La rousse fit tourner la poignée de l'immense portail, dévoilant le domaine de Carole aux yeux inconnus de Haru. La propriété était suffisamment grande pour abriter une immense serre et une boutique par laquelle les clients accédaient par une autre entrée. Cela paraissait désert mais Carole était sûrement occupée à travailler soit dans la serre, soit en boutique. Il y avait toujours quelque chose à faire ici, la tutrice n'était pas contre une paire de mains de plus avec l'arrivée de Salomé, même s'il fallait tout apprendre à la rousse et tout lui expliquer avant qu'elle ne puisse s'assigner à sa tâche du jour.
— Bienvenue chez Carole Franck ! T'as vu, ça a plus rien à voir avec son taudis de Lansat ! Bon par contre, c'est toujours autant le bordel chez elle, heureusement que la serre et la boutique, elles, sont mieux tenues !
La rousse laissa échapper un rire alors qu'elle se souvenait de sa mission commune avec le Coordinateur. Retrouver ce carnet n'avait pas été une mince affaire et le duo avait eu son lot de frayeur entre le carnet de recettes détruit qui s'était fait passer pour le vrai manuscrit, et les junkies qui les avait kidnappés, il y avait de quoi devenir fou.
Il n'y avait qu'aux côtés de Haru que Salomé pouvait vivre de telles péripéties. Heureusement, cette alternance était bien plus tranquille en comparaison.
Elle proposa au Phyllali de la suivre, passant devant la serre occupée par le seul Marill de Carole, arrosant à tout va les fameuses plantes médicinales que la gitane avait apporté avec elle à l'hôpital. Il lui en restait quelques échantillons alors elle en prit un et le fourra dans la main du blondinet sans rien lui demander au préalable :
— Tiens, tu peux garder ça, si tu veux. En tisane, c'est super efficace contre plein de bobos. Maux de tête, rhumatisme, et même des maladies plus grave... Mais ça, ça te concerne pas.
Bien sûr que non, sinon cela aurait été Haru à la place du fameux Ginji aujourd'hui. Mais Haru était bien portant, alors la rousse referma les doigts du garçon sur l'échantillon, continuant la visite en lui montrant la serre du bout du doigt pour finalement l'amener à la boutique de Carole. Mille articles paraissaient être entreposés, tous rangés en fonction de la maladie à traiter ou des maux à soigner. Il y avait les fameuses tisanes que la rousse venait de confier à Haru mais non pas par simple échantillon mais bien à travers des paquets de cent grammes qui ne demandaient qu'à être mélangés à de l'eau pour donner naissance à une bonne tisane. Mais bien odorante tout de même, la rousse ouvrit un sachet pour faire sentir à Haru histoire qu'il se rende compte de ce que la demoiselle lui avait confié.
— C'est fort autant niveau odeur que niveau goût mais c'est efficace à ce qu'il paraît... J'ai même pas encore eu le courage d'en tester, l'odeur me dégoûte mais ça se vend bien et Carole a son lot d'habitués alors ça doit être un minimum efficace.
Justement, en parlant du loup... Une Carole précipitée, ses éternelles lunettes rivées sur son crâne et sa chevelure blonde coupée court désormais en bataille. Vêtue d'une simple salopette ternie par la terre de la serre et où s'emmêlaient feuilles et pistils, elle se stoppa face à Haru, remettant ses lunettes en place pour être certaine de ne pas avoir de visions ou d'hallucinations dues à ses fameuses plantes qu'elle faisait pousser.
— Haru ?!? Mais qu'est-ce que tu fais là ?!? Tu viens pas toi aussi pour une alternance, rassure-moi ! Oh là là si ça se trouve l'académie m'avait prévenu que j'aurais deux étudiants et j'ai complètement oublié !
— Non, non, Carole ! C'est moi qui lui ai proposé de venir vu qu'il était de passage à l'hôpital pour rendre visite à quelqu'un.
— Oh. Oh d'accord. C'est bon alors, vous m'avez fait peur les enfants ! En plus j'ai encore perdu mon agenda... Vous l'auriez pas vu, par hasard ?
Salomé échangea un regard avec Haru.
Voilà que le cauchemar recommençait mais à Rivamar désormais.
— Je vais voir si je tombe dessus en faisant faire une rapide visite à Haru.
— D'accord, merci ! Tu veux bien gérer la boutique le temps que j'aille le chercher ? C'est que mon meilleur client, Bob, a l'intention de passer récupérer une partie de ma récolte prochainement... Faut que je m'organise mieux, rha là là ! déclara Carole toujours aussi paniquée, Towelie va rester pour vous assister si besoin !
Un Charmina s'avança, les yeux explosés et un filtre qu'il déposa à l'entrée d'une feuille à rouler qu'il garnissait allègrement et généreusement d'un peu d'herbes piochées dans un paquet entrouvert de feuilles médicinales.
