Ce regard. Flamboyant d’espoir, de chance et d’avenir. Regardant droit devant. Sans ciller. Ce regard qui la rend tellement...tellement elle. Quand la lumière est douce, il est couleur ambre. Cherchant les nuances à travers les rayons de soleil. Mais son regard a aussi ces nuances rubis, dans les jours plus sombres. Cette couleurs tirant même parfois vers le rouge sang, lors d’une colère ou d’une tristesse profonde. Ce regard, donc, appartient à une petite fille remarquable. Pas pour son parcours, ni pour son courage démesuré ou encore pour son physique exceptionnel. Bien que métisse, Zaara, c’est son nom, n’est pour le moment qu’un diamant brut. Sa longue chevelure noire, encadre un visage anguleux, encore enfantin. Elle commence a avoir de jolies formes, mais ne les assume pas totalement. Surtout, elle est grande, un peu gauche. Ceci ne va pas durer. Durant les prochaines années, elle va se transformer en une magnifique jeune femme. Mais l’adolescence n’est pas le meilleur moment pour exploiter tous ses atouts. En attendant, elle fait avec ce qu’elle a et reste avant tout une petite fille qui change. Alors qu’a-t-elle de remarquable, me direz-vous ? Sa détermination. Voyez-vous, Zaara aime énormément les pokémons. C’est d’ailleurs ce qui la caractérise en premier. Pour elle, ces petites bêtes sont le secret du bonheur. Ils sont l’âme soeur de chaque humain et permettent de vivre en harmonie avec la nature. Elle les accepte dans toutes leurs facettes. Aide, combat, concours. Elle sait que c’est dans la nature même de ces petits montres de s’allier à l’humain. Certains sont plus enclins à aider dans certaines tâches, d’autres à se battre ou encore d’autres à monter sur les podiums. Mais ce n’est pas les seuls atouts de ces pokémons, et Zaara le sait bien. Ils font ressortir ce qu’il y a de plus profond en chacun d’entre nous. Courage, peur, haine, amour. Ils ont cette capacité incroyable de nous rendre à nue. Face à nous même. C’est ainsi que la jeune fille a pu découvrir qui elle était. Tantôt naïve, ne comprenant pas la réaction de certains hommes. Tantôt hautaine, croyant suffisamment en savoir pour se permettre certaines réflexions mal placés. Zaara est une petite fille douée, sans conteste. Une bonne élève et volontaire. Mais elle a aussi du mal à se faire des amis. Elle juge probablement trop vite les personnes autours d’elle. Ayant un avis assez péremptoire la plus part de temps - voir tout le temps -, n’hésitant pas à le faire savoir, au risque de blesser une tierce personne. Malheureusement, à la fin, c’est souvent elle qui se retrouve sur le banc de touche. Il y a certaine vérité à ne pas dire, et la jeune fille l’apprend à ses dépends. Mais son sens de l’honnêteté la pousse souvent à se voiler la face. Ça blesse ? Tant pis, il faut quand même dire les choses. Mais quand elle vous donne son amitié, qu’elle se livre à vous, qu’elle vous fait confiance, on découvre une petite fille pleine de charme, d’éloquence et de bien bienveillance. Parce qu’elle aime prendre soin des pokémons, mais aussi de ceux qu’elle aime. Paradoxalement, elle ne voudrait blesser personne. Mais le coeur a ses raisons que la raison ignore. Et quand bien même sa raison lui rappelle de ne pas être trop stricte, son coeur la pousse à juger un comportement, une idée ou une situation incorrecte. Et pourtant, elle ne souhaite que le bien de ceux qui l’entourent. Mais il est plus facile de faire comprendre ça à un pokémon qu’à un  humain. Elle est capable de se faire apprécier par ces monstres de poches bien plus facilement que par les humains. Voilà, Zaara. Ce n’est pas une grande sportive, plutôt une fille d’intérieur. Elle préfère les concours à la télévision et s’occuper de sa pension en ligne plutôt que de courir les grands chemins à la recherche de nouvelles aventures. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est ici. Hors de question de partir comme d’autres avec un sac à dos et un pokémon en poche. Pour se rassurer, avoir un cadre et des limites, Zaara avait besoin d’une école pour réaliser son rêve. Son besoin de stabilité lui vient de son cadre familial, un véritable petit cocon, dans lequel elle se sent très bien. Malgré quelques dissensions, elle aime beaucoup sa famille, c’est son roc, son pilier, son point de repère. Elle vous en parlera avec beaucoup de tendresse, jamais une once de jugement ou de honte. Pourtant elle n’a pas un statut social très attrayant. Mais elle connait les efforts de ses parents pour la rendre heureuse, elle sait qu’ils ont beaucoup sacrifiés pour elle. Ce n’est pas une fille ingrate. Pour rien au monde. Zaara est quelqu’un de bien. Elle deviendra une jeune femme accomplie, pleine de charme et agréable. Mais en attendant, elle commence à peine l’apprentissage de la vie. Et les adolescents sont tellement versatiles. En tant qu’adolescente, et pour arriver à ce qu’elle sera plus tard,  Zaara aime aussi se faire belle. Elle a d’innombrables soins pour les cheveux, une collection de vernis et cherche à s’habiller à la mode. Elle aime les apparences, et ne le cache pas. Elle prend soin, physiquement, des pokémons pour les rendre beaux. Disons que les belles choses l’attirent. Mais après tout, c’est une fille. On ne peut pas lui reprocher. Je crois avoir fait le tour de cette personnalité à la fois agaçante et attirante. Personne ne peut accuser une adolescente d’avoir un mauvais caractère. Et ça lui va tellement bien.

