Dortoir Givrali 14 juin 2018 |
Salomé reposa son iPok en soupirant. Elle se demandait si tout ceci était bien réel et si elle s'apprêtait à aller dans sa salle commune pour retrouver Ana et l'entendre gueuler à propos de Logan. Gueuler ou pleurer, elle n'en savait rien mais la Mentali serait bel et bien là, déterminée à parler de son ex et de ce qu'il lui avait fait. La demoiselle aurait pu créer un Bingo pour le remplir en fonction des créations du géant mais elle n'avait guère le temps.
Algernon parut percevoir la tension dans l'air, se posant près de son épaule pour piaffer légèrement. Les doigts de sa dresseuse s'égarèrent sur son plumage désormais redevenu aussi beau et lisse qu'avant cette nuit maudite où tout avait basculé. Et voilà que la Mentali ignorait tout des accès d'humeurs du Scientifique sur un handicapé mental. Qu'ignorait-elle donc encore ? La rousse aurait tout le loisir de le découvrir lors de cette discussion. Elle jeta un coup d’œil à l'horloge murale de Erika, elle eut du mal à lire l'heure avec toutes ces paillettes et ces couleurs pétantes mais sa rétine finit par s'habituer pour se rendre compte qu'il était temps d'attendre la demoiselle au point de rendez-vous.
Elle était pieds nus pour errer dans son dortoir mais elle s'en fichait. Une robe bohémienne noire avec des fleurs rouges lui coulait jusqu'aux genoux tandis que son starter siégeait sur son épaule droite. Ipok en main, au cas où, la rousse se dirigeait vers la salle commune qu'elle couva du regard avant de se choisir une place dans le fond. Fort heureusement, les Givrali avaient eu la bonne idée de déserter l'intérieur, préférant sûrement profiter du beau temps estival, beau temps qui n'était plus qu'un souvenir au vu de l'orage qui explosait depuis plusieurs heures déjà. Certaines avaient dû se faire surprendre par l'orage, nul doute que cela se remplirait à nouveau avec le temps.
— Je te jure que j'avais l'intention de ne plus m'en mêler, déclara Salomé à son Picassaut, mais avec Ana qui débarque, tu comprends... Je peux pas rester les yeux fermés face à ça.
Face à quoi, elle l'ignorait. Mais il avait suffi que le facteur Logan soit évoqué pour que Salomé bondisse sur la moindre occasion pour mieux l'écharper. Sa rancune était toujours présente et tenace, telle une vieille amie que la demoiselle avait su apprivoiser et dont la présence la rassurait.
Et dire qu'elle avait fait des efforts grâce à Algernon il y a quelques mois, voilà que tout s'effondrait à cause d'un simple message reçu quelques minutes plus tôt.
Une ombre se glissa alors aux côtés de Salomé. Sans bonjour ni autre préambule, la Givrali reconnut une Mentali plus énervée que jamais et surtout déterminée à lui montrer ce que le géant lui avait fait subir. Elle tourna alors son visage bleui en direction de la Médecin, la laissant examiner la plaie sous toutes ses coutures avant de finalement reprendre la parole pour lui présenter un Psykokwak qui l'intéressait bien moins que cette gifle assénée.
La main de la rousse se posa sur la joue d'Ana, observant à la lumière les différents reflets que l'hématome avait pris. C'était récent, du jour sûrement, au moins Ana n'avait-elle pas perdu de temps pour la contacter. Cette réactivité soudaine aurait pu la faire sourire si la gitane ne se montrait pas tant professionnelle en cet instant.
— Il t'a pas ratée, ne put-elle s'empêcher de commenter, mais avec de la glace, ça dégonflera vite et d'ici une semaine, y aura plus rien, crois-moi.
Sauf que Ana n'était pas venue ici pour entendre un verdict médical.
La demoiselle vit du regard son starter s'envoler auprès du Psykokwak, le fameux Poppo, pour décrire des cercles tout autour de son crâne, comme à son habitude. C'était à se demander si Algernon finirait pas détester un jour quelqu'un, mais il suffisait de voir sa bonté auprès de Logan malgré ce que ce dernier lui avait fait subir en hiver pour comprendre que toute once de méchanceté et de rancune était absente chez ce volatile.
— Tu n'es pas obligée de tout me raconter dans les détails, cette blessure est là pour me dire ce qui s'est passé ; il t'a frappée et il n'aurait jamais dû porter la main sur toi, ni sur qui que ce soit.