— Salut les mioches... On se fume un pétard ?
La rousse leva les yeux au ciel, se retournant vers Haru pour lui chuchoter à l'oreille :
— Fais pas attention à lui, je comprends pas trop pourquoi Carole le garde car à part piquer dans les stocks, il sert pas à grand chose... Si Charles a envie d'un défi, il a qu'à essayer d'éduquer un minimum ce Pokemon...
— Je vous entends, vous savez ! Bon ben faîtes vos trucs de gosse, moi je continue de faire mon truc de... grand.
Et le type Psy sortit un briquet, allumant sa cigarette artisanale et recrachant la fumée au sein de la boutique, toujours déserte pour le moment.
RIP la quête de l'agenda.
Et c'était tant mieux, Salomé n'était pas ici pour faire comme sur feu Lansat. Elle souhaitait apprendre au contact des herbes médicinales. Retrouver des objets perdus ? Non merci, elle avait déjà donné par le passé.
La rousse se contenta d'ignorer le Charmina, cigarette au bec, qui farfouillait parmi les stocks de Carole sans même plus jeter un regard aux enfants qu'il était censé surveiller un minimum. Difficile de compter sur cet énergumène qui agaçait Salomé depuis son premier jour mais elle se contentait de prendre sur elle et de rester calme, pour le bien de tous et surtout vis à vis de Carole qui avait eu la gentillesse et la bonté de l'accueillir pour cette alternance.
Salomé prit un siège et fit signe à Haru de faire de même, idem pour le Roigada visiblement tout émoustillé à l'idée de pouvoir écrire un chapitre sur Salomé et ses impressions post-chaos de Lansat. Il lui fallut quelques instants pour se souvenir, et plus encore pour la narratrice qui avait cru bon de répondre presque six mois plus tard à ce rp.
Elle avait pêcho Ranya lors d'une fouille.
Perdu de vue son Farfuret.
Et commencé une alternance aussi étrange qu'intéressante.
Elle eut un sourire pour le blondinet et Charles-Edouard sans trop savoir encore par quoi elle allait commencer ni comment elle allait le formuler.
– Je suis restée à peine un an sur Lansat alors c'est pas moi que ça va attrister le plus, fit-elle, mais j'ai tenté de profiter au maximum de ces vacances sur Cobaba ! Fouille, barbecue et détente avec Ana avant de retourner chez les miens et d'enchaîner avec cette alternance.
Parce que oui, il y avait encore Ana. Lolilol.
Tout le monde sait très bien comment ça va finir, cette histoire. Vraiment. Quand est-ce qu'on passe au chapitre Ranya histoire d'avoir à nouveau du drama à se mettre sous la dent ? Pas maintenant en tous cas, parce que Haru est présent, au contraire de la jeune blonde.
Chaque chose en son temps, hein.
Et dire qu'il n'y avait aucun client à l'horizon pour permettre à Salomé de mettre en pratique ses talents de vendeuse ou de commerciale au profit de Carole et son exploitation. Heureusement que Haru était là pour la distraire un peu, sans quoi elle aurait fini par trouver le temps long.
– Car oui, si jamais tu te posais la question, je suis toujours avec Ana.
Ptdr jpp.
Bref un peu de sérieux.
Elle avait promis à Haru de lui livrer plus de détails un autre jour, cet autre jour était-il enfin arrivé ? Peut-être n'en avait-il plus rien à faire des histoires de cœur de Salomé désormais, et ce serait tout à son honneur. Mieux valait ne pas trop se mêler des affaires de la rousse pour éviter d'attirer le mauvais œil sur soi ensuite, Logan en savait quelque chose plus que quiconque, même s'il fallait bien admettre qu'il s'agissait avant tout d’acharnement et de manipulation plutôt que d'une véritable malédiction le concernant.
L'ambiance était plus prompte à discuter maintenant que les deux adolescents étaient posés, tout le contraire du jour où Lansat était tombé. Il n'y avait ni Team Rouage, ni Palladium, ni A2P, juste l'ombre de Carole et un Charmina bien trop défoncé pour comprendre quoi que ce soit à leur conversation. Et au pire, ce n'était pas bien grave.
– Pour Ana... Faut croire que les sentiments ne se commandent pas ? Mais bien avant le chaos de Lansat, on avait déjà pu se rapprocher lors d'une soirée d'anniversaire en l'honneur d'Erika Uchida, une Geisha. J'avais proposé à Ana de m'accompagner, elle a accepté et je suppose que l'alcool nous a un peu aidées à faire un pas vers l'autre...
Elle éclata de rire en se rappelant cette fameuse soirée. Oui l'alcool avait aidé mais Salomé avait tout fait, ou presque. Difficile d'oublier cette danse en compagnie d'Ana, ou encore ce saut depuis le toit pour finalement atterrir à dos de Bruyverne. Grisées et enivrées par les bulles, les filles avaient pu laisser libre cours à leur passion à l'abri de tous.
