Le journal d'Anne Franck- La cadette bohème |
Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Retrouver un journal pour une orpheline ? C'était ainsi que l'on traitait les Médecins comme Salomé ? N'importe quoi. C'était tout sauf une mission qui lui était destinée. Mais la perspective de revoir Haru chassa ses a priori. La rousse était déjà là, attendant son partenaire du jour, son fidèle Algernon sur l'épaule et Faulkner à ses pieds qui ne trouvait rien de plus intéressant que de marquer le sol à l'aide de ses griffes. Il faudrait réellement que la demoiselle se penche de plus près sur ses écrits, ou du moins qu'elle s'initie aux bases de la langue des Farfuret si elle souhaitait pouvoir un jour comprendre ce que le double-type écrivait là.
Une tête blonde émergea enfin. Tête blonde accompagnée d'un Roigada habillé tel un humain et plus poli encore que tous les hommes que la rousse avait pu rencontrer. La demoiselle eut un sursaut lorsque le dénommé Charles lui fit un baise-main mais n'oublia pas de saluer son ami pour autant.
— Salut Haru ! Quand je vois que ton Pokemon peut parler maintenant, ça me donne de l'espoir pour le jour où Algernon évoluera enfin ! Enchantée de te rencontrer, Charles !
Non mais il évoluera jamais hein. Faut pas déconner non plus. Je l'aime comme ça, ce petit Picassaut retardé mental et... Okay la narratrice peut reprendre.
L'emplumé, lui, se posa sur la couronne du Roigada pour commencer à picorer la pierre. Une de plus qu'il ne possédait pas ! Qu'elle était belle cette rencontre entre l'handicapé et le surdoué. Rencontre pas forcément au goût de Charles.
— Il risque d'essayer de te voler ta couronne, Charles... Pour sa collection. Sois gentil avec lui, tu veux ? Lui aussi est un peu... naïf.
L'oiseau s'installa sur la dite couronne, la picorant par moments tandis que les étudiants évoquaient banalités et cours puis noms de code et missions secrètes. La Givrali ne comprenait pas bien l'utilité d'un pseudo au vu de cette mission mais soit... Elle réfléchit quelques instants mais l'inspiration semblait l'avoir quittée – comme moi en cet instant – mais peu importait car Haru aurait sûrement des idées pour deux.
— Je te laisse choisir, de toute façon ça va être vite réglé, je sais pas toi mais moi j'ai des choses plus importantes que de courir après des bouts de papier...
Mais elle n'eut pas le temps d'en dire plus que la mystérieuse Carole, haute en couleurs, venait de surgir près d'eux. Elle parlait, parlait, parlait, parlait, parlait. Sans interruption ou presque. Ce fut finalement Haru qui la rassura même si elle semblait toujours aussi paniquée que quelques minutes plus tôt.
— Oui retrouver votre journal devrait pas être bien compliqué... Surtout avec un Roigada surdoué et un Watson sans son Sherlock, oui, mais c'est pas là le plus important... Vous vous souvenez de ce que vous avez fait ces dernières heures ?
— Une pédicure ? Ou une manucure ? C'était peut-être un saut chez le coiffeur, je ne me rappelle plus très bien... Ah mais je sais, je note tout dans mon agenda, ce sera plus simple ! déclara la demoiselle en renversant littéralement le contenu de son sac à main, mais où est-il, hum... Sûrement avec le journal de ma mère, ah oui c'est ça !
Whoah. Cela promettait d'être plus long que prévu.
— Bon... On va commencer par le commencement ; ça ressemble à quoi une de vos journées type ?
— Alors, alors... Je me réveille le matin à 6h ou 6h30, ça dépend des jours en fait, toujours avec une sonnerie de chants de Cornèbre, puis je m'habille, ce matin j'ai hésité avec une jupe à volants mais je n'avais plus aucun chemisier de propre alors finalement...
— Votre première tâche une fois que vous sortez de chez vous ? la coupa la rousse, on va pas faire tout en détails non plus.
— Ma serre ! Oui c'est ça ! Je suis allée voir mes plantes ! De bien belles plantes, vous allez voir, elles devraient vous plaire ! Un amateur du nom de Bob m'en achetait il y a encore quelques mois mais le pauvre ne vient plus...
Bob ?
Il n'y avait qu'un seul Bob familier aux deux enfants. La demoiselle regarda Haru, se demandant si le nom lui évoquerait quelque chose, elle n'oubliait pas que le garçon avait préféré oublier certains souvenirs grâce à l'Hypnomade du trafiquant plutôt que de faire face à la réalité. Un choix que la demoiselle s'était refusée. Elle était d'ailleurs la seule à connaître la vérité au sujet de l'ancien ingénieur son et lumières de la troupe Kiburkilia, tout cela à cause d'une coupure de presse qu'elle avait gardée.
La bénévole les conduisit à sa serre personnelle. La Médecin n'en avait toujours pas une à son nom à l'académie, aussi s'attendait-elle à trouver herbes et baies dans celle-ci. Mais pas exactement. Des lumières artificielles étaient braquées sur des plantes en pot aux feuilles rappelant vaguement celles d'érable mais la ressemblance s'arrêtait là. Une forte odeur se dégageait de la serre qui provoqua quelques maux de tête chez la rousse, maux de tête qui s'estompèrent vite au fur et à mesure que le trio s'avançait dans la serre.
— Whouah... Est-ce que c'est bien légal, tout ça ?
— Bien sûr ! Ce sont juste quelques plantes médicinales pour ma consommation personnelle et pour ceux qui en font la demande ! Mais ceci est notre petit secret, d'accord ? Ne le répétez à personne, c'est mieux.
La demoiselle haussa les épaules et flâna parmi la serre surchauffée où plusieurs ventilateurs immense permettaient à l'air de circuler malgré tout. Son Farfuret près d'elle, elle lui souffla quelques mots d'ordre pour mener à bien sa mission du jour et le Griffacérée s'éloigna, creusant ou cassant les environs dans l'espoir fou de retrouver le mystérieux journal.
— Chacun sa méthode pour retrouver ce carnet, j'ai demandé à Faulkner de retourner toute la serre, s'il est dans le coin, il ne nous échappera pas.
Mais Carole ne se préoccupait plus des paroles de l'étudiante, toute intéressée qu'elle était par ses cultures, les arrosant avec délicatesse et précaution. La Givrali, de son côté, n'était pas sûre de savoir ce qui se tramait ici. Mais elle était bien moins naïve que six mois plus pot, lorsque par incompétence et ignorance elle avait offert de la « farine » (les guillemets font toute la différence) à une troupe professionnelle, causant la mort malgré elle d'une des actrices.
