Parfois, Sirius se levait avec ce qu’on appelle l’inspiration, il se levait et savait. Il savait tout simplement. Vous savez, quand on trouve enfin la touche finale de ce projet qui bouffe tout votre temps, cette parfaite phrase d’introduction pour ce devoir sur lequel vous bossez depuis des jours, ce sentiment que la journée va simplement être parfaite. Ce sentiment si rare et précieux, Sirius ne le connaissait pas vraiment, bien souvent trop enfoncé dans ses préoccupations actuelles pour se laisser entraîner par ce délicat fumé pourtant si important pour l’artiste qu’il souhaite être. Alors quand ce matin, ses grands yeux bruns trouvèrent le plafond blanc de sa chambre et qu’immédiatement, il imagina des Altarias chromatiques et des nuages qui se mélangent sur le satin d’une robe épousant les courbes d’une de ses mannequins, Sirius se dit que la journée allait être belle.

Et en effet, c’est littéralement que la journée était belle. Sirius en short et débardeur, se promenait aussi gaîment que le lui permettait sa cheville fraîchement ressortie à l’air libre. Ouais. Il y avait à peine un rayon de soleil et il se désapait. Et dans cinq minutes, il se plaindrait qu’il avait froid. Alors qu’Adara levait les yeux au ciel face à la bêtise de son dresseur, toute la petite équipe se mettait tranquillement en route pour cette sortie capture. Assez vigilant pour ne pas aggraver sa blessure, le garçon s’installa dans le bateau, assez proche du buffet pour compenser son absence de petit déjeuner prit avant le départ. Bah oui, écoutez, il faut parfois faire des choix, soit on se fait beau, soit on mange. (soit on dort aussi, mais ça le faisait un peu moins …)

Bref, tout prit à la contemplation des nuages (les altarias, la robe, mais siii, souvenez vous c’est un paragraphe plus haut), Sirius n’était pas vraiment le plus attentifs des garçons. Alors quand une jeune fille l’aborda, rougissante et pouffante, il ne sut pas exactement comme réagir. Elle était plutôt mignonne et sortait visiblement d’un petit groupe d’amies qui semblait l’encourager de loin. Elle avait peut-être dût s’y prendre à plusieurs reprises pour que Sirius ne daigne lever les yeux vers elle. Niveau galanterie, il avait déjà fait mieux. La blondinette s’installa donc face à lui et le Noctali se doutant de plus en plus de ce qui était en train de se passer poussa un léger soupir. « Désolé de te décevoir mais cette place est prise. Tes amies ont l'air de t'attendre en plus. » Cassant un peu le garçon, mais c’était typiquement le genre de comportement qui l’agaçait. Les greluches qui pouffaient en entortillant les cheveux, il était sorti avec suffisamment de filles du genre pour savoir qu’il fallait pas qu’il s’attende à un haut niveau de conversation. Puis c’était clairement pas son style de fille.

Ouais. Il les préférait avec des jolies hautes queues de cheval et des longues mèches violettes. Les yeux ambrés étaient un must et la demoiselle devait être capable de le briser pour prétendre à son cœur. Et puis, forcément, un attrait commun au monde des paillettes ne pouvait qu’être bénéfique. Et … Attendez. C’est un portrait d’Etna ça nan ? Le garçon poussa un léger gémissement en enfouissant son visage dans ses mains. Il était vraiment vraiment ridicule. « Désolé, tu peux me laisser ? » Il avait l’air crédible là, avec son visage coincé derrière ses mains et ses joues très très rouges à la simple évocation de la jeune fille dont il était amoureux. Stupide carnation qui amplifiait immédiatement ses couleurs. Dont ses rougeurs. Surtout ses rougeurs. Marmonnant vaguement dans sa (non-existante) barbe en arrivant sur l’île, toute robe altarienne oubliée, il eut un vague sourire en remarquant le temps plus qu’estival causé par le volcan qui surplombait l’île.

… Un volcan ?

