home
Pokemon Community  :: 
Archives
 :: 
Les Archives
 :: Année 6
Pokemon Community
« Le truc, avec la perfection, c’est que ça n’existe pas. »
« Plaisir partagé ! J’ai également hâte qu’on travaille ensemble sur un nouveau sujet d’étude ! Attends, quoi ?? »
« Moi Apsu, fils du grand Bahamut, Héritier du dragon créateur, Futur souverains des Carchacrok de l'ancien Hisui, avatar de la Sainte baie Nanana, sauveur légendaire d'oeuf draconique, et libérateur des opprimés de la prison de cristal, je ne laisserai personne faire du mal à l’humaine qui m’aidera à monter aux sommets. »
parApsu
« Je ne suis pas toi. Je ne suis pas fainéante au point de ne pas vouloir faire d’effort. Je ne suis pas de mauvaise foi au point de refuser changer. Et je ne pense pas qu’abandonner quelqu’un soit une solution à ses problèmes. »
« Tout à l’heure, tu m’as demandé ce qu’était le spectre de l’hétérosexualité. Ça n’a rien à voir avec Star Wars ou les fantômes. »
« Euuuuh....C'est une nouvelle forme d'entrainement ! Mais comme ça implique qu'on doit survivre en plein milieu d'une invasion de Baggiguane zombies, on a voulu reproduire l'environnement ! »
Staff
Ginji, Cael, Max et Idalienor sont disponibles (principalement) sur Discord pour répondre à vos questions !
année 11, semestre 2
promotion 22
Contexte
Bienvenue sur Leiar ! Une île hébergeant la Pokémon Community, campus universitaire accueillant de tous les profils, humains comme Pokémon. Élève ou adulte, vous vivrez au jour le jour une vie trépidante au sein du campus, votre quotidien ponctué de mille et unes folles histoires typiques de la Pokémon Community. Cette île couverte de cristaux vous réserve quelques surprises, tout ça entre deux cours ou mission pour devenir le meilleur dans vos spécialités respectives ! En savoir plus ?
Nouveautés
Avr - Nouveautés du mois d'Avril. En savoir plus →
07/04 - Cours spécialisés : Coordinateur & TopDresseur En savoir plus →
15/02 - Défi des Champions En savoir plus →
15/02 - Cours spécialisés : Scientifique & Pokéathlète En savoir plus →
15/02 - Cours classe : Ecologie, Histoire & Archéologie En savoir plus →
12/02 - Sortie Capture #38 En savoir plus →
15/01 - Intrigue #6 : Les mystères de Galpera En savoir plus →
Planning
intervention PNJ le 15/04 Intrigue #6 : Les mystères de Galpera En savoir plus →
inscriptions jusqu'au 21/04 Cours spécialisés : Scientifique & Pokéathlète En savoir plus →
disponible jusqu'au 15/05 VS Blue En savoir plus →
disponible jusqu'au 19/05 Sortie Capture #38 En savoir plus →
inscriptions jusqu'au 14/04 Cours spécialisés : Coordinateur & TopDresseur En savoir plus →
disponibles jusqu'au 30/06 - Cours classe : Ecologie, Histoire & Archéologie En savoir plus →
Prédéfinis
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Ginji Labelvi
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t780-c-est-par-la-la-sortie-oups-je-suis-alle-trop-vite
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t799-ginji-labelvi-voltali
Icon : Pikachu Explorateur, à votre service !
Taille de l'équipe : 25
Région d'origine : Sinnoh
Âge : 23 ans
Niveau : 100
Jetons : 5340
Points d'Expériences : 4411
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
pokemon
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
Ginji Labelvi
est un Adulte Champion Electrik
Ginji Labelvi
      rp solo



« Et lourde sera la chute. »


Ne trouves-tu pas qu’il n’y a concept plus étrange que l’amitié, Oz ?

S’attacher à quelqu’un qui ne te ressemble pourtant que sur peu d’aspects, et être prêt à tous les sacrifices pour préserver son être, et par extension, le lien qui t’unit à lui.

C’est un beau sentiment d’abnégation, tu ne crois pas ?

Moi non.

Je ne suis pas d’accord avec cette idée.

« Sacrifice », « abnégation ». Ces mots impliquent que tu mets de côté tes propres intérêts aux services d’une cause, ou dans le cas échéant, d’un autre être. En somme, que tu perdes aux changes, pour le seul bien d’autrui.

Je pourrai délaisser tout ce qui m’est de plus précieux si c’est pour toi, Oz ; jamais je ne me sentirai perdant. Ta présence m'enrichit et m’est bénéfique plus que n’importe quelle autre chose en cette terre.

« Amitié ». Il est dit que les personnes capables de toutes les souffrances pour un proche sont les plus dignes d’être de véritables amis.

En ce sens, je suis un très mauvais ami, Oz. Si je dois souffrir pour préserver notre relation…

… C’est pour m’éviter plus grande souffrance encore.

Ce n’est pas tant ton bonheur qui dépend de mes actes.

Mais le nôtre.

Si l’on devait un jour m’acclamer pour mon dévouement envers mes compagnons, la dernière chose que je souhaiterai est que l’on m’accorde le titre de véritable « héros ».

Un héros est censé agir pour le bien commun, et ce en total désintérêt.

Or, aucun intérêt n’est plus fort que celui de tous vous voir heureux.

Peut-être je radote. Peut-être te l’ai-je déjà expliqué un nombre infini de fois. Ou peut-être qu’au contraire, je n’ai jamais assez témoigné de mon attachement pour toi.

Dans tous les cas, laisse moi te le dire, une nouvelle fois encore.




Si c’est pour préserver ton bonheur, je serai prêt à tout délaisser, Oz.








***
La veille au soir,
Route 222 à Sinnoh.

« -… Tu es certain ? »

Ziip. Le son émis par la fermeture éclair de mon sac vient apporter une réponse à la question posée par Caroline. L’Ipok fermement retenu par ma main gauche affiche toujours le message, que je lis une énième fois avant de reprendre la parole.

« -Oui. Je ne peux pas rater une opportunité pareille. »

J’attrape la bandoulière, et la passe sur mes épaules. Caroline s’écarte du pas de la porte lorsque je me dirige vers elle, et me permet ainsi de quitter ma chambre pour rallier la cuisine. Mais avant de quitter le couloir qui m’en sépare, ma mère fait son apparition, et barrage par la même occasion.

« -Ginji, je peux savoir où tu vas ? »

Je plonge mon regard taciturne dans le sien, plus énervé.

« -A Unys. »

Son sang ne fait qu’un tour.

« -Tu te moques de moi ?! La discussion d’hier ne t’a pas suffi ?! »

Je ne me laisse aucunement démonter par son ton, et reste sur place dans l’attente qu’elle libère le passage.

« -Le bateau part dans trois quart d’heure. En comptant le trajet jusqu’à Rivamar, j’ai tout juste le temps de le rejoindre. Laisse moi passer, s’il te plaît, c’est important. »

Elle me darde de ses yeux.

« -Plus que ta propre famille ? »

Lassé d’attendre, j’écarte moi-même son bras du passage, et passe derrière elle.

« -J’en ai pour pas long. Je serai vite revenu.  »

Elle se retourne, et me suit jusqu’à la terrasse en bois où je chausse mes baskets, Caroline sur les talons.

« -Aussi vite que la dernière fois ? »

Sa remarque cinglante m’arrache un froncement de sourcils. Il n’échappe pas à ma mère, qui en rajoute aussitôt une couche.

« -Qu’est-ce qui me garantit que tu vas réellement revenir, cette fois-ci ? Je ne te laisserai pas partir si c’est pour te voir disparaître à nouveau.  »

J’ai terminé de mettre mes chaussures, et me relève pour lui faire face.

« -Que tu me fasses un peu confiance, c’est trop demander ?
-Tu ne m’en as pas réellement donné l’occasion, jusqu’à présent. »

Je me détourne, et descends rapidement les courtes marches d’escalier pour me diriger vers la grange.

« -Eh bah voilà, tu l’as ton occas- »

Je ne l’ai pas de suite remarquée, mais ma mère est elle aussi descendue, pieds nus, et m’a saisi le bras pour m’empêcher d’aller plus loin.

« -Non. Si tu veux me montrer que tu es digne de confiance, termine d’abord ce que tu t’es engagé à faire et achève tes leçons de conduite.  »

Je me retourne et la dévisage, incrédule.

« -Elles peuvent attendre ! Alors que… »

Je suis à nouveau interrompu, mais cette fois-ci par Caroline, restée sur les terrasses avec son flegme habituel.

« -Et si tu laissais tes Pokémon ici ? »

Je lui lance une expression perdue.

« -Hein ?! »

Elle s’appuie contre la barrière de la terrasse, et fixe ses ongles, l’air de rien.

« -Si c’est aussi important que ça, et que tu en as réellement pour pas longtemps, tu n’as qu’à laisser les Pokémon dont tu n’as pas besoin ici. Comme ça au moins, Maman sera sûre et certaine que tu finiras par revenir. » elle me glisse un regard en coin, et sourit, mesquine « Au moins pour eux. »

Bien que l’idée me paraisse inconcevable aux premiers abords, ses arguments me laissent plus pantois. Ma mère lance un regard méfiant à sa fille, avant de lâcher mon bras pour plutôt croiser les siens, amère.

« -Cela me chagrine que l’idée de revoir tes Pokémon te tienne plus à cœur que ta propre famille, mais si ça me permet de te revoir, je peux vivre avec. »

J’entrouvre la bouche pour répliquer, mais les mots me manquent. Laisser les Pokémon dont je n’ai pas besoin ici ? Jamais, au grand jamais, je ne me suis séparé de mes compagnons, et je pense pouvoir affirmer avoir sentimentalement besoin de chacun d’entre eux. Il suffit de voir comment le départ de Cutie Cute seul m’a profondément bouleversé…

Mais si ce n’est que le temps d’un aller-retour entre ma maison et Unys, je pense que cela peut se faire. La situation revêt une importance bien trop élevée pour que je perde du temps ici et loupe le ferry.

Et si je dois lister les Pokémon dont j’ai besoin là-bas…








***
10 Juillet 2018,
Parsemille, à Unys.

Frémy - 09/07/18 ; 20:02
Salut graine de champion ! Tu vas bien ?
Tu te souviens, ce dont tu nous avais parlé, la dernière fois ? Figure toi que j’ai trouvé quelque chose qui devrait t’intéresser. A cause du magnétisme très élevé qui émane du centre d’Unys, les avions qui vont de Parsemille à Arpentières ont pris l’habitude de voler à très haute altitude. Mais un tout nouvel engin serait apparemment capable de descendre plus bas encore, et je me suis renseignée pour savoir s’il y avait moyen d’effectuer un largage.
Normalement, le coût en essence de ces hélicos est bien trop élevé pour permettre autre chose que le transport de marchandises, mais comme ils doivent effectuer un test de viabilité dans tous les cas demain, ils n’ont rien contre emmener un passager au cas où le vol se passerait bien.
Par contre c’est demain !!! Je ne sais pas où tu es actuellement, mais tu penses avoir le temps de venir jusqu’à Parsemille ? Peut-être qu’en prenant un ferry ou un avion de nuit, tu seras là pour le début d’après-midi. Je l’espère en tout cas ! Tiens moi au jus, champion.
La seule, l’unique, Canon Frémy ~

Combien de fois ai-je lu ce message depuis son envoi ?

La boule au ventre, je continue de le faire défiler encore et encore pour être certain de ne rien avoir manqué. De ne pas m’être trompé de ville. De ne pas m’être trompé de date. De lieu. Mais pourtant, tout porte à croire qu’il n’y a erreur ni temporelle, ni spatiale : la piste d’atterrissage de Parsemille s’étend juste sous mes pieds, et je crois reconnaître dans les hangars les hélicoptères mentionnés par Frémy.

En même temps, difficile de les louper. A l’exception de ces véhicules là et de quelques planeurs, il n’y a pas grand-chose d’autre. C’est marrant pourtant, Parsemille est une ville très connue pour son fret aérien… S’ils sont réellement parvenus à se faire une telle réputation malgré leur modeste aéroport, et ce simplement à l’aide de quelques astuces bien pensées, je leur tire mon chapeau. Faire pousser les produits d’export au pied même de la piste de décollage… Les économies doivent être conséquentes, c’est certain. Mais est-ce au moins bien sain ?

Bah. Je n’ai pas vraiment le temps pour ce genre de considération.

Je range mon Ipok dans ma poche, et m’avance. Mon trac n’est pas moins présent maintenant que j’ai la certitude d’être arrivé à destination, et je pense en connaître la cause.

Il m’est vraiment étrange de n’avoir plus qu’une seule Pokéball sur moi.

« -Ça te fait pas bizarre, toi ? Rien que nous deux, sans aucun autre coéquipier…  » j’ai un faible sourire nostalgique « Ça me rappelle nos débuts en tant que partenaires. »

Depuis mon épaule, Oz acquiesce.

« -Pi. » il détourne le regard, contrarié « Pi pi chu. »

Je hausse les sourcils, surpris.

« -Tu n’aimes pas l’idée qu’on soit séparés des autres ? » à nouveau, il hoche la tête, ce à quoi je réponds par un haussement vague « Malheureusement, c’était le seul moyen pour nous de partir rapidement. Si Caroline n’avait pas proposé ça… Eh bien, nous serions partis quand même, et avec tout le monde, mais je me serai sûrement définitivement engueulé avec ma mère. Et je doute que cela soit un bon deal.  »

Il soupire, à la fois dépité et résigné. L’autre solution aurait été de prendre le temps de dialoguer avec ma génitrice, mais butée comme elle est, on aurait très certainement loupé le ferry jusqu’à Volucité. Et à ce sujet, le voyage de nuit a été plutôt éprouvant… Mais il était nécessaire pour arriver à temps sur place. Je frotte donc les cernes sous mes yeux pour dissiper la fatigue, comme si je pouvais les gommer et les faire disparaître avec mes doigts, et me redresse convenablement au moment d’arriver à hauteur des premiers membres du personnel de l’aéroport. Quelques échanges et minutes d’exploration plus tard, nous faisons la rencontre d’un homme, le pilote, qui nous détaille assez rapidement le déroulement du vol.

« -Le temps de finir les préparatifs, et nous décollerons d’ici trois quart d’heure, une heure. On tentera de se rapprocher un maximum de la zone, et si aucun dysfonctionnement n’est constaté, on vous fera descendre en rappel. Un collègue montera avec vous à l’arrière du véhicule pour vous équiper. »

J’acquiesce en signe de compréhension. Poussé par une obscure curiosité, il se permet une interrogation avant de reprendre les préparatifs.

