Juin 2018 - aux alentours de la Chute de Lansat.

Le vent venait érafler sa gueule : Balayant les larmes qui perlaient de ses yeux en arc. Il fixait l'horizon, sans trop savoir quoi voir : n'y avait t'il pas que du noir ? Car depuis le départ de sa bien aimée, il ne voyait plus, comme... Aveuglé par son absence. L'obscurité profitait que l'éclat de sa précieuse se soit évaporé pour envahir ses pupilles et lui rappelait ce qu'il était...

Un brigand, un sauvageon, un meurtrier, un vandale en fuite, un voyou... Assurément pas un chevalier servent.

L'aquabelette se pencha dangereusement vers la mer, ici haut, perché sur sa falaise : il la distinguait à peine. Si Bellamy avait était là, elle se sera sans doute arrêté pour contemplait un moment cet océan qui la terrifiait tant. Elle aurait noyé son chagrin et ses peines dans l'observation méticuleuse des fissures de la falaises, de ces vagues qui éclataient en milles écumes. Mais elle n'était pas là, non plus. Pouvait-il la blâmer ? C'était lui qui avait décidé de fuir...

Un faux sourire vint dévoiler ses deux longues canines.

Car c'est ce qu'il y avait fait : fuir. Il avait beau se triturer l'esprit pour se trouver des escuse, se mentir avec toute la force possible ; la vérité revenait toujours. Implacable. Intransigeante. Il n'était pas un chevalier... À peine, un amoureux transi. Ne restait que de lui, depuis le départ de sa princesse, un criminel rongé par la culpabilité.

Comme par réflexe, sa bouée se gonfla alors qu'il se détournait de la falaise.

Tout était gravé dans sa mémoire : la bagarre d'abord innocente, un jeu. Puis le contact contre sa peau : un instant dur, puis qui s'affaisse sur lui-même et ce craquement... Ce craquement qui résonnait encore dans son âme. Il se souvenait de tous les détails. Absolument tous. La plainte de la Lokhlass qui de chagrin devenait rage, son hésitation face à l'attaque. Et sa fuite. Il n'était pourtant pas du genre à fuir, absolument pas. Normalement, il serait resté et aurait sans doute péri au combat. Normalement... Mais Lolita n'était que fantaisie. Et son amour aussi grand, que son envie de rester en vie... Pour elle.    

Pff. Quelle idiotie.

L'amour, il y avait t'il quelque-chose de plus destructeur ? Il avait tout abandonné pour ne serait-ce qu'espérer l'effleurer, quittant tout ce qu'il avait connu, se laissant apprivoiser et puis rongé par la culpabilité. Il avait tout fait, tout donné... Et en échange de quoi ? Une disparition. Comme ça, sans un revoir, sans une explication... Bellamy y avait eu droit elle au moins. Même si elle n'en semblait pas satisfaite. Lui... Ce n'était même pas la peine d'y penser : il comptait pour du beurre.

De rage, il brisa un rocher avec sa queue.

Lancelot se perdait en lui-même. Il ne comprenait pas... Lolita était... Il lui en voulait tellement. Elle avait brisé tant de choses en partant (Dolores en faisait assurément partie). C'était si égoïste de sa part, si cruel et... Ça le faisait la détester. Vraiment. Là, maintenant, il aurait voulu la démembrer, l'éclater contre un mur, la mordre, la battre, la saigner et lui arracher sa... Magnifique perruque blonde. Il aurait voulu faire couler des larmes dans ses beaux yeux de Soporifik. Pourtant... Il ne cessait de l'aimer. Il ne cessait de tout faire pour elle, quittant le confort de l'académie et en se laissant dans une quête à l'issue improbable : la retrouver. La ramener. Alors même qu'elle pourrait se trouver n'importe où dans ce monde.

C'était incompréhensible pour lui... Jusque là : ses sentiments n'avaient étaient que des gros blocs de béton pur. Sans aucune imperfection, sans aucune tâche... Était ces boules de couleurs intangibles et informes qui habitait le coeur de sa dresseuse ? C'était insupportable. Il hurla.

6 mois.

C'est la limite qui s'était fixé, six mois pour tout faire pour, pour s'oublier dans sa quête, pour se perdre, pour souffrir... Pour oublier. Mais six mois pour Bellamy aussi. Il ne savait même pas comment elle avait tenu jusqu'ici... Six mois... C'était beaucoup trop long.

Le Mustéflott soupira.

