Profitant de ta main libre puisque Damien semblait avoir abandonné toute idée de résistance, tu récupéras la Pokéball de Rudolphe cette fois disposée sur ta ceinture et le fit sortir, suscitant quelques applaudissements des autres étudiants. Le Zébibron, légèrement désorienté, repéra bien vite l'étudiant du stade et recula, méfiant. Il t'accorda ensuite un regard, comme pour chercher ton assurance. Tu lui répondis alors avec un léger sourire, ce qui le mit en confiance, le type électrique reprenant sa position initiale.
▬ Que veux-tu que je vois ?
▬ Tu vas comprendre tout de suite.
Tu lâchas à cet instant ton emprise sur le bras du jeune homme, reculant de deux pas pour te détacher complètement de lui. Tu le laissas ainsi cogiter, comprendre qu'il était maintenant libre de ses mouvements. Quand tu te rendis compte, comme tu l'espérais, qu'il n'osait pas bouger, non pas par peur des représailles, mais par curiosité, tu te dirigeas vers Rudolphe et l'invita à venir vers Damien. Si dans un premier temps, il resta méfiant envers le jeune TopDresseur, il se décida finalement à progresser vers lui, venant rapidement se frotter le museau contre lui en poussant de petits hennissements. L'étudiant, incrédule, resta planté sur sa position, partagé entre l'incompréhension et un soupçon de plaisir.
▬ Tu ne vois pas ?
▬ Je … Non.
Il était cuit à point.
▬ Mon Zébibron, malgré ce que tu lui as fait subir, est venu se frotter à toi presque sans hésitation. Comprends-tu pourquoi ?
D'un seul coup, Damien, qui conservait jusqu'alors un certain regard sévère, afficha un air dépité, prenant conscience de la situation.
▬ Il te fait confiance. Il sait que tu ne le trahiras pas.
▬ C'est tout à fait cela. Lui et moi avons un lien profond qui s'est forgé avec le temps et qui fait qu'il est prêt à suivre quasiment aveuglément mes ordres. Il peut aussi très bien me désobéir s'il le veut, mais il ne le fera que s'il estime que c'est nécessaire.
▬ ...
Il devint alors pensif. À quoi pouvait-il bien penser à ce moment ? Lui seul le savait. Heureusement, il finit par reprendre assez vite ses esprits pour apporter un élément de réponse.
▬ Et en quoi cela devrait me faire changer ?
▬ Ce n'est la seule chose que je voudrais te faire voir.
▬ Et vous pensez que je vais continuer à vous regarder sans rien dire ?
▬ Non. Parce qu'on va faire un combat Pokémon.
Il parut surpris, limite perdue par ta soudaine proposition.
▬ Que voulez-vous dire ?
▬ C'est pourtant simple. Nous allons nous affronter pour savoir qui de nous a les meilleures méthodes d'entraînement.
▬ Quoi ? Mais ça sera déséquilibré !
Tu souris de plus belle.
▬ Tu aurais peur de perdre ?
▬ Non. Je parlais pour vous.
▬ Haha ! Nous verrons cela. Pour ce combat, je me battrai avec mon Zébibron. De ton côté, je veux que tu utilises ton meilleur Pokémon, celui ayant le plus évolué grâce à ton entraînement.
▬ ... Je … Je n'ai jamais entraîné un seul de mes Pokémon avec mon entraînement spécial.
▬ ...
Et là, ce fut la consécration pour toi, comme une lumière venant te noyer après une longue nuit obscure et dangereuse. Tu connaissais maintenant le fin mot de l'histoire. Tu n'en connaissais pas encore la raison principale, mais tu avais désormais en tête les rôles de chacun dans cette grotesque comédie. Désormais, tu pouvais avancer sereinement : il y avait peu de chances qu'une surprise vienne perturber la bonne marche de ton plan.
▬ Pas de problème. Prends seulement ton meilleur Pokémon.
▬ D'accord.
Dans sa voix, tu sentis quelque chose d'étrange. Il n'y avait pas vraiment de colère, de joie ou d'interrogation. Tu y ressentais une certaine forme de peur. La peur d'être mis à nu, que tous découvre son secret. Pour la première fois de cette journée, il parlait avec son comportement normal. Celui que Cécilia t'avait décrit. Il y avait un bon début à ton plan. Maintenant, le combat allait se charger de faire le reste. Tu te mis rapidement en place, Rudolphe à tes côtés, tandis qu'en face, Damien se plaça, attrapant une de ses Pokéballs pour en faire sortir un majestueux Pingoléon. Il dégageait une grande puissance, ce qui montra en un instant que le jeune étudiant n'était pas un dresseur à prendre à la légère. De plus, s'il avait accepté de ne pas prendre un autre Pokémon pour combler la faiblesse de type, c'est qu'il avait suffisamment confiance en son compagnon. Ce combat n'allait pas être facile, même pour Rudolphe – surtout pour Rudolphe, en fait.
▬ C'est quand tu veux.
