Bonjour, mes chers amis. Oh non, vous ne devez pas vraiment savoir qui je suis… Je suis Poséidon, sans doute le meilleur Pokémon qu’Alyx possède. Beau, fort et intelligent, sournois et calculateur… Oui, je sais, on ne me voit pas beaucoup, mais je préfère rester discret et peut-être agir dans l’ombre. Dans tous les cas, c’est bien à vous que je viens parler aujourd’hui. Je vais vous raconter la naissance du gamin, qui s’est produite il y a peu. Il faisait particulièrement beau en ce jour de printemps, et mon dresseur n’avait, étrangement, aucune envie de réviser ou de travailler, lui qui s’était perdu dans ses livres depuis plusieurs jours. Il faisait bien trop chaud, et son choix se tourna plutôt vers le lac, qui se trouvait juste derrière son dortoir, un lieu agréable par un tel temps. J’en étais plus que ravi. Enfin, je pouvais passer un peu de temps à l’air libre. Ce n’est pas facile tous les jours de ne pouvoir se mouvoir que dans l’eau, mais je sais m’y faire, et je sais que j’aurais un jour mon heure de gloire. Bref, mon cher dresseur me fit sortir, ainsi qu’Héraclès, et nous laissa libres de faire ce que nous voulions. Si le jeune et immature Coupenotte décida bien évidemment de courir partout et de faire n’importe quoi, je restais sagement au bord avec Alyx, qui gardait dans ses bras son œuf, Cierge à ses côtés. Nous trois, en tant que Pokémons accompagnant un jeune garçon, nous nous demandions ce qu’allait bien être notre futur ami. J’espérais secrètement avoir un peu de compagnie aquatique. Vous comprenez, quand je vois ces deux petits-là si complices, ça me donne envie d’avoir au moins un coéquipier sous-marin à mes côtés. Mais ça, je ne l’avouerai jamais, pas même aux deux autres. J’ai la réputation d’un grand solitaire manipulateur, et je ne voudrais pas qu’elle change, enfin, pour l’instant. En tout cas, nous espérions qu’il serait un peu plus calme que notre plus jeune actuel, et surtout qu’il viendrait sans accrocs, qu’il serait en bonne santé et qu’il se plairait parmi nous, comme dans une grande famille. Je me décidais après quelques minutes à aller et venir dans le lac, me dégourdissant les nageoires. Cela n’arrivait pas tous les jours, alors j’en profitais. Mais soudain, un cri du Funécire me rappela à la rive, et je nageais à toute vitesse pour rejoindre Alyx, Cierge et Héraclès, tous trois entourant l’œuf. La coquille de ce dernier commençait à se fissurer lentement. Nous retenions tous notre souffle, prêts à découvrir l’identité du petit. Enfin se dégagea… Oh, par Arceus, c’était définitivement hideux. On pouvait dire ce que l’on voulait d’un Lippoutou excentrique et trop tactile, d’un Ramoloss lent, ou même de n’importe quelle autre bête. Mais alors, quel que soit l’angle, la distance, ou même en plissant les yeux, un Barpau serait toujours indéfectiblement laid. Même malgré sa couleur. D’ailleurs, je voyais l’air surpris et presque choqué d’Alyx. Car la créature était blanche, aux nageoires bleues. Autant dire que cela ne faisait que souligner sa laideur. Mon dresseur semblait déçu, et je pouvais comprendre un peu son sentiment. Je le vis placer le jeune poisson dans l’eau, et me décidait à venir le guider doucement afin de lui apprendre les bases de la nage. « - Donc c’est un Barpau… » entendais-je dire par le blond avant un soupir. « Je l’aime et tout, mais quand-même… Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. » Je passais donc une petite heure à m’occuper du nouveau-né pendant que mon cher Alyx lui cherchait un nom. J’aurais opté pour Horreur, mais il avait un petit côté attachant qui empêchait d’être aussi méchant avec lui. Je voyais dans ses grands yeux globuleux une sorte de douceur, d’amour pour chaque être autour de lui. Ca me touchait, et je sentais que cela touchait aussi les trois autres, et que c’était la raison pour laquelle son nouveau possesseur prenait soin de lui accorder du temps pour lui trouver un nom correct. « - Mais attend ! Je sais ! » lança-t-il finalement joyeusement. « Ce n’est peut-être qu’un Barpau encore un peu étrange… Mais il deviendra un Milobellus ! Les Milobellus sont magnifiques ! » Il s’étalait dans l’herbe fraîche, l’air tout à coup bien plus enjoué. Nous le regardions avec surprise, mais aussi amusement. Nous ne l’avions pas vu comme cela depuis bien longtemps, et il fallait avouer que cela faisait du bien. Et en plus, le petiot serait sans doute plus rassuré de voir un dresseur heureux pour son premier jour. « - Je vais l’appeler… Hmm… Un beau nom, un nom qui ira avec sa future beauté. Bon, il faudra attendre pour qu’il l’atteigne, mais ce n’est pas grave… Oh ! Je sais ! Adonis ! » Il tendit sa main vers l’eau après s’être redressé, venant donner une caresse sur la peau légèrement dégoûtante de la créature. Il se forçait. Car il y avait cet espoir de le voir resplendissant de beauté un jour, parce qu’il y avait une profonde gentillesse – et un peu d’idiotie – qui émanait de ce bébé. Parce qu’Alyx aimait tous ses Pokémons, je le savais mieux que quiconque. Nous sommes restés ici jusqu’à la fin de l’après-midi, à faire des ronds dans l’eau afin qu’Adonis s’adapte à son nouvel environnement. Il n’était pas malin, et semblait me prendre pour une sorte de mère, ce qui me désespérait. Mais je ne me sentais pas de le repousser, pas ses premiers instants. Nous avions tous été des bébés un jour, alors il fallait bien l’éduquer pour qu’il grandisse le mieux possible. J’étais ravi d’avoir un nouveau compagnon. Certes un peu crétin, mais au moins attachant, et bientôt, je l’espérais, magnifique et plaisant à regarder. Puis nous sommes rentrés, Alyx nous ramenant dans nos Pokéballs pour un repos bien mérité. Qu’adviendra-t-il de moi ? Oh, oui, et bien sûr d’Adonis, oui. Il s’agit bien de sa journée, après tout… Et qui sait, peut-être qu’avec quelques efforts, je parviendrai à faire de lui quelqu’un… D’intéressant. |