Pour finalement la révéler au grand jour quelques semaines après.
– Ça aurait pu être une pulsion juste sur le moment mais c'était pas le cas. Alors oui, on a officialisé tout ça le jour où Lansat est tombé, faut dire que y avait mieux comme timing mais on pouvait pas anticiper ce qui allait suivre, si ?
Et un peu d'amour n'avait jamais détruit une île, ça, c'était le rôle des différents partisans qui se battaient au nom de leur cause.
Tout paraissait si lointain à Salomé, pourtant c'était il y avait à peine deux mois. Et il lui fallait continuer la suite de son récit centré sur Ana, au moins jusqu'à Cobaba, récit qui touchait à sa fin.
– On en arrive à cet été, avec Cobaba. Rien de spécial à signaler si ce n'est que je suis en colocation avec Ana pour les vacances.
Et avec Ranya.
Elle avait passé sous silence tout le chapitre Ranya, désolée pour Charles-Edouard qui n'aurait rien de véritablement intéressant à raconter dans son mémoire, la rousse gardait pour elle certains détails.
– Et toi, ton été ?
Autant en revenir à des banalités maintenant que la gitane avait fini de s'accaparer la parole.
Charles-Edouard ou le meilleur Pokemon de l'équipe de Haru.
La rousse ne put s'empêcher de glousser face aux remarques sur l'amour et le célibat du blondinet ; il est vrai que Salomé ne l'avait encore jamais vu en couple, à moins que le garçon ne soit discret sur ses histoires ? Tout le contraire de Salomé en somme, qui avait tenu à s'afficher à la vue de tous au bras d'Ana, surtout à la vue de Logan.
Que faisait l'Alolienne en ce moment, d'ailleurs ? Il lui semblait qu'elle était auprès de sa famille sur Alola pendant tout le mois d'août. Si seulement elle savait qu'un mois plus tôt, Salomé avait récidivé en compagnie de Ranya, l'embrassant tendrement lors d'une fouille...
Towelie cracha un nouveau nuage de fumée, cette fois-ci en direction du Roigada. Les yeux pétillants, quelque chose venait d'attirer son attention.
– Serviette... N'oubliez pas d'emporter une serviette !
Et il tira une nouvelle taffe sans se soucier du regard quelque peu dégoûté de Salomé, qui avait abandonné la perspective de comprendre ce Pokemon qui paraissait planer au moins quinze heures par jour, à en juger par sa consommation du stock d'herbes de Carole. Cela ne donnait clairement pas envie d'y toucher.
La Médecin détourna son attention du Pokemon télépathe pour se concentrer à nouveau sur Haru et... sa famille ? Elle n'imaginait pas la vie du blondinet compliquée de ce point de vue là, enfin, le duo n'avait jamais véritablement échangé à ce sujet, sans quoi Salomé aurait eu énormément de choses à dire.
– Un demi-frère ? C'est génial ! Enfin je crois...
Ptdr, on en reparle dans six mois, hein ?
On verra si elle trouvera ça toujours aussi génial.
Spoiler alerte : non.
La rousse venait tout juste de commencer son alternance ; deux jours qu'elle était arrivée chez Carole environ, il lui restait encore beaucoup à apprendre sur ce qu'elle devrait faire au quotidien. Pour le moment, Carole la supervisait ou lui donnait des tâches relativement faciles, plus qu'à espérer que ça se corserait un peu.
– Ginji pourra prendre ce que je lui ai donné à son réveil... s'il se réveille. Ça devrait lui redonner un petit coup de fouet, histoire d'être en forme pour son retour à l'académie ! résuma la Médecin, et pour cette alternance, j'ai des missions assez diverses et variées... Alors oui, parfois je fais la tournée des hôpitaux avec mes échantillons comme quand on s'est vus, d'autres fois je m'occupe de la boutique et suis chargée de conseiller et encaisser les clients, et vu que Carole a une serre, j'ai fait un peu de jardinage avec elle. En plus, vu que j'ai jamais pris le temps de m'occuper de la serre mise à ma disposition par l'académie sur Lansat, c'est tout nouveau pour moi... Autant Chayana s'épanouit là-dedans mais moi ça me fatigue plus qu'autre chose. C'est reposant au moins... Ou ennuyant plutôt.
L'iPok de la demoiselle vibra. Elle s'en saisit, faisant défiler la notification qui lui fit froncer les sourcils tandis qu'elle reporta son attention sur le Charmina, visiblement dans un autre monde. Inutile de compter sur lui dans l'immédiat.
– Et parfois, comme maintenant, on est censé faire des livraisons à domicile des herbes de Carole... C'est Towelie qui s'en occupe officiellement... Mais il est toujours défoncé alors on fait sans. J'ai conseillé à Carole d'opter pour un Abra ou n'importe quel Pokemon apprenant Téléport, histoire de compenser... On verra bien.