Ecrire une dissertation sur ma vie. Pourquoi ? Je n’aime pas ce genre de rétrospective. Mais puisque c’est obligatoire, allons-y. Je viens de Poivressel, dans la région d’Hoenn. Ce n’est pas une très grande ville, mais elle a l’avantage d’être au bord de la mer. Et les gens sont plutôt charmants. Tout le monde se connait plus ou moins. C’est un avantage comme un inconvénient. J’adore mes voisins, mais franchement, ils sont aussi très lourds. Surtout depuis que leur petit surdoué est parti dans la campagne d’Hoenn pour son initiation pokémon. Non, je n’aime pas l’aventure. Enfin pas ce genre d’aventure, en quoi cela les regarde ! Bref. Mon père, de son prénom Joris – mes grands parents n’ont apparemment pas trouvé mieux... – est un ouvrier au chantier naval. Il est d’origine des îles Oranges. C’est un insulaire passionné, mais il a préféré suivre ma mère. Du coup, il se retrouve à construire des bateaux pour presque rien. Enfin c’est ce que dit mon grand père. Ma mère, Lizzy, est vendeuse au marché de Poivressel. Sa passion ? La décoration. Et encore, c’est un euphémisme. Disons que notre maison déborde de breloques inutiles. Et qu’il n’y a plus de place sur les murs. Bon, elle vend une partie de ces objets, mais elle en ramène toujours autant. Au moins, ça nous donne l’impression d’être riche. Attention, qu’on s’entende bien, nous ne sommes pas pauvres, mais nous ne sommes pas riches non plus. Ça n’a jamais été un frein pour ma vie. Mes parents sont adorables. Ils ont toujours fait tout pour me faire plaisir. Ils n’ont jamais regardé à la dépense. Et parfois, je me dis que je devrais faire quelque chose pour leur rendre la pareille.

Enfin, donc je suis de Poivressel. J’ai grandi là-bas. Je suis allée dans une petite école de pêcheurs avec des enfants rustres et un peu trop...comment dire...speed pour moi. Ils étaient à fond dans leur pêche ou dans leur recherche de nouveaux pokémons. Ça en devenait fatigant. Pas que je n’aime pas les pokémons, je les adore. Ils sont l’essence de la vie, ce qui fait que le monde est. Je sais que c’est grâce à eux que l’univers est ainsi. Sans eux, rien ne serait possible. Mais je ne suis pas un dresseur dans l’âme. Je ne veux pas parcourir le monde pour découvrir les nouveaux pokémons. Moi, je veux prendre soin d’eux. Je veux faire en sorte qu’ils soient bien durant leur passage sur terre. Participer à leur reproduction, à leur bien être. En somme, je suis plutôt une future coordinatrice. Mais mon rêve ultime c’est d’ouvrir ma propre pension. Ça ne sera pas facile, je le sais. Mais je suis prête à tout pour y arriver. Je suis une bonne élève. J’ai des bonnes notes et je travaille dure. Je ne rêvasse pas, comme certains. Du coup, je n’ai pas beaucoup d’amis. Ils ne me comprennent pas. Ils sont différents. Je dois faire avec. Mon meilleur ami c’est Walter, notre Chacripan. Je l’adore. Il est plus vieux que moi. Mes parents disent qu’il n’est pas très sociable et qu’il fait souvent des bêtises. Mais lui aussi est incompris. Avec moi, il est toujours attentif. Je lui raconte mes problèmes. Comme quand une fille a voulu me défier au combat avec son Ptitard. Je n’ai jamais de pokémon a moi, j’ai donc demandé à Walter s’il voulait relever le défi. Il a accepté, pour me défendre. Je l’aime beaucoup. Le combat ne s’est pas passé très bien. Nous avons gagné, mais le Ptitard de la fille a beaucoup souffert. Je crois qu’il n’était pas au niveau de Walter. Et à vrai dire, j’ai peut être abusé dans mes attaques. Je ne lui ai pas laissé de répit. Mais cette fille était tellement méchante. Elle m’insultait. Je...je crois que j’ai fait une bêtise ce jour là. Ce Ptitard ne méritait pas ce sort. Mais il était trop tard pour retourner en arrière. Le lendemain, des copains à elle ont voulu me taper. J’avais huit ans. Mais je cours vite, j’ai pu rentrer à temps. J’ai demandé à Walter qu’il vienne me chercher à l’école. Je n’ai plus eu de problème. Ni d’ami humain. Mais je les déteste. Ils sont méchants et stupides. Je ne suis ni pauvre ni bizarre. Et mon père est un très bon ouvrier. C’est la vérité !

