. Pourtant incapable de faire marche arrière, je n’ai pas su décourager le lion. J’ai fait une terrible erreur et je le sais, mais il n’y a plus rien que je puisse faire, maintenant, pour me racheter. Après le départ d’Allen, les choses n’ont pas cessé d’empirer et, lorsque j’ai finalement reçu ce fameux message, il l’a pris comme une libération. Il n’avait plus de compétiteur. J’étais à lui, toute à lui. Sauf que je n’étais pas prête. Je n’avais pas encore compris que ça ne fonctionnait pas comme ça et que ça ne serait jamais le cas. Personne n’appartient jamais à personne. Mentali ou pas, je n’avais pas besoin de me raccrocher à quelqu’un, j’aurais pu me tenir droite, me tenir seule et seulement ensuite aimer. Mais je ne le voyais pas. Je me l’explique encore difficilement, honnêtement, mais les choses étaient ce qu’elles étaient. On ne peut pas refaire l’histoire.
J’ai choisi de retourner à Leo ses sentiments. Je les éprouvais, de toute façon, alors pourquoi pas, n’est-ce pas? Penser d’abord à ce que moi je pouvais faire pour lui au lieu de ce que lui pouvait faire pour moi. Ce sont des mots que je suis fière d’avoir prononcés et j’y crois toujours, aujourd’hui, mais je pense que je n’en comprenais pas totalement le sens moi-même à cette époque. J’ai fini par l’abandonner, malgré toutes ces belles paroles, malgré tout l’amour que je lui portais. Je veux simplement savoir si Allen va bien, juste pour avoir l’esprit tranquille, pour mettre toutes les choses à plat et pouvoir aller de l’avant. Ça ne lui a pas plu, bien sûr que ça ne lui a pas plu. Y aller sans même l’avertir, à qu’est-ce que j’ai bien pu penser? C’était tellement idiot, mais je cherchais toujours, me débattant avec cette même idée. Je le fais pour lui, je le fais pour lui. Mais non, je le faisais juste pour moi. Cette hallucination sur Enigma avait bien raison. Dans tout ce brouillard, j’ai oublié le plus important. Moi, Estelle Highwind, j’étais aussi capable de grandes choses par moi-même. Je n’avais pas besoin de me reposer sur les autres. Mieux, c’était en me tenant sur mes propres jambes que j’allais pouvoir atteindre ce but que je convoitais depuis si longtemps, protéger les autres. Ne plus être la demoiselle en détresse, ne pas être la princesse. Je voulais être Sarah Connor, je voulais être une femme forte et capable. J’ai simplement oublié que pour cela, je devais commencer par compter sur moi-même et à me faire confiance. Je n’avais pas besoin d’une ombre pour valoir quoi que ce soit, mais je l’ai cherchée quand même.
Quand en plus de cela mon père a fait son AVC, j’ai pris la fuite. J’ai sauté sur l’occasion et, même si je ne regrette pas un seul instant d’avoir été aux côtés de mon père durant cette épreuve difficile, je sais que je suis coupable. Je n’aurais pas du laisser Leo comme ça et en agissant ainsi, tout à coup, je ne valais rien de plus que cet Allen qui m’avait fait exactement la même chose. Quand ce cycle prendrait-il fin? Cesserait-il un jour? Si je devais revoir Leonidas maintenant, je pense que je ne m’excuserais pas. Voyez, je sais que j’ai eu tort, je sais que je lui ai causé du mal et je sais que ce que j’ai fait est impardonnable. Plus que cela, je pense que je n’ai pas envie qu’il me pardonne. Au lieu de cela, à la place de juste lui demander, je veux agir. Les paroles sont vides, c’est par les actes que l’on prouve qui l’on est et que l’on existe aux yeux des autres. C’est pour cela que j’ai entrepris cette nouvelle carrière qu’est la mienne. Je vais mettre la main sur ceux qui lui ont fait tout ce mal et je vais leur faire payer. Ils se retrouveront confrontés à la justice et plus jamais ils ne feront souffrir qui que ce soit. Ce ne sera peut-être jamais suffisant pour me faire pardonner et il n’en sera peut-être pas mieux. Ses yeux n’en seront pas guéris et son équipe ne lui sera pas rendue, mais laissez-moi espérer. Peut-être, juste un peu, aurais-je réussi à apaiser toute cette douleur qui sommeille en lui, en partie par ma faute. Tant que je n’aurai pas réussi à faire au moins ça, je ne serai pas digne de demander pardon.
