Me voici prête. J'arrive un peu tard, mais j'arrive à temps, n'est-ce-pas l'essentiel ? Allons bon, mes affaires étaient prêtes, et je prend un ferry qui me permettra d'avoir assez de temps pour m'installer, une fois arrivée. Me voici donc dans ce petit bateau, très peu rempli, et c'est tant mieux d'ailleurs. Les grands bateaux m'étouffent, et la mer ne me plaît pas des masses, même si rien ne vaut l'odeur de l'océan, et du vent fort qui te frappe quand tu prends l'air. On en aura pas pour longtemps, à ce qu'il paraît. C'est tant mieux. J'aurais pas attendu une nuit pour arriver là-bas, ça m'aurait déprimé, ou plutôt découragé au possible. M'enfin. Ce que j'apparenterai à ma valise est une sorte d'énorme sac de voyage de cent litres, plutôt lourd, mais rempli à rat, et j'ai également un sac à bandoulière léger, au cas où. J'ai pas trop d'affaires, et malgré l'étonnante chaleur de ce mois de février, je me suis couvert de manière à ne pas chopper froid. Juste au cas où, encore une fois. Ainsi, assise sur la petite banquette du ferry, j'entends les vieux qui rient sur le temps qu'il fait. Non pas qu'il soit étonnés de me voir en pull, jean et bottines – encore qu'avec ces vieux bougres, on ne sait jamais – mais j'attends patiemment, le sac à côté de moi, que l'utilitaire aquatique m'emmène à bon port. Littéralement.
Je ressors la lettre. Je ne pensais pas pouvoir rejoindre la Pokemon Community comme ça, en cours de semestre. Certains disent qu'ils proposent une manière d'étudier assez différente. Bon, je verrai bien, après tout. Je n'y suis pas encore. Je regarde autour de moi, les mêmes personnes, patientes, mais malgré tout pressées à l'idée d'aborder. C'est la première fois que je prend le bateau, maintenant que j'y pense. Étrange. J'aurais juré que ça m'aurait fait un truc tout drôle. Il n'y a encore pas longtemps, j'aurais été toute folle à l'idée de découvrir quelque chose de nouveau. Déjà, rien que l'idée d'aller sur Lansat aurait dut me faire trépider d'avance. Là, j'ai juste l'impression que… J'y vais. Et puis voilà. Vraiment, c'est bien perturbant de devoir se dire que rien ne m'affecte, aussi bien en bon qu'en mal. Puis certains pokémons de l'élevage de mes parents me manquent énormément. Ils avaient récemment reçu un Poussifeu adorable, juste pour mon départ. C'est dommage, mais bon. De toute façon, je me console en me disant que je ne lui aurait sans doute pas accordé un certain temps. Au moins, je resterai pas cloîtrée comme une idiote dans ma chambre, cette fois.
…
Merde… Enfin, je veux dire… Zut… Je me suis endormie. Pourtant le soleil frappe, la lumière m’aveuglerai presque, non pas que je ne comprenne pas, d'ailleurs, la chaleur y est sans doute pour quelque chose. Et le fait d'être seule, assise, aussi. En fait, la solitude ne me tient pas éveillée, et aussi quand je n'ai rien à faire. Du coup, je pionce. Simplement. Je déteste attendre, surtout pour quelque chose qui, finalement, ne me tient pas tant à cœur que ça. Après tout, cette école, j'aurais du y rentrer bien plus tôt. Ma foi… On ne refait pas le monde. Mes yeux s'écarquillent soudainement, et un frisson me parcours le corps avant que je ne sursaute soudainement. Un bruit assourdissant et grave se fait entendre, tel un baryton sans salle remplie autour. Un homme crie quelque chose d'absolument inaudible, mais tout le monde a l'air de comprendre. Ma foi, c'est bien pour eux. À partir de ce moment-là, un caractère mimétique se développe en moi : je prend mon énorme sac, mon autre sac à bandoulière (presque) vide, et je regarde le littoral au loin. J'ai l'impression qu'on est… Non, je ne sais pas, je ne préfère vraiment pas me poser de questions tout de suite. Pour le moment, contentons-nous, à la sortie de ce petit bateau coquet de nous diriger vers l'accueil. Ça vaudra mieux. Bien mieux.
Le bateau accoste, je suis la seule à ne pas être accrochée à quelque chose avec ma main, et donc, je suis optionnellement la seule à tomber. Je ne me rendais pas compte de la secousse qu'aurait pu être provoquée par le bateau une fois celui-ci se présentant à l'abordage. Je me relève en peine, pendant qu'absolument tous les passagers me snobent. J'hésite à penser d'eux que ce sont des ingrats ou des enfoirés. Dans tous les cas, je les hais. Et ne me faites pas croire qu'ils ne m'ont pas vu, j'entends bien certains ricaner ''ha ha, l'autre cruche, elle est tombée''. L'autre cruche, de sa taille, elle est capable de t'en coller deux, sale nul. Ainsi, je me relève seule et en peine, et met le pied sur le bois du port se situant donc côté Est, sauf erreur de ma part. Maintenant, une fois arrivée sur ces terres non densément peuplées, mais malgré tout surprenantes, je me rend compte d'un truc : je ne sais absolument pas quoi faire.
Dans le doute, je relis la lettre qui m'a été envoyé, pour l'intégration de l'école et le moyen de la rejoindre. Le soucis étant que je n'ai définitivement aucune idée où aller. Tout est indiqué, mais ma peur de me perdre est tant importante que je ne vois pas quoi faire. Je regarde autour de moi, les gens ont tous l'air de connaître les lieux et ne font probablement pas attention à moi. Ainsi, je marche vite autour de moi, m'arrêtant autour de moi, tentant en vain de demandant aux gens qui marchent, dans un premier temps trop vite pour, et qui, dans un second temps, n'ont pas l'air de percuter que j'existe. C'est sympa… Et bien sur, je n'ai pas de téléphone portable pour contacter mes parents, ni même l'académie. Au nom d'Arceus, je sens que je vais passer une excellente journée. Voyons l'heure. Il est 11h34. Bon, je pense quand même pouvoir trouver quelqu'un qui puisse me renseigner, dans cet endroit paumé, quand même, non ?
Je continue de m'avancer tentant en vain de trouver quelqu'un qui n'a pas l'air trop occupée. Oh oui. Elle ! Elle est parfaite. Elle a pas l'air trop grande de taille – même si elle l'est plus que moi, assurément – elle n'a pas non plus l'air trop occupée (d'ailleurs, qu'est-ce-qu'elle fait là?) et elle a l'air d'être vieille, mais pas trop. Je me précipite donc vers elle, d'un pas assuré et franc, je me pose devant elle, je me tiens droite comme un piquet, et ma lettre à la main, je la regarde dans les yeux, avec un regard qui aurait pu s'apparenter à celui d'un TopDresseur qui souhaite défier quelqu'un, lui demandant avec le plus de vivacité et de clarté que j'eus put avoir pour le coup :
« - Euh… Est-ce… Est-ce-que tu sais… Où c'est, euh… L'école… Community. Pokémon Community. »
Ouais, bon par contre, en matière d'assurance, dans le ton de la voix, ça reste encore à travailler…