Le Barbicha s'habille en Prada Jack Dayden En quatrième vitesse, j’avalais les restes de mon sandwich du midi. Entre les cours de la matinée et le début de ceux de l’aprèm, je n’avais eu qu’une demi-heure. De quoi faire râler Diva, tandis qu’elle dégustait aussi vite que moi son repas. Arrivées un peu en avance malgré tout, devant le Couafarel Coloré, nous ne tardions pas à être rejoint par les autres élèves. J’avais entendu dire que le cours original de coordination du jour, avait été légèrement modifié pour l’occasion. Et pour cette même occasion, j’étais venue coiffée d’un bonnet plutôt que d’une casquette, ayant détaché mes cheveux à l’arrière afin qu’ils retombent dans mon dos et sur mes épaules. Coiffés ainsi, ils étaient bien plus longs que je l’aurais pensé. Pour accompagner cette coiffure, j’avais troqué mon uniforme d’écolière studieuse contre une tenue d’hiver assortie à ma façon. C’est-à-dire, pas trop chic, un peu rock, mais surtout élégante dans l’harmonie des couleurs. Bientôt, le grand et fabuleux professeur Heartnett débuta sa longue tirade explicative du cours d’aujourd’hui, dans une pluie de paillettes. Comme toujours, il fascinait ma Laporeille avec sa gestuelle travaillée, son lyrique, sa mise en scène en générale. Moi, j’étais assez partagée entre le rire et l’admiration. D’un côté, j’adorais son jeu d’acteur auquel il était très impliqué, d’un autre, les pancartes que présentait Smeagol étaient d’un mauvais goût digne d’être moqué. Le coordinateur de renom n’avait pas besoin qu’on dise à son public ce qu’il devait faire, sa simple vue suffisait à nous combler et à nous faire comprendre le message transmit. N’est-ce pas Diva ? Jetant un regard à la lapine, je la vis totalement subjuguée par Heartnett, son cœur sortant presque de sa poitrine. Ah. Pourtant, il n’était pas si extraordinaire que ça, je le plaçais sur un piédestal dans son domaine, mais il était loin d’être capable de me mettre à ses pieds. Diva… Faudra qu’on ait une discussion à la chambre toutes les deux ! Néanmoins, l’éloquence et, surtout, les propos du professeur, rivent mon regard sidéré vers lui. Dans l’assistance, je ne suis pas la seule à être choquée de ses propos. Comment un groupe tel qu’il le décrit peut-il exister sur cette planète ? C’est tout bonnement inconcevable. A la rigueur, je peux comprendre que certains Pokémons soient répugnants aux yeux de certains… Mais de là, à aller former une Association du bon goût et des bonnes manières, je trouve cela de trop ! C’est à cause du manque de tolérance de personnes comme eux que j’ai eu tant de mal à m’intégrer à la société étant enfant. En grandissant, j’ai appris à faire abstraction du jugement des autres, seulement, même si je m’en crois capable, je sais qu’il persiste sur mon état d’esprit des séquelles que ce jugement de goût a marqué. Le goût est propre à chacun, il est matière à discussions et débats, mais pas à être imposé. Toute personne vivant en ce monde a le droit de porter sa propre opinion de ce qui l’entoure, sans forcer les autres à le suivre dans celui-ci. Voir que l’on rejette ces Pokémons à cause de leur différence me sidère et me motive encore plus à donner une bonne leçon à ces imbéciles membres de l’association. Quelle que soit le Pokémon dont on me confira la charge, je m’offrirais au maximum de mes capacités à la tâche. Pas vrai Diva ? Euh… Je désespère… Elle n’a rien entendu du discours du professeur, trop captivée par ses pirouettes et sa beauté éclatante… Diva, tu es irrécupérable ma cocotte. Bon, il est temps de se mettre au travail ! Je suis le troupeau d’élèves, qui pénètrent dans l’institut, suite aux consignes données par Smeagol. Chacun se voit ensuite dispatché à l’entrée vers l’un des Pokémons par Heartnett. Les quelques élèves devant moi sont envoyés vers un Miasmax et un Soporifik. Parmi les Pokémons, j’aperçois un Grotadmorv dont j’aimerais bien m’occuper. Pourquoi lui ? Tout simplement parce qu’il est difficile à appréhender de par sa texture. Et que plus le challenge placera la barre très haut, ma réussite n’en sera que