On nous avait promis de la neige. On ne pouvait pas être déçu ! De la glace, partout, sur la terre et la neige gelées. Mes bottes faisaient un petit bruit agréable à l'oreille quand je marchais, et malgré l'épaisse écharpe qui ceignait mon cou et mon bas de visage, de la fumée s'échappait quand je respirais. L'atmosphère était montagneuse, et me donnait l'impression de vide et de calme. Mine de rien, je me sentais bien ici. Je continuais d'avancer en direction de la montagne ; la matinée était belle, bien que déjà avancée. Il était quoi, dix heures et quart ? Autour de moi, des élèves, seuls ou en groupes, se dirigeaient vers ce qui était la capture du moment. Car on nous avait donné ce temps de libre pour aller chercher un nouveau compagnon. Je souris, en songeant à mon équipe qui s'agrandissait et que j'entraînais encore de manière active. Sentant le froid me transir, j'appelais ma ponyta et montais sur elle, mettant mes mains dans sa crinière de feu délicieusement chaude - mais pas brûlante.

« Allez, Sleipnir, avançons un peu et allons voir ce que cache cette montagne !  » m'écriais-je avec enthousiasme.

Les sabots de la monture entraient dans la neige avec un craquement sourd, et nous avançâmes donc. Des cris, parfois, résonnaient, sûrement poussés par des élèves. A un moment, on rattrapa un groupe et une fille me fit coucou, alors que le garçon - sûrement son copain - se baissait pour ramasser de la neige. Devinant une boule, qu'il allait me balancer, je me penchais sur l'encolure de Sleipnir qui leva plus haut les jambes et se mit à trotter, nous éloignant des gêneurs. De toute façon, j'aimais me balader seul pour mes captures. A un moment, la plaque de neige gelée sur laquelle nous étions glissa, et je ne dus la vie sauve que grâce aux réflexes de ma ponyta : d'un bond, elle glissa vers un rocher en aplomb, et je regardais avec un frisson l'espèce de petite avalanche. Je déglutis et continuais jusqu'à tomber sur une orée de forêt, où nous pénétrâmes, nos haleines formant des nuages.

Autour de nous, des sapins couverts d'épines vertes voisinaient des troncs mis à nus par l'hiver. Alors que je mettais pied à terre et rentrais Sleipnir dans sa pokéball, le terrain devenant traître, une silhouette sortit de derrière un arbre. C'était un petit pokémon bleu, coiffé d'un panache blanc, et sa gueule ornée de crocs couina dans ma direction, son gros mufle tourné vers moi. Un draby ! Dans un endroit aussi gelé ? Le pauvre avait l'air de souffrir du temps qu'il faisait. Je me penchais et lui tendis ma main.

« Un dragon dans les montagnes ? Allons bon, d'où viens tu, toi ? » demandais-je doucement.

Ma tendresse laissa soudain place à la réalité : ce pokémon était un dragon, et sa dernière évolution n'était autre que drattak ! Une soudaine envie d'en faire mon pokémon monta en moi, mais je me retins de lui en lancer une. Peut-être que l'école avait changé quelque chose en moi, mais je n'étais plus aussi fonceur qu'autrefois. Mes ambitions elles-mêmes semblaient s'être lissées, et bien que je souhaite toujours devenir conseiller, mes entraînements étaient devenus plus doux et moins fermes.

« Il y a un chalet, non loin. J'y suis avec mon école. Tu veux venir t'y réfugier un peu ? » proposais-je, mais à ma grande surprise, le draby refusa, faisant non de sa tête ovale. Dans ses yeux brillaient un éclat étrange, contrastant avec ses tremblements de froid.

Et alors, je compris. Il ne voulait pas de mon aide. Et quand je le vis s'avancer, en grondant, je compris autre chose ; il voulait que je gagne le droit de l'emmener. Un sourire vola sur mes lèvres, et j'envoyais Jor', qui roula sur le sol et atterrit dans une flaque d'eau glacée, donc la pellicule de glace était fendue. Et d'un coup, d'un seul, il lança un jet d'eau et d'encre mêlée, avant d'enchaîner sur une attaque écume qui laissa le Draby étourdi.

« Très bien, je vais t'emmener jusqu'au chalet, Draby. Mais tout d'abord ... » murmurais-je, en saisissant une pokéball et je la lançais d'un geste souple. Je commençais à connaître la méthode. Dans un regard étincelant, le dragon disparut dans la pokéball. « ... Je dois te capturer, Tyr, dieu de la guerre et de la justice. »

Je m'étirais, sans quitter des yeux la pokéball, un léger sourire aux lèvres. Si le draby se laissait capturer, s'il acceptait de m'accompagner, l'un de mes voeux les plus chers se réaliserait : j'aurais enfin un dragon avec moi ! Je m'imaginais déjà chevauchant le drattak, dans les cieux, et laissant se libérer sa colère puissante. Oui, un dragon, pour un roi, c'était un pokémon adapté.


[HRP = Lancer d'une pokéball ]