« -Je peux savoir pourquoi un gamin est autant intéressé par cet endroit ? »

Je ne tique même plus sur le qualificatif discréditant mon âge, quelque peu habitué, et me contente de désigner Oz du menton.

« -C’pas môa qui suis intéressé. »

Le pilote adresse un regard perplexe au Pikachu perché sur mon épaule, mais face au regard blasé et désintéressé de celui-ci, il décide de ne pas pousser la réflexion plus loin.

« -Les Pokémon ont parfois de drôles d’envie. » il se détourne, et s’éloigne « Trouvez un endroit où vous poser et revenez d’ici trente minutes pour le décollage !
-D’acc. » j’hésite une seconde avant d’ajouter « Et merci ! »

Puisqu’on a le champ libre… Je décide de m’approcher de ceux qui entourent l’aéroport – des champs, j’entends. Je nous vois mal poireauter assis sur un caisson ou un conteneur du hangar, on risquerait de gêner. Là-bas, ça sera moins le cas… Ils n’ont actuellement pas l’air de cultiver les terres, et à part ce que je suppose être une équipe de télévision, il n’y a pas un Rattata dans le coin.

Lorsque je m’adosse à l’une des barrières qui sépare la piste d’atterrissage des cultures, Oz bondit dessus, que ce soit pour me délester de son poids ou simplement pour avoir une position plus stable.  Ses yeux balayent les champs, teintés de leur morosité habituelle, mais je sais bien que sous ce calme apparent, mon starter est tendu. Qui ne le serait pas, à sa place ? Si tout se passe bien, il devrait obtenir les réponses qu’il attend depuis si longtemps. Il y a de quoi avoir la pression.

Malgré que j’en sois convaincu, je préfère m’en assurer. Parler l’aidera peut-être à s’alléger l’esprit.

« -Anxieux ? »

Il ne réagit d’abord pas, préférant fixer le vide. Pourtant, avec lenteur, son regard finit par descendre et observe un point inconnu, un soudain voile de tristesse lisible sur son visage.

« -Pi. »

Voir Oz aussi mélancolique me fait brusquement regretter ma question. Visiblement, il évitait de réellement s’interroger jusqu’à ce que j’intervienne. En un soupire, je me retourne, et lorsque j’ai le dos appuyé contre la barrière, je frotte vivement mon poing contre le sommet de son crâne. Le Pikachu tente de repousser ma main en un grognement désagréable, ce qui a pour effet de m’arracher un léger rire.

« -Allez, fais pas cette tête. Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire ? Si ça se trouve on rentrera juste bredouille, et tout ceci ne sera que partie remise.  »

Bien que visiblement peu convaincu, il abaisse lentement ses pattes, et hoche la tête.

Jugeant la discussion close, mon regard se balaye sur la piste, et se pose sur les différentes silhouettes qui s’y activent. Des mécaniciens, des pilotes, des fermiers… La plupart accompagnée de leurs Pokémon. Qu’autant de gens collaborent ensembles pour faire fonctionner cet aéroport, et par extension, la ville, me fait étrangement chaud au cœur.

A nouveau, mes yeux notent la présence de l’équipe télévisée, postée plus loin. Ils sont en train de ranger leur matériel, je suppose qu’ils viennent tout juste de finir un reportage ou une interview. C’est vrai qu’il doit y en avoir des choses à dire, à propos du modèle économique de cet endroit… Peut-être devrai-je proposer à ma mère d’installer une piste de décollage et un avion dans son jardin, ahaha.

« -... »

Une minute.

Mes sourcils se froncent, et je me décolle de la barrière en détaillant toujours un peu plus ces personnes. Oz ne note pas tout de suite mon expression perplexe, et ne la relève que lorsque je me mets lentement en marche dans leur direction.

« -’Faut que je me rapproche. »

Sa mimique circonspecte laisse bien exprimer sa confusion, mais ne l’empêche pas de me suivre en courant le long de la barrière, que je longe. Au fur et à mesure que je me rapproche de l’équipe de tournage, les différentes silhouettes se précisent, et l’une d’elle retient particulièrement mon attention. Un peu en retrait par rapport aux autres, elle se contente de regrouper différentes affaires n’étant vraisemblablement plus nécessaires à l’enregistrement…

Lorsque j’arrive à sa hauteur, elle ne m’a toujours pas remarqué. J’attrape donc son bras sans aucun ménagement, et ce autant pour signaler ma présence… Que la retenir.

« -Sidérella ! »

Oz me rejoint, et lève de grands yeux interrogatifs en direction du Pokémon Psy. Cette dernière tourne lentement la tête vers moi, et son expression témoigne d’une profonde surprise au moment de me voir. Un peu pressé de m’expliquer à propos de notre précédente rencontre, je la noie sous mes paroles sans trop réfléchir.

« -Désolé ! Pour la dernière fois. E-et si je t’ai surpris. Juste, je… ! »

Mais je me perds bien vite dans mes propres excuses, et prends donc une seconde pour expirer bruyamment avant de reprendre.

« -Je ne voulais pas te brusquer. Ou me montrer désagréable, ou… Je ne sais pas quoi encore. J’ai été maladroit. Donc… »

Un peu craintif, je lui lâche le bras, alors qu’elle affiche toujours ce même visage pantois.

« -Ne me fuie pas. D’accord ? S’il te plaît. Je… Je ne te poserai plus jamais de questions, promis. »

Elle reste parfaitement immobile malgré l’avoir lâchée. Sidérella paraît lentement s’adoucir et revenir à son expression blasée habituelle, pendant que je la scrute dans l’attente d’une réponse. Celle-ci finit heureusement par arriver, via une impulsion télépathique comme à l’accoutumée.

« -Je ne pensais pas vous retrouver en de telles circonstances, Labelvi.  »

Entendre sa voix résolument emprunte de cynisme et de mépris me rassure quelque peu. Elle n’a pas l’air de trop m’en vouloir pour l’avoir questionné sur un sujet visiblement sensible à ses yeux, lors de notre dernière discussion. L’interrogation trotte toujours dans ma tête, mais… Je vais bien devoir passer outre, je présume.

« -Puis-je savoir ce que me vaut votre présence ici ? »

Un peu surpris par la question, je fais un mouvement de la tête en direction de mon starter, qui toise la Sidérella avec méfiance depuis tout à l’heure.

« -Je suis là pour Oz. On a tenté de remonter la piste de ses origines, et ça nous a mené jusqu’au centre Unys. Mais jusqu’à aujourd’hui, c’était impossible pour nous de nous y rendre… » cette fois-ci, j’indique du pouce quelques uns des véhicules dans mon dos, un sourire aux lèvres « Heureusement, on a trouvé un hélicoptère adapté ! On est en l’attente du décollage, là. »

Elle paraît toujours aussi sceptique.

« -Mais pourquoi faites-vous cela ?  »

Je me gratte l’arrière de la tête, un peu gêné.

« -C’est compliqué. Il y a quelques points étranges, et… »

Je suis interrompu dans mes explications par la voix d’un des responsables de Sidérella, qui lui signale leur départ imminent. Celle-ci, après s’être retournée, adresse un hochement de tête entendu à Oz et moi-même.

« -Navrée, mais je n’ai pas beaucoup de temps. »

Je la salue maladroitement, et commence à reculer.

« -Pas de soucis ! C-c’est ma faute, je t’ai dérangée pendant que tu bossais… Je te détaillerai tout ça plus tard ! Content de t’avoir revue !  »

Et je m’éloigne, suivi de près par Oz. A peine quelques mètres après notre séparation précipitée, il me questionne d’un cri interrogateur au sujet de ce qu’il vient de se passer, et je me hâte de lui répondre.

« -C’est elle qui était venue me chercher dans le dortoir, lorsqu’il a fallu aider Léo, tu te souviens ? J’ai appris au cours de la mission que les membres de son espèce n’étaient pas censés connaître l’attaque Téléport, alors qu’elle en a pas mal abusé depuis notre première rencontre. Et quand je l’ai interrogé à ce sujet, elle a disparu purement et promptement... »

Le Pikachu jette un regard en arrière, pour tenter de l’observer une dernière fois.

« -Ka pi. »

Je hausse les sourcils.

« -Tu la trouves bizarre ? »

Il acquiesce, et je fais un mouvement d’épaule hasardeux.

« -Bah, on s’y fait, crois môa. »






***

Fébrile, je pose un pied à terre.

Puis un second.

Et prends une profonde inspiration.

Mon cœur bat la chamade. Que ce soit à cause de la descente que je viens de faire, l’impatience, la peur de l’inconnue, le stress… J’aurai bien du mal à le déterminer, dans l’immédiat.

Mes mains tremblantes viennent détacher le harnais autour de ma taille, et libérer Oz du sien. Les oreilles dressées, le Pikachu se laisse tomber à quatre pattes au sol, et aux aguets, observe les alentours avec une grande méfiance. Pour ma part, je me contente de tirer fermement sur la corde utilisée pour notre atterrissage, et lorsque celle-ci commence à remonter avec le harnais, je scrute le ciel pour voir l’hélicoptère partir avec.

Cela fait, j’expire bruyamment, et observe ce décor totalement inédit.

Il n’y a pratiquement rien.

La première chose qui vient me perturber est ce silence absolu. L’absence totale d’un son quelconque est accentuée par le bruit lointain, et extrêmement audible, des palmes de l’hélicoptère, qui ont assailli mes oreilles de leur cacophonie durant tout le trajet.

Dès qu’il n’en est plus question, seul le souffle du vent apporte un semblant de vie en ces lieux. Le sol sur lequel nous venons d’atterrir est recouvert d’une fine couche d’herbes, verdoyante à souhait, et entièrement soumise à la puissance de l’air. Par endroit, la terre paraît plus disparate et dégarnie, mais globalement, elle est gracieusement herbue, et se paye parfois le luxe de quelques touffes d’herbes plus massives.

En plus de ce vert pâturage, d’étranges rochers blancs, détruits par le temps, reposent dans cette plaine. Eux paraissent avoir subi la pression de l’Homme, puisque leur forme rectangulaire et leur disposition laissent aisément supposer les murs qu’ils devaient jadis représenter. Maintenant, ils ne sont plus que des ruines d’une civilisation inconnue, et font d’ailleurs figure de seuls reliefs du plateau.

Au loin, je devine sans mal le vide, en dessous duquel s’étend la forêt au nord de Méanville. Nous sommes vraisemblablement situés vers la partie inférieure de cet immense cercle qui s’élève au centre d’Unys… Et que l’on nomme « Heylink ».

Je me retourne pour observer le reste des lieux. A quelques pas de notre position se trouve un étrange bassin, au milieu duquel un arbre minuscule et torsadé a pris racine. Plus loin encore, une forêt abondamment boisée délimite la partie nord du plateau. Impossible de voir au-delà de l’orée : les feuillages empêchent toute pénétration du soleil, et obscurcissent la forêt de l’intérieur. En dehors…

Rien.

« -… Alors ? Des souvenirs qui remontent, ou un détail familier ? »

Oz se dresse sur ses pattes arrières, et plisse les yeux, pour finalement secouer la tête de droite à gauche en une mine profondément pensive. Les mains posées sur mes hanches, je soupire, et décide de pointer la forêt au nord du doigt.

« -Allons explorer par là-bas. Si j’étais un Pikachu, c’est en tout cas là que j’irai… »

Il acquiesce. Sans plus de cérémonie, nous nous mettons donc en marche.

Avant de nous arrêter net.

« -Les visiteurs sont plutôt rares, par ici. »

Nous sursautons, et faisons volte-face aussitôt que ces paroles sont prononcées.

S’étant visiblement glissé dans notre dos, un vieil homme au crâne chauve et à la barbe grisonnante nous détaille, Oz et moi-même. Une imposante canne en bois lui sert d’appui, et deux Pokémon l’encadrent : un Solaroc et Séléroc. Tous deux lévitent dans le plus grand des silences à ses côtés, et de la même manière qu’il nous fixe, nous toisent en une expression indescriptible.

Bien qu’un peu déstabilisé par leur subite apparition, je cherche une réponse à formuler.

« -B-bonjour ! Je... » j’adresse un court regard à Oz, et en voyant sa propre surprise, rectifie mon début de phrase « O-on ne vous a pas remarqué en arrivant. Désolé. »

Lentement, il s’avance vers nous. Mon partenaire et moi restons parfaitement immobiles lorsqu’il commence à nous tourner autour, et qu’il continue de nous scruter de ses yeux ridés.

« -Pouviez-vous me dire quelle est la raison de votre venue en ce lieu sacré ? »

Le ton calme et réfléchi de sa question ne m’aide pas à savoir si la précision du mot « sacré » a pour but de nous mettre en garde. Alors qu’il a fini de nous détailler, il vient se poster devant moi, et plonge son regard dans le mien en l’attente d’une réponse.

« -On… On enquête sur l’origine d’Oz. »

Son expression trahit une certaine curiosité.

« -Votre Pikachu, c’est cela ? » il se déplace pour lui faire face, mais continue de s’adresser à moi « Qu’est-ce qui vous tracasse à son sujet ? »

Je secoue la tête de droite à gauche.

« -Môa ? Rien. C’est juste que... » je me gratte l’arrière du crâne et détourne le regard, en pleine réflexion « L’homme qui m’a confié Oz dit l’avoir capturé au nord de Méanville. Ce qui est plutôt invraisemblable, puisque Unys est la seule région où il est impossible de trouver des Pikachu à l’état sauvage… Et en plus de ça, mon starter est totalement amnésique. Il est incapable de se remémorer sa vie en tant que Pichu… » je croise les bras, et fixe Oz  « Comme ça le turlupinait, on a ratissé la forêt au dessus de Méanville, en quête d’indices quelconques. Et tout ce qu’on a trouvé... » je désigne les alentours à l’aide de mes bras « C’est ça. Oz est fortement intrigué par ce plateau depuis qu’il est arrivé à son pied, il y a quelques années. » je me tourne et observe le vieil homme « ... Et voila. On en est là. »

Tout en se triturant la barbe, il hoche lentement la tête. Il recule et fait quelques pas hasardeux, rejoignant ses deux Pokémon restés sur place, et je l’observe avec une mine perplexe.

« -Vous… Vous pensez pouvoir nous aider ? »

Ses mouvements de la tête cessent, alors qu’il ne me regarde plus que du coin de l’œil.

« -Que savez-vous du Heylink, exactement ? »

Je hausse les sourcils, n’ayant pas vraiment anticipé la question, mais y réponds malgré tout.

« -Pas grand-chose, à vrai dire. C’est un plateau surélevé qui se trouve au centre d’Unys… Les Pokémon Vols n’aiment pas trop s’en approcher, et les appareils électroniques ont parfois du mal à fonctionner, dans les parages, ce qui fait qu’il est très difficile de s’y rendre. Et… Il y a une femme, le professeur Oryse, je crois ? Qui mène des études sur ce lieu. C’est… A peu près tout ce que je sais. »

Il se remet à acquiescer, ponctuant ses hochements de tête de petits « Je vois... » à peine audibles. Lorsqu’il s’arrête, c’est pour adresser de courtes œillades aux deux Pokémon qui le suivent, et qui reportent donc leur attention sur celui que je suppose être leur dresseur.