plus éclatante de brio aux yeux du professeur et j’aurais mes chances de me faire remarquer. Malheureusement, mon tour vient et malgré le clin d’œil fait au Grotadmorv, c’est en direction du Barbicha que l’on m’accompagne. Merde ! J’esquisse une moue de mécontentement en imaginant déjà les possibilités qu’offre le Pokémon. Ce n’est pas le sujet idéal, je ne le trouve pas d’aussi mauvais goût que le pense le comité de l’association… Quelle bande de tocards ceux-là ma parole… Puis, Heartnett réapparait, déposant mon partenaire pour le relooking. C’est un garçon plutôt pas mal : cheveux mi-longs, yeux bleus, teints pâle,… Et surtout, il a l’air très sérieux, concentré à évaluer le Pokémon comme je l’ai fait à l’instant. Si bien qu’il ne me remarque qu’après une petite minute. Je pars d’un rire léger lorsqu’il se tourne vers moi, avant de me présenter à mon tour. « Bonjour, je m’appelle Yukino. Et voici Diva, ma Laporeille. » Diva leva une oreille en guise de salutation afin de ne pas décroiser ses mains dans le dos. Une fois fait, elle perdit son attention pour le garçon et rechercha Heartnett des yeux. C’est qu’elle ne perd pas le nord la lapine. « Ce n’est pas contre ce brave Barbicha, mais j’aurais bien aimé avoir le Grotadmorv qui est là-bas. M’enfin, je ne vais pas me plaindre. On a du boulot comme tu dis. » Dévisageant avec politesse le Barbicha, j’en viens à en faire le tour une fois en triturant ma lèvre d’un doigt. « Mmmhhh… Il mériterait qu’on lui fasse un bain dans l’optique de rendre sa corps soyeux. Après tout, n’est-ce pas le professeur lui-même qui a dit qu’il fallait que ça brille ? » Un sourire en coin avec un clin d’œil pour mon camarade, et je lui demandais de m’aider à transporter le Pokémon dans les bains. |
Le Barbicha s'habille en Prada Jack Dayden Quel charmant jeune homme. En plus de ne pas avoir un style dégueulasse comme certains et d’être plutôt mignon, il se propose gentiment de me prêter son Tadmorv pour un relooking. L’idée n’est pas désagréable, cela me fait même rougir. -Je veux bien voir ton Tadmorv à l’occasion. Contournant le Barbicha pour me reconcentrer sur ma tâche, je finis par lui proposer de commencer par un bain. Le pauvre Pokémon est crade, de la boue jonche son corps tel du sable dans les chaussures… Oui, je sais ! Ce n’est pas la même chose, et alors ?! Sa vive réaction me surprit et je portais vers lui un regard presque effrayé. Devenant rationnelle, je secouais la tête. Alors on pensait pareil ? Tant mieux, cela aiderait pour la suite des événements. Néanmoins, tandis que je nous imaginais transporter le Pokémon à la force de nos muscles, lui cogitait déjà une autre idée. Et soyons clair, elle était bien plus maligne que la mienne. Et surtout moins fatigante ! Là, il marquait des points avec Diva… Et moi aussi, j’avoue que moins j’en fais, mieux je me porte. Logique, non ? La seconde d’après, un Drascore chromatique très impressionnant nous rejoint. Sur le coup, ses pinces levées et son allure de fier combattant me rebutent un peu. Ouais, je préfèrerais vraiment être ailleurs en ce moment. Heureusement, le bestiaux se calme vite fait bien fait et… Est gêné ? Nan, mais c’est quoi ces aprioris sur les centres pour Coordinateur ?! Il veut que je lui en foute une ou quoi le monstre marron. Bien, calmons-nous. Ne perdons pas notre calme face à mon brave camarade. Mais j’ai quand même peur de laisser le Barbicha entre les mains de cette bête. -Euh… Tu es sûr qu’il ne va pas le manger ? Imaginez expliquer à Heartnett que votre candidat à l’élection de beauté vient d’être avalé tout cru et qu’il ne vous reste même pas les arrêtes pour recomposer un semblant de squelette du Pokémon… Nan, je préfère ne pas l’imaginer. Ce serait la fin d’une carrière avant sa naissance. Peu confiante, je laisse tout de même le Drascore affamé se charger de transporter notre client. Pendant ce temps, nous allons faire une présélection des produits qui pourraient nous être utiles. Comme le suggère Jack, nous avons du choix… Voir même trop de choix… Il y a bien quelques flacons qui me font