Vous savez… Je crois vraiment qu’ils sont fous. Je veux dire, l’administration, évidemment. Je veux bien admettre qu’il faille former les dresseurs aux différents terrains qu’ils seraient à même de rencontrer au fil de leurs aventures, peu importe la filière qu’ils auraient choisi. Je veux bien aussi que leur laisser un peu d’autonomie leur assure de pouvoir se débrouiller en terrain hostile si jamais ils étaient confrontés à une telle situation. Mais là, trop, c’est trop ! Nous faire faire une sortie capture au pied d’un volcan ?! Mais qu’est-ce qu’ils ont fumé ? Les feuilles d’un Mystherbe ?

« - Je meurs de chaaaaud… »

Je serrais une dernière fois les lacets de mes bottes, rangeant mes petites chaussures dans mon sac à dos. Depuis quelques mésaventures en pleine jungle tropicale, je m’étais dit que j’allais toujours emporter avec moi d’autres vêtements. Je m’étais donc changé avec un short en jeans et un débardeur, mais même comme ça, c’était insoutenable. Cierge, du haut de son type feu, me regardait avec amusement. Evidemment, il était dans son élément. Quant à Héraclès, il résistait à l’envie de courir partout et regardait juste curieusement tout ce qu’il y avait à portée de vue. Ayant pitié pour ma Cabriolaine, de même que pour mon Rosélia, je ne les sortais pas. J’allais donc devoir traverser cette plaine désertique et gravir ces chemins de randonnée sans aide…

Je commençais donc à marcher dans ce décor vide, mon Funécire sur mon épaule, le Coupenotte me suivant joyeusement comme prêt à me protéger de tout ce qui risquait de m’attaquer. J’espérais qu’aucune bestiole trop sauvage n’allait décider de se jeter sur moi, ou sur lui. Mais je savais aussi qu’il était capable de nous défendre, et qu’il était beaucoup plus calme dernièrement. Peut-être qu’il devient enfin mature, après tout.

« - Je pense qu’on va essayer de trouver un coin plus frais, ou un peu, genre, caché… » disais-je, essoufflé en montant sur le chemin. « Et si on ne trouve rien, on repartira dans l’autre sens, d’accord ? »

Héraclès et Cierge acquiescèrent d’un petit bruit mignon chacun, et je continuais mon ascension. En espérant que je ne commence par à voir flou à cause de la chaleur…

© AkumaCursed

Nous arrivions enfin de l’autre côté de la montagne, jusqu’à une caverne à l’intérieure de laquelle poussait une grande forêt. J’étais surpris de trouver toute cette végétation dans un tel endroit, mais il fallait avouer que la fraîcheur du lieu était plus qu’agréable. Je m’avançais doucement, regardant autour de moi, tentant d’apercevoir quelque chose de particulier. Un Pokémon, un objet sur le sol, peut-être quelques baies ou autres. Même un autre dresseur qui se serait perdu ici. Mais rien. Je profitais donc de cet instant de calme, finissant même par m’asseoir. J’aurais pu rester ici des heures. Je posais Cierge sur mes genoux, laissant Héraclès se défouler en courant partout, gardant un œil sur lui. Tout était si paisible. Ca me changeait de l’agitation de l’école, des devoirs à rendre, des cours… Un instant, je me demandais si ce n’était pas trop pour moi, si je n’avais pas fait une erreur quelque part.

Mais un petit bruit me sortit de mes pensées, et je tournais la tête, en cherchant la source. Plus loin, la fine silhouette d’une Floette attira mon regard. Nous nous fixions un instant, puis elle s’approcha de moi en comprenant que je n’allais rien lui faire. C’était plutôt mignon, comme scène.

Enfin, jusqu’à ce que mon crétin d’Héraclès se manifeste.