Je me suis renfermée. J’ai beaucoup utilisé l’ordinateur. J’ai été sur des jeux de pensions en ligne, sur des forums. C’était mon nouvel univers. Mon monde. J’ai eu beaucoup d’ami sur le réseau. Ils me comprenaient. Mes parents, pauvres d’eux, ils ont voulu mettre le hola. Mais il était hors de question de quitter mes amis. J’ai désobéi à mes parents en me cachant pour continuer à leur écrire. Aujourd’hui, je crois que j’ai beaucoup trop passé de temps dans l’irréel. Mais ça m’a fait du bien. J’avais besoin de prendre du recul, à ce moment là. Ma vie ne ressemblait en rien à ce que je pouvais espérer. J’aimais mes parents et Walter, mais franchement, qui a envie de passer son samedi à aider sa mère sur le marché et son dimanche à pêcher avec son père. J’en avais marre. Il était temps de passer à autre chose.

Ce matin, on avait une publicité dans la boîte aux lettres pour Pokémon Community. Cette école acceptait les enfants de douze à quinze ans. J’en avais treize. J’ai lu le prospectus et je suis allée sur le réseau pour en savoir plus. Apparemment, cette école formait les adolescents pour donner une alternative au voyage initiatique. Pas besoin de parcourir le monde pour apprendre tout seul. Des cours étaient dispensés pour apprendre comment s’occuper des pokémons, comment les élever, comment combattre. Je n’avais donc pas besoin de partir de chez moi. Parce que je vais être honnête. Même si j’avais besoin d’autres choses, j’adorais mes parents et ma famille. Ils ont toujours été ce que j’avais de plus cher. Ça a toujours été ma priorité. Si je m’inscrivais dans cette école, je serais encadrée, donc pas de rencontres insolites. J’aurais quelqu’un pour veiller sur moi. Le soucis, ce sont les autres élèves. J’ai peur de leur comportement. Ça n’a jamais été facile pour moi de m’intégrer. Si jamais ça ne fonctionnait pas. Je serais de nouveau à la case départ. Avec pour avenir, la décoration. Hors de question. J’avais rempli un formulaire, sans en parler à mes parents. Je crois que j’avais pris l’habitude de ne plus leur raconter mes choix. C’est bizarre, quand j’y pense. Mais bref, j’ai envoyé le formulaire et j’ai attendu. C’est ma mère qui a ouvert la lettre d’admission. Elle n’a pas compris, logique. « Zaara ? Qu’est-ce que c’est ? » Me demanda-t-elle curieuse. Ma mère ne s’est jamais méfié de moi. Elle aurait pourtant du. Je lui pris la lettre des mains et la lu brièvement. J’étais acceptée au sixième semestre. Mon coeur s’emballa. Honnêtement, je n’aurais jamais cru ça possible. Vraiment. « Je pars, maman. Je vais à Pokémon Community. Je vais devenir éleveuse. » Ai-je répondu bêtement. Ma mère avait ce regard perplexe. Je crois que je lui avais fait de la peine de ne pas l’avoir prévenu. Mais elle ravala sa fierté et laissa son amour parler. Elle accepta la nouvelle. Mais il fallait en parler à mon père. Bizarrement, il était vraiment heureux pour moi. Je crois que ses îles d’origines lui manquaient tellement, qu’il acceptait l’idée que sa fille parte avec une certaine fierté. Je crois qu’il n’aurait pas voulu que je reste là. Je pouvais donc partir. Il fallait faire mes valises et dire au revoir à Walter. Je ne pouvais pas l’emmener avec moi. Même si j’aurai préféré. Pour me rassurer. Lui aussi était heureux pour moi. Il me montra qu’il avait confiance en moi, que je pouvais y arriver. C’est ainsi que je suis arrivée ici. A la recherche d’un futur.