Il traînait sa valise en soupirant. Parce que oui, avant de rejoindre son dortoir, Sylvabel s'était rendu pour chercher son starter, chez le collectionneur. Lui qui espérait faire face à un Pokémon puissant, mystérieux ou encore robuste, il avait eu... un Chaton. Il se demandait en quoi une boule de poil mignonne et ronde lui correspondait. Pourtant, après les étranges questions posées par le collectionneur, ce dernier avait bondit de sa chaise, s'était emparé d'une Pokéball et avait prit une pose héroïque en commentant : « J'ai le Pokémon parfait pour toi, je sais exactement ce qu'il te faut ! ». Ce qui avait réveillé un certain enthousiasme chez Sylvabel. Avec un sourire béât, le géant avait quitté la pièce du collectionneur, et s'était dépêché d'appuyer sur le bouton de la Pokéball pour saluer son nouveau compagnon. A sa grande surprise -et déception, peut-être-, un Chaton au pelage rose et crème avait jailli de la Pokéball en miaulant. Il s'était posé devant Sylvabel, qui avait écarquillé les yeux, le dévisageant en haussant un sourcil. Le vert avait murmuré quelque chose d'inaudible, que seul lui entendait, et avait doucement tendu la main vers le Skitty afin de tenter de le caresser, et de paraître amical. Même si le cœur n'y était pas vraiment, parce que le garçon s'attendait à autre chose. Mais c'était sans doute le mieux pour un futur médecin, d'avoir ce genre de Pokémon. En plus, il n'avait pas l'air bien méch...
-Aïe !
Oups. Le Skitty avait donné un coup de griffe dans la main de son nouveau dresseur, et l'avait également gratifié d'un coup sur le visage. Déstabilisé, il recula vers l'arrière, manquant de s'étaler de tout son long. Il grogna, tenta de se relever... sans succès. Il s'effondra. Il faut dire que sa taille ne l'aidait pas. Le garçon jura, alors que le Chaton bondissait sur son ventre, s'asseyant en agitant la queue. Sylvabel soupira. Il l'attrapa dans ses bras, le soulevant, alors qu'il tentait péniblement de se redresser. Il fixa le chaton en l'élevant un peu au dessus de sa tête, alors que le Skitty poussa un miaulement.
-Pff, j'espère que tu vas pas être comme ça tout le temps...
***
Et donc, Sylvabel avait trimbalé ses valises depuis les souterrains jusqu'à son dortoir, son Skitty perché sur son épaule. Enfin, sa Skitty. Nul doute que c'était une femelle. La chute précédente du garçon lui avait fait mal aux jambes, et, faible comme il était physiquement, marcher le dérangeait et il ne cessait de se plaindre à chaque pas qu'il effectuait, attirant parfois sur lui les regards de quelques adolescents qui passaient non loin. De temps à autre, le Chaton perché sur son épaule lui tapotait la joue, ou lui donnait « accidentellement » des coups de griffes -il doutait sur le côté accidentel de la chose, m'enfin-. Tout en grommelant et en essayant de tenir debout, du haut de son mètre quatre vingt quinze, il cherchait son dortoir. Le dortoir Voltali, dans lequel il avait été admit à son arrivée. Il n'avait qu'une seule envie, déposer ses affaires, et dormir. Tant pis pour le rangement, ça attendrait. Il s'en chargerait plus tard, une fois qu'il se sentirait moins épuisé. Parce que clairement, là, il n'en pouvait plus.
Sylvabel avait plusieurs bagages. L'un contenait tout ce qui était vêtements, affaires de toilettes, même s'il avait a peu près les mêmes vêtements, des variantes des habituels pour chaque saison. Une deuxième valise contenait ses livres, manga, CD de jeux vidéos, et un dernier bagage, plus petit, contenait ses consoles. Et ils étaient extrêmement lourds. Il avait tenu à les garder avec lui en allant chez le collectionneur, voulant les déposer seulement après avoir récupéré son starter. Grosse erreur.
Le garçon franchit la porte du dortoir avec un sourire triomphant sur le visage, chassant son air de fatigue. Il traversa la salle commune sans même saluer les quelques Voltalis qui s'y trouvaient. Certains semblèrent jeter un rapide coup d’œil dans la direction du garçon, visiblement surpris par la taille de ses valises. Il s'arrêta en plein milieu d'un couloir, contemplant la pièce autour de lui. L'endroit était étonnamment spacieux et lumineux. Cela changeait de sa maison petite et sombre, dans laquelle il n'y avait que peu d'espace. Même s'il ne l'avouerait jamais, Sylvabel était un peu intimidé à l'idée de rencontrer de nouvelles personnes. La dernière fois qu'il avait mit les pieds dans un établissement scolaire, Sylvabel en gardait de très mauvais souvenirs. Mais... il n'était plus à Sinnoh, et il y avait très peu de chances qu'on le connaisse, aussi bien lui que sa famille. Il espérait simplement ne pas recroiser un de ceux avec qui il avait eu des problèmes, il y a longtemps... autrement, il risquait de ne plus sortir de sa chambre.