Pensant à un danger, il commençait à s’exciter, sautant et courant en notre direction. D’un bon agile, il tentait d’attraper la pauvre bestiole qui, prise de panique, essaya de s’enfuir. Une magnifique course poursuite… Je soupirais, posant Cierge au sol, puis me levais.

« - Aller, ça suffit ! Reviens là ! REVIENS ! »

Et je les rejoignais dans la course. Je n’allais quand-même pas le laisser faire de mal à cette pauvre créature ! J’agitais les bras en la direction du Coupenotte, voulant l’attraper, jusqu’à décider de le plaquer au sol, le tenant le plus fermement possible. J’attendais qu’il se calme, puis je me relevais doucement, le portant. La Floette semblait être partie…

« - Ah bah bravo ! Félicitations, idiot ! Tu lui as fait peur ! Bon, aller, on ressort. »

Je le déposais par terre et reprenais le Funécire sur mon épaule, me dirigeant vers la sortie.

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Je m’apprêtais donc à ressortir tranquillement de cette grotte, un peu énervé par la prestation catastrophique de mon Coupenotte. Je me disais qu’il n’était pas vraiment sur le point de changer. Il restait, malgré un peu de maturité venant au fur et à mesure, un enfant qu’il fallait surveiller, au risque qu’il ne se mette à pousser les mamies, à arracher les rideaux, à manger tous les gâteaux d’une boîte… J’avais l’impression d’avoir un fils qui ne grandirait jamais. Je me demandais même quand il évoluerait. Il avait l’air de ne pas y être prêt, et je me disais que, comme le calme et la patience, ça viendrait avec le temps.

Je profitais encore de ces instants plus ou moins paisibles, le silence du lieu m’apaisant et chassant les mauvaises idées. Je fermais même les yeux un moment, inspirant longuement… Jusqu’à sentir un gros poids sur ma tête, qui me fit vaciller.

« - Eh ! Wooow ! »

Je tombais finalement en avant, pour la seconde fois de la journée. Ce qui semblait s’être posé sur moi avait fini par s’envoler, et en me redressant un peu, je tombais nez à nez… Avec un Hoothoot, qui me fixait avec curiosité. Il n’était pas bien grand, moins que la plupart des autres de son espèce qui étaient proches d’une taille adulte ou d’une évolution. Il devait donc encore être assez jeune. Lentement, je me relevais, tenant Cierge comme je pouvais. Le pauvre avait été bien secoué et n’avait pas aimé ça. Pour une fois, je ne voyais pas sa petite bouche s’étirer en un sourire. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Héraclès venait de s’éloigner, l’air un peu effrayé.

Ca ne dura pas longtemps avant que mon petit Pokémon d’ordinaire si mignon ne se décide à se venger de la bestiole qui était pourtant posée là pacifiquement. Et avant même que j’ai pu lui donner un ordre ou lui demander d’arrêter, il lançait un Châtiment plus ou moins bien mérité. Je préférais ne pas regarder… Quand je rouvrais les yeux, le Hoothoot était en train de sautiller sur sa patte un peu autour, hululant, visiblement pas prêt à rendre le coup. Comme s’il… Cherchait une voie sans violence. Ce fut suffisant comme tentation pour que mon Coupenotte tente de l’attraper, lui courant après. Levant les yeux au ciel, je fouillais dans mon sac et mettais la main sur une Pokéball que je lançais sur la pauvre bestiole fuyante.

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Le piaf était sorti de la ball et continuait à courir partout comme un poulet sans tête, ce qui était pour le moins amusant puisqu’il était majoritairement une tête avec un corps rond, enfin, tout dépendait du point de vue. Héraclès tentait toujours de l’attraper, s’essoufflant à force, et Cierge était désespéré de ne pas avoir réussi à se venger. Ca devenait littéralement un gros bordel, et je ne savais plus trop quoi faire, fixant dépité le spectacle qui se déroulait devant moi. La bestiole hululait comme pour nous convaincre de ne rien lui faire. Ca va, je n’allais pas le paner non plus ! S’il voulait vraiment partir, pourquoi ne pas s’envoler hors de portée ? Bref… Je me disais qu’il était un peu idiot. Mais contre toute attente, son parcours de fuite changea du tout au tout, et plutôt que de continuer ses ronds dans la caverne, il se dirigea vers la sortie et commença à remonter le chemin de la montagne.