Arthur Highwind. Mon père et moi avons toujours été très proches. Il faut dire qu’il m’a élevé, avec l’aide de ma grand-mère Elizabeth. Ainsi, lorsque j’ai appris cet été qu’il avait fait un AVC, j’ai tout de suite pris les grands moyens pour rentrer à Kanto et ainsi être à son chevet. J’ai pris en charge les tâches ménagères et je suis allée lui rendre visite aussi souvent que possible, pour lui tenir compagnie. Heureusement, son Leuphorie était toujours à son chevet, même quand les médecins n’étaient pas là, ce qui ne m’empêchait pourtant pas d’être inquiète. Les jours sont passés et, de fil en aiguille, il a eu sa libération de l’hôpital, mais le combat n’était pas terminé. Il marche avec une canne maintenant, du côté gauche, et n’a pas pu recommencer à enseigner. Pas encore en tout cas. C’est pour cela que je m’étais trouvée un petit boulot dans une pension du coin, pour faire un peu d’argent et aider ma famille à rester à flot financièrement malgré cet arrêt de travail forcé. À la fin d’août, toutefois, ma grand-mère s’est indignée. Prendre soin de mon père, d’accord, c’était honorable. Mettre mon avenir de côté et me contenter d’un poste de seconde zone dans une pension alors que j’aurais pu avoir la mienne, inadmissible. Débuta alors un long travail de réflexion sur moi, ou devrais-je simplement dire qu’il se poursuivit. Il y avait un moment, après tout, que je m’interrogeais sur le chemin à suivre. Prendre soin des Pokémons ne me suffisait plus. Je voulais prendre soin des gens que j’aimais, sauf que je n’étais ni assez patiente, ni assez intelligente pour devenir médecin. D’autant plus que c’était maintenant que ça se passait, que la Team Rouage menaçait mes amis à Lansat.
Comme à l’habitude, c’est ma grand-mère qui a trouvé la réponse. Elle m’a amené une brochure de l’Académie de Police de Céladopole. Niveau scolarité, vu ma formation générale à la Pokémon Community, j’avais tous les prérequis nécessaires. Niveau âge, je devais avoir 17 ans avant la fin septembre. Quel magnifique hasard que mon anniversaire soit justement le six de ce même mois. Niveau Pokémon, chaque nouvelle recrue était limitée à trois. Aie. C’était pourtant un mal nécessaire et je savais bien que tous mes compagnons ne seraient pas à leur place dans un tel environnement. Le prince, pour sur, ne comptait pas donner sa place. Les autres, toutefois, n’étaient pas tous dans le même cas. Enfin, il y a bien Chidori et Mikey qui sautaient déjà à l’avant-plan, mais j’essayais de les ignorer pour me tourner vers les autres. Epona était installé aux côtés d’Efreet, le Feunard de ma grand-mère, et ne semblait pas près de bouger. Iggy était avec la Leuphorie, au chevet de mon père. Ça aussi, c’était réglé. Ash posa le genou au sol, signe de dévouement et de loyauté éternelle. Ma décision serait la sienne. Les autres? Simplement prêts à suivre le Général Donphan au combat, peu importe sur quel front cela les mènerait.