de l’œil, mais je ne trouve pas la perle rare. Attendez ! Il a parlé de colorants, n’est-ce pas ? Une idée germe dans ma tête et en regardant Diva et sa couleur chromatique, je me dis que c’est peut-être une bonne idée. Les Pokémons shiny font toujours sensations auprès des spectateurs. En plus des produits classiques pour un bon décrottage dans les bains, j’attrape un colorant rouge. -Que dirais-tu de lui colorer certaines parties de son corps en rouge ? C’est une couleur qui s’associe remarquablement bien avec le bleu marine. Allez, c’est adopté ! Nous retournons donc au travail, les mains remplies de bouteilles et autres flacons. C’est un miracle, le Drascore ne s’est pas fait le Barbicha ! En même temps, Diva est restée près de lui pour le surveiller. Héhé, j’assure nos arrières, mais vu le sombre regard de Diva, elle n’a pas l’air d’avoir apprécié d’être reléguée à la surveillance de cet estomac sur pattes et pinces. Celui qui se fait appeler Tyran, il porte bien son nom, dépose le client dans son bain et en parallèle, je dépose les produits sur le rebord. Lorsque mon partenaire décide de s’occuper seul du nettoyage, je prends la mouche et m’assoit à côté des produits, les pieds baignant dans l’eau fraiche pour me refroidir. Si j’aime son côté gentleman, je n’apprécie absolument pas qu’il m’écarte du boulot qu’on nous a fourni. Je le laisse donc me parler de la suite des opérations en feignant un « mmmh… », blasé, lorsque cela devenait nécessaire. Soudain, un jet d’eau propulsa Jack en arrière. Profitant de la confusion, je jetais une salve supplémentaire de mon pied sur lui… Ni vu, ni connu. Et au moins, peut-être serions-nous quitte. Ah non, j’oubliais un truc. Je me mettais à rire aux éclats en regardant sa tête. Il n’a pas l’air d’avoir tout capté, le pauvre. Tant mieux, je garderais ma bêtise pour moi. Je laisse mon camarade se démerder pour se sécher et se relever. Ce n’est pas tout, Heartnett fait une apparition éclair. Alors comme ça, « Sir » dormait tout ce temps. Ça explique bien des choses. Notamment qu’il ne réagisse pas quand l’autre abruti le tenait dans ses pinces. Me levant, je repousse dans l’eau d’une pichenette Jack tentant de se redresser. -Admire le travail. Ne laissez jamais un garçon faire un travail qui demande de la délicatesse… M’approchant du Sir, ses yeux me reluquent avec dédain. Je lui souris alors et vient lui caresser d’une main la joue. Son regard s’adoucissant, je me penche au-dessus de lui et retroussant mes manches, me met à frotter lentement et avec amour. Les mâles sont tous les mêmes… Suffit de jouer sur la bonne corde pour qu’ils soient à vos pieds. C’est vraiment trop facile. Si Diva ne cessait de gagatiser à cause de la présence d’Heartnett, elle pourrait en prendre de la graine la petite. Parfois, je chatouillais le Barbicha pour qu’il me permette d’accéder à des zones plus sensibles. Tout était dans la douceur des gestes et la manipulation du Pokémon. Un petit sourire sur les lèvres et un clin d’œil pour faire passer la pilule, et il s’offrait littéralement à moi. Par moment, je tendais une main en arrière pour que Jack me remette du produit dans la main ou qu’il me passe une bouteille. Après un bon quart d’heure de travail intensif, toute la surface de son corps était rayonnante de propreté. Les avant-bras savonneux, je venais me frotter le front en soufflant. J’en avais partout et j’étais même mouillée par endroits, mais j’étais heureuse d’avoir pu œuvrer sur le Pokémon comme je le souhaitais. Diva s’était reprise et m’attendait patiemment, une serviette dans les pattes. Je la remerciais d’une caresse, rendue avec un punch, puis tout en m’essuyant, je m’adressais au mister du groupe. -Que penses-tu de faire la coloration ? Maintenant que tu m’as vu faire, peut-être arriveras-tu à approcher le Sir sans trop de difficulté ? |