Comme il n'y avait aucun arbitre pour ce match, ce fut toi qui annonça le début de ce match improvisé. Immédiatement, la fougue prit les spectateurs qui lâchèrent quelques cris d'encouragements. Certains reconnurent Damien et le huèrent, mais pour la plupart, ils étaient trop portés sur le match qui débutait pour se concentrer sur l'identité de ceux qui s'affrontaient alors. Dans tous les cas, l'ambiance était au rendez-vous et même si tu n'osais pas l'avouer, cela te donnait de la motivation d'entendre tous ces encouragements. C'était presque comme un vrai match. Rudolphe, d'ailleurs, le ressentait lui aussi et s'agitait, excité comme jamais. Tu laissas néanmoins Damien initier l'affrontement. Celui ne s'en priva pas et ordonna une Danse-Lames à son compagnon, ce dernier s'exécutant aussitôt. En l'espace d'un instant, le type eau s'entoura d'une aura blanc-grise scintillante, annonçant le gain de puissance. Depuis ta position, tu pouvais sentir à quel point il était devenu vraiment dangereux. Tu n'en démordis cependant pas. Après tout, ce n'était pas la première fois que tu faisais face à un combattant de cette trempe. Réfléchissant rapidement, tu finis par ordonner une Cage-Éclair en réponse, ce que Rudolphe accomplit en un instant, faisant apparaître un petit rayon électrique qui vint toucher le type eau qui se retrouva entouré une seconde d'un dôme électrique qui le paralysa instantanément, réduisant par la même occasion sa vitesse.
▬ C'est bien Rudolphe ! Continue comme ça !
En face, si le Pingoléon n'avait encore subi aucun dégât, la paralysie le mettait mal. La menace qu'il représentait avait été amoindri. Maintenant, ce serait au petit bonheur la chance.
▬ Ce n'est pas une petite paralysie qui va m'empêcher de te battre. Pingoléon, Toxik !
▬ ... Vite Rudolphe, Chargeur !
Malheureusement, le Zébibron n'avait absolument rien pour empêcher l'attaque de le toucher si jamais elle était lancé. Tu n'avais donc pas d'autres choix que de profiter de cette tentative d'empoisonnement pour se préparer au prochain assaut. Pingoléon étant paralysé, mieux valait éviter Hâte pour se booster. Chargeur semblait donc la meilleure option. Rudolphe recula légèrement et accomplit la dite attaque, s'entourant pour sa part d'une légère aura jaune brillante, augmentant ainsi sa défense spéciale pour un instant. Une fois ceci fait, il ne put que voir arriver son adversaire sur lui, ce dernier lui crachant un liquide violet limite pourpre qui coula le long de son corps et s'imprégna dans sa peau, commençant à lui infliger des dégâts résiduels qui n'allaient faire qu'empirer.
▬ Pensez-vous vraiment pouvoir m'avoir si facilement avec un Cage-Éclair ? Tu as l'air de me sous-estimer.
▬ Voyons cela. Zébibron, Coup d'Jus !
▬ Pfeuh. Pingoléon, Abri.
Malheureusement, tu te doutais qu'il allait posséder cette capacité. Combiné avec Toxik, c'était une combinaison difficile à contrer en un contre un. Damien n'était certainement pas le dernier des imbéciles, et savait parfaitement que s'il parvenait à placer cette Abri, il prendrait un avantage certain sur le combat. De ton côté, tu ne pouvais rien faire d'autre que de prier pour que Rudolphe parvienne à frapper. Tu avais confiance en lui, en sa force. Il méritait de le toucher, de pouvoir faire étalage de la puissance qu'il avait atteint après toutes ces années à s'entraîner avec toi, parfois même seul avec Aegis le Chevroum. Depuis le temps qu'il y mettait les efforts, il était temps qu'il puisse en être récompensé. Seule la chance lui faisait encore obstacle. Il y avait malheureusement un trop haut taux de probabilité que l'Abri passe, mais pour cette fois, tu espérais sincèrement qu'il soit suffisant. Tu gloussas donc et pria intérieurement, observant avec un intérêt tout particulier la scène.
Un éclair, un nouveau dôme d'électrique crépitante.
Puis un cri de douleur. En face, le Pingoléon avait été retenu un peu trop longtemps par la paralysie, laissant le temps à Rudolphe de le toucher de plein fouet, le type eau étant affairé à son Abri. L'assaut fut surpuissant et le Pingoléon s'en sortit de justesse, fortement amoché et forcé de battre en retraite pour ne pas y passer. La puissance de ce Coup d'Jus était vraiment dingue. Ce le fut tellement pour toi qu'un instant, tu te demandas s'il s'agissait bien de ton compagnon. Une telle puissance, c'était même au-dessus de ce que tu imaginais. S'était-il entraîné sans que tu le saches ? Ce n'était pas improbable. En tout cas, les faits étaient là : le Coup d'Jus avait été monstrueux et Pingoléon était maintenant bien mal en point. L'avantage te revenait quelque peu, même si le poison continuait de faire son œuvre. D'ici quelques assauts, Rudolphe tomberait inconscient, c'est certain. Du côté de Damien, cependant, la situation était tout aussi alarmante. D'ici un ou deux assauts, cela devrait être bon. L'étudiant, néanmoins, le savait bien et décida d'agir en conséquence.
▬ Pingoléon, Aqua-Jet.
Tu serras les dents. Aqua-Jet permit au Pingoléon de prendre Rudolphe de vitesse, lui qui était pourtant un Pokémon rapide – en tout cas pour son stade d'évolution – le voilà qu'il fut dépassé par son adversaire, ce dernier parvenant à lui infliger de sacrés dégâts grâce à sa Danse-Lames de début de match. Rudolphe se retrouva alors en très mauvais point, tremblant légèrement. Ce n'était pas comme lors de la molestation de tout à l'heure : cette fois, son corps peinait vraiment à le maintenir debout. Il en venait à se battre contre lui-même.
