pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ
I’ve found the strength to grow so much more A whisper to a roar No more crying It’s time for me to soar
Sirius est anxieux quand il toque à la porte de l’arène. Sirius est anxieux quand il se présente devant Chuck. Il est toujours en colère, il a toujours la haine au ventre mais elle est sous contrôle.
Faiblesse transformée en force.
Le champion sourit.
- Montre moi ce que tu as dans le ventre.
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Au centre de l’arène, l’espace de combat est défini par quatre traits de peinture.
- Ici, tu combattras avec ton corps. Si tu veux faire combattre les autres, commence par combattre toi même. Leçon numéro une.
Chuck conclut sa phrase par un direct que Sirius prend dans le ventre. Si le champion contrôle sa force, le coup n’en reste pas moins violent et surprenant.
- Si tu tombes et que tu ne te relèves pas, tu perds. Si tu sors des limites, tu perds. Chaque soir, tu combattras contre moi. Jusqu’à ton départ. En journée, tu t’entraîneras avec Hect’. Apprend à frapper, esquiver, bouger. Tu n’es pas bon.
Les coups pleuvent et Sirius est bien vite désemparé par la vitesse du maître.
- Tu deviendras bon. Tu es venu ici avec de bonnes intentions. Ne laisse pas ta colère te manger, mange ta colère. Fait en une force, une énergie pour te battre.
Le dernier coup l’achève. Il tombe au sol, haletant, perdu entre les coups douloureux sur son corps et les mots si importants du champion.
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L’entraînement est rude. Bien plus rude que pendant la première semaine. Il réalise cependant que ces gestes sont plus fluides, plus rapide. Sa vision est plus claire maintenant qu’elle n’est pas troublée par les trombes d’eau.
Les premiers jours de ce nouveau régime sont durs. S’habituer aux raclées de Chuck chaque soir, l’entraînement en journée qui très intense le fatigue aussi bien mentalement que physiquement. Il n’a le temps de penser à rien d’autre qu’à s’améliorer, devenir plus vif, plus agile, plus souple. Frapper non pas fort, mais juste, au bon endroit, au moment.
Sirius comprend que le combat n’est qu’une danse de plus à apprendre. Il doit apprendre le rythme de son adversaire et jouer dessus pour gagner. Il comprend, enfin, comment ça fonctionne.
Ça devient plus facile de riposter, de taper juste.
Ça devient plus encourageant de réussir à marque des points, à voir une amélioration sur ses capacités.
Ça fait un bien fou.
Lentement, Sirius s’en sort. Il esquisse un sourire, un éclat de rire par là. Il parle avec légèreté du temps qu’il fait. Il reprend goût à la vie. Tout est pas tout rose. Pas si vite. Sirius sait qu’il a encore du chemin à faire avant d’arrêter de sursauter au moindre bruit sourd, à la moindre flamme. Sirius sait, c’est pas facile.
Mais dans le noir qui était sa vision, des tâches lumineuses renaissent.
Semblables à des étoiles.
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Deux semaines. Une alternance ne dure que deux petites semaines. Quatorze jours. C’est rien du tout et c’est énorme.
Il peut se passer tellement de choses en deux toutes petites semaines. Des rencontres qui nous changent, pour le meilleur comme pour le pire. Des événements qui nous font évoluer, des expériences à vivre dans lesquelles on peut puiser.
C’est une chance incroyable que leur permet l’école. Côtoyer ces personnes grâce à leurs stages, côtoyer des adultes qui réussissent, qui ont fait des erreurs qui ont apprit de celles-ci et qui leur transmettent leur savoir, ça n’a pas de prix. Ils progressent eux aussi, lentement et sûrement. Ils s’agrippent aux mains tendues de ces personnes qui ne veulent que les aider à devenir de meilleures personnes. À monter vers le haut.
À briller.
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L’objectif est clair ce dimanche matin. Cet après-midi, un bateau le ramènera jusqu’à Cobaba. Ce matin, il doit réussir à frapper Chuck.
Ses poings, toujours salement abîmés après sa petite crise, sont bandés. Il ne porte qu’un short, ses cicatrices, en bien meilleur état depuis qu’il applique l’onguent et les bandes de Rosie, visibles aux yeux de tous. Sirius est concentré, plus prêt que jamais.
Ça a été difficile la première fois d’enlever son t-shirt, de confronter les gens à ces horreurs. Mais aucune remarque n’a été faite ou entendue. Alors Sirius a prit sur lui. Il déteste son apparence actuelle de tout son cœur. Il se déteste entièrement, complètement.
Mais ce n’est pas ce sur quoi il travaille ici. Ici c’est sa force qui est jugée, sa volonté, ses capacités. Personne n’est intéressé par son look ou ses cicatrices. Chacun à la sienne. Chacun à son histoire.
Il n’est pas ici pour s’aimer. Il est ici pour se battre.
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On parle souvent de la pression qui diffère entre le banc de touche et le terrain. Quand Sirius jouait au volley, il y a été régulièrement confronté. Le moment où on entre sur le terrain avant un match est tout particulier. Deux équipes, prêtes à tout pour gagner. Les adversaires tous aussi fiers que ses alliés, c’est un match de compétences, de volonté.
Quand Sirius entre sur le ring pour affronter pour la dernière fois Chuck, il a cette même inspiration brûlante. La tension est totale. Le silence est parfait. On entend juste le bruit de leurs pas alors qu’ils se tournent autour. On entend juste leurs respirations, basses et contrôlées. Les murmures du public semblent être dans un autre univers. C’est un véritable face à face.
La première frappe vient de Sirius, encore trop impatient. Le maître esquive sans mal et le combat commence, intense. L’avantage de Chuck est flagrant, quand bien même il retient la force de ses frappes, il ne retient pas ses coups et ses astuces. Il combat pour de vrai. Si Sirius esquive bien mieux que lors de leur premier combat, il n’empêche qu’il ne peut pas faire grand-chose.
C’était évident mais quand il s’écroule après quelques minutes de combat, Sirius ne peut s’empêcher de soupirer. Il a encore beaucoup de travail devant lui.
Chuck lui tend une main amicale pour l’aider à se relever. Une seconde d’hésitation. Sirius saisit la main tendue. Chuck le relève en une demi-seconde et tapote l’épaule saine du garçon, un brillant sourire sur les lèvres. Un assistant s’approche de lui, un petit sac à la main. Le champion le saisit avant de le tendre à Sirius.
- Tu sais combattre. Maintenant, apprend.
Sirius rend un sourire sincère à l’homme. Le sac contient ses pokeballs. Chuck a raison, maintenant c’est à lui de leur apprendre.