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L'hiver était là et avec lui une Salomé transie de froid. Ses os paraissaient sur le point d'éclater en morceaux bien que son corps chétif reposait sous sa lourde couette colorée, elle tremblait encore de sa visite impromptue du lac Keldeo une heure plus tôt. Un pas malheureux, une étourderie et voilà la chute droit vers l'eau glaciale qui ne demandait qu'à mieux mordre sa peau. Entre une couche de plaid et celle formée par son Feurisson allongé au bout de ses pieds, la rousse ne demandait qu'à éloigner un peu plus cette mauvaise expérience. La brasse éphémère qu'elle avait dû livrer pour s'échapper des griffes de la glace l'avait épuisée. Alors elle restait là, son iPok qui chuchotait près d'elle une douce mélodie, attendant avec hâte les vacances qui se faisaient désirer.
Elle se retourna, sentant le mobile vibrer et l'apporta à ses yeux hagards. Elle parcourut les différentes notifications pour finalement tomber sur un sms d'Ana, visiblement aussi concise que mystérieuse.
Et ces quelques mots suffirent pour pousser Salomé à se relever d'un bond, le plaid toujours sur les épaules, renversant Django par mégarde, lui qui s'était assoupi, couinant pendant qu'il tombait au sol, de surprise plutôt que de véritable douleur.
Elle mit l'iPok tour à tour sous les yeux du Feurisson puis de son Picassaut qui voletait non loin d'elle. Elle ne savait même pas s'ils savaient lire, encore moins l'humain, mais eux étaient les principaux concernés au vu de ce qui se passait dans sa tête. Eux avaient été témoins de son baiser échangé avec Ranya ainsi que ses mots volés au détour d'une grotte idyllique face au lac Keldeo en hiver.
— Vous croyez... qu'elle sait ?
Pour Ranya.
Rien que pour elle.
Pourtant, la blonde avait été très claire ; impossible de se revoir tant que la rupture n'avait pas été prononcée. Et quelques mois plus tard, Salomé traînait toujours ce fardeau, bien malgré elle, renonçant à un nouveau mois sur Cobaba sitôt son alternance terminée. Elle avait trop vécu sur Rivamar pendant ces deux semaines, trop grandi, et il lui fallait du temps pour digérer tout cela.
Tomber puis se relever.
Mais la chute n'en finissait pas.
Son bad trip et cette promesse de mort et de malheur concernant Algernon d'abord.
Miss Acacia repartie avec Mélie ensuite.
Et Halloween et ses oiseaux mécaniques enfin.
Puis Ana dans tout ça ? Puis Ranya là-dedans ? Amours relégués au second plan, elles étaient là mais absentes dans le cœur de la gitane qui préférait rester auprès de ses Pokemon et profiter d'eux avant qu'un désastre, un vrai, ne survienne finalement.
Il n'y avait que Chayana pour égayer un peu ses derniers mois. L'évolution de sa Germignon était sûrement la plus belle chose qu'elle pouvait espérer concernant l'avenir de son équipe. Mais même ça, on lui avait refusé d'y assister, elle en proie à une fumée nocive et hallucinogène pendant que la chromatique faisait tout son possible pour extirper sa dresseuse de cette fournaise d'hallucinations.
— Venez. Y a qu'un moyen de le savoir.
Rompre maintenant ou attendre ?
La rousse était fuyante en ce moment, se contentant du minimum avec l'Alolienne. Il allait falloir lui parler. Et le plus tôt serait le mieux. La pauvre ne savait rien de ces dernières péripéties depuis son alternance. Personne ne savait rien. Mais elle s'en rendait compte désormais ; ce poids était bien trop lourd pour ses seules épaules. Et si Ranya se dérobait à son affection, il lui fallait bien reporter cet élan de tendresse ailleurs.