En parlant de chambre, le jeune homme se mit rapidement à chercher la sienne. L'endroit était incroyablement décontracté, et Sylvabel s'y sentit tout de suite bien. Cela changeait tellement de ce dont il avait l'habitude... Mais épuisé comme il était, pour le moment, le garçon ne prit pas le temps d'observer plus que cela l'endroit. Du peu qu'il avait déjà pu voir, il s'y plaisait déjà, et c'était le principal.
Il avait enfin trouvé sa chambre. Triomphant, crispé par la fatigue, il saisit la poignée et l'ouvrit, mollement. Sa Skitty bondit sur le sol, avant de se mettre à explorer la chambre visiblement vide. Elle était plutôt spacieuse. Un lit se trouvait contre le mur, dans le coin de la pièce, alors qu'un bureau ne possédant qu'une petite lampe se trouvait dans le coin opposé, à sa gauche, contre le mur. Contre le lit se trouvait une petite commode, ce qui suffirait sans doute au garçon pour ranger ses vêtements. Une petite télévision, un grand tapis en laine et quelques étagères... le nécessaire pour vivre. Il installa ses bagages contre la commode, et appuya ses mains contre ses hanches. Il prit une grande inspiration, et souffla. Tant pis pour ses affaires, il voulait dormir pour le moment. Traînant des pieds, le garçon se laissa tomber sur son lit, de tout son long. Il était si fatigué qu'il avait manqué un détail, pourtant le plus flagrant.
Il se réveilla de sa sieste au bout d'une longue heure. Il s'étira, bâillant bruyamment. Il se sentait bien mieux. Ses jambes n'étaient plus douloureuse, il était plus reposé. Il avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis des millénaires. Souriant bêtement, le Voltali se releva, manquant de chuter en déliant ses longues jambes. Il grogna, mais se rattrapa bien vite. Il approcha de ses bagages, ses yeux encore embrumés par le sommeil. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour organiser ses vêtements dans sa commode. Le premier tiroir contenait ses t-shirt, été comme hiver, le second ses pantalons, tous types confondus, et les deux petits du dessus abritaient ses sous-vêtements. Puis, il jeta sur son lit sa valise pleine de livres et de jeux, et la défit soigneusement. Il attrapa un énorme livre, qui semblait plutôt lourd, et le déposa sur sa table de chevet sans le moindre problème. N'importe qui se demanderait comment le gringalet qu'il était faisait pour porter un bouquin de la taille d'une brique. Et Sylvabel répondrait juste qu'il avait l'habitude, et que ce n'était qu'un livre de chevet comme les autres. Il avait calé un marque-page vers la centième. Ce bouquin, qu'il lisait actuellement, se nommait « A la croisée des Pokémondes ». En réalité, c'était une saga de trois tomes, mais ce livre était en réalité une édition spéciale qui regroupait les trois tomes dans leur intégralité, d'où la taille gigantesque du bouquin. Le livre racontait l'histoire de Lisa, une jeune fille vivant dans un monde alternatif du réel, qui était similaire en tout point sauf qu'il possédait quelques particularités ; il y avait des milliers de mondes, comme des dimensions parallèles, dans lesquelles il était possibles de voyager. De plus, chaque humain était lié à un Pokémon particulier qui pouvait prendre diverses formes. La jeune fille voyageait entre les mondes, cherchant à percer un secret mystérieux et ancien.
Sylvabel pivota légèrement sur lui-même, lorsqu'il se retourna pour récupérer ses livres. Mais il se figea. Quelque chose attira son attention. Doucement, il tourna de nouveau la tête, pour faire face... à un mur totalement absent. Oui, il n'y avait plus de mur. Il écarquilla les yeux, bouche entre-ouverte. Comment n'avait-il pas remarqué ce détail auparavant ? Même en étant trop fatigué... Sylvabel était donc le plus grand des boulets que cette Terre ai connu. Il s'avança prudemment, passant la tête au delà de l'arche improvisée qui fut autrefois le mur. Une autre chambre. Qui n'avait strictement rien à voir avec la sienne. Le garçon n'avait pas été prévenu de l'état de la pièce... Il allait s'approcher un peu plus, lorsqu'il entendit un clic signifiant que la porte s'ouvrait.
-E-Euh, bonjour ! Fit-il, se redressant, surprit.
Bravo Sylvabel, si tu voulais pas paraître imposant du haut de ton mètre 95, c'est raté. En plus, ta Skitty a filé dans l'autre chambre...