- Allo ?
- Nico ?
- Père ?

Nico déglutit. Pourquoi est-ce que son père l’appelle ? Habituellement, ses contacts avec sa famille se limitent à ses conversations avec sa sœur, plus rarement sa mère ou la secrétaire personne de son père. C’est bien la première fois que son père l’appelle ainsi, sans prévenir, sans raison. 

- Dès que cette conversation sera finit, tu consulteras tes mails. Je t’ai intégré à un cours. J’ai besoin que tu surveilles ce qu’il va se passer. Note les noms des personnes avec qui tu travailleras, note qui tente de porter atteinte à l’objet de ta mission.

Nico reste silencieux quelques secondes. Qu’est ce que c’est que ce bordel ? Il n’ jamais eu à participer ainsi à une mission mandaté par son père. Et puis comment son père a réussi à l’inscrire à un cours sans qu’il le sache ? Ses systèmes de surveillances doivent être revus. Nico soupire. Il sait bien qu’il ne peut pas s’esquiver. 

- D’accord.
- Comment va l’œuf que je t’ai offert ?
- Bien, je pense qu’il va bientôt éclore. Vous ne voulez toujours pas me dire ce qu’il contient.
- Non, la surprise est bien meilleure. Tu dois pouvoir d’adapter en toutes circonstances.

Nico soupire à nouveau. 

- Très bien.
- Parfait, d’autres questions ?

C’est assez ironique quand c’est lui qui a commencé à lui poser des questions. 

- Aucune père.
- Très bien, continue sur cette lancée fils, tu nous rends fier.

Nico reste un instant, le téléphone collé à l’oreille à écouter le bip qui indique la fin de la communication. 

Il est fier. 

Le Phyllali soupire de soulagement. Ça veut dire qu’il va avoir un peu plus d’espace. Il envoie un rapide message à Cait pour la prévenir qu’il va bientôt être envoyé en mission par leur père pour savoir si elle peut le renseigner un peu plus. Il s’installe ensuite derrière le petit bureau de sa cabane à Cobaba et déverrouille son ordinateur portable. Malheureusement, son matériel a été déplacé à Alola bien que la secrétaire de la famille lui ai confirmé que le tout serait renvoyé à la nouvelle académie dès que possible. Connaissant la famille, tout était déjà prêt. 

Un léger sourire sur les lèvres, Nico lance sa boite mail et comme promis, un mail de son référent l’attend. En réponse à votre demande de blablabla, nous vous confirmons votre départ pour demain le blablabla, pour rejoindre Carmin-Sur-Mer afin de participer à la protection d’un tableau ancien très rare, retrouvez plus d’informations sur le tableau blablabla, pendant l’inauguration de L’Océane II. 

Une véritable mission d’espionnage. Un nouveau rappel de ce qu’il est sensé devenir. Nico soupire et se plonge dans les documents annexes que le professeur Yade a joint au dossier. 

Rapidement parcouru, le dossier est laissé de côté pour que Nico se lance dans des recherches un peu plus poussées. Pourquoi son père est-il intéressé par Le Tentacool, qui doit-il surveiller, qui sont les invités, avec qui va-t-il travailler ? Quelques minutes plus tard, et quelques sites hackés, Nico récupère les informations dont il a besoin. 

Son nouveau dossier, bien plus complet cette fois-ci, est sauvegardé sur un dossier bien protégé de son Ipok. Malheureusement, il ne pourra embarquer son ordinateur, heureusement, son iPok, dernière génération, est suffisamment puissant pour lui permettre de faire ce dont il aura besoin. 

En fouillant la liste des invités et les dossiers à surveiller des Andersons, Nico repère quelques noms similaires qui expliquent sans aucun doute que son père veut un agent sur le terrain. Et il est le mieux placé pour le faire de manière discrète. C’est terriblement bien joué de sa part. Il ne sait toujours pas comment il a réussit à l’inscrire à un cours d’espionnage mais son père est plein de ressources, aussi c’est pas si étonnant que ça. 

Un sourire se dessine sur les lèvres du garçon. Ce cours risque d’être très intéressant. 