Elle avait encore son plaid tandis qu'elle déambulait entre les couloirs, simple fantôme parmi les allées. Elle bifurqua pour déboucher sur la salle commune et apercevoir la Coordinatrice, œuf sur les genoux, visiblement la mine pressée et enjouée, se reposant sur le canapé en cuir de la salle. La demoiselle s'approcha, offrant une caresse à Forest dont elle se rappelait avoir assisté ses folles courses lorsque tout avait viré au chaos fin juin.
Elle laissa Algernon saluer la Coxy, croyant reconnaître le fameux œuf qu'elle lui avait offert lors de la soirée barbecue sur Cobaba. Etrange qu'il n'ait toujours pas éclos mais ce petit paraissait se faire désirer. À moins qu'il ne souhaite ne montrer sa frimousse mystérieuse qu'en présence de celle qui avait offert l’œuf à sa nouvelle dresseuse.
Même si tout le mérite en revenait à Faulkner, lui aussi aux abonnés absents depuis juillet.
Oui, cela faisait beaucoup de choses à raconter.
— Ana, tout va bien ? Tu m'as fait peur avec ton message, fit la rousse en éternuant, pardon, j'ai découvert une partie du lac aujourd'hui par mégarde. Pas sûr que mon corps soit totalement d'accord avec cette baignade insolite.
Elle prit place sur le canapé, suivie de près par Django remplissant à merveille son rôle de chauffage, ôtant le plaid de ses épaules pour le partager avec l'Alolienne toujours concentrée sur l’œuf.
C'était peut-être ça, le problème.
L’œuf et rien d'autre.
Cette pensée lui donnerait presque envie de rire. Et elle qui s'était alarmée pour tout autre chose. Mais il était trop tôt pour précipiter les choses, et mieux valait s'en assurer de suite.
Elle ne remarqua qu'à l’instant les fissures qui parsemaient ici et là la coquille du futur bébé. Le mystère serait bientôt levé. Salomé avait hâte de connaître à son tour le Pokemon dissimulé entre les éclats.
— Oh... Je comprends. Viens voir, Chayana.
La Macronium s'approcha, se positionnant devant l’œuf et par extension devant Ana. C'était la première fois que la Performer découvrait la Macronium, ne l'ayant connue qu'en tant que Germignon. Presque rien n'avait changé, hormis sa forme, plus grande et imposante qu'autrefois, la rendant moins invisible aux yeux du monde, et son corps autrefois crème désormais plus proche du gris clair, comme un ultime rappel au jour de son évolution.
— Je crois qu'on a des choses à se dire...
Mais l'éclosion du petit, d'abord.
Salomé aurait tout le loisir de lui voler la vedette ensuite.Spoiler :CADO : 16) Nager dans le lac Keldeo (gelé).
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Alors le hasard faisait bien les choses.
Et dire que Salomé avait trouvé cet œuf de manière fortuite sur la plage cet été. Et quelques mois plus tard, un type Glace en sortait. Elle n'avait peut-être pas tout raté avec Ana, avec un peu de chance, cette dernière garderait un bon souvenir de leur histoire, aussi fausse fut-elle. Mais cela, elle se garderait bien d'en dire le moindre mot à l'Alolienne. Rompre ne signifiait pas lui annoncer qu'elle n'avait été qu'un instrument de plus dans sa vengeance et croisade personnelle contre Logan. Il serait vraiment temps qu'elle laisse rancœur et rancune de côté, elle se faisait presque trop grande pour ces histoires. Bientôt quinze ans et les machinations et autres coups tordus abritaient toujours son esprit qui paraissait incapable de se calmer lorsqu'il s'agissait de blesser autrui.
Oui, elle avait véritablement un don dans ce domaine.
C'en était presque effrayant.
Mais Salomé fut troublée dans ses pensées par un couinement peu normal. Le nouveau né avait pris la fuite sitôt son regard posé sur Django toujours calmement installé sur les genoux de sa dresseuse. C'était une crainte légitime, heureusement que la rousse n'avait pas eu un souci similaire avec la naissance de sa Germignon, même si elle n'avait pu empêcher le type Feu d'imposer son ascendant sur le type Plante plus faible en comparaison.