Estelle Highwind. L’académie de police c’était plus glamour dans le film en fait. Les entraînements sont… enfin, Pyroliens c’est un bon adjectif? Heureusement que j’étais habituée à la course à pied et que je me suis entraînée quelques fois avec Ruby parce que sinon, je ne sais pas si j’aurais passé l’examen d’admission. Nous avons fait beaucoup d’études juridiques aussi, mais pas seulement les lois de Kanto, ce qui était plutôt bien. J’ai appris plein de trucs dont je ne soupçonnais même pas l’existence, comme la peine que j’aurais pu subir avec Cael quand nous sommes entrés par effraction dans un Centre Pokémon une fois. Heureusement d’ailleurs que je n’en avais pas gardé de dossier, sans quoi j’aurais pu ne pas être acceptée dans ma formation et ça, je l’aurais très mal vécu. Enfin, ce n’est pas arrivé alors ne nous attardons pas. J’ai aussi commencé à suivre des cours d’autodéfense et, surtout, des cours de duel. C’était plutôt bizarre, surtout au début. Je me suis demandé vaguement si ça avait à voir avec les cours de l’académie, mais la question s’est perdue dans les méandres de mes pensées. Ces entraînements étaient violents et intenses, me repoussant dans des retranchements que je n’aurais pas pu imaginer. Un changement radical pour une ancienne coordinatrice, mais j’ignore si c’est le contraste qui m’a pris de court ou l’ampleur réelle de la chose. Ouji-sama, lui aussi, n’a pas chômé. Côte à côte, nous avons cheminé dans cette nouvelle vocation. Au travers de tout ça, j’ai réussi à continuer à prendre soin de mon père, mais je dois avouer que ma grand-mère m’a beaucoup aidée. Sans son support, je n’aurais jamais pu concilier les deux. Au terme de ma session : les examens, à la mi-novembre. J’étais prête à tout et ça a payé ses fruits. Pour une fois que je m’en tire pas mal dans ce genre d’évaluations. La semaine suivante, les résultats nous étaient acheminés et c’est avec grande fierté que je sus que j’avançais dans les stages qui débuteraient à la mi-décembre. Je n’ai pas attendu pour me jeter sur le téléphone. Il aurait été étonnant qu’un autre camarade fasse une demande auprès du Commissariat de Lansat pour aller faire un stage chez eux, mais on n’est jamais trop prudents. On m’a écouté et ma demande a été prise au sérieux, d’autant plus lorsque j’ai mentionné les raisons de ma motivation pour aller à Lansat plutôt qu’ailleurs. Je pense bien que ça leur a plu, car dans la semaine suivante, j’avais un Lieutenant Détective assigné et mes billets pour retourner chez moi m’étaient envoyés par la poste.
Oui, vous avez bien lu. Cette île, maintenant, c’est chez moi. Ma vie y a tant changé, j’ai tant changé. Je suis devenue une jeune femme et j’avance vers la vie adulte, un pas à la fois. Lorsque j’ai ouvert l’enveloppe et que j’ai pris les billets en main, j’étais si contente que je me suis mise à sauter, à crier et à pleurer en même temps. Chidori m’a sauté dans les bras, partageant ma joie. C’est ce jour-là qu’il est devenu un Pikachu et si j’avais pu, je pense bien que j’aurais évolué, moi aussi. Mais avant de rentrer, il y a un endroit où je devais aller. J’ai donc acheté personnellement d’autres billets, me planifiant une fenêtre d’une semaine. Ma destination? Quarellis, dans la région de Kalos. J’avais eu d’autres nouvelles de mes petits campeurs préférés et je me devais d’aller leur rendre visite. Après Noël, eux aussi partiront. Alex et Sacha se lancent ensemble en voyage initiatique, Marie et Thomas entrent dans une petite école privée de la région et Alice, pas de surprise ici, va débuter ses propres études pour sa formation de Ranger. Ils ont été très, très contents de revoir leur Estelle-nee-san adorée. On a fait des jeux, on est aussi allés au restaurant et on a reparlé de notre aventure. On a même parlé un peu de Cael, nous promettant mutuellement de le forcer à venir, la prochaine fois.
