L’air marin, j’y suis habituée depuis toute petite, ayant grandi dans une ville portuaire, mais il y a une sacrée différence entre le bord de mer, et la pleine mer. En bord de mer, on a juste le vent et l’air salé de la mer, mais plus on s’éloigne des côtes, plus le potentiel mal de mer se fait sentir. Je n’ai pas le mal de mer, mais je ne suis pas des plus rassurée sur un bateau, peut-être parce que je suis une spécialiste du type feu, et que l’eau c’est en quelque sorte l’ennemi naturel de mon type de prédilection…Le fait est que je me tiens fermement à la barre à côté de moi, comme pour garder un pied dans la réalité. J’aurais tellement aimé y aller sur le dos de Lucifer, et échapper à ce bateau qui tangue dans tous les sens, mais il n’aurait pas pu faire le voyage en entier…bien que je suis certaine qu’il aurait aimé.

Enfin, maintenant que j’y pense, ça faisait bien longtemps qu’il n’y avait plus eu de sortie comme ça avec l’académie…Bon en même temps, avec la perte de Lansat, les vacances à Cobaba et l’installation sur Adala, je pense que l’équipe éducative avait d’autre chat à fouetter. Mais ça fait du bien, savoir que pendant une journée on va pouvoir s’évader un peu, découvrir un nouvel environnement, et peut-être découvrir de nouveau pokémon. Encore faut-il qu’on arrive à destination, ce qui prends pas mal de temps je dois l’avouer.

Je jette un coup d’œil vers le Professeur Percy qui demande aux élèves de se rapprocher de lui, surement pour donner des explications sur la sortie. Le pauvre, avec sa faible voix, et son air blanchâtre, il est évident qu’il n’est pas vraiment à son aise sur ce bateau. Et pour couronner le tout, quasiment personne ne l’écoute, ou ne l’entends…Pas facile de se faire respecter dans ces conditions, heureusement pour lui, Mademoiselle Potts vient à son secours, branchant un haut-parleur pour qu’on puisse l’entendre au micro.

J’écoute les explications, apprenant que nous faisons route vers l’île Cyfandir, qui se trouve à quelques heures de bateau d’Adala…Le supplice va encore durer un peu de temps apparemment. L’île serait donc une ancienne colonie, aujourd’hui habité par les pokémons locaux, ainsi que les scientifiques et explorateurs qui veulent en apprendre plus sur elle. Génial, je vais pouvoir me promener dans les ruines, comme cette ville dans le désert dont j’ai totalement oublié le nom. En plus le plus gros de l’île est constituée de plateau légèrement pentu, ça sera un parfait pour faire se dépenser mes pokemons. Je sens leur pokéball qui vibre de temps en temps, accroché à ma ceinture. Ils sont impatients de se promener, c’est vrai que depuis le nouvel an, ils n’en ont pas beaucoup eu l’occasion…Je sens que je vais leur courir après pendant un bon moment. Cette pensée m’arrache un sourire, cette sortie est exactement ce dont j’avais besoin pour me changer les idées.

Alors que quasiment tout le monde part à la proue du bateau pour voir l’île au loin, je reste à ma place, regardant l’étendue bleue qui se profile à l’horizon. On a de la chance, il n’y a pas un seul nuage aujourd’hui, c’est une belle sortie qui s’annonce.

Quelques heures plus tard nous accostons enfin sur l’île Cyfandir, et la foule d’élève descend à vive allure, tous plus pressé les uns que les autres. J’attends que la marée humaine soit descendue pour le faire à mon tour, manquerait plus que je me fasse écraser parce que j’ai trébuché. Le signale est donné, on peut enfin partir à l’aventure, je souris avant de prendre une pokéball dans mes mains, et de libérer le pokémon qu’elle contient.

-Allez Ama, viens te dégourdir les pattes.

Mon Arcanin apparait, bombant le torse pour faire le fier. Il n’a pas changé, toujours à vouloir montrer qu’il est fort, pour pas que l’on vienne me chercher des noises…même si dans le cas présent ça ne sert strictement à rien. Je lui caresse l’encolure alors qu’il vient frotter sa tête contre moi, il est content que je l’ai fait sortir, depuis le temps qu’il veut courir à pleine vitesse, il va pouvoir s’en donner à cœur joie. Nous partons donc sur un petit chemin : l’exploration commence !