Sa Lolita pouvait être n'importe où. Elle était si imprévisible après tout, si insaisissable, si indépendante, si forte et si puissante. Si parfaite. Elle pouvait être n'importe où et personne n'était en mesure de savoir si elle était toujours sur Lansat et si elle était partie : quand et où ? Personne... Sauf le seul être pour qui Lansat n'avait aucun secret. Celui qui savait tout sur tout. Il était la première marche de son odyssée... Pour retrouver Lolita...

Il devait parler à El Don.


Majda avait faim. Terriblement faim. Depuis que le drôle de liquide noir et puant s'était répandu dans l'océan, aucun bateau ne venait accoster le port. Que ce soit la partie industrielle, de pêche ou de plaisance : nada. Absolument aucun. Et qui dit pas de bateau, dit aussi : pas de marchandises à voler. Aussi l'estomac de la vielle rattatac qu'elle était n'arrêtait pas de grogner comme un némélios.

Elle avait bien essayé de négocier avec les Goélise , mais ces idiots de piafs n'avaient fait que brailler en la picorant. Elle grogna alors qu'un miaouss qui passait prés de son trou jetait des coups d'oeil un peu trop insistants... Il n'y avait plus de respect. De son temps : elle était la terreur du port, la mama !  Et personne n'osaient jamais lever la main sur elle. De son temps, la nourriture lui était apportée par les autres pokémons qui espéraient rentrer dans ses bonnes grâces. Mais maintenant... Elle n'était qu'une vielle rattatac au pelage grisonnant et aux dents usées.  

Et dire qu'aucun de ses 89 enfants n'étaient fichus d'évoluer.

Que des incapables, qui devaient bien tenir de leurs pères. N'y avait t'il pas eu un seul rattatac mâle dangereux sur cette fichue île ? Se demandait t'elle en sortant de son trou. Elle regarda à gauche, puis à droite. Avec tous ses pokémons qui voulaient sa peau mieux fallait rester prudente. Soudainement, des bruits de pas, puis une voix qui s'élève :

-Humain, Humain. Hu, hu, hu. Main ! Main !

Elle frisonne. Elle n'a jamais aimé les humains avec cette drôle d'habitude qu'ils ont de répéter le nom de leur espèce pour communiquer... C'est étrange. Elle se tourne vers le spécimen en question : une petite fille blonde avec deux couettes ridicules qui parle à ce drôle d'appareil. Ouf. Pas le profil qui essayerait de l'enfermer dans une de ses ridicules balles alors.

- Barres toi ! lui crache t'elle alors que l'humaine s'aperçoit de sa présence.

L'humaine s'arrête un instant, la dévisage, avant de partir en baragouinant l'humain et en pleurnichant. Voilà Majda qui ricane. Elle est peut-être vielle mais toujours impressionnante : plus grosse que la moyenne, avec cette cicatrice sur son oeil. Héhé, personne n'y viendrait s'y frotter. Personne : vraiment ?

Elle n'a ni le temps de le voir, ni de réagir : que voilà déjà un éclair orange qui la balaye avant de l'immobilier contre un mur. Majda hurle, griffe, se débat, mord mais rien n'y fait : les deux parties de la queue de son assaillant lui bloque les pattes arrières, alors que de ses deux pattes, il lui bloque les avant et exerce une pression non négligeable sur sa gorge. Elle tousse un moment avant de s'adresser d'un air mauvais au jeune mustéflott qui vient de l'agresser :

-C'est cette vielle crasse d'Aéromite qui t'envoie finir ce qu'elle a commencé ?

Son agresseur semble intrigué un moment, avant de refixer son attention sur Madja. Il montre les crocs et lui grogne dessus : il veut voir El Don, il paraît qu'elle sait où le trouver, qu'elle a ses... Contacts sur l'île. Il précise aussi, qu'il est prêt à tout. Madja le fixe un moment comme si elle ne comprenait pas. Puis elle se mit à ricaner, presque maladivement.