▬ Rudolphe, ne te forces pas. Contentes-toi d'une Onde de Choc.
Comme tu ne souhaitais pas trop en demander à ton Pokémon, une attaque comme Onde de Choc suffisait amplement. Comme elle ne demandait pas autant d'efforts que Coup d'Jus, le Zébibron put accomplir l'attaque sans trop de difficultés, touchant assurément sa cible qui s'approcha un peu plus de la défaite. Tu en étais certain : le prochain assaut serait le bon. À vrai dire, au vu de l'état de ton adversaire, n'importe quel assaut serait suffisant à le mettre au tapis. Malheureusement, cela valait aussi pour Rudolphe. Le poison l'avait vraiment amoché maintenant. Qu'il esquive ou non le prochain coup, le résultat serait le même : il serait mis au tapis. Il valait donc mieux pour toi qu'il parvienne à vaincre son adversaire avant que ce dernier ne le fasse. Mais encore une fois, tu avais confiance en ton compagnon. Il réussirait. Et en grandes pompes ! Car pour ce combat, tu avais prévu de finir en apothéose. Certes, ce n'était pas la meilleure stratégie à employer mais c'était ce qu'il te fallait pour réussir ton plan. Pour qu'il comprenne son erreur.
▬ Il est temps que tu comprennes ton erreur, Damien. Rudolphe, tu es prêt ?
Le type électrique te répondit un peu faiblement mais avec la même détermination qu'au début du match. Tu souris. Dans le même temps, tu fouillas dans ta poche et en sortit alors un objet. La Pyrozélite. Bracelet Z au poignet, tu y apposas le cristal que tu fis alors tourner, activant la capacité Z.
▬ ... Vite Pingoléon ! Aqua-Jet ! Envoies-le au tapis !
Légèrement hésitant, le type eau finit par se jeter dans la mêlée, s'entourant d'un tourbillon d'eau pour venir frapper Rudolphe comme un Bec Vrille. Frappé de plein fouet, le Zébibron manqua de tomber à la renverse, à deux doigts d'y passer. Mais dans un ultime effort désespéré, il soutint ses appuis et te laissa le temps de finir la danse de la capacité Z.
▬ Rudolphe, tu es génial. Maintenant, on le fait ! Pyro-Explosion Cataclysmique !
D'un seul coup, le Zébibron s'illumina et s'entoura d'une énorme aura orange flamboyant, qui se concentra en un point avant de faire une boule de feu que le type électrique dirigea vers le Pingoléon adverse. Ce dernier ne pouvant y répondre, il se la prit de plein fouet et fut projeté un peu plus loin avant de subir une puissante explosion de flammes qui lui infligea de sérieux dégâts, son type eau parvenant tout juste à réduire la puissance de l'assaut. Après quelques instants, l'explosion s'évapora, comme si elle n'avait jamais existé, laissant un terrain étrangement propre et intact. Le Pingoléon, en revanche, n'en menait pas large, tout comme Rudolphe, qui tanguait de droite à gauche, à moitié conscient. Pendant un court instant, les deux Pokémon restèrent debouts, semblant se fixer l'un l'autre en espérant être le premier à y passer. Puis Pingoléon finit par s'effondrer, vaincu. Rudolphe le suivit malheureusement la seconde suivante, mais le fait était là : tu avais gagné ce match. Les étudiants l'ayant bien compris, tous se mirent à crier de joie pour célébrer la victoire, certains s'en allant déjà après avoir profité pleinement du spectacle. Damien, en face de toi, tomba sur ses genoux, quelque peu dépité, tandis que tu vins au chevet de Rudolphe, qui parvenait tout juste à maintenir sa conscience éveillée. Rapidement, tu le pris en charge, sortant une Guérison pour déjà chasser rapidement le poison. Tu pris bien le temps de lui appliquer la potion, cherchant à lui redonner toute l'énergie qu'il avait avant ce match. Finalement, quand ce fut fait, le Zébibron prit un peu de temps à se relever, mais il finit par le faire, reprenant sa vigueur habituelle. C'est seulement à cet instant qu'il se mit à hennir de joie, se mit sur ses deux pattes arrières tout en laissant de l'électricité se dégager de sa fourrure. Damien, ayant lui aussi rapidement soigné son compagnon et l'ayant déjà rappelé dans sa Pokéball pour sa part, vint vers toi la mine sombre.
▬ Tu as gagné. Je devrais te dire bien joué, mais je ne comprends toujours pas en quoi cela me montre pourquoi j'aurai tort d'agir comme je le fais.
Tu affichas un grand sourire tout en offrant une généreuse caresse à Rudolphe juste derrière toi.
▬ As-tu une idée de pourquoi mon compagnon a réussi à tenir ton dernier assaut et à placer le sien ?
▬ Parce qu'il était plus fort ? Cela me semble évident.
▬ Je te mentirais si je te disais que tu as raison. À vrai dire, dans d'autres circonstances, tu aurais pu le vaincre, et très facilement. Il a simplement été plus performant que ton Pingoléon cette fois. Et il y a une raison à cela : la confiance.
Damien parut incrédule.
▬ La confiance ?