Son ton s'était montré plus froid et tranchant que d'ordinaire. La rousse serra son poing immobile sur le canapé, se rappelant en mémoire les coups qu'elle avait elle-même subis, coups qui n'intéressaient pas Ana autrefois mais la donne changeait désormais.
Merci Logan.
Le regard de Salomé se redressa, remarquant alors que sa main était toujours posée sur la joue de la Mentali. Elle était glacée. La demoiselle la retira prestement, non sans s'excuser par la suite.
— Désolée...
Elle ignorait si ce mot était destiné à ce contact physique plus long que d'ordinaire ou suite aux mésaventures d'Ana. Sûrement l'un et l'autre.
La Givrali prit une profonde inspiration. Il allait falloir qu'elle mette en confiance la Coordinatrice pour espérer avoir des réponses. Après tout, elle ne doutait pas que Logan ait bavé sur elle par le passé, ou du moins clamé à qui voulait l'entendre qu'elle n'était qu'une menteuse – ce qui était le cas.
— Mais moi je peux te raconter. Ce qu'il m'a fait... Ce qu'il nous a fait, rectifia-t-elle en embrassant du regard Algernon, il te l'a dit qu'il avait porté la main sur mon starter ? Il te l'a dit qu'il avait plumé un handicapé mental incapable de faire du mal à qui que ce soit ? Non, bien sûr que non... Logan crie à qui veut l'entendre la vérité qui l'arrange, bien évidemment...
Un voile de ténèbres couvrit le regard de la rousse.
Elle se rappelait ce soir-là.
Elle se rappelait les cris de douleurs de Algernon.
Et la folie de Logan qui paraissait infinie.
Elle serra un peu plus le poing, à s'en faire blanchir les phalanges, fermant les yeux comme en proie à un cauchemar éveillé. Elle luttait seule face à un souvenir.
Ce fut le piaillement du Picassaut qui la sortit de sa torpeur, la forçant à ouvrir doucement les yeux. Comment avait-elle pu croire que tout était derrière elle alors que Ranya la première avait été traumatisée par cette scène en tant que simple spectactrice ? Le pouls de la rousse s'emballait mais cette dernière prenait osn temps pour raconter. Après tout, c'était là le seul moyen pour qu'Ana fasse de même et se livre, au moins un peu.
— Tu sais le plus drôle ? C'est qu'Algernon n'en a même pas été rancunier. Il m'a poussée à aider Logan à retrouver son Sabelette qu'il avait perdu quelques mois plus tard. Il m'a poussée à soigner Logan alors que ce dernier s'était retrouvé empoisonné et blessé... Y en a beaucoup qui auraient voulu se venger, moi la première... Mais pas Algernon.
Elle ignorait si le volatile comprenait le tiers des éloges qui lui étaient adressées. Parfois, la gitane aimerait être un peu plus comme lui.
Mais c'est comme ça qu'on finit par se faire bouffer, en étant trop gentil, en étant trop comme Algernon. La rousse le savait bien et son starter pouvait remercier Arceus d'avoir obtenu une dresseuse le surveillant avec autant de soin.
— Si les rôles avaient été inversés, tu crois que Logan aurait hésité à se venger ? À en voir comme il t'a frappée, toi, Ana, j'en doute.
La Médecin se redressa contre le dossier du canapé, les coussins soutenant son dos. Elle ignorait ce que le Voltali avait raconté ou non à sa bien-aimée et comment il lui avait présenté les faits.
Elle redressa la tête, plongeant son regard de rubis dans celui parcouru de ténèbres et d'ombres de la demoiselle. Elle la voyait en plein doute, elle la sentait anxieuse et en train de réfléchir à tout ce qui venait d'être dit.
— J'ignore où en sont vos histoires de couple et je m'en fiche mais tu ne peux pas rester avec lui. S'il a porté la main sur toi une fois, il recommencera, c'est certain. Laisse-le Ana, il ne vaut pas la peine que ton beau visage se retrouve noir de bleus. Personne ne mérite ça. Surtout pas toi.
Elle ne souhaitait même pas ça à son pire ennemi.
Mais à Logan, elle souhaitait pire encore. Et monter Ana contre lui, définitivement, lui paraissait une idée suffisamment alléchante pour s'y essayer.
