Ah, la neige. Si jolie, si blanche, pure et fragile, brillante par le soleil qui l’illumine de ses doux rayons en ce beau jour de printemps. Elle n’est pas très présente ici, mais sa simple et fine couche me suffit à me faire penser à là d’où je viens. J’ai souvent voyagé dans Kalos, après avoir quitté Oblivia et être retourné à Romant-sous-Bois. J’ai passé un bon moment à Auffrac-les-Congères. Autant dire que je m’y suis bien amusé. Le froid ne m’avait pas dérangé, et dans ma quête de connaissances, j’avais pris le temps de jouer avec les enfants, et même quelques adultes. J’avais souvent regardé l’arène en me demandant si, un jour, j’allais tenter d’y entrer et d’obtenir le badge. Mais ce n’est pas mon but, alors ce sera si l’occasion se présente, une prochaine fois. J’y pense toujours, de plus en plus, depuis que je suis ici. Les élèves veulent pour la plupart devenir de grands dresseurs. Moi, je veux juste devenir un grand scientifique, et rendre mes Pokémons forts pour qu’ils m’aident.

Mais aujourd’hui, nous sommes sur une île, et plus spécifiquement devant une grotte. Je ne savais pas trop quoi en penser, mais ça finirait bien par me livrer ses secrets. Nous allons voir quels Pokémons se cachent ici. Cierge, emmitouflé dans une petite écharpe parfaite pour sa taille, et assortie à la mienne que je porte sur mon joli manteau rouge – Quoi ? Il n’y a pas de moment où on ne se doit pas d’être un minimum présentable ! –, commençait à s’agiter. Il connaissait la rengaine, à force, et il était tout excité d’avoir un nouveau copain. Dans leurs Pokéballs, Poséidon et Héraclès attendaient paisiblement. Le premier ne pouvait me « servir » que s’il y avait de l’eau, et le second… J’avais bien trop peur qu’il ne s’emporte et commence à tout détruire sur son passage. D’ailleurs, je continue de penser que c’est un peu ma faute s’il est aussi violent. Il n’a pas dû avoir un très bon souvenir de notre rencontre… C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’y vais plus doucement ! J’ai préparé de quoi appâter des Pokémons. Des friandises que je mange normalement en révisant mes cours, mais elles sont spécialement prévues pour notre prochain ami. Quel sacrifice je fais, je sais, j’ai un grand cœur, vous pouvez le dire, ou au moins le penser.

J’entrais donc dans la grotte, tenant mon Funécire dans ma main. Dans ces moments-là, il me permet d’éclairer un peu la zone autour de moi, et c’est franchement pratique. Quand il sera un Mélancolux, ou mieux, un Lugulabre, je pense pouvoir affirmer que plus aucun coin d’ombre ne sera un obstacle. Je regardais autour de moi avec attention, à l’affut, prêt à réagir au moindre bruit, au moindre mouvement. Je n’arrivais pas à ressentir de peur tant j’étais heureux d’être là. Vous ne comprenez pas ? Mais enfin ! UNE GROTTE ! Peu visitée, peut-être des secrets à découvrir ! C’est l’aventure ! Et moi, j’adore ça ! Même si bon, elle est un peu prise d’assaut par d’autres élèves, mais qui s’en soucie ? C’est Alyx Levi-Harabo et la Grotte de l’Île Durin ! Je devrais peut-être en faire un livre… Mais pour ça, encore faudra-t-il avoir quelque chose à raconter.

Je me figeais soudainement là où plusieurs chemins se croisaient, tendant l’oreille. Je pouvais entendre un léger souffle d’air, comme s’il était pris dans un trou et arrivait à l’intérieur. En tendant ma main libre, j’étais certain qu’il faisait plus frais ici qu’au milieu du couloir de pierres. Quoi ? Vous ne me croyez pas ? Bah tant pis, c’est la même chose. J’ai donc commencé à avancer jusqu’à ce petit courant. Apparemment, Cierge était au moins aussi intrigué que moi. Sur quoi allions-nous tomber ? Un Pokémon battant de ses ailes, et un combat épique ? Ou tout simplement un trou dans le mur ? L’un ou l’autre demandera un peu d’investigation ! Mais avant tout, il fallait se repérer dans toutes ces galeries… Mince, je suis déjà passé par là ? …

J’ai lutté un bon moment contre ce labyrinthe de pierres toutes identiques, me fiant à quelques points de repères que j’avais pu me trouver pour ne pas passer par les mêmes chemins plusieurs fois. Enfin, j’arrivais à l’extérieur, et il me semblait pourtant découvrir un tout autre endroit, un tout autre monde. Je me sentais l’âme d’un aventurier en pleine nature sauvage, comme si je pouvais ressentir chaque frémissement de la flore et de la faune autour de moi. Je parvenais presque à percevoir les cris de quelques Pokémons, à sentir le souffle d’ailes puissantes sans pouvoir déterminer d’où il venait.

