Comme tous les autres étudiants, juste avant la veille de Noël, j’avais été emmené par la direction de l’Académie jusqu’à une île enneigée. Je n’avais pas obtenue davantage d’information sur celle-ci, je n’avais appris que le minimum ; c’était là que nous allions passé nos vacances d’hiver. Les professeurs m’avaient dit qu’il allait s’y dérouler toutes sortes d’activités et que je ne risquais pas de m’ennuyer pendant Noël. Malgré le fait que j’étais accompagné de mes deux pokémons lors du voyage, cela ne m’empêchait pas de me sentir seul tout de même, puisque c’était mon premier Noël loin de ma famille. Je trouvais cela particulièrement difficile d’être éloigné de ma mère lors de cette fête.

Nostalgique, j’aurai préféré rester dans ma chambre pour les vacances, mais la direction en avait décidé autrement... Une fois sur l’île, les professeurs me menèrent jusqu’à mon chalet et ils firent la même chose pour tous les autres élèves qui les suivaient. Ils me laissèrent ensuite m’installer et je me retrouvai à nouveau seul avec mes pokémons. Je me surpris à penser que j’étais sans doute mieux ainsi, seul, ignoré et tranquille pour remuer les sombres souvenirs qui revenaient à la charge dans mon esprit. Sentant mon tracas, Ayuna restait le plus près possible de moi, ce qui ne lui ressemblait pas. Orkan, quant à lui, n’avait rien remarqué à mon comportement, puisqu’on ne se connaissait que depuis tout récemment.

Finalement, je constatai que la vie en chalet s’était plutôt pas mal. Je pouvais vivre comme bon me semblait, me coucher à l’heure qui me plaisait sans déranger personne. Même mes deux pokémons décidèrent d’en profiter. Ayuna s’amusait à sauter sur les meubles, tel que le réfrigérateur ou bien la table de la cuisine, tandis qu’Orkan améliorait la robustesse de sa tête d’acier en percutant le sofa à plusieurs reprises. Bien entendu, je faisais attention à ce qu’aucun d’entre eux ne détruisent le chalet ainsi que les meubles qui s’y trouvaient, après tout, il ne m’appartenait pas. Pendant ses quelques semaines de vacances, je sortis à quelques reprises pour profiter du beau temps et des activités que proposait l’école.

Jusqu’au jour où une sortie capture fut annoncée. Comme d’habitude, je m’empressai de m’y inscrire et je rejoignis le groupe d’étudiant lors de la journée prévue pour le départ. Ayuna, toujours enroulée autour de mes épaules, était tout aussi impatiente que moi à l’idée de partir. Orkan, qui me suivait docile, ne comprenait pas tout à fait notre enthousiasme. La sortie se déroulait au pied de l’immense montagne au centre de l’île, nommée la Montagne Willia. Il fut annoné lors du départ que la majorité des pokémons qui y vivaient étaient des types glace et eau, ce qui ne m’inquiétait pas vraiment, étant donné que mon starter pouvait venir facilement à bout de ce genre de pokémon.

- Tu te sens prête, Ayuna ? Je vais sûrement avoir besoin de ton aide pour capturer un autre pokémon, car tu risques d’avoir l’avantage sur ce dernier. Orkan, tu n’as pas à t’inquièter, j’ai bien l’intention de te faire combattre bientôt. J’ai bien hâte de voir de quoi tu es capable.

Tout content, le Galekid bomba le torse tout en marchant. Je ne l’avais toujours pas utilisé lors d’un combat depuis son acquisition. Ayant été trop occupé avec les examens de fin de session, je n’avais pas du tout eu le temps d’entraîner mes pokémons, encore moins le petit dernier. Avec un peu de chance, si je tombais sur un autre pokémon que le type eau ou glace, j’allais probablement faire appel à lui. Son double type pouvait se montrer très pratique et en évoluant, il deviendra tellement lourd que presque aucun autre adversaire sera en mesure de le vaincre. Ouais... j’avais bien hâte de voir ce petit Galekid se développer.

- Bon, vous êtes prêts tout les deux ? Observez bien, les pokémons sauvages peuvent se trouver n’importe où dans les parages.

La recherche des pokémons sauvages avait bien débuté. J’étais heureux de voir que mes pokémons s’efforçaient de m’aider le plus possible, chacun d’eux espérant qu’un nouveau coéquipier rejoindrait l’équipe d’ici peu. Malgré les avertissements du vice-directeur, j’étais impatient de voir les pokémons de type eau ou glace de cette région. La vie ne devait pas être facile dans un tel environnement, dommage que je n’aille pas apporter quelques poffins, cela aurait été bien utile pour attirer les pokémons du coin. Utilisant sa position plutôt haute à son avantage, Ayuna observa avec attention les alentours, prête à réagir au moindre mouvement suspect.

