WADA
Rikyu
NOSYA
Cloé
「 A la recherche de l'ours en peluche 」
Il se tourna dans un sens, puis l'autre et ainsi de suite, le résultat était toujours le même : il était incapable de trouver une position confortable pour dormir. Quelle tragédie ! Qui plus est, Bulbizarre était collé au visage de Rikyu agrippant ses épaules avec ses lianes. Lassé de cette situation, le jeune homme se leva d'un bond, envoyant valser son pauvre compagnon qui se rattrapa de justesse à l'un des pieds du lit, évitant ainsi de détruire un peu plus le mur de cette pauvre maison.
-Bulbi' bulbi' bulbi' ! s'indigna-t-il, faisant voler ses lianes dans tous les sens.
-Désolé camarade, mais regarde-moi un peu le temps qu'il fait dehors. Si je reste enfermé, je vais perdre tout mon bronzage et je pourrai dire adieu à mes chances de rencontrer une belle demoiselle !
C'est sur ces belles paroles qu'il défonça la porte d'entrée, son Bulbizarre ronchonnant le suivant de près. Rikyu prit le temps de regarder le ciel en fermant les yeux, humant le doux parfum lui parvenant à ses narines et se décida à se mettre en marche le poing levé, jusqu'à ce qu'il ne trébuche sur une carapace. Effectivement, la petite tortue bleue prenant un malin plaisir à venir taquiner le jeune reptile qui prenait un bain de soleil dans les hautes herbes du jardin. Rikyu n'avait pas vraiment l'esprit jardinier et il lui arrivait souvent de ne pas repérer ses compagnons parmi cette fougère débordante.
-Bon, finis de rigoler, observez plutôt ce temps splendide ! s'exclama Rikyu, avec un talent d'orateur comme il savait bien faire. Ça ne vous dirait pas une petite promenade hein ? Ça ne durera pas longtemps évidemment, qu'est-ce qui pourrait nous arriver d'incroyable hein ? Hahahahaha...
Confiant, il ouvrit majestueusement le petit portail qui gardait sa petite maison et s'engagea dans les rues ensoleillées de Lansat. Rikyu avait choisi d'habiter le plus possible à l’extrémité du centre-ville, en effet, il n'y avait rien de plus agaçant que le bruit quotidien des véhicules, des personnes et de leurs Pokémons à longueur de journée. Comment pourrait-il profiter de la vie s'il ne lui était impossible de dormir ? Dire que trouver un emploi était déjà source de problème, d'autres choses lui préoccupaient la tête actuellement...
La petite balade de la compagnie ne manquait pas d'attirer l'attention. Rikyu prenait le soin de déambuler en se positionnant le plus possible au centre des rues pour attirer l'attention, marchant fièrement, la tête haute. Tandis que Carapuce, fatigué, s'était affalé sur sa tête, Bulbi', lui, ronflait dans son dos pendouillant dans le vide grâce à ses lianes bien ancrés aux épaules de Rikyu. Ce n'était pas la première fois que les passants assistaient à ce genre de spectacle, toutefois, il manquait quelque chose. Le jeune homme, ne prêtant plus aucune attention à ce qui l'entourait prit un certain temps à s'en rendre compte. Un temps plutôt long, il fallait l'avouer. En effet, ils étaient partis à quatre et ne sont désormais plus que trois.
Conscient de la situation, Rikyu marqua un temps d'arrêt qui ne manqua pas de faire chuter la pauvre tortue bleue alors que Bulbizarre se cogna sa tête dans le dos du jeune homme.
-Bulbi' bulbi' bulbi" ! s'indigna une nouvelle fois le Pokémon qui n'allait pas tarder à devoir se faire soigner dans un Centre Pokémon pour multiples blessures.
- Cara...renifla la petite tortue en s'essuyant les yeux encore rouges.
-Je suis désolé les gars, j'aurais dû vous avertir, mais, où est passé Sala' ?!
Les deux Pokémons lui firent comprendre qu'ils n'en avaient aucune idée, toutefois, ce n'était pas une situation incroyable. En fait, cela arrivait pratiquement à chaque fois. Salamèche n'était pas le genre de Pokémon capable de tenir en place pendant de longues heures, se décrasser les pattes lui faisait du bien, mais il avait besoin de plus. Alors, il quittait ses compères, déambulant dans les rues, sautant sur les toits jusqu'à ce qu'il ne lui reste assez d'énergie pour le chemin du retour. Cependant, qui sait sur qui nous pouvons tomber dans ces rues ? Aucun endroit n'est sûr, et ce, Rikyu le savait.
La balade censée être de courte durée changea rapidement d'objectif. Mais alors que la petite compagnie venait tout juste de se mettre à la recherche du jeune reptile, une silhouette très familière apparut au loin. Cela paraissait étrange, beaucoup trop étrange même...