Dortoir Givrali 14 juin 2018 |
Ana semblait sur le point de vaciller. La rousse le vit bien, entre ses gestes tendus et hésitants près des coussins qui venaient masquer son visage qui avait trop pleuré un peu plus tôt, ses yeux encore rouges et boursouflés et les sanglots qui secouaient son timbre, elle ne trompait personne. Pas même elle-même. Mais Salomé fit mine d'ignorer tous ces signes, elle laissa la Coordinatrice lui narrer ce qu'elle se sentait capable de porter sur ses épaules. Prendre le relais viendrait bien assez tôt, trop peut-être, et la gitane profita du peu de répit qu'il lui restait avant de reprendre la parole. Alors elle laissa Ana se confier, même partiellement. Haru refit surface et avec lui les démons qui l'avaient habité après la violence qu'il avait dû subir en secret. Puis était venu le tour de Salomé. Et maintenant Ana. Cette furie prendrait-elle fin un jour ? Avec un spécimen comme Logan, Salomé en doutait.
Salomé n'était pas ici pour juger Ana. Ce serait bien stupide de sa part alors que cette dernière était sur le point de lui manger dans la main au vu des révélations de la rousse. Il ne lui restait plus qu'à attendre et à offrir une oreille attentive à la brune, en espérant que tout ceci finirait par lui servir un jour ou l'autre. Elle avait parfois le sentiment de jouer une partie d’échec contre Logan mais tout tenait à de l'improvisation et de la spontanéité de la part de l'un et de l'autre. Et c'était cela qui rendait le jeu aussi délicieux et agréable. Ana était la Reine de Logan qu'elle s'apprêtait à prendre, mais il allait lui falloir agir avec précision et tact, surtout ne pas se précipiter.
Et réfléchir plus encore que d'ordinaire pour être sûre de frapper là où cela ferait mal.
— Ana... Ce n'est pas ta faute. Tout ce qui est arrivé, à toi, à Haru, à moi... Tu n'y es pour rien. C'est Logan et lui seul qui a déclenché tout ça. Ne te remets pas en question à sa place, s'il te plaît. Penser à ce que tu as fait ou n'as pas fait n'y changera plus rien maintenant... dit-elle d'une voix calme, la seule chose que je retiens aujourd'hui, c'est cette marque sur ton visage, le reste n'existe plus pour moi.
La rousse plongea son regard de feu dans celui de la demoiselle. Il allait falloir qu'elle lui fasse confiance. Pour quoi, elle l'ignorait encore. Mais avoir Ana à ses côtés ne pourrait que lui être bénéfique. Cette dernière essuya rapidement les larmes qui coulaient en bordure de ses yeux et Salomé se mit à genoux, au sol, de manière à être sûre de croiser les prunelles encore boursouflées de la Mentali.
— Ne pleure plus... Il n'en vaut pas la peine. Tu l'as dit toi-même, ce n'est plus qu'un inconnu désormais, c'est à toi de faire en sorte qu'il en reste un et à toi seul. Personne ne pourra prendre cette décision à ta place, il n'y a plus que toi... Une dispute avec sa mère ne justifiera jamais une gifle... Ni quoi que ce soit.
Salomé ne prêtait qu'une faible attention à Algernon et Poppo. Oui les deux avaient l'air de bien s'entendre et cette vision semblait réconforter et consoler la Coordinatrice. Mais la demoiselle n'était pas dupe ; elle se doutait que ce sourire n'était qu'une façade. Les doigts de la Médecin s'agitèrent sur le visage opaline de la brune, séchant les quelques larmes récalcitrantes toujours visibles de manière à dissimuler sa tristesse en surface du moins. Les perles se perdirent contre ses ongles et si un peu plus tôt Salomé s'était excusée pour son contact physique plus long que d'ordinaire, elle en venait à prendre l'initiative désormais. Elle essayait de consoler au mieux Ana, et surtout à ce que cette dernière lui fasse entièrement confiance. Elle n'était pas dupe et avait du mal à imaginer qu'une simple dispute avec sa mère avait su mettre Logan hors de ses gonds.
Il y avait autre chose.
Mais difficile de demander de manière explicite sans qu'Ana ne se retrouve sur ses gardes. Il allait falloir ruser et surtout continuer de la laisser parler d'elle-même de manière à soulager sa conscience.
Il ne lui restait plus qu'à prouver qu'elle pouvait être irremplaçable. Chose ardue au vu de leur passé commun mais la gitane avait confiance en ses qualités manipulatrices et fourbes, après tout, elle avait su en user efficacement par le passé, recommencer ne lui poserait aucun problème.
Il allait juste falloir qu'elle change de registre.