« -Qu’en pensez-vous ? »

Pas le moindre son ne s’échappe de leur corps rocheux, en constante lévitation. Pourtant, l’inconnu semble réagir à une obscure réaction, que je suppose empathique ou télépathique.

« -Je suis d’accord. La réponse doit être à l’intérieur... »

Je fronce les sourcils.

« -A l’intérieur de quoi ? »

Il s’approche, et lève sa canne, jusqu’à ce que son extrémité vienne me taper le front. Je recule et me frotte la zone d’impact, plus par réflexe que par réelle douleur, alors que son bâton revient fermement s’ancrer au sol.

« -De vos souvenirs communs d’un temps révolu. »

… Je ne suis pas certain de mieux comprendre, à vrai dire. Il parle de notre mémoire ?… Oh !

A mi-chemin entre la surprise et l’excitation, je me tourne vers mon partenaire.

« -Vous seriez capable de remonter les souvenirs d’Oz ? »

Le regard que me rend mon starter est plus incrédule, pendant qu’encore une fois, le vieillard acquiesce.

« -Oui. Du moins... »

Il se place devant nous, pile entre Oz et moi-même, avec le Séléroc qui, à sa gauche, fixe le Pikachu, et le Solaroc, à sa droite, qui m’observe moi.

« -Si vous êtes certains de vouloir vous prêter à l’expérience. »

Je choisis de ne pas m’avancer, et me tourne plutôt vers mon compagnon. Visiblement, il s’attendait à ce que je me charge de prendre la décision, mais en croisant mon regard, il comprend que le choix lui revient. Son attention paraît se perdre dans le vide le temps d’une infime réflexion, avant de se porter sur le vieil homme et les deux Pokémon qui le suivent, pour finalement m’interroger du regard. Je me contente de lui rendre un haussement d’épaule, et son expression se fait plus déterminée.

« -Pi. »

J’acquiesce, et fixe le doyen.

« -C’est d’accord. »

Il paraît satisfait de notre réponse.

« -Parfait. »

Il tape sa canne contre le sol, et les yeux de ses deux Pokémon se teintent de violets.

Ce que je n’ai pas vraiment anticipé, c’est qu’au lieu de fixer mon Pikachu seul, ceux du Solaroc se plantent droits dans les miens.

J’ouvre la bouche pour articuler une question, mais aucun son n’en sort. J’ai comme une désagréable sensation de malaise au moment où mes paupières commencent à se fermer….

Et puis, la seconde d’après, plus rien.

@Eques sur Never-utopia.



« Je peux pas me ramener à la maison, et faire, "Chérie, regarde ça, j’ai ramené un cyborg du futur !" »
Ginji Labelvi
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t780-c-est-par-la-la-sortie-oups-je-suis-alle-trop-vite
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t799-ginji-labelvi-voltali
Icon : Pikachu Explorateur, à votre service !
Taille de l'équipe : 25
Région d'origine : Sinnoh
Âge : 23 ans
Niveau : 100
Jetons : 5340
Points d'Expériences : 4411
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
pokemon
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
Ginji Labelvi
est un Adulte Champion Electrik
Ginji Labelvi
      rp solo



« Et lourde sera la chute. »


***

Je rouvre les yeux en panique.

Je suis debout. Droit. Et au milieu de…

Rien.

Mais genre, rien de chez rien. Encore plus rien que le plateau du Heylink. Il n’y a qu’une vaste étendue rosée qui s’étend jusqu’à l’horizon, et un ciel parfaitement blanc. Je baisse la tête, et observe la surface sur laquelle repose mes pieds, pour réaliser que rien d’autre si ce n’est un vide absolu s’y trouve.

Il n’y a… Rien.

Quelque peu déconcerté, j’ai un léger vertige, et me passe une main dans les cheveux en scrutant les alentours.

« -… Je… Je rêve, ou… ? »

Une voix en provenance d’outre-tombe me répond.

« -D’une certaine façon, oui. »

Surpris, je pivote sur moi-même, à la recherche du vieil homme, mais… Toujours rien. Il n’est ni derrière moi, ni devant, ni à gauche ni à droite. Il n’est nul part, mais pourtant, je jurerai avoir entendu sa voix raisonner dans mon esprit.

« -Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il se passe ? Que m’avez-vous fait ?! »

Toujours en provenance du néant, son ton calme et détendu continue d’envahir les lieux.

« -Solaroc vous a fait plonger au plus profond de votre subconscient. C’est d’ici que vous trouverez la réponse que vous cherchez.  »

Fortement perturbé par toute cette mise en scène, identique à celles du Docteur Ghost, je tente de mettre un peu d’ordre dans tout ce bordel, et prends une profonde inspiration. En supposant que je puisse prendre une profonde inspiration depuis mon propre… Subconscient.

« -Je… Je crois que vous m’avez mal compris, quel rapport avec Oz ? Ce n’est pas dans ses souvenirs à lui qu’il faut fouiller ? »

Bien que je ne le vois pas, je devine sans mal le sourire énigmatique du vieillard au moment de me répondre.

« -Pourquoi ne lui poses-tu pas directement la question ? »

Par un réflexe obscur, je me retourne, et reconnais la silhouette de mon starter juste derrière moi. Le Pikachu a l’air aussi égaré que je le suis, mais semble reprendre un peu de contenance en me reconnaissant, alors que nous nous avançons l’un vers l’autre pour nous étreindre.

« -Oz ! »

Malgré que tout ceci ne soit – je crois ? – que le fruit de ma propre imagination, je ressens sans aucune difficulté le contact de ses poils ras contre ma peau. Toutefois, au moment de le câliner, je suis pris d’un subite doute qui me pousse à mettre fin à l’embrassade pour plutôt fixer mon starter.

« -Attends. C’est bien toi, hein ? Pas juste une illusion de mon propre esprit ou une bêtise du genre… ? »

Visiblement un peu dérouté, Oz a bien du mal à me répondre, mais heureusement pour lui, quelqu’un d’autre s’en charge pour lui.

« -Rassurez-vous, il s’agit bien de votre compagnon. Solaroc et Séléroc vous lient télépathiquement, et vous allez pouvoir explorer ensemble le fil de votre histoire.
-Oh. Euh... » pas certain de réellement cerner la situation, je lève les yeux au ciel, comme si le vieillard nous observe depuis là-haut « Merci ?… Et on fait ça comment, du coup… ? »

Oz aussi, scrute les environs à la recherche du léger rire qu’émet le vieillard avant de répondre.

« -Laissez-vous guider par vos souvenirs les plus marquants, et ce jusqu’à arriver  au moment désiré… Le reste ne dépend que de votre ressort.  »

Il marque une courte pause, mais reprend avant que je puisse placer un mot.

« -Et souvenez-vous que la langue de l’âme est universelle. »

Et sur ces paroles, je sens sa présence s’évanouir dans l’atmosphère. Je continue d’observer les alentours à sa recherche, bien que cela doit avoir encore moins de sens maintenant qu’il est vraisemblablement parti, avant de lâcher un profond soupir. Donc, si j’ai bien suivi, je suis dans un espèce de trip hallucino-mémoratif avec mon starter, pour trouver une explication à sa capture dans un lieu où il ne devrait pas être, ainsi qu’à son amnésie étrange… Bon. Comme je le disais, ça ne change pas grand-chose par rapport à une consultation classique chez Ghost. Dommage qu’il ait fallu venir jusque là pour faire ça, j’aurai su…

Visiblement aussi perturbé que moi, Oz se permet un commentaire sur la situation.

« -Il est vraiment étrange ce vieil homme. »

Je baisse la tête en signe de compréhension.

« -Je te le fais pas dire… Il doit déjà mener une vie vachement bizarre s’ils passent ses journées sur cet immense plateau.  »

Quelque peu dépassé par tout ça, je me gratte l’arrière de la tête tandis que mon starter me lance de gros yeux ronds. Je ne capte ceux-ci que quelques secondes après ma réponse, et ne comprends pas immédiatement pourquoi il me dévisage de la sorte. Je me repasse alors lentement le fil de ces derniers instants, et…

Je fais un bond en arrière.

« -Attends, tu parles ?! »

Confirmant mes propos, Oz me rétorque immédiatement.

« -Bien sûr que je parle, Crétin ! Comme j’ai toujours parlé ! Mais pourquoi est-ce que tu comprends ce que je dis, tout d’un coup ?! »

Par réflexe, je commence à tâter mon torse de mes mains, vérifiant que mon corps est bien le mien.

« -Une minute, je ne me suis pas transformé en Pokémon, au moins… ? » je plisse les yeux en réalisant que juste, non, et prends donc un court instant pour réfléchir aux propos du vieil homme « … Ça doit être ça dont il parlait, par une "langue de l’âme universelle". »

Oz soupire.

« -Ouais, de la télépathie, quoi. »

Il tourne vers moi un regard blasé.

« -… Et maintenant ? »

Je croise les bras, et tente de réfléchir aux dernières paroles du vétéran.

« -Il a dit qu’on devait se laisser porter par nos souvenirs.  »

La souris penche la tête sur le côté en une moue peu convaincue.

« -Je dois juste me creuser les méninges pour tenter de me rappeler d’un truc ?  »

Sceptique, je secoue la tête de droite à gauche.

« -Non. Je ne pense pas que ce soit aussi direct. » je me gratte le menton « Les souvenirs les plus marquants, jusqu’à arriver à celui désiré… C’est quoi, le dernier truc le plus impactant qui t’est arrivé, dernièrement ? »

Cette question, purement réflexive, semble éveiller en Oz un sentiment bien lugubre, et c’est en réfléchissant après coup que je réalise pourquoi.

« -C’est... »

Il hésite, peu certain de vouloir continuer. Pourtant autour de nous, le monde change, cet ensemble de « rien » se décompose peu à peu pour prendre une toute autre forme. Les environs s’obscurcissent, un sol et des murs se dessinent, et bientôt, nous sommes piégés entre quatre murs, et éclairés par des néons accrochés au plafond. La nuit noire est maîtresse par de-là les fenêtres du réfectoire, tandis qu’à l’intérieur, une ambiance tout aussi sombre règne.

« -La veille de l’affrontement à Lansat. Lorsque tu nous as tous convoqué dans les cuisines de l’académie pour nous annoncer le retour de la Team Rouage. »

Incrédule, je nous vois. Tous mes Pokémon, rassemblés le long des murs de la pièce et de l’ameublement, dont Oz, qui est posté sur une table juste à côté d’Euphie. Pourtant, Oz est aussi juste en face de moi. Mais ce n’est pas le même Oz. Le Oz qui se trouve plus loin est un Oz du passé, tandis que celui qui reste à proximité est le Oz du présent, avec lequel je revis ce souvenir.

Et de la même façon qu’il y a deux Oz, il y a un deuxième Ginji. Le Ginji du passé qui va-et-vient dans la salle, le pas énervé, la mine assombrie, et les bras crispés.

Un Ginji qui tonne.

« -Je veux agir. Faire quelque chose pour les contrer. Eux, autant que la menace qu’ils représentent. »

J’observe mon moi du passé s’agiter. Le fait de me voir en un second exemplaire ne me choque pas plus que ça, puisqu’à la différence de l’événement Manaphy, cette personne en face est bel et bien moi, si ce n’est qu’elle appartient à une autre époque. Elle s’apparente plus au reflet d’un miroir qu’à un véritable double ou clone. Le souvenir encore vif de cet événement doit encore jouer, sans doute, et m’aide à faire la part des choses.

Lentement, je m’approche de ce Ginji. Il ne semble pas me remarquer ; je suis simplement un spectateur passant devant son poste de télévision, et sur lequel est diffusé le souvenir de cette nuit là.

« -Nous pourrions partir et nous protéger, mais je le refuse. Tout comme il est hors de question de me contenter d’un combat à loyal contre ces enfoirés de première. »

Il est de toute évidence bien trop occupé à psalmodier pour pouvoir se soucier d’un mirage du futur, quand bien même il me verrait. Me voir aussi énervé… Me laisse une impression réellement amère en bouche. Je ne crois pas avoir déjà pu observer des traits aussi tordus sur mon visage, même en grimaçant volontairement devant un miroir, je ne suis pas certain de réussir à retranscrire pareille expression de haine et de rage.

« -Je veux les détruire. Avoir la certitude que jamais, ô grand jamais ils ne puissent plus faire de mal, ni passer une seule journée sans se remémorer tout celui qu’ils m’ont causé. »

Le cœur serré, je me détourne. Mais pas par réel dégoût de ma colère… Simplement car je sais désormais que ce souhait ne sera pas exaucé avant un long moment.

Oz, le vrai, celui du présent, contemple toujours ce reflet, la mine sombre. En le réalisant, un voile de tristesse défile sur mon propre visage, et je jette un regard en coin en direction du dresseur suppliant ses Pokémon de bien vouloir se battre pour sa propre vendetta.

« -J’étais vraiment énervé, hein ? »

C’est tout ce que je trouve à dire. Mon starter acquiesce, et sans détourner les yeux de ce triste spectacle, me répond par une autre question.

« -Tu regrettes ? »

Je croise les bras, et profite du silence instauré par la fin de la tirade de mon moi du passé pour réfléchir. Je parviens de toute façon à une conclusion sans trop de difficulté, parfaitement en accord avec moi-même.

« -Non. » je me tourne vers le second Ginji, actuellement en train de dévisager ses Pokémon suite à sa demande « J’étais en colère, mais je n’ai pas agi sur un coup de tête. Que cela se soit fait à chaud ou à froid, j’aurai pris la même décision. C’est si je vous avais envoyé au combat sans vous consulter que je m’en serai voulu... »

Je baisse la tête, et les sourcils froncés, la secoue de droite à gauche.

« -Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir ordonné moi-même l’attaque sur les Pokémon Obscurs. »

Oz ne dit rien. Pourtant, c’est sa voix qui résonne dans la pièce, juste à temps pour la fin de ma propre réponse.

« -D’accord. »

Je relève la tête en direction du Oz du passé, assis sur la table. Ses pupilles d’un blanc profond fixent avec intensité son dresseur, et cherchent à lui faire passer un message dont il a grandement besoin.

Dans mon propre souvenir, seul le cri d’un Pikachu a retenti à ce moment là. Il semblerait que maintenant que mon subconscient soit connecté à celui d’Oz, je peux pleinement saisir le sens de ses paroles.

Une partie de moi est satisfaite de ne pas avoir mal interprété ce simple son.

