Bercée par le bus, des écouteurs enfoncés dans les oreilles, Salomé aurait pu continuer ainsi pendant tout le trajet mais c'était sans compter sur la douce et tendre Mademoiselle Hortense qui prit la parole pour expliquer la raison de leur déplacement. La demoiselle avait cru participer à un banal cours Médecin et la voilà projetée dans un bus en direction du centre-ville de Lansat. Cela la changeait des jours plus ordinaires où la théorie primait sur la pratique.
Salomé baissa le son de sa musique, prêtant une attention particulière aux mots de la professeure. Elle n'était pas rassurée à l'idée d'être confrontée à des patients séjournant en hôpital psychiatrique et ce n'était pas la présence d'Algernon endormi en boule sur son épaule et de Chayana à ses pieds qui allait changeait quoi que ce soit. Elle savait que ces patients pouvaient se montrer imprévisibles, laisser des enfants leur tendre une oreille pour écouter leurs déboires n'était pas pour la réconforter.
Cela promettait d'être une matinée bien sombre et emplie de nostalgie.
Les derniers mots de la professeure retentirent et se perdirent parmi le brouhaha des élèves qui s'élevait à nouveau dans le bus. La rousse resta en retrait, se contentant de remonter le son de sa musique et de guetter du regard d'éventuelles têtes familières, à la recherche peut-être d'Idalienor mais seuls des inconnus se montraient dans son champ de vision.
Le bus s'arrêta finalement, la rousse sortit, suivie de près par ses deux Pokemon, profitant de l'air frais printanier qui l'accueillait et la saluait. Déjà, Mademoiselle Hortense laissait les élèves constituer les binômes ou en désignait pour les plus récalcitrants. La gitane continuait de chercher Idalienor, trouvant de plus en plus étrange l'absence de la Pyroli à un cours Médecin mais finit par abandonner cette idée, préférant s'en remettre au hasard pour la constitution de son binôme. Après tout, cela ne la dérangeait pas, même si le hasard s'était montré ironique et sarcastique la dernière fois, lui proposant Logan en adversaire, elle espérait que rien de tout cela n'arriverait aujourd'hui.
— Avec qui allez-vous faire le cours du jour, Mademoiselle Cobal ?
— Peu importe, vous n'avez qu'à choisir.
Elle aurait peut-être mieux fait de prêter attention à ses paroles prononcées. La professeure fronça les sourcils tandis que son stylo glissait le long du carnet où tous les élèves étaient recensés. Enfin, elle s'extirpa de ses pensées.
— Malheureusement, je n'ai plus qu'une personne à vous proposer...
Elle ignorait encore pourquoi Mademoiselle Hortense faisait une tête pareille mais cela ne saurait tarder. La rousse haussa les épaules, peu lui importait son binôme, elle était là avant tout pour faire ce cours et se frotter au terrain, chose impossible en temps normal.
— Logan Atkinson.
Le nom fut comme un coup porté au ventre de Salomé.
Comment avait-elle pu ne pas le remarquer plutôt ? Le géant se tenait bien là, son ombre imposante englobait celle de Salomé et de ses Pokemon. La rousse crut à une vaste blague mais le visage sérieux de son aînée lui signifiait que ce n'était pas le cas.
— Non.
Elle n'avait pas besoin de réfléchir davantage pour savoir qu'elle refusait de faire équipe avec cet être abject. Elle ne comprenait même pas comment cet individu avait pu être autorisé à approcher des malades alors que lui-même présentait de forts troubles mentaux. C'était inconcevable et inconscient de la part de l'équipe éducative.
— C'est derrière ces murs que Logan devrait se trouver, et en tant que patient, pas en tant que docteur ou oreille attentive !
Il lui semblait rêver. Oui, elle allait se réveiller à tout moment et constater que tout ceci n'avait pas eu lieu. Mais elle avait beau se pincer, rien n'y faisait et Logan était toujours là, plus inoffensif que jamais tandis que Salomé perdait son calme.
— Mettez-moi zéro si vous voulez mais hors de question que je fasse mon travail avec lui dans mes pattes.
Et elle remonta dans le bus, retournant à sa place pour s'y asseoir, bras croisés. La Germignon n'en finissait pas de tirer l'ourlet de son pantalon pour la faire changer d'avis tandis que son Picassaut observait du coin de l’œil à travers la vitre ce fameux Logan qui avait su déstabiliser sa dresseuse.