La demoiselle pouvait-elle vraiment partir faire cette livraison en laissant le Charmina tout seul pour s'occuper de la boutique ? Si seulement Carole était revenue, cela aurait changé la donne mais ce n'était pas le cas. Alors il allait falloir prendre des initiatives.
– Je ne te cache pas que si Charles-Edouard acceptait de surveiller la boutique... et Towelie par la même occasion, cela m'arrangerait beaucoup. Nous, pendant ce temps, on pourra s'occuper des livraisons. C'est pas bien loin, la ville de Rivamar se parcourt rapidement, même sans monture Pokemon et puis... on ira pas à pieds.
La rousse fit signe au garçon de la suivre jusqu'à l'extérieur pour lui montrer deux trottinettes électriques qui n'attendaient plus que leurs propriétaires. L'une pour Towelie et l'autre pour Carole. Aujourd'hui, ce serait différent, avec Salomé et Haru en guise de livreurs.
– Voilà ! Avec ça, c'est super rapide pour le porte à porte ! Tu comprends mieux pourquoi le Charmina ne se lance pas dans les livraisons, vu son état ? Manquerait plus qu'il tombe et se casse une jambe... même si ça serait pas une grande perte, vu son utilité.
Salomé attrapa un casque qu'elle posa sur le crâne de Haru ; la sécurité avant tout ! Elle fit de même pour sa propre tête puis retourna dans l'arrière-boutique le temps de sélectionner les produits commandés par son client du jour. Là, elle était fin prête pour distribuer un peu de Carole Franck à tous ceux qui étaient désireux de passer une commande.
Les produits à l'avant dans le panier à disposition, Salomé était fin prête à rouler. Vivement que Chayana évolue pour qu'elle puisse l'utiliser en guise de monture, même si la vitesse ne serait pas son alliée. Il n'y avait plus qu'Algernon qui planait au-dessus de leurs têtes, toujours aussi curieux et déterminés à suivre Salomé.
Elle faisait quoi en ce moment d'ailleurs, Carole ?
Partie chercher son agenda et toujours pas revenue, c'était là tout ce que pouvait constater la rousse. Mais bon, la demoiselle était là pour prendre des initiatives alors c'était ce qu'elle faisait. Et puis, avec Charles-Edouard aux côtés de Towellie, la tenue de la boutique ne pourrait que bien se passer, non ?
Le duo d'enfants s'en allait donc, avec Salomé en tête de cortège pour se fier au GPS de son iPok. La pauvre n'était pas encore très familiarisée avec les environs et ne connaissait que le chemin du domaine de Carole jusqu'au centre-ville ou l'hôpital, au choix. Cela n'allait pas beaucoup avancer Salomé qui était ignorante concernant les petites rues qu'elle empruntait.
– On va... là !
La Médecin pointait du doigt l'écran de son iPok. Cela aurait pu être plus précis, il est vrai mais Haru aurait tout le loisir de découvrir le client mystère. Tout comme Salomé, qui ne savait rien de lui, ou d'elle, si ce n'est ses goûts en matière de produits à base d'herbes de Carole Franck.
– 35 rue des Champs Fleuris... Un certain Geist... Sûrement un pseudo...
Pas très beau, en plus.
Déso pas déso pour Geist.
Salomé augmenta la vitesse de la trottinette, souhaitant se débarrasser au plus vite de cette livraison de manière à pouvoir dire à Carole tout ce qui n'allait pas chez ce maudit Charmina. Non mais vraiment, c'était quoi ce parasite inutile tout juste bon à fumer et encore fumer ?
– Tu crois que ça va bien se passer entre ton Roigada et Towellie ? J'aimerais juste éviter qu'ils s'entre-tuent... même si vu l'état du Charmina, y a zéro risque de ce côté le concernant, je crois pas qu'il soit en état de faire quoi que ce soit.
Hormis celui de parler et délirer. Et encore.***
Towellie posait ses yeux hagards sur le Roigada. C'était la première fois qu'il en voyait un, et un qui s'exprimait aussi bien que lui brillait dans la télépathie ! Whouah. Il en serait presque ému si le Pokemon rose ne faisait pas aussi souvent la tête, gardant son air si sérieux alors que tout l'atmosphère paraissait placé sous le signe de la liesse et de la joie.
Il pouvait sourire ; il avait mis les pieds chez l'une des meilleures cultivatrices de tout Sinnoh, si ce n'était la meilleure, et pouvait même se servir à l’œil sans qu'elle n'ait rien à redire. Il suffisait de se prétendre testeur officiel et c'était bon.
– Alors... C'est vrai que t'es le Pokemon le plus intelligent au monde ? Tu voudrais pas me le prouver ? Parce que faut vraiment être stupide pour accompagner le blondinet qu'est parti avec la rousse, là. Il est pas très fut-fut, lui.