L’autre est plus sceptique.

« -Et toi ? » je me tourne vers le véritable Oz « Tu regrettes ? »

Mon starter ne lâche pas son homologue du regard. Ses yeux se plissent en une mine pensive, et sa tête se baisse légèrement, incertain de la réponse à formuler.

« -Je… Je ne pense pas. »

Sentant qu’il souhaite ajouter quelque chose, je ne dis rien, et attends que cela arrive.

« -S’il cela n’avait tenu qu’à moi… Je ne pense pas que je serai parti les affronter. Mais… Je ne suis pas non plus certain que cela aurait fait une conclusion convenable. En fait… Je n’ai même aucune idée de laquelle est la meilleure. » il fait non de la tête « Tout ça, c’est bien trop compliqué pour moi. La seule chose dont je suis sûr... » il me regarde, impassible « C’est que je suis content de t’avoir suivi. Si tu me dis que cette option était la seule envisageable… Alors, je te crois.
-Merci. »

Le moi du passé est au bord des larmes au moment de remercier ses compagnons. Dans un même temps, le décor qui nous entoure commence à se désagréger, et toutes ces silhouettes s’évanouissent avec.

Le vide absolu refait rapidement place. Il n’y a que cette brume rosée qui contribue à l’ambiance psychédélique de la situation, en dehors, j’ai toujours l’impression de marcher sur un sol inexistant, et de pouvoir avancer vers l’horizon pendant une durée infinie sans que le moindre changement ne s’opère.

Oz ne tarde pas à reprendre la parole de sa voix aigre.

« -Ok. Et ça nous a avancé à quoi ? »

Je souris, amusé par le peu d’entrain dont fait preuve mon starter.

« -Remonter les souvenirs à un à un qu’il a dit, le monsieur. C’est quoi, le dernier truc qui t’a marqué, avant ça ? »

Il penche la tête en signe de réflexion. Le Pikachu n’a même pas le temps de donner une réponse que son subconscient s’en charge à sa place, et matérialise pour nous le décor de sa dernière réminiscence. L’environnement si monotone qui nous entoure se tord pour donner plus de relief, et l’obscurité reprend lentement sa place, pendant que des étoiles pointent une à une dans le ciel. La lune aussi se fait claire, et après quelques secondes, je nous vois à nouveau, en train de contempler la voûte céleste à l’entrée d’une maison. J’ai d’abord un peu de mal à situer l’endroit, notamment à cause de la nuit omniprésente qui rend les choses moins facilement reconnaissables, mais finis par comprendre après une analyse plus détaillée de la demeure derrière nous.

« -C’est chez DracoSatan ! Euh, je veux dire, Madame Hagawa, la grande-tante de Haru. »

Oz acquiesce.

« -Oui. La nuit juste après qu’on ait aidé les Pikachu de la forêt. Tu t’étais levé pour me permettre de sortir.
-Ouais. Je replace. » je fronce les sourcils, et dévisage Oz « Mais en quoi c’était aussi marq... ?
-Il y a un problème ? »

Le Oz du passé me coupe dans ma phrase, et tourne un regard interrogateur vers le Ginji de son époque, pensif. Les yeux rivés vers le ciel, la moue de ce dernier se fait moins sereine et plus pensive, avant qu’il ne se laisse aller à une expiration contrariée.

Oz répond à ma question inachevée avant que mon reflet d’antan n’accapare la parole.

« -Tu vas comprendre.
-J'ai eu une pensée pour Cutie Cute, tout à l'heure. Elle est restée à Alola parce qu'elle a trouvé d'autres Mimiqui aux côtés de qui elle souhaite vivre... Et je suis content qu'elle ait fait ce choix. Je sais que, entourée par ses semblables... Elle pourra être comme elle est, et pleinement s'assumer.  »

Faisant confiance à mon starter, je me contente de m’écouter parler sans un mot. C’est ainsi que je me rappelle avoir eu du mal à m’endormir ce soir là, ainsi que la brusque envie de parler un instant avec Oz, suite à un tracas que je n’arrivais pas à me sortir de la tête.  

« -A aucun moment, tu n'as eu envie de rejoindre ces Pikachu ? Ni toi... Ni même Euphie ? »

Je soupire en me remémorant mon malaise du moment. C’était une question délicate qui n’était, mine de rien, pas évidente à poser, surtout après avoir quitté un de mes compagnons à peine quelques semaines plus tôt.

Mais comme dans mon souvenir, cette sensation désagréable s’évanouit aussitôt que Oz prend la parole, tout juste après.

« -Hmm… Non. »

Son expression peu convaincue plutôt explicite m’avait permis de facilement comprendre sa réponse, bien qu’il m’ait malgré tout fallu m’en assurer.

« -Vraiment ? »

Cette fois-ci, Oz du passé se contente d’acquiescer, et l’actuel en profite pour placer une phrase.

« -Au début, je ne comprenais pas vraiment comment cette question a pu ne serait-ce que te traverser l’esprit.  »

Je souhaite répondre, mais mon reflet m’en empêche, en écho avec les paroles de mon starter.

« -Je pensais que tu te poserais au moins la question.  »

Le souvenir du Pikachu secoue aussitôt la tête de droite à gauche.

« -Non, ça ne me plairait pas. Je suis bien avec toi, Crétin. »

J’ai un grincement de dent en comprenant que Oz m’insulte réellement au quotidien, mais passe bien vite outre lorsque vient le moment pour mon moi du passé de retourner se coucher, désormais rassuré. Le Pikachu, lui, reste sur le pas de la porte après avoir salué son dresseur, et se lance dans sa contemplation habituelle des étoiles.

Le silence désormais retombé, Oz, l’actuel, détaille sa pensée.

« -En y réfléchissant, je me suis dit que j’avais de la chance d’avoir un dresseur humain qui se soucie de ce genre de choses. Mais… Il y a quelque chose que j’aurai quand même voulu savoir. »

Il me dévisage.

« -Que se serait-il passé si j’avais répondu "oui" ? »

La question a pour effet de me glacer le sang. Un frisson désagréable parcourt mon corps à cette simple évocation, et j’ai besoin de prendre une profonde inspiration avant de répondre.

« -Je… J’en sais rien. »

Mon estomac se noue tandis que j’envisage la scène.

« -Je suppose que j’aurai fini par faire comme avec Cutie Cute. » je marque une pause, et contemple l’ancienne silhouette d’Oz en train, elle, d’observer les étoiles « Je t’aurai demandé si c’était réellement ce que tu voulais, et si oui, je t’aurai laissé partir. »

Ma réponse ne paraît pas convenir à mon partenaire, qui secoue la tête de droite à gauche.

« -Je le sais, ça. » il la relève et plante ses yeux dans les miens « Mais ensuite ? Tu serais parvenu à retourner à l’académie, à t’habituer à mon absence et à reprendre une vie normale ? »

J’ai un sourire triste.

« -Non. Je ne peux pas retrouver une vie "normale" si tu n’y figures pas, Oz. » je hausse les épaules « ‘Fin, je n’aurai eu d’autres choix que de m’y faire, de toute façon. Je suppose qu’avec le temps… J’aurai appris à faire avec. Comme je l’ai fait pour Cutie Cute. »

Oz acquiesce lentement en signe de compréhension, ce qui semble mettre fin à la réminiscence. La luminosité revient au fur à et mesure que la nuit s’amenuise, et le décor tristement monotone de notre subconscient reprend progressivement ses droits.  

Mon starter soupire.

« -Ça va prendre une plombe si on doit revivre toutes les scènes importantes de ces dernières années…  »

Amusé, je m’approche de lui, et m’abaisse pour lui frotter le haut du crâne.

« -C’est ça ou rien ! Allez, c’est quoi la suite ? »

Il dégage ma main de sa patte, et me lance un regard noir.

« -Ouais ouais. Hum, voyons...  »

Oz ferme les yeux, et penche la tête sur le côté pour tenter de se remémorer la suite. Ou plutôt, ce qui a précédé ce que nous venons de voir. Et je présume qu’il a fini par trouver, puisqu’une fois encore, le décor se métamorphose. Cette fois-ci, il n’y a pas la baisse de luminosité en rapport avec les souvenirs nocturnes, mais un ciel qui, en plus d’être clair et dégagé, est parfaitement visible au dessus de nos têtes.

Nous sommes dans une clairière, encerclée par la roche. La seule issue mène à l’intérieur d’une grotte : tout le reste n’est que terre battue et relief abrupt. Une sorte de totem en bois se trouve à l’opposée de l’entrée, et un objet en forme de losange est placé dans une cavité en son sein.

En dehors de ça, trois personnes sont présentes. Oz, à proximité du totem, moi, près de la grotte, et entre nous deux… Un Rattatac d’Alola.

Massif.

« -L’Épreuve de Mele-Mele.  »

Ces mots sortent de ma bouche par réflexe lorsque je comprends d’où vient ce souvenir. C’était à Alola, il y a bientôt un an… Pour la Compétition TopDresseur, nous devions triompher de l’Épreuve d’Althéo. Et ce Rattatac d’Alola… En était le dernier rempart.

Oz est sur ses quatre pattes, et à bout de souffle, fait face au Rattatac. Étant dans son dos, mon ancien moi parvient à échanger un regard entendu avec le Pikachu sans la moindre difficulté, et presque aussi rapidement, nos deux silhouettes se mettent en position.

Je souris en revoyant cette scène.

« -Notre première Attaque Z. »

Mon partenaire acquiesce, lui aussi contemplatif.

« -C’est vraiment… Bizarre comme sensation.  »

Je me revois, en train d’agiter les bras en cette posture étrange. Puisqu’il s’agissait d’une « simple » Fulguro-Lance Gigavolt, les mouvements n’étaient heureusement pas trop compliqués… Et j’ai réussi à l’exécuter sans trop de mal. Même si aujourd’hui, je devrai y arriver plus vite.

De son côté, les poils d’Oz se sont tous dressés, et l’électricité émise par son corps a redoublé d’intensité. J’ai un certain frisson en revoyant l’attaque se préparer, me remémorant le sentiment alors éprouvé.

« -Pendant un instant, j’ai réellement eu l’impression que nous ne faisions qu’un. »

Il approuve, mais avec une moue plus sceptique.

« -Ouais. C’était... »

Puis il marque une courte pause, et plisse les yeux.

« -Flippant. »

Je le dévisage, vexé.

« -C’est censé vouloir dire quoi, ça ?!
-FULGURO-LANCE GIGAVOLT ! »

Pas le temps pour mon égo d’être plus blessé, hélas. Le Oz du passé est déjà en train de préparer son attaque, tandis que le Rattatac dominant lui fonce dessus : heureusement, sa capacité Z prend le dessus, et l’énorme décharge reçue par le Pokémon adverse propulse celui-ci de l’autre côté de la clairière. Je ne le réalise que maintenant, mais il m’a frôlé de vraiment très près au moment de me passer devant…

La seconde d’après suivant la fin du match, l’électricité s’estompe et l’ancien moi s’effondre, épuisé par la Fulguro-Lance Gigavolt. Cette ultime attaque signait pour nous la fin de l’Épreuve, et notre triomphe sur celle-ci…

Je m’attendais à en voir plus, mais le souvenir s’estompe déjà. Un peu surpris, j’observe le décor se détériorer, et interroge Oz.

« -C’est… Le seul truc qui t’a marqué de cette journée ?
-Hmm… Non. Globalement, j’étais content d’avoir pu éclater du Rattata à tes côtés.
-... »

Il détourne le regard, comme gêné.

« -Mais si je retiens surtout cette attaque… C’est parce que pendant un instant, je me suis réellement senti…  »

Il plisse les yeux, à la recherche de ses mots, et finit par baisser la tête de façon honteuse.

« -Puissant.  »

Je hausse les sourcils, ne m’attendant pas à une telle confidence de sa part.

« -Tu… Tu as des doutes sur ta force ? »

Oz a un petit sourire nerveux, et fixe ses pattes antérieures.

« -Regarde moi. Je ressemble à ces-faux Pokémon en mousse pour bébés humains...
-… Une peluche ?
-… Ouais. Peut-être. » son expression se fait plus accusatrice, comme s’il se reprochait sa situation, et il baisse les bras « Je n’ai pas envie d’être une simple chose que l’on câline. Déjà parce qu’il y a rien de plus agaçant qu’être dérangé pendant sa sieste – mais surtout car j’aimerai prouver aux autres qu’ils peuvent parfaitement se reposer sur moi. Et que je saurai les défendre.  
-Eh. » je m’agenouille pour être le plus à sa hauteur possible, et pose une main sur sa tête « Je le sais, tout ça.
-Oui, oui… » il dégage ma main, mais avec moins de fougue que la fois précédente « J’aimerai juste que ça soit un peu plus évident aux yeux des autres. »

Loin de me vexer, je souris et me relève, confiant.

« -Ne t’inquiètes pas. Ça le sera dès que tu auras évolué. Et pour ça… Tu sais ce qu’il te reste à faire ? »

Le Pikachu acquiesce.  Il ferme ensuite les yeux, et se concentre sur la suite de ses réminiscences…

La brume environnante s’évapore pour laisser place à un gazon verdoyant. Un mur de pierre se dresse non loin, des dalles commencent à délimiter un chemin, et le bruit assourdissant d’une foule à proximité vient trancher avec le parfait silence qui régnait jusqu’alors.

Il me faut un moment pour réaliser que ce souvenir se déroule dans l’un des parcs de Lansat, en plein jour. J’ai besoin d’un instant encore plus long pour le situer dans le temps : toute cette masse grouillante de l’autre côté du mur, dans la rue, et Oz actuellement occupé à creuser pour moi un tunnel dans une parcelle du parc…

« -La Saint Valentin. Celle de 2017.  »

Un retour en arrière d’un an et demi, donc. J’avoue trouver étrange que sur tout ce qu’il se soit passé dans cette période, Oz retient surtout les événements de cette journée là, où il ne s’est concrètement pas passé grand-chose d’exceptionnel… Mais comme précédemment, il semble y avoir une explication, que le Pikachu ne tarde pas à débuter.

Il fixe mon ancienne silhouette, accroupie devant le trou qu’il a jadis creusé, et totalement immobilisée, pour ensuite commenter d’un air grave.

« -C’est la première fois que j’assistais à une de tes crises. »

Mon regard s’abaisse vers mon ancien moi, figé, et je me remémore en un soupir l’origine de cet état.

 « -Je suis désolé. J'aurai dû y penser plus tôt. Mais je sais pas, sûrement l’appât de la bouffe qui m'a fait penser trop vite. Ahaha, comme d'hab, en fait... »

Je me gratte le sommet du crâne avec une mine légèrement contrariée.

« -Cette claustrophobie m’aura mené la vie dure.  »

Mon compagnon acquiesce, visiblement en accord avec lui-même.