Tout prenait sa source ici.
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Salomé ne put s'empêcher d'abandonner Haru et ses Pokemon pour rejoindre son Farfuret occupé à retourner terre et plantes dans l'espoir fou et vain de mettre la griffe sur ce maudit carnet. La demoiselle observait le carnage que laissait le double-type et ne put s'empêcher de se baisser pour ramasser feuilles et tiges aux pistils bruns. La sève lui collait aux doigts mais elle fourra le tout dans son sac. Tant pis pour le lavage à venir que sa récolte exigerait, elle était bien trop curieuse d'utiliser ces plantes pour sa médecine personnelle pour laisser passer une occasion pareille. Quel mal y avait-il à cela ? Pour Pokemon ou pour humains, elle verrait bien quand elle s'essayerait à transformer ces plantes, elle ne connaissait rien à cette variété mais peut-être Idalienor pourrait-elle lui apporter une aide quelconque ?
Elle s'éloigna finalement, retrouvant Haru en pleine discussion avec deux illuminés à la chevelure aussi longue qu'emmêlée, aux pieds aux sombre que sales et à la langue bien pendue. Eux paraissaient ailleurs, comme absents de cet univers pour en découvrir un autre. Le Mystherbe derrière eux paraissait dans un état similaire à celui de ses dresseurs.
Bien évidemment, Carole n'avait pu s'empêcher de remarquer le saccage provoqué par le Farfuret qui revenait, des feuilles au bout de ses griffes comme seule preuve de son forfait. La rousse les lui ôta discrètement, il n'était pas encore temps de révéler la vérité, les Chenipan en coupables lui plaisait bien plus. Le blondinet n'était pas dupe aussi la rousse mit-elle un index sur sa bouche en lui intimant le silence. Carole n'avait guère besoin de tout savoir.
Les junkies – ouais appelons-les par leur nom – partis, le trio put se mettre en route pour la demeure accolée à la serre. De l'extérieur, cela ne donnait guère envie ; des tuiles s'étaient échouées au sol, les vitres étaient brisées, quelques plantes à l'air pitoyable décoraient l'allée. L'adulte déverrouilla la porte, leur faisant mine d'entrer, la même odeur que celle de la serre les saisit, mais avec en plus un mélange d'humidité. L'intérieur, toutefois, ne put s'empêcher de rappeler la caravane de son arrière-grand-mère à Salomé. Cela ne sentait pas comme chez Granny mais cela y ressemblait vaguement ; des tentures colorées aux attrape-rêve qui pendaient un peu partout au plafond, sans oublier des plumes dispersées ici et là, et quelques bâtons d'encens éteints parés pour chasser les mauvaises odeurs et apporter calme et quiétude.
— Vous êtes aussi une voyante, Carole ?
— Oh non, non, rien de tout ça ! Je suis bien incapable de prédire l'avenir mais mes plantes peuvent vous montrer votre futur... Du moins si vous en consommez. Chose que vous ne ferez pas car vous êtes bien trop jeune pour heu... connaître votre avenir. Dans quatre ans, ça sera le bon moment.
Bien sûr.
La rousse vagabonda entre les pièces, la cuisine se résumait à une simple kitchenette et le salon se composait d'une table basse et d'un canapé avec des tapis aux couleurs vives dispersées au sol, dissimulant le parquet. Impossible d’apercevoir la salle de bains ou la chambre personnelle de Carole, cachées qu'elles étaient derrière une porte fermée. La Médecin se figea dans le salon, son starter avait mis la patte sur un toast potentiellement oublié qu'il s'empressait de picorer. Toast posé sur un piédestal avec une lumière braquée sur ce dernier.
— Arrêtez ce Picassaut ! Ce toast est à l'effigie de notre Sauveur, la Sainte Mystherbe !
L'adulte fut plus rapide, reprenant le bout de pain de mie calciné par endroits et qui, à ses dires, représentait le faciès d'un Mystherbe.
— Là ! Vous voyez ! clama-t-elle en pointant du bout du doigt les détails rappelant le type Plante, si vous vous concentrez dessus suffisamment, vous la verrez, vous aussi !
Mais Salomé avait beau pisser les yeux et se concentrer, elle ne voyait rien d'autre qu'un toast brûlé par endroits. Un sourire illuminait le visage de Carole qui replaça le toast en son socle, non sans l'avoir gratifié d'un baiser et d'une caresse au préalable.
— C'était quand votre dernière réunion pour... ouvrir vos chakras ?
— Oh... Hé bien il y a quelques heures à peine... Mais nous n'étions pas beaucoup, ça se passe toujours en petit comité, c'est plus pratique pour que l'énergie cosmique et le chi circulent entre nous ! On était seulement trois mais... hésita-t-elle pour fixer son regard sur le Roigada et Salomé, si vous insinuez que l'un de mes amis ait pu voler le carnet, vous vous trompez ! Le vol est sévèrement puni par la Sainte Mystherbe.
La demoiselle en avait assez entendu. Elle commença à fouiner dans les environs, soulevant les tapis pour découvrir des amas de poussière dessous et les reposa avec empressement. Algernon faisait de même pour inspecter les hauteurs tandis que Faulkner franchissait les portes sans se soucier de les ouvrir avec la poignée mais en creusant son propre chemin à travers le bois.
— Alors, Sherlock ? Enfin Charles, toujours aussi convaincu par ta déduction ?
Si même un Roigada à l'intelligence illimitée se trompait, difficile de trouver une issue à cette situation.
— Peut-être que... Peut-être que la Sainte Mystherbe pourrait nous guider dans ce dédale de ténèbres pour trouver la lumière ? Le carnet serait alors au bout du chemin... Elle m'est déjà apparue, en pleine séance ou dans mes rêves, peut-être se présentera-t-elle à vous, même si vous avez porté atteinte à son intégrité !
Le regard d'ambre de l'adulte fusillait le type Vol qui était bien plus intéressé par les cailloux trouvés sur les étagères que par d'éventuelles remontrances. Des galets, souvenirs peints des voyages en bord de mer de Carole, étaient tout à son goût. La rousse leva les yeux au ciel face à la proposition de la jeune femme mais une part d'elle avait envie d'essayer. Après tout, le spiritisme et le mystique faisaient partie de son héritage, elle pouvait bien faire honneur à son arrière-grand-mère en se pliant à ce qu'elle prenait comme un jeu. Même si Carole était désespérément sérieuse, c'était à se demander comment l’activiste avait pu être engagée par A2P.