Le Charmina se leva, tant bien que mal, avança jusqu'à la porte d'entrée pour y glisser l'écriteau « Fermé » même si la journée était loin d'être terminée. Lui ne voulait surtout pas être dérangé, ni par Carole, ni par d'éventuels clients un peu trop fouineurs.
– T'aurais pas un moyen pour... améliorer la qualité de nos produits ? Ça rendrait service à tout le monde. Carole, les clients, la rousse, le blond... Tout. Le. Monde.
Towellie inclus.
Il revint vers Charles-Edouard, prenant place à ses côtés le long du comptoir destiné à encaisser les clients qui ne se montreraient pas dans l'immédiat. Ou qui rebrousseraient chemin en arrivant ici.
Il se servit dans le pot d'herbes fraîchement coupées, attrapant son nécessaire à rouler pour se préparer un nouveau joint qu'il tendait désormais à Charles-Edouard :
– Donc... Tu goûtes et tu me dis quoi faire pour améliorer nos produits ? Sinon ben... c'est que t'es un Roigada stupide, t'sais.
Comme si cela pouvait mal se passer, hein.
Towellie ne comprend pas.
Il est question d'étron tandis que lui veut juste fumer, encore et toujours plus, et avec ce Roigada à ses côtés, ce rêve pourrait devenir réalité. Alors il frétille d'impatience, guettant des yeux la bouche du rose qui semble s'agiter en rythme, crachant des mots qu'il comprenait parfois, inconnus souvent. Lui ne s'intéressait qu'à la marchandise et sa qualité, lui avait trouvé la planque parfaite pour vivre ses beaux jours, lui voulait juste fumer à nouveau, une dernière taffe pour la route et voilà le plan de Charles-Edouard qui s'alignait dans l'air électrique.
Alors le Charmina prenait des notes, tant bien que mal, gribouillant de son écriture maladroite la fameuse méthode. Voilà les habitudes de Carole bouleversées, oubliée cette serre qui semblait misérable en comparaison, Towellie rêvait d'une usine où quantité et qualité seraient au rendez-vous pendant que Charles-Edouard se pliait à ses caprices de camé.
Il notait, encore et encore, lui demandant de ralentir sans que l'autre ne l'écoute, passionné par son discours et sa sagesse enflammée qu'il ne demandait qu'à partager et étendre au monde entier. Il y aurait eu de quoi écrire un roman, ou deux, de bien fameux documentaires autour de la culture d'herbes thérapeutiques, même si la médecine n'intéressait certainement pas Towellie, ou d'herbes tout court.
Augmenter la luminosité des serres.
Réduire le laps de temps entre les arrosages.
Ventiler, encore et toujours plus, en continu éventuellement.
Attendre le quinzième jour du sixième mois pour récolter les têtes.
Espacer les plants.
Et plein d'autres conseils, plus ou moins utiles, plus ou moins sensés, prodigués par le grand Charles-Edouard, prince des nués.
Un bruit fit sursauter le Charmina qui fit une belle rature.
Il redressa la tête, apercevant une Carole qui agitait son précieux agenda. Il eut un soupir, laissant ses notes en plan tandis qu'il allait ouvrir pour la brune qui n'en finissait pas de tambouriner pour rentrer.
– Ça va, ça va... On avait besoin de discuter entre heu... Pokemon surdoués.
Lolilol.
Pas la peine de jeter un regard à Charles-Edouard pour deviner ce qu'il pensait là en son for intérieur.
Towellie se contenta de se traîner jusqu'à la porte, faisant jouer le verrou pour laisser la porte s'entrouvrir et voir une Carole quelque peu essoufflée pénétrer dans la boutique, posant son regard sur l'ensemble de la pièce avant de demander :
– Salomé ? Haru ? J'ai retrouvé mon agenda ! Plus la peine de le chercher ! Ben... Ils sont passés où ?
Voilà le Charmina qui revenait derrière la caisse, se penchant vers les notes qu'il peinait à décrypter et déchiffrer. Plissant les yeux, les lettres restaient obscurs à ses yeux. Carole s'approcha, jetant un coup d’œil pour finalement déclarer :
– Oh c'est quoi, ça ? On dirait une langue ancienne !
Le Charmina avait beau retourner la feuille dans tous les sens, les caractères restaient toujours aussi inconnus à ses yeux. Pourtant, tout était sorti de sa main. Mais ce n'était certainement pas lisible. Cela lui apprendrait sûrement à vouloir mettre au point une révolution de serre après avoir fumé.
– Mon plan... Mon beau plan... Il est pas lisible... Towellie en tremblait. Répète ! Tout ! Tout !