— Si tu as peur de rester seule, tu peux venir dormir chez les Givra' quand tu veux. Après tout, ma chambre était destinée à trois étudiantes avant le départ de Charlotte, rappela Salomé, enfin si tu penses être capable de supporter Erika et ses entraînements matinaux...
Et son caractère plus qu'imprévisible.
Elle ignorait si Ana connaissait ou non sa colocataire et ne cherchait pas à le savoir mais la perspective d'héberger Ana n'était pas pour la déplaire. Ce serait encore plus beau si Logan finissait par apprendre que la femme de sa vie s'était désormais liée d'amitié avec sa pire ennemie.
La demoiselle inspira profondément, tentant de chasser cette pensée qui n'était qu'une douce utopie. Un jour peut-être.
— Je pourrais venir monter la garde sinon, pour être sûre qu'il ne revienne pas. Mon équipe s'est agrandi depuis la dernière fois, sois rassurée, et chacun de mes Pokemon pourrait tenir Logan à distance sans problème.
Hormis Algernon.
Mais c'était un souci que la demoiselle préférait éviter d'aborder. Le Picassaut resterait à jamais un être à part.
Il lui paraissait étrange que sa dernière rencontre avec la Mentali date de cette fameuse soirée raclette lors des vacances de Noël. Chacune avait parcouru du chemin depuis, il suffisait de voir le Psykokwak de la Coordinatrice pour se rendre compte qu'elle-aussi avait su attraper de nouveaux Pokemon. Et peut-être enfin mettre la main sur des Pokemon capables d'éloigner Logan. Mais si cela avait été le cas, la gifle aurait pu être évitée.
— Pardon de m'imposer comme ça... Je ne doute pas de ton équipe, loin de là ! se justifia Salomé, faussement gênée, c'est juste que... Maintenant que je sais, je ne pourrais pas me pardonner s'il posait à nouveau la main sur toi...
Elle adressa un regard implorant et confus à Ana, jouant avec ses doigts, les croisant et les décroisant, baissant finalement le regard. Elle aurait aimé que ses joues s'empourprent mais rien ne venait. C'était bien sa veine. Il allait falloir se contenter du strict minimum, ce serait plus que suffisant pour le rôle qu'elle s'apprêtait à jouer.
— Ça ne sert à rien de lutter chacune de notre côté, Ana... Tu as bien vu ce que ça a donné ? Il n'y a qu'ensemble que l'on pourra espérer s'en sortir.
Et réduire Logan à néant, faillit-elle ajouter.
Cela lui rappelait étrangement son discours lors de sa première rencontre avec Ana. En plus nuancé, certes. Et plus pathétique. Voilà qu'elle se roulait à nouveau dans le corps de la victime pour user de la pitié. Cela la dégoûterait presque si ce n'était pas pour la bonne cause.
Elle n'oubliait pas que sa malédiction jetée auprès de Logan Atkinson n'aurait jamais de fin si elle continuait de manœuvrer habilement, comme en cet instant.
Dortoir Givrali 14 juin 2018 |
ERREUR 404
Logan... Adopté ? La rousse ne put que être surprise face à cette révélation. Elle se doutait bien qu'une gifle n'avait pu être provoquée à cause d'une simple dispute familiale mais après tout, rien n'était impossible avec Logan.
Elle ignorait encore quoi faire de cette information et comment l'utiliser mais elle finirait bien par trouver. Cela restait une précieuse munition dont elle pourrait faire feu à tout moment. Frapper là où ça faisait mal, cela la connaissait, ce n'était pas pour rien si Salomé évitait de s'étendre sur ses problèmes familiaux, la demoiselle craignait trop que cela se retrouve entre de mauvaises mains.
— Je m'attendais à tout sauf à ça... Whoah.
Mais que savait-elle du Scientifique ? Pas grand chose, voire rien du tout. Elle s'était seulement contentée de ruiner sa vie, Ana en première ligne, sans jamais s'intéresser à la famille du grand dadais. Maintenant qu'elle savait, elle allait difficilement pouvoir faire autrement.
À croire que les parents biologiques du garçon avaient pressenti que leur enfant serait irrécupérable pour avoir osé l'abandonner et éviter ainsi de devoir élever pareil énergumène. La rousse réprima un sourire face à cette pensée sombre, ce n'était guère le moment ; Ana restait sa priorité immédiate et même si elle ignorait tout de la suite de son jeu, il lui fallait continuer de manœuvrer de la sorte pour gagner un peu plus la confiance de la brune.