Non loin de nous, Orkan faisait lui aussi sa part du travail. Reniflant la neige à certain endroit, croyant que cela allait l’aider dans ses recherches, le petit Galekid prenait cette tâche très au sérieux. Malgré la neige, il repéra rapidement un sapin sur son chemin et il accéléra la cadence pour s’en approcher. Levant la tête, il tenta de voir s’il n’y avait pas un pokémon sauvage caché quelque part entre les branches épineuses de l’arbre. Évidemment, il n’y avait aucune trace de vie à cet endroit-là. Décu, le Galekid n’était cependant pas aussi certain de cela. Voulant s’en convaincre, il recula de quelques pas et chargea le tronc d’arbre de toutes ses forces, la tête bien penchée vers l’avant.

- Ouh la... Orkan, qu’est-ce que tu fais ? Arrête tu vas te blesser.

Bien évidemment, la tête d’acier du pokémon l’empêchait de se faire mal. Le sapin perdit un peu de son écorce sous les coups répétitifs du pokémon, mais ce dernier décida d’arrêter suite à la phrase de son maître. Cependant, aucun pokémon sauvage n’était tombé au sol, prouvant que l’arbre était bien vide depuis le début. Soupirant, le petit Galekid revint vers moi, désespéré à l’idée de se trouver un nouvel ami. Les minutes s’écoulèrent, ce qui n’aida en rien mon équipe. Orkan se décourageait de plus en plus, tout comme Ayuna, mais celle-ci tentait de ne rien laisser paraître. C’était mon cas aussi. Puisqu’il s’agissait de ma troisième sortie capture, je savais que l’apparition d’un pokémon sauvage pouvait seulement se faire après une très longue période d’attente.

Soudain, alors que notre petit groupe continuait à marcher dans la neige, un jet d’eau sortit de derrière un rocher et vint directement frappé le jeune Galekid. Ce dernier, prit au dépourvu, se prit l’attaque de plein fouet et recula de quelques pas, tout de même affaibli. En voyant cela, Ayuna réagit au quart de tour. Lâchant un cri, elle sauta sur le sol et se positionna entre son ami et le pokémon sauvage qui était sortit de sa cachette entre temps. Il s’agissait d’un Carapuce, visiblement fâché contre quelque chose. Nous avions probablement pénétré dans son territoire et il n’avait pas apprécié. Sortant rapidement mon pokédex, je le pointai vers le pokémon aquatique, sachant qu’un combat allait bientôt éclater.

« Les bébés Carapuce sont extrêmement vulnérables à la naissance, car leur carapace est toute molle. C'est pourquoi ils boivent régulièrement une eau riche en minéraux. Elle devient ensuite dure comme de la pierre. S'il est menacé, il se réfugie à l'intérieur et envoie un jet d'eau à son agresseur. »

Et bien... celui-ci se sentait apparemment menacé, mais il n’avait pas l’intention de se cacher dans sa carapace. Je n’hésitai donc pas à envoyer Ayuna au combat, puisque j’avais bien l’intention de poursuivre mon exploration dans la montagne et ce n’était pas ce Carapuce qui allait m’en empêcher. La bataille fut plutôt courte, étant donné que la Vipélierre avait largement l’avantage sur son adversaire. Le pokémon aquatique, sachant qu’il était sur le point de perdre le combat, décida de prendre la fuite. Il disparu rapidement derrière le rocher d’où il venait et plongea dans la rivière tout près, voulant s’éloigner le plus de ses adversaires. Notre petit groupe resta immobile un moment, tout en se demandant si le pokémon sauvage était bien partit.

- Bon... allez venez, on continue.

Le départ du Carapuce nous avait tous soulagés, mais la partie n’était pas encore gagnée. Si ce pokémon aquatique avait réagit de cette façon à cause de notre présence, cela me laissait croire que ce comportement pouvait être reproduit chez d’autres pokémons sauvages dans les environs. Ceux-ci ne semblaient pas vraiment habitués à la présence des humains, voilà ce qui expliquait un peu mieux leur attitude. À moins que j’étais vraiment loin du compte et que depuis le début c’était moi-même le problème, voir l’un de mes pokémons. M’enfin... j’espérais ne pas retomber sur un pokémon semblable qui ferait tout pour nous repousser de son territoire.

Mes pokémons, légèrement tendus après cet événement, marchaient lentement, aux aguets. La tête haute, Ayuna avançait à mes côtés, impatiente à l’idée de combattre à nouveau. Orkan, de son côté, tentait de ne rien laisser paraître de sa peur. Malgré son corps d’acier et ses rares vulnérabilités, il était tout de même effrayé à l’idée qu’un pokémon sauvage lui saute dessus, surtout que ceux qui se trouvaient dans le coin avaient l’avantage sur lui. Le Galekid fit donc attention à rester le plus près possible de son maître, sachant que la Vipélierre pouvait facilement le défendre en cas de problème. D’un autre côté, l’école ne nous aurait pas envoyés dans un tel lieu s’il était dangereux.

