Un coup d'oeil rapide dans le miroir. Elle passe la main dans ses cheveux de jade, réajustant quelques mèches pour que le rendu soit parfait. Elle cligne des yeux, écarlates lumières, une fois, deux fois. Effleurant le tissu tartan de sa jupe pour qu'aucune poussière n'y demeure, elle sourit à son reflet. Satisfaite, elle est prête. Elle attrape son ombrelle, sa fidèle compagne qui ne la quitte jamais, et elle part, d'un pas décidé, un léger sourire aux lèvres. Toujours impeccable, toujours pimpante, toujours souriante.

Lorsqu'on la croise, Cornélia, on se sent étrangement à l'aise, apaisé par son sourire serein et sa voix douce. D'un naturel paisible et social, sa compagnie est particulièrement agréable, car elle fait en sorte que tout le monde se sente bien en sa compagnie. Légèrement fleur bleue, elle a beau le cacher, mais elle apprécie beaucoup les romans à l'eau de rose, bien que sa situation amoureuse soit un mystère. Elle est certes parfois un peu bizarre, à regarder les élèves de l'académie qu'elle croise parfois, claudiquant dans le centre ville du Village Portuaire d'un air nostalgique, en murmurant des choses comme "ah, la jeunesse..." et autres "à mon époque...", toujours accompagnée de sa Fragilady, et à rire à pleine voix même dans les situations les plus délicates. Mais cela ne gâche en rien son côté amical, en tout cas. Peut-être un peu trop amical d'ailleurs, car il n'est pas rare qu'elle invite des gens, parfois de parfaits inconnus, à boire le thé chez elle, ou qu'elle leur offre des gâteaux faits maison. La gentillesse incarnée, en somme.

Ou presque, parce que son sourire cache avant tout quelqu'un d'implacable. Exigeante avec elle-même et avec les autres, Cornélia est quelqu'un de profondément rancunier. Faites une seule erreur - ou du moins, ce qu'elle considère comme une erreur - et vous êtes sûrs d'être rayés de sa mémoire. Extrêmement ambitieuse et sérieuse, elle ne perd pas de vue les choses qu'elle doit faire, et même si elle vous apprécie, elle fera souvent passer ses intérêts personnels avant les vôtres, si cela peut l'aider à réaliser ses rêves. Pas rebelle, mais presque, elle se considère comme forte et libre, et ne se fera abattre par personne. Mais avant tout, Cornélia se veut être l'essence de la grâce, de l'élégance. Depuis toute jeune, elle rêve de briller sous les feux de la rampe, de devenir une performer admirée, idolâtrée. Mais ça, c'était il y a longtemps. Depuis qu'elle s'est blessée à la jambe - un bête accident - elle a du dire adieu à ses rêves de gloire. Mais au fond, elle n'est pas si amère. La vie avait sûrement autre chose à lui offrir.

C'est le vent qui souffle dans les branches des arbres qui surplombent la petite ville de Romant-sous-Bois, et qui amène à ses oreilles des murmures, des rumeurs, les échos des dernières nouvelles, des éclats de rire. Au fond, elle a toujours aimé cette ville, aussi mystérieuse qu'elle soit.
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Déjà toute jeune, elle avait les yeux qui étincelaient la première fois qu'elle a posé le pied sur le sol de cette ville à l'atmosphère étrangement étrange. Tout lui paraissait si magique: la simple ambiance de la bourgade, le marais qui reposait à son entrée, les histoires qu'on racontait à son sujet. Tout était source d'émerveillement pour la jeune Cornélia, alors âgée de cinq ans. Elle venait tout juste d'emménager à Kalos, pour rejoindre ses grands-parents qui vivaient déjà en ville, quelques mois avant son anniversaire. La majorité des enfants étaient souvent perdus, voir tristes lorsqu'ils déménageaient, mais pour elle, c'était l'exact contraire. C'était si différent d'Unys - les deux régions avaient leur charme, mais étrangement, Kalos éveillait tellement plus de choses en elle. C'était probablement aussi car elle avait toujours vécu à Unys, et la découverte d'un nouvel endroit faisait battre son coeur à toute vitesse.