Dans les punitions chiantes et ennuyeuses qu’il m’a été donné de faire, celle-ci est bien positionnée. Assisté à un cours d’une Spé qui m’est totalement étrangère. Ce matin dans le bus, j’allais assister à mon premier cours de médecine. Nous devions juste passer du temps avec des sportifs et leurs Pokémons qui ont subi un traumatisme durant leur entraînement ou compétition. Rien de bien compliqué, enfin même si ça dépend du patient sur lequel on tombe.
Alors là, vous vous demandez ce que je fiche ici non ? Et bien figurez vous que je suis littéralement sous les ordres du corps professoral. Et Mademoiselle Hortense m’a aimablement forcée à venir à son cours, car ils étaient un nombre impair. Elle m’a assuré que comme j’ai récupéré mes Pokémons et que ceux-ci m’ont pardonnés, je peux passer du temps avec des gens qui ne reçoivent pas beaucoup de visite. Mais franchement, ça me fait chier.
Affalé au fond du bus contre la vitre, je regardais le paysage défilé sans réel attention en particulier, juste pour passer le temps. Je connaissais déjà tous les détails du cours puisqu'elle m’avait elle-même « invité » à ce cours.
On arrive enfin et tous les élèves du bus descendent sauf moi, je n'ai pas envie de descendre. Mon contrat avec elle c’est, je participe au cours, pas, je choisis un binôme. De toute façon, je ne suis plus un inconnu pour personne. Beaucoup de personne connaît la version inventée de Salomé et peu savent que je l’ai tabassé dans ma folie. En vrai, je me sens un peu honteux d’avoir fait ça. J’ai essayé de m’excuser, mais Madamde est trop gitane pour mes excuses.
Après quelques minutes à regarder les groupes se faire, je descends pour me placer proche de Mademoiselle Hortense qui venait tout juste de prononcer mon nom. Je vois la fille qui m’a été désigné. Ok… Logan, c’est le moment ou jamais pour montrer que tu as changé, alors tu est gentil avec la co… Salomé et tu restes stoïque à toutes ses attaques venimeuses.
L’ennemie attaque Logan avec Pic Empoisonné, mais Logan utilise son nouveau talent Stoïcisme combiné à son attaque de statut Volonté pour encaisser sans broncher cette attaque de plein fouet. Ah, l’ennemie lance Blabla Inutile ? Elle termine son tour avec une attaque Repli Bus parfaitement exécutée. Ce début de match est phénoménal, le stade est en folie.
Mademoiselle Hortense me regarda. Et dans son regard, je peux lire que je dois la convaincre de faire le cours avec moi. Je pense que s’appeler Ethan Hunt, se faire canarder dessus H24 et finit Darks Souls sans mourir le tout en même temps serait plus simple. Mais je n’ai pas vraiment le choix.
Je remonte à mon tour dans le bus pour m’approcher de Salomé. Mais je ne m’adresse pas à elle, une personne ici présente n’a jamais reçu mes excuses pour cette nuit-là.
-Euh… Algernon ? Voilà, je suis désolé pour ce que je t’ai fait subir. J’ai pété les plombs et tu n’en étais pas la cause pourtant, je t’ai fait du mal… Alors pardon… Je m’en veux tellement de vous avoir fait du mal… À toi comme à ta Dresseuse. À Django et Phoën également. Je sais que je ne peux pas me racheter, mais je tenais à m’excuser auprès de toi.
Je baisse la tête avant de verser quelques larmes. Puis après avoir passé bien cinq bonnes minutes à côté de Salomé, je me tourne vers elle.
-Je ne sais pas si tu vas me croire ou pas, mais voilà. Je te déteste tu me déteste ça, on est au point là-dessus. Cependant, tu ne peux pas abandonner ce cours-là. Et ce même si tu le fais avec moi. Et en voilà la raison. Tu n’ignores pas que ce que tu fais ce n'est pas du tout un comportement de médecin en plus, cet hôpital à un contrat avec l’école. Je te rappelle que c’est une école prestigieuse PC et qu'il se pourrait que les partenaires de l'école te ferme leurs portes après cette faute professionnel grave. Moi, j’ai un blâme comportement, même si tu t’en doutes, et je suis encore en période d’exclusion définitif avec sursis. En gros dans n’importe quel cours ou pendant la scolarité, si je fais une bêtise, je me fais virer. De plus pendant ce cours, je suis obligé d’obéir au doigt et à l’œil de mon binôme. Et si je ne lui obéis pas et ou que je fais une erreur grave, je me fais virer définitivement. Par contre les ordres sont de types professionnels. Et je peux aussi désobéir aux ordres que je trouve contradictoire ou déplacé.