▬ Oui. Tu l'as déjà dit plus tôt, mais mon Zébibron a une grande confiance en moi. Il sait que j'agis pour lui. Mais ce qui permet de maintenir ce lien entre nous qu'importe la situation, c'est que cette confiance … est réciproque. Je suis le guide, il est le protecteur. Nous nous faisons confiance l'un l'autre et nous nous donnons tous les deux à fond pour nous satisfaire. Ce lien, nous l'avons forgé pendant des années, même s'il s'est installé assez rapidement entre nous, et aujourd'hui, nous pouvons faire tout ce qu'il faut pour que l'autre soit heureux. Voilà pourquoi, quand Pingoléon l'a frappé la deuxième fois avec son Aqua-Jet, mon Zébibron a tenu bon. Parce qu'il ne voulait pas me rendre triste en perdant, et parce qu'il voyait que j'avais confiance en lui pour y parvenir. Il s'est dépassé.
Damien te regarda avec un air béat. Il ne savait visiblement pas quoi répondre. Tu ne lui en laissas de toute façon pas vraiment l'occasion.
▬ Et pour en arriver là, je ne me suis pas contenté de l'entraîner encore et encore, quitte à le mettre dans de sales états. Pour y arriver, j'ai appris à le connaître, à comprendre comment il pensait, comment il réfléchissait. J'ai cherché à comprendre ses limites physiques et je m'y suis adapté pour qu'avec le temps il atteigne les sommets qu'il a la capacité de franchir.
Tu pris un instant pour souffler.
▬ Ce que je veux te dire, c'est que ce n'est pas en forçant un Pokémon à s'entraîner quitte à le mettre à deux doigts de la mort que tu en feras forcément un Pokémon très puissant. Il suffit de regarder Rudolphe pour …
Tu n'eus pas le temps de terminer ta phrase. Alors que jusqu'alors, le type électrique s'agitait en poussant ses hennissements de joie, il se mit subitement à tripler de volume, poussant un cri terrible qui vous força à vous boucher les oreilles une seconde. Ce fut le temps nécessaire au Zébibron pour se mettre sur ses pattes arrières une nouvelle fois, prenant ainsi la pause. L'air autour de lui se mit à crépiter, parcouru par une électricité ambiante de plus en plus instable. Puis subitement, il s'illumina, maintenant dans le même son hennissement terrible. En un instant, tu compris. Il évoluait. Enfin. Ce combat avait été la clé pour déclencher le processus. Tu esquissas un large sourire. Il était enfin récompensé. Enfin ! Rapidement, son corps disparut dans la lumière et sembla progressivement changer de forme, doublant de taille, plus encore de volume mais surtout, sa carrure prit de l'ampleur, le Pokémon lisse et mignon laissant place à un Pokémon au physique vigoureux et puissant. Finalement, après quelques instants, la lumière disparut comme elle était apparu, laissant apparaître un sublime Zéblitz à la peau toujours aussi fluorescente mais dont le visuel lui donnait un aspect bien plus combatif qu'avant. Il avait grandi, gagné en puissance. Un nouveau stade de sa vie débutait pour lui, et rien que de le voir secouer sa tête nerveusement trahissait sa joie d'y être enfin parvenu. De ton côté, tu étais heureux. Heureux que ce jour soit enfin arrivé. Du côté de Damien et des spectateurs cependant, la réaction fut plus mitigée. Certains applaudirent, content pour Rudolphe, d'autres restèrent inertes. Ton récent adversaire en faisait parti. Alors que vous discutiez sérieusement, voilà que vous aviez été interrompu par une évolution. Comment rebondir sur cela ? Damien n'en avait pas la moindre idée, restant donc silencieux. Toi, néanmoins, tu saisis l'opportunité d'alimenter ton discours.
▬ Eh bien … Je disais donc, regarde Rudolphe. Aurait-il pu parvenir à évoluer si je l'avais entraîné comme tu le fais ?
▬ ...
Il resta silencieux encore un instant, finissant de remettre ses idées en place. Il finit heureusement par se reprendre.
▬ Je ne sais pas.
Il répondit avec une voix quelque peu décontenancée. Tu le tenais.
▬ Pourquoi ? Parce que tu n'as jamais réussi à faire évoluer un Pokémon comme ça ?
Il recula, effrayé par le ton fort que tu employas. Il tenta d'accaparer le regard de quelqu'un mais le public s'en était déjà retiré juste après l'évolution de Rudolphe, vous laissant ainsi seuls sur la zone d'herbe. Il était acculé. Il savait que sa dernière solution pour s'en sortir était de fuir, mais lorsqu'il te regarda, très probablement pour évaluer ses chances de réussite, il se contenta de maintenir ses appuis, n'esquissant plus le moindre mouvement. En dernier recours, il se décida à répondre.
▬ Oui. Oui … c'est ça.
Tu souris toujours plus, te montrant cette fois aussi bienveillant que tu le pouvais.
▬ C'est dommage, tu persistes dans ton erreur.
▬ Mais … Qu'est-ce que tu veux dire ?
▬ Je vais être honnête avec toi : avant que tu ne me vois la première fois, j'ai pu t'observer en train de t'entraîner avec tes Pokémon. Ce n'était clairement pas le genre d'entraînement que tu as fais subir à Rudolphe. Tu les entraînais comme il fallait, utilisant les atouts de chacun d'eux pour mettre l'autre dans une fâcheuse situation. Tu connaissais parfaitement les points faibles et les points forts de tes compagnons. Tu ne cherchais pas à les blesser ou à les mettre dans des situation délicates.
Tu pris un instant pour respirer. Le suspens, encore une fois, même s'il se doutait certainement de ce que tu allais dire.