Après quelques petites minutes câlins, nous partons enfin pour l’exploration. Les trois quarts des élèves sont déjà partis en courant, armer de leur pokéball pour capturer le premier pokémon qui passera par là…Dire que j’étais comme ça avant, pleine de joie à l’idée de rencontrer un nouveau pokémon, et prête à tout pour me faire de nouveau compagnon. Maintenant ça m’est totalement égal, advienne que pourra comme dirai certain.

Bien entendu, il est hors de question pour Ama que je fasse le trajet à pied, il s’est même couché devant pour me forcer un peu la main. J’ai vraiment l’impression d’être sa petite protégée, c’est comme si lui et Lucifer avaient peur que je me brise au moindre effort. Je ne suis pas une statue de cristal qui va se briser au moindre choc, mais je les laisse faire, je n’ai pas le courage de me battre contre eux en ce moment. Et puis je dois avouer que c’est plutôt agréable de se balader à dos d’Arcanin. Le vent contre mon visage…bon d’accord il est glacial et j’ai les joues toutes rouges après ça, mais ça donne une sensation grisante de liberté. C’est comme si aucune barrière n’existait plus, comme si j’étais la reine du monde.

Ama semble comprendre que j’ai besoin de cette sensation de liberté en ce moment, c’est pourquoi il court à vive allure, montant la colline légèrement pentue en quelques secondes à peine. Je ferme les yeux, pour mieux ressentir les choses, la caresse du vent sur mon visage, et la froideur de cet élément qui m’empêche de perdre pied avec la réalité.

Après une bonne demi-heure de course, Ama s’arrête doucement à l’abord de ruine. Je me souviens rapidement que nos chers professeurs nous ont annoncé que cette île était une ancienne colonie, il est donc totalement normal de tomber sur des ruines ici. Et au vu du reste des bâtiments que je vois, je pense qu’il s’agissait d’une ville assez importante pour l’île, peut-être même la ville centrale. Un des bâtiments semble avoir mieux tenu que les autres, on dirait une église au vu des quelques vitraux qui sont encore dessus.

-On s’arrête ici quelques temps Ama ?

Mon Arcanin acquiesce avec un petit aboiement, et il se couche pour que je ne me blesse pas en posant le pied au sol. Non pas qu’Ama soit vraiment grand au garrot, mais j’ai toujours un très très mauvais sens de l’équilibre. J’ai arrêté de compter le nombre de fois que j’ai failli me tordre la cheville en posant un pied au sol.

Je regarde les alentours, observant les restes de ce que je suppose être des maisons. Les pierres sont recouvertes de mousse à pas mal d’endroit, mais sur certain coin de mur, on peut voir des traces de lutte. Des traces de griffes…mais aussi des traces de brulures…ça voudrait donc dire qu’il y a des pokémon feu dans les environs. Ça pourrait être intéressant ça...

Enfin je n’ai pas vraiment le temps de partir en recherche de ce potentiel pokémon feu, un bruit assourdissant retentit. Je me tourne vers l’origine de ce bruit, ça provient de l’église. Ama s’est mis en position défensive devant moi, comme tout bon protecteur qu’il est. Il me regarde et je lui souris légèrement, je sais qu’il a envie de d’y aller, il est trop curieux pour ne pas vouloir aller voir. Nous nous dirigeons donc vers l’église, seule une porte est cassée, nous nous cachons donc derrière celle encore intacte.

Face à nous un petit Pichu lutte désespérément face à un Abo, qui a l’air vraiment énervé. Le pauvre pokémon electrik semble vraiment en difficulté, et il semble vouloir protéger un petit tas de baie…Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que la sourie jaune protège juste son repas. Je n’ai même pas besoin de demander à mon Arcanin, je sais qu’il va agir, il est trop protecteur, et il n’aime pas vraiment les pokémon serpent poison depuis sa rencontre avec la Séviper et le Arbok de mon frère.

-Allez Ama à toi de jouer.

Mon Arcanin n’attend pas plus, et il bondit dans la pièce, montrant les crocs. Les deux pokémons sauvages s’arrêtent net, et l’Abo siffle de mécontentement. Il ne semble pas aimer cette intervention, mais il jauge le pokémon feu, se demandant s’il doit l’attaquer ou non. Je ne vais même pas lui laisser le temps de réfléchir.