On va pas poser plus de questions que ça hein. D’un geste habitué, Sirius enfourcha sa Cerfrousse tandis que autour de lui les élèves enlevaient leurs couches en trop. Il vérifia une dernière fois qu’il avait bien quelques bouteilles d’eau et son repas du midi avant de dire à sa Cerfrousse qu’elle gérait la ballade d’aujourd’hui. Il la laissait choisir le coin qu’il préférait. Adara s’installa dans sa tignasse et d’un geste de la main, Sirius libéra sa vivace Ponyta qui serait, à ne pas en douter, en plein dans son élément. Tandis que la Cerfrousse s’élançait sur les petits chemins, Sirius feuilleta la brochure de l’île à la recherche d’un quelconque site d’intérêt. Visiblement, on pouvait visiter le cratère de du volcan mais il fallait y aller à dos de pokemon en volant, pas le temps d’y monter à pied aujourd’hui. Il jeta un œil à la pokeball de Soleil. Ça pouvait possiblement se faire ça … ça pouvait même être très rigolo de s’envoler pour la première fois … Sans s’y être préparé … hum. Ouais. Peut-être pas une si bonne idée que ça. Mais … Soleil était forte et ils seraient prudents … Il fallait bien une première fois après tout …

Sirius se mordilla les lèvres quelques secondes avant de se décider à laisser sortir l’oiseau. Depuis son évolution, la Roucarnage avait bien doublé de volume et ils s’étaient tous les deux renseigner sur comment on montait des pokemons volants et s’ils avaient toute la théorie, ils ne s’était jamais laissé aller à la pratique. Sirius interrogea du regard son pokemon et après que cette dernière ait acquiescé, il rappela son équipe (sauf Adara, parce non mais oh, c’est Adara, Adara fait ce qu’elle veut). La petite fleur se cala bien confortablement dans la chevelure de son dresseur et celui-ci enfourcha la gigantesque oiseau.  Après quelques minutes où ils cherchèrent à être le plus confortable possible, Soleil décolla.

Les premières minutes furent délicates. Passer d’un vol sans aucun poids à un vol avec un adolescent de presque un mètre quatre-vingt-dix, ça faisait forcément un sacré changement. Forcément. Ils prirent donc leur temps, laissant à Soleil celui de s’habituer à ce surpoids jusqu’à ce qu’elle réussisse à décoller avec élégance dans les étendues d’azur. Ils prenaient leur temps maintenant. Être à l’écoute, laisser du temps, faire attention mais tenter tout de même. Il avait grandit au cours des derniers mois et aujourd’hui, il en voyait enfin les effets. Doucement, ils s’élevèrent dans le ciel. Assit droitement sur l’oiseau, Sirius laissa son regard se perdre dans le paysage qui l’entourait. Le sol s’éloignait lentement et petit à petit, tout autour d’eux devenait minuscule jusqu’à ce qu’il ne parvienne plus à distinguer ces petits détails. Il ne voyait plus la multitude de caillou rouge feu sur le sol, il n’y avait plus qu’un fond rouge qui tranchait avec le bleu pur du ciel vers lequel ils s’élevaient.

Cette sensation était tout simplement grisante. Ce sentiment de pouvoir et de surplomber le monde entier lui donnait des ailes. Il se sentait capable de tout et les yeux étincelants, demanda à sa Roucarnage d’accélérer. Il se pencha et cala ses mains dans les plumes marrons de l’oiseau tandis que de plus en plus habituée à son poids, Soleil accélérait. Pointe de vitesse, décélération, virage serrés … Elle lui fit découvrir les plaisirs du vol. Ils restèrent une bonne heure là haut à jouer avec les vents avant que Soleil ne fatigue et commence à se diriger tranquillement vers le haut du volcan. Une fois posés au sol, Sirius resta quelques minutes, le nez enfoui dans l’épais plumage de l’oiseau, profitant encore un peu de toutes ces grisantes sensations.

Quand il posa enfin le pied à terre, il fut impressionné par le paysage qui l’entourait. Ce qu’on surnommait le cratère était en réalité un large plateau au sommet du volcan. La sensation de vertige qu’il avait ressenti précédemment dans les airs n’était visiblement pas prête de le lâcher.. C’était juste impressionnant. Se savoir sur le point le plus haut de l’île, simplement retenu par quelques cailloux avaient de quoi faire peur. Il se rapprocha du bord, ayant été posé au centre. Sur sa droite, le sentier qui permettait d’y accéder à pied et devant lui, le vide d’une falaise à pic. Wow. C’était … Adara s’ébroua et lui fit signe de pas trop s’approcher du bord. Grommelant un « oui maman » sarcastique, il s’élança à la découverte du plateau. Comme à chaque sortie capture, il ne venait pas vraiment avec la fierce envie de la capture mais plutôt l’innocence de la découverte et si au fil de ses pérégrinations, il découvrait un spécimen intéressant, il se laissait l’opportunité d’une capture. Rentrer bredouille n’était pas vraiment considéré comme tel par le garçon, c’était plutôt ne pas avoir croisé le pokemon qu’il lui fallait. Ou qui fallait à quelqu’un d’autre.