Puis, soudain, Cierge poussa un petit cri aigu, alors que moi aussi je sursautais, mon regard accrochant une ombre. Une silhouette plus lointaine, observant, tapie dans l’ombre. Sans que je ne puisse comprendre clairement ce qu’il se passait, voilà qu’elle partait de l’autre côté à la vitesse de la lumière, me faisant reculer d’un pas. Cette créature devait au moins être aussi effrayée que moi, il fallait être prudent… Je la laissais s’approcher en premier. Un Dynavolt, qui n’avait pas l’air très féroce, mais pas non plus bien amical. J’hésitais un instant. Devais-je poser mon Funécire et le laisser l’attaquer ? Devais-je appeler Héraclès et le faire combattre le petit animal ? Non. Ce n’était pas comme ça que j’avais décidé de mener mon aventure. J’allais la mener non pas comme un homme, mais comme… Un scientifique !

« - Petit petit ! Viens là mon joli Dyna~ ! ♥ »

Je pouvais sentir que Cierge, que j’avais posé sur mon épaule, venait de tirer une tronche incroyable. Il ne m’avait encore jamais vu comme ça hors de la sphère privée… Oui, bon, on a tous des moments un peu étranges, hein ! Je sortais lentement de ma poche un petit sac de friandises, que je disposais soigneusement à mi-chemin entre le Pokémon électrique et moi.

« - Regarde ce que j’ai pour toi ! Plein de bonnes choses à manger ! »

Je me postais un peu plus loin pour l’observer. Apparemment… Il n’avait pas l’air d’en avoir grand-chose à faire non plus. Je sens qu’il m’énerve déjà. Lui, je le refourgue dès que je peux, ou il va me taper sur le système… Pas grave, ça fera monnaie d’échange. Il finit, après au moins deux bonnes minutes d’inspection, de reniflements sur le petit tas multicolore, de tour et de détours pour le détailler, par se laisser tenter. Discrètement, silencieusement, je sortais ma Pokéball de ma poche. Oui, l’effet de surprise, c’est fourbe. Mais je suis fourbe, et vous le savez tous. Misant sur le fait qu’il soit distrait par son repas – bon ou pas –, je lançais la ball en sa direction. Viens ici, petit… Tu vas être le nouveau copain de quelqu’un !

Et voilà. Je m’étais lancé après mon petit appât, concluant cette expédition que j’avais trouvé un peu trop courte. Je regardais la Pokéball trembler légèrement, comme si la bête à l’intérieur tentait de s’échapper, ce qu’elle essayait sans doute de faire. Puis, finalement, elle se stoppa. Un peu hésitant, je m’approchais et venais la saisir, la remontant à mes yeux pour la regarder. Aujourd’hui, ce Dynavolt ferait partie de ma légende. Celle qui raconterait mon incroyable aventure. Bien sûr, il ne serait que très vite mentionné à mes débuts, pour montrer mes nombreux succès en capture, mais j’étais plutôt heureux de l’avoir eu.

Je ne comptais malgré tout pas le garder. Du peu que j’en avais vu, son caractère semblait être difficile à vivre. Dès les premières secondes, il avait été fier et méfiant à la fois, ce qui me dérangeait particulièrement. Je n’ai pas le temps d’éduquer une autre forte tête. J’ai déjà Héraclès qui me pose problème à ce niveau-là, je ne peux tout simplement pas me permettre plus pour l’instant. Peut-être qu’après mon entraînement, j’aurais suffisamment de connaissances et de capacités pour m’autoriser ça, mais pas pour l’instant.

« - Aller, Cierge… On rentre ! Ouf, couvres-toi bien, tu vas attraper froid, mon petit bébé de cire ! »

Rangeant ma Pokéball, je prenais mon Funécire dans mes mains pour l’enrouler dans mon écharpe. Je me sacrifiais pour lui. Mais que voulez-vous… Quand une maman aime son enfant, elle ferait tout pour lui ! Et j’adore Cierge. Mon premier vrai compagnon, celui qui me comprend. C’est aussi un peu pour cette raison que je ne veux pas me « surcharger » de Pokémons. Je veux pouvoir prendre soin d’eux, et non pas me disperser. Chouchouter Cierge, donner un peu plus d’importance à Poséidon, et canaliser l’énergie d’Héraclès… Ca me semble être une bonne idée. Un bon parcours pour commencer. Je suis arrivé à la PC avec en tête être le meilleur scientifique, et ça ne m’a pas quitté. Mais pour être un bon aventurier, il faut aussi avoir des amis sur qui compter. Et mes amis… Ce sont mes protégés !