Une semaine. Cela faisait à peine une semaine que les cours avaient repris et elle se retrouvait déjà là entraînée de force par la poigne du général qu'elle avait espéré ne jamais revoir.

L'arrivée sur Adala s'était pourtant passée sans encombres. Elle avait déposé ses bagages dans une des chambres de son nouveau dortoir. Comme toujours chez les Mentali, les répartitions se faisaient un peu chaotiquement et pour le moment elle n'avait pas de colocataires. Elle s'était donc bien confortablement installée avec son équipe dans la chambre normalement réservée à quatre étudiantes.

Et puis il y eut la cérémonie de rentrée. Obéline ne l'avait écouté que d'une oreille, jusqu'au moment de la présentation de l'équipe administrative.

Elle était là.

Avec ses courts cheveux de paille, son air glacée et sa posture tendue comme un piquet. Le simple son de sa voix fut sursauter la jeune fille. Celle qui confondait école et camp militaire se tenait devant elle sur l'estrade. Jackie. A peine était elle entrée dans le champ de vision de la brune que cette dernière lui jeta un regard noir. Elle qui s'était faite une joie en apprenant que cette horrible bonne femme avait quitté Lansat, elle affichait désormais sur son doux visage un subtil mélange de dégoût et de déception. Les choses empirèrent encore d'un cran lorsque la générale annonça qu'elle occupait désormais la place de vice directrice de l'école. Obéline laissa s'échapper un juron assez audible pour que quelques élèves se retournent vers elle, surpris. Elle n'y prêta guère attention, préférant lever les yeux au ciel tout en se demandant s'il était réellement possible de faire pire comme rentrée ? Sécher les cours de la générale ne suffirait plus pour l'éviter. Enfin si elle restait sage et n'attirait pas les problèmes à elle, tout devrait bien se passer, finit-elle par se résoudre en poussant un soupir résigné.

C'est ainsi qu'en suivant cette belle résolution, Obéline se trouva à peine une semaine plus tard convoquée dans le bureau de la vice-directrice par cette dernière elle-même, pour dégradation de bien et comportement irrespectueux envers le corps enseignant.

Elle attendait pour le moment sa sentence sur une chaise dans le couloir devant le bureau de Jackie. La générale avait une réunion quelconque et lui avait interdit de bouger jusqu'à son retour. Obéline avait bien pensé à s'esquiver mais cela n'aurait fait qu'aggraver les choses. Elle attendait donc patiemment le retour du générale.

Cela faisait un peu plus de 10 minutes qu'elle était là, lorsqu'un adulte arriva, accompagné d'un adolescent. Obéline leva les yeux vers les deux nouveaux arrivants et retourna ensuite à sa contemplation du mur d'en face. Le plus âgé essaya d'entrer dans le bureau de Jackie mais il se retrouva face à une porte fermée. Obéline sans quitter yeux la tâche en forme de pichu qu'elle avait repéré sur le mur se contenta de dire :

▬ Le général Jackie est pas la. Elle est en réunion, elle reviendra après. J'attends son retour moi aussi, on doit parler affaires.

Impossible de savoir au ton de la jeune fille si elle était sérieuse ou pas. Seul l'imperceptible sourire narquois sur ses lèvres la trahissait.

L’adulte finit par partir, laissant avec Obéline un jeune homme aux cheveux blancs en pagaille qu’elle n’avait jamais vu jusqu'alors.