▬ Tu les entraînais à se surpasser pour eux mais aussi pour toi, tu ne cherchais pas avant tout à augmenter leur puissance.
Tu l'accorderas, cette phrase n'avait pas autant de punch que tu ne l'aurais espéré, mais cela fut suffisant pour faire réagir Damien qui écarquilla les yeux, comprenant enfin là où tu voulais en venir. Il baissa alors les yeux, honteux. Le bonheur t'envahit alors. Avec cette réaction, Damien venait de chasser le monstre qu'il était devenu contre son gré – ou en tout cas à son déplaisir – et il redevint celui qu'il était, celui que Cécilia avait toujours connu. Tu avais réussi à remplir ta mission. Tu avais mis fin aux mauvaises méthodes du jeune homme. C'est la jeune étudiante qui allait être heureuse.
▬ Est-ce que tu vas arrêter de vouloir jouer la comédie maintenant ?
Il te fallait tout de même une confirmation de la réussite. Damien pourrait se laisser bêtement aller en ne se soulageant pas de dire la vérité. Heureusement, cela n'arriva pas, et c'est légèrement souriant qu'il te répondit.
▬ Je ne ferai plus cette erreur.
Tu souris, heureux pour la seconde fois de la journée. Très vite cependant, tu repris une mine sérieuse. Les problèmes n'étaient pas encore terminés, il restait une chose à faire : mettre un point final à toute cette affaire.
▬ Bien ! Néanmoins, comme je te l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas de cette erreur dont je faisais mention.
▬ ...
Tu lui expliquas alors ce que tu savais, et rien qu'en voyant son visage blêmir en t'écoutant parler, tu compris que c'était bel et bien cela. Tu en rajoutas une couche en lui expliquant ce que tu comptais faire à présent. D'un seul coup, l'étudiant, resté tout de même méfiant envers toi, se montra plus coopératif.
▬ Je … J'aurai dû avoir plus de courage pour lui faire face.
▬ Ne t'inquiètes pas. Nous allons pouvoir régler toute cette histoire et remettre les choses dans l'ordre.
En t'entendant, un nouveau sourire se dessina sur le visage du jeune homme. Tu hochas la tête, comme pour le féliciter, puis, rappelant rapidement Rudolphe après l'avoir remercié et félicité d'une généreuse câlin sur le dos pour son évolution, tu te dirigeas vers le bureau du directeur, Damien sur tes talons. Le bâtiment où il se trouvait était bien vide, mais en arrivant à destination, vous tombâtes nez à nez avec Cécilia et Vincent qui attendaient patiemment, la première stressant quelque peu et le second se montrant perplexe, comme s'il réfléchissait. Dès qu'ils le virent, les deux se levèrent mais n'osèrent pas bouger tout de suite. Damien, le remarquant, se stoppa aussi et baissa les yeux, encore plus honteux que tout à l'heure. Il finit par relever la tête, gloussant au passage, puis finit par se lancer.
▬ Je … Je suis désolé, Cécilia. Je t'en ai fait bavé ces dernières semaines, j'ai été infecte même … Pourras-tu me pardonner un jour ?
Il parla avec une sincérité déconcertante. C'était vraiment devenu un autre homme. Un homme bon et chaleureux. La jeune fille le comprit aussitôt et se mit à pleurer avant de se jeter sans attendre dans les bras du jeune homme, se laissant aller à la tristesse joyeuse qui l'envahit.
▬ Tout ce que je voulais, c'était toi. Seulement toi. Ne m'abandonnes plus, s'il te plaît.
▬ Je … Oui, ma chérie.
Tu le pris à lâcher à son tour quelques larmes en lui répondant. C'était donc ça, le vrai amour, celui que rien ne pourra jamais détruire, celui qui parvient à traverser toutes les épreuves de la vie ? Tu te demandas un instant si tu pouvais un jour le vivre. Puis si tu le méritais vraiment. Tu eus une pensée pour Mikato et tu fus presque le suivant à lâcher une larme, mais tu te retins, mettant cette mélancolie entre parenthèses.
▬ Je ne voudrais pas briser ces réjouissances mais plus vite nous en aurons fini avec cela, plus vite vous pourrez en profiter.
Le couple te lança un duo de regards surpris, mais les deux finirent par hocher la tête et s'offrirent un baiser amoureux avant de se tourner vers toi, s'en remettant à toi. Vincent, lui, restait légèrement à l'écart, préférant laisser son frère profiter pleinement de sa petite-amie. C'était donc à toi de prendre les choses en main, ce que tu fis, toquant sans attendre à la porte du directeur. Très vite, sa voix rauque réagit et tu pénétras dans la pièce, suivi de près par le trio d'étudiants qui se placèrent derrière toi, près des murs. Stevenford, installé dans son fauteuil pivotant, vous fixa avec un air condescendant. Il finit cependant par remarquer la présence de Damien.
▬ Je présume, monsieur Emerillon, que vous vous êtes acquitté de votre mission. Me fourvoierais-je ?
▬ C'est exact.
▬ Dans ce cas, puis-je savoir pourquoi vous n'êtes pas seul ?
Tu observas furtivement les trois étudiants qui ne réagirent toujours pas, attendant probablement d'y être invité.
▬ À vrai dire, il y a quelque chose que je dois encore régler dans cette histoire.
▬ ... Trouvez-vous cela amusant de mentir, monsieur Emerillon ? J'espère bien que non.
▬ Je ne montrerai pas aussi respectueux. Cependant, nous allons pouvoir régler cela dès à présent.
