14 Juillet, Illumis, Kalos.
Les feux d'artifice sont comme les messagers de l'ambiance festive qui parcourent Kalos. En ce jour de fête nationale, tout la capitale est en joie : rires, exclamations et confettis sont de rigueur.
Pourtant, un modeste rempailleur de chaise ne fait pas la fête, lui.
Adossé contre son frigo, les yeux vagues, la main serré sur sa bouteille de bière - il ne les compte plus ce soir. Cela fait une semaine que Mia est partie en mission humanitaire. Une semaine - pour lui qui pensait qu'il allait s'en sortir - c'est long. Kems pleure dans sa chambre, les larmes résonnent dans l'esprit du jeune papa - est-ce les feux d'artifices qui l'effrayent ou les coups désespérés de Bellamy dans le grenier ?
Il soupire et boit.
Pourquoi est-ce ci difficile d'être un frère ?
16 Juillet, La Laie Romant-sous-Bois, Kalos.
Bellamy s'est endormie. Il la regarde un instant, elle et sa beauté incompréhensible. Têtue, de sale caractère, rancunière, complètement tarée. Pourtant, il l'aime.
Il n'est pas le seul et le sait bien mais il aime qu'elle ait le courage et l'ambition absurde de retourner sur Lansat pour y attendre sa Lolita, il aime le fait qu'elle ait répondu à sa lettre portée par un tylton par un SOS après avoir ignoré ses appels et sms depuis des mois. Par une fugue. Il aime le fait qu'elle lui accorde enfin le rôle de chevalier servant dont il rêve depuis leur première rencontre - leur premier jour respectif à la PC.
De l'eau avait coulé sous les ponts depuis... Elle avait terriblement changé, la petite Bellamy. Traumatisé par le voile froid de la vraie vie. Pourtant et malgré toutes es souffrances, elle restait cette gamine passionnée dont il était tombé amoureux.
08 Juillet, sur "la haute couture", à proximité de Lansat .
- Tricot, cabine !
Elle hurle pour couvrir les sons de la tempête. Et son goélise, obéit et voléte péniblement dans le tréfonds du petit bateau de pécheur. Péniblement, la pêcheuse tire le cordage emprisonnant la voile dans un noeud complexe. Cela fait deux jours qu'elle et sa nièce (dont elle ne connaissait pas l'existence il y a un an) stagnait prés de cette île. Deux jours que les gardes comptes leur interdisait de s'amarrer sous prétexte que des gus mécaniciens -ou elle ne savait pas quoi- avait pris le contrôle.
Sans succès.
Mais Bellamy avait insisté - tant et tellement, que même Kaira avait cédé. Ça ne la gênait pas de passer ses journées à observer Bellamy qui fixait l'île d'un oeil triste. Elle-même avait le même regard sur l'océan. Celui qu'ont les autres sur les tombes.
L'oeil du deuil.
Mais actuellement, c'était celui de la tempête qui les tracassaient. L'océan avait un langage que tout marin se devait d'écouter. Et actuellement, il leur hurlait de faire demi-tour : restait ici, ne servait à rien.
5 juillet, Poni, Alola.
Ses dix doigts s'entortillaient les uns sur les autres alors qu'il regardait la silhouette loigtaine de son amie discutait avec cette impressionnante femme. C'était sa tante apparemment, et elle avait un bateau. Idéal pour ce que planifiait Bellamy... Quoi exactement ? Il n'avait pas osé demander. Aprés tout, il n'était qu'Aumoe, un simple ami. Pas quelqu'un d'important dans la vie trépidante de la rose.
Et elle avait eu inexplicablement eu besoin d'aide.
D'ordinaire, c'était lui qui commandait son aide et ses conseils quand toute sa peur remuait son être. Elle était la liberté et la force dont il n'osait espérer. Un cri à la nuit étoilée dont lui qu'il espionnait à travers le double vitrage de sa fenêtre.
Alors, il n'avais pas hésité : piochant dans l'argent fourni par ses parents pour ses études bactériologie médicale pour payer son voyage de Copa machin chose jusqu'à Alola - il avait eu une bourse de toute façon.
17 Juillet, La Laie Romant-sous-Bois, Kalos.
-Un, deux, trois... Six !
Elle soupire : Oui, elle sait compter aussi. Elle a bien remarqué qu'un cercle de vieux boustiflors nullos s'est formé autour d'eux - et Philippe qui l'entoure de ses bras comme si elle avait bessoin d'être protégée. Sérieux ? Six Boustiflors ? C'était... Tout ?
Après toutes ces galères et toutes ses peurs. Après la maladie, les ténéfix, l'absence, l'abandon, les éboulements, Jackie, A2P, palladium et la team rouage... Elle avait se faire dissoudre par la bave de grosses sacs végétaux ?
Petite mort insignifiante, si vous voulez son avis.
Mais terrifiante car, elle est loin de chez elle et loin d'eux. Pompom, Lancelot, Pillow et... Surtout Lolita. Toujours Lolita. Lolita et son absence assourdissante.
-Fuck no. ne peut t'elle s'empêcher de lâcher en écartant Philippe d'un coup de coude.
Elle n'avait pas besoin de chevalier servant - Soan lui avait bien appris la leçon. Là voilà qui se saisit de son sac et fouille assidument dedans. Pas de Pokémon certes, mais elle avait quelque-chose bien plus significatifs.
Une photo.
Lolita et sa beauté euh... Relative qui pose au port de Lansat pour cette photographe dont le nom lui échappe.
