Impossible de vous parler de son passé sans évoquer celui de sa famille. La dynastie Nereida, membre depuis presque un siècle du Château de Combat, forment la plus grande aristocratie de la petite ville de Romant-sous-Bois. Valériane elle-même n'est rien d'autre qu'une cousine de Catherine, mais ne fait pas vraiment honneur à sa famille qui est spécialisée, comme vous pourriez vous en douter, dans l'élevage des Pokémons de type Fée et non dans le combat.

Mais, lorsque ses parents la mirent au monde, aucune pression de quelque sorte ne s'appliqua sur les épaules de la jeune Catherine. Elle ne faisait pas partie de la branche principale de la famille, et l'élevage de Pokémons Fée était pour ses parents plus un hobby qu'un métier. Les premières années de sa vie furent calmes et idéales, choyée par des parents qui n'avaient pas d'autres enfants, aimée par des grands-parents qui admiraient les grands yeux bruns et la finesse de ses traits. Elle regardait gentiment les Pokémons Fées, mais ne s'en approchait pas plus que cela : Philip et Ophélia, ses géniteurs, l'en défendait. Ils n'étaient encore qu'en phase d'élevage, et pouvaient être dangereux à approcher. Ils ne passaient pas leur temps à la maison, le père étant cadre financier à Illumis et la mère professeur de mathématiques au lycée régional de Romant-sous-Bois. C'était donc le plus souvent ses grands-parents qui s'occupaient de la petite, lui présentant la joliesse et la beauté des Pokémons Fées, à l'insu des parents qui auraient trouvé cela très répréhensible. Elle fut donc vite bercée dans un monde duel, entre des grands-parents voulant l'initier aux traditions familiales et des parents cherchant à la protéger à tout prix. Du coup, de manière tout à fait logique, les deux générations eurent tendance à se disputer (de la manière la plus discrète possible) sur les choix d'éducation à faire. Mais ils jugèrent qu'ils allaient devoir collaborer pour ne pas empêcher la fillette de voir une partie de sa famille.

Seulement, la petite fille trouvait les deux choix qui s'offraient à elle ennuyeux. D'abord, elle aimait bien les Pokémons. Quand on est petit, on aime toujours les petites choses mignonnes qui poussent d'insupportables cris aigus. Mais en même temps, elle trouvait terriblement stupide de voir un être aussi beau faire une pirouette juste pour le plaisir des yeux. Elle sentait bien que les Sucroquins n'éprouvaient aucun plaisir à effectuer des roulades à longueur de temps. A huit ans, elle était toujours face à ces deux embranchements qui ne lui convenaient pas, et elle ne savait pas du tout quoi faire.

Jusqu'à ce qu'elle aille voir sa cousine Valériane. La rejetée, la pas très aimée parente de la famille qui avait réussi mais ne respectait pas tellement la tradition. Dans sa tenue à volants, elle reçut sa petite cousine, avec qui elle partageait ses immenses yeux noirs. Et le courant passa instantanément entre les deux femmes. Elles se comprirent, et Catherine sut qu'elle voudrait faire comme elle. Depuis cette première rencontre, Catherine vint de plus en plus souvent la voir, découvrir ses technique, ses Pokémons. Lorsqu'elle vit un match amical entre elle et la Maître de la Ligue Dianthéa, elle sut exactement ce qu'elle voulait faire. Championne, voire Membre du Conseil 4. Ou même Maître de la Ligue. Mais ce n'était pas très stable, comme situation. Bref, son choix était arrêté.

Et, pour une fois, les parents et les grands-parents étaient d'accord. Ils étaient tous contre cette idée. Faire s'entre-tuer des être aussi gracieux, alors qu'ils étaient capables de la plus grande élégance ? C'était une hérésie. Et si cela faisait du mal aux Pokémons, cela risquait aussi de lui faire du mal à elle. Mais Catherine réussit à convaincre ses parents qu'à son âge, elle pouvait parfaitement étudier les Pokémons sans en avoir un, et que suivre les matchs de Valériane n'était pas un danger. En promesse, elle dut leur faire la promesse de ne pas avoir de Pokémons avant un certain temps. Ses grands-parents, eux, furent déçus, mais surent qu'elle pouvait faire de grandes choses tout de même. Tous la soutinrent donc comme il fallait.

Mais non comme elle voulait. Car la petite fille exigeait toujours plus. La famille se saigna au quatre veines pour obtenir les cassettes des matchs des six Ligues depuis les dix dernières années, investirent une fortune pour payer des cours et des livres spécialisés, sacrifièrent leurs économies pour que la châtaine atteigne son objectif. Mais elle voulait toujours plus, toujours plus cher, toujours plus fort.

Et lorsqu'elle demanda à partir en voyage initiatique, les parents y mirent le holà. Stop. Cela devait cesser. Ils n'en pouvaient plus, et un voyage initiatique était à la fois dangereux et très coûteux. Mais, du haut de ses 14 ans, elle insistait. Elle demanda à sa cousine de la soutenir, mais celle-ci approuva les parents. Furieuse, Catherine fit vœu de silence pour exprimer son mécontentement. Mais ne vous dîtes pas que cela allait durer peu de temps. Non. Quand elle voulait quelque chose, elle était prête à tout pour l'obtenir. Ainsi, pendant près de trois mois, aucun mot ne sortit de la bouche de l'enfant, qui se contentait d'une moue de fureur. Le chantage affectif était lourd pour les deux parents, qui finalement craquèrent. Enfin, « craquer » est un bien grand mot. Ils avaient en fait trouvé une école dont le principal slogan était « Vos parents sont trop craintifs pour vous lâcher dans la nature à 10 ans, baluchon sur le dos, pokéball en poche ? Ils trouvent cela irresponsable de faire déguerpir le petit dernier du foyer à coups de « deviens le plus grand des dresseurs, et botte au passage les fesses de ton rival au nom douteux » ? ». Ce qui correspondait exactement à leur situation, si ce n'était qu'elle avait 14 ans. Ils l'inscrivirent donc dans la toute nouvelle et prestigieuse école de Pokémon Community.

Lorsqu'elle arriva, on la dirigea directement vers le service de don de Pokémons. Elle rencontra alors un homme étrange, qui lui posa un grand nombre de questions (dont certaines assez indiscrètes, d'ailleurs). Il menait une suite illogique de phrases qui n'avaient aucune logique les unes avec les autres, mais finalement, elle reçut enfin son premier Pokémon. Elle était toute contente. Serait-ce un Flabébé ? Un Tarsal ? Un Azurill ? Ou même un Mysdibule ? Lorsqu'elle ouvrit sa Pokéball, elle vit enfin le Pokémon qui allait être son plus grand compagnon …

Et il s'avéra être un Mucuscule. La déception s'imprégna du visage de la petite Nereida. Et bien tant pis, elle ne se spécialiserait pas dans le type Fée. Elle allait devoir se contenter des types Dragon.