-C'est bien la première fois que je vois Sala' courir à ma rencontre.
Le ton était certes légèrement sceptique, mais le doute y était. Néanmoins, Bulbizarre ne partageait pas le même avis. Il était le doyen de ce groupe et arborait un air méfiant. Il comprit rapidement que quelque chose clochait et le fit savoir à Rikyu.
Au même moment, Salamèche arrivait à leurs niveaux, essoufflé. Rikyu posa alors un genou à terre et lui demanda, intrigué :
-Dis-moi Sala', que se passe-t-il ?
- SALA SALA SALAMECHE MECHE ! beugla le jeune reptile, épuisé de son effort.
Rikyu ne lui demanda pas plus d'informations et courut dans la direction que lui pointait Sala'.
Ce-dernier s'était positionné sur une de ses épaules et pointait un courant d'eau du doigt. L'urgence de la situation se fit très vite comprendre. Ils aperçurent ce pourquoi Salamèche était revenu en trombe : un corps, d'apparence assez jeune, flottait dans l'eau, inconscient. Rikyu aperçut une berge non loin de là et s'y dirigea.
-Cara', essaie de ramener le corps le plus près possible !
La petite tortue s'exécuta rapidement, plongeant du pont et prenant tout de même le soin de faire part de ses talents d'acrobates, avant de plonger dans l'eau et de remonter jusqu'à ce qui semblait être un enfant.
De leurs côtés, Rikyu et les deux autres pokémons étaient positionnés au bord de la berge et attendaient que Carapuce parvienne à pousser le corps le plus possible. Toutefois, cela s'avérait difficile pour la pauvre tortue. Cara' était jeune et manquait de force, même si ce n'était que le poids d'un enfant, cela lui demandait déjà beaucoup d'efforts, mais il ne lâcha pas, car cette demande venait de Rikyu.
- Bulbi', aide Carapuce avec tes lianes !
Ce-dernier se mit en position et, lançant ses lianes le plus loin possible, parvint à agripper une jambe. Combinant leurs efforts, ils parvinrent à ramener le corps sur la terre ferme. Rikyu et ses trois compagnons étaient positionnés autour de l'enfant, stupéfait de ce à quoi ils assistaient.
-Mais, c'est une fille ! s'exclama Rikyu.
Comment avait-elle pu se retrouver dans cette situation ? Fallait-il l'amener à l'hôpital ?
Mais ce centre était bien trop loin d'ici et la petite semblait en difficulté, il ne savait même pas si elle était encore vivante. Cependant, s'il l'amenait chez lui pour essayer de la soigner, il allait passer pour un dangereux pédophile et ses glorieuses ambitions futures tomberaient à l'eau...
Alors qu'il se posait ces questions existentielles, la jeune enfant cracha de l'eau, ses yeux s'ouvrant timidement. La compagnie reprit alors espoir et se tient prête à écouter les mots de la petite fille. Mais tout ce qu'ils purent distinguer ressemblait à :
-Kekenijekesakenai...
- EH ! OH ! NAN, TE RENDORS PAS ! EEEEEEEEEEEH !!!
Rien à faire, la petite s'était évanoui à nouveau. Premier soulagement : elle vivait toujours.
Par contre, Rikyu ne savait toujours pas où se rendre. Il prit finalement la décision de l'amener chez lui, elle ne semblait plus courir un risque et ils mettraient bien trop de temps à se rendre à l'hôpital.
Le soleil commençait déjà à se coucher lorsqu'ils arrivèrent dans la petite maison. Il fallait dire que porter, n'était-ce qu'une enfant, sur son dos pendant une heure demandait un effort incroyable pour le corps fragile que détenait Rikyu. Il défonça de nouveau sa porte d'entrée d'un coup de pied et déposa la jeune fille sur son lit. Heureusement qu'il avait pris le soin de changer ses draps le matin même. Cette maison n'avait même pas d'étage. La principale pièce était le salon, qui faisait également office de cuisine avec un élément très important :
le canapé. Pour le reste, il y avait la chambre de Rikyu qui comprenant le strict nécessaire ainsi qu'une douche. Il n'avait pas à se plaindre, le loyer n'était pas bien cher et il avait même le droit à un jardin, bien qu'il ne prenne jamais le temps de l'entretenir.
Attendant alors le réveil de la jeune fille, il se mit aux petits soins, lui plaçant une serviette froide sur le front. Ne sachant que faire d'autres, il mit un grand verre d'eau sur la table de chevet à côté du lit si à son réveil elle avait soif, et s'écroula dans son canapé, heureusement confortable. Ses Pokémons, épuisés de cette après-midi de sauvetage, se jetèrent de la même manière contre Rikyu et tous trouvèrent le sommeil dans les quelques secondes...