De retour à l’île Lansat, alias la petite partie de terre au beau milieu de l’océan qui sert de frontières pour la Pokémon Community. En ce piètre jour d’octobre, où la pluie était au rendez-vous à plus d’une heure d’avion de l’académie, le soleil fournissait chaleur et joie aux élèves une fois de retour au bercail. La majorité avait réussi à s’approprier un nouveau compagnon lors de la sortie capture organisé par l’administration. Ces imbéciles ne faisaient que montrer leur nouvel acquis à leurs amis, vantant pour certains la puissance future de ces créatures origine de la région de Kalos. Et d’un autre côté, il y avait les malheureux qui font une dépression car ils rentrent les mains vides, ou bien les énervés comme notre héroïne qui ont vécus une matinée plutôt mouvementée. Pendant le trajet du retour, elle ne cessait de fixer un point à l’autre, foudroyant d’un regard meurtrier tout ce qui passait dans son champ de vision. Nul ne tentait de l’approcher à ce moment-là – comme si c’était le cas avant – même Pika n’avait guère le courage d’enquiquiner sa maîtresse pour tenter de lui remettre le sourire sur les lèvres.

Pouvons-nous la blâmer pour cette attitude désagréable à l’égard de tous ? Quiconque passant à deux reprises de se faire charcuter par une épée réagirait plutôt de manière négative, imaginons. Mais c’est encore pire si le Pokémon que vous avez envoyé au combat pour vous sauver la peau n’écoute pas vos directives, préférant plutôt de se taper une sieste que défendre sa dresseuse alors que celle-ci frôle une seconde fois la mort. Ce Sombrenard cherchait le mauvais type d’attention. Il a filé entre les doigts de la Drystan uniquement grâce à sa capacité unique Illusion. Elle lui a fallu une bonne demi-heure pour le retrouver et l’emprisonner dans sa Pokéball. Son cas désespère la demoiselle. Le sermonner n’offrira probablement aucun résultat favorable, ça froissera plus la communication entre la créature et la mortelle qu’autre chose.

Une fois dans sa chambre dans le dortoir arborant la bannière du feu, elle n’hésita pas à sortir Zoro de sa Pokéball pour lui offrir un nouveau regard noir. Le renard espiègle ne fit guère attention aux reproches d’Ellie et alla s’installer sur le matelas, prêt à s’endormir. Démoralisée par la personnalité de son Zorua, la Pyroli lâcha un grand soupir avant de se rabattre sur son ordinateur portable. C’est après une bonne demi-heure à regarder les différents réseaux sociaux et à ne rien trouver d’intéressant qu’elle brisa le silence inquiétant en effectuant une proposition.

• Vous voulez aller vous promener dans la forêt ? On va profiter un peu de la chaleur avant que l’automne commence à devenir frisquet.

Pika, qui feuilletait un livre avec des images, se releva aussitôt pour donner son approbation. Du côté de l’illusionniste, il s’étira avant de marcher nonchalamment vers la porte. C’est quelques minutes plus tard que le trio s’engouffrait dans la masse de végétaux, les ardents rayons du soleil se frayant un passage entre les branches dénués de leurs feuilles. Une petite promenade dans la nature sans objectif quelconque. La souris chromatique sautait de branche en branche tel un singe alors que le quadrupède obscur reniflait ici et par là, avant de relever brusquement la tête et fuser dans un buisson pour disparaître.

• Mais – Zoro, reviens ici !

Ellie courra vers le buisson, le traversa et tomba nez à nez avec un autre aspect autre que celui de son mignon petit renardeau : un félin gris aux perles violettes. Au début, l’opulente adolescente à la longue crinière sarcelle crut à une transformation du Zorua, mais le Pikachu qui était en hauteur vint se percher sur son épaule pour lui montrer de sa petite patte le chemin par où a filé le Pokémon Sombrenard. Elle se mordit la lèvre inférieure, grognant à l’intérieur de son âme de l’impulsivité de Zoro. Néanmoins, au lieu de se propulser à toute vitesse dans la direction emprunté par ce dernier, ses étincelantes perles céleste vint se poser sur le Psystigri qui s’approcha de la TopDresseuse, les bras ouvert.