Puis, alors que nous nous étions remit en route quelques minutes plus tôt, j’entendis un bruit étrange, comme une sorte de long râlement. Intrigué, je tendis davantage l’oreille pour savoir d’où cela provenait exactement. Une seconde plainte se fit entendre quelques secondes plus tard et Ayuna s’élança vivement. N’y comprenant rien, je m’empressai de la suivre pour ne pas la perdre de vu, Orkan sur les talons. Mon starter nous guida jusqu’à un petit pokémon oiseau écrasé dans la neige, visiblement blessé. Ce dernier nous remarqua à peine et continua de gémir de douleur. Mes deux pokémons s’approchèrent de lui, même s’ils étaient un peu hésitants. Je ne savais pas vraiment où le Hoothoot, car s’en était bien un, pouvait être blessé, mais je ne pouvais pas le laisser ainsi.

« Hoothoot possède une horloge interne si parfaite qu'il commence à hululer à une heure toujours précise, variant suivant les individus. Ce Pokémon se tient toujours sur un seul pied, et quand il fatigue, il change si vite qu'on le voit à peine. Ses grands yeux rouge peuvent percer les ténèbres les plus profondes. »

Le pokédex ne m’aida pas vraiment, encore une fois. Pourquoi ce pokémon se trouvait-il à l’extérieur en ce moment ? Il était nocturne et ne sortait que très rarement pendant le jour. D’ailleurs, cette espèce de pokémon vivait principalement dans les forêts tempérées, pas dans les montagnes enneigées. La seule explication qui me vint en tête fut que ce pauvre Hoothoot se soit perdu lors de l’un de ses nombreux vols de nuit. Un autre pokémon sauvage avait pu le blesser par la suite, car je savais très bien que les types vol étaient vulnérables face aux types glace et il y en avait beaucoup par ici. Je me penchai doucement vers le Hoothoot pour tenter de le prendre dans mes bras.

- Doucement... ça va, je ne te veux aucun mal. Ne t’inquiète pas, je vais bien m’occuper de toi.

Le pokémon marron se laissa prendre. Son petit corps était extrêmement froid, à un tel point que cela me surprenait de le voir toujours vivant. Il aurait facilement pu mourir de froid avant mon arrivé, mais cela n’était pas le cas. Sans perdre de temps, je décidai de le capturer pour pouvoir le guérir dès mon retour à l’école. J’allais pouvoir le relâcher ensuite, mais j’avais espoir qu’une belle amitié allait se tisser entre nous deux, tout comme je l’avais fais avec Orkan quelques temps auparavant.

Le pokémon sauvage était tellement affaibli que je n’avais pas du tout prévu cela. J’étais persuadé qu’il accepterait docilement de se laisser attraper, mais il n’en avait pas du tout l’intention. Le Hoothoot entra dans la pokéball sans problème et celle-ci se mit à bouger, comme à son habitude. Alors que je m’attendais à entendre un déclic d’un moment à l’autre, la pokéball préféra s’ouvrir à nouveau, faisant réapparaître le pauvre pokémon oiseau dans la neige. Évidemment, ma pokéball n’était plus utilisable désormais, puisque ces objets ne sont qu’à usage simple. Haussant un sourcil, j’observais le pokémon sauvage sans comprendre ce qui se passait. Pourquoi n’était-il pas capturé ?

- Hoothoot, calme-toi. Je suis là pour t’aider et je m’excuse si ma pokéball t’a fait peur. Je voulais simplement t’emmener dans un centre pokémon où tu pourras être soigné.

Affolé par mon geste, le pokémon sauvage n’écouta pas mes paroles et se releva du mieux qu’il pu. Je voyais bien qu’il tremblait, mais était-ce à cause du froid ou bien à cause de la peur qu’il ressentait envers moi ? Sautillant sur son unique patte, il tenta de s’échapper, mais la neige le ralentissait considérablement, tout comme sa faiblesse. À bout de force, le hibou s’écrasa à nouveau dans la neige, complètement épuisé et essoufflé. Que pouvais-je bien faire de plus ? Cela me faisait mal de le voir agir ainsi, alors que je tentai uniquement de l’aider. Ayuna n’aimait pas le voir comme ça non plus et elle décida de s’approcher doucement de lui, même s’il risquait de fuir encore une fois.

- Hoothoot s’il te plaît... Je ne sais pas comment tu as pu faire pour te retrouver dans une montagne enneigée, mais c’est clair que ce n’est pas ta place ici. Je veux simplement te capturer pour te soigner, je ne te veux aucun mal.