Je lui laisse le temps de tout assimiler.
-Donc si tu fais le cours avec moi, non seulement, tu échappes à l'erreur professionel, mais en plus tu me donner des ordres et peut-être même me faire virer. Alors tu acceptes ce cours ?
Mademoiselle Hortense monte à son tour dans le bus et s’approche de nous.
-Il a tout dit et c'est vrai. Je suis désolée que ça tombe sur vous mais je ne pensais pas à mal en le prenant dans le cours, je suis navrée. Voyez ça comme un défi plutôt. Et puis tout le monde à le droit à une seconde chance. Ne vous en faîtes pas, je pense qu'il peut vous aporter un plus que vous n'aurez jamais...
Algernon piaffe sous les excuses de Logan mais n'en comprend sûrement même pas le tiers. Excuse ou non, cela ne changeait rien pour lui ; l'oiseau était incapable d'en vouloir à qui que ce soit, tout le contraire de Salomé qui continuait d'arborer une moue boudeuse plus convaincante que jamais, son pantalon seulement secoué par Chayana qui s'évertuait toujours à faire bouger la gitane, profondément rivée à son siège de bus, bras croisés, ne souhaitant pas même accorder un regard à Logan qui s'efforçait à lui adresser la parole désormais.
Il y eut un soupir de la part de la Médecin qui ne comprenait que trop bien l'enjeu de ce cours. Son regard allait de Mademoiselle Hortense qui appuyait les propos de Logan mais il en faudrait plus pour faire bouger Salomé. Et ce n'était sûrement pas avec des mots pareils que le géant parviendrait à quoi que ce soit.
– C'est là où tu te trompes, Logan. C'est toi le danger, ici. Accepter de faire ce cours avec toi, ce serait laisser un loup rentrer dans la bergerie et hors de question que tu t'approches d'un seul de ces patients.
Elle eut presque envie de rire lorsque le garçon lui sortit la bonne vieille excuse de l'erreur professionnelle. N'importe quoi. Se rappelait-il seulement qu'ils étaient tous étudiants, lui comme elle ? Avait-il conscience que cela faisait tout juste plus d'un semestre que Salomé étudiait la médecine et était encore loin de pouvoir se prétendre comme qualifiée, même si elle avait déjà pu mettre en pratique ses connaissances ?
– N'importe quoi... Pour que ce soit une erreur professionnelle, faudrait déjà que j'en sois une, de professionnelle. Tu saisis ?
C'est dans ces moments-là qu'elle aurait apprécié pouvoir profité d'Algernon ou Chayana comme monture. Mais ni l'un ni l'autre ne s'était encore donné la peine d'évoluer suffisamment pour leur permettre de la porter. Pensée qui resterait sûrement une utopie concernant le Picassaut.
– Tu crois vraiment que j'ai l'intention de bosser dans des hôpitaux psychiatriques une fois mes études terminées ? Y a d'autres manières d'exercer la médecine, tu sais, et dépendre d'un établissement, partenaire ou non de l'académie, c'est la dernière chose qui m'attire. Alors garde tes menaces inutiles concernant mon avenir pour toi.
Elles ne lui seront d'aucune utilité avec Salomé.
Salomé, qui, la première, ne souhaitait pas rejoindre l'académie. Ce choix d'école n'était pas le sien, la rousse se surprenait encore à rêver retourner auprès de Granny et apprendre la voyance à ses côtés, parfaire son rôle d'assistante, bien là de l'univers de la médecine dans lequel elle s'était glissée avant tout pour Algernon plutôt que pour elle-même.
Même la Coordination l'intéressait davantage, mais ça, ce n'était un secret pour personne, en témoignait ses nombreuses missions dans ce domaine sitôt la classe d'été débutée.
– Je n'ai pas l'intention de me mettre en binôme avec toi juste pour pouvoir te commander ou te faire virer, trancha-t-elle en attrapant Algernon qui s'éloignait un peu trop à son goût, pour ça, tu te débrouilles déjà très bien tout seul.