« -Oui. Heureusement que j’étais là pour te faire bouger... »

En cohésion, le Oz du passé élargit le tunnel pour permettre au moi tétanisé de progresser. Mais bien que le phobique que j’étais soit parvenu à légèrement rentrer à l’intérieur, la peur lui noue à nouveau le ventre, et son starter choisit donc une solution plus radicale : après s’être faufilé derrière lui, il le pousse à avancer à grands renforts de décharges. J’ai une grimace douloureuse en revoyant la scène, alors que l’expression d’Oz, elle, s’assombrit.

« -Lorsque j’ai croisé ton regard, j’ai vraiment eu peur. En général, lorsque j’y vois une telle panique, c’est que quelque chose de grave est en train de produire… Et constater que la simple évocation de passer dans un tunnel pouvait te mettre dans un tel état, ça m’a fait un drôle de choc. »

Surpris par cette conséquence pour le moins inattendue de ma crise, je détourne le regard d’un air légèrement coupable.

« -Désolé. Je t’ai inquiété pour rien. »

Passant complètement outre cette excuse, le Pikachu prend une mine plus curieuse.

« -Être dans un lieu étroit pour toi t’évoquait de mauvais souvenirs, c’est ça ? »

Je me gratte l’épaule de ma main gauche, mal à l’aise à l’idée d’évoquer cela.

« -Rien de bien méchant au final, mais c’était quelque chose qui m’avait profondément marqué quand j’étais gosse. »

Il secoue la tête de droite à gauche.

« -Alors ce n’était pas rien. » son regard dévie jusqu’au tunnel dans lequel nos reflets se sont faufilés, et d’où émanent quelques uns de mes cris angoissés « D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais eu à affronter seul un événement traumatisant. Ce qui, je pense, m’a grandement aidé à ne garder aucune séquelle de ce que nous avons pu traverser… » il plante ses yeux dans les miens « Si tu n’as pas eu le droit à ce soutien par le passé, alors ne t’excuse pas si tu le nécessites aujourd’hui. C’est dans l’ordre logique des choses. »  son ton se fait moins certain « … Je crois ? Je ne sais pas, dans mon esprit, ça me semble logique. Mais la logique, c’est plus un truc d’humains... »

Je souris, amusé par sa réflexion.

« -Alors t’es plus humain que certains Hommes que j’ai rencontré au cours de ma vie. »

Au lieu de prendre le compliment, il le repousse avec une expression de dégoût.

« -Pitié, non. Ne me compare pas à ton espèce fragile et bordélique.
-… Tu me trouves faible au point de prendre ça pour une insulte ?  »

Narquois, il paraît très amusé par ma mine déconfite. J’ignore donc jusqu’à quel point j’ai possiblement raison, ou si c’est simplement qu’il se plaît à me rabaisser à tout va…

Sans réelle transition, il reprend un air bien plus sérieux, pendant que le décor qui nous entoure se décompose lentement.

« -Bon. La suite va être moindre drôle. »

Je fronce les sourcils, autant car je suis surpris de voir Oz gagner en aisance dans la manipulation de ses propres souvenirs, que parce que j’appréhende ce qui va arriver.

Des souvenirs « moins drôles », j’en ai plusieurs qui me viennent en tête, et si ce simple qualificatif ne m’aurait pas aidé à déterminer quel est celui auquel pense Oz, le fait qu’il s’agisse du premier survenant avant la Saint Valentin de 2017 m’aiguille un peu…

Les alentours s’obscurcissent. Des murs s’érigent et viennent nous cloisonner, des fenêtres font leur apparition, et l’ameublement classique et morne d’une chambre d’hôtel se dessine. Des tâches d’humidité ont grignoté des petits bouts de papiers peints, et je me remémore aisément l’air froid qui s’infiltre par la cloison mal foutue de la porte. Les draps blancs du lit sont d’une tristesse affligeante, tout comme l’ambiance globale de la pièce.

Mon ancien moi est assis au bord matelas. Il est torse nu, et des bandages couvrent facilement la moitié de son corps. Son visage dénote d’une morosité et d’un abattement total, et scrute, inquiet, le Pikachu assis sur le rebord de la fenêtre. Ce dernier tente de scruter au travers elle le ciel étoilé qui s’étend dehors, mais l’état poisseux des vitres l’en empêche. De toute façon, Oz était visiblement bien trop énervé pour y parvenir.

« -C’était stupide. Tu as été stupide. Crétin. Crétin de maître. Crétin d’humain. »

Maugréant, il débite toutes les insultes qui lui passent par la tête. Et mon reflet se contente de le fixer, incapable de cerner autre chose que le ton sec et tranchant de son starter.

Une boule désagréable me prend le ventre. Cette nuit était celle qui a suivi notre escapade dans Rhode. Après que Stella et nos mentors nous soyons retrouvés mêlés dans les affaires de Palladium et du Groupe Ombre. Et donc, logiquement, après la fois où j’ai…

Le Pikachu d’il y a deux ans se retourne, et fusille mon moi de la même époque du regard.

« -Quelle idée tu as eu ? Je peux savoir ? Même moi je sais que c’était idiot. Pourquoi tu as fait ça ? Regarde toi ! Comment espérais-tu survivre seul sans nous pour t’aider ?»

Je prends une profonde inspiration. Il y a deux ans, j’ai pris la décision de relâcher mes Pokémon le temps d’une infiltration dans le laboratoire du Groupe Ombre, et ce, afin de ne pas les exposer au danger que cela représentait. La conséquence a été ma capture par leur lieutenant, mais aussi mon agression par un Nosferalto, qui m’ont valu les magnifiques bandages visibles actuellement.

Avec un ton coupable, mon reflet balbutie une réponse.

 « -D-désolé, Oz. Je… Je sais que j’ai fait quelque chose d’impardonnable, et…. Trahi votre confiance par la même occasion, mais… J’ai juste voulu vous protéger. Je… » son regard se durcit  « Pour une fois que j’en avais l’occasion. Que ce n’était pas vous qui me veniez en aide… » il soupire avec abattement  « J’ai déconné. J’ai compris. Ok ? Je… Je ne recommencerai plus. C’était la première… Et dernière fois. »

Oz du passé le toise d’un œil mauvais, et se détourne en pestant.

« -CRÉTIN ! »

Et le silence s’abat dans la chambre d’hôtel.

La discussion étant close, comme dans mon souvenir, je me tourne vers mon compagnon, quelque peu assombri par cette réminiscence, et surtout, le fait d’avoir cette fois-ci compris les paroles de la souris électrique.

« -… Je t’ai déçu, ce jour là, hein ? »

Bien qu’il n’affiche pas la même colère que son souvenir, Oz est aussi sec que lui.

« -Pas moi seulement. Tu as déçu tout le monde, Ginji. »

Je me gratte le cuir chevelu en acquiesçant lentement.

« -Ouais. Stella, Brock, Laura et Lucy me l’ont bien fait comprendre...
-… Et donc ? »

Je le dévisage, perplexe.

« -Et donc quoi ?
-Cette décision là, tu la regrettes ? »

Seules quelques secondes s’écoulent entre sa question et ma réponse, toutefois pas complètement réfléchie.

« -Oui. Non. » je me prends la tête, le ton agacé « Je n’en sais rien. Une partie de moi est satisfaite car ma décision a certes été dangereuse, mais elle a bel et bien pu vous protéger. L’autre… Elle est déçue d’avoir été obligée de trahir votre confiance pour cela. »

Oz soupire.

« -Ce n’est pas vraiment la réponse que je voulais entendre. » il plante ses yeux dans les miens « Arrête de t’en faire pour nous, d’accord ? Nous sommes des Pokémon. Nous sommes voués à combattre, et à prendre des coups. Si ça arrive, c’est normal. » il les plisse légèrement, plus accusateur « Toi, tu es un humain qui finis à terre au premier Mach Punch. C’est stupide que ce soit toi qui prennes des risques pour nous, tu ne crois pas ?  »

Un peu lassé qu’il me fasse la morale à ce sujet, j’expire bruyamment par le nez, et regarde ailleurs.

« -Ce n’est pas aussi facile, Oz. Il n’est pas juste question de prendre des coups… Les gens comme le Groupe Ombre, ou même la Team Rouage, ils en veulent directement aux Pokémon. Si par malheur ils vous capturaient, ça ne sera pas juste pour un passage à tabac.  »

Il n’a pas l’air de trop apprécier que je réponde, mais ne semble pas non plus savoir que rétorquer à cela. Il finit donc par embrayer sur une question visant à le rassurer sur ma position.

« -De toute façon, nous sommes bien d’accord que tu as promis, n’est-ce pas ? Plus jamais tu nous fais un coup pareil ? »

Je lui réponds au tac au tac, les yeux dans les yeux.

« -Plus jamais.  »

Oz ferme les siens, visiblement plus confiant.

« -Bien. Je ne t’ai pas si mal dressé on dirait.
-Eh ! »

Mon cri outré se perd dans le vide, puisque absorbé dans le décor en train de changer. Même pas de retour à la zone neutre qu’est notre subconscient : les murs s’évanouissent, un vent frais vient nous percuter de plein fouet, et le son des vagues commencent lentement à nous bercer sous un ciel étoilé.

A l’inverse des précédents flashbacks, je ne remarque pas ma représentation d’antan du premier coup. L’explication se trouve dans la forme qu’elle prend : j’aurai beau chercher encore et encore la silhouette d’un jeune adolescent à bord de ce ferry, je ne trouverai rien. Par contre… Si l’on se concentre un peu sur les deux Pikachu en train de discuter à l’air du grand large…

« -J'aime bien sortir, la nuit. Je le fais souvent, d'ailleurs.
-... Comment ça ? T'as l'habitude de sortir au milieu de la nuit ?
-Oui. Comme tu laisses toujours tout ouvert... Tu dors à ce moment là, donc normal que tu ne le saches pas. »

Un Pikachu, légèrement plus petit et moins imposant que son homologue, est en train de rejoindre celui-ci, assis sur la barrière qui longe le pont du ferry. J’ai un sourire nostalgique en voyant cette petite forme jaune s’avancer maladroitement jusqu’à son partenaire, et se contenter de l’observer d’en bas par crainte de tomber à l’eau.

« -Wow. J’étais vraiment minuscule.  »

Oz paraît amusé par la remarque.

« -C’est maintenant que tu le réalises ?
-… On va dire que le changement d’échelle m’a un peu déstabilisé.  »

Si ce second Pikachu ayant rejoint Oz pour sa première observation nocturne à ses côtés possède la même voix que moi, les mêmes intonations que moi, et le même comportement que moi, c’est simplement car il s’agit bel et bien de moi. Enfin, mon moi du passé… D’il y a trois ans, plus précisément. Suite à un malheureux concours de circonstance dans le laboratoire de Léo, je me suis retrouvé changé en Pikachu pendant trois jours… Et sur le chemin du retour, j’ai réalisé que Oz faisait régulièrement de petites excursions nocturnes, et ai donc pris part à celle-ci.

« -C’était chouette. » mes yeux dévient des deux échos du passé, et se posent sur mon compagnon « Pouvoir avoir une vraie conversation avec toi. C’est vraiment frustrant, par moment, de ne pas pouvoir te parler.  »

J’ai un sourire malicieux.

« -On peut demander à Léo de nous prêter son prototype portatif, si tu veux ?  »

Oz grimace aussitôt.

« -Oh Arceus, non. J’ai dit par moment, pas que je voulais devoir jacasser avec toi toute la journée... »

Mon expression se fait plus dépitée, déçu par le manque d’enthousiasme de mon starter.

« -En plus, je n’ai pas confiance en cet engin. Il est tellement défectueux, qui sait ce qui pourrait t’arriver avec... »

Je suis touché par ce soudain élan d’inquiétude, mais aussi un peu déconcerté par la façon dont Oz passe du bâchage au réconfort, et décide donc de finalement prendre tout ça à la légère.

« -Bah, je suis sûr que savoir à quoi peut bien penser un Magicarpe serait une expérience gratifiante.   »

Il ricane, amusé à cette idée, et le paysage commence à se flouter.

Et à la place d’une fraîcheur agréable, bercée par le tumulte des vagues, une chaleur étouffante vient me prendre à la gorge.

Mes yeux s’écarquillent à la vue du spectacle, et de la lumière vive qui m’éblouit.

Des flammes. Des flammes en nombre. Très grand nombre. C’est bien simple : elles sont partout autour de nous. Elles nous encerclent, nous piègent, et tentent de gratter lentement du terrain en dévorant le chapiteau en dessous duquel nous nous trouvons.

Cette vision cauchemardesque me stupéfie. Partout autour de nous, des silhouettes embrumées, indéfinies, s’agitent, et courent à droite et à gauche en enchaînant les cris horrifiés. Le sentiment d’une profonde peur ancrée au fond de moi ressurgit, et je sens les battements de mon cœur  palpiter malgré que tout ceci ne soit qu’une illusion créée par l’esprit d’Oz. Alerté, je questionne à la va-vite ce dernier.

« -Le… Le Cirque des Boulons ? Vraiment ? Mais c’est au moins un an et demi avant le dernier souvenir !  »

A son expression terrorisée, je comprends que le Pikachu est aussi paniqué à moi à la réminiscence de ce funeste jour.

« -Je… Je ne sais pas... Le dernier souvenir était déjà venu de lui-même, et celui-là aussi… Je… Je crois que je ne contrôle plus vraiment ce qui défile. »

Je hausse les sourcils, perdu. Ça y est, le déroulemebt de sa mémoire est lancé ? Oz se remémore des choses qu’il avait même préféré oublier ? Un cri venant de devant nous me tire de ma réflexion bien avant que je ne trouve une conclusion.

« -Au… Au secours ! Aidez-moi ! Mon dresseur, il… ! »

Mon regard se braque sur la silhouette d’un Pikachu. Plus jeune, plus frêle, moins musclé, et complètement désorienté, il tente de héler les différentes personnes qui s’agitent autour de lui. Mais tout ce qu’il parvient à faire, c’est manquer de se faire écraser dans la panique, que ce soit par les autres victimes de cette mascarade ou les Pokémon géants qui défilent sur la piste.

« -Que… ? Pourquoi tu es tout seul au milieu du Cirque ?!  »

L’expression d’Oz s’assombrit à la vue de son ancien lui.

« -Après que tu te sois reçu l’attaque du Wailord, puis évanoui... Tu m’as fait rentrer dans ma Pokéball et tu t’es réfugié sous les gradins, mais… J’en suis sorti pour aller chercher de l’aide.
-… ! »

C’est vrai, je m’en souviens maintenant. C’est parce qu’il m’a désobéi qu’il a pu trouver de l’aide que je me suis réveillé dans les minutes qui ont suivi. S’il était resté dans sa sphère, nul doute qu’on aurait tous deux finis carbonisés…

Et malgré qu’il soit au courant de l’« heureuse » issue, mon partenaire paraît pleinement ressentir l’angoisse alors éprouvée.