Sirius eut un doux sourire en pensant aux compagnons qu’il avait capturé mais qui n’avaient pas put s’intégrer à son équipe. C’était des choses qui arrivaient, comme avec les gens, les pokemons ne s’entendaient pas toujours et ça valait pour lui également. Il ne pouvait pas s’entendre avec tous. Là aussi, c’était un sacré progrès qu’il avait fait, autant en tant que personne qu’en tant que dresseur. Il avait arrêté de se penser responsable de sa non-attente avec certains pokemons et avait plus ou moins accepté l’idée que tout le monde ne pouvait pas l’aimer. Difficilement, mais il avait accepté.

Sirius se gambadait donc joyeusement avec sa Roucarnage et sa Floette dans le cratère de cette petite île. Enfin, joyeusement, si pour vous joyeusement c’est ramper en souffrant du soleil (l’astre, pas son pokemon), alors oui, Sirius était très joyeux. Tellement joyeux que quand il aperçu un coin d’ombre, il s’y précipita et qu’il vida une partie de sa bouteille d’eau sur son crâne. Il aurait bien voulut que son Otaquin soit avec lui pour le coup. Il poussa un profond soupir en laissant tomber sa tête contre le mur derrière lui.

Le mur ?

C’était vachement mou pour un mur. Voir carrément méga fluff en fait. Il se cala un peu plus confortablement sous les regards terrifiés des deux membres les plus anciens de son équipe. Bah quoi ? Il avait trouvé un super mur tout doux ! Hum. Un mur doux et fluff. Ça existait pas hein ? Sirius se retourna tout doucement, soudainement emplit de précautions (too late chaton). Et ouais, il s’était pas affalé contre un mur mais contre une maman Némélios et à coté de lui, un tout petit Hélionceau ronronnait en se frottant contre sa jambe. « Euuuh … bonjour ? Je vous veux vraiment aucun mal … Me mangez paaaaaas … » Il ajouta à son plaidoyer des yeux d’Hélioceau battu (pour rester dans le thème) et fixa la maman longuement. Elle le fixa en retour. Ils restèrent bien facilement dix minutes les yeux dans les autres avant que Sirius se reçoive un coup de langue sur la joue et que d’un coup de tête, la Némélios lui fasse comprendre qu’il était temps de partir. Avec un sourire soulagé, il la remercia et après une dernière grattouille sur la tête du chaton, il se releva et se précipita vers son équipe qui le regardait avec un mélange étrange de pitié, désolation et amusement.

La peur de sa vie. Genre, il avait vraiment crut que la Némélios allait le manger. Heureusement, elle avait visiblement eut sa dose de bouffe plus tôt dans la journée et l’avait laissé partir en paix. Il faudra peut-être lui dire qu’elle avait quand même bouffé un pan assez important de son short. Au niveau du fessier. Oui. Tout à fait.  

La peur de sa vie dans le post précédent ? Inconscient de la menace qui planait sur sa tête, notre héros se balade fébrilement à la recherche de rien du tout. Et oui, Sirius n’avait aucune quête incroyable à suivre. Pas de relique ancienne à découvrir ou de pokemon légendaire à chercher. Rien. Du. Tout. Le néant. Nada. Niet. Que dalle. Vraiment. Juste. Rien. Et pourtant, Sirius était l’élu d’une légende millénaire. L’enfant d’une prophétie incroyable. Si si, je vous promets. C’est pas des conneries ! Installez vous les enfants, pendant que je vous conte l’histoire des deux frères et de la gente dame.

Tout commença en l’an 2000. Nés sous la même étoile, deux êtres naquirent le 20 Juin 2000. (nés sous le signe des gémeauuuuuuux) Ces deux êtres étaient comme deux faces d’une même pièce. Le reflet de l’autre. L’exact opposé. L’un était humain, l’autre pokémon. L’un était né sur Terre, l’autre sous la Mer. Parfaitement opposés, le destin avait décidé d’en faire les instruments d’un de ses jeux. C’est ainsi que quiconque pouvait lire les messages qu’écrivent parfois les étoiles, put lire dans leurs éclats lumineux que l’heure de la grande prophétie était arrivée.