Le Barbicha s'habille en Prada Jack Dayden Suite à la remarque de Jack, je jetais un coup d’œil au Sir avec curiosité. De quoi parlait-il ? Certes, il était un peu rou… Commençant à faire le rapprochement entre les propos de mon camarade et cet air stupide qu’affichait le Sir, je me reculais de plusieurs mètres de dégoût, m’engouffrant dans la serviette. Sale raclure de poiscaille perverse ! Tu ne m’approcheras plus ! Bizarrement, le Barbicha venait de chuter dans mes estimations et petit à petit, je venais à me dire, qu’il méritait sûrement le titre de mocheté. Néanmoins, par respect pour le restant de son espèce, je m’assis dans un coin et garda cette réflexion pour moi. Auparavant, il ne m’était jamais arrivé ce genre de problème. Être éclaboussée, avoir un peu d’eau sur le t-shirt,… Ce genre de chose ne m’avait jamais affecté, ni mon entourage, tant que je n’avais pas eu de poitrine. Enfin, pour le peu que j’en ai actuellement. Soudain, mes joues rougir et je détournais avec honte les yeux de Jack, qui se mettait au travail. Cela voulait-il dire… Que lui aussi avait regardé ? A cet instant précis, j’aurais préféré pouvoir me cacher dans un trou de Dedenne et ne plus en sortir. Diva, qui sentit mon trouble, vint me conforter en me câlinant de ses oreilles à la fourrure si cajoleuse. D’un petit sourire, je la remerciais d’un sourire et me mettait rapidement mon manteau sur le dos, histoire de cacher ce qui avait l’air de faire tourner la tête à tout ce beau monde. Jack, semblait cependant un peu plus chic que l’autre débilos. Au lieu de se comporter comme un vandale, il s’afférait à habiller le Pokémon d’une belle coloration rouge. Et, il avait eu la décence de le distraire avec des paroles peu flatteuses sur la raison de sa présence ici. Sous la secousse provoquée, j’avais failli tomber et m’étais rattrapée in extremis à un paravent qui trainait là. Déterminé plus que jamais, Sir se laissa donc traiter par mon partenaire, obéissant au moindre de ses souhaits. Après leurs débuts, c’était plutôt inattendu de les voir presque ami, à présent. Demandant à ma Laporeille de venir aider Jack à sortir Sir de son bain pour que la coloration sèche, je regardais la scène encore de loin. D’une certaine façon, je n’avais plus vraiment envie d’avoir à faire à cette horrible bestiole. Son regard pervers de tout à l’heure me restait en travers de la gorge. Me relevant, je dû malgré tout rejoindre le groupe pour la leçon de bonne conduite. Une leçon, dont le Sir avait bien besoin ! Je m’approche alors, et poursuis ce qu’à entamer Jack. -Ce n’est pas qu’une question de posture, c’est aussi une allure. La démarche en dit long sur la personnalité d’une personne. Si vous voulez montrer que vous avez du charisme, que vous êtes une star et un gentleman… Bon, sur ce dernier point, il y a beaucoup de travail… IL faut vous conduire comme tel, vous déplacer comme tel. Bien que beaucoup dises ne pas juger une personne avant de la connaitre, c’est to-tale-ment FAUX ! Surtout pour ces crétins du comité, c’est votre entrée en scène qui déterminera leur première impression et qui pourra être décisive ! Si vous ne savez pas vous tenir, alors vous êtes grillés, vous pouvez retourner barboter dans votre marécage boueux. Sinon, à vous la gloire et les belles femmes. Oui, il fallait lui vendre du rêve à ce Sir. Son cerveau ne tournait pas très rond, et sûrement pas plus loin que sa queue… Alors autant le caresser dans le sens du poil, il n’en sera que plus docile. Manquant d’un peu de classe pour illustrer mes propos à cause de ma veste, j’enjoins le Sir à regarder Diva faire une démonstration, qu’elle a répété maintes et maintes fois dans la chambre, dans le dortoir, dans le campus en général. Un pas léger, gracieux, accompagné d’une tenue droite à la manière de Jack et de son Pokémon. L’ensemble est un dosage méticuleux, qui réalisait par un non-expérimenté peut vite tourner à la catastrophe. La marche peut devenir trop lourde, si le côté carré de la posture est trop mise en avant, ou à l’inverse, devenir trop décontractée et presque babacool, si le sujet se laisse trop aller à la grâce. Heureusement pour lui, deux professeurs compétents le guident, assistés d’exemples de première qualité. -Voilà, la façon dont tu dois te mouvoir maintenant. Dans l’eau, ce sera