-Ama Boutefeu.

Ama ne perd pas une minute, et il charge sur le pokémon poison de son corps entouré de flamme. Le choc est d’une violence inouïe, mais mon regard froid montre que je n’en ai…strictement rien à faire, au diable les serpents de type poison. Ce dernier vole dans les airs, traverse une vitre cassée, et atterrit en dehors du bâtiment. Le Pichu fait des gros yeux, il semble apeuré par le majestueux Arcanin qui se trouve devant lui. Je m’avance vers la sourie jaune qui se place instinctivement devant ses baies, mais je lui souris doucement.

-T’inquiète pas bonhomme, je ne vais pas te piquer tes baies. Mais fait attention à mieux les cacher la prochaine fois. Allez Ama on y va.

Mon Arcanin me regarde étonnée alors que je sors du bâtiment en ruine, laissant la petite souris electrik dans l’incompréhension la plus totale. J’ai fait une bonne action, et ça s’arrête là, j’ai des ruines à explorer.

Nous ressortons de l’église Ama et moi, et mon pokémon feu vient se placer à mes côtés, quelques peu étonné de ma réaction. Il est vrai que je n’ai pas l’habitude d’agir ainsi, mais là je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas eu envie de rester réconforter ce petit Pichu. On lui a déjà sauvé la mise, on ne va pas non plus tout faire. Je caresse mon Arcanin pour le rassurer, je vais bien, il faut juste qu’il s’habitue à mes nouvelles réactions.

Nous repartons à l’exploration des ruines, mais je ne sais pas vraiment ce que je cherche…Est-ce que je recherche vraiment le pokémon feu qui a laissé ces marques sur le mur ? Est-ce que ma passion pour les pokémon feu est vraiment intacte, après ce qui s’est passé à Nénucrique ? J’aimerai bien y croire, ça me rassurerait un peu, tout ne serait pas perdu. Je le saurai quand je l’aurai en face de moi.

Je me permets de prendre un peu de temps pour quand même observer les bâtiments, dire qu’il y a quelques dizaines d’années, cette ville était pleine d’habitants. Les mères au foyer devaient faire les courses au marché, pendant que les hommes étaient au champ avec les pokémon. Une vie simple, et paisible. Je me demande si ça m’aurait plus, une vie comme ça, sur une île reculée…Peut-être.

Je ne vois pas le temps passer, mais l’heure de manger arrive très très vite, et c’est Ama qui me le fait remarquer. Comment ? Tout simplement en essayant de fouiller dans mon sac…Mais un Arcanin qui fouille dans un sac en bandoulière, d’une fille qui n’a pas d’équilibre, ça donne quoi à votre avis ? Ba une spé feu au sol, regardant d’un air blasé son pokémon feu qui regarde dans les airs pour se déculpabiliser de son acte. Je soupire, mon doigt tapotant le sol de manière régulière, montrant mon agacement.

-Laisses-moi deviner Ama, tu as faim ?
-Canin….

Je soupire, me relevant doucement. Il n’a pas du tout changer, son estomac parle toujours avant sa raison. Mais cette pensée m’arrache finalement un petit sourire, il ça me rassure un peu d’un sens qu’il n’ait pas changé lui.

-Bon aller, on va rejoindre ce petit lac là-bas, et on va manger.

Mon Arcanin semble aux anges de ma proposition, en même temps, je parle de nourriture là. Et le lac permettrait aussi à Dovah de piquer une petite tête…C’est tout bon en résumé. Je remonte sur le dos de mon pokémon feu, et il part en quatrième vitesse, l’appel de son estomac est bien trop trop fort. Il va si vite que je n’ai pas le temps de comprendre ce qui se passe, nous sommes déjà aux abords du plan d’eau. Je me demande si Ama n’a pas appris l’attaque Vitesse Extrême juste pour aller plus vite.

Enfin bref,  nous nous posons, et je libère mon Draco, qui ne perd pas une minute pour plonger dans l’eau. Je commence à déballer la nourriture, devant un Arcanin qui bave devant…Je le regarde de travers, et il comprend le message, s’asseyant tranquillement. Nous commençons à manger tranquillement, heureusement que j’ai pensé à prendre les en-cas avant de partir à l’assaut de la colline. Je suppose que pas mal d’élèves ont dû faire demi-tour pour aller les chercher, vu la vitesse à laquelle ils sont partis.