« Dans des temps anciens,
naquit deux frères sous une étoile,
opposés en tout, semblable en rien,
ils se détestaient.
Se battant pour une même dame,
ils moururent à cause de l’épée de l’autre.
Le combat fut si violent,
que la gente dame les aimant tous les deux,
souhaita qu’ils revivent un jour
et qu’enfin, apprennent à s’aimer. »

Ainsi fut écrite la légende des deux frères. Malheureusement, personne ne la connaissait et personne ne reconnut les symptômes que présentait le garçon et le pokemon. Ils vécurent donc leur vie jusqu’à aujourd’hui dans une affligeante banalité. L’un évitant avec brio les étranges événements mis sur sa route à cause de son école et l’autre évitant les braconniers en voulait en son éclatant argent. Le combat dans leurs vies furent rudes, surtout qu’ils ne savaient pas qui ils étaient. Parfaits jumeaux l’un de l’autre, pourtant nés de mères et pères différents, le destin semblait les avoir oubliés. Comme s’il craignait ce que leur rencontre apportait. Le destin repoussa donc cette fatale rencontre. Il la repoussa autant qu’il put, jusqu’à ce que les deux partis soient assez mûrs pour accepter leur sort et le combat à mort qui résulterait sans doute de leur rencontre.

Il était évident pour le destin que leur rencontre n’apporterait rien de bon. Qu’immédiatement, le garçon et le pokemon se reconnaîtraient. Qu’ils se rappelleraient de tout. De leur haine envers l’autre, de leur amour pour la gente dame. Tout leur reviendrait en mémoire et alors, le même scénario verrait le jour. Ils se battront jusqu’à la mort, à coup d’attaque et de lames. Il était évident que ce serait un nouveau bain de sang devant les yeux de la gente dame. Et le destin se refusait à revoir pareille scène. Pourtant, même si le destin était puissant, il y avait quelque chose au dessus de lui, quelque chose qui le poussa à orchestrer comme il savait si bien le faire, la rencontre des deux frères et de leur dame.

Ainsi, alors que Sirius se baladait joyeusement sur le plateau, un coup de tonnerre le fait se retourner alors que maladroitement, un immense Dracolosse blanc aux yeux bleus sorte d’un nuage avec maladresse et que timidement, une Tritox débarque l’air perdu. La rencontre des deux frères et de la gente dame arriva enfin. Le destin se rongeait les ongles, la narratrice se marre beaucoup face à l’incongruité de la situation et les trois personnages se demandent ce qui se passe.

Et le destin déchante presque aussi vite que la narratrice. Rien ne se passe. Enfin si, Sirius se tourne vers la Tritox et déclama une sublime déclaration d’amour pleines de beaux mots, de belles phrases et de tournures étranges que seuls les littéraires peuvent comprendre et apprécier. Ah. Le destin soupire et plonge sa tête dans ses mains en pleurant. C’est pas ça qu’il déclame avec autant d’énergie et d’enthousiasme. « EEEEH ! Adara ! Regarde ! C’est pas le pokemon poison d’Alola ? C’est un truc qui plaira à Alex ! Tu sais pour la remercier pour … » Pas besoin d’en dire plus, Adara a compris et fait signe de la tête à Sirius de se bouger le fessier pendant qu’elle s’occupe du gros dragon.  

La petite fée s’approcha donc du machin blanc avec un sourire tandis que ce dernier se roulait en boule avec des larmes au coin des yeux. On entendait presque les « YAMETE » qu’il voulait crier. La petite fée n’eut qu’à faire un « Bouh ! » en sa direction en relâchant quelques paillettes roses pour que le gros dragon pas badass du tout s’enfuit en volant molassement, totalement terrifié. Pffff, tout dans les muscles, rien dans la cervelle. Adara fait un hairflip badass avant de se poser sur l’épaule de son dresseur avec élégance pour l’écouter argumenter.

Ouais, niveau combat épique à l’épée, on aura vu bien mieux. Mais que voulez vous, les temps changent, on découvre de nouveaux types, les gens ne se battent plus à l’épée mais avec leurs pokemons et les dragons mouillent leurs slips face à un individu de type féerique. Le destin est presque déçu tient. Bon, cette fois, y’a un frère qui peut faire sa demande à la gente dame et cette dernière n’a pas à les voir s’entre déchirer. En soit, c’est plutôt positif non ? Peut-être que la déclaration d’amour et la demande en mariage ravivera un peu le moral du destin …

« Alors du coup, je connais cette fille, elle adore les types poisons et je suis sure que tu t’éclaterais avec elle, genre tu deviendrais méga forte et tout et t’en pense quoi ? Tu veux que je vous présente ? T’as juste à poser ta tête sur la ball et je t’amène la voir ! Tu vas voir elle est méga cool, genre c’est ma sœur et tout ! »

Oui. Ce que vous entendez dans le fond, c’est les sanglots du destin.