— Ça peut être marrant, oui !
— Allez, allez, tout le monde en cercle, chacun donne la main ou la patte à l'autre et surtout ne brisez jamais, au grand jamais, le cercle !
Salomé se plia aux exigences de la jeune femme, même Algernon et Faulkner étaient revenus pour l'occasion. Le retardé mental ne comprenait pas bien ce qui se tramait ici alors la rousse se contenta d'attraper sa patte gauche tandis que Carole faisait de même avec celle de droite. Le Farfuret s’immisça, ses griffes acérées en guise de main tendue vers Charles et Haru. Le rituel pourrait bientôt commencer.
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Il y avait le silence.
Lourd et pesant tel le cosmos. Vaste comme l’univers. Et étincelant comme Carole qui se mit à gueuler en cet instant, brisant toute harmonie. La rousse sursauta, manquant de lâcher la patte de son oiseau. La séance terminée, Algernon s'envola pour tourner à nouveau autour du toast. Lui n'avait pas lâché l'affaire. Et quitte à se faire insulter, autant en profiter pour dévorer la tête de pain de mie de cette fameuse sainte Mystherbe. Alors il l'arracha et l'engloutit, laissant un trou au milieu de l'offrande divine avant de rejoindre l'épaule de sa dresseuse.
Charles et Watson continuaient leur enquête pendant que Salomé fouillait les environs. Mais aucun bout de papier à première vue. Du moins aucun pouvant être qualifié de carnet confidentiel pouvant mettre un terme ou au contraire raviver le clinfoc opposant Palladium à A2P. Salomé leva les yeux alors que le petit groupe se devait d'aller près de la... décharge. Y a pas à dire, ça permet de visiter les lieux les plus reclus de tout Lansat, cette fichue mission de l'improbable.
Tout aurait pu aller pour le mieux si Haru n'avait pas perdu son Azurill. Maltraitance sur Pokemon, y en a qui vont pas aimer.
— Sérieusement, Haru... ? Tu trouves pas que chercher un carnet dans toute la ville est assez compliqué comme ça ?
Merde il s'est évanoui.
Heureusement que Salomé est Médecin. Bonne vanne.
Pour l'heure, la Givrali s'agenouille pour le secouer dans tous les sens. Parce que c'est ce que ferait tout bon Médecin digne de nom. Et comme si cela ne suffisait pas, elle le gifla. Une empreinte rosée s'imprima sur la chair pâle du blondinet. La demoiselle prit les feuilles cueillies chez Carole, prête à les lui agiter sous le nez mais nul besoin, le blondinet crut bon de s'éveiller après ce traitement de choc.
— On va le retrouver mais si tu t'évanouis encore une fois, ça sera plus long. On a qu'à penser comme ces gens. Ils adorent la sainte Mystherbe ? Ça tombe bien, nous-aussi, à partir de maintenant !
— Il n'est jamais trop tard pour rejoindre le culte de la sainte Mystherbe ! Mais il va vous falloir passer l'initiation et pratiquer le rituel sacré pour être officiellement des nôtres... Vous serez confrontés aux regards de tous les disciples de la sainte Mystherbe, y compris de mes cli... amis. MAIS ATTENTION ! hurla la demoiselle avec les yeux exorbités, certains échouent et meurent dans d'atroces souffrances !
Ah ben ça envoie du rêve cette secte. Idolâtrer un type Plante tout en étant défoncé et en apprivoisant des Cornèbre. Super plan de carrière.
— Nous serons dignes de la sainte Mystherbe.
Oui, Salomé se portait garante pour Haru et ne lui laissait pas le choix. Après tout, s'il avait mieux surveillé son bébé Pokemon, ils n'en seraient pas obligés de s'abaisser à de telles extrémités. Dire qu'elle risquait sa vie pour un Pokemon qui n'était même pas le sien.
— Retournons voir Paukaahountasse, c'est à elle qu'incombe la tâche de faire de vous des initiés.
Le retour à la décharge et les retrouvailles avec les odeurs de poisson pourri, de chaussures usées et de détritus en tous genres. En soit, le paradis sur terre. Les immondices formaient dunes et vallées dans lesquelles le groupe vagabondait. La demeure bancale ou plutôt le taudis bien en vue tandis que chacun menaçait de s'enfoncer pour se noyer dans cette mer de déchets, Carole toqua une nouvelle fois à la porte qui ne tenait qu'à peine.
— Encore vous ! Mon avertissement ne vous a pas suffi ? Vous en redemandez !
Les Cornèbre croassèrent, vrillant les tympans des jeunes gens. Carole tremblait presque devant le courroux futur de l'élue. Mais elle parvint à se ressaisir et à murmurer finalement :
— Paukaahountasse, ces impies souhaitent emprunter la voie de la sainte Mystherbe... Tu les as jugés il y a quelques minutes à peine mais ne vois-tu pas la lumière briller en chacun d'eux ? Ne sens-tu pas la mire et l'encens imprégner leurs âmes ? Moi, si ! Ce serait un crime pire encore de les laisser dans les ténèbres !
La vieille femme se gratta le menton surmontée d'un bouton déjà percé maintes fois. Ses yeux sombres allaient tour à tour sur chacun des étudiants avant de soupirer et de lever les bras au ciel, comme résignée face à ces paroles sensées.
— Soit. Je vais réunir nos fidèles pour la cérémonie de tout à l'heure. Volez, fidèles émissaires ! Volez et ramenez nos initiés !
Les Cornèbre s'envolèrent, une dizaine environ, un seul resta sur son perchoir, observant les individus pour faire entendre sa voix. La vieillarde lui intima le silence d'un geste pendant que Salomé s'était baissée pour murmurer à l'oreille du Roigada :
— Si ta première théorie est la bonne, on pourra vérifier si l'un des amis de Carole a bel et bien volé son journal...
— Pas de messes basses dans ma demeure ! cingla la vieillarde en jetant une louche sur Charles, la sainte Mystherbe ne tolère pas les secrets !
La Givrali eut un regard désolé pour ses Pokemon, entre son Farfuret dépité à l'idée de ne pouvoir fouiller les lieux comme à son habitude et le Picassaut qui cherchait quelque chose à picorer, elle se demandait quand surviendrait la fureur de Paukaahountasse avec pareils Pokemon.
— Vous pouvez vous asseoir. Après tout, peut-être êtes-vous en train de vivre vos derniers instants alors savourez-les bien.