— Ana ! Attends !
Et voilà Salomé sur les pas d'Ana pour rattraper ce maudit Cadoizo. Ou Wish, s'il fallait l'appeler par son nom. Elle pesta et se stoppa pour éviter de percuter la Coordinatrice questionnant Janice Jauplain mais sans grand résultat. La gitane tourna la tête pour voir le Haydaim de sa copine prêt à les assister à leur folle course. La rousse attrapa la main de l'Alolienne, grimpant sur la monture qui n'attendait que ses cavalières d'un jour, et donna un coup de talon sur ses flancs sitôt Ana installée.
C'était Salomé qui était en charge de mener le Haydaim mais fort heureusement, Forest paraissait où aller et éviter ainsi à la gitane de se ridiculiser en tentant tant bien que mal de prendre les rênes du Pokemon.
La course se prolongea jusque dans les détours des couloirs du dortoir, slalomant entre les Givrali qui devaient tour à tour éviter le Cadoizo fou puis le Haydaim au galop. Salomé s'accrochait aux bois d'hiver du Pokemon qui constituaient une prise suffisante tandis qu'Ana n'avait plus qu'à se tenir à la taille de la rousse pour éviter de tomber. Au moins la Performer avait-elle sûrement plus l'habitude que la gitane des folles courses à dos de sa monture. Parce que chevaucher un Haydaim, cela n'avait strictement rien à voir avec l'allure lente de sa Macronium qui permettait d'apprécier la vue plutôt que de jouir de la vitesse comme en cet instant.
Un cul de sac, enfin. Le Cadoizo était droit devant elles, ne restait plus qu'à l'attraper ou à le mettre dans une pokéball pour plus de facilité. Peu fâchée de voir cette course poursuite toucher à sa fin, la demoiselle mit pied à terre, apercevant Chayana qui arrivait enfin et Algernon qui rattrapait tant bien que mal son retard en empruntant la voie des airs.
— Plutôt cadeau empoisonné que cadeau tout court, ton Wish... Au moins maintenant tu sais qu'il a la phobie des type Feu en général... Ou juste des Feurisson. T'façon, t'en as pas dans ton équipe, de type Feu ? Et puis, t'auras qu'à éviter de lui présenter Yuna aussi, rigola la rousse en songeant à la Spé Type tout juste bonne à effrayer ce Cadoizo, tu l'attrapes ?
C'est pas comme si elles avaient des choses à se dire mais un peu quand même. Même si la balade avait été appréciable, tout comme cette interlude forte en émotions et en distractions, la demoiselle n'oubliait pas les mots qu'elle avait adressés à l'Alolienne sitôt cette dernière aperçue dans la salle commune.
Il allait falloir se jeter à l'eau.
Ou attendre encore un peu, elle ne savait pas bien elle-même.HRP :CADO : 3) Chevaucher un Haydaim.
21) Poursuivre un Cadoizo.
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Le Cadoizo enfermé, il était plus que temps de passer aux choses sérieuses.
L'inquiétude d'Ana pouvait se lire dans ses yeux, inquiétude plus que justifiée au vu du comportement de la rousse. Cette dernière laissa la métisse lui prendre la main tandis que Salomé réfléchissait à ce qu'elle allait bien pouvoir dire.
Car le on était je avant tout.
Et là dans ce cul de sac, voilà qu'elle était sur le point de s'entretenir avec Ana. De quoi ? De qui ? Elle laissa sa tête reposer contre le mur, tentant de rassembler ses souvenirs emmêlés qui l'avaient poussée à s'éloigner d'Ana depuis son arrivée ici. Et à cause de Ranya aussi.
— Je suis désolée d'avoir été distante ces derniers mois. Depuis cet été, y a pas mal de choses qui ont changé. Pas mal de choses qui m'ont changée, en fait, commença la rousse, le regard un peu ailleurs, c'est pas pour rien si j'ai préféré repartir auprès de mon arrière-grand-mère après mon alternance plutôt que de revenir sur Cobaba, comme c'était prévu de base.