Tout en lui parlant doucement, je m’avançai tranquillement vers lui. Je ne pouvais plus le laisser ici désormais et j’allais tenter de le capturer aussi souvent que possible. Il allait bien finir par abandonner le combat. Tout en m’agenouillant près de lui, je sortis une nouvelle pokéball, sous les regards attentifs d’Ayuna et d’Orkan. Tous les deux étaient impatients de voir la suite des évènements, croisant les doigts pour que ce Hoothoot rejoigne l’équipe.

- Si cela peut te réconforter, je ne suis pas un dresseur. Je suis seulement un coordinateur et je n’ai pas l’intention de te faire combattre plus qu’il ne le faut. D’ailleurs, je suis même cuisinier, tu pourras m’aider à faire quelques poffins. Hein, qu’est-ce que tu en dis ?

Le Hoothoot s’était laissé approché à deux reprises, il s’était même laissé prendre dans les bras de cet humain, mais jamais il n’avait songé à devenir domestique. Couvert de neige et grelotant à cause du froid, le pokémon sauvage leva la tête vers moi, comme s’il réfléchissait à tout cela. Ses quelques secondes d’attentes me parurent comme une éternité. J’avais hâte qu’il entre dans la pokéball pour qu’il soit protéger du vent et du froid de cette montagne. Malgré sa faiblesse, sa capture avait été la plus difficile. Souriant, je tendis la pokéball vers le pokémon, espérant que cette deuxième tentative serait la bonne.

Alors que le pokémon rentrait docilement dans la pokéball une seconde fois, je ne pus m’empêcher de croiser les doigts pour que cela fonctionne. Il n’était pas question qu’il me brise une deuxième pokéball juste par son entêtement à me suivre. Même s’il ne me l’avait pas dit clairement, je savais qu’il voulait me rejoindre, sachant que s’il restait ici, il mourrait probablement de froid dans les prochains jours. Et comme tout bon dresseur, je n’avais aucunement l’intention de le laisser dépérir dans cette montagne enneigée. Je me surpris même en train de prier pour que la capture soit un succès, ce que je ne faisais presque jamais.

Puis, le déclic retentit. Ce petit bruit qui dure à peine deux secondes, mais qui signifie tellement de chose. Ce petit bruit qui représente le point de départ d’une grande amitié entre un humain et un pokémon. Peut-être que cela ne représente rien pour certaines personnes, mais pour moi, c’est l’un des moments le plus agréable à vivre en tant que dresseur. La pokéball étant désormais immobile dans la neige, mes deux autres pokémons s’approchèrent doucement. Ayuna l’a saisit rapidement à l’aide de ses lianes et revint vers moi, comme lors de mes précédentes captures. Trop heureux d’avoir pu ajouter ce Hoothoot à mon équipe, je me contentai de prendre la ball entre mes doigts pour pouvoir mieux l’observer. J’étais certain que nous allions bien nous entendre, lui et moi.

- Hoothoot, tu as vraiment fait le meilleur choix. Je suis vraiment content que tu ais accepté de nous rejoindre.

Mais bon, le temps ne se prêtait pas aux réjouissances. Je devais me dépêcher de rentrer pour soigner ce pauvre pokémon. Certes, je ne pouvais pas être de retour chez moi avant 16h, mais j’espérais que le vice-directeur serait en mesure de m’aider dès mon retour au traîneau cerfrousse. Cependant, je savais que l’état de mon pokémon ne risquait pas de se dégrader dans sa pokéball et il devait forcément être mieux là-dedans qu’à l’extérieur. Puis, un vent froid se leva sur la montagne, m’obligeant à quitter les lieux en vitesse si je ne voulais pas me transformer en glaçon. Ayuna et Orkan me suivirent sans hésiter, désirant retrouver la douce chaleur du chalet.

Arrivé près du traîneau, je du patienter encore un peu pour entendre l’arrivé des derniers élèves. Pour passer le temps, je commençai à songer aux surnoms que je pourrais donner à ce petit Hoothoot. Pour ma Vipélierre et mon Galekid, leurs surnoms m’étaient venus assez rapidement à l’esprit, mais ce n’était pas le cas du nouveau membre de l’équipe. D’ailleurs, mes deux pokémons vinrent s’installer près de moi pour se réchauffer un peu. Contrairement à moi, ils ne possédaient pas de manteau et ils attrapaient froid assez rapidement. Après ce long temps d’attente, je fus soulagé que le traîneau cerfrousse se mit finalement en route. Le voyage se retour me sembla un peu plus court, mais ce n’était pas pour me déplaire.

De retour au chalet, j’envisageai déjà la prochaine sortie capture, qui aurait probablement lieu le mois prochain. Où cela pourrait-il bien se dérouler, cette fois-ci ?