L'envie de demander des détails était grande mais ce n'était pas le moment, là encore. Et cela la tuait de rester dans le silence alors que la Coordinatrice venait de lui jeter un os à ronger.
— Tu l'as dit toi-même, ça ne concerne que lui, cette histoire d'adoption... Ne t'en mêle pas, et je ferai de même, ne t'inquiète pas, c'est son problème, pas le tien.
C'est qu'elle n'avait pas envie que la Mentali se sente encore plus mal à cause de Logan avec tous ces ragots. Quant à Salomé qui venait de dire qu'elle ne s'en mêlerait pas, cela restait à prouver. Elle n'avait rien promis, rien juré et nul doute que dès ce soir, elle réfléchirait à un moyen de retourner cette information contre Logan.
La Médecin accueillit l'accord de Ana comme un soulagement. Une pyjama party de prévue pour la soirée, donc ? Pourquoi pas. Elle aurait préféré que la nuit se déroule sans Erika de manière à se rapprocher au mieux de Ana et ainsi créer un terrain de confidences parfait mais il lui faudrait compter avec la présence de la Spé Type. Au moins cela n'éveillerait-il pas les soupçons d'Ana qui paraissait lui manger dans la main dans l'immédiat. Elle s'en féliciterait presque vu comme leurs relations partaient de loin.
— Tu n'as qu'à aller chercher ce dont tu as besoin pour la nuit et revenir ensuite, d'accord ? Si tu veux emmener d'autres Pokemon avec toi en plus de ton Psykokwak, tu peux aussi, la chambre sera bien assez grande pour nous tous... Sauf peut-être pour ton Bruyverne et les autres qui prennent un peu trop de place...
Algernon approuva d'un léger cri, lui paraissait heureux à l'idée de prolonger sa rencontre avec Poppo. Si cela lui permettait de mieux vivre l'absence de Dovah, le Minidraco de Yuna, c'était parfait.
— Je t'attendrai ici puis te montrerai ma chambre. Il y aura Erika aussi, bien évidemment, et ses Pokemon, ainsi que les miens, mon équipe aussi s'est bien agrandie depuis notre dernière rencontre !
La rousse pensait instinctivement à son Farfuret destructeur et son Abo mauvais de nature. Comment allaient-ils réagir avec une inconnue ? C'était toujours compliqué à gérer. Et Django ? Apprécierait-il de revoir un visage qu'il avait assimilé à Logan ? Jusqu'à présent, le Feurisson ne s'en était pris qu'au Voltali mais si son esprit était aussi retors que celui de sa dresseuse, lui aussi finirait par comprendre qu'atteindre Ana était une belle manière de blesser Logan.
Et c'était tout simplement hors de question.
Ana était sa proie, inutile de compter sur la gitane pour la partager avec qui que ce soit. Libre au type Feu de faire preuve de créativité et d'imagination pour mettre sur pied une vengeance satisfaisante à son goût.
Salomé se redressa, quittant le sol pour accompagner Ana jusqu'à la sortie de la salle commune, la guidant à travers les couloirs du dortoir pour déboucher ensuite sur la porte l'éloignant des Givrali.
Ce n'était qu'un au revoir pour quelques instants, les deux filles se reverraient bien assez tôt. Et d'ici là, peut-être la rousse aura-t-elle fini de se creuser les méninges pour voir comment user au mieux de Ana et continuer sur cette lancée qui lui plaisait étonnamment.
Dortoir Givrali 14 juin 2018 |
Il ne restait plus que le Psykokwak en seul souvenir de la présence de Ana. La rousse lui jeta un coup d’œil mais il paraissait bien innocent, rien d'étonnant à ce qu'il s'entende aussi bien avec un Pokemon comme Algernon. La demoiselle laissa le duo s'amuser librement, se contentant de se poser à nouveau dans le canapé qui l'avait accueillie un peu plus tôt, son regard fixé vers le plafond comme en quête d'une idée géniale pour profiter enfin de cette bénédiction.
Il y avait le souvenir de la peau d'Ana contre ses doigts.
Et ses sanglots qui avaient secoué sa voix, imperceptibles, légers, mais suffisamment bruyants pour que Salomé les remarque.
Et si...
Un sourire étira le visage de Salomé. Il lui semblait qu'elle commençait à entrapercevoir un plan digne de son rang. Elle se tourna vers Algernon, ne se souciant pas de la présence de Poppo pour une telle révélation.