Elle ne savait pas par où commencer alors son regard erra sur sa Macronium, comme un souvenir de son alternance. Oui, cela lui semblait un bon point de départ. Il y avait aussi la plume rouge recueillie de sa Plumeline qu'elle avait accrochée en guise de pendentif, trônant auprès de la Griffe Rasoir qui serait un jour celle de Faulkner. Les souvenirs s'accumulaient, tous plus hétéroclites les uns que les autres.
Mais évoquer l'évolution de Chayana signifiait aussi parler de ses hallucinations le jour-là, ainsi que du fameux discours de son aînée, comme un immonde écho à ce qui avait suivi à Halloween. Tout était emmêlé dans son crâne et en cet instant, elle ignorait si elle faisait bien de se confier à Ana alors que la perspective de rompre avec elle continuait de trotter dans un coin de sa tête.
Juste pour pouvoir être avec Ranya.
Juste pour pouvoir aller s'amuser ailleurs.
Juste pour pouvoir épargner un peu plus Ana.
— J'ai pas choisi Rivamar comme ville par hasard pour mon alternance, reprit la rousse en se rappelant le flyer au nom de sa mère et sa tournée quelques mois plus tôt, ma mère devait se rendre là-bas pour un concert cet été et je le savais. J'avais les dates, j'avais les villes de sa tournée... J'avais plus qu'à choisir et à prétexter une alternance histoire de pouvoir mêler mes études à ma vie de... famille.
Si elle avait eu encore ce foutu flyer sur elle, tout aurait été plus simple pour expliquer à Ana. Mais il lui fallait faire sans. Et puis, ce n'était pas le plus important.
— Alors après le soir de son concert, je me suis débrouillée pour rentrer dans sa loge. Histoire de pouvoir enfin la rencontrer et peut-être comprendre pourquoi elle avait choisi sa carrière plutôt que moi à ma naissance. Histoire d'avoir des réponses.
Elle caressa la plume de Miss Acacia en se remémorant cette soirée. La Plumeline avait été plus courageuse qu'elle ne l'avait jamais été, brisant sa solitude et sa dépression par ce simple pas en direction de la fameuse loge. Elle avait fait preuve d'audace et son sort reposait désormais entre les mains de Mélie, sa dresseuse d'origine et mère de Salomé.
Il y en avait au moins une qui avait pu trouver ce pour quoi elle était venue.
— Mais j'ai pas pu. Aller la voir, lui parler, l'engueuler, peu importe. J'ai pas pu parce que j'ai pas osé, soupira la gitane, ma Plumeline, elle, a osé à ma place. Elle est allée la voir. Et elle a plus jamais fait demi-tour ensuite.
Elle ne pouvait plus s'attribuer la possession de la Flamenco.
Sa Plumeline. Non. Celle de Mélie. Elle avait toujours été à la guitariste et jamais à Salomé, pas même depuis le premier jour où elle avait accepté de venir avec elle. L'arracher à Alola avait été une erreur, désormais réparée maintenant qu'elle avait pu retrouver celle qui l'avait abandonnée quatorze ans plus tôt.
Elle laissa le silence s'installer face au souvenir de son équipe subitement réduite. Elle ignorait si son chemin l'amènerait à recroiser celui de Miss Acacia, ou quel que soit son nouveau ou ancien nom désormais. Elle ignorait si Mélie prendrait véritablement soin d'elle et rattraperait le temps perdu comme elle avait pu le dire à la Plumeline qui était venue devant elle après le concert. Elle ignorait trop de choses mais ce qu'elle constatait, c'était l'absence de ce Pokemon qui n'avait jamais véritablement su s'intégrer à son équipe.
— Et puis il y a eu Halloween. Je sais bien que je n'ai pas été la seule à subir ces maudites hallucinations. Je sais bien que ce n'était pas réel, déclara-t-elle en posant son regard de rubis sur le Picassaut innocent et insouciant, mais Algernon est mort cette nuit-là.