certainement différent, mais le sentiment dégagé doit rester le même. Imprègne-t’en et nous testerons après dans ton… Hum, Jack… Il va nous falloir un aquarium pour la prestation. Sans quoi tout tombera à l’eau, sans mauvais jeu de mot. Après réflexion, j’abandonne Jack avec Diva et son Moufouette chromatique. D’ailleurs, l’un des plus beau Moufouette que j’ai vu jusqu’à aujourd’hui. Et me mets à courir dans tous les couloirs du centre à la recherche d’une salle spécifique pour Pokémons aquatiques. Je vois bien quelques pièces d’accessoires, mais rien ne correspondant à mes attentes. Pourtant, je suis persuadée qu’il doit en exister une. Appelant à l’aide mon Venalgue, Steady, je lui demande d’utiliser son odorat pour mieux développer que le mien pour reconnaitre l’odeur du sel de mer. Sa trompe reniflant les alentours, il finit par m’indiquer une direction en remuant dans mes bras. C’est bien, bon Steady ! Prenant ses considérations en compte, je m’engouffre dans les couloirs, les uns après les autres, jusqu’à tomber sur la paroi gigantesque d’un aquarium. Tomber, en effet. Je viens de trébucher sur un objet très dur et ovale, jonchant le sol sans aucune raison à l’entrée de la salle. Je peste quelques injures en me redressant et vérifiant que Steady allait bien, je le dépose dans le bassin pour qu’il se dégourdisse un peu les nageoires. Pendant ce temps, je me penche pour récupérer l’objet ovale… Et me rend compte qu’un deuxième, écrasé, jonche le sol à côté. J’attrape un bout de ce qui s’est brisé dans la mélasse gluante et dégueulasse, avant de voir qu’il s’apparente à un morceau de coquille. Ayant un mauvais pressentiment, je retire un autre morceau pour voir, écrasé en-dessous, une petite boule de poils. Sa forme aplatie faisait penser à un paillasson, mais sous ces traits, l’on pouvait reconnaître un Moufouette. L’horreur me prit et je ne pus qu’exalter un cri de peur en m’accolant contre la vitre de l’aquarium. Steady vint se poser près de moi, de l’autre côté de la vitre, inquiet pour sa maîtresse. Reprenant mon souffle, je le rassurais, alors que je n’arrivais pas à me retirer cette vision atroce du futur bébé… Nan, même les mots ne venaient pas pour raconter cette injustice. J’allais fermer la porte de la salle vivement, avant que quelqu’un d’autre ne voit ce carnage et m’adossais lourdement à elle, la tête dans mes mains. Qu’avais-je fait ? Qu’allais-je faire ? Le manque de lumière se fit sentir et je dû trouver le courage d’aller chercher le bouton de l’éclairage. Le désastre sous mon nez, je pris à ma charge de ranger et cacher la perte de cet œuf. Sur une idée conjointe avec Steady, il utilisa son attaque Acide pour faire disparaitre toute preuve de l’existence de cet œuf, et je recueillis le second. C’était le moins que je puisse faire pour corriger mes erreurs. Je chérirais cet œuf de Moufouette aussi fort que mon cœur le pourrait. Il ne manquerait de rien, jamais ! Quand je fus prête à retrouver la civilisation, je contactais Jack sur son iPok. Nous avions jugé intelligent de nous échanger nos numéros avant mon départ, afin d’éviter les allers-retours inutiles dans l’établissement. Lorsqu’il arriva, toute trace avait disparu, l’aquarium était préparé et nettoyé par mes soins pour que le Barbicha s’y sente à l’aise. Cependant, j’avais soudainement moins d’en train à faire de Pokémon une star aujourd’hui. |
Le Barbicha s'habille en Prada Jack Dayden Le bleu azur de l'aquarium était limpide et transparent. Steady se promenait encore dedans afin de nettoyer les dernières impuretés, quand Jack fit irruption dans la salle avec une troupe de Pokémon. Lorsqu'il passa à l'endroit où s'était trouvé l’œuf, je ne pus réprimer une grimace en regardant le sol. Il était maintenant propre et comme neuf, mais j'avais l'impression d'y voir encore la coquille brisée et la touffe de poils en dépassant. Mettant une main sur ma bouche pour repousser une envie de vomir grandissante, je tournais au même moment le dos à mon camarade. C'était sûr, il m'avait vu, mais autant ne pas trop l'inquiéter. Une fois mon