Fire in the hole
Je souffrais encore… Mais une fois le plus gros de la douleur, j’avais pu me bander un peu puis changer de haut, laissant le bout de tissu grillé qui me servait précédemment de T-shirt au fond de mon sac. Nanami était assise en boule à côté de moi, geignant, s’en voulant d’avoir été protégée par son maitre. De temps en temps, elle venait se frotter à moi avec un regard triste, frottement que je remboursais avec une caresse sur la tête et un sourire simple. Mais je n’étais pas dupe. Je savais qu’elle voyait ma douleur derrière mon sourire. Puis, en relevant la tête, j’observais un peu la crevasse dans laquelle je me trouvais.
En réalité, je n’aurais pas eu beaucoup de difficultés à en sortir à l’origine. Il me suffisait de sauter pour attraper la corniche, me permettant de me hisser à l’extérieur. Cependant, l’effort qui allait m’être demandé risquait de me faire extrêmement mal. Une idée de la douleur me traversa l’esprit, me faisant doucement hésiter. Cependant, je savais que l’heure de partir approchait. Et il était hors de question que je reste ici. Cette terre m’était bien trop hostile pour que je reste là…
Je décidais de tester un peu ma résistance en faisant quelques bonds sur place, me permettant de savoir que je tirais peu sur mes muscles au final, ce qui me laissait tout de même tirer une grimace assez intense. La brulure n’était pas si grave que cela, mais suffisante pour me gêner dans mes mouvements. Une fois habitué à sentir la douleur dans mon dos, j’attrapais le petit chien noir d’environ 13kg pour le jeter sur la plaine, juste au-dessus, tout doucement, pour ne pas avoir à la rentrer dans sa ball.
Puis ce fut à mon tour. A mon tour de monter… J’appréhendais tellement ce moment. Je savais que j’allais ressentir plus de douleur que précédemment, alors je serais les dents. Je bloquais mon esprit. J’essayais de ne penser à rien. Puis, je m’accroupis, prenant un maximum d’appui pour ne pas avoir à recommencer maintes et maintes fois. Je rassemblais mes forces, essayant d’oublier ce qui allait arriver d’ici quelques secondes. Pourtant, je n’arrivais pas à sauter. Ma conscience me bloquait au sol, m’empêchant volontairement d’agir. J’étais bloqué… Bloqué… Bloqué…
Je sautais d’un seul coup. La douleur me parcourut le corps entier, mais je la sentais bien plus précisément, longeant toute ma colonne vertébrale. Mes mains se bloquèrent sur la corniche, laissant mon corps tendu dans le vide, le dos vibrant de signaux. Je tirais sur mes bras du plus fort que je pouvais, grimaçant comme jamais. Je passais la tête… Puis le haut du torse… Le bas du torse… Je m’écroulais sur le sol de la plaine, laissant l’herbe sèche caresser ma peau, tandis que seules mes jambes restaient pendantes dans le trou. Nanami était face à moi, jappant doucement, me léchouillant le visage.
Je remontais mes jambes de manière à provoquer le moins de douleur possible et m’allongeait au sol, un peu plus loin pour ne pas retomber mais reprendre un peu de forces quand même. Mon dos me brûlait encore, comme si j’avais été touché il y a quelques secondes à peine, mais au moins, j’étais habitué maintenant. Je caressais sereinement la boule de poil autrefois surexcitée. Il était temps de rentrer, je n’avais pas eu de Pokémon à attraper, mais au moins, j’avais grandi avec cette aventure.
Enfin, j’aurais pu rester longtemps sur place, si un petit tas de sable qui m’aurait paru mignon en temps normal n’était pas surgit des herbes. En avançant lentement vers moi. Je ne réfléchis pas à la situation. J’attrapais ma Medhyena et me mit à courir dans la direction d’où on venait. Pour une fois, peut-être que c’était dans le but de survivre, mon sens de l’orientation s’était activé. Et je galopais à toute vitesse, pointant rapidement mon IPok vers le tas de sable pour au moins connaitre son identité.
Bacabouh, Pokémon Pâtéd'Sable, type Spectre et Sol. Spectre… Spectre… Super, mes chéris les fantômes. Du sable hanté. Au moins, celui-là je pouvais le voir. Mais ce n’était pas plus rassurant. S’il avait la forme d’une paté de sable pour l’instant, qu’est ce qui me disait qu’il n’allait pas se transformer en hérisson géant à trois têtes ? Les Pokémons, rois de l’imprévisibilité. Merci bien. Au revoir. A jamais Bacabouh. J’en rencontrerais un autre plus tard peut-être. Mais toi, j’avais décidé de te fuir….