Elle ferma les yeux, paraissant revivre cette nuit d'horreur et de chaos où chacune des plumes métalliques s'enfonçaient dans sa peau telles des flèches meurtrières. Il n'y avait plus que le chant du métal autour d'elle.
Et Ana quand elle rouvrit ses paupières.
Toujours en train de l'écouter.
Toujours une oreille attentive à lui prêter.
La demoiselle lui serra un peu plus fort la main, comme se rattrapant tant bien que mal pour ne pas perdre sa bouée. Bouée qui finirait bientôt percée et délaissée, Salomé ne le savait que trop bien. Car le mensonge ne pourrait pas survivre indéfiniment.
— Et moi... Moi j'ai arrêté de me battre. J'ai juste laissé ces oiseaux mécaniques en finir avec moi. Illusion ou non, j'ai échoué, Ana. J'ai abandonné. Tu imagines... si ça avait été pour de vrai ?
Heureusement, la Macronium était arrivée, faisant basculer la mallette et ses outils démoniaques, laissant l'Atelier intact, comme si rien de tout cela n'était arrivé.
Car rien n'était arrivé.
Pourtant, la gitane n'arrivait pas à se défaire de chacune de ces sensations qu'elle avait vécues et éprouvées. Le corps du Picassaut gisant au sol dans cette mare de sang émanant de son plumage ne la quittait pas, la secouant des nuits entières pour la pousser à s'éveiller en sueur, entretenant ce souvenir.
— J'ai peur, Ana. Peur que ça recommence mais que ça soit réel, cette fois-ci. Je suis censée faire quoi pour éviter que ça arrive ? Algernon est mort et... C'est comme si j'avais renié le reste de mon équipe en baissant les bras à mon tour. Ils deviendront quoi, s'ils m'arrivent un truc ? Je peux pas leur faire ça. Mais j'ai pas pu m'en empêcher.
Son regard allait tour à tour de son starter à la Macronium. Elle était où la solution miracle pour éviter aux drames de survenir ? Même Ranya n'aurait pas de réponse à ça, alors rompre avec Ana lui semblait bien être le cadet de ses soucis en cet instant. Et l'Alolienne était la première à qui elle se confiait depuis tout ce temps et mine de rien, cela faisait un bien fou.
Comme un abcès finalement crevé.
Elle respirait enfin.
— Je suis désolée de ne pas être aussi forte que ce que tu pensais. Ma faiblesse à moi, c'est Algernon. Logan l'avait bien compris.
Elle eut un soupir, laissant la nuit d'horreur de l'hiver dernier s'emparer de son esprit. Mais un seul regard vers la Mentali chassa les plumes éperdues et le sang hypnotique le long de la neige pâle.
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Ana, douce et tendre à la fois.
Et toujours aussi innocente.
La rousse ne dit rien face au silence de l'Alolienne concernant le départ de la Plumeline. Il n'y avait plus rien à dire. Alors elle se contente de raconter, et d'écouter Ana en contrepartie. Ana et son innocence, Ana et ses sages paroles, Ana qui tente de bien faire même quand tout est perdu d'avance.
Un sourire triste et faible vient étirer le visage de la Médecin. Pauvre Ana qui ne sait rien de ce qui l'attend. Ana idiote, Ana fragile et Ana trop proche de Salomé en cet instant.
Et Ranya alors ?
Juste un souvenir pour le moment. Une ombre qui ne fait que tâcher ce couple factice, se contentant d'échanger quelques paroles dans le dortoir des Givrali.
Alors Salomé la laisse parler, n'ayant plus la force ni de la repousser, ni de la contester. Elle l'écoute, et c'est un peu de la Performer qu'elle entrevoit à travers ces quelques mots. Son regard se pose sur la pokéball refermant désormais le dénommé Wish, comprenant un peu mieux ce que la Mentali tentait de lui expliquer. Son regard va de la pokéball à Chayana en s'égarant sur le visage d'Ana, désespérée face à la tristesse de Salomé et ses confidences. Elle essaye tant bien que mal mais sans jamais réussir à atteindre la rousse. Pourtant, ce qu'elle dit est loin d'être stupide, éclairant la demoiselle d'un regard nouveau avec cette histoire d'équipe dont elle est membre à part entière.