Rien ne passa tel que prévu par notre protagoniste. Suite à sa mission sauvetage périlleuse, là où il presque laissé sa peau alors qu’il ne soit pas ou bien n’aspire aucunement à devenir un Ranger, l’Aisaka dû braver de nouveau une descente puis la traversée d’une énorme forêt sur l’île Resin-sur-Mer. Néanmoins, une fois arrivé sur place, l’avion allait décoller. Nul temps de soigner la créature blessée sur place, il dû apporter les premiers soins au félin de type psy dans l’appareil sans possibilité de relâcher le Pokémon dans son milieu naturel. Normalement, grâce à son don inné, le fils des Pokémons fonde un lien immédiatement puissant dès la première rencontre. Or, avec ce Psystigri, son intention initiale n’étant que de le sauver et non de le garder sous son aile, ce dernier ne semblait pas apprécier tant que cela notre héros, autre que de ressentir de la gratitude à son égard. Kira aura beau le convaincre qu’il souhaite finalement le garder, mais le cœur ne ment pas. Tous savent que c’est la première impression qui prévaut, et cette émotion n’a guère été proche de celle d’une capture pour faire de cette rencontre une amitié qui prévaudra longtemps.

De retour à l’île Lansat, la première action du Noctali a été de rejoindre de ce pas son dortoir pour changer ses vêtements – n’oublions pas qu’il a bravé une escapade forestière et montagnarde sous une tempête peu plaisante. De suite après ce petit détour, il a apporté avec lui ses deux compagnes – car oui, le Pokémon Retenue récemment acquis est une femelle – pour faire une petite promenade dans la forêt du campus. En chemin, l’Évoli faisait maints efforts pour tenter de se rapprocher du félin gris, ce qui la désespéra rapidement au vue du manque de réaction de cette dernière. Le trajet emprunté par notre héros se traça finalement dans la petite jungle, une aire dans les tréfonds de la masse de verdure qui ne ressemble en rien à une forêt banale. C’est ici que le garçon originaire de la forêt de Jade a combattu la sirène du Kanto et a remporté son premier match avec Eevee, ainsi qu’un badge. Un objet d’apparence si inutile et pourtant, qui a tant de valeur pour les dresseurs aspirant un jour à affronter la ligue. Mais pour le moment, il voulait tout simplement se reposer : regagner l’énergie qu’il a dépensée suite à l’aventure de ce matin, loin de la présence humaine à l’horizon. Le repos absolu.

• Ne vous éloignez pas trop. Vous pouvez vous amuser comme vous voulez.

Ceci dit, il se positionna confortablement à la base d’un tronc et ferma les paupières alors que le félin commença à explorer les alentours et que la petite renarde commença à courir dans tous les sens, jouant avec n’importe quoi qui se présentait sur son chemin. Son voyage dans les bras de Morphée dura un certain temps, la déesse le berçant d’illusions plus ou moins étranges les unes que les autres. Ces rêves barbants. Cependant, un chatouillement à la joue gauche vint le sortir de son sommeil. Son regard d’émeraude s’apposa lentement sur la boule de poils marron et chocolat qui agitait la queue.

• Tu veux jouer, Eevee ? Il se redressa et dans l’espace d’un instant, les traits endormis de son faciès se transformèrent en une expression sérieuse. Minute, tu n’es clairement pas Eevee.

Étonnement de la part de l’imposteur alors qu’à sa droite, la véritable Évoli du TopDresseur lâcha un gloussement, amusée par la situation. Ni une ni deux, l’escroc s’illumina d’un halo opalin avant de reprendre sa véritable forme : celle d’un Zorua. Il s’assit, sans bouger, fixant intensément de ses prunelles d’azur le dresseur qui lui faisait face. Sa mine à présent plus amical, il apposa sa main sur la tête du Sombrenard, cherchant à comprendre son esprit.

• Zoro, hein ? Pourquoi t’être sauvé de ta maîtresse ? C’est surtout très malin ce que tu as fait plus tôt, aha… Au fait, Eevee, il est où le Psystigri ?

Question plutôt idiote de sa part alors qu’il peut ressentir les émanations à proximité de chaque créature autre qu’humaine. Il s’approchait, droit devant le trio. Néanmoins, ces émotions étaient différentes de celle de plutôt : joie et amitié, attirance envers un autre individu. Peu de temps s’écoula alors qu’une tête turquoise bien connue à l’académie fit son apparition, un Pikachu chromatique sur l’épaule et un chaton dans les bras.

• Yo. Je crois que la Psystigri s’est attachée à toi.

• Elle est vraiment chou. C’est la tienne ?

• Plus ou moins. C’est une histoire compliquée. Pour faire court, elle n’est pas supposée être ici.

Ellie fronça les sourcils. Cette excuse ne faisait aucun sens sans explication complète. Pourtant, elle ne s’attarda pas sur un détail aussi insignifiant que ce récit, son profond regard céruléen s’installant sur le renard des ténèbres.

