Âme poussiéreuse Te voilà qui te perd dans un long tunnel, zigzaguant comme un tonnerre. Rien n'est droit ici : biscornu comme une colonne vertébrale écrasée par un poids trop lourd. Une odeur sinueuse infiltre tes narines et recouvre tes poumons d'une couche conséquente de poussière et de moisissures. Te voilà à ton aise Stone. Toi, petit garçon aux cheveux gris, vieilli trop vite par un coeur qui s'effrite, qui s'émiette. Tu aurais presque l'impression de te balader dans ton propre fort intérieur si tu en oubliais le contexte. Le contexte ? Tu aurais préféré l'oublier tant reprendre une scolarité t'a était pénible et ennuyant. La classe d'été a au moins eu le mérite de te changer les idées mais... Les cahiers, les notes, les cours, les potins, tout cela te rappelle bien trop ton ancienne école à Doublonville. Non pas que ton école te manque, au contraire mais... Une certaine personne que tu y a rencontrée -elle- te manque. Manque à ta vie, vidée de sens. Candi... Pardon. Cette fille te marque encore au fer rouge et même ici, dans un manoir abandonné tu ne peux t'empêcher de penser à elle : ses longs rideaux noirs qui recouvrent une grande fenêtre sont aussi balançants que ses cheveux détachés, alors que le petit vitrail couleur jade te rappelle le brillant de ses yeux, tu jurerais presque c'est elle qui s'est assise sur ce canapé froissé. D'un geste, tu balayes soudainement un nuage flottant de particules grises, il se décompose un instant mais ne tardera pas à se reformer quelques secondes plus tard. Et ça tu le sais bien Stone. Comme tes souvenirs ses poussières semble éternelles, et tu sais que ça ne sert à rien : Fuir. Oublier. Chasser. Cela ne sert à rien. Car pour toujours et jusqu'à la fin, tu es marqué Stone. Plus que ton âme, puisque tes pensées, une marque au fer rouge recouvre ton corps, brule tes chairs et encercle tes os. Un soupir s'échappe de tes lèvres entrouvertes alors que ton regard émeraude se pose sur les fenêtres qui défilent sous ta marche dynamique : Ton ronflex est là, sautillant. Le gros ours n'a pas pu rentrer dans cet étroit couloir sans tout casser mais il t'aime tellement qu'il n'a eu d'autre choix que de te suivre en t'observant par les petits trous transparents dans la maison. Voilà donc la bête qui saute, faisant trembler les murs d'un manoir déjà grinçant et criard. Quel imbécile tu penses, mais comme pour garder le masque tu lui lances un sourire compatissant avant de lancer ton skate au sol et d'avancer de quelques-métres. Ah que tu aimes le bruit des tes roulettes sur le sol, mais tu n'a pas le temps d'en profiter que déjà une silhouette apparait au bout du couloir, sortant d'un croisement que tu n'avais pas encore remarqué. |
Âme poussiéreuse Tu écoutes ses lourds pas le portait jusqu'à toi sans rien dire. Comme contaminé par le calme de la statue qui te fait maintenant face, tu ne dit mot. Même ton masque -sociable et bavard- ne trouve rien à dire. Si bien que seuls les pas du pokémon et les supplications de ton Ronflex perce le doux silence agité du manoir dans lequel vous vous rencontrez. Un gringolem. Tu le regarde sans rien dire, sans trop savoir si tu dois tenter de l'attraper. Tu es là pour ça après tout... Mais comme s'y prendre ? Te voilà soupirant. Et alors que le oui se batte en duel avec le non transformant sans pitié ton cerveau en champ de bataille, tu ne fais plus attention aux pleurs de ton énorme ours - terrifié par l'idée d'être remplacé dans ton coeur de pierre. En parlant de pierre voilà déjà que le gringolem arrive à ton niveau, il t'arrive aux hanches et tu le regarde fixement. Sans trop savoir quoi faire... Lui semble totalement ignorer ta présence et tu ne saurais dire si ça t'es agréable ou si ton ego en prend un coup. M'enfin, le masque ne peut pas agir sur tout le monde. Mais reconcentre donc tes pensées Stone ! Oui voilà c'est bien, attrape toi une mèche de cheveux et tortille là. Tu réfléchis, Stone. Ca bouillonne là haut, ça fume. Et pendant ce temps là, la marche abysalement lente du gringolem continue encore et encore. Pas après pas, chacun est plus lourd que le précédent. Et le plancher craque, se plaint sous les poids de la statue qui continue son périple unidirectionnel sans se soucier le moins du monde de tout ce qu'il ne concerne pas ta marche. Toi en premier, il est bien loin de ton questionnement intérieur bouillonnant ce gringolem, il ne tourne pas les mêmes questions dans un tourbillon incessant, lui. Un seul objectif : marcher. Tout droit de préférence. Et continuer son chemin... Et toi petit Stone, tu es tout perdu. Perdu dans un raisonnement qui perd tout son sens. Tu décortiques, découpes, réarrange : dois tu capturer ce pokémon ? Et si oui, comment ? Ce sont pourtant deux questions simples mais qui sous l'assaut répétés des tes pensées semblent etre deux énormes boulets de plomb qui t'attire vers le fond. Très profondément. D'ailleurs quand tu remonte à la surface, il est déjà trop tard : Le couloir est désépérement vide. Le gringolem qui était si lent a eu tout le temps de traverser ce long couloir. Bah bravo. |
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