Elle eut un de ces sourires fins et narquois dont elle seule avait le secret, laissant ses doigts se perdre dans le plumage qui repoussait peu à peu de son starter, se souvenant de cette nuit tragique où l'horreur avait failli naître.
Maintenant, il lui faudrait pardonner ?
N'importe quoi.
La pauvre n'était pas encore assez mature pour ça. Difficile d'oublier ces événements du jour au lendemain, tout comme pour Ranya dont cette nuit était devenue indélébile dans sa mémoire.
– Bon... Je vous laisse les informations de votre patient malgré tout, sait-on jamais si vous changez d'avis, déclara Mademoiselle Hortense en fouillant parmi son dossier toujours plus épais, voilà. Chambre 18, Mani et son Goélise, Spark, ont tous deux eu un accident de parapente suite aux vents incontrôlables... J'espère que vous arriverez à trouver un terrain d'entente malgré tout. Je vous laisse sous la surveillance du chauffeur de bus, ne vous éloignez pas de ce dernier, d'accord ? C'est que je dois aller voir comment les autres binômes s'en sortent...
La référente tendit la feuille à Logan pour lui permettre de s'imprégner des détails s'il le souhaitait. Salomé, elle, n'avait toujours pas bougé et espérait juste que la fin du cours arrive au plus tôt. Même si ce n'était pas gagné avec Logan à ses côtés.
Qu'est-ce qu'il a à libérer tous ses Pokemon, celui-là ? Quelle idée de tous les transporter aussi. Salomé, elle, ne s'était encombrée que de sa Germignon et de son starter, laissant les autres en la charmante compagnie d'Erika à l'académie, comme à son habitude, les laissant flâner à leur guise dans l'école ou errer dans la chambre.
Mais c'est bien, cela réchauffait l’atmosphère fraîche de ce printemps. Rien d'exceptionnel pour cette fin d'avril, juste des températures agréables, plus encore lorsque le soleil décidait de darder ses rayons comme aujourd'hui.
Non, vraiment, la rousse ne comprenait pas à quoi jouait Logan. À croire que c'était lui le fou, lui qu'il fallait supporter et soutenir pour une journée. Cela lui semblerait presque crédible et logique au vu du passé tortueux du garçon et de ses psychoses passées. Mais un poil tiré par les cheveux et insensé de la part de Mademoiselle Hortense et du corps enseignant de l'académie.
Le manège cessa bien vite. Trop vite. Voilà le Voltali suivi par Chayana qui s'élançaient vers l'extérieur du bus tandis que Phoën était toujours roulé en boule contre Salomé, quelque peu malheureux à l'idée de ne pas pouvoir croiser Django aujourd'hui. La rousse se pencha vers la vitre, observant la scène surréaliste qui se jouait devant elle ; un Goélise au sol qui battait des ailes tant bien que mal, ayant mordu le bitume depuis la fenêtre située à deux mètres à peine du sol. Le voici tout recroquevillé sur lui-même tandis qu'un énergumène hurlait son nom et que Logan tentait de calmer le jeu, sans y parvenir.
Comment un fou aurait-il pu calmer un autre fou ?
La rousse y allait vite en catégorisation mais c''était là ce que lui inspirait le geste fataliste du malade. Elle entendait tout depuis le bus, le vent se contentait de lui charriait les paroles de chacun depuis les vitres entrouvertes, emportant à contre-sens un Algernon visiblement curieux de faire connaissance avec l'oiseau incapable de voler.
Salomé était déjà sortie avant même que l'autre taré ne l'interpelle.
Match Pokemon ? Super.
Mais elle n'avait aucunement l'intention de faire l'arbitre, encore moins pour Logan.
Elle se contentait de suivre son Picassaut face au Goélise, se rappelant du match de quidditch de l'été dernier et de la rencontre d'Algernon avec le Goélise d'Alban.
– Algernon... Ce n'est pas Zéphyr. Tu vois bien qu'il ne lui ressemble pas.
Elle aurait pu garder le silence que cela serait revenu au même. Voilà le Picassaut qui faisait rouler caillou sur caillou auprès du Pokemon névrosé. Elle eut un soupir, se préparant à faire demi-tour avec son starter mais c'était sans compter sur le dresseur un peu trop sanguin qui aboyait ordre sur ordre à Logan.
– Ah un combat de piafs, hein ? Okay génial ! Allez Spark, on va en faire de la bouillie de son Picassaut !
Heu quoi ?