Et ses prunelles se perdent sur Algernon.
Django. Chayana. Cétait bien joli. Mais...
— Et Algernon ? Pourquoi il a pas fait comme Django et Chayana ? Je l'ai depuis plus longtemps qu'eux, après tout.
Elle détaille le Picassaut, tentant de percer un secret inconnu que lui seul peut savoir. Mais rien ne surgit si ce n'est ses battements d'ailes qui ruissellent le long du couloir. Elle soupire et porte ses iris vers le plafond, avisant la branche de gui qui sommeille et les épie depuis son perchoir. Algernon choisit ce moment pour s'y poser, acrobate parmi les siens, se positionnant de manière à courber l'échine et pendu le long des feuilles qui tremblent sous son poids de plumes.
— Comme à la soirée raclette l'an dernier... Ça aurait été plus simple si on s'était embrassées directement ce soir-là. Plus rapide aussi. Et puis, ça aurait évité une frayeur à Erika lors de son anniversaire.
Elle se rappelle cette soirée peu banale et le baiser échangé avec l'Alolienne.
Elle se souvient de cette danse haletante et de son désir de séduire Ana pour blesser un peu plus Logan.
Les images défilent devant son crâne et ne paraissent pas vouloir s'arrêter. Mais cela lui fait du bien, contrairement à celles de ces mois passés où Ana avait été obstinément absente, conformément à la volonté de Salomé de l'écarter de sa vie personnelle.
De même pour Ranya, simple fantôme de son empire familial.
La rousse approche son visage, déposant un baiser près des lèvres de la brune. Peu centré, à mi-chemin entre ses lèvres et sa joue, comme si elle tentait de la fuir tout en respectant cette maudite tradition. Mais le baiser est là, fugace et brûlant le long du pourtour de ses lèvres, lui rappelant cette promesse à Ranya. Son cœur se tord tandis que le baiser s'éternise le temps d'une seconde à peine, se confondant avec la chevelure blonde de la danseuse qui obstrue sa vue et la pousse à rouvrir les yeux, rompant cette étreinte charnelle finalement devenue souvenir.
Ses lèvres s'éloignent. Définitivement, cette fois-ci. Sa tête repose contre le front de la belle, brûlant sous le chauffage des couloirs et brillant en pleine lumière. Quelques secondes passent et voilà Salomé qui fait un pas en arrière, le sourire au bord des lèvres, le tout sous le chahut d'Algernon, visiblement heureux de cette image qu'il a pu voir.
— Après tout... Cette année ou l'année dernière... Quelle différence ?
Goûter aux lèvres d'Ana maintenant ou un an plus tôt. La différence relevait sûrement du fait qu'avant cet été, Salomé n'avait pas eu cette idée stupide de vengeance personnelle avec Ana au premier rang.
Maintenant, la tradition avait été respectée.
Salomé prit la main d'Ana, l'étreignant plus fort encore que ce baiser fugace, un parmi tant d'autres, comme un des innombrables possibles concernant leur couple.
La rupture ne dépendait que de Salomé.
Et ce ne serait pas pour aujourd'hui, elle le pressentait.
— Moi aussi, je crois en toi.
Elle l'avait soufflé, murmuré du bout de ces mêmes lèvres qui venaient de succomber à Ana et à ce gui implacable. Comme une promesse à demi prononcée liant à jamais les demoiselles. Le silence s'éternisa alors, tandis que la chaleur le long de la paume de la rousse se propageait vers celle de la brune, éternel flambeau incapable de s'éteindre.HRP :CADO : 7) Embrasser quelqu’un sous une boule de gui (dans la légalité cette fois-ci, si possible).
Fin du rp pour Salomé. Merciiii !
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