Avant de nous séparer, je tenais à leur offrir à chacun un petit quelque chose. Un compagnon qui pourrait veiller sur eux à ma place et les aider à poursuivre, sur la bonne route, leur propre rêve. Déjà, je me fondais dans ma nouvelle profession, celle de protéger. À Marie, j’ai confié Hime, ma Barpau. C’est une compagne douce, affectueuse et destinée à incarner une beauté telle que tu n’en as même jamais rêvé. Prends-en grand soin. Elle m’a lancé un regard ému et s’est jetée contre moi sous le regard approbateur de Thomas qui, les bras croisés, regardait la scène avec un air attendri. À Alice, j’ai confié Shaw, non sans un petit pincement au cœur. C’est un camarade versatile et curieux, il t’accompagnera partout où tu voudras et pourras te sortir de n’importe quel mauvais pas. Étonnamment calme, elle m’a remercié et a pris la gelée rose dans ses bras avant de le serrer contre elle, une larme à l’œil. Au moins, elle n’a pas essayé de le disséquer. À Thomas, j’ai confié Sephiroth, le fantominus retors. Il a l’esprit aussi vif et tordu que le tien, je suis certaine que vous accomplirez beaucoup ensemble. Essai juste d’en prendre soin pour moi, d’accord? Et tu devrais probablement faire soigner ton Pomdepik aussi, trois fois déjà qu’il explose ce soir le pauvre... Solennel, il l’a accroché à sa ceinture avec son autre camarade, me remerciant d’un sobre signe de la tête et d’un sourire, promettant de passer plus tard au Centre Pokémon. Vint ensuite le tour de Sacha à qui je confiai Alphard, le Noctali. Il est un peu narcissique, mais il est également très intelligent et saura te ramener dans le droit chemin, même lorsque tout espoir est perdu. Aussi ému que moi, son Dedenne et lui m’ont sauté dans les bras pour un gros câlin qui m’a fait du bien. Et finalement Alex. Dans ses mains, je mis deux Pokéball, le cœur gros et les larmes embuant mon regard. Tu veux devenir spécialiste de type sol et tu le seras. Il y a là Ash et Chomps. Elle est une trapinch docile et très vorace, il faudra la nourrir souvent. Quant à Ash… C’est mon chevalier, le second Pokémon que j’ai capturé. Il m’a protégé sans jamais faillir, fidèle, dévoué et combatif. Jamais, de ta vie, tu ne pourras espérer avoir un meilleur compagnon. Maintenant, il est à toi. Si jamais tu rencontres un spécialiste du type acier nommé Allen, fais-lui mordre la poussière pour moi, d’accord? Il a acquiescé et c’est moi qui l’ai serré dans mes bras avant de lui ébouriffer affectueusement les cheveux. Je faisais la bonne chose, mais ce n’en était pas plus facile. Après ces aux revoirs déchirants, j’ai gagné le quai et mon bateau pour Lansat. Lorsque je suis arrivée au port de l’île, je ne pleurais plus. J’avais déjà tellement pleuré. La brise marine s’est avérée un accueil chaleureux, malgré la période de l’année, et c’est d’un pas léger que je me suis mis en chemin vers mon petit studio du centre-ville. Le lendemain, j’allais rencontrer mon futur mentor.
Le Lieutenant Sieg Torchwick est un homme… Oui bon, bravo Estelle ça je pense que c’était pas mal évident déjà, un morceau de robot. Plus sérieusement, c’est un homme vraiment très homme. Il empeste l’après-rasage, il fume et il prend son café tellement, mais tellement noir que j’ai l’impression qu’il boit du goudron –il est badass mon lieutenant okay-. Il est aussi plutôt sérieux et rigoureux, mais il n’est pas méchant. C’est simplement qu’il prend son travail très à cœur et c’est bien. Ça me permet de me souvenir, d’un simple coup d’œil, du pourquoi je suis là. Moi qui voulais faire carrière dans l’élevage ou dans un truc comme ça, ma vie a pris un tournant des plus inattendus. Ce vol de la Team Rouage a blessé tant de mes amis. Kaeko, Aileen et beaucoup d’autres. Je me souviens encore, ce soir-là, des jeunes mentalis paniquées qui ne savaient pas quoi faire, qui pleuraient parce qu’elles n’avaient plus leurs précieux Pokémons. Dans une situation comme celle-là, même les lippoutou du fan-club de mon ex m’étaient apparues comme sans défense et à plaindre. Même à elles, je n’aurais pas souhaité ça. Mais il n’y a pas que ça. Leonidas. Ce qu’ils ont fait à Leonidas. Presque toute son équipe, c’est… atroce. Comme si cela ne suffisait pas, ils ont remis ça avec un kidnapping majeur, au début de l’été dernier. Si personne ne s’oppose à eux, qui sait quand ils vont recommencer? Qui sait ce que ce sera cette fois? Je n’ai pas pu rester à leurs côtés, je n’ai pas pu tenir mon engagement auprès de Leo et après ce que je lui ai fait, il est clair que notre relation est un chapitre clos de ma vie. Ce que je vais plutôt faire, c’est chasser et retrouver le moindre des sbires qui a fait souffrir les gens que j’aime. Si je ne peux pas les aider à se remettre, je peux au moins les venger et empêcher pareille chose de se reproduire. Je me suis fait une promesse et je compte bien la tenir. Je vais devenir cette femme indépendante, fière et forte, capable de protéger tout ce qui lui tient à cœur, en attaquant directement le problème à la source. Enfin, après avoir terminé d’étudier les lois de la ligue pokémon, ce fichu bouquin doit bien faire trois tonnes… Et dire que l’ascension au grade 3 me paraissait laborieuse!