La petite se fit en tout cas bien vite à la vie dans cette nouvelle région, et son sixième anniversaire approchait à grand pas. Entre l'école et les moments passés avec ses parents, elle avait gagné un grand intérêt pour les concours Pokémon. Elle n'en ratait pas un seul, fascinée par ces performances éclatantes et étincelantes. Et bientôt, elle se mit en tête d'elle aussi, faire partie de ce monde scintillant. Elle travailla dur, aussi dur qu'elle put, pour atteindre son rêve. Elle clamait haut et fort à tous les habitants de Romant-sous-Bois qu'un jour, elle deviendrait célèbre. Ses parents, ravis de voir qu'elle s'impliquaient autant dans ce qui lui tenait à coeur, lui offrirent, pour ses six ans, son tout premier Pokémon. Ou du moins, son premier oeuf. Etrangèrement, ses progéniteurs n'étaient pas inquiets à l'idée de donner un oeuf à une enfant aussi jeune. Mais le fait dérangait beaucoup son grand-père, ancien éleveur, qui décida de garder l'oeuf et de montrer à sa petite fille comment s'en occuper. Diligemment, elle écouta tous les conseils de son grand-père, et finalement, quelques semaines plus tard, l'oeuf éclot. Il se brisa lentement, et un bout de coquille fut éjecté, pour laisser place à la tête curieuse d'un Chlorobule. Cornélia fut émerveillée: elle avait déjà vu ce Pokémon dans les livres de ses parents, et l'avait beaucoup apprécié. Les deux, apprentie dresseuse et créature de poche, devinrent vite inséparables. S'étant déjà renseignée sur son évolution, elle décida d'appeler sa nouvelle amie Lady.

La vie suivait son cours, filant comme un long fleuve tranquille, jusqu'au jour où le rêve de la petite Cornélia se brisa. C'était une fois, une simple fois, où elle avait décidé d'aller s'entraîner à ses performances de future coordinatrice. C'était bête, c'était idiot. Elle avait glissé, le terrain étant particulièrement marécageux, et elle s'était brisé la jambe. Ses parents, voyant qu'elle ne rentrait pas, se précipitèrent sur la Route 14 pour voir ce qu'il était advenu de leur enfant. Horrifiés, ils l'amènerent immédiatement à l'hôpital, où le verdict fut quelque peu brutal: elle s'en sortirait, mais elle ne pourrait plus marcher aussi bien qu'avant. Elle avait dix ans. Son rêve réduit à néant, elle eut beaucoup de mal à encaisser le choc, et passa de nombreuses nuits à pleurer. Son Chlorobule était là pour la soutenir, mais cela ne semblait pas être suffisant. Mais au fur et à mesure que les années passaient, son amertume finit par lentement disparaître, alors qu'elle se trouvait une nouvelle passion, la couture. Si elle ne pouvait pas être sur scène, alors elle soutiendrait ses idoles derrière le rideau. Elle s'entraîna dur, dessinant ses propres tenues et demandant à ses amies de Romant-sous-Bois d'être ses modèles. C'était parfois difficile, mais deux nouveaux compagnons, Psystigri et Hypotrempe, qu'elle captura alors qu'elle était en voyage avec ses parents autour de Kalos, étaient là pour la soutenir - sans oublier, bien sûr, la présence de Lady à ses côtés.
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Elle sourit, et pose les yeux sur le grand arbre sous lequel l'arène de Romant-sous-Bois est situé. Aujourd'hui, elle part pour l'île Lansat, où elle pourra peut-être accomplir son rêve. Elle reviendra, un jour. Quand elle sera devenue la plus grande des couturières.