Ah mais non.
Y a erreur sur le dresseur du Picassaut, là.
– NON !
Elle ne savait pas si la voix de Logan s'était allié à la sienne. Mais Algernon n'était certainement pas son Pokemon, c'était là la chose la plus absurde qu'elle ait entendue de la journée. Ça et le fait de vouloir combattre un Pokemon incapable de s'envoler avec un autre, incapable de réellement combattre.
Le regard de la gitane balaya le reste de la troupe de Logan. Des Pokemon, qui, eux, ne retiendraient pas leurs coups et mettrait à mal le pauvre Goélise qui partait déjà avec un handicap. La demoiselle eut un regard pour sa Germignon mais cette dernière haïssait les combats Pokemon, se contentant d'épauler Salomé pour soigner et non pas pour blesser.
C'était quoi déjà leur cours du jour ? Soutenir et passer du temps avec des malades ? Et dire qu'avec ce combat Pokemon, c'était exactement ce qu'ils risquaient de faire, même si c'était à se demander si ce cours était pour les Médecins ou pour les Stratèges en vue de la direction que prenait la matinée.
– Alors ? Spark attend ! Et moi aussi !
Quelle vision improbable que ce Goélise sautillant au sol vers son dresseur en tablier rose. La demoiselle passa sous silence la tenue peu pudique du malade, se penchant vers Algernon pour lui donner quelques indications, même si savoir que son starter allait combattre sous les ordres de Logan la rendait malade :
– Reste dans les airs, d'accord ? Et hors de question de blesser le Goélise alors fais comme tu veux, vise à côté, n'attaque pas... Je m'en fiche mais je te fais confiance là-dessus. Et n'écoute surtout pas Logan, déclara-t-elle en guide d'ultime conseil à Algernon, de toute façon, j'ai cru comprendre que c'était moi l'arbitre de ce match pourri... Alors j'arrêterai tout au moindre souci. Ça te va ?
Il y eut un mouvement de tête de la part du Picassaut qui alla se placer près du Voltali, stagnant dans les airs de manière à surplomber tout ce beau monde. La rousse, elle, fit quelques pas vers Logan qui ne s'attendait sûrement pas à devoir combattre avec un Pokemon qui n'était pas le sien.
– Abuse de sa gentillesse pour faire n'importe quoi avec et je te jure que tout ce que tu auras vécu à l'académie jusqu'à présent aura été le paradis comparé à ce que je te réserverais.
On ne touche pas à Algernon.
Jamais.
Sur ces belles paroles et sur un dernier regard noir adressé au géant, la rousse regagna sa place, à mi-chemin entre Logan et Mani visiblement toujours aussi excité à l'idée de se lancer dans un combat Pokemon. Et Salomé qui pensait que les malades avaient des loisirs plus calmes et reposants, elle s'était bien fourvoyé, encore une fois.
– C'est bon, commencez.
Mais si Algernon se refusait à attaquer et si l'autre ne pouvait pas le toucher, le combat risquait de s'éterniser quelque peu. Enfin, il y aurait bien moyen de l'interrompre à tout moment, de toute façon au vu de cette ouverture de combat qui ne transpirait pas l'officiel, il en serait sûrement de même pour l'issue incertaine de ce match.
– Allez Spark, utilise Aeropique !
Ah.
Chouette.
La rousse fut donc contrainte d'observer un Goélise marchant aussi vite que possible en direction d'un Picassaut déjà dans les airs, et peu désireux de redescendre. Autant dire que la vitesse de l'attaque Vol laissait à désirer étant donné que le Goélise ne volait pas, justement. Alors Algernon se contentait de poser un regard curieux à son tour sur ce Pokemon qui ne pouvait plus voler, sans savoir quelle attitude adopter.
Voilà Spark qui sautillait tant bien que mal pour atteindre un Picassaut à plus de deux mètres de hauteur. Le spectacle en serait presque comique si ce n'était pas là le signe d'une grande détresse de la part d'un Pokemon et de son dresseur.
Non vraiment, le combat risquait d'être long.
Logan faisait n'importe quoi.
Ah non, rectification ; Logan faisait du Logan. Tout simplement. Pourquoi est-ce que cela étonnait encore la rousse qui bouillonnait presque intérieurement de voir Algernon sous les ordres du Voltali ? Elle aurait dû s'y attendre, et ce patient complètement névrosé n'aidait en rien, au contraire, ni lui, ni son Goélise au vertige prononcé.