La vieille ne put se départir d'un rire sinistre et tonitruant qui se prolongea de longues secondes. Cela faisait froid dans le dos bien que les températures étaient clémentes pour ce printemps. Des livres se chevauchaient du sol aux étagères, des ustensiles de cuisine étaient dispersés dans la demeure, comme témoignages des fureurs passées de Paukaahountasse pour ordonner silence et calme, de l'encens brûlait comme dans la demeure de Carole, les attrape-rêve, eux, étaient mités, et des objets recyclés représentaient des sculptures incompréhensibles et méconnaissables. Du moins c'était ce que supposait Salomé mais l'art ne l'avait jamais réellement intéressée.
Elle prit place finalement sur un coussin avec différentes broderies où elle put lire l'inscription suivante : « La vie est un cône. »
Elle se demandait bien qui pouvait avoir pensé pareille connerie.
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Ah parce qu'en plus les Cornèbre croient bon de détrousser nos héros ? Alors non, non, non et encore non. Salomé toute gentille dépose au sol une offrande formidable, quelques pièces rouges sans valeur, même pas assez pour se payer un café au distributeur le plus proche. Pas de chance pour elle, le type Vol, après avoir plumé Haru de son bracelet, s'en prit au collier que la rousse arborait fièrement, souvenir de sa précédente et unique mission spécialisée dans le désert Délassant. Au bout de la chaînette en argent pendait un flacon rempli de sable à l'odeur de cannelle et à la couleur similaire. La demoiselle fronça les sourcils. Elle récupérerait son bien, c'était une certitude. Peut-être aussi celui de Haru si l'occasion se présentait. Ah et le journal, c'était la raison première de leur présence ici maintenant qu'Aster était au chaud dans sa pokéball.
Mais Faulkner comprenait parfaitement sa dresseuse sans que celle-ci n'ait besoin d'élever la voix. En vérité, il faisait un peu ce qui le chantait et en cet instant l'idée de voler dans les plumes d'un Cornèbre lui plaisait un peu trop. La perspective de remplacer ses plumes rouges par d'autres, noires, le subjuguait et il ne quittait plus des yeux les Cornèbre voleurs.
— QUE LE RITUEL COMMENCE !
C'est maintenant qu'ils sont censé peut-être crever si j'ai bien tout suivi, c'est ça ? Ça manque de pop-corn dans le coin, histoire d'assister à la mort de ces deux-là. C'est qu'il y a un quota à remplir par mission, personne n'a jamais précisé que les personnages principaux étaient exemptés de tous risques.
— LE CERCLE DE PLUMES !
Aussitôt, les Cornèbre s'envolèrent. Dix au total, conformément au nombre de personnes entourant les deux initiés paniqués.
Ah non neuf.
Faulkner avait mis la patte sur un des oiseaux, faisant étinceler ses griffes pour le scalper au mieux. Mais la bête lui donnait du fil à retordre, peu désireux de perdre son plumage.
— Que quelqu'un fasse sortir ce nuisible ! Le cercle de plumes est incomplet ! Allez, allez, dépêchez !
Les deux junkies précédemment rencontrés se levèrent, déterminés à obéir à leur élue. Le double-type s'élança pour dire adieu aux quatre bras qui tentaient de le saisir et finalement se ramasser aux pieds de sa dresseuse légitime. Quelques plumes étaient entravés sous ses lames jumelles mais la sienne restait toujours rouge au bord de son oreille.
Dos à Haru, Salomé en profita pour lui murmurer quelques mots. Plus qu'à espérer que ce fichu journal ne soit pas en la possession d'un de ces cinglés sans quoi leur mission serait plus ardue que prévue.
Si seulement Charles et Watson avaient eu le temps de faire les poches de tous ceux rassemblés ici.
— Tu as récupéré Aster, ça te va si on file sans devenir initié ? J'ai pas suffisamment la foi pour croire en leur sainte Mystherbe, je reviendrai peut-être le jour où ils préféreront idolâtrer les Picassaut ou les Farfuret.
Les deux intéressés levèrent la tête. Une religion en leur nom et pourquoi pas ? Après tout, cela devait bien exister quelque part.
Soudainement, le corps de Paukaahountasse fut pris de tremblements. Ses yeux plus exorbités et blancs que jamais, elle tomba au sol à genoux, buste droit, bras relâchés. Le monde parut se figer auprès d'elle, ses croyants firent de même, se prosternant et se redressant, paraissant prier tandis que les deux étudiants étaient toujours debout, observant ce qui se tramait là. La Givrali était perplexe, elle le fut encore plus lorsqu'une longue plainte s'éleva depuis la gorge de la vieillarde. Cela lui vrilla les tympans mais cela ne dura que trois secondes à peine.
Oui, elle est toujours vivante, toujours pas de mort à l'horizon.
— Sœurs, frères, la Sainte mystherbe a communié avec moi... Et elle m'a dit... Elle m'a dit... Que ces enfants n'étaient pas dignes de son héritage et avaient bafoué ses lois par le passé !
Fallait bien que ça leur pète à la gueule un de ces quatre d'avoir mis fin aux jours des Joliflor des triplettes l'été dernier. À tous les coups, ces types Plante étaient de la même famille et bonjour la galère. À Alola pourrait-on bientôt lire ci-gisent les tantes de la sainte Mystherbe.
— Les enfants... Qu'avez-vous fait... ?
Carole paraissait profondément désolée. Elle quitta sa position assise pour se retrouver sur ses jambes, plus dépitée que jamais. Elle fit quelques pas, posant une main réconfortante sur l'épaule de Haru, un sourire triste peignait son visage.
Et sinon on en parle du journal ?
— N'importe quoi ! Vous trouverez pas plus innocent au monde que Haru ! Incapable de faire du mal à un pissenlit ! râla la Givrali, et moi je sauve des vies, y a pas plus intègre que ça, alors votre sainte Mystherbe, elle vous a raconté n'importe quoi ou alors c'est vous qui avez mal compris !
L'adulte soupira. Tout ceci empirait. Beaucoup, beaucoup trop à son goût. Et elle ne pouvait rien faire pour empêcher le carnage qui risquait de leur sauter à la gueule à tout moment.
— Vous osez insinuer que je ne sais pas interpréter les paroles de la sainte Mystherbe, notre sauveuse ! Je comprends mieux pourquoi Elle vous a renié !
La majuscule, c'est vraiment nécessaire ? C'est pas Dieu non plus. Ah ça l'est pour eux tous ? Okay je ne dis plus rien alors.