Voilà qu'il secouait Chales-Edouard tel un prunier sans lui laisser le temps de répondre, faisant voler les feuilles au sol sans plus se soucier de la propreté du commerce.
***
C'était un bordel sans nom.
Les ténèbres régnaient en maîtres et paraissaient surgir du moindre recoin de la baraque qui paraissait à première vue abandonnée. Salomé aurait pu y trouver un corps à demi dissimulé que cela ne l'aurait étonnée qu'à grand peine. Elle avançait en tête de cortège, comme exigé par Haru toujours aussi peureux tandis que la curiosité prenait le pas sur sa propre terreur.
– Geist ? Vous êtes là ? C'est votre commande de chez Carole Franck !
Pas de réponse. La rousse s'y attendait. Elle était presque tentée de n'accomplir qu'à moitié son travail et de déposer le colis dans l'entrée mais cela signifierait ne jamais faire signer le client pour signaler la bonne réception en bonne et due forme. Et cela, Salomé ne pouvait pas se le permettre. Alors il n'y avait plus qu'à le trouver. Et s'il fallait jouer à cache-cache pour ça, pourquoi pas.
À chaque nouveau pas, Salomé s'attendait à voir une horde de rats entière leur sauter au visage. Mais il n'y avait rien si ce n'est le flot de poussière qui dansait devant le duo toujours aussi peu rassuré, avec un Algernon qui portait haut et fier le caillou qui avait fait trébucher Haru. Il pourrait l'étiqueter ainsi si le plaisir l'en prenait : « Caillou qui a fait trébucher Haru devant une baraque abandonnée ». Mais l'oiseau ne pensait pas si loin, se contentant de ramasser ces pierres pour seul plaisir et non pas pour créer enfin un musée consacré la géologie, même si cela serait sûrement une très bonne idée pour leur nouvelle île.
Le silence les entourait et avec lui, l'angoisse qui n'en finissait pas de les filer. La pénombre se faisait plus forte au fur et à mesure que Salomé avançait, continuant d'appeler le fameux Geist qui, bien évidemment, ne donnait aucun signe de vie. Avec tout le raffut qu'elle avait fait depuis leur arrivée, nul doute que Geist ou n'importe qui devait avoir pris connaissance de leur présence.***
– Alors ? Salomé et Haru sont descendus à la réserve pendant que vous teniez la boutique ?
– Non... Non... Ils sont... en livraison, peinait à articuler le Charmina toujours aussi malheureux face à ce plan avorté pour posséder des herbes de qualité supérieure, chez... Geist...
Il semblait sur le point d'éclater en sanglots à tout moment.
– Par la Sainte-Mysth... Arceus ! Ça va pas de les laisser partir tout seul là-bas ! Vite, vite, avant qu'il ne soit trop tard !
D'un bras, Carole attrapa Charles-Edouard et Towellie de l'autre tandis que son Marill la suivait, sautillant derrière eux.
C'était une fine équipe qui partait à la rencontre d'une autre.
Qu'est-ce que... Des Insectes ici ? Surtout rester calme et ne pas paniquer. Et puis, Algernon est un type Vol donc il devrait être efficace contre eux, non ? Pour une fois que la rousse connaissait sa table des types il fallait que cela tombe sur Algernon, qui, soyons honnête, ne serait pas d'une grande utilité face à cette armada de Mimitoss et le Migaloss imposant. Et pas de chance pour elle, Django était resté chez Carole, sûrement occupé à dormir à l'ombre de la serre.
– Tu veux pas les éloigner avec un de tes Pokemon, Haru ? Haru !
Le pauvre était au sol, inerte. Evanoui sûrement, du moins l'espérait-elle.
Pourquoi est-ce qu'il fallait que ça tombe sur elle ? Elle n'était pas ici en alternance pour faire du secourisme, encore moins des premiers soins, si elle avait opté pour la structure de Carole Franck, c'était justement pour éviter que des vies entières ne reposent sur ses frêles épaules.
Mais le blondinet venait de tout compliquer.
La rousse ne put que s'accroupir tandis qu'Algernon commençait déjà à ramasser de plus en plus de cailloux qu'il déposait tout autour du corps du garçon, à croire qu'il tentait de construire un mausolée ou une tombe en son honneur.
Sage décision mais quelque peu précipitée au vu de ce pouls qui battait encore.
– Il est pas encore mort, Algernon.
Mais cela ne saurait tarder au vu de l'armée d'Insectes qui encerclait maintenant le duo d'enfants. Elle comprenait maintenant un peu mieux pourquoi Carole insistait toujours pour que le Charmina l'accompagne dans ses livraisons ; c'était une sécurité supplémentaire face à des imprévus de ce type.
