Bulles noires, horizon blanc.
ft. Raudhr Akai
Temps gris, morne. Personne dans les rues. Une ambiance froide, et une légère odeur désagréable qui flotte dans les airs. Qui se serait promené par un tel instant ? Pour les autres, c’était déprimant, pour elle, c’était libérateur. Ne plus avoir à supporter le bruit, le brouhaha de l’école, des élèves et de leurs Pokémons, les gens qui crient, hurlent, pleurent, rient. Tant de sons mélangés qui, une fois passé dans l’amplificateur de son appareil, devenaient lentement mais sûrement difficiles à supporter à mesure que la journée avançait. Elle s’y faisait. Elle allait s’y faire, un jour, peut-être. Elle était jeune, comme disaient les vieux. Mais pour le moment, elle profitait du calme tout autour, ne se souciant pas de ce qui pouvait se tramer plus loin. Elle se moquait bien des confrontations, tant que cela n’allait pas contre ses principes. Et pour l’instant, elle n’avait pas envie de s’occuper de ça.
Elle s’arrêta devant les eaux du port. Les eaux… Noires, gluantes, dégoûtantes et polluées. Elle était arrivée quelques temps avant que la marée noire ne bloque totalement les arrivées et les départs. Dommage, se disait-elle. A quelques jours ou mois près, elle aurait été exemptée de ce changement d’établissement forcé… Bah. Pas de chance. Mais en attendant, cette mare glougloutante était un peu répugnante, et à côté d’elle, même Genki semblait mal à l’aise. Le Tauros avait insisté pour sortir de sa Pokéball et rester près de sa dresseuse. Sans doute sentait-il la tension dans l’air, les échauffourées qui se préparaient et les plans qui se tramaient sur cette Lansat décidément bizarre. Ca, elle n’arriverait jamais à s’y faire, elle en était convaincue. Les comportements des gens la dépassaient, déjà en général, mais c’était encore pire ici.
Un soupir passa ses lèvres, et elle resta là à fixer l’horizon terne, le soleil blanc se reflétant sur l’eau salie. Il lui sembla discerner l’ombre d’une personne approchant, mais elle ne s’en inquiéta pas, même si son compagnon avait tourné sa grosse tête et soufflé du nez. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais ce paysage dégueu l’apaisait presque. Le manque d’agitation jouait beaucoup.