Un peu déçu de ne pas réussir à récupérer la liste des agents de sécurité de l’inauguration, Nico se concentre sur son sac. Il comprend soudainement un peu mieux l’insistance de son père dans l’obtention de nouvelles tenues de soirée. Bien rangée au fond de la valise, Nico ajoute en plus de ses tenues les plus classes, quelques vêtements décontractés chics. Et un sweat rouge. Évidement. Faut pas déconner non plus. Affaires de toilettes et chargeurs partent rapidement rejoindre le tout et le sac est déposé au bout de son lit, prêt pour son départ. 

– 

5h20 du matin est une heure vraiment indécente pour se lever et pourtant c’est à cette terrible heure que Nico s’extirpe de son lit pour se préparer et ensuite prendre le premier ferry en direction de Kanto. 

L’avantage de prendre le ferry aussi tôt c’est qu’on arrive relativement tôt aussi. Et on peut dormir dans le ferry. Arrivé vers 10 heures au port de Carmin-Sur-Mer, Nico, clairement mieux réveillé, se dirige rapidement vers l’immeuble indiqué dans l’e-mail de Yade. Il lui suffit de mentionner la PC pour que la secrétaire appelle son supérieur qui vient le chercher rapidement. 

L’homme qui vient le chercher est grand et fin. Ses cheveux sont châtains clairs en bataille ne semblent pas avoir vu un peigne ou des ciseaux depuis quelques mois. Ses yeux clairs brillent d’une étincelle que Nico n’arrive pas vraiment à définir. Il a l’air amusé mais aussi curieux ? Le mélange est particulier. Décontracté, l’homme lui fait signe de le suivre. Bien loin de l’image qu’on pourrait se faire d’un agent secret, il a le délicieux combo du t-shirt, jeans, converse. C’est presque une copie conforme du look de Nico reporté sur un adulte.

Le jeune homme le guide jusque dans une grande pièce. Tout le mur nord est couvert de larges fenêtres qui donne, par une coïncidence tout à fait fortuite, sur le port et l’Océane II. Au centre de la pièce, une large table en verre est recouverte de divers dossiers et ordinateurs portables tandis que sur le mur à sa droite, une diapositive est ouverte. Autour de la table, Nico repère cinq personnes visiblement concentrées sur leurs affaires. La pièce est relativement calme, à l’exception de quelques murmures qu’échangent les autres membres de l’opération.

Un peu nerveux, Nico s’installe là où son supérieur (?) lui pointe. Son gros sac à ses pieds, il s’empresse de sortir son Ipok, regrettant amèrement l’absence de ton ordinateur. Le châtain esquisse un sourire face à l’initiative du gamin et s’installe à côté de lui, ouvrant l’ordinateur en face de lui.

- Kévin Miticlic. Enchanté.

Nico ouvre la bouche, se tourne brusquement vers Miticlic les yeux écarquillés, rougit, baisse les yeux, cherche une excuse.

- Ahahahah ! Je m’attendais à une réaction du style mais j’avoue que c’est quand même plus drôle en vrai.

Nico rougit un peu plus en s’enfonçant dans sa chaise. Son père est un connard. Bien qu’il n’ait très certainement aucune idée du lien qu’entretient Nico avec un des pokemons du fameux Kévin Miticlic, Nico ne peut s’empêcher de blâmer son père. Après tout, c’est à cause de lui qu’il est ici.

- Ne t’en fait pas hein. Franchement, Porygon est libre de faire ce qu’il veut. Et puis le simple fait qu’il t’apprécie et qu’il ait décidé de t’aider montre que tu as du potentiel. J’étais sacrément content quand on m’a dit que j’aurais un apprenti pour cette mission et que c’était toi. D’habitude on me colle des jeunots pas capables de faire quoi que ce soit et ça me ralentit plus qu’autre chose. Mais toi, toi tu as du talent. Ça va être fun.

