Il y a des histoires qui ne méritent pas d'être racontées, du moins pas en détails ! Mais ce n'est pas à cause de leur banalité, mais bien parce qu'elles sont emplies de bribes du passé que l'on veut voir s'effacer comme la craie blanche sur un tableau noir. Du peu que je me souviennes, tout n'avait pas été aussi sombre que l'on peut l'imaginer, mais en revanche, être dans la peau d'une personne qu'on ne pensait jamais être...Qui aurait pu le croire...Nous sommes à Acajou, une petite ville connue pour son atmosphère paisible, et trop tranquille, un endroit rempli de mémoires. Je suis née d'une mère et d'un père dont l'amour dépassait l'entendement pour l'un et pour l'autre. Et lorsque j'ai vu le jour, je me souviens avoir vu des larmes couler sur leur joues. J'en ai vu beaucoup au travers du temps, et bien plus encore quand j'ai eu l'âge d'une demi-raison.

_« Regarde Stella ce que je t'ai rapporté ma chérie ! »

Elle avait brandit un serre tête à oreilles de chat, je restais étonnée d'un tel cadeau, mais en le mettant sur ma tête je ne pu que constater dans le miroir à quel point elles étaient magnifiques. Un sourire avait parcouru mes lèvres d'enfant, mais alors que je voulais la remercier, les mots ne me sortaient pas. Ce n'était pas par manque de volonté, ni même parce que j'étais assommée par la surprise, non parce que j'étais malade, d'un symptôme que l'on ne peut guérir avec aucun remède : je souffre depuis ma naissance de ce que l'on appelle communément : l'aphasie ou bien encore le mutisme. Je baissais les yeux, prenait le carnet qui m'accompagnait tout au long de mes années d'existence, et y écrivit le mot que je ne pouvais prononcer. Un simple merci. Rien qu'un mot en cinq lettres, je ne le pouvais pas, et pourtant, cela aurait tellement fait plaisir à mes parents d'entendre mon timbre de voix enfantin. J'avais 6 ans. Comme vous pouvez l'imaginer, je n'ai pas été une enfant turbulente, j'étais même d'ailleurs bien trop calme, et mes parents avaient toujours peur si bien qu'ils vérifiaient toujours ma présence dans la maison. C'est normal après tout, une enfant qui ne rie pas, que ne l'on entend pas...Qui s'en soucierait réellement ? Même quand j'étudiais à l'école pokémon, j'étais solitaire, toujours fermée sur moi même, et on m'avait même donné un surnom, vu qu'on ne m'avait jamais entendu parler : le Porygon, aussi froid que la pierre. Ce n'était pas très glorifiant, mais au moins j'étais fière d'avoir un peu de popularité même si ce n'était pas dans le bon sens. Cela me permettait de me sentir vivante. La vie était comme un long fleuve tranquille...trop tranquille même, et c'est un jour en rentrant d'une journée sur l’étude des évolutions que j'ai croisé le regard d'un garçon. Électrisant. Tétanisant. Et surtout si similaire au mien. Nous avions la même intensité, et la même froideur, envers les gens qui nous entourait, et nous n'avons pas détourné nos iris de l'un et de l'autre jusqu'à ce que la mère de cet inconnu du même âge que moi l'appelle. Je soupirais, et rentra chez moi comme si de rien n'était en n'imaginant pas que cette rencontre, allait bien entendu dicter mon destin....