— Je crois que j'ai une idée, Algernon... Une que tu devrais approuver !
Son starter prônait la gentillesse et la paix. Alors soit. Salomé ne ferait rien qui irait à l'encontre des idéologies du type Vol. Pour l'instant du moins, même si la première partie de son plan se révélait douce et pacifique, elle ne doutait pas que les choses se gâteraient sitôt la mécanique enclenchée. Son sourire n'en finissait pas de s'élargir, elle aurait pu rester ainsi pendant des heures encore, avec juste la satisfaction d'avoir trouvé le plan parfait pour la situation qui se présentait à elle. Mais Ana allait revenir à tout moment, il n'était pas encore temps d'exposer son plan au Picassaut. Et puis... Peut-être serait-ce plus intéressait si lui aussi découvrait les manigances de sa dresseuse en même temps que tous ceux qui stalkaient ce rp – coucou Logan – non ?
Sorry not sorry.
Ana s'annonça à grand renfort de cris, faisant se retourner une Salomé aux anges. Elle l'écoutait d'une oreille distraite tandis que son esprit créait et imaginait ce qui serait son plan d'attaque pour ces prochains jours. Elle se remerciait d'avoir agi de la sorte avec Ana, elle se remerciait d'avoir fait preuve d'attention et de délicatesse car un seul faux pas et tout aurait pu s'écrouler. Alors elle se contentait de guider la demoiselle jusqu'à sa chambre d'une nuit, lui ouvrant la porte pour la laisser découvrir ce sanctuaire réservé à Erika et elle-même.
— Voilà ! Tu peux prendre le lit du fond, c'était celui de Charlotte mais plus personne n'a dormi dessus depuis... trop longtemps, résuma la gitane, le temps que je m'occupe de te le préparer, fais comme chez toi !
Salomé se dirigea vers l'armoire et en ressortit draps et couettes, prenant des mains l'oreiller de la Mentali pour compléter au mieux le lit. L'installation fut bien rapide et si tant de paillettes et d'objets tape à l’œil n'étaient pas présents et dissimulés ici et là, on aurait pu croire que seule Salomé vivait ici ; Erika n'était toujours pas rentrée, de même pour ses Pokemon.
Pour ceux de Salomé, c'était une autre histoire. Cette dernière ne se souvenait plus ceux qui étaient familiers ou non à son invitée, elle se rappelait de la présence de Django à la soirée raclette et bien évidemment de son Picassaut. Peut-être avait-elle croisé la rousse avec son Abo lors des manifestations ? Mais y avait-elle seulement fait attention ?
— Evite juste de t'approcher de trop près de Ankou, mon Abo, la prévint la Médecin, il est très sauvage et même si j'ai un tiroir rempli d'Antidotes, la morsure de reptile est tout sauf agréable.
Faut demander à Logan pour les détails, lui a de l'expérience en matière de poison, y compris même avec celui du chromatique rouge et noir.
La rousse balaya la pièce du regard, cherchant un à un ses Pokemon. Django fidèle à lui-même était prostré en boule sur la couverture de Salomé, Chayana, elle, était allongée au pied du lit comme la bonne gardienne qu'elle était, la Feuforêve se contenta de passer à travers les murs pour filer elle ne savait où tandis que la Plumeline s'était isolée dans un coin de l'académie, sûrement.
Ne manquait que Faulkner à l'appel mais la rousse entendait gratter sous l'armoire, nul doute que le Farfuret était retourné dans son tunnel improvisé pour y faire des améliorations ou du moins y laisser sa marque.
— Ah et mon Farfuret aussi peut se montrer... imprévisible... Enfin, tant que tu n'as pas de Sabelette d'Alola à exhiber sous son nez ni d’œuf avec toi, tout devrait bien se passer.
Elle se demandait bien l'image qu'elle devait renvoyer en cet instant. À croire qu'elle faisait exprès d'hériter de pareils Pokemon alors que c'était la faute du hasard et rien d'autre. Mais elle pouvait compter sur son Picassaut et sa Germignon pour ne pas envenimer les choses, c'était déjà beaucoup.
— Ton lit est prêt ! Et Erika est prévenue de ta venue, tu la croiseras sûrement plus tard.
La demoiselle avait profité de l'attente dans la salle commune pour envoyer un sms à la Topdresseuse.
Maintenant, il n'y avait plus qu'à prendre du temps pour soi et à se reposer un peu avant que Salomé ne passe véritablement à l'action.