• Et lui… La raison qu’il s’est sauvé était pour… te voir ? Vous vous êtes donné rendez-vous ou ?

• Si seulement c’était ça. J’ignore pourquoi il est venu ici.

Un silence planait désormais entre nos protagonistes. Les prunelles de jade de Kira plongèrent dans celles de la Drystan. Un rictus parcouru ses lèvres. Le chaton se collait bien trop sur la Pyroli.

• Tu peux le garder. Il t’aime bien, de ce que je peux voir.

Et de ce qu’il peut ressentir également.

Ce Psystigri était attachant. Dès qu’il aperçut la Drystan, celui-ci n’a pas hésité un seul instant pour se rapprocher d’elle, tendant les bras dans la direction de la fille d’Ève. Cette dernière, dans sa grande amabilité, prit le félin gris dans ses bras et le contempla pendant une dizaine de secondes. Elle s’interrogeait principalement sur la raison de la présence d’un Pokémon sur une île où les créatures sauvages ne sont pas au rendez-vous, à moins que cet animal ce soit sauvé de son maître ou maîtresse comme vient tout juste de le faire le Sombrenard. Particulièrement captivant, ce spécimen, pensa Ellie alors que le Pokémon Retenue se colla de plus en plus sur notre héroïne, comme s’il serait en manque d’affection. Son dresseur doit être un véritable connard si ce petit minou se sent si misérable, spécula-t-elle alors qu’elle mima à son fidèle compagnon de montrer le chemin par où s’est sauvé le Zorua. En bon fidèle soldat qu’est la souris orangé, contrairement à son coéquipier le renard, Pika bondit de son perchoir et prit les devants. Plus elle marcha, plus l’envie de garder avec elle ce chaton aux pouvoirs psychiques lui montait à la tête.

Curieusement, le rongeur de type électrique ne reniflait pas la terre pour capter le flair de son camarade. Il savait tout simplement vers où aller, sa concentration fixée sur un seul point face à un point loin devant lui. Cette histoire devenait de plus en plus confuse. À un moment, le trio pénétra les frontières de la petite jungle, une partie plutôt originale de la forêt avec des allures tropicales. C'est ici que la Pyroli avait affrontée la championne de la ville aux rivières fleuries – tellement charmant comme nom, insérer l’ironie ici – et qu’elle a remporté son combat face à une dresseuse expérimentée. Évidemment qu’elle a gagnée. Après tout, elle possédait un avantage certain avec Pika à ses côtés.

De loin, elle perçut son renard des ténèbres. Néanmoins, il était en la compagnie d’un jeune garçon qu’elle ne réussit à identifier, même de proche. Un visage parfaitement inconnu à sa conscience. Des prunelles d’émeraude rieur et une aura espiègle. Pendant un instant, la Drystan crut voir son reflet masculin. Il entama le dialogue, et la conversation se poursuivit de manière plutôt étrange. Vint la fameuse phrase qui fit naître un sentiment de joie dans l’esprit de l’opulente demoiselle de Safrania qu’elle refusa de manifester. Garder ce Psystigri ? Oui, elle le voulait. Or, une marre d’interrogations suivit cette déclaration de la part du Noctali. Juste comme cela, c’est beaucoup trop simple et bien sûr, trop beau pour être une part de la réalité.

• Es-tu en train de proposer un échange ?

Le jouvenceau arqua un sourcil avant de laisser échapper un gloussement entre ses lippes. Il inclina la tête vers le bas, passant une main dans sa crinière châtaigne avant de reposer son regard céladon sur la TopDresseuse, arborant un sourire en recoin.

• Non. Cela veut dire exactement ce que j’ai dit, dans les termes propres : je t’offre ce Pokémon sans l’intention de recevoir quelque chose en retour.

Cette fois-ci, Ellie s’abstenu de démontrer une réaction. Elle jubilait de joie, mais d’une autre part, détestait cette méthode de faire. Ses perles d’azur se posèrent enfin sur son Zorua, collé sur le dresseur. L’adolescente jumelée au dortoir du feu resta inerte pendant un long moment, n’esquissant le moindre geste, perdu dans ses réflexions. Puis, elle ferma les yeux, respira un grand coup avant de casser cette quiétude sur un soupir.

• Crétin. Nous allons faire cela dans les règles.

Illico, Kira éclata de rire, sa tête se propulsant vers le haut tout en lâchant libre le ricanement engendré dans son œsophage. Une fois son délire passé, il passa son pouce sur chaque paupière, mimique de dire qu’il essuie des larmes qui n’ont jamais réellement apparus.

