La tension était palpable. Du moins, elle l’était jusqu’à ce que Candymon se rue en avant et dans un triple salto backflip arrière rattrape l’œuf tel un quaterback aguerri. Il était assurément le grand héros de ce match, éclairé de tous les projecteurs inexistants sous un tonnerre d’applaudissements. Ainsi Candymon se mit à effectuer la danse de la victoire sur un air de
David Bowie, tandis qu’en arrière-plan, moins éclairés et admirés, Paul et le chef des braconniers se livraient une lutte acharnée. Lentement, le préfet des noirs perdait de la distance avec son opposant et se retrouvait bientôt acculé contre l’une des cages, celle du Ponyta.
-Tic. Tac. Tu craques.Le braconnier avait l’ascendant sur Paul, complètement dominé par ce puissant opposant. Néanmoins, le regard de braise de l’adolescent n’était pas résigné à renoncer. Son poing se leva avant d’être stoppé net d’une main, avant d’être ramenée contre les barreaux de la cage. Baissant légèrement la tête, Paul comprenait qu’il n’avait pas été à la hauteur de ce challenge, qu’il n’était pas prêt. Comment aurait-il pu ? Ce n’était qu’un gamin doté d’une armure plus proche du cosplay à gadget que de la tenue de superhéros. Il n’avait jamais reçu de formation pour combattre le crime et sa seule ambition de le faire était venue d’un délire personnel qu’il avait eu lors d’un kidnapping. Pas vraiment le style de naissance conventionnelle de héros. On est bien loin des parents morts d’un criminel dans les fins fonds d’une sombre ruelle de Volucité ou encore de la morsure d’une Mimigal radioactive sortie toute droit d’un laboratoire.
-Tu es fait mon garçon.La main de l’homme s’approchait doucement du visage du jeune homme inquiet de savoir ce qu’il allait faire de tic-tac qu’il tenait. Certainement tenterait-il de le lui injecter afin de le transformer en l’un de ses sbires toc-toc. Mais le garçon refusait cela. Non ! Personne n’aurait raison du déhanché de Candymon ! Et d’un mouvement bien circulaire du bassin, ce dernier envoya valser de l’autre côté de la pièce le braconnier qui se ramassa dans un fût de fraises tagada. Perdant les trois quart de ses dents sur le choc, Candymon avait encore frappé !
-Merci, tu m’as sauvé la vie mon ami.Ne voyant plus l’utilité de sa présence en ces lieux, le Pokémon justicier repartit en moonwalk au travers des coursives de la grotte. Brutalibré qui avait observé toute la scène se décida enfin à sortir de sa cachette. Bouche bée, il ne revenait pas de l’efficacité de cette équipe hors du commun. A moins que ce ne soit justement leur réussite qui le laisse dans cet état dubitatif. A eux deux, ils purent libérer les Pokémons enfermés. Il ne restait plus que Ponyta et ils pourraient retourner voir Tapi qui informerait les autorités locales.
-Pars devant Brutalibré, je te rejoins dès que j’ai terminé.-Brrruta !-Ne t’inquiète pas, il n’y a plus aucun danger. Guide-les à l’air libre, ils auront besoin de toi pour sortir d’ici.Acquiesçant, Brutalibré ne resta pas plus longtemps en attente et prit la tête du convoi en direction de l’entrée de la grotte. Paul les regarda s’éloigner, satisfait de l’accomplissement de leur mission. Son armure était couverte de poussière et d’impacts de tic-tac en tout genre. Ce combat n’avait vraiment pas été de tout repos. Etre superhéros n’était pas aussi simple qu’il le pensait. Dans sa prise de conscience, il détourna le regard vers le corps du bracon… Impossible ! Il avait disparu ! Fouillant au milieu des fraises tagada qui s’étaient déversées sur le sol, Paul ne parvenait à trouver son précédent adversaire.
-J'ai un mauvais pressentiment.Joignant le geste à la parole, il se retourna avant de voir un tic-tac géant s’abattre sur lui, le projetant à son tour contre le fût. Les fraises ayant amorties le choc, il ne perdit pas connaissance, néanmoins aurait-il peut-être préféré.
-Ve vais te faiwe payew !Sans ses dents, le chef des braconniers faisait réellement peur, surtout avec cette arme démentielle entre les mains, mais surtout son crachin de postillons était tel un poison mortel. L’homme leva son tic-tac, prêt à l’abattre pour écraser l’élève. Dans un réflexe, le garçon leva ses avant-bras en protection, évitant l’aplatissement de peu. Poussant ensuite sur ses bras, il profita de sa position pour glisser sur les tagadas et passer entre les jambes de son adversaire. L’étrange initiative déstabilisa le braconnier, offrant la possibilité d’agir au préfet qui ne s’en priva pas. Tournoyant sur lui-même, il balaya la jambe de son opposant, le faisant perdre le peu de stabilité qui lui restait. Ainsi il put récupérer une poignée de tagadas qu’il lui jeta à la figure pendant qu’il se relevait. Dans un ralentis hollywoodien, l’homme voyant les bonbons lui foncer dessus tenta de les repousser avec sa batte tic-tac. Malheureusement, il ne vit que trop tard que l’un d’eux avait passé la défense et venait de marquer au but. Ce n’est que lorsqu’il se mit à ressentir une désagréable impression dans sa gorge et à ne plus pouvoir respirer qu’il comprit ce qu’il se passait, mais il était déjà trop tard. Ses mains vinrent se poser dans le plus basique des instincts sur sa gorge, sauf qu’il n’en fallait pas plus pour que le tic-tac tenu encore fermement en main le percute et l’auto-propulse à terre. Paul remit sur ses pieds s’attarda un instant sur l’homme, lui remettant correctement sa moustache avant de poser une couverture sur son visage.