12 ans. Cela faisait maintenant douze années que je souffrais de mutisme, et que rien aucun remède, docteur, et autre médecins n'a réussi à soulager. Avec le temps, on dit que tout s'en va, mais pas ce genre de symptôme. J'avais appris à m'habituer à la situation et de toute évidence, il y a bien longtemps que je m'étais résignée à retrouver l'usage de la parole un jour, sans compter que ce genre d'évènement, aspect de ma personnalité, m'empêcher d'atteindre mes rêves ! Depuis toute petite je suivais à la télé les aventures d'un dresseur de la région, qui s'appelait "Gold". Il habitait à bourg-geon, avait décidé un jour de devenir maître pokémon, laissant derrière lui sa ville natale, il était allé de l'avant, avait raflé des badges, si bien que la presse commença à s'intéresser à lui. Il était un modèle pour moi, ce garçon avait une détermination, un rêve qu'il voulait accomplir et c'est ce qui lui permettait d'aller de l'avant. Je l'enviais d'être aussi proche de ses créatures qui peuplait nôtre monde, et de pouvoir leur expliquer leur amour. J'étais interdite pour ma part d'en avoir un, mes parents ne savaient que trop bien mon ambition de devenir dresseur, et était bien trop inquiets pour ma personne pour me laisser faire ce que je rêvais d'être. Un dresseur incapable de commander son pokémon parce qu'il ne sait pas parler ? Vous imaginez le carnage...Comme à mon habitude, depuis plusieurs années, j'avais appris à ne pas m'enfermer, passant mon temps à l'extérieur, à me promener sur la route 42 et 43. J'avais développée une passion pour le dessin, l'observation, et apprenait à capturer en croquis les plus beaux instants. Un papilusion qui butine une fleur par exemple. Tout était si calme, si paisible, les oiseaux chantaient, et j'appréciais être en parfaite symbiose avec la nature.

_« Il y a vraiment quelque chose de passionnant à dessiner des pokémons mademoiselle le chat ? »

Je tournais la tête vers la provenance de cette voix, c'est à dire sur la branche de l'arbre où j'étais appuyée. Je recroisais ce même regard ! Ce garçon...non je ne l'avais pas oublié, il sauta de son point d'observation atterrissant à côté de moi, restant silencieux, comme s'il attendait une réponse à sa question. Bien évidemment que je ne pouvais pas la lui donner.

_« Alors ? »

Il attendait vraiment une réponse, je baissais les yeux, écrivit une phrase sur mon carnet et la lui montra.

_« Ta mère t'a demandée de ne pas parler aux inconnus c'est ça ?...»

Bien évidemment la réponse fut immédiate, je lui parlais de mon mutisme, et voyant son air étonné et à la fois peiné, il posa une main sur mon épaule presque compatissant à ma douleur, je ne voulais pas de sa pitié, je ne voulais la pitié de personne...J'étais déjà assez lotie avec ma famille qui n'arrêtait pas de me plaindre, de dire que c'était injuste ! J'en avais marre de tout ça...De toute façon, il allait partir ! A quoi bon parler à une fille qui ne peut même pas vous répondre oralement ? Pourtant contre toute attente, il attrapa ma main, me prit dans ses bras comme une princesse, et vu que j'étais un poids plume, ce ne fut pas difficile pour lui, il grimpa à l'arbre comme si il avait fait ça toute sa vie, si agile, et nous amena sur un point culminant où nous avions une vue magnifique, voyant sous nos yeux ébahis la ville de Rosalia, ainsi qu'Ebenelle. Je n'avais jamais vu un paysage aussi magnifique, si bien que j'en pleurais même de joie. Comme si c'était la chose la plus somptueuse que j'avais vu de toute ma piètre existence.

_« J'aime les hauteurs, ça me permet de m'évader...Toi qui est un chat, tu dois me comprendre »

Je souriais. Ce garçon semblait vraiment d'un autre genre de de que j'avais pu connaître à l'école. Il était différent. Il était sans doute le seul qui n'avait pas cette lueur de compassion à mon égard, il me traitait comme une personne normale, et il n'y avait rien qui pouvait me combler autant que d'être regardée ainsi. De peur que je tombes, car il était protecteur, il avait pris ma main, et avec un rouge aux joues, j'admirais les pokémons sauvages qui volaient dans le ciel, sans tourner mon regard vers lui. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi mon cœur se mettait à battre comme un fou furieux dans ma cage thoracique, mais je trouvais ça à la fois douloureux et agréable, un juste paradoxe. Et puis il me raccompagna jusqu'à l'entrée de la ville, en me donnant son nom comme seul repère comme s'il voulait qu'on se revoit. Il sonnait à mes oreilles comme une mélodie chaste, une symphonie mystérieuse : "Amos"...