• C’est toi l’imbécile. Si nous regardons la situation d’un point de vue totalement objectif, tu es bien plus gagnante si tu te serais retournée sans dire un mot.

Un rictus amusé parcourra les frissonnantes lèvres de la miss, son regard imitant ces dernières. Sans gêne avec du répondant et narquois, tout comme elle. La ressemblance est frappante. S’approchant de Zoro, elle tendit la main pour lui donner ses dernières caresses qu’il recevait sans produire le moindre couinement. C’est son choix, alors que dire ? On ne peut garder un Pokémon heureux en cage si ce dernier souhaite être ailleurs qu’avec vous.

• Mon Zoro contre ton Psystigri, donc. Si c’est ce qu’ils veulent, alors soit.

Quelle tournure fort intéressant. Le Pokémon Retenue trouve dans l’espace de quelques heures la dresseuse parfait pour lui et voilà que notre héros a réglé non pas un, mais bien deux problèmes. Cette créature capturée sans l’intention de le garder est déjà une problématique de supprimer dans la liste de ses craintes – et notons que la liste est guère longue, voire peut-être inexistante en temps normal. Le second embarras est le type naturel du Psystigri : psychique. La première gêne face à cette situation est ce que prévoit Eevee pour son futur aspect, une décision prise depuis bel et bien longtemps. La deuxième est qu’avoir une équipe balancée alors que le dresseur possède deux Pokémons de type Psy, à moins de choisir le parcours Spécialisation Type sous type, ce que ne prévoit aucunement l’Aisaka. Bref, le voilà plus tôt dans une double impasse, avant que l’ange machiavélique du campus vienne lui offrir sa bénédiction et lui enlève de ses bras le félin récemment acquis en échange d’un illusionniste qui semble s’être attaché vite à notre héros grâce à son don psychique, au lien qu’il est capable de former instantanément… Ou bien est-ce seulement une supplication car le Zorua est en fait maltraité par sa maîtresse. Ce qui n’étonnerait guère personne, osons imaginer.

Autre que la réputation usurpée de la Pyroli, le binôme se dirigea vers le pôle d’échange. Là sont disposées pour les élèves les machines d’échange. Pika affichait une mine plutôt déçu de perdre un ami par moment, d’autres fois, heureux d’accueillir dans la famille un nouveau membre de l’équipe. Dans le cas d’Eevee, elle jubilait de joie à l’idée d’avoir un nouveau compagnon avec qui elle allait avoir la possibilité de jouer. Le Psystigri a enfin trouvé avec qui passer le reste de sa vie alors que le désobéissant Zoro a enfin accepté un humain digne d’être son maître. Retenez vos larmes, je vous dis. Ils continueront de ce voir la face même après cet échange de propriété, car n’oubliez pas que les élèves sont tous situés sur une putain d’île et non sur un gros continent. Alors si l’envie prend à Ellie de voir son connard de Pokémon Sombrenard adoré, elle n’aura qu’à cogner à la porte du dortoir Noctali et magie, tout est bien qui finit bien.

Arrivé sur place, les créatures respectives furent conviées dans leur Pokéball et placées sur chaque côté de la machine. Les deux protagonistes restèrent les bras croisés et immobile à regarder le long et bizarre processus. Tout d’abord, ce sont des tuyaux qui aspirèrent les sphères technologiques. Via un écran, nous pouvons apercevoir les silhouettes ombrées de chaque Pokémon qui bouge d’un côté à l’autre avant que la Pokéball de l’autre individu se retrouve à présent dans vos mains, vous appartenant désormais. Nul ne sait pourquoi une telle démarche est nécessaire, mais qu’importe au final. Ellie fut la première à sortir son nouveau compagnon de sa prison pour la prendre dans ses bras.

• Tu ne lui as pas donné de surnom, nan ? Je vais donc la nommer Espurr.

• Hn. De mon côté, Zoro gardera son surnom. Je crois que je ne puisse trouver meilleur, de toute façon.

Kira libéra le renard des ténèbres qui apparut dans ses bras, aux côtés de l’Évoli qui se situait dans l’entrebâillement de sa tenue sombre. Zorua, le Pokémon Sombrenard. Capable de prendre l’aspect de n’importe quel Pokémon ou être humain sans problème. Et ses facultés ne feront que progresser une fois évolué. Oui, un bon ajout à son équipe. Mais également un comparse de taille pour ses futures conneries. Pika, heureux que tout finisse pour le meilleur, lâcha un léger cri de satisfaction pour conclure cette journée chargée en émotion.