Une sphère rouge et blanche vint rouler près de la demoiselle, depuis la poche de Haru. L'univers tentait de communiquer avec elle et plaçait cette pokéball sur son chemin pour leur salut à tous les deux. Et même si ce n'était pas dans les habitudes de la rousse d'utiliser les Pokemon d'autrui, elle préférait cela plutôt que de finir bouffée par le Migalos. Alors elle l'attrapa et la lança, observant le filet de lumière dévoiler un Viskuse. Super. Au moins le connaissait-elle depuis leur mission pour Carole Franck quelques mois plus tôt, Watson les avait accompagnés dans leur course folle au journal porté disparu de la mère de Carole.
– Watson ! Réveille ton dresseur et empêche-les d'avancer, ordonna la demoiselle, faut qu'on dégage d'ici avant de se faire bouffer !
Le Viskuse toujours aussi flippant s'exécuta ; crachant un jet d'eau vers le visage du garçon toujours inconscient avant de s'en aller en direction des Insectes, visiblement prêt à les tenir à l'écart. Au moins agissait-il selon son propre instinct et c'était tant mieux ; déjà que Salomé était incapable de retenir les attaques de ses propres Pokemon, ce n'était pas pour connaître celles d'un Pokemon qui n'était pas le sien.
Au moins avait-ils de la lumière dans leur malheur, même si la Médecin aurait certainement préféré de continuer d'arpenter la demeure dans l'obscurité aux côtés de Haru plutôt que de se retrouver immobilisée suite à un Haru un peu trop inconscient à cause de sa rencontre avec des types Insecte.
Des pas se faisaient entendre au loin. Précipités, une voix féminine les accompagnait et Salomé ne put que se sentir soulagée en reconnaissant l'identité qui se dissimulait derrière ce timbre.
– Les enfants ! Vous êtes là ?
– Par ici !
La cavalerie arrivait, et avec elle Carole, Towellie, Charles-Edouard et le Marill. Ce dernier s'en alla prêter main forte à Watson tandis que le Charmina planait toujours autant, s'extasiant devant des toiles de Migalos qu'il perçait à l'aide de ses pattes. Charles-Edouard, lui, toujours aussi pragmatique, posait un regard lourd et dédaigneux sur son dresseur toujours au sol, ce même sol collant et poisseux qui fit tirer une moue mémorable au prince des nuées. Carole était déjà au chevet de Haru trempé, agitant une composition d'herbes en sachet dont seule elle avait le secret sous le nez du garçon.
– Là, il devrait se réveiller d'un instant à l'autre, fit-elle avant de tendre l'échantillon à Salomé, tu devrais vraiment te familiariser davantage avec mes produits plutôt que de vouloir utiliser la manière forte. Garde-le, ça réveillerait même les morts, haha !
Certes, réveiller Haru avec un Viskuse n'était peut-être pas la meilleure idée du siècle mais c'était ça ou le gifler en personne. Regrettait-elle son choix ? Absolument pas. L'été était là et cette eau soudaine rendait l'atmosphère plus supportable, même si l'humidité de la maison était déjà élevée, chaleur ou non.
– Vous n'avez pas croisé de Spectrum, rassure-moi ?
– On n'a pas eu le temps, on était un peu trop occupés avec ces Pokemon Insecte... Le Spectrum, c'est Geist ?
Carole ne put s'empêcher d'éclater de rire, comme à son habitude, un rire frais qui détonait avec le reste de l'environnement.
– Non, Geist est son dresseur. Tu te doutes bien que les Pokemon ne passent pas de commandes !
Alors ça, ça restait à prouver avec un spécimen comme le Charmina avide d'herbes thérapeutiques.
Carole récupéra le colis qui n'attendait plus qu'à être livré, déjà prête à errer dans la maison à première vue abandonnée.
– Je vais m'en charger. Va dehors avec Haru dès qu'il se sera réveillé, d'accord ?
Si près du but.
Geist n'était qu'à quelques mètres à peine du point où les adolescents avaient dû s'arrêter suite à l'évanouissement de Haru. C'était frustrant et rageant pour la rousse de voir qu'elle avait presque réussi à achever cette livraison sans la supervision de Carole et sans l'aide du Charmina inutile mais malheureusement, cela n'avait pas suffi car il avait suffi que les Mimitos entrent en action.
Salomé se retourna vers Haru, visiblement stupéfaite par la phobie de Haru et les Pokemon Insecte. C'était une phobie comme une autre, mais, fort heureusement, la médecine pouvait y jouer un rôle pour l'aider à avancer et à combattre cette peur irrationnelle.
– T'as déjà pensé à l'hypnose pour ta phobie, Haru ? J'aimerais bien m'y essayer perso... en tant qu'hypnotiseuse, bien sûr. On s'organisera une scance une fois mon alternance finie, si tu veux ?
Salomé qui continuait de chercher sa voie en tant que Médecin.
C'était beau et admirable à la fois.
Mais au vu de son passif concernant ses prouesses médicales, le blondinet avait tout à gagner en refusant cette offre, du moins s'il voulait repartir intact de la fameuse séance.