« -C’était horrible. Jamais je n’ai connu pareille terreur. Tu étais quelque part là-bas, complètement inconscient, et ces flammes étaient si proches… Et personne pour me venir en aide. Personne pour m’écouter. Et moi... » son regard descend jusqu’à ses pattes, qu’il fixe d’un air lugubre « Incapable de te sauver. » il les serre, et ferme les yeux, crispé « C’était un sentiment affreux.
-Oz... »

Cet événement signait le premier vrai jour traumatisant de ma scolarité. Ceux qui ont suivi, j’ai mis tout en œuvre pour tenter de passer outre et mener une vie étudiante épanouie… De ce fait, jamais je n’ai réellement eu d’écho du sentiment d’Oz à ce sujet.

Me retrouver ainsi devant le fait accompli me donne la sensation d’être particulièrement stupide.

« -S’il vous plaît ! Je… Je…. ! Aaaaaah, et puis merde ! Eh, TOI ! »

C’est de manière quelque peu inattendue que la voix du jeune Oz change brusquement pour quelque chose de plus familier, et qu’il bondit droit sur la première personne sur qui il a posé son regard pour lui asséner un coup de queue sur la tête.

Ainsi, la vision lointaine d’une Ruby un peu déconcertée se dessine parmi la foule, interpellée par un Pikachu quelque peu belliqueux.

« -Il faut que tu m’aides ! Mon dresseur est en danger ! » il pointe du doigt le Polichombr qui l’accompagne, que je reconnais comme étant Hex « Toi ! Dis à ta dresseuse de m’aider ! »

Devant l’insistance de la créature qui lui fait face, la jeune fille se décide à la suivre, ne sachant de toute évidence pas quoi faire d’autre dans toute cette cacophonie. Guidée par Oz, elle commence par fendre la foule, et…

Tout se brouille.

L’espace qui nous est octroyé diminue, et la hauteur du plafond baisse drastiquement. Toutes les silhouettes qui nous entourent s’évanouissent, la chaleur disparaît, et un ameublement bien singulier s’installe….

Nous sommes sous terre. Je le sais parce que les parois granuleuses des souterrains de l’académie sont reconnaissables entre milles. Quelques aménagements ont toutefois permis à un véritable laboratoire secret de s’y installer, et offrent au Collectionneur une base dont il peut disposer à sa guise.

Il est là, d’ailleurs. L’allure nonchalante, il fixe le jeune adolescent à qui il vient de confier une Pokéball.

 « -Un Pikachu ! »

Son exclamation enthousiaste résonne dans tout l’abri. Un moi plus petit, maigrichon et incroyablement souriant se baisse pour pouvoir être à hauteur de la créature apparue devant lui. Celle-ci paraît légèrement perdue, peu certaine de saisir ce qui est actuellement en train de se passer, et fixe avec un mélange de surprise et perplexité l’expression juvénile qui lui fait face.

 « -Salut toi ! Je m'appelle Ginji, et je serai ton nouveau dresseur !  »

Oz et moi nous échangeons un sourire amusé.

Notre rencontre.

Sans prévenir, le tout récemment dresseur de Pokémon soulève son premier compagnon, et le tient droit devant lui.

C’est alors qu’il fronce les sourcils, et qu’il penche la tête sur le côté d’une mine perplexe.

 « -… On s’est pas déjà vus quelque part ? »

A mon tour de paraître légèrement déconcerté. J’ai… J’ai vraiment dit ça ?  Surpris, le regard que nous nous échangeons Oz et moi est cette fois-ci bien plus sceptique. Cela ne m’a pas vraiment marqué et je ne l’ai pas retenu de cette journée, mais…

 « -… C’est vrai. Je m’en souviens. » je me gratte la tête, pensif  « Lorsque je t’ai vu pour la première fois, j’avais la sensation de t’avoir déjà croisé. »

Mon partenaire me fixe avec de grands yeux, avant d’à son tour se plonger dans une intense réflexion.

« -Main… Maintenant que tu le dis…
-… Comment ça ? » je marque une pause, peu certain de la pertinence de ce que je m’apprête à dire « … Toi aussi ? »

Après un instant à observer le vide, il plante son regard dans le mien, et acquiesce avec assurance.

Et le décor se défait.

Les palpitations de mon cœur reprennent en voyant l’environnement des souterrains s’effondrer. On continue de remonter la mémoire d’Oz… Mais alors, si on vient juste d’assister au souvenir de notre passage chez le Collectionneur, ça voudrait dire que… ?

« -On… On y arrive, Oz ! On va savoir ce qu’il t’est arrivé avant notre rencontre !  

Le Pikachu ne semble le réaliser que lorsque je le lui révèle, et je serai prêt à parier que son teint est actuellement en train de virer au blanc s’il n’avait pas tous ses poils pour le dissimuler.

« -Qu-quoi… ? Là, maintenant, tout de suite  ?!…  »

J’opine du chef, et mon starter commence à scruter les alentours pour déterminer au plus vite la forme de ce prochain souvenir. Je fais de même, et balaye la masse floue et difforme qui nous encercle, puis s’évanouit…

Pour ne laisser plus place qu’au vide.

Le même vide qui s’est installé entre les premiers flashbacks d’Oz, et celui dans lequel nous avons débarqué une fois plongés dans nos subconscients. A l’horizon, seul l’infini s’étend, et nos pieds reposent sur littéralement rien malgré l’impression d’une surface bien stable. Une brume légèrement rosée est la seule chose permettant d’apporter un minimum de relief ; pour ce qui est du reste, c’est…

Le vide.

Nous restons silencieux plusieurs secondes, en l’attente d’une quelconque modification du paysage comme pour les fois précédentes. Mais rien ne survient.

« -Il… ? » désorienté, je bute un peu sur mes mots « Il ne se passe rien ? Genre… Rien du tout ?  »

L’expression du Pikachu s’assombrit face à ce triste constat.

« -Je… Je n’ai pas réussi à me souvenir… Au delà de notre rencontre ?  »

… Mais ses oreilles se dressent brusquement. Alerte, Oz se retourne d’un seul coup.

« -Il y a quelqu’un ! »

Mon sang ne fait qu’un tour, et mon regard vient chercher ce qui a attiré son attention.

Et se pose sur un Pikachu.

Nous restons tous deux parfaitement immobiles en réalisant qu’un second Pikachu nous a rejoint dans cet immense « rien ». Plus petit qu’Oz et en tout point similaire à celui que j’ai récupéré dans les souterrains du Collectionneur, il semble errer sans le moindre but ni objectif, presque perdu.

Complètement incertain de ce que cela peut signifier, je n’ose plus faire le moindre geste, à l’inverse de mon starter qui s’approche sans aucune hésitation du second Pikachu. Bien qu’il se place devant lui, il ne paraît pas réaliser sa présence, et lorsqu’il essaye, la patte d’Oz passe purement et promptement au travers de ce reflet.

Il se tourne alors vers moi, et m’interroge du regard.

« -Qu’est-ce que ça veut dire ? »

A peine plus avancé que lui sur ce qu’il se passe, je hausse vaguement les épaules.

« -C’est… Un souvenir de toi ? »

Il fixe son lui du passé, et le désigne de la patte, absolument pas convaincu.

« -Et tu m’expliques ce que je fais là ? »

Je ne relève pas son ton indigné, lié à l’incompréhension et la déception, et me contente de trouver une piste possible de réponse.

« -Peut-être que tu n’arrives pas encore à pleinement te souvenir du contexte de ce souvenir ? Et que c’est pour ça qu’il n’y a pas de décor. Ou alors…
-Ah ! Tu es là ! »

Nous sommes pris de court par cette voix sortie de nul part. L’écho d’Oz se retourne, et affiche une expression réjouie en voyant avancer vers lui un jeune garçon…

Véritableent jeune. J’ai l’impression que mon cœur ratte un battement lorsque je me visualise, enfant, en train de foncer à bras ouverts vers le petit Pikachu. Il se laisse tomber à genoux, et attrape la créature pour la serrer contre lui. Celle-ci commence rapidement à gigoter, appréciant visiblement peu une étreinte aussi affectueuse, mais finit par s’y résoudre au bout d’un court instant.

De la même façon que Oz avant moi, je m’approche de ces deux reflets, et dévisage l’enfant. Sans que je ne comprenne réellement pourquoi, je lève mon bras et tends vers son visage ma main… Qui ne fait que passer au travers.

J’entrouvre la bouche, abasourdi.

« -Ou alors... »

Je me retourne vers Oz.

« -Nous sommes déjà venus ici.
-… Quoi ? » il observe brièvement les alentours « Là ? Dans mon notre esprit ?... » et me fixe à nouveau « … Tu débloques ? »

Je secoue la tête de droite à gauche.

« -Non, pas ton esprit. Plutôt notre… Subconscient. En fait, je dirai même... » je prends une profonde inspiration, et de la main, tente d’agiter un peu de la brume qui nous entoure « Le monde des rêves. »

Il ne semble pas plus avancé sur ce dont je parle, et commence même à perdre patience.

« -Mais qu’est-ce que tu racontes, bon sang ? »

Mon poing se referme sans avoir la moindre emprise sur la brume, et change simplement celle-ci en quelques volutes rosés supplémentaires.

« -Le vieillard… Il ne nous a pas enfermé dans notre subconscient. Il nous a endormi. Nous sommes… En train de rêver.  » mes yeux se plissent « Oryse, la Scientifique qui a étudié le Heylink. J’ai lu quelques uns de ces travaux… Elle y détaille le phénomène de Brume des Rêves. C’est celle qui est secrétée par les Munna, que nous voyons en ce moment même… Et qui permet notamment de revivre certains souvenirs. »

Oz serre les dents.

« -Je ne comprends toujours pas le rapport. »

Un peu fébrile, je désigne de la main nos deux échos du passé.

« -… C’est nous, Oz. Nous, dans le monde des rêves. Je m’en souviens, maintenant.  Avant notre rencontre. Avant mon arrivée à l’académie. Avant même que j’envisage sérieusement d’un jour devenir un Champion du type Electrik…  » mon expression semble s’illuminer suite à cette réalisation « … Je rêvais. Chaque soir, je m’évadais dans un monde complètement inconnu mais pourtant si… Réconfortant. Un endroit où je pouvais jouer librement, sans me soucier de rien, et profitais simplement de la compagnie d’un ami. Chaque soir… Je... » je le dévisage « Je rêvais de toi, Oz. »

Le Pikachu agite légèrement sa tête de gauche à droite, perdu.

« -Non… Ça n’a pas de sens.  »

Pourtant, convaincu que ça en a, je continue de développer le fil de ma pensée.

« -Le Collectionneur. Il t’a capturé au nord de Méanville, pas vrai ? Juste… Juste au pied du Heylink. Et le Heylink… Les textes qui en parlent… Ils l’évoquent comme étant un pont entre les mondes ! Si c’était vrai, alors ça voudrait dire que… Que... »

L’opposition d’Oz se fait plus vigoureuse.

« -Mais enfin, tu entends ce que tu dis ?! Tu crois vraiment que… ? »

Je le coupe, faisant fi de ses protestations.

« -Réfléchis un peu, Oz ! Ça se tient ! Je… Maintenant que je m’en rends compte, ça me paraît même être une évidence. Je suis sûr que même au fond de toi, tu le sais ! »

Je marque une courte pause, pesant le sens de mes mots.

« -… Tu es issu de mes rêves, Oz. »

@Eques sur Never-utopia.



« Je peux pas me ramener à la maison, et faire, "Chérie, regarde ça, j’ai ramené un cyborg du futur !" »
Ginji Labelvi
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t780-c-est-par-la-la-sortie-oups-je-suis-alle-trop-vite
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t799-ginji-labelvi-voltali
Icon : Pikachu Explorateur, à votre service !
Taille de l'équipe : 25
Région d'origine : Sinnoh
Âge : 23 ans
Niveau : 100
Jetons : 5340
Points d'Expériences : 4411
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
pokemon
Pikachu Explorateur, à votre service !
25
Sinnoh
23 ans
100
5340
4411
Ginji Labelvi
est un Adulte Champion Electrik
Ginji Labelvi
      rp solo



« Et lourde sera la chute. »


Un lourd silence s’abat entre nous. Ses mouvement de la tête ont cessé un court instant, interrompus par cette conclusion, qu’il semble plus prendre au sérieux que ses paroles devraient le laisser croire. Son rejet de cette théorie se fait toutefois ressentir à nouveau, alors qu’il reprend sa négation avec bien moins de conviction.

« -Non… C’est impossible... »

Je m’avance vers lui, tentant de l’en convaincre.

« -Et pourtant… Cela expliquerait la présence invraisemblable d’un Pikachu à Unys. L’impression de déjà vu lors de notre première rencontre. Ton absence de souvenir au-delà de ta capture… Oz, tu ne te souviens même pas de ta première évolution, ou même de ta vie en tant que Pichu ! Et c’est normal, si tu n’en as jamais été un ! Tu es directement apparu dans ce monde sous la forme d’un Pikachu…
-M-mais… Mais alors... » le regard qu’il me lance est imprégné d’un soudain voile d’inquiétude « Ça voudrait dire que je viens littéralement de nulle part ? »

Sa question me prend de court, et je m’arrête.

« -Que je n’ai… Pas d’origine ? Ou même de famille ?… »

J’ai un sourire apaisant, et m’accroupis à sa hauteur.

« -Bien sûr que si tu en as une, Oz. Et puis... Tu ne trouves pas ça merveilleux ? » j’approche ma main pour la poser sur son épaule « Nous étions proches l’un de l’autre avant même que nous nous rencontrions ! Et malgré la distance qui nous séparait, nous… »

Je m’interromps lorsque Oz la repousse, et me fusille du regard.

« -Merveilleux ? Tu trouves ça MERVEILLEUX ? Non mais tu te fous de moi ?! »

J’ai un léger mouvement de recul, loin d’avoir anticipé le brusque haussement de ton.

« -Mais… Mais non, enfin ! Tu… Est-ce que tu réalises le hasard que ça représente ? Tu te rends compte de la chance qu’on a eu ?  »

Il semble se faire plus incrédule.

« -… Quoi ? Ça te rend heureux, que je sois un résidu de tes rêves ?
-Hein ? Mais non, je… Je veux dire, que tu sois issu du monde des rêves ou d’ailleurs, pour moi ça ne change strictement rien ! Si ce n’est que…  » je m’adoucis et reprends un ton plus calme, plus assuré « Ça me fait juste réaliser combien j’ai eu du bol de pouvoir te rencontrer en vrai. On aurait pu passer notre entièreté de notre existence sans nous recroiser, et pourtant… Maintenant, on est amis. »

Oz peste.