Il fallait reconnaître que la défense de Salomé était bancale, tout comme son attaque, suicidaire. De toute façon, elle souhaitait filer loin d'ici. Avec ou sans journal.
Force est de constater que personne n'est mort le temps de ce poste. Mais cela ne continuera pas toujours ainsi, je peux vous le certifier. Alors fuyez pendant qu'aucun drame n'est survenu. Après, ce sera trop tard pour vous, comme pour nos héros. (En vrai j'en sais rien, alors faîtes ce que vous voulez, je suis là juste pour prévenir, pas plus, croyez pas que je suis devin non plus.)
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Fuyez pauvres fous. Quelle idée de revenir, vraiment. Croyez pas que ça va s'arranger, en plus avec Haru qui a cru bon de remettre la vie de la vieille entre les mains de Salomé, c'est déjà la fin pour elle. De l'espoir, vraiment ? Optimistes que vous êtes. Bon, voyons ça d'un peu plus près. Mais n'allez pas dire que je ne vous ai pas prévenu, je fais bien mon job, moi, contrairement à une certaine Givrali.
Cela sentait mauvais pour eux tous. Même Carole les avait rejoints au rang des attachés, les pantins manipulés leur passait les cordes aux mains sans se soucier des cris de protestation de la rousse qui s'agitait et grognait presque. Elle allait finir par leur cracher en pleine face s'ils continuaient à l'agacer à ce point. Heureusement, elle parvint à se contrôler mais sa peau frôlait les liens rêches qui lui laissaient quelques rougeurs. Le nœud était suffisamment serré pour éviter toute fuite. La demoiselle cessa de remuer, observant les deux types Psy qui leur faisaient face.
Elle était trop jeune pour rejoindre les rangs de la sainte Mystherbe.
Elle était trop jeune tout court.
Et où étaient Algernon et Faulkner lorsque l'on avait besoin d'eux ?
Heureusement que Charles était là, lui et sa science infuse prête à être servie sur un plateau d'argent. Dommage que le timing ne soit pas parfait, à cinq minutes près, ces informations auraient pu leur sauver la vie, ou du moins leur mémoire. Mais Watson entra en scène, plus armé que jamais, telle une Raiponce en détresse sans son Pascal, assenant un coup de poêle bien placé sur la vieillarde qui tomba au sol, inerte. Le Farfuret prit la relève, surgissant de nulle part pour trancher les liens et lorgner le journal que le Roigada tenait en main.
Cela lui rappelait le jour de sa naissance et sa rencontre avec son alter ego, ce livre dont il tirait son nom. Ou plutôt l'auteur du livre.
La situation exigeait une urgence et Salomé était là. Pas sûr que cela change grand chose. Entre elle et ses méthodes pour réveiller les gens à grands coups de gifles, il y avait plus thérapeutique et doux comme réveil. Au moins ne pourrait-elle pas blesser davantage une morte.
— Je suis médecin mais je ne sais pas faire des miracles, s'écria la rousse près de la morte, si son cœur ne bat plus, je ne peux rien faire !
Mais tous comptaient sur elle.
À genoux, la rousse commença à pratiquer un massage cardiaque sans grand espoir de réussite toutefois. Le temps était avec elle, elle s'était jetée sur la victime sitôt cette dernière ayant perdu connaissance. Mais en cours, elle s'entraînait sur des mannequins uniquement, c'était la première fois qu'elle pratiquait sur un sujet vivant. Ou mort, selon le point de vue.
Une minute s'écoula sans grand changement si ce n'est que la demoiselle continuait de s'appliquer dans ses points de pression. Paukaahountasse paraissait toujours aussi morte. Sans souffle de vie, sans paupières levées, juste son corps inerte que l'on pourrait bientôt traiter de cadavre. Mais la Givrali n'abandonnait pas, persévérante qu'elle était.
Deux minutes.
C'était maintenant ou jamais.
Mais sans un coup de pouce supplémentaire, tout cela était inutile.
— Haru ! Si tu as un Pokemon Electrique, appelle-le. Je vais en avoir besoin.
La blondinet s'exécuta, faisant apparaître un Dédenne. Petit mais suffisant. C'était de la folie ce qu'elle tentait là mais elle était certaine que cela pourrait fonctionner. Sans défibrillateur, c'était la seule solution à tenter.
— Lance un Eclair au niveau du thorax de cette femme !
Le Pokemon orangé hésita un instant avant de finalement s'exécuter. Oui les humains avaient de drôles d'idées mais c'était ainsi. Le fuseau électrique partit droit sur la cible, l'inondant de courant jusqu'à ce que Salomé n'ordonne à l'animal de s'arrêter. Ce serait suffisant. Plus ne servirait à rien, après tout, peut-être était-il déjà trop tard.
Le temps paraissait s'étirer. Si cela avait dû fonctionner, elle se serait déjà éveillée, non ? Pourquoi est-ce que ses cours ne la poussait jamais en situation réelle comme celle-là ? Ce serait bien plus intéressant que de faire des parcours du combattant menotté, et bien plus utile !
Mais le miracle avait eu lieu. Paukaahountasse inspira profondément, ouvrant ses deux yeux précédemment clos et les posant sur toutes les têtes penchées près d'elle. La rousse poussa tout le monde à reculer pour que la victime puisse enfin respirer et finalement reprendre goût à la vie. Elle paraissait un peu perturbée mais qui ne le serait pas après un séjour dans l'autre monde, même pour trois minutes ?
— Mais... Qui êtes-vous ?
Bonne ou mauvaise chose, une Paukaahountasse amnésique ? Ce serait des soucis en moins dans l'immédiat. Salomé se dirigea vers Carole inquiète malgré ce que la vieille lui avait fait subir. Cette jeune femme avait véritablement un bon fond.
— Effets secondaires, je promets pas qu'elle retrouvera la mémoire, peut-être que oui, peut-être que non.
Après tout, Paukaahountasse est la première personne que Salomé a ramené d'entre les morts. Qu'il est beau de voir qu'elle est capable d'être une Médecin aussi douée qu'Idalienor, voire plus. Ce serait à lui raconter, sûr.
La gitane aida l'escroc à se remettre sur pieds pour l'amener vers le tas de coussins et l'asseoir, la laissant seule avec ses pensées. Il n'y aurait plus de sainte Mystherbe avant un long moment.
Alors la rousse baissa les yeux pour contempler les feuilles qui jonchaient le sol. Des feuilles quadrillées à l'écriture fine. Des feuilles dispersées qui traçaient un chemin.
