A première vue Leype avait un corps de jeune adolescent tout à fait normal, cependant si l’on regardait de plus près on pouvait voir que son entraînement intensif des dernières années avait effectué des modifications. Bien que le volume de son corps fût mince, on devinait à la vue de sa peau marmoréenne qu’il était plus solide que toutes les autres personnes de son âge. Ses muscles se contractaient les uns à la suite des autres comme un engrenage qui démarre, chacun de ses mouvements faisait vibrer une zone spécifique de son torse, de ses épaules, de ses bras. Alors que le haut de son corps dansait le bas restait complètement immobile. Le rythme était saisissant, obnubilant, captivant.

Le soleil cesserait bientôt de se refléter sur le torse suintant du chevalier, le soir allait tomber et il devait arrêter son entraînement. L’épée fantomatique qu’il tenait devenait de plus en plus lucide avec la pénombre naissante. Les doigts agiles du bretteur jouèrent avec la poignée de la lame pour la faire pointer vers le sol. C’était le signal qu’attendait une petite créature verte et blanche un peu plus loin, elle semblait anxieuse ou concentrée, difficile à dire. Elle redressa sa petite tête vers son maître bien que plus grand qu’elle et l’épée disparut instantanément.


Une créature bien plus grosse dont les couleurs se fondaient plus dans la nuit que sa consœur apparut après quelques secondes. Sa peau bleutée voulait se fondre dans la nuit, son pelage jaune voulait rendre hommage à la clarté de la lune qui se montrait en brillant autant que possible. Son pelage rigide crépitait encore, comme si de l’électricité le parcourait. De-ci de-là, des traces vertes et des brindilles d’herbes pouvaient être aperçues sur le corps de la créature.


La créature qui semblait s’être appropriée la nuit se tourna lentement puis s’en alla au milieu des arbres. C’était une invitation, Leype ne l’aurait pas vu disparaître dans le cas contraire. Après avoir franchi un bras de forêt le groupe déboucha sur un large champ d’herbes de plusieurs dizaines de mètres carrés. Elecsprint avait déjà pris place au milieu de la scène pour présenter sa performance. C’était avec un vrai pincement au cœur qu’il contempla à quel point ils étaient faits l’un pour l’autre.


La nuit était là, lumineuse, elle attendait que le spectacle commence. Elecsprint s’enveloppa d’un manteau d’électrons sauvages, des étoiles d’électricité commencèrent à s’échapper de lui. Elles gagnaient de plus en plus de terrain, elles recouvraient déjà presque tout le champ. Elles s’arrêtèrent juste devant la pointe des chaussures de l’épéiste qui contempla son pokémon avec encore plus d’admiration. Une maîtrise qui frôlait l’insouciance. Comme lui. Avant.

Les étoiles explosèrent, déchirant l’herbe comme des millions de couteaux qui sectionneraient leurs brins. De zéro à cent. C’est la capacité d’accélération instantanée en pourcentage qu’il effectua. Ses crocs s’enflammèrent, s’électrifièrent, il choisit de commencer par le centre. Il détruisait chaque brin sectionné avant qu’il ne retombe que ce soit d’un coup de patte, de mâchoire ou simplement avec sa vitesse. Il courrait en spirale créant un tourbillon de couleur sur un tableau de lumière, l’adrénaline lui donnait une capacité d’expression sans limites.

Toutes les lumières se mirent à dormir en même temps, les crocs, le champ électrique. La nuit était complètement tombée. Un cri traversa la nuit… Elecsprint aurait-il fauché autre chose que de l’herbe ?

Dans une gestuelle métallique le chevalier pose un genou à terre devant le guerrier Panda qui avait commencé à retrousser ses manches, il courbe sa nuque pour s’incliner encore plus.


Comme il l’avait promis au cadavre de son frère Leype assumait ses erreurs en présentant ses excuses les plus sincères ; Mais un homme respectant la véritable chevalerie ne faisait pas que présenter son pardon, il agissait. L’épéiste torse nu ne trouvait pas de solutions ceci dit, il n’avait pas de potions sur lui et l’infirmerie la plus proche était à bien des kilomètres. Les aboiements de son Elecsprint interrompirent ses réflexions, ce dernier discutait avec Tarsal qui s’empressa de communiquer leur échange à son maître.


Il s’adressait autant au dresseur qu’à ses Pokémons en disant cela tandis qu’il se redressait. Il quitta l’ombre pour s’exposer au rayon que la lune envoyait, la pâleur de son corps musclé s’exposa ainsi aux yeux de tous. Il prit soudain conscience de sa nudité mais ne pouvait rien y faire pour le moment. Il n’avait pas le reste de ses vêtements avec lui.

Des bruits de craquements, un grésillement de plus en plus réguliers, un bruit complètement artificiel s’empara de la scène. De vives lueurs, un jaune qui concurrence le blanc, une lumière qui prend place dans la nuit. Elecsprint crépite, les Lumivoles s’excitent dans leur sommeil.


Le jeune Altmile garde ses yeux rivés sur le Pandespiègle en attendant sa réaction, ses muscles sont tendus pour réagir au pire des scénarios.