« -Raaah, arrête. Tu ne peux pas te mettre à ma place juste deux secondes ? »

Bien que progressivement agacé par son intonation, je tente de rester calme.

« -Mais c’est quoi le problème, exactement ? C’est quoi la diff’, entre être subitement apparu à Unys et être né quelque part ailleurs ?
-Je n’en sais rien, moi ! Mais tu as cru quoi ? Que j’allais accueillir la nouvelle en sautant de joie ? »

Il fait quelques pas hasardeux tout en se frottant les yeux, ayant visiblement quelques difficultés à encaisser la situation, avant de reprendre d’une voix tout aussi colérique.

« -Moi ce que je comprends, c’est que je n’ai aucune attache, aucun passé, que je n’ai jamais connu personne d’autre que l’équipe et que ce vide lié à mon amnésie ne sera jamais comblé, parce qu’il n’y avait tout simplement RIEN avant.
-Et alors ? C’est aussi le cas de Châtaigne, Zelf, Tobby, et tous les Pokémon qui ont été et seront amenés à éclore dans la team, non ?
-Non ! Non, ce n’est pas pareil !
-Et je peux savoir en quoi ?
-Eux ont eu le droit à un suivi, à une intégration dans ce monde ! Alors que moi, je… Je viens littéralement de rien, bon sang ! » il lève ses pattes d’exaspération en prononçant ses paroles, comme s’il n’en revient pas lui-même de les avoir dites, et reprend sa démarche hasardeuse « De RIEN ! Je ne suis qu’un rêve… Un rêve ! Je… Est-ce qu’il y a quelque chose de moins réel et concret qu’un foutu RÊVE ? Merde ! Ma simple existence… Elle n’a pas lieu d’être, elle est complètement caduque, je… »

La détresse psychologique de mon starter me pousse à intervenir, et à le couper dans son monologue.

« -Eh, calme toi ! Ce n’est pas parce que tu es né d’une manière… Certes peu conventionnel, que cela t’ôte pour autant le droit de vivre ! Là c’est toi qui commences à débloquer sévère, Oz. A quoi tu joues, bordel ?  »

Il s’attrape les oreilles, et serre les dents, crispé.

« -Crétin ! Tout ça, là… C’est hyper flippant ! Tu ne veux pas  juste le comprendre ?! 
-Comprendre quoi ? Et toi, tu ne veux pas juste te poser deux minutes et faire un point sur tout ça pour au moins saisir la situation, au lieu de partir dans des envolées lyriques ?
-Je t’ai déjà dit que la réflexion, c’était un truc d’humains, merde ! Moi tout ce que je comprends, là maintenant, c’est que plus jamais je n’arriverai à me sentir comme n’importe quel autre Pokémon, ou même être sur cette terre, parce qu’il a fallu que je sois le seul fucking Pikachu à naître des rêves d’un humain... 
-Et si tu faisais au moins l’effort d’essayer, au lieu de t’apitoyer sur ton sort ?! "C’est un truc d’humains, c’est un truc d’humains", moi tout ce que j’entends, c’est que tu fermes bêtement les yeux sans jamais chercher plus loin !
-Parce que tu crois vraiment que je n’ai pas essayé ?! Mais je ne fais que ça, Crétin ! Et tu sais ce qu’elles me disent, mes réflexion ? Tiens, c’est cadeau : si je viens d’un truc complètement abstrait, est-ce que je suis réel ?! Et est-ce que tout ce que j’ai vécu peut-être vrai ?! Est-ce que c’est vraiment arrivé ?! Est-ce que… Est-ce que je ne suis pas juste un fantasme produit par ton subconscient ?! Est-ce que j’ai la moindre assurance de ne pas être dans un simple tripe hallucinatoire sans fin et...
-Tais-toi ! Stop, j’en ai assez entendu ! »

S’il le pouvait, il m’assassinerait avec son regard.

« -Pardon ?! Tu me demandes de me taire ?!
-Oui Oz !
-Tu te fous de moi ?! J’ai ENFIN l’occasion de te parler et tu me demandes de la fermer ?!
-OUI OZ ! TAIS TOI ET ÉCOUTE MOI ! »

Mon brusque haussement de ton le surprend suffisamment longtemps pour lui couper la parole trois secondes, ce qui me suffit pour la monopoliser.

« -Je ne veux PLUS JAMAIS t’entendre dire que tout ceci n’était pas réel ! Ok ?! PLUS JAMAIS ! Tous ces souvenirs, tu les as bien vus, non ?! ON les a vus ! Et pas seulement, déjà on les a vus, mais on les a aussi et surtout VECUS ! Et tu ne peux pas juste balayer ça sous-prétexte que, maintenant qu’on a une idée d’où tu viens, t’es en proie à une crise existentielle ! Je veux dire… MERDE, OZ ! Goldfroy, Soul, Lucina, Châtaigne… M’oblige pas à tous les nommer, tu SAIS que tout ceci est réel ! Et… Et par là, je ne parle pas de leur simple existence concrète ! Mais… Les liens qui nous unissent, Oz ! Tout le temps, que nous avons passé ensemble, à nous forger mentalement ou physiquement, ou juste à… A apprécier l’instant présent ! Ça aussi, tu veux le remettre en doute ?! »

Ma tirade est assez convaincante pour le laisser béat un instant de plus, et j’en profite pour me rapprocher et m’agenouiller devant lui.

« -Je… Je ne te dirai pas que cette histoire, ce songe duquel tu viens, il nous lie, et a fait de nous ce que nous sommes actuellement. Ça serait admettre qu’il y ait une fatalité, une force supérieure qui, indépendamment de notre volonté, ne fera toujours que nous faire faire ce dont elle a envie, et… Et je refuse de m’y résoudre ! Si nous sommes ensembles Oz, si nous sommes devenus amis, c’est parce que nous nous complétons l’un l’autre, que nous avons décidé d’accepter les défauts de l’autre et d’en passer outre car tout le reste de son être suffit à nous combler de joie, et… Et que l’amour qu’on ressent envers l’autre est RÉEL. Je… Je veux croire, que si un jour, dans une autre époque, dans une autre vie ou un autre monde, nous étions amenés à de nouveau nous rencontrer, alors, à nouveau, nous deviendrons amis, et pas seulement parce que c’est le destin qui l’aura voulu, mais parce que NOUS avons choisi de nous rapprocher. Notre lien… Est… Réel. Et tu peux croire qu’il se limite au monde des rêves si tu le souhaites… Il n’en reste pas moins authentique. Et indéniable. Et ... » je lâche un profond soupir, las « Et puis merde, quoi. Tu vas pas remettre tout ça en cause… Juste parce que tu es issu d’un rêve. » je scrute une quelconque trace de réponse dans ses yeux « .. Si ? »

Le Pikachu reste parfaitement silencieux. Son regard vide et perdu tente de peu à peu récupérer un point d’ancrage via ma propre personne, alors que, fébrile, il tente de formuler une réponse.

« -Je… Je n’en sais rien, je… Non, je n’en ai pas envie… Mais c’est juste que… Je... »

Oz plonge enfin ses yeux dans les miens, et je réalise que ceux-ci ont vu perler deux petites larmes à leurs extrémités.

« -J’ai juste peur. J’ai peur, Ginji. Je… Je ne veux pas que tout ceci s’effondre, je… Non, je le refuse ! Je… Je tiens à toi et… Et à vous, mais je... » il tente de contenir ses pleurs « C’est juste tellement soudain ! Et… L’espace d’un instant, je… La simple idée, qu’à la base, je ne sois pas… Réel… Ça… Ça m’a fait flipper ! D’accord ?! J’ai juste eu peur, Ginji ! J’ai crains le pire, mais jamais au monde je ne le souhaiterai !  »

Mon expression s’assombrit en voyant celle désespérée du Pokémon, et je ne trouve rien d’autre à faire que de le prendre dans mes bras.

« -Alors… Écoute moi bien, Oz…  »

Je sens mes propres yeux devenir humides, et les larmes commencer à monter.

« -Tant… Que tu continueras d’y croire… Ca marchera. Il y aura… Toujours une place… Pour nous… Dans ce monde.  » je m’écarte un peu pour pouvoir l’avoir de face « D’accord ?  »

Tremblotant, il acquiesce. Ce simple geste me suffit, et je serre à nouveau la souris contre moi, pour pouvoir pleinement sentir sa présence à mes côtés. La truffe collée contre mon torse, je sens sa mâchoire remuer lorsqu’il prononce quelques mots.

« -M-merci… Ginji. En fait...  » il laisse s’échappe un bref pouffement  « T’as raison. C’est peut-être mieux quand moi je me tais… Et qu’il y a que toi qui parle... »

Je secoue la tête de droite à gauche, un sourire amusé au bout des lèvres.

« -Non, Oz. C’est juste mieux… Qu’on reste ensembles. C’est tout. »









***

Une vive lumière m’aveugle.

J’ai énormément de mal à entrouvrir les yeux. J’imagine d’abord que c’est lié à la fatigue ou le soleil qui se trouve droit devant moi, mais le léger picotement que je ressens au moment de l’ouverture me laisser supposer que j’ai les yeux rougis. Pour en attester, je porte une main au niveau des mes joues, et sens une légère trace d’humidité sur celle-ci.

Je cligne des yeux plusieurs fois, et en un long souffle, me redresse. Maintenant assis dans l’herbe, j’observe l’extrémité de mes doigts, et en viens à me questionner sur l’impact qu’ont pu avoir nos réactions dans le monde des rêves, sur l’actuel.

Mais je chasse bien vite cette réflexion de mon esprit, et regarde simplement sur ma droite. Émergeant lui aussi, Oz se frotte les yeux au moment de se réveiller, en la même mimique bougonne qu’il affiche tous les matins. Je ne peux pas m’empêcher d’afficher un bête sourire apaisé en le voyant faire.

« -Bien dormi ? »

Il paraît surpris par ma question, mais finit par acquiescer, lui aussi avec un sourire.

« -Pi. »

Je ne renchéris pas, et me contente de le couver du regard.

Lentement, je me redresse, et m’étire de tout mon long. J’ignore combien de temps nous avons endormi, mais je me sens légèrement ankylosé. Dormir sur de l’herbe, aussi verdoyante soit-elle, ça n’a rien de très confortable.

En me relevant, je réalise que le vieil homme se tient dos à nous, un peu plus loin. Plus proche du centre du plateau, il fixe un étrange arbrisseau en forme de tourbillon, que j’avais déjà notifié en arrivant sans plus m’y intéresser. Après un regard entendu avec Oz, nous décidons de le rejoindre.

Il ne nous adresse pas le moindre geste lorsque nous arrivons derrière lui, mais je me doute bien qu’il a conscience de notre présence.

« -Vous saviez, pas vrai ? »

Il tourne légèrement la tête en ma direction, avant d’à nouveau fixer l’arbrisseau. Un court instant de flottement passe, pour qu’il se décide enfin à me répondre.

« -Et qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
-"La réponse est à l’intérieur de vos souvenirs communs d’un temps révolu". Vous saviez que le souvenir qui nous indiquerait la réponse inclurait Oz et moi, tous deux à la fois. Car vous vous doutiez qu’il était issu de mes propres rêves ? »

Il ne trahit pas la moindre réaction face à mes suppositions, et en comprenant qu’il n’est pas décidé à tout de suite me répondre, je me permets d’insister.

« -Comment ? Et… Qu’est-ce que vous savez de cet endroit, exactement ? »

L’ancien prend une profonde inspiration, et de son bâton, indique la forêt située au-delà de l’arbrisseau.

« -Pour une raison que moi-même j’ignore, des Pokémon issus des rêves des êtres vivants du monde entier font parfois leur apparition dans cette forêt. Je parviens à me souvenir du visage de la plupart d’entre eux, mais… Non seulement ils grandissent, mais en plus, ma mémoire n’est plus vraiment ce qu’elle était. Je ne pouvais rien garantir sans vous laisser retrouver vos souvenirs de vous-même.  »

Je glisse un court regard à Oz. Il devrait au moins être rassuré de savoir qu’il n’est pas la seule créature à être apparue de cette façon… Je me concentre ensuite sur le vieil homme, et tente de discerner une expression sur son visage, malgré qu’il soit dos à nous.

« -Eh bien… Merci pour tout. Vous nous avez permis d’accomplir quelque chose que nous traînions depuis longtemps, et… On ne vous sera jamais assez reconnaissant pour cela. »

Le vieil homme repose sa canne au sol, et secoue la tête de gauche à droite.

« -Oh, ne me remerciez pas... »

Il se tourne enfin vers nous, et quelque chose dans son regard vide me glace le sang.

« -Je n’ai fait que retarder l’inévitable. »

Oz et moi écarquillons les yeux face à cette remarque beaucoup trop inquiétante, mais n’avons pas le temps de plus nous y intéresser à cause de la réapparition soudaine des Pokémon de l’ancien. Son Séléroc et son Séléroc viennent subitement se placer dans notre dos, mais légèrement espacés afin de nous couper toute voie de sortie, et le tout en nous fixant d’un air menaçant. Incrédule, je les fixe tour à tour, avant de me tourner vers leur dresseur.

« -Que… Qu’est-ce que ça veut dire ?  »

A nouveau, il nous tourne le dos, et contemple l’arbrisseau.

« -Le Heyrable… Il y a plus de deux ans encore, il s’agissait d’un arbre majestueux, surplombant tout Unys de sa splendeur. Ses racines trouvaient tous les nutriments nécessaires dans la source qui alimentait le Heylink, et en retour, permettait à ce lieu et ses habitants de perdurer grâce à son énergie. »

Son bâton tape sévèrement contre le sol, et je sens l’adulte se raidir.

« -Mais, dernièrement… Les allers et venus au sein du Heylink se sont multipliés, et les Pokémon ont commencé à quitter sa forêt, en masse. La source s’est alors progressivement tarie, et le Heyrable a dépéri, entraînant par là la perte même des pouvoirs du Heylink... »

Je fronce les sourcils. Bon sang, qu’est-ce qu’il baragouine ? Je ne suis pas tout à fait certain de comprendre, mais ce qui est certain, c’est qu’il ne paraît plus avoir d’aussi bonnes intentions qu’à notre arrivée.

« -… Et alors quoi ? Vous voulez vous venger d’Oz parce que vous l’en jugez en partie responsable ?  »

Le Pikachu s’est laissé tomber sur ses quatre pattes, et fait grésiller ses joues tout en fixant l’ancien d’un œil mauvais.