Non.
Mais elle connaissait déjà la suite.
— FAULKNER !
L'interpellé se retourna, le carnet plié entre ses griffes comme symbole de son forfait. Il avait recommencé. Comme au premier jour du reste de sa vie. La rousse se laissa tomber au sol, les pages entre ses mains. Pas possible. Certaines étaient intactes, d'autres en morceaux et formaient des puzzles impossible à reconstruire.
— C'est fini, Haru... Carole, je suis désolée pour le journal de votre mère... Vraiment...
L'adulte se mit à la hauteur de l'adolescente, observant de plus près les feuilles encore intactes. Elle en sortit une paire de lunettes qu'elle posa sur son nez, tout cela lui faisait paraître quelques années de plus.
— Cookies aux trois chocolats : concasser grossièrement le chocolat, préchauffer le four à 180° puis ajouter dans un saladier... lut Carole, ce n'est pas le journal de ma mère mais mon carnet de recettes ! Moi qui me demandais où il était passé ! Merci beaucoup les enfants, je vais pouvoir faire à nouveau des space cakes !
Des quoi ?
Ce n'était guère le moment. Mais la rousse ignorait si elle était soulagée que ce journal ne soit pas le bon ou si elle était inquiète ; la traque continuait. Si en quelques heures à peine le trio avait risqué sa vie, difficile d'imaginer ce que la suite leur réservait.
Oui, c'est ma recette de cookies officielle que possède Carole. Quelle chanceuse !
Le journal d'Anne Franck- La cadette bohème |
Rien à foutre du carnet retrouvé, les voilà maudits pour l'éternité, et leurs générations futures avec.
D'ordinaire, c'était Salomé qui jetait des malédictions. Et ça marchait car elle mettait tout en œuvre pour. Puis il y avait les gens comme son arrière-grand-mère, nul besoin d'aider le mauvais œil, il suffisait de le jeter pour être, tout simplement. La rousse ignorait à quelle catégorie appartenait Paukaahountasse mais il serait dommage de prendre le moindre risque. La demoiselle avait vu Granny à l’œuvre pour dire adieu aux mauvais sorts, il lui fallait juste l'imiter. Parce qu'il y avait des choses que l'on ne pouvait pas tout simplement ignorer et faire comme si de rien n'était.
Il lui fallait de l'eau.
— Faulkner, balance un Pistolet à O sur Haru. Maintenant !
Le double-type hésita. C'est qu'il ne connaissait pas cette attaque mais sa dresseuse n'avait pas l'air d'être bien au courant de ce qu'il savait faire ou non. Le Griffacérée jeta un coup d’œil alerte à Algernon, en quête d'aide et de réconfort, mais le Picassaut se contenta de lever les yeux au ciel, lui n'avait pas oublié un certain combat cet été, ce même combat où il avait dû improviser une attaque Jet de Sable.
Cela recommençait.
Mais s'il fallait seulement un peu d'eau pour contenter sa dresseuse, il y avait moyen de faire quelque chose de potable.
Le Farfuret s'avança vers Haru, yeux fixés sur sa cible, et crut bon de lui cracher en pleine figure. Cela restait de l'eau, même si c'était là de la salive de Farfuret qui siégeait entre les deux yeux du blondinet. Bien visé, Faulkner.
Mais Salomé se grattait le menton, perplexe, il lui semblait avoir oublié quelque chose pour imiter son arrière-grand-mère. Et fixer le mollard dégoûtant éperdu sur la face de Haru ne l'aidait pas à réfléchir pourtant il y avait un côté hypnotisant là-dedans.
Enfin, elle s'écria :
— Faut recommencer. C'est de l'eau bénite, qu'il faut.
Tant pis pour l'eau bénite, tant pis pour la malédiction, tant pis pour tout, la priorité restait le carnet, même retrouvé. Salomé était curieuse à l'idée de parcourir ce fameux journal mais pas sûr que fouiller dedans en présence de sa propriétaire légitime soit réellement possible. Dommage.
— Je vous en donnerai une fois rentrés, si vous voulez, mais avant, je peux avoir le journal de ma mère ? C'est que j'aimerais y jeter un coup d'oeil, qui sait ? Peut-être ma mère y a-t-elle laissé des conseils pour m'aider au mieux avec ma serre en plus d'informations sur Palladium ? C'est qu'elle avait plein de trucs et astuces pour la vie de tous les jours, ça serait tout à fait possible !
Non Salomé, ne donne surtout pas ce journal, sinon voilà ce qui va se passer...
(Casse-toi, Renard.)
— Oui bien sûr... Mais avant, j'aimerais vous demander un service... Je connais un Pokemon qui aurait grand besoin des interventions d'A2P... Un Poichigeon qui ne sait plus voler à cause des mauvais traitements de son dresseur... Regardez donc, j'ai tout filmé, fit la demoiselle en sortant son iPok et en lançant la courte vidéo de dix secondes à peine où le pigeon tentait tant bien que mal de s'envoler mais en vain, vous avouerez qu'un Pokemon Vol qui ne vole pas, c'est pas banal. Alors si vous pouviez faire quelque chose pour ce pauvre Poichigeon et peut-être remettre son dresseur dans le droit chemin, ce serait parfait.
Le journal à portée de griffes du Farfuret, la demoiselle attendait. Elle ignorait si ce chantage était de trop mais mieux valait ne prendre aucun risque.
— Oh... Hé bien, je pourrai le signaler de manière à ce que des « bénévoles » d'A2P aillent « saluer » ce dresseur. Il ne sera pas dit que Carole Franck a laissé un pauvre Poichigeon dans le besoin !
Les guillemets font toute la différence. Oui, elle les a notifiés avec ses doigts à chaque fois. Libre à chacun de lire ce que bon lui semble.
Le journal changea de main. Intact. Sans Farfuret pour le mettre en morceaux même si le Farfuret en question le regardait avec envie. Sans Paukaahountasse pour hypnotiser qui que ce soit, sans Pokemon Psy prêts pour faire un lavage de cerveaux, sans rien de traumatisant et de périlleux en somme.
— C'est un élève de l'académie, Logan Atkinson. Faîtes attention cependant, il peut se montrer... Violent. N'est-ce pas, Haru ?
Malaise et gêne, bonjour.
Mais la rousse n'attendit pas la réponse du Phyllali et lui glissa quelques mots à l'oreille :
— Ne t'inquiète pas, Logan n'a pas fini de payer pour ce qu'il nous a fait.