calme retrouvé, je revenais vers lui, prenant soin de garder mes yeux à son niveau. Les redescendre étant comme un échec de concentration certain. -Désolé, je crois que j'ai attrapé une saloperie. Je ne me sens pas très bien. Alors finissons ce cours au plus vite si tu veux bien. Prononcer ces paroles et me mettre en situation de faiblesse étaient extrêmement difficile. Cependant, je ne voyais pas d'autre alternative pour expliquer ce malaise apparent. Diva, que je venais enfin de retrouver, vint pour la première fois s'accrocher à ma jambe et me câliner. Un instant, je cru que je pourrais la caresser, mais le regard noir qu'elle me jeta en voyant ma main s'approcher me fit comprendre que nous n'étions pas encore à ce stade-là d'intimité. Dès qu'elle eut fini ses papouilles, le Sir baignait dans son nouvel espace. Guidé par Steady, il apprit à gérer l'espace de l'aquarium. Ensuite, mon petit Venalgue préféré, se mit à lui montrer les déplacements gracieux adaptés dans l'eau. Seulement, entre les deux Pokémons, il existait une différence de largeur et de grâce évidente. Diva et Shane... Shane, le Moufouette... Je me détournai de la scène et tendait une main pour dire stop à Jack en arrière. -Ça va aller. Dis-je avec peu de conviction, une larme coulant sur ma joue. Donc je disais, Diva et Shane rappelèrent au Barbicha ce qu'ils lui avaient présenté auparavant. Et associant les deux techniques, il s'en sortit beaucoup mieux et avec une certaine aisance. Il devrait encore travaillé un peu pour que cela paraisse totalement naturel, mais il était en bonne voie. Voyant qu'il commençait à gêner le Sir dans ses grands mouvements aquatiques, Steady décida de sauter jusque dans mes bras pour recevoir quelques câlins. Il était trempé, mais je n'y prêtai pas attention et le serrai au creux de mes bras en le cajolant. Soudain, une idée me vint, dont je fis immédiatement part à mon collègue. -Le jury n'arrivera pas tout de suite, nous avons encore un peu de temps. Que dirais-tu de le faire réviser en les imitant ? Cela ne doit pas être très compliqué, il suffit d'être particulièrement subjectif, aveugle et stupide. Un fin mélange qui devrait nous donner approximativement la maturité des imbéciles peuplant le comité du *rire* bon goût. Si je détestais véritablement ces gens du plus profond de mon cœur et avec amour et passion. Je devais leur reconnaître qu'ils avaient su me faire sourire, voire rire, en ces temps tragiques. Tant que j'avais oublié donc l'histoire du Moufouette... Merde, je viens d'y penser... Aaahhh ! Ce stress ! Pense à quelque chose de bon : des bananes ! Oui, c'est bon les bananes. Tu aimes ça. Leur parfum, leur onctuosité,... F***, je me perds. Bon, je prenais la première répète avec le Sir et quand ce fut le tour de Jack, après que je me sois essoufflée la voix en proférant des immondices à tout bout de champ, j'allais voir discrètement mon nouvel œuf. Le temps s'écoula rapidement et nous laissâmes le destin de Sir entre ses mains, ou plutôt ses nageoires. Le comité serait bientôt là, et j'avais hâte d'avoir les retours de notre professeur sur notre prestation et celle du Barbicha. En sortant dans la cour, j'adressais un sourire à Jack en lui tendant une main bienveillante. -C'était un plaisir de travailler avec toi ! En relâchant sa main, je ne pus m'empêcher d'être triste en repensant aux événements de la journée. Feignant un mal de crâne, je sortis de mon sac de faux médicaments, qui était tout simplement des tictacs dans une boite ronde, décapsulable. -Ne le prends pas mal. Mais je crois que pour ton Tadmorv, je m'occuperais de lui une prochaine fois. Là, je vais plutôt rentrer m'allonger et, surtout, ne plus bouger. Je laissais mon camarade dans la cour, au milieu des autres élèves et rentraient rapidement au dortoir, dès que je fus hors de sa vue. Sur le chemin, Diva croisa les mirettes avec le professeur Heartnett et elle me ralentit de toutes ses forces pour que je fasse demi-tour, en vain. Je n'étais pas prête à retourner dans ce centre avant longtemps. HRP : Cours terminé pour Yukino o/ |