C'était du n'importe quoi.
Et plus que tout, Salomé n'appréciait que peu de voir Algernon se faire appeler autrement que par le nom qu'elle avait fini par lui choisir, comme si le géant ne lui accordait aucune importance.
– Tu peux l'appeler par son nom, tu sais.
Parce qu'à quoi bon faire son François, hein ? #RoiRené
Salomé n'a pas le temps de reprendre davantage Logan et ses ordres de combat que l'énergumène en face d'eux se met à faire n'importe quoi, se lançant dans des pratiques sportives connues de lui-seul, avec son Goélise comme javelot tandis que Salomé ne peut que soupirer face à cette pratique peu orthodoxe et sûrement interdite en combat officiel.
Et c'était sans compter sur l'arrivée d'un docteur tout juste bon à faire fuir le malade, emportant avec lui une Salomé qui réalise à peine ce qui se trame et un Logan à peine remis de ce combat improvisé.
Mais Salomé n'a pas envie de courir.
Encore moins de jouer à chat avec un médecin et son patient.
Elle avise les environs, reconnaissant Chayana qui épie la scène, visiblement prête à intervenir au moindre ordre de sa dresseuse.
– Chayana ! Arrête-le !
La Germignon savait quoi faire, la Givrali avait été bien inspirée d'utiliser quelques Ecaillecoeurs dorées sur le type Plante car cette dernière se lançait déjà dans l'exécution d'une attaque Siffl'herbe avec pour seul objectif d'endormir Many.
Many se mit à ralentir le rythme jusqu'à s'arrêter totalement, épuisé, avant de finalement sombrer dans les ténèbres au milieu du bitume. Il y avait plus agréable comme manière de s'endormir, c'était un fait, mais Salomé n'avait jamais été reconnue pour sa douceur lors de sa pratique de la médecine, même s'il est vrai que Chayana tentait d'inverser tant bien que mal la tendance.
Le Médecin finit par les rejoindre, une seringue à la main pour tranquilliser le patient, à croire que l'attaque de Chayana n'était pas suffisante à ses yeux.
– Il faut croire que c'est une méthode comme une autre pour endormir les gens... Vous voulez bien surveiller Spark le temps que je ramène Many en chambre ? Lui au moins devrait être plus calme que son dresseur.
Baby-sitter pour Goélise, voilà leur nouveau rôle. Algernon s'était déjà approché de l'oiseau pour faire plus ample connaissance avec lui, n'accordant plus d'importance au combat passé soldé par un abandon.
Salomé s'avançait à son tour vers le Goélise, toujours aussi étonnée d'avoir face à elle un Pokemon incapable de s'envoler.
Mais elle avait bien su redonner le goût de la danse à la Plumeline de Mélie, alors peut-être tout n'était-il pas perdu pour cet oiseau-là, même si c'était relativement différent du cas de Miss Acacia.
– Je suppose que tu voleras à nouveau quand tu seras prêt... Après tout, y a rien qui presse.
Salomé ou comment relativiser.
Elle n'avait aucune solution à portée de main pour ce petit oiseau, elle-même avait été incapable de trouver une solution pour Algernon, s'étant contentée d'accepter que son starter était né et resterait retardé mental.
Malheureusement pour Spark, Many ne paraissait pas décidé à accepter l'inacceptable. Un type Vol qui ne peut plus voler, cela a tout d'une blague.
Salomé le savait ; il n'y avait pas de solution pour ce Goélise.
Alors elle avait arrêté d'essayer d'en trouver, ou même d'en chercher, résignée qu'elle était face à ce Pokemon sujet au vertige à cause d'un bête accident. Pourtant, il y avait toujours de l'espoir pour lui, pas comme pour Algernon qui ne connaîtrait rien d'autre que l'état dans lequel il s'était retrouvé dès sa naissance.
C'était peut-être aussi pour ça, qu'elle n'avait pas véritablement envie de s'impliquer, laissant Logan sous les projecteurs tandis qu'elle se reposait dans la cour, fidèle Chayana à ses côtés et Algernon à portée de vue.