Et merde.
C'est pas bientôt fini, ces conneries ?
Événement Une bonne demi-heure après avoir commencé à feuilleter le journal, Carole paraît furieuse. Elle lance toutes sortes d'injures concernant l'association écologique, et s'apprête même à déchirer le carnet ! Seule une intervention de votre part permet de l'en empêcher. Effondrée, la demoiselle ne pipe plus mot, tandis que vous vous retrouvez avec le journal dans les mains... Visiblement rien, à part votre conscience professionnel, ne peut vous empêcher de l'ouvrir et de le feuilleter. Vous savez également que les informations qu'il contient sont confidentiels, et que beaucoup se l’arracherait... Actions possibles 1) Le détruire. 2) Donner le carnet à l'un des camps. 3) Révéler ses informations au public. Vous pouvez choisir de lire le carnet avant de faire un choix, ou même après. Dans tous les cas, envoyez un mp à Potiron pour signaler votre décision. Pour rappel, vous pouvez rp la prise de décision. |
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Ils auraient mieux fait de garder ce maudit carnet pour eux si c'était pour voir Carole dans un état pareil. Elle semblait à deux doigts de le déchirer en mille morceaux tant elle était frustrée des mots qui s'imposaient à elle. Elle était loin la Carole du début de journée, celle-là même qui cultivait des plantes plus ou moins légales dans sa serre, celle-là qui croyait en la Sainte Mystherbe et qui aurait pu tout donner à une gourou aussi étrange que flippante. Haru reprit le carnet des mains de la jeune femme, le laissant ainsi en sécurité même si la curiosité et l'envie semblaient le dévorer.
Il ne perdit pas de temps et le parcourut du regard avant d'être vite interrompu par le Viskuse peu enclin à laisser de pareils secrets entre les mains de son dresseur. Mais le mal était fait. Et voilà que le Phyllali tendait la source de tous les secrets à Salomé. La rousse hésita quelque peu – cinq secondes à tout casser – avant de le feuilleter à son tour.
Etait-ce la présence de tous les repas journaliers passés de sa mère qui avait mis Carole dans cet état ? Après tout, il était dit que Anne se nourrissait de viande, chose impensable pour une végétarienne telle que sa fille. À moins qu'il ne s'agisse de ces résumés de lecture bancales et approximatifs ? Une horreur pour tout être appréciant l'ordre et la rigueur. Sans parler de ces citations incomplètes dont la source était absente, tout comme les guillemets, il est vrai.
Tout n'était que chaos au fil des pages.
Et puis... Là.
C'était là.
Et c'était vraiment trop horrible.
Inimaginable.
Pourtant Salomé avait beau lire et relire les lignes, rien ne changeait. Elle ignorait si c'était vrai ou non mais elle comprenait un peu mieux le basculement de Carole et ses injures.
Mais peut-être y avait-il méprise. Peut-être l'adulte imaginait-elle le pire. Après tout, ce n'était que de l'encre sur du papier, cela ne prouvait rien.
La Givrali referma le journal et avec lui tous ses secrets – t'as vraiment cru que j'allais en dire plus, petit stalker ? Mais il était l'heure de prendre une décision. La demoiselle s'approcha de Carole, c'était de sa responsabilité mais elle paraissait encore trop émue par le contenu pour opter pour un acte sensé. Salomé observa Haru, visiblement aussi paumé qu'elle.
— On est censé faire quoi, maintenant ?
Bonne question.
Le Farfuret s'approcha, comme désireux de se rendre utile. C'était une solution comme une autre mais était-ce réellement la plus intelligente ? Il ne fallait en aucun cas que Palladium tombe là-dessus, c'était une arme trop puissante à utiliser contre A2P. Céder le journal à l'association était tout aussi subtil mais dangereux ; et si le journal venait à être volé par la suite ? Et si tout était découvert ? Hors de question de se brouiller avec A2P alors que la rousse venait tout juste d'obtenir un accord avec Carole. Accord qui paraissait compromis au vu de son état actuel.
— Si on le détruit, y aura plus de preuve, plus rien. Vous en pensez quoi, Carole ?
Mais Carole garda le silence, se contentant d'articuler injures et insultes entre deux moments. Non, elle ne leur serait d'aucune aide dans l'immédiat. Et c'était bien dommage.
— Je crois que c'est la meilleure chose à faire, au moins on ne sera que trois à connaître le secret... Moi je ne dirai rien, je connais Haru et lui-aussi se taira. Donc ça vous va ?
Toujours rien si ce n'est le silence.
La demoiselle eut un regard pour le blondinet qui opina de la tête, apparemment d'accord avec ses paroles. Alors Salomé tendit le journal à Faulkner qui hésita d'abord, c'est qu'il passait sa vie à se faire engueuler dès qu'il détruisait et voilà qu'on lui demandait sciemment de faire ce qu'il faisait de mieux ; tâter de ses griffes contre le papier. Sa dresseuse lui fit signe qu'il pouvait se lâcher alors il attrapa prudemment le précieux qu'il soupesa entre ses mains avant de finalement se laisser aller à une furie destructrice contre les mots et les lignes.
Tout retombait en un nuage de confettis hypnotisant.
Événement Les informations que ce carnet contient pourraient bouleverser l'ordre des choses. Et peut-être pas de la façon que vous désirez... L'une des meilleurs solutions consiste à s'en débarrasser, et faire en sortes que plus personne ne puisse le lire. Carole se contentera de se muer en un silence abattu. Jamais elle ne remettra en cause votre décision, et signalera simplement à A2P que cette quête du journal n'a "plus lieu d'être". Ces derniers vous remercieront malgré tout pour l'aide apportée, avant de vous autoriser à prendre congé. Gain Vous perdez 2 points en Progressisme, 1 point en Neutre, et gagnez 3 points de Préservation. |
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Le meilleur détective, c'est et ça restera Algernon.
Fin du débat.
Donc cette mission est sur le point de s'achever sans aucun mort ? La malédiction nouvelle de Paukaahountasse avait-elle brisé l'ancienne qui leur collait un peu trop à la peau ? Il était trop tôt pour affirmer quoi que ce soit, le mystère resterait entier, du moins jusqu'à ce que le fameux duo composé de Haru et Salomé n'arpente à nouveau le monde pour rendre service au plus grand nombre.
— Je sais pas trop... répondit la demoiselle en chuchotant, je suis clairement du côté d'A2P mais avec ce qu'on a découvert, j'en viens presque à me demander si Palladium est bel et bien le méchant de l'histoire, comme on essaye de nous faire croire.