-Écoutez moi, sacs à feuilles ! Vous n'allez pas nous bouffer aujourd'hui, oh que non ! Vous savez tout ce que j'ai fait et enduré avant de venir squatter votre viel arbre pourri ? J'ai vu mon île, mon école, ma maison disparaître du jour au lendemain à cause de tarés de tous bords et j'ai était physiquement forcé à l'abandonner. Moi je voulais rester ! Attendre mon amante ! Mais ce Wolfgang de malheur ! Je me suis débattue moi, je vous le dis : mais rien à faire !
Elle s'arrête un instant, reprends son souffle et observe la réaction perplexe des boustiflors.
- Donc on m'a trainée de force sur une île toute pourrie parce-que à quoi ça sert la plage si je peux m'amuser à ruiner le bronzage de Lolita ! Là j'ai passé mon temps à essayer de monter sur un bateau : comprenez je vous retrouvez Lansat et ma Loli ! Mais ce tas bodybuildé là, purée, j'étais son jerry, il était mon tom quoi ! foutu concierge ! Finalement l'autre directrice coincée et parano là elle a dit : "olala ça y est vous pouvez rentrer chez vous!"
La dernière phrase avait était énoncée sur un ton des plus... euh. Théâtral. Philippe ne savait pas quoi faire entre rire et pleurer : seuls ses yeux étaient certains de de s'écarter au maximum.
- Et cette académie tout pourrie, qui craint du boudin, foutu école de mes deux ! On savait pas si on pouvait y retourner ! Alors j'avais tout perdu... Mes trois premiers pokémons et le seul endroit hors hôpital où je me sentais chez moi. Vraiment. J'étais toute seule, putain...
Elle donna un coup de poing sur un ennemi invisible et Philippe écoutait avec attention la voix de son amie : elle déraillait comme un train à grande vitesse.
- J'étais supposé prendre un avion pour Kalos et retourner chez Evan et Mia... Mais je l'ai pas fait. À la place : Aumoe m'a envoyé du flouze pour venir à Alola, et j'ai convaincu Kaira de m'amener à coté de Lansat - impossible d'y accoster. Au bout de deux jours, elle m'a ramené à Evan. C'était la putain de première fois qu'il se rencontraient et j'ai tout gâché, comme le reste ! Je sais pas pourquoi elle est partie ! Purée ! Crotte de Chevroum ! C'était weird as fuck !
La petite rose en étant maintenant à sécher ses larmes et à sa morve à grands coups de revers de manches.
- J'ai même pas pu les introduire correctement, j'étais trop occupé à être hystérique. On aurait dit une mentalie aux derniers jours des soldes. Mais genre quand elle retrouve plus sa taille. Evan m'a drogué à la je sais pas trop quoi... C'était pour calmer mes nerfs apparemment. Ça a pas suffi. Lolita me manque trop miskina ! Alors j'ai fuggué. Une fois. Six fois. Miles fois. Je sais plus. Evan m'a séquestrée dans le grenier "le temps que je me calme" et... Purée, je me rends bien compte que je lui ai fait vivre un enfer. Il était pas heureux de me voir comme ça. Me voir l'insulter, le blâmer. Je lui ai tout balancé à la gueule ! Tous mes secrets ! Louis et tout même. Je sais pas, p'tet que je voulais qu'il parte, qu'il m'abandonne comme la première fois.
L'adolescente avait maintenant repris un ton beaucoup plus calme : comme si elle réalisait seulement, là, maintenant tout ce qui s'était passé ces dernier mois.
- Mais il l'a pas fait. Il m'a gardé. Ce salaud voulez "s'occupez de moi" je crois bien. Ça m' fait chelou là. Elle désigna son coeur Je veux dire. C'était la preuve ! La preuve que j'étais pas non plus toute seule dans ce bordel mais en même temps... J'étais tellement en colère comme si il comprenait pas qu'il fallait que je retrouve Lolita et Lancelot. Que Lansat c'était la seule chose qui me restait d'eux. Alors quand cet idiot de philippe m'a envoyé un message via tylton, j'y ai vu l'occaz t'sé ! L'occasion de retourner attendre Lolita.
Philippe tiqua un instant sur "l'idiot" mais il n'en tient pas rigueur à Bellamy qui de toute évidence n'était pas partie pour s'arrêter. Doucement, il s'approcha d'elle et posa une main rassurante sur son épaule - le danger des boustiflors semblait bien loin du drama interne de Bellamy. Mais la rose ne fit pas attention à lui :
Et là : j'arrive ici et vous voulez nous bouffer ? Mais ça va pas dans vos têtes ! Votre cerveau coule à travers votre gros trou ou c'est comment ? Allez tous vous faire voir ! Bandes plantes vertes débiles et vides intérieurement ! Gardez le votre arbre pourri, nous on fait que passez bande de victimes !
Elle accompagna ses mots fleuris de délicats mouvements des deux majeurs sous l'oeil intrigué des boustiflors. Il se regardèrent à tour de rôle avant de baragouiner quelque-chose et de lancer un fouet liane à la cime de l'arbre, disparaissant dans son feuillage.
-Euh... déclara Philippe.
-Simple comme bonjour répondit Bellamy au bord de la crise de nerfs (non, en fait elle s'y noie dans la crise de nerfs)
Mais un gargoulis les interrompit : un boustiflor se tenait bien droit face à eux, bien décidé à en finir avec cette drôle de chose rose qui gesticulait dans tous les sens. Mue par un réflexe, Bellamy attrapa son sac et en sortit une pokéball (elle en avait encore au moins) avant de la lnacer sur l'individu rebelle d'un geste sous l'oeil de plus en plus rond de Philippe.
-Fuuuuck you !
Hrp
Lancer d'une pokéball !