-Pov' con... On ne trouve pas El Don. C'est lui qui vient nous chercher et crois moi, il sait déjà que tu le cherches et si il voulait bien te recevoir, il l'aurait déjà fait

Les yeux de l'inconnu prirent soudainement, une teinte noire. Madja fit luire un moment ses crocs, comme si elle se préparait un combat mais heureusement l'aquabelette la relâcha avant de passer sa colère sur une vielle caisse en bois qui explosa en une dizaine de morceaux sous le coup de poing du mustéflott. Il insultait dieu sait qui et était presque au bord des larmes. C'était ridicule. Aussi Madja, au mieux de retourner à son trou se dit que peut-être il avait fillon à creuser :

-Mais tu l'a dis toi même : j'ai mes contacts. Si tu recherches quelque-chose, je serais en mesure de te le fournir

Le Mustéflott regarda Madja avec un air suspicieux avant sans doute de se dire qu'il n'y avait rien à perdre - les clients préférés de la rattatac - ainsi il cherchait un Soporifik qu'on ne pouvait pas rater... Probablement qui portait une perruque. Madja se retient de rire, avant de s'approcher tel un abo vers son nouveau client :

-Si cette soporifik est toujours sur l'île, je serais facilement en mesure de la retrouver. Sinon... Un de mes enfants l'aura bien vu monter à bord d'un de ses bateaux avant que les humains détruisent l'océan.

Le visage de l'aquabelette s'illumina soudainement. Madja ne put retenir un petite sourire sadique : il était amoureux. Ça se voyait. Quelle idiotie... Mais quelle aubaine pour elle. Elle continua :

-Mais rien n'est gratuit : tu a déjà arraché les ailes d'une Aéromite ?


Ses yeux commençaient doucement à s'habituer à l'obscurité et il distinguait maintenant beaucoup mieux les contours des grosses plaques de métal qui constituait sa maison depuis quelques jours. Mais cela ne lui faisait pas aimez davantage, au contraire même... Partager une cale vieux cargo à moteur avec ses 90 colocataires rats ( Majda avait définitivement beaucoup d'enfants) n'avait rien de la glorieuse destinée chevaleresque qui s'était imaginé depuis sa rivière natale. C'était glauque, il n'y avait pas d'autres mots. Le ploc assourdissants des gouttes d'eau salée et de pétrole qui coulait dans les fondations du navire, les bagarres incessantes entre tous ses rattatas que Majda encourageait plus que limitait, leurs ronflements, leur perfidie... Sacs de graines trouées et bais à moitiés dévorés traînaient entre les couchettes, toute alignées fiérement vers un seul point. Symbole de force et d'autorité : un trône pour rattatac. Un trône formé de deux grandes ailes d'insecte.

Le mustéflott détourna le regard, honteux avant de se saisir d'un sac en toile. Il jeta un regard soucieux à la pokéball rose qu'il traînait avec lui, puis s'appliqua l'onguent volé à un humain sur sa peau. Le combat contre cettte Kaï avaient bien plus rude que prévu mais en bon mercenaire, il avait obtenu les faveurs de la reine de la pègre pokemon d'anciennement Lansat. Et quelle récompense il avait eu ! La possibilité de squatter un vieux cargo décrépi accompagné d'une horde de pokémon tous plus sauvage et amoraux les uns que les autres. Youpi. Il n'y avait bien que l'amour qui pouvait lui faire faire ça. Car malgré sa basse opinion de Madja et de sa famille, il devait bien se rendre à l'évidence : La rattatac avait de la ressource, c'était elle qui avait trouvé le goélise qui affirmait avoir vu Lolita sauter dans les soutes d'un paquebot qui partait vers un certain lieu.

Port Yoneuve.

Jamais entendu parler. Mais le voilà, attendant patiemment que les humains se décident à faire démarrer le bateau, respectant son deal : les traces de Lolita contre la protection de la famille jusqu'à un nouveau lieu de vie et Madja avait dit q'un port serait idéal. C'était donc là que leurs chemins allaient se séparer... Après ça, c'était à lui de traquer sa bien aimée. Hmm. Il ne se faisait pas trop de soucis, Lolita est bien du genre à se faire remarquer après tout.

-LANCELOT ! VIENS ICI ! cria soudainement la grosse ratte, interrompant ses pensées.

Le mustéflott aurait soupiré en temps normal, lassé de répondre à tous les caprices de la tony montana des rongeurs. Mais une certaine panique dans sa voix ne laissait supposer qu'une chose : un danger. Aussi la belette enfila le sac en toile autour son corps longiligne et se déplia, courant vers la source de l'appel à l'aide et un spetacle effrayant se présenta à lui : un rattata au sol, vaincu, croqué, griffé. Le type eau leva les yeux du cadavre, passant de Madja, furieuse à une silhouette dans l'ombre.

Il n'était plus chevalier mais mercenaire, son rôle : protéger les -maintenant 97 rats- et ce pokémon inconnu n'était rien d'autre qu'un obstacle sur sa quête de reconquête amoureuse. Ses crocs se mirent à luire d'une étrange lueur glacée, et le voilà, engageant le combat.

Crocs givre.