Ah si seulement le journal avait été plus loquace en informations précieuses plutôt qu'en anecdotes – dignes du niveau des anacdiotes – tout aurait pu être différent. Mais il leur faudrait se contenter du peu qu'ils avaient débusqué, et ce peu avait suffisamment perturbé Carole pour inquiéter Salomé. Serait-elle en mesure d'honorer sa part du contrat pour rendre la vie impossible à Logan comme prévu ? Difficile à croire en cet instant. Il lui faudrait du temps pour digérer cette information, du temps encore pour mettre une équipe de bénévoles sur le dos du Voltali. Alors il n'y avait plus qu'à se montrer patient.
Les étudiants quittèrent une Carole plus déboussolée que jamais. Heureusement qu'il lui restait sa serre pour se consoler, même si la vérité quant à son client fidèle et privilégié, Bob, ne s'était toujours pas échappée de la bouche de la gitane. D'ailleurs, elle n'oubliait pas l'échantillon prélevé auprès des cultures plus tôt dans la journée et n'avait qu'une hâte ; la préparer en herbe médicinale pour vérifier les dires de l'adulte.
Le blondinet lui présenta alors une CT à l'utilisation unique en guise de cadeau pour Faulkner. Ce dernier observait avec envie le disque qu'il souahaitait s'approprier mais la demoiselle prit entre ses mains le précieux. Il était vraiment trop gâté celui-là, il lui faudrait un jour faire de même avec tous ses Pokemon, certains n'avaient toujours pas appris la moindre CT !
Le starter posa son bec sur le disque, le picorant légèrement avant de s'envoler pour retourner se percher sur son épaule ; il faut croire que ce n'était pas à son goût.
— Oh merci Haru mais je ne sais pas si Faulkner mérite un tel cadeau, après tout, il a massacré le livre de recettes de Carole et je ne pense pas qu'apprendre Laser Glace le dissuadera de continuer de s'entraîner à Pistolet à O, sur toi ou d'autres victimes...
Mais comment résister face au regard plaintif et adorable du double-type ? La rousse céda, lui tendant la disquette sur laquelle il posa l'une de ses pattes, paraissant se concentrer pour en apprendre et découvrir le contenu avant de laisser le disque usagé retombait au sol, le voyant se briser en deux. Heureusement qu'il s'agissait de la dernière utilisation.
— Tu peux dire merci à Haru !
Mais le Griffacérée bondissait partout, apparemment en quête d'une cible pour tester sa nouvelle attaque, ne tenant plus en place. Ce serait Erika qui allait être contente de voir le sauvageon revenir encore plus puissant qu'auparavant.
Le Roigada, toujours aussi poli et galant, fit un baise-main à la demoiselle. Cette dernière fouilla dans sa poche pour lui tendre une CT différente de la précédente bien que de type Glace encore :
— Tiens Charles-Edouard, tu n'es peut-être pas le meilleur détective pour Haru mais voilà un lot de consolation si tu veux ; la CT Grêle, il m'en reste encore alors autant que quelqu'un en profite !
Le Pokemon posa sa patte élégante sur la disquette et se concentra, le même processus qu'avec le Farfuret paraissait se répéter mais soldé par une révérence par l'heureux élu cette fois-ci.
Les deux enfants se séparèrent, chacun avec un Pokemon plus fort que précédemment. La rousse ignorait encore ce qu'elle allait faire du reste de sa journée mais avec un Farfuret maintenant capable de cracher de la glace, elle finirait bien par trouver quelque chose d'intéressant.HRP :Don d'une utilisation de Grêle au Roigada de Haru
Commentaire global Sherlock Haru et un Roigada Watson...ou l'inverse? Ça promet pour la suite et effectivement, j'avais raison de redouter ce qui allait venir. Déjà, je pense qu'Haru est affecté de la maladie du ''nom de code''...et qu'il va finir par contaminer toute l'académie! Le premier contact avec Carole est...ce qu'il est, dirons-nous. Stressé la madame et quand on voit les zigotos qui viennent l'adieu, on se dit qu'elle a pas tort. Quand à ce qui suit...Le retour de Bob! Ça aurait fait un super titre de mission. Ici, on a une Salomé plus sérieuse et qui prend les choses en main d'office, malgré la mémoire de gruyère de votre cliente. Nous voilà donc dans le monde merveilleux de la Droooooooogue (ouais, j'dis le mot, faudra vous y faire) et entre les junkies et la fumée qui emplit les lieux, je me demande qui provoque le plus d'hallucinations. Vient ensuite le rituel et là, mes soupçons se confirment : si les personnages n'ont pas pris de drogues, leurs narrateurs l'ont sûrement fait! Après la drogue, les sectes d'illuminés...je crois qu'on a perdu de vue le journal, mais l'initiation ne se déroule pas exactement comme prévue et nous voilà reparti sur de bons rails! ...J'ai rien dit, c'est toujours la folie furieuse. La révélation est un bon plot twist et après, ça s'enchaine à toute vitesse, amenant notre Salomé à jouer les médecins de fortune pour défibriller une pauvre vieille à grand coup de Dedenne (j'aurais jamais cru prononcer cette phrase un jour). On a ensuite une fausse destruction du journal (à laquelle j'ai un peu cru, j'avoue avant que vous ne révéliez la vérité...PAS LA RECETTE DES COOKIES, MONSTRE!) La découverte du véritable journal puis sa destruction s’enchaînent assez bien (même si son contenu nous restera à jamais inconnu. Et même si je comprends les raisons, la logique de la situation s'en ressent un peu) mais après tout le coté déluré de la mission, la rupture est assez..nette? Pour le coup, je suis donc à la fois content et perturbé : c'est un véritable ascenseur cette mission, on alterne entre le WTF le plus totale, les références passées hyper sombres, la drogue, les méchants de Sailor Moon et les informations mystérieuses et parcellaires. Autant les actions sont assez faciles à suivre, autant les lieux où elles se déroulent et les déplacements du groupe de zigotos sont bien plus chaotiques. Petite mention pour Haru : tu fais moins de fautes qu'avant, mais les tournures de phrases sont parfois un peu difficiles à suivre à cause des répétitions. Ça s'améliore de plus en plus donc continue! ■■■■□ - Quatre étoiles, c'est génial ! Vous vous êtes vraiment appliqués et montrés originaux dans l'écriture et dans le déroulement ! Vous recevez 160 jetons et 40 expériences supplémentaire ! |
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