▬ Je vous écoute.
Il avait répondu du tac au tac, et sur son visage se lisait une certaine curiosité, même s'il semblait plus agacé qu'autre chose. Bien.
▬ Au travers de toute cette journée, j'ai pu en conclure que Damien était effectivement coupable dans cette affaire, car il blessait volontairement les Pokémon des autres durant ses entraînements. Il disait penser que cela permettrait aux meilleurs de se démarquer et de mettre les plus faibles en face de la réalité.
Silence. Tu lanças un coup d’œil vers Damien pour prendre connaissance de sa réaction et tu pus voir qu'il avait baissé la tête. Tu te portas ensuite de nouveau sur Stevenford, plus déterminé que jamais.
▬ Mais c'était faux. La vérité, c'est qu'il jouait la comédie. Il agissait sans le vouloir vraiment.
Tu laissas le temps au directeur d'assimiler la chose. Ce qu'il fit en l'espace de deux secondes.
▬ Et en quoi cela change-t-il les faits, monsieur Emerillon ?
Tu allais lui dire qu'il manquait un peu de perspicacité, mais le ton qu'il employa te fit comprendre qu'il avait saisi où tu souhaitais l'emmener. Il n'avait malheureusement aucune réaction qui puisse donner des informations sur ses pensées à ce moment-là.
▬ Eh bien, pour qu'une personne, comme Damien, décrite comme d'ordinaire bonne et soucieuse des autres en vienne à de telles extrémités, il ne peut y avoir que deux possibilités : soit celle-ci est contrainte par une autre personne à le faire, soit elle a choisi de couvrir volontairement cette dernière.
Nouveau silence. Tu devrais penser à arrêter de vouloir jouer avec le suspens. D'ailleurs, le directeur en profita pour répliquer aussitôt.
▬ Je vous accorde cette hypothèse, monsieur Emerillon, néanmoins, je vous rappelle qu'à l'origine, les plaintes déposées concernent directement les élèves et pas uniquement leurs Pokémon.
▬ C'est là que c'est intéressant. Lorsque j'ai parlé avec Damien la première fois, j'ai pu découvrir par ses réactions qu'il n'était pas celui qui s'en prenait aux élèves.
▬ Eh bien !
▬ Plus encore, j'ai aussi pu comprendre qu'il couvrait cette personne. Pour une raison tout à fait étonnante d'ailleurs.
▬ Et qui se trouve être ?
▬ Il connaît cette personne. Plus précisément, cette personne est proche d'elle de façon intime. M'ayant clairement demandé de ne pas me mêler de ses affaires à ce moment-là, cela ne faisait aucun doute que cette histoire ne concernait pas un parfait inconnu.
Tu n'obtins pas vraiment de réaction de la part du directeur. Les trois étudiants, eux, ne réagirent pas plus. De toute façon, eux savaient déjà parfaitement tout ce que tu avais révélé maintenant. L'important, c'était de voir comment réagirait Stevenford lorsque le grand moment arriverait.
▬ Avez-vous la moindre preuve de ce que vous osez m'affirmer ?
▬ Je … je confirme ses dires.
Damien sortit subitement de son mutisme, hésitant à parler mais finissant par le faire avec la sincérité qui le caractérisait depuis tout à l'heure. Stevenford le regarda, silencieux, puis se tourna vers toi, comme s'il essayait de comprendre quelque chose. Quelque chose que tu ne tardas pas à découvrir, te permettant de rebondir.
▬ Je sais que Damien et Vincent sont vos fils, directeur Stevenford.
▬ Ah. Je me serai volontiers passé de ce commentaire, monsieur Emerillon.
▬ Il s'agit pourtant d'un point essentiel dans cette histoire.
▬ Quoi ?!
Le vieil homme réagit pour la première fois. Un léger mouvement de recul, dégageant surprise et peur. Parfait.
▬ Vous m'avez bien entendu. Le fait que vous soyez leur père a été un point important qui nous mène à aujourd'hui. Rappelez-vous, je viens de vous dire que la personne que couvrait en fait Damien était un de ses proches. On pourrait penser qu'il s'agit d'un de ses amis voir meilleurs amis, mais dans le cas présent, il fallait que ce soit quelqu'un en qui il aurait un respect absolu, quelqu'un pour qui il serait prêt à se sacrifier. Il ne pouvait donc s'agir que d'un membre de sa famille.
Cette fois, tu t'arrêtas pour reprendre ton souffle correctement, enchaînant les mots sans prendre le temps de t'arrêter convenablement.
▬ De plus, cette personne devait avoir un lien avec cette université. Pourquoi cibler des étudiants de cet endroit en particulier sinon ? Je vous donne dans le mille, la réponse est qu'en ce moment même, le coupable se trouve dans cette pièce. Et cette personne, c'est …
Tu t'arrêtas à nouveau un instant, hésitant. Même si Damien avait bien confirmé ce que tu pensais, il subsistait un étrange doute en toi, le doute selon lequel toute ton hypothèse était complètement fausse. Tu pris donc un rapide instant pour chasser cette pensée néfaste, puis tu soufflas et reprit, ciblant alors le concerné.
▬ Cette personne, c'est toi. Vincent.
L'annonce tomba comme un couperet. Si Damien resta stoïque face à celle-ci, Cécilia, de son côté, recula, choquée, fixant le blond avec surprise. Stevenford, quant à lui, se contenta d'un petit rictus amusé en voyant Vincent blêmir et commencer à paniquer face à toutes ces pairs d'yeux le fixant intensément.