Alors que je m'apprêtais à rentrer, j'entendis un chant, si bien que je me dirigea sans le savoir vers un endroit que l'on appelait le lac colère, je marchais discrètement mais tout s'évanouit, jusqu'à ce que l'eau se mit à trembler, et un pokémon en sortit aussitôt. Ses pupilles étaient aussi rouges que le sang, et je me recroquevillais sur moi même pour me protéger, j'avais peur qu'il me fasse du mal mais il n'en fit rien. Je relevais mes yeux vers lui, et sortit des baies que j'avais cueillie sur le chemin, pour lui en proposer. Il s'approcha, -je ne devais pas avoir peur- et baissa sa tête à mon niveau, je lui jetais dans sa gueule bien ouverte de pokémon charognard, et le vit s'en aller sans demander son reste.

Je m'empressais de rentrer chez moi. Je n'en revenais pas...Le lendemain, j'en conversais avec Amos, et vit sa mine se décomposer, avant même de se fermer complètement. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait, mais sans vraiment aucune explications, il me prit dans ses bras et m'enlaça tendrement. Sous le coup de surprise, plutôt que de le repousser, je le laissais faire et me surprit même à m'y blottir. J'allais découvrir très prochainement qu'entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas...

• • •

Les mois passèrent, inlassablement sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit ! J'ai continuée à me rendre à l'endroit où j'avais rencontrée Amos, et c'était sans surprise que je l'y retrouvais, comme s'il n'avait que ce mode de vie : la liberté. J'étais bien loin de m'imaginer en réalité, qu'il était comme un oiseau dans une cage, prisonnier de son destin et à jamais condamné à vivre dans la peine et la souffrance. Pourtant quand il était en ma présence, on avait l'impression qu'il était une toute autre personne, comme si la joie de vivre l'envahissait, et malgré tout j'étais bien loin d'être une présence agréable. Irrémédiablement avec le temps, j'étais tombée amoureuse de ce garçon, son réconfort, ses sourires, ses rires, ses petites attentions, tout m'avait fait fondre ! J'étais bien loin de me douter que le temps nous séparerait. Il m'avait emmené à un endroit spécial aujourd'hui, à l'aventure, car je lui avais parlé de mon désir de dessiner le pokémon rarissime, le leviator rouge au lac colère, sans compter que je voulais lui prouver que ce n'était pas qu'une légende. Tout le monde pensait que ce n'était que des fables, des contes d'enfants...mais pas moi ! Ce jour là, il était différent....distant, et même très silencieux...je ne comprenais pas ce changement si soudain de personnalité et comme j'étais incapable de lui demander pourquoi, je restais neutre, le silence pesant un peu plus mon âme. J'entendais un bruit, et vit apparaître le Léviator rouge comme s'il nous attendait...non comme s'il m'attendait.

_« Bravo mon fils, tu devrais être fier de toi ! »

Un homme. Tapis dans l'ombre avec un "R" gravé sur sa chemise, un sourire carnassier, mauvais. Il jeta un regard en ma direction, un sourire aux lèvres et fit un geste de main. Cinq sbires sortirent de leur cachette, et lancèrent leur pokémons ainsi que des filets électrifiant pour le neutraliser. J'étais terrassée par l'horreur de ce spectacle, je ne voulais pas que mon ami le léviator rouge souffre ! Sans vraiment comprendre ce qui m'avait pris, je me jetais sur un sbire que je fis tomber dans le lac, la tête la première. Je voulais protéger le Leviator !

_« Arrêtez cette gamine ! »
_« Père non, vous m'aviez promis !! »

Il n'en avait que faire, et deux sbires me saisir, chacun un bras, et me mirent à genoux. J'avais peur très peur, les larmes aux yeux, je voulais crier, je vis le Leviator s'affaiblir sous l'électrisation, sous les coups des pokémons ennemis, et ne pouvait rien faire...J'étais impuissante.

