Ou la rencontre du naze et de l'himedere
Aujourd'hui est un de ces froids après-midi d'hiver qui me donnent tout, sauf envie de sortir. Le vent, la pluie, le froid, l'agitation… Erk, mieux vaut ne pas y penser. C'est vraiment pas mon truc, tout ça. Amy et Faith sont sorties, mais pour une fois j'ai réussi à échapper à leurs conneries, et ça fait du bien. J'en profite pour lire tranquillement dans la salle commune de mon dortoir, bien au chaud. Y a rien de mieux qu'un bon bouquin au calme et au chaud dans les situations comme celle-ci ! En plus pour une fois je peux profiter du calme dans le dortoir, il n'y a pas grand monde à cette heure-ci.
Je profite donc d'un ouvrage sur les Pokémons marins, très très intéressant, avec de jolies photos, en plus. Que demander de plus ? Le temps passe rapidement alors que je parcours les pages de ce bel ouvrage. Tout comme une longue tignasse blonde passe devant moi, juste au moment où je relève un peu le nez. Eh ? Ça m'interpelle, ça. Et ce n'est pas la première fois, en fait. Ça va faire plusieurs fois que je vois cette tignasse blonde -digne d'une fille- qui se balade au dortoir, et je suis aussi intrigué que perplexe à chaque fois. Est-ce une fille ou non ? Mais qu'est-ce qu'elle ferait dans notre dortoir, aussi souvent ? Elle vient voir quelqu'un ? C'est possible…
Mais vu la fréquence à laquelle je la (ou le ?) vois, on dirait plus que cette personne fait partie des Noctali. J'aurais dû faire un peu plus d'efforts pour m'intégrer, c'est vrai que j'ai pas trop fait gaffe en arrivant, c'est pas terrible en fait. Mais en même temps c'est assez stressant, ce dortoir, avec tous ces gens élitistes… Comme si j'étais pas assez stressé de base, on m'envoie ici, où c'est plein de gens forts et sûrs d'eux. Je vais avoir du mal à me sentir chez moi. Mais j'imagine que j'ai pas le choix. Enfin, en tout cas, là je me sens assez détendu, ce qui est rare — même si une seule présence inconnue suffit à me stresser un petit peu quand même, dans le fond.
Enfin bref, j'en sais toujours pas plus sur cette étrange personne. Ça pourrait très bien être un gars -même si ça se voit pas trop en fait- qui fait donc partie du dortoir. Ce qui serait bien… Hm, incongru. Mais c'est possible. En tout cas le doute m'intrigue, mais j'irai jamais l'aborder pour lui demander, ça se fait pas trop je crois. Puis euh bon, je suis bien aussi, tout seul dans mon coin, bien tranquille. La compagnie des livres et de ma Poiscaille me suffit amplement pour le moment. … Sauf que euh, je crois que je l'ai fixé(e ?) sans m'en rendre compte pendant ma réflexion. Oups.
Voilà qu'il/elle s'avance vers moi, alors qu'en fait j'avais rien demandé du tout, et surtout pas ça…! Qu'est-ce que je vais faire ? J'imagine que j'ai pas de port de sortie, va falloir que je socialise un peu. J'aurais préféré que ça se passe autrement, mais bon… Gêné et tout à coup très nerveux, je baisse la tête, fixant mon livre en espérant que la stratégie du «si je ne te vois pas, tu ne me vois pas» va marcher. Même si ça n'a pas l'air d'avoir le moindre effet, en fait. Je reste donc là, à attendre sans savoir quoi faire, tête baissée. Encore une fois, je fais des conneries… Ah, je suis vraiment nul, des fois… Maintenant va falloir que je m'adapte. Mais bon, j'ai rien à dire, donc j'attends simplement. Ahem.
Ou la rencontre du naze et de l'himedere
Concentre-toi, Glen, concentre-toi. Ton livre, il est super cool, il parle de plein de choses intéressantes, plus qu'intéressantes, même, il est vraiment génial, ce bouquin. Pourtant, avec l'autre qui s'approche, impossible de comprendre ne serait-ce qu'un seul mot. Peu importe le nombre de fois que je lis et relis la même phrase, ça ne rentre pas, ça ne veut pas rentrer. Je n'arrive tout simplement pas à me concentrer, alors que si j'arrivais à vraiment lire, j'imagine que j'aurais moins l'air d'un idiot — ça voudrait tout simplement dire que je en stresse pas comme un nul. Hm…
«Un problème ?» Et là, j'ai une sorte de mini-sursaut. J'aurais dû m'y attendre, vu comment il/elle s'est pointé(e), mais… Mais c'était super soudain, et limite agressif, alors ça m'a surpris quand même. Puis j'étais plongé dans mes pensées, tout en essayant de me cacher, et j'étais très bien comme ça, moi. Mon sang se glace, mn coeur se met à faire la zumba pour rien, je sens le stress monter, quoi. Monter d'un coup, même. Parce que je suis censé répondre quelque chose. Mais je suis pas très doué à ça, encore moins quand je me fais aborder de cette façon. Hum…
En tout cas, à sa voix, je peux… Euh, rien dire. On dirait une voix d'homme mais ça reste assez ambigu. Euh. Okay. Ça m'avance donc à rien. Si j'avais pu trouver comme ça, rien qu'avec cette petite phrase toute bête, ç'aurait été trop beau, hein ? VDM. Ça me perturbe un peu, du coup… Mais le pire, c'est que ça fait quelques secondes qu'il/elle a posé la question, et que j'ai toujours rien répondu. Rien n'a voulu sortir, j'arrive même pas à le/la regarder dans les yeux. Raah… Un jour j'aurai du courage… Mais ce jour ne sera pas aujourd'hui. «Euh, n-non… Je, euh— Je trouve juste que tu es très— jolie…», articulé-je, la voix tremblante.
… Et puis je me rends compte de ce que j'ai dit. … Pourquoi. Pourquoi j'ai dit ça ? D'où ça sort ? J'ai vraiment trouvé que ça comme excuse au fait que je le/la fixais bizarrement ? E-Enfin en même temps, c'est vrai qu'il/elle a de beaux vêtements et une apparence très soignée, que je pourrais pas du tout qualifier de laide, au contraire… Mais Glen, sérieux, c'était quoi, ça ? Je raconte vraiment n'importe quoi… C'est gênant. Je n'ose toujours pas le/la regarder dans les yeux, j'ai bien trop honte, mais en plus de ça je me sens rougir — quel malaise. Merci, la timidité. Merci de me rendre la vie un peu plus dure chaque jour. Je veux aller me planquer dans un petit trou et ne plus jamais ressortir. Mais genre, vraiment. Plus jamais.
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