▬ Pfeuh. Monsieur Emerillon, vous avez beau m'avoir déjà fait part de tout cela, je reste abasourdi par la véracité de cette nouvelle. Alors comme ça c'était bel et bien toi, Vincent ?
▬ ... Mais, mais.
Tu souris de plus belle en regardant la scène. Ce qui allait suivre n'allait faire que rendre la situation plus incompréhensible pour Cécilia, elle qui semblait déjà complètement déboussolée.
▬ Directeur Stevenford, j'aimerai néanmoins apporter un petit ajout à mes accusations. Je vous ai dit que votre statut de père était important pour résoudre ce problème. Je ne cherchais pas à détourner le sujet pour surprendre Vincent. Je ne faisais qu'énoncer les faits.
▬ ... Vous m'accusez, monsieur Emerillon ?
▬ C'est un peu plus compliqué que cela. En fait, vous ne me l'avez pas dit, mais c'était précisé dans mon appel d'offre que vous ne pouviez pas expulser Damien sous peine de revanche. Moi je pense que c'était faux, que vous le pouviez parfaitement, mais que vous n'avez pas souhaité le faire. La raison m'est inconnue, mais je suppose … Que vous avez choisi d'agir selon la volonté de vos fils en feignant l'ignorance. Vous étiez au courant de tout.
Stevenford te dévisagea avec férocité, semblant vouloir te détruire pour des accusations aussi graves. Pourtant, après quelques instants, il finit par retrouver le visage sérieux qu'il avait quand tu es entré dans la pièce, affichant de nouveau ce petit rictus amusé.
▬ Vous êtes bien l'apprenti d'Aslan Fawkes. Toujours à s'immiscer dans l'affaire des autres et à parvenir à en extraire tous les secrets. Je ne pensais pas que vous arriveriez jusqu'à cette conclusion, monsieur Emerillon. Je vous félicite pour votre perspicacité.
Ce fut à son tour de souffler un peu pour reprendre sa respiration calmement. Il reprit cependant assez vite.
▬ Vous avez raison. J'étais au courant dès que cela a commencé. Malheureusement pour moi, je leur ai fait la promesse, à leur entrée à l'université, de ne pas interférer dans leur vie. Je les ai même inscrit sous le nom de jeune fille de leur mère pour que personne, excepté ceux qu'ils souhaitaient, ne connaissent notre relation. Je ne pouvais dès lors plus agir sans compromettre cette promesse. J'ai bien essayé de raisonner Damien, le plus calme des deux, mais rien n'y a fait. Damien et Vincent sont beaucoup trop proches l'un l'autre pour réussir à les convaincre chacun de leurs côtés. C'est pour ça que j'avais fait appel à d'autres personnes pour le faire à ma place. Vous devez savoir que vous n'êtes pas le premier à avoir tenté. Mais vos prédécesseurs ont tous échoué, abandonnant bien trop vite. S'ils avaient su qu'ils auraient pu tout régler en moins d'une journée …
Il sembla soudainement penseur. Se remémorait-il toutes les personnes ayant échoué à raisonner Damien ? Probable. En tout cas, il resta ainsi bien silencieux pendant une dizaine de secondes avant de finalement reprendre.
▬ La suite, vous la connaissez déjà.
Il fixa alors à nouveau Vincent, qui n'avait toujours pas réagi depuis l'accusation qui était porté sur lui. Il n'avait même pas cherché à fuir. Rien. Il restait planté, comme tétanisé. Maintenant que la vérité avait éclaté, il avait peut-être peur des représailles ? Dans le doute, tu te mis à aborder un visage plus cool, plus amical, cherchant à mettre le blond en confiance.
▬ Vincent, il est temps de répondre de ces accusations. Peux-tu nous dire pourquoi tu as fais ça ? À moins que je me sois complètement paumé ?
Il ne répondit pas. Pas tout de suite en tout cas. Il se contenta de te regarder avec un air de chien battu, comme si on s'apprêtait à l'exécuter. Il finit néanmoins par placer quelques mots, heureusement pour vous.
▬ Je … Papa, si même toi, tu le savais, alors je n'ai aucune raison de continuer à me cacher.
Après Damien, ce fut au tour de Vincent de baisser la tête, honteux. Il reconnaissait ses fautes à présent. Son frère, justement, s'en rendit bien compte et lui caressa légèrement le bras, cherchant à le réconforter.
▬ C'est bien de comprendre ses erreurs. Maintenant, explique-nous la raison de tes agissements. Je suppose que Damien et le directeur Stevenford le savent déjà, mais ce n'est pas mon cas, ni celui de Cécilia qui, je pense, serait curieuse de savoir pourquoi son âme sœur a décidé de te couvrir.
Accompagnant tes mots, l'étudiante hocha la tête. Bien.
▬ D'accord.
Il inspira alors, puis expira lentement, semblant chasser le stress qui était monté en lui depuis une bonne minute maintenant. Puis enfin, il reprit.