Mais, alors qu’Ama et moi mangions tranquillement, un jet d’eau m’arrive en pleine figure, me prenant totalement au dépourvu. Quand je comprends ce qui se passe, je constate qu’un Gobou est en train de me voler ma nourriture. Je reste bête devant le pokémon eau qui repars à l’eau…Enfin sauf que mon Draco sort du bassin à ce moment, s’imposant devant le pokémon eau qui ne s’y attendais pas. Je me relève avant de m’approcher du pokémon bleu.

-Dis donc toi, ce n’est pas bien de voler. Rends-moi ce sachet de gâteau.

Le Gobou me regarde, avant de regarder Ama qui grogne de mécontentement, pour finir par Dovah qui se grandit un peu, paraissant beaucoup plus menaçant comme ça. Il semble peser le pour et le contre lui aussi, mais cette fois je ne demande pas à Ama de charger à coup de Boutefeu. Le pokémon eau prend peur, et il repose doucement le sachet avant de prendre la poudre d’escampette…

Attaqué en traite par un pokémon eau…Non ça ne va vraiment pas là. Mais vraiment vraiment pas. Je me demande ce que cette journée me réserve encore.

Le repas se passe dans le calme…au moins la fin du repas. Heureusement que j’avais une serviette dans mon sac, sinon je pense que j’aurais attrapé une sacrée crève. Cheveux et visage mouillée, avec une température aussi basse, c’est pneumonie assurée non ? Je ne m’attendais vraiment pas à me faire attaquer par un petit Gobou, qu’est-ce qu’ils ont les pokémon de cette île avec la nourriture ? D’abord le Abo qui attaque ce pauvre Pichu, et le Gobou qui n’hésite pas à me voler mon sachet de gâteau…C’est le dieu de la nourriture qui fait pas son boulot sur cette île ? J’ai intérêt à faire attention à mes petits gâteaux, sinon je n’aurais plus rien à l’heure du goûter. Une fois que nous avons fini notre repas, Dovah sort de l’eau, visiblement content de cette petite baignade.

-ça t’a fait du bien ? Elle n'était pas trop froide l’eau ?

Mon Draco pousse un petit cri de joie, il semble avoir apprécié. Ça me fait plaisir, il n’a pas beaucoup l’occasion de faire trempette à l’académie, parce que mettre un Draco de cinq mètre de long dans une petite douche…c’est pas facile du tout. Je rappelle mon pokémon Dragon avant de me rapprocher de mon Arcanin, qui s’allonge pour me laisser monter sur mon dos. Une fois assise, je me blottis dans la fourrure de mon pokémon feu, histoire de me réchauffer un peu. Je lui caresse le flanc, attirant son attention.

-Tu veux te défouler un peu ?
-Arcaaa
-Alors fonce.

Je suis désolée pour mes pokémons, depuis que je suis revenue de Nénucrique, mes pokémons ne savent pas vraiment sur quels pieds danser. Mes réactions ne sont plus les mêmes qu’avant, et ça les déstabilisent pas mal. Mais ils finiront par s’adapter, il le faut, le changement est une notion normale dans la vie, et il faut s’y faire.

Mon Arcanin est désormais lancer à pleine vitesse dans la plaine, je l’entends respirer un peu plus vite, mais je ne me fais pas de soucis. Ama a bien grandi depuis que je l’ai capturé, il n’est plus le petit Caninos qui ne connaissait pas ses limites. Je me souviens parfaitement de notre premier entrainement, quand il a essayé d’apprendre l’attaque Roue de feu. Il s’exerçait contre un rocher, et il n’arrivait pas à maitriser cette attaque…Bon d’accord s’exercer contre un rocher n’est pas forcément la meilleure des solutions, voir pas une bonne solution du tout. Mais ce que je retiens de cet entrainement, c’est que mon pokémon ne voulait vraiment pas lâcher le morceau, quitte à se blesser. C’est Dovah qui l’a arrêté en le ligotant sur place.