Nico laisse un sourire se dessiner sur son visage. Il n’est pas très à la recherche de compliments en général. Le Phyllali sait ce qu’il vaut et ça lui suffit. Pourtant, Kévin Miticlic est une figure de proue, quelqu’un qui a un niveau impressionnant en sécurité informatique, que ce soit pour l’établir ou la détruire et Nico ne peut pas vraiment s’empêcher d’être flatté par les compliments du hackeur professionnel.

Quelques manipulations plus tard et l’iPok de Nico est relié au réseau de Kévin. Pour une fois, Nico travaille directement sur son iPok, sans aller chercher ses données sur son serveur. Plusieurs raisons à ce choix. Son Ipok est forcement traqué par sa famille tout au long de cette mission et il sera suspect qu’ils ne puissent pas le détecter, deuxièmement, révéler l’existence de son serveur à un super hacker ne lui semble pas être la meilleure des idées.

- Bien, donc tout autour de nous, c’est les agents de terrain. Leur objectif c’est de surveiller l’œuvre, comme pour nous. Cependant, eux, ils vont devoir se balader sur le bateau, discuter avec les gens, se fondre dans la masse. Ils ont des fausses identités qui les rendent intéressants pour de potentiels voleurs afin qu’on puisse les repérer le plus rapidement possible. On aura toujours l’un d’entre eux dans la salle de l’œuvre.

Nico hoche la tête, notant mentalement les informations que lui donne Kévin. Pas question de noter quoique ce soit, Nico ne veut pas prendre le risque que les informations se retrouvent dans les mains des ennemis par sa faute.

- Nous, on va être ensemble la majorité du temps. Notre couverture est commune, tu vas passer pour mon fils. On est Kévin et Nico Scott pour le voyage, je suis un jeune entrepreneur qui a eu des places avec de la chance. Clairement, on est pas important et pas grand monde va avoir des trucs à nous dire. C’est exactement ce qu’on veut.

Le sourire de Kévin voulait tout dire.

- On est en collaboration avec l’Océane II, du coup, notre chambre est parfaitement équipée. Nos PC vont être reliés aux caméras de surveillance du bateau et chaque agent de terrain à une oreille/micro qui est relié à nous. Notre job c’est de faire de la surveillance globale. Prévenir les agents si il y a un soucis. À aucun moment tu n’es autorisé à aller sur le terrain ok ? Les types en face c’est pas des rigolos.

Il semble hésiter un instant.

- Mais tu le sais déjà pas vrai ?

Nico a la décence de rougir. Il faut dire qu’avec son nom de famille et quelques recherches il n’est pas très difficile de comprendre comment Nico se retrouve dans une pareille situation, avec si peu d’étonnement et ce qu’il semble être un minimum d’expérience. Cependant, Kévin ne force pas plus le sujet que ça et les informations initiales données, il donne les noms et prénoms des différents agents ainsi que des anecdotes sur chacun d’entre eux.

La joie d’être hacker, on sait tout, sur tout le monde et visiblement ça agace les agents autour d’eux.  Bien que Nico fasse de son mieux pour retenir ses rires face aux réactions des agents, il reçoit quelques regards noirs suite à un petit rire étranglé. Oups comme on dit.

Le reste de la journée se passe assez vite. Le chef de la mission, un certain Johann Irigon, fait un brief pré mission avant de les lâcher pour que chacun se prépare. Il n’en apprend pas beaucoup plus que ce que Kévin lui a dit, mais c’est un rappel comme un autre.

Au final, ils sont 5 agents de terrain, 2 hackers et un chef qui agit comme un agent de terrain. C’est assez correct. 3 agents par hackers et surtout la capacité de faire des rondes simples et efficaces. Comme le lui explique Kévin, ils ne peuvent pas simplement s’enfermer pendant toute la croisière dans leur chambre. Ils doivent agir normalement. Kévin participera principalement aux soirées alors que Nico sortira en journée. Le hacker lui chuchote avec un sourire qu’il est important de s’amuser, même pendant un travail.

–

Nico déteste, mais alors avec une passion sans pareil, les costumes. Les cravates pour être plus précis. Et les chemises. En fait, tout le costume. Le Phyllali préfère ses jeans larges et ses sweat à capuche qui lui permettent d’être parfaitement à l’aise. Les chemises et les cravates, ça serre, ça force à se tenir correctement et ça implique généralement qu’on va devoir parler à des gens.