L’adolescent s’éloigna ensuite du corps, absolument pas certain de tout ce qui venait de se produire. Il se demandait un instant si tout cela n’était pas un rêve et s’il allait ouvrir les yeux dans sa chambre à Lansat. Mais il aurait été trop facile de conclure ce RP par un réveil suite à une insolation due à la chaleur sur l’île. Non non. A la place, le garçon brisait de son Nocta Punch la serrure de la dernière cage. Ponyta était allongée dedans, encore sonnée par les médicaments qu’avaient lui donner les braconniers. La bête prit le temps d’ouvrir les yeux et voyant un Pokémon géant sur deux pattes, prit peur et se recula dans le fond de sa cage. D’une pression sur un bouton de son iPok, la visière s’abaissa exhibant les yeux du garçon au Pokémon.
-Coucou Ponyta. Tu n’as rien à craindre, je ne suis pas avec ces truands qui t’ont capturé. Comme tu peux le voir, avec mes amis nous avons libéré tous les autres Pokémons qui étaient emprisonnés ici.Ne voulant pas brusquer le petit Ponyta, le Noctali ne bougea pas d’un millimètre, gardant les mains bien en évidence. Les yeux du petit restèrent un moment fixés sur lui, puis se déplacèrent doucement en direction des autres cages. Plus personne. Tout le monde était parti et les portes étaient grandes ouvertes. Pourtant, un autre détail vint attirer l’attention du Pokémon. Elle reconnaissait la carrure de l’homme étalé dans un coin de la pièce et pouvait remarquer autour le carnage d’une lutte qu’elle comprenait comme acharnée. Un peu plus confiante, elle accepta de se mettre sur ses pattes et sortir, mais elle gardait une certaine méfiance latente envers son sauveur présumé. Il était étrange dans cette tenue, mais portait de nombreuses marques sur son armure, preuve qu’il avait été blessé à plusieurs endroits lors de l’affrontement avec ses geôliers. Ponyta hésita. Elle ne le connaissait pas et n’avait aucune sûreté que tout cela ne soit pas une mise en scène. Pourtant, elle avait le sentiment de ne plus être en danger et de pouvoir enfin respirer. Et cela… Grâce à lui. (Bien qu’on sache tous que le véritable héros c’est
Candymon. D’ailleurs, il est passé où ce fichu Crocrodil !) Le cheval de feu prit alors son courage à deux sabots et se rapprocha du garçon pour lui proposer son aide. C’est avec surprise qu’il constata que Ponyta ne le brûlait pas lorsqu’il passait la main autour de sa crinière de feu. Au contraire, c’en était même doux et chaleureux. La remerciant, il s’appuya contre elle et ensemble, ils sortirent de ces galeries infernales.
Peu de temps après, Brutalibré retrouva Tapi à qui il s’empressa de raconter toute cette aventure. Caninos et Feurisson qui étaient restés avec le vieil homme furent heureux de retrouver leur dresseur. Tous les Pokémons étaient retournés à leur vie sauvage, il ne restait plus que cet œuf et Ponyta.
-Oh. Tu peux garder l’œuf. Il y a peu de chances que nous puissions retrouver le Pokémon auquel il appartenait et il sera sans doute mieux avec toi que moi dans ce désert aride.-Merci beaucoup. J’en prendrais grand soin. Le garçon tourna la tête vers Ponyta qui trainait non loin avec les autres Pokémons.
Et que va-t-elle devenir ?-Elle va sûrement rester avec moi et Brutalibré. Nous nous occuperons d’elle jusqu’à ce qu’elle puisse partir seule à la conquête de cette terre.-Et… Que diriez-vous si elle m’accompagnait ?-Tu voudrais qu’elle vienne avec toi à Lansat ?! S’étonna Tapi.
-Pourquoi pas. Elle ne manquerait de rien là-bas. Il y a de grands espaces pour qu’elle puisse gambader et je veillerais sur elle. Vous savez, je connais très bien les Pokémons de type Feu.-Haha. Je crois que je l’avais déjà remarqué avec tes deux compagnons.-Alors c’est d’accord ?! S’exclama de joie le garçon.
-Mmh… D’accord. Emmène-la avec toi. Après tout, elle a l’air de bien t’apprécier aussi.Au même moment, la langue quelque peu râpeuse du Pokémon vint caresser la joue du Noctali, dont le grand sourire se transforma en une expression de dégoût.
-Ah ! Ponytaaa ! Ne refais jamais ça.Hennissant, le cheval de feu recommença une seconde puis une troisième fois, sous les repousses du garçon dont les rires commençaient à se faire entendre.
HRP :
Merci pour la modération !