Il n'y avait plus qu'à attendre que cela passe ; matinée, heure, cours, elle avait perdu toute notion du temps, se rappelant seulement de Many et ses accès de folie, Spark et ses piètres tentatives de vol. Elle aurait pu en rire si un jet d'eau ne l'avait pas soudainement arrosée, la poussant à tourner la tête vers un Marill visiblement satisfait de son œuvre tandis que la chromatique manquait déjà de s'interposer, sa feuille cuivrée en avant tel un bouclier bancal et inutile.
– Y a pas besoin de s'excuser ; après tout, si Django était venu aujourd'hui, il t'aurait déjà incendié au moins trois fois pendant l'heure.
Lui aurait-elle demandé de s'excuser ensuite ? Elle n'en savait rien et ne le saurait sans doute jamais. L'aurait-il seulement écoutée ? Bien sûr que non, le type Feu n'en faisait qu'à sa tête, éternel adolescent, et rendait la vie compliquée à Salomé qui devait jongler entre chacun de ses Pokemon, tous plus différents les uns que les autres.
– Tu ne m'aimes pas et je ne t'aime pas. Et c'est pareil pour certains de nos Pokemon. Alors oui, Django te brûlera dès que j'aurai le dos tourné, Ankou t'empoisonnera dès qu'il en aura envie et Faulkner te griffera si tu te mets sur son chemin.
Charmante équipe destructrice.
Heureusement qu'il y avait tous les autres.
Algernon et sa gentillesse.
Chayana et sa dévotion.
Miss Acacia et sa nostalgie.
Cela contre-balançait le tout, tant bien que mal, Salomé au milieu pour départager tout ce beau monde, simple adolescente tantôt arbitre, tantôt spectatrice.
Aujourd'hui, elle ne savait plus quel rôle elle souhaitait assumer.
Mais elle voulait rentrer, bien que trempée, juste se poser à nouveau et faire demi-tour, loin de cet hôpital et de ses patients quelque peu cinglés.
Et, comme un miracle accompli, la silhouette de Mademoiselle Hortense se dessinait au loin, accompagnée des premiers élèves qui avaient rempli leur part du marché et accompli le cours du début jusqu'à la fin tandis que le duo était resté en extérieur.
La professeure ne put s'empêcher de soupirer en rencontrant les deux adolescents, baissant son regard sur le Goélise qui bavardait gaiement avec le Picassaut, sûrement une conversation pleine de secrets.
– Je vois que vous avez rencontré au moins Spark à défaut d'être allés dans la chambre de son dresseur... C'est mieux que rien, même si ce n'était clairement pas ce que vous étiez censé faire.
La jeune femme reprit son carnet, griffonnant dedans, certainement pour attribuer commentaires et sales notes au duo du jour mais peu importait pour Salomé. Et la perspective d'évoquer le sujet de Many ne l'intéressait guère, elle qui avait rechigné à faire ce cours avec Logan ne pouvait pas décemment admettre qu'elle avait bel et bien coopéré avec le jeune homme. Enfin, plus ou moins, tout était relatif, et pour une durée minime.
Mais même cela, c'était déjà de trop.
– Ne vous éloignez pas et commencez à vous regrouper vers le bus !
La rousse n'eut pas à se faire prier, accompagnée par Algernon et Chayana tandis que Mademoiselle Hortense portait le Goélise dans ses bras pour le redonner au premier membre du personnel qu'elle croisa.
Heureusement que Salomé n'accordait aucune importance à ses notes à l'académie.
...un Cours Salomé Logan. Rien qu’à lire ça, je suis en train de me dire qu’on court à la catastrophe. Après tout, le dernier cours entre ces deux-là, n’avait été qu’amour et passion. Et rien qu’à voir l’introduction et le premier choc entre les deux, je pense qu’on peut tous admettre que la personne la plus censée et détendue de ce RP sera...Algernon. Ce qui n’augure que du bon pour la suite, n’est-ce pas ? Les choses dégénèrent d’ailleurs assez rapidement (Pauvre Goelise, quand même…) et entre la délicatesse de Salomé et celle de Logan, rien d’étonnant à ce qu’on s’attende au pire. Mani est effectivement bien taré et le combat se règle assez rapidement, arceus merci. Le cours reste cohérent, même s’il s’arrête assez rapidement au final. Cela dit vu la motivation du duo, une autre ‘’séance’’ avec un patient aurait probablement abouti à la destruction pure et simple de l’hopital. Même si le RP aurait gagné à être un peu plus détaillé, la posture adoptée est originale et on dénombre assez peu de fautes, c’est assez fluide à lire. Note : 12/20 |