Comme à mon habitude je me perds dans mes pensées, et c’est un bruit de sabot qui me ramène à la réalité. Des sabots ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Ama ne fait pas de bruit de sabot…Je regarde donc à gauche, mais il n’y a rien. A droite se trouve un Ponyta qui semble vouloir rattraper Ama, c’est donc lui qui fait ce bruit, je comprends mieux…Attendez une minute, un Ponyta ?!!!!!! J’observe avec attention l’équidé de feu, qui arrive enfin au niveau d’Ama alors qu’il n’a pas réduit sa vitesse. Il est magnifique, ses flammes qui ondulent au grès du vent…Il est tellement proche qu’il me suffirait de tendre un peu la main pour le caresser, mais je ne vais pas m’y risquer, je sais pertinemment qu’il ne faut pas toucher un Ponyta si ce dernier ne vous fait pas confiance. Pourquoi ? Tout simplement parce que ses flammes vont me brûler, et je tiens à ma main. Mais je me demande une chose, pourquoi ce Ponyta s’est rapproché de nous comme ça ? Ce sont des pokémons plutôt craintif en général…

-Ama arrêtes-toi.

Mon Arcanin réduit la vitesse, s’arrêtant en douceur, laissant le Ponyta partir loin devant…mais il revient, se postant devant Ama. Et il a un de ses regards…pas un regard agressif non, un regard emplit d’une lueur que je ne connais que trop bien, celle du défi. Je pense que je comprends mieux maintenant, Ama court très vite, et pour ce Ponyta sauvage, c’est une sorte de défi, savoir lequel ira le plus vite…

-Dis-moi Ponyta, ça te dirais une petite course ? Je suis certaine qu’Ama est plus rapide que toi, même si je suis sur son dos.
-Ponyyyy
-Tu es partant Ama ?
-Canin !!!

Ils sont tous les deux chauds bouillants, ça fait plaisir à voir. Reste à savoir si j’ai bien raison et qu’Ama est plus rapide que ce Ponyta…Il n’y a qu’une seule façon de savoir.

-Je te propose, le premier qui arrive au grand arbre là-bas a gagné.

Le Ponyta hennit fort, signe qu’il est d’accord pour une petite course, bon et bien dans ce cas, il n’y a pas à hésiter. Les deux pokémons feu se mettent sur une même ligne, attendant mon départ.

-Prêt…à trois. 1,2,3 !!!!

A peine j’ai fini de parler, les deux pokémons feu se lancent à vive allure en direction du grand arbre en face de nous. Je dirais qu’il y a bien 700 mètres qui nous sépare de la ligne d’arrivée…c’est long 700 mètres, mais pas tellement quand on chevauche un Arcanin. Les deux pokémons courent à pleine vitesse, heureusement qu’il n’y a personne sur le chemin, sinon bonjour le carambolage. Je jette un coup d’œil au Ponyta, et il n’en démord pas, il tient. Il ne veut rien lâcher, et il fait jeu égal avec Ama niveau vitesse. Ho non, il va pas gagné quand même, on ne va pas perdre ce défi, c’est pas possible.

-Ama, accélère.

Je sens les muscles de mon Arcanin qui se contractent, et ce dernier accélère brutalement à quelques mètres de l’arrivée, arrachant la victoire in extrémis à ce Ponyta. Ouf on a eu chaud sur ce coup là… Les deux pokémons mettent plusieurs mètres à s’arrêter, et ils halètent tous les deux. Ils ont tout donnés, et ils sont bien fatigués. Je descends du dos d’Ama, et je lui caresse l’encolure, je suis fière de lui.

-Bien joué Ama, tu as été parfait.

Il me gratifie d’une léchouille, avant que je me tourne vers le Ponyta qui me fixe, comme s’il me jugeait.

-C’était une belle course, mais tu as perdu.

Il n’en démord pas, il excepte sa défaite, mais la flamme de défi brille encore dans ses yeux. Je sors une ball de mon sac et lui montre, il ne s’enfuit pas…C’est un nouveau défi pour lui ? Ou est-ce qu’il a reconnu notre valeur ? Je vais avoir la réponse très vite. La ball vole dans les airs, percutant le dessus de la tête du Ponyta qui rentre dedans…Maintenant c’est à lui de décidé s’il accepte sa défaite.

La ball oscille une fois…deux fois…et elle s’ouvre à nouveau, laissant apparaitre dans un éclair de lumière