▬ Je ne vous l'ai pas dit, mais Cécilia et moi suivons un cursus de coordinateur spécialisée dans le performing Pokémon. Je ne parlerai pas pour Cécilia, mais dans mon cas, c'est un véritable épanouissement. Pour notre plus grand malheur, de nombreux TopDresseurs n'hésitent pas à nous rabaisser, nous traitant de chiffe molle et de moins que rien. Il faut savoir que dans ma famille, notre père mis à part, nous sommes assez impulsifs, et je suis malheureusement le pire dans ce domaine. Avant d'arriver dans l'université, c'était assez facile à supporter car nous suivons tous ou plus moins les mêmes cours, mais maintenant que ce n'est plus le cas, je suis devenu très sensible aux remarques. Très vite, j'en suis venu à en frapper certains pour les remettre à leur place. C'est devenu incontrôlable en peu de temps. Heureusement, Damien est arrivé avant que ce ne soit trop visible et il a décidé d'endosser le rôle du méchant pour que mon impulsivité ne me prive pas de ma scolarité.
▬ Je pensais qu'en agissant ainsi, au moins, son avenir ne serait pas compromis. Pour ma part, j'aurai tout donné pour qu'il réussisse …
Damien gloussa en terminant sa phrase. Cécilia s'était tourné vers lui, lui lançant un regard noir. Pour elle, c'était un affront de l'avoir fait passer après son frère. Néanmoins, elle comprenait très bien la relation qui les liait tous les deux et se contenta de le bouder ouvertement pour le reste de l'entrevue. Vincent, observant un court instant la scène, continua finalement.
▬ Je pensais réussir à me contenir avec le temps, mais je me rends compte maintenant que le fait d'avoir été couvert par mon frère n'a fait que me motiver à continuer à passer ma colère plus qu'à l'atténuer.
▬ Désolé.
▬ Non, c'est moi qui devrait l'être. Je n'ai pas cherché à t'empêcher de me couvrir ni même tenté de te stopper après plusieurs semaines. Tout est de ma faute.
Dans le même temps où il assuma d'avoir été le vrai fautif dans cette histoire, il prit ses mains et les plongea dans ses cheveux, semblant se juger lui-même pour ce qu'il avait fait.
▬ C'est bien que tu l'aies reconnu. Maintenant, tu vas pouvoir reprendre ta vie en sachant que cette décision ne se reproduira pas.
▬ Hmm, si je puis me permettre ..
La voix rauque du directeur sembla remplir toute la pièce et attira l'attention de tous en une seconde.
▬ L'impulsivité de Vincent reste tout de même problématique. Elle est bien plus imprévisible que celle de Damien ou de leur mère. Je te préconiserai donc de trouver quelqu'un avec qui discuter pour essayer de régler ce problème d'impulsivité. Un psy peut-être.
Tu hochas la tête. Pour être tout à fait honnête, l'annonce du mot psy te mit légèrement mal à l'aise. Mais en y réfléchissant, c'était une bonne idée. Avoir quelqu'un d'extérieur avec qui discuter pour essayer de trouver l'origine de cette impulsivité afin de l'éliminer ou en tout cas la rendre moins handicapante, ça ne pouvait que lui être bénéfique. D'ailleurs, Vincent sembla l'avoir compris et devint pensif le temps d'un instant. Lorsqu'il revint sur Terre, il se mit à sourire très légèrement.
▬ Pourquoi pas.
Et c'est sur ces mots que s'acheva enfin toute cette histoire et avec elle, la mission qui t'avait été donné. La suite des événements se passèrent assez rapidement. Vincent et Damien, reconnaissant leurs torts, furent sanctionnés à la hauteur d'intérêts généraux à accomplir pour l'université, ainsi que l'obligation d'aller voir les élèves qu'ils avaient blessé afin de s'excuser. Tu ne sauras sans doute jamais ce qu'il en adviendra, si tout se passera comme c'était prévu, mais en tout cas, les deux frères acceptèrent sans problème leur sanction, remerciant leur père avant de s'en aller avec Cécilia qui boudait toujours Damien. Tu te retrouvas donc seul avec le directeur qui restait posé sur son fauteuil. Il affichait désormais un sourire heureux.
▬ Monsieur Emerillon, je tiens à vous remercier pour ce que vous avez fait. Vous m'avez rendu coupable d'une erreur malgré le fait que je sois votre employeur. Dans d'autres circonstances, j'aurai dû vous renvoyer sans autre forme de procès pour un tel manque de respect, mais dans un contexte pareil, je pense que je le méritais pleinement. Donc je vous remercie pour avoir remis notre famille sur de bons rails.
▬ Je n'ai fait que le travail pour lequel on m'a embauché.
▬ Il faut reconnaître qu'Aslan a eu une grande influence sur vous. Vous lui passerez le bonjour de ma part, d'ailleurs ?
Tu hochas la tête, acceptant volontiers sa demande. Ensuite, vous discutâtes tous les deux de choses et d'autres, notamment sur les gains de ce travail, puis une fois que tout fut bien réglé, le directeur te ramena gentiment jusqu'à l'entrée de l'université.
▬ Au revoir, monsieur Emerillon.
▬ Au revoir. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez d'autres problèmes de ce genre, je me ferai une fois de les régler !
▬ J'espère ne pas en avoir besoin, mais ce sera avec plaisir.
Ce fut les derniers mots que tu échangeas avec le vieil homme avant de le quitter, t'en retournant aussitôt chez toi, au hameau de Skiddo. Ainsi s'acheva pour toi une journée fort mouvementée et qui laissera chez toi un souvenir indélébile et nostalgique …
HRP :
→ Évolution de Zébibron en Zéblitz dans ce tas de mots D:
→ Appel d'offre terminée en retard ;w;
Dernière édition par Lucas Emerillon le Lun 3 Oct - 23:10, édité 2 fois