« - Eh ! Ehhh ! Reviens ! »

Je lui courais après, suivi par mon Coupenotte. Ca ressemblait à une mauvaise scène de film, avec toute l’équipe poursuivant un autre. J’entendais presque la musique débile et répétitive de ce genre de moments cinématographiques qui, malgré leur redondance, étaient toujours aussi drôles, je devais l’admettre. Je préparais déjà une nouvelle Pokéball, attendant le moment propice. Nous retournions bien vite aux larges plaines désertiques, et à leur chaleur étouffante. Devant nous, l’oiseau sautillait toujours autant, tentant quelques décollages mal amenés, se ramassant le bec dans le sol à chaque fois. Compréhensible, la température était insoutenable, et il semblait s’épuiser. Rien de surprenant, s’il avait passé son temps dans la grotte où il faisait bien frais… Il ralentissait, et nous aussi, tournant un peu partout, désorienté. J’avais un peu de peine pour lui. Je prenais mon élan et lançait la ball sur lui. Bah quoi ? J’avais jamais dit que j’allais abandonner ! Je fais même un geste généreux, je lui propose de s’abriter dans la Pokéball ! C’est gentil non ? … Non ? Bon. Tant pis.

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La Pokéball se stabilisa et il y eut un moment de silence, avant que je ne pousse une espèce de cri mi triomphant, mi épuisé, en m’affalant au sol, en étoile. Mes yeux étaient rivés sur le ciel. J’avais l’impression d’être dans un film post apocalyptique, où j’étais le seul survivant accompagné de mes Pokémons, et je devais trouver un moyen pour me débrouiller et avoir de nouveaux compagnons, avec comme première aventure, ce Hoothoot récalcitrant. Je tendais ma main au-dessus de ma tête pour tâter le sol brûlant jusqu’à attraper l’objet, le ramenant devant mes yeux. Je l’avais eu, et c’était un peu une petite victoire. Cierge me grimpa sur le ventre, l’air toujours un peu boudeur. Bah… Il l’aurait un jour, sa vengeance, mais je sentais que ces deux-là n’allaient pas du tout s’apprécier.

Je me redressais finalement, rangeant la ball dans ma petite sacoche. J’allais rentrer, c’était bien assez d’aventures pour aujourd’hui, et j’étais un peu fatigué. Mais quand je me retournais, je ne trouvais plus Héraclès. Le petit Coupenotte était parti vagabonder plus loin, explorant les plaines désertiques, l’air remis de ses émotions et ne prenant pas du tout en compte les miennes par ailleurs. Soupirant, je me rapprochais pour aller le chercher, un peu agacé.

« - Aller, aller, on rentre là, on a fini. Eh, tu m’écoutes ? Non, mais je… Eh ! AH NON HEIN ! REVIENS ICI ! »

Et le petit Pokémon s’enfuyait en courant. Pas parce qu’il avait peur, et pas parce qu’il voulait continuer d’être ici, puisqu’il se dirigeait malgré tout vers le point de rencontre. Ca se voyait qu’il voulait juste s’amuser avec moi. Désolé mon petit, mais moi, je ne suis plus trop d’humeur… Quoique. Le voir si heureux comme ça, ça me fait plaisir. On ne partage pas grand-chose avec lui. J’ai souvent peur de le faire sortir parce que c’est une véritable tornade, mais je sais qu’il n’attend que de faire ses preuves et qu’on noue un vrai lien. Aller… Pour cette fois, je veux bien le lui accorder.

« - Attention, je vais t’attrapeeer ! » lançais-je joyeusement en lui courant après.

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