_« Emmenez la au QG ! »

Ils essayèrent de m'amener de force, mais je me débattais comme si ma vie en dépendait, et tenta même de m'enfuir, mais rien n'y fait. Je fus très vite rattrapée, bien avant d'avoir quitter cet endroit même. Et Amos qui ne bougeait pas, qui ne savait que faire qui serrait les poings, les dents. Il ne pouvait contredire son père. Et pourtant il était partagé, il ne savait pas se faire entendre par le caid rocket, il n'y arrivait pas, il n'était qu'un enfant après tout. Les sbires me relevèrent alors. J'étais condamnée, mise aux arrêts.

_« A....mos »

Contre toute attente, essayant de forcer sur mes cordes vocales un mot en était sortit. Il écarquilla les yeux, et ce fut comme une adrénaline qu'il attendait pour réagir. Il se saisit d'un des sbires, et d'un regard haineux, leur dis de sa voix grave, tout bas

_« Lâchez là, je m'en occupe ! »

Les sbires s’exécutèrent, ils ne voulaient pas contredire le futur caid quand son père lui donnerait la succession de son poste. Sans compter que celui ci étaient bien trop occupé avec ses unités sur le Léviator rouge, c'était donc le moment de filer. Il me ramena à la sortie en soupirant, il allait poser sa main sur ma joue, mais j'avais fait un pas en arrière, j'avais peur...oui peur de ce jeune homme que je pensais connaître et pourtant...Il faisait partie de cette organisation que je n'ai cessé de détester au fur et à mesure et que Gold mon idole, n'arrêtait pas de combattre. Il fut peiné et détourna les yeux.

_« Je...je suis tellement désolé...j'aurais aimé te le dire, mais...je ne voulais pas que tu me détestes, pardon Stella....pardon...
_« Pourquoi...? »
_« Alors je n'ai pas rêvé ! Tu as bien parlé ! »

Oui cet évènement avait réussi à me guérir de mon mutisme, mais à quel prix ? Bien entendu que j'avais toujours espéré retrouver ma voix, mais était-ce au détriment de perdre et détester la personne que j'aimais du plus profond de son être ? Pour gagner une chose, il faut savoir en perdre une autre et en payer le prix. C'est l’élément essentiel de l'échange équivalent et des conséquences de la vie. Il semblait heureux, alors qu'en vérité moi, je souffrais bien plus encore. C'était la dernière fois, la toute dernière...que je voyais Amos. Je rentrais chez moi, tournant le dos à ce que j'avais construit, le coeur blessé, la douleur au creux de mon ventre, les larmes de mes parents quand ils m'ont entendu dire que j'étais rentrée...pour eux c'était le plus beau jour de leur vie, après ma naissance, pour moi c'était une chute vers l'enfer, un cauchemar éveillé...Mais j'étais à présent déterminée. Je voulais devenir dresseuse, maintenant que j'avais retrouvée ma voix, et après les innombrables tests que j'ai passés les jours suivants, j'étais encore plus déterminée à devenir comme Gold, et un jour peut être arriverais-je à ramener Amos sur le droit chemin....

Une brochure dans une boite aux lettres. Voilà ce qui allait définir mon destin. Une école pour apprendre à devenir la meilleure. C'est ce que je voulais. C'est ce qui me semblait juste, et c'est ce qui me permettrait d'atteindre mes objectifs, car ils étaient à présent tout définis. Une année était passée sans que je ne revois Amos, mon amour pour lui se mourrait petit à petit, pourtant j'étais persuadée...qu'il pouvait changer, qu'il pouvait revenir celui qui ne se cachait pas, et qui ne se laissait pas corrompre, celui qui jouissait de la liberté. Un sac bandoulière sur l'épaule, un bateau, et voilà que je me dirigeais vers ma nouvelle vie. j'étais bien loin d'imaginer les aventures qui m'attendaient au bout de ses chemins, aussi innombrables soient-elles. C'était à moi d'écrire mon histoire à présent. C'est ce jour là que tout a commencé. ♫