« -Non, bien sûr que non… » il se retourne pour nous faire face « Je souhaite simplement rendre à l’Heyrable sa splendeur d’antan. Et pour cela… » son regard se pose sur mon starter « Le Pikachu doit rester ici, parmi les siens. Je suis certain qu’en lui rendant ses habitants, le Heylink se portera mieux. »

J’échange un bref regard avec le concerné, et il ne m’en faut pas plus pour comprendre que la question ne se pose même pas.

« -C’est non. On ne peut pas faire ça. Oz repart avec moi. »

Il acquiesce lentement.

« -Oui… C’est bien ce que je craignais.
-Pika pi ! »

Mon compagnon bondit brusquement, et renvoie d’une Queue de Fer le rocher envoyé par Solaroc en ma direction, évitant au passage celui lancé par Séléroc.

Ok, ce type est un malade.

« -Oz !
-Pi ! »

Le grésillement de ses joues s’accentue, et de gigantesques arcs électriques viennent se propager autour de lui l’attaque. L’attaque Coup d’Jus lâchée, les deux Pokémon adverses sont touchés, et mon partenaire et moi en profitons pour tracer tout droit dans la première ouverture visible.

Un problème se fait toutefois rapidement ressentir. Le Heylink est certes vaste, il n’en reste pas moins un plateau surélevé, et quand on part de son centre, on n’a plus que la moitié de sa surface à traverser avant d’atteindre le rebord. Trop occupé à réfléchir à la façon dont nous pourrons nous barrer avant le retour de l’hélicoptère, je ne le réalise que lorsque, quelques mètres plus loin, le relief de la falaise et le précipice qui suit derrière se précisent.

« -Par là ! »

Hors de question de foncer droit devant, bien sûr, et c’est pourquoi j’entreprends de bifurquer pour plutôt la longer. Derrière nous, un court regard en arrière me permet de remarquer la présence du Séléroc à nos trousses, ainsi que l’absence de son comparse aux alentours, qui sonne alors comme un mauvais augure…

Oz et moi nous arrêtons net lorsque nous réalisons qu’il nous a pris à revers, et qu’il nous attend bien sagement droit devant. Mon partenaire l’invective, faisant à nouveau grésiller ses joues, et rapidement, la situation tourne à notre désavantage.

Séléroc derrière nous, Solaroc devant, à notre droite, le vide, et à gauche….

« -Il me suffit d’une impulsion mentale à mes Pokémon pour qu’ils vous entravent de leurs pouvoirs psychiques. Ne rendez pas ça plus difficile qu’il en est nécessaire, et abdiquez. Vos adieux pourront se faire en bonne et due forme. »

Je serre dents et poings, et le fusille du regard. Mon ton est sec, tranchant, et on ne peut plus décisif.

« -Plutôt mourir. »

Je ne m’attendais pas spécialement à le voir sourire.

« -Cela peut s’arranger. »

Une douleur lourde me prend au niveau de la tête.

Cela se passe très rapidement. Je n’ai pas vraiment le temps de comprendre…. Il y a juste cette chose qui vient brusquement me percuter le front, et qui produit un son peu réjouissant. La douleur me vrille le crâne, et quand je fixe le rocher qui vient de tomber là où je me trouvais il y a quelques secondes encore, c’est pour réaliser trois choses.

Du sang commence à couler le long de mon front.

J’ai reculé près du vide.

Et mes jambes sont en train de lâcher.

La dernière chose que je vois avant de basculer…

C’est Oz.

A l’expression horrifiée.

Et qui ne trouve aucune autre réaction.

Que d’accourir.

Dans ma direction.

Et bondir.

Pour ensuite s’accrocher à moi.

Et sentir.

Le vide.

S’étendre.

En dessous.

De nous.

Nous chutons. Même en ayant ma vision qui commence à se brouiller, c’est un fait que je ne peux contester. Nous fendons l’air comme jamais je n’ai pu la traverser, et la sensation de vitesse devient vite vertigineuse.

Je ne vois plus rien. Je sais juste vaguement que j’ai la tête en bas. Que je suis en train de tomber. Et que Oz s’est accroché à moi.

Je crois que mes bras l’ont entouré. Mais je ne suis pas certain. Je ne sens plus mes doigts. Et bientôt, cet engourdissement s’étend jusqu’à contaminer mes autres membres.

L’abandon de me sens physiques m’aide visiblement à me concentrer sur mes pensées, et celles-ci se succèdent à une vitesse vertigineuse dans mon esprit.  

Visiblement, la chance inouïe que je pointais du doigts quelques minutes auparavant nous a quittés.

Oz est issu de mes rêves. Il a pris vie à l’autre bout du globe, à des lieux de mon domicile. Nous nous sommes tous deux retrouvés sur la même île, des kilomètres et des kilomètres au-delà de nos habitations respectives, et nous avons pu nous rencontrer. Puis devenir amis. Et rester ensembles. Nous avons été séparés une fois. Puis une deuxième. Et une troisième. Ainsi qu’une quatrième. Et peut-être plus. Mais malgré tout, nous nous sommes toujours retrouvés.

Et en dépit de tout ceci, je devrai l’abandonner ici ?

Non. C’est impensable. Pas si Oz s’y oppose. Pas s’il veut lui aussi rester auprès de moi.

Pourtant, le sort ne paraît plus d’accord avec notre cohabitation.

La seule chose que j’ai trouvée pour rester auprès de lui, c’est de vouloir prétendre préférer la mort.

La seule chose qu’Oz a trouvé pour rester auprès de moi, c’est de me suivre dans ma dégringolade.

Arceus veut nous punir ? Il nous a déjà offert de précieuses années de vie commune, et nous en réclamons encore plus, en dépit de sa volonté ?

Nous nous indignons contre la nature même du Heylink, et préférons laisser cet endroit dépérir plutôt que de renoncer à notre lien ?

Vraisemblablement.

Je te l’ai dit, Oz, non ?

Si c’est pour préserver ton bonheur, je serai prêt à tout délaisser.

Ce que je n’ai pas vraiment anticipé.

C’est que toi aussi.

Tu serais prêt à tout.

Pour préserver mon bonheur.

Le notre.

Ah.

On est.

Vraiment.

Deux parfaits.

Crétins.

Pas.

Vrai, Oz ?








Tiens.





C’est.





Étrange.




J’ai.





De.




Plus.




En.





Plus.




De.




Mal.




A.





Réfléchir.








Ah…



C’est.




Donc.




Comme.




Ca.





Que.



Ca.




Se.





Termine ?





Je.




Me.




Sens.




Si.



Lourd…







Oui.




C’est.




Ça.




Trop.




Haut.




Était.





L’idéal.



A.



Atteindre.








Et.



Lourde.



Sera.



La.




















Chute.

HRP :


@Eques sur Never-utopia.



« Je peux pas me ramener à la maison, et faire, "Chérie, regarde ça, j’ai ramené un cyborg du futur !" »
Caroline Labelvi
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t7344-499-des-carottes-non-merci-je-ne-voudrais-surtout-pas-devenir-trop-aimable
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t7359-caroline-labelvi-adulte
Icon : Pikachu Explorateur, à votre service !
Taille de l'équipe : 5 / 9
Région d'origine : Sinnoh, Rivamar
Âge : 30 ans
Niveau : 16
Jetons : 3852
Points d'Expériences : 417
Pikachu Explorateur, à votre service !
5 / 9
Sinnoh, Rivamar
30 ans
16
3852
417
pokemon
Pikachu Explorateur, à votre service !
5 / 9
Sinnoh, Rivamar
30 ans
16
3852
417
Caroline Labelvi
est un Adulte Espionne Infiltrée
***
11 Juillet 2018,
Route 222, à Sinnoh.

Le téléphone de Caroline vrombit.

Elle l’attrape, et regarde le nom de son correspondant. Un haussement de sourcil plus tard, elle décroche, et porte l’appareil jusqu’à ses oreilles, un grand sourire aux lèvres.

« -Helloooooo ♪
-Caroline, il faut que tu viennes à Méanville. Vite. »

Le ton impératif et lugubre d’Inezia a tôt fait d’effacer ce sourire radieux.

« -Il y a un problème, ma belle ? »

Elle ne répond pas tout de suite, peu certaine de la tournure à donner à sa phrase. Mais après une brève hésitation, elle décide d’y aller sans détour.

« -C’est ton frère. Il…. ! »


***
La veille,
Nord de Méanville, à Unys.

Sa main violacée vient se déposer sur le tronc d’un arbre.

Elle regarde autour d’elle, méfiante. Il n’y pas l’ombre d’un Rattata. Il faut dire qu’habituellement, personne ne s’aventure jusqu’ici. Mais par principe, elle préfère s’en assurer. Elle n’a pas spécialement envie qu’on la trouve dans les environs…

Un regard en direction du soleil lui permet de vérifier l’heure. C’est pour bientôt. Cette pensée provoque en elle un étrange et désagréable sentiment d’anxiété.

Lorsqu’elle s’avance, c’est pour se retrouver nez à nez au pied d’une imposante falaise, dont le sommet est difficilement visible ici bas. Tout en haut se situe un immense plateau. Du moins, c’est ce qu’elle a entendu dire. Elle n’a jamais pu en attester d’elle-même… Si ce n’est via ses visions.

Quand Sidérella a croisé cet humain, quelques heures plus tôt, ce dernier a associé sa réaction choquée à la surprise de le revoir.

En vérité, il n’en était rien.

Les Sidérella possèdent ce mystérieux pouvoir. Pouvoir dont elle a toujours abusé à des fins cyniques et sarcastiques. Pouvoir en lequel elle n’a jamais accordé de crédit, faute d’appuis certains.  Pouvoir qu’elle aurait sans doute préférer perdre.

Pourtant aujourd’hui, il s’est déclenché. Avec une puissance telle qu’elle n’en a jamais vu.

Oh oui.... Jamais, au grand jamais, elle n’a été aussi certaine de ses prédictions…

Les Sidérella sont capables de cerner l’espérance de vie des êtres vivants.

Et en croisant son regard, le jugement de la Pokémon a été irrévocable.

Ginji Labelvi allait mourir cet après-midi même.

En toute sincérité, elle n’est pas certaine de savoir ce qu’elle fait ici. Ce n’est pas dans les habitudes de son espèce de remettre en cause les messages célestes ; cela ne l’est pas tout particulièrement pour elle, qui est du genre distante et antipathique.

Pourtant, elle est là. Sidérella est venue jusqu’à l’endroit où elle a vu cet adolescent mourir – et où il mourra très certainement sans intervention de sa part.

La question reste de savoir si elle intervient.

Ou pas.

Elle prend une profonde inspiration, et lève les yeux en direction du sommet de la falaise. Elle doit prendre une décision, ou la situation s’échappera de son contrôle avant.

« -... »

Bon.

Il arrive.

Sa silhouette se détache assez facilement dans le ciel. Il est certes haut, mais reste aisément visible. Il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose d’autre, là-bas… Rien si ce n’est ce corps en chute.

Non. Ces deux corps en chute.

Le jeune Oz est avec lui. Sidérella le sait. Mais lui n’est pas condamné à périr ici. Du moins, elle en a l’intime conviction.  

Mais peut-être que le destin prendra une tournure drastiquement différente dépendamment de son action ?

C’est un risque qu’elle se sent prête à prendre.

Les corps arrivent sur elle à vive allure.

MAINTENANT.

Elle écarte ses deux bras, et ses yeux s’illuminent d’une intense lumière violette. Les deux êtres continuent leur descente inexorable, jusqu’à ce que, auréolés d’une même couleur psychédélique, ils s’immobilisent à quelques mètres du sol.

L’arrêt brutal provoque une onde de choc, qui soulève la poussière autour de Sidérella. La créature se crispe, et tente de concentrer ses forces. Ainsi annuler une telle force cinétique est une tâche peu aisée, et qu’elle a dû mal à encaisser. Pourtant, alors que son corps commence à être parcouru de soubresauts, les deux autres en suspension devant elle sont bel et bien arrêtés. En une longue expiration, elle amorce leur atterrissage, et relâche ses pouvoirs lorsqu’ils sont à terre.

Elle manque à son tour de s’écrouler, et prend appui sur son arbre pour économiser des forces. Haletante, Sidérella observe les deux corps au sol. Ginji et Oz ont tous les deux yeux clos, et une traînée de sang imprègne le visage du garçon.

Pourtant, ils respirent.

Elle se redresse, et souffle encore un peu.

Son travail n’est pas tout à fait terminé.


***
12 Juillet 2018,
Méanville, à Unys.

Caroline se tient l’estomac.

Sa main posée contre la vitre, elle observe les deux silhouettes qui dorment de l’autre côté.

« -... Qu’est-ce que vous pouvez me dire, exactement ? »

Le médecin qui se tient à côté d’elle parcourt ses notes d’une mine lugubre. Un lourd silence règne dans les couloirs du bâtiment, interrompu par le seul bip des machines situées derrière la fenêtre.

« -Pas grand-chose. Une Sidérella les a amenés avant-hier à l’hôpital, et a pris la fuite aussitôt. Votre frère et son Pokémon étaient déjà inconscients. »

Les doigts de la blonde se resserrent sur la surface glacée, crispée par la vision de son frère alité.

« -Le garçon montre les signes d’un choc traumatique. Il a dû subir un violent coup au niveau du crâne, qui semble être la cause directe de son état. »

Fébrile, elle continue de le fixer, sans oser émettre le moindre son. Pourtant, l’absence de continuité dans les explications du docteur finissent par l’interpeller, et elle tourne un regard anxieux vers celui-ci.

« -… Et le Pikachu ? »

A sa légère grimace, Caroline comprend qu’elle a mis le doigt sur une question épineuse. Le médecin continue de parcourir sa fiche, et finit par en lever les yeux pour directement regarder la jeune femme.

« -Nous n’avons trouvé aucune séquelle physique. S’il était présent au moment du coup reçu par son dresseur, il y a fort à parier qu’il ait subi un choc émotionnel puissant, ayant provoqué une réaction similaire.  »

Le souffle court, Caroline ferme les yeux, et tente de trouver un peu de contenance. Pourtant, jamais, au grand jamais, elle ne s’était sentie aussi abattue.

En une dernière tentative de contenir ses larmes, elle ose enfin poser la question qui lui brûle les lèvres depuis hier.

« -Et… Vous pensez qu’il y en a… Pour combien de temps ? »

Le docteur coule un regard en direction des deux lits, dans la pièce en face d’eux. Sombre, il secoue la tête de gauche à droite.

« -Impossible pour l’heure de le déterminer. »

Il soupire de résignation.

« -Ils pourraient aussi bien se réveiller dans quelques jours… Que rester dans le coma pendant des mois.  »

HRP :



« Ça te fait plaisir, d’exercer une pression phallocratique sur une fille frêle et innocente, hein ?! Connard ! »

Lexicaro :
pokemon
Contenu sponsorisé
est un
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Nos Partenaires
Nous rejoindre ?