Il n'y avait plus qu'à rentrer désormais.
Adieu bicoque abandonnée, adieu Spectrum qu'ils n'avaient pas même croisé et surtout adieu Geist mal luné. Et aussi adieu élevage de Mimitos clandestin ; fallait vraiment être cinglé pour avoir une idée pareille. Quel intérêt, vraiment ? Mais Salomé n'avait pas envie de se perdre en conjectures et se tourna vers Carole, toujours aussi gênée de l'avoir envoyée malgré elle dans ce guêpier :
– Je suppose que tomber sur des clients spéciaux fait partie de ton métier, Carole. Donc bon, c'est un bon point vu que je suis là pour apprendre justement... Je ferai plus attention la prochaine fois et éviterai de venir avec seulement Algernon pour la prochaine livraison, sait-on jamais si ça se passe comme ici...
Parce que n'importe quel Pokemon hormis son starter aurait pu la dépanner un minimum. Django, Chayana ou même Ankou était plus sûrs que le Picassaut tout juste bon à récupérer des cailloux. Mais c'était ce qui faisait tout son charme, non ? Et puis, il n'y aurait pas toujours Watson, encore moins Carole et Towellie. D'ailleurs pour ce dernier, Salomé espérait secrètement que la brune finirait par le renvoyer mais elle pouvait toujours rêver au vu de la confiance naïve placée en le Charmina.
Le domaine de Carole Franck était en vue et avec lui, une Salomé qui retrouvait ses habitudes et son envie de faire découvrir un peu de son environnement au Coordinateur :
– Tu veux faire quoi maintenant, Haru ? Visiter la serre ?
– Ah non, non non ! trancha Carole, désolée Haru mais j'ai eu assez d'émotions fortes avec vous deux pour la journée ! J'ai encore plusieurs choses à enseigner à Salomé avant qu'elle ne puisse être autonome dans mon commerce et justement, je pense lui montrer comment s'occuper exactement des cultures... Histoire qu'elle puisse faire autre chose que simplement de l'arrosage sous la supervision de mon Marill ! Donc n'espère pas revoir Salomé avant la soirée !
Cela avait au moins le mérite d'être clair.
Chayana choisit cet instant pour faire son apparition, visiblement ravie à l'idée que sa dresseuse soit enfin formée à l'entretien d'une serre et surtout à la culture des herbes thérapeutiques. Elle trépignait d'impatience, sautillant tout autour de Salomé sans que celle-ci ne trouve quoi que ce soit à redire. Au moins n'était-elle pas la seule à profiter de cette alternance. Et puis, ce n'était pas pour rien si la demoiselle avait visé une alternance sur Rivamar pile pendant cette période.
– Alors à plus tard Haru ! Ou à une prochaine ! De toute façon, tu as toujours mon numéro d'iPok, contacte-moi si tu traînes toujours sur Rivamar ces prochains jours, moi j'y serai pour une dizaine de jours encore donc bon... Tiens-moi au courant !
– Et amène Charles-Edouard, hein !
La rousse ne put s'empêcher de jeter un regard suspicieux au Charmina qui venait de prendre la parole ; est-ce qu'elle avait raté un épisode ? Ces deux-là avaient finalement réussi par s'entendre le temps de leur livraison échouée ? C'était plus qu'étonnant mais la demoiselle ne manquerait pas de demander des comptes à l'assistant de Carole le temps de son séjour ici, au moins pour tirer les choses au clair.
– Oh et prends ça pour la route, Haru ! Ils sont frais du jour ! Tu m'en diras des nouvelles, tous mes clients me les réclament !
Et Carole sortit un tupperware contenant une dizaine de cookies verdâtres. Ils étaient peu ragoûtants au niveau de l'apparence mais hormis leur couleur plus qu'étrange, les pépites de chocolat et la forme ovale de la pâte montraient que c'étaient bel et bien des cookies.
Salomé n'en revenait pas du nombre incroyable de produits à base d'herbes thérapeutiques que son maître d'alternance avait su mettre sur pied ; c'était du grand art et une forme spontanée et jamais vue de créativité. À croire que Carole possédait un produit fait maison pour toutes les occasions et éventualités qui se présentaient à elle.
– Et au pire, on se verra sur Cobaba !
Parce que c'était là qu'ils passaient leurs vacances, bien malgré eux.
Carole ouvrit la marche en direction de la serre, suivie de près par Chayana toujours guillerette et par le Marill paré à faire son œuvre d'arroseur si besoin. Le Charmina, lui, prit la direction opposée, droit vers la boutique, fidèle à ses vieilles habitudes. C'était à se demander comment ce commerce pouvait tourner avec ce Pokemon en guise de commerçant. Salomé, elle, fit un dernier salut à Haru avant de se diriger vers la serre.
Voilà qu'elle allait jardiner.