- Et bah, ça c’est pas l’air d’un homme heureux. Tu veux de l’aide pour ta cravate ?

Nico hoche la tête en soupirant. Maintenant que l’heure de rejoindre le bateau est aussi proche, il stresse un peu. Bien sur, il a déjà participé à des événements du même style en tant que fils Anderson. Bien sur, il a déjà participé à des missions d’espionnage et de recherche. Pourtant, Nico préfère être en sécurité totale, dans un bunker, à des kilomètres de l’action. Là, même si son rôle est de supporter les agents de terrain, il reste au cœur de la zone de tension. Il peut être prit au milieu de l’action suite à une erreur ou une coïncidence malheureuse et pour être honnête, il appréhende un peu.

- Tu stresses ?

Nico esquisse un sourire désolé en hochant la tête. Kévin soupire et se laisse tomber sur le lit de la chambre d’hôtel qu’ils ont investit après la réunion. Pendant la journée, le duo a mit au point sa couverture, s’accordant sur des petits détails qui rendent leur relation plus véridique.

C’est étrange de voir Kévin en costume. Comme Nico, il a l’air mal à l’aise dans ses vêtements, comme s’il ne s’y sentait pas vraiment à sa place. Pourtant il ne se plaint pas et à même coiffé le bordel que sont ses cheveux.

- C’est normal tu sais. T’es jeune, tu as pas beaucoup d’expérience et tu n’as pas eu beaucoup de temps pour te préparer à la mission. Nous ça fait des mois qu’on est là dessus, toi ça fait à peine quelques jours. Donc c’est normal. Tout ce que je peux te dire, c’est que ça va bien se passer. On va te protéger. Je ne laisserais rien te blesser d’accord ?

Nico inspire profondément. Kévin a raison, il n’a aucune raison de s’inquiéter.

–

Difficile de dire lequel est le plus mal à l’aise entre Nico et Kévin alors qu’ils se placent dans la file d’attente pour embarquer. Ils ont confié leurs valises un peu plus tôt à un réceptionniste et doivent maintenant attendre pour eux même monter sur l’imposant engin. Le bateau de croisière a clairement plus de gueule en vrai. Sur les photos, il a l’air cool, mais aucune photo ne peut montrer la taille du machin.

Bien plus grand que son grand frère, l’Océane II a été conçu pour les croisières qui s’écoulent sur plusieurs mois, pour quelques milliers de personnes. Tout le navire est en première classe, pas d’économique ou de billets à moindre prix, la moindre semaine sur l’Océane II est incroyablement chère. Il faut dire qu’avec ses dix-huit salles de spectacles, ses quarante piscines et toboggans, son casino, ses cinémas, ses boutiques de luxes et encore, Nico est sur qu’il oublie des choses.

Il laisse un bref soupir lui échapper quand il réalise qu’il n’y a plus qu’une personne devant eux. L’embarquement est rapide, vérification des billets, attributions des chambres et invitation à se rendre directement dans la salle de réception principale afin d’assister à la soirée d’inauguration qui commencera officiellement dans moins d’une heure.

Plein de sourire et d’hypocrisie, Kévin remercie le gardien et avec une main sur l’épaule de Nico, il se dirige vers la dite salle. Comme prévu, les autres agents sont déjà en place et bien vite, Kévin lui même est entraîné dans une discussion bien peu intéressant selon l’adolescent. Bon, il doit se débrouiller pour rester deux heures ici avant de s’éclipser pour rejoindre leur chambre et commencer le premier round de surveillance.

Heureusement, bien que Nico utiliserait sans doute plus malheureusement, le Phyllali a l’habitude des événements du genre pour avoir dû accompagner ses parents et sa sœur dans des soirées similaires. Comme un poison (constipé, mais un poison quand même) dans l’eau, Nico déambule entre les gens, récupère un verre de cocktail sans alcool (normalement) et se dirige vers un groupe de jeunes gens d’à peu près son age. Comme toujours dans ce genre d’événements, les plus jeunes se regroupent puisque de toute manière, les adultes acceptent rarement de discuter avec eux.

Nico est accueillit avec de larges sourires et rapidement, il s’installe sans trop de soucis dans la dynamique du groupe. Le statut des parents détermine le statut des gamins et aujourd’hui, Nico est en bas de l’échelle. C’est amusant d’observer les jeux de pouvoir entre les enfants des puissants, bien souvent c’est une excellente manière de comprendre les dynamiques entre les adultes. C’est quelque chose que Nico n’a pas de mal à comprendre, il y baigne depuis sa naissance.

Assez rapidement, il sympathise avec une jeune fille. Brunette aux yeux verts, elle a le bon ton de faire la discussion toute seule, se satisfaisant sans aucun soucis des onomatopées de Nico. Ce qui fait d’elle une bonne personne. En plus, c’est visiblement une jeune fille qui traîne dans le milieu depuis un long moment puisqu’elle le met rapidement au courant des ragots et des qui fait quoi avec qui. Juste de quoi survivre pendant le séjour.

Un peu avant 23 heures, Nico parvient à s’éclipser sans trop de soucis, prétextant un mal de ventre. La brunette, Julie, lui fait signe de filer avec un clin d’œil. Ravi d’avoir trouvé une alliée aussi tôt, Nico saute sur l’occasion avec un sourire et déguerpit.  

Une dizaine de minutes plus tard, Nico se retrouve dans sa chambre, un ordinateur sur les genoux, les yeux rivés sur les diverses caméras. Le tableau est dans une salle, bien protégé, prêt à être exposé dès le lendemain, dans la soirée.

Kévin arrive dans la salle vers 4 heures du matin et prend le relais pour la surveillance de nuit, permettant à Nico de dormir quelques heures. Rapidement, les deux hackers prennent le rythme des échanges de surveillances et des rares heures de sommeil grappillées ça et là. Il faut dire que pour l’un comme pour l’autre, c’est la routine. Les rares heures de sommeil, pas la surveillance d’un tableau vieux de trois siècles.

Julie s’avère être une précieuse alliée. Quelques mots sur un mal de mer qu’il ne veut pas trop révéler et elle le couvre lors de ses gardes. Elle est également une protection efficace dans la jungle de la haute société. Julie fait partit des dix familles et Nico a dû retenir un léger cri d’angoisse quand elle lui a révélé son nom de famille. La, fausse, différence de statut entre les deux adolescents est relativement mal vue mais leur age similaire permet à leur amitié de persister sans que qui que ce soit ne se décide à réellement les emmerder.

La joie de faire partie des dix. Les dix familles formaient au Moyen-Age un ordre de chevalerie réunie autour d’un roi de Kanto. Cependant, à la chute de ce roi, les chevaliers se sont dispersés dans le monde est ont fondés leurs royaumes. Au fil des ans, si la majorité d’entre eux ont perdu leurs titres de noblesse, ils ont gardé une influence et une recherche sur leurs régions respectives. Et Nico est l’héritier de deux de ces familles. Les Andersons et les Kai. Sombre histoire de meurtre et d’héritage.

Allez lire l’histoire de Nico si vous voulez en savoir plus.

Bref, autant dire que Nico est plutôt familier des dix et que l’annonce de Julie l’a un peu prit de court. Heureusement pour lui, Nico n’a pas été vu officiellement depuis un bon moment et Julie ne l’a pas reconnu. Il faut reconnaître que le Phyllali s’en ait un peu voulu de ne pas l’avoir reconnue. Il l’aurait joué un peu différemment.

Enfin, ce qui est fait est fait et visiblement, ça ne pose aucun soucis autre que celui de lui faciliter la vie. Ce qui n’est pas un problème mais plutôt une bonne chose. Que du positif donc.

Cependant, il n’a pas fallut longtemps à Nico pour envoyer un message à son père indiquant la présence de Julie sur le bateau. Et par conséquent de la famille rivale.

–

- Allo ?
- Nico ?
- Père ? Qu’est ce qui se passe ?

Que son père l’appelle en plein été était déjà étrange mais qu’il l’appelle au milieu d’une mission ? Il y a quelque chose de louche.

- Nico tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ? Tu …

Son père panique. Son père, l’homme le plus calme et serein qu’il connaît est en train de paniquer. Un peu bafouillant, surpris même, Nico ne perd pas de temps pour répondre.

- Oui, tout va bien, tout se déroule parfaitement. Qu’est ce qui se passe Père ?

Le soupire de son père traîne un moment et le silence qui le suit est encore plus long.

- Je … Tu … Fait attention d’accord ? La famille de cette Julie, les Lac … C’est eux.

Eux qui ? Oh. Nico frémit. C’est eux qui ont tué la mère de Cait. C’est eux qui ont brisé la famille de son père.

- Ils n’étaient pas sensé participer à l’événement, ils ont dû s’ajouter à la dernière seconde … Il faut que je te fasse évacuer, c’est beaucoup trop dangereux …

C’est terrifiant, terrifiant d’entendre son père paniquer, l’entendre trembler, hésiter. Terrifiant de réaliser que son père a peur pour sa vie.

- Père, tu peux pas.

Les mots semblent s’échapper de sa bouche sans pouvoir les contrôler. Il sent le regard du Porygon de Kévin sur sa nuque. C’est lui qui gère ce round de surveillance.

- Je suis important dans cette mission, si je pars comme ça, la couverture de Kévin est morte et les agents sans nous … Je peux pas partir maintenant. Il ne reste que demain. On arrive à destination demain Père. Je … Ils auraient eut toutes les occasions de m’attaquer avant non ?

Sa voix tremble, il hésite. Il voudrait accepter, partir d’ici, regagner la sécurité de l’académie, de Cobaba. Reprendre le nom Anderson et ce que ça implique. Reprendre la protection de son père. Il inspire et expire doucement.

- Oui, bien sur, bien sur. Mais …

Nico comprend sans que son père ne termine. Il a baissé sa garde une seule fois pour la mère de Cait. Une seule fois et ça a suffit. Nico sait qu’il y a des gens qui préféreraient le voir mort. Lui comme les autres héritiers des Dix. Que ce soit les Dix entre eux ou des étrangers. Il sait que sa vie est menacée. C’est bien pour ça qu’il a pu suivre des études à domicile. C’était plus simple de le protéger à la maison.

- Kévin et les agents me protègent Père. Je retourne à Cobaba dès demain. Tout va bien se passer.

Pour qui prononce-t-il ces mots ?

–

Le reste de la soirée se passe sans soucis. Comme les autres fois, il retrouve Julie et il agit comme les autres fois. Pourtant, cette fois-ci il remarque. Il remarque les sourires qu’elle lance quand elle croit qu’il ne regarde pas. Il remarque que le respect que les autres ont pour Julie lui est également adressé. Il réalise qu’il a juste agit tout ce temps comme un Anderson et que tout le bateau doit savoir qui il est.

Il réalise qu’il a foiré son infiltration du début à la fin. Pas que Kévin ne le sache mais ça explique les regards des adultes, les soupirs de la part d’une des agents dès qu’il entre dans une pièce comme si elle lui appartenait. Parce que c’est comme ça qu’on lui a apprit à agir et qu’il ne sait pas comment se comporter autrement.

Il a simplement laissé ses instincts parler. Ses instincts d’Anderson, de Kai.

Au moins, il est au courant, il peut être alerte. Toujours avoir la Pokeball de Terry sur lui, ne jamais être seul. Ne jamais baisser sa garde.

Il ne veut pas finir comme la mère de Cait.

–

Le bateau arrive à quai dans à peine une heure. Tout s’est déroulé comme sur des roulettes. La seule attaque sur le tableau a été maîtrisé sans soucis pourtant Nico ne peut pas enlever l’impression que quelque chose va se passer. Qu’il aurait dû écouter son père. Kévin est totalement relaxé, ravi de pouvoir enfin sortir du rôle de bourge dans lequel il s’enferme depuis quelques jours.

Et Nico serait dans le même état en temps normal. Mais Nico est terriblement anxieux. Terrifié même. C’est pas comme dans les jeux, c’est la vraie vie là. Et Nico est au plein milieu d’un niveau bien trop difficile pour ses compétences actuelles.

Et pourtant, Nico débarque sans problème. Kévin l’emmène jusqu’à son bateau, le remerciant pour son aide, approuvant ses idées, insistant sur son talent. Il lui donne même le droit officiel d’utiliser son Porygon dès qu’il en a besoin et vraiment, vraiment, Nico ne pourrait pas être plus heureux.

Mais l’impression en part pas et son sourire est tendu, maladroit.

Terrifié.

Kévin ne le remarque pas. Il faut dire que le peu d’expressions visibles sur le visage de Nico n’aide pas vraiment à déterminer si le garçon est heureux, triste ou terrifié. Pourtant, pour une fois, Nico aurait aimé qu’on comprenne ce qu’il ressent, qu’on puisse lire sur son visage qu’il n’est qu’un gamin qui a peur.

La navette qui l’entraîne jusqu’à Cobaba est bien plus modeste que l’Océane II mais Nico y est plus à son aise. À l’exception qu’il n’a plus le contrôle des caméras de surveillance, qu’il n’a plus la possibilité de voir si on cherche à l’attaquer. Il tente de se rassurer, de se convaincre qu’il devient juste paranoïaque mais cette fichue impression persiste.

–

Il a finalement réussit à s’endormir, Jake monte la garde, à ses pieds, l’air endormi. Le sommeil de Nico est léger et dès qu’il attend Jake feuler, il se redresse, la pokeball de Terry dans la main.

La lumière de la Lune lui permet de détecter un homme, assez grand, qui possède les mêmes yeux que Julie. Son père avait raison, son père avait raison. Nico panique, la pokeball de Terry lui échappe et tombe sur le sol, hors d’atteinte. L’homme, d’un large revers de la main, envoie balader Jake qui s’effondre devant lui, impuissant. Nico recule, recule et se cogne contre le mur. Il tente frénétiquement de sortir de la couverture mais il s’y est emmêlé dans son sommeil.

Un rayon de Lune éclaire l’acier d’une arme.

C’est terminé.

Il va mourir.

La balle part. Nico se prépare pour l’impact et ferme les yeux. D’habitude, les gens disent qu’on revoit le film de sa vie quand on va mourir. Mais Nico ne voit rien. Juste le noir, la peur, le vide.

- Monsieur Anderson vous allez bien ?

La balle n’a jamais touché son front et on lui parle. Qu’est-ce que ?

Nico ouvre les yeux et croise le regard inquiet d’un homme vêtu de noir. Ce dernier lui montre rapidement le tatouage qui prouve son allégeance à son père. Nico laisse un soupir de soulagement lui échapper. L’autre homme, celui qui l’a attaqué, est allongé sur le sol. Nico lance un regard à celui qui vient de lui sauver la vie.

- Il n’est pas mort. J’ai visé l’épaule. Il a dû s’évanouir sous le choc. Je conseille à Monsieur de me suivre. Vous changez de chambre. Je m’occupe de … ça.

Nico hoche doucement la tête.

- Ne vous inquiétez Monsieur, mon collègue va vous escorter jusqu’à ce que vous rejoignez la protection de votre école et que vous passiez sous la surveillance de nos camarades.

–

Nico ne ferma pas un œil de la nuit. La lueur de métal était trop vive dans son esprit pour qu’il ose seulement le faire. Son starter dans les bras, il se contenta de simplement fixer le mur en face de lui, priant pour que le trajet soit un peu plus rapide.

L’homme qui lui avait sauvé la vie et celui qui y avait attenté, terminèrent tous les deux au commissariat de Cobaba et si Nico dû témoigner de ce qu’il s’était passé dans sa chambre, il ne chercha pas à savoir ce qui leur était arrivé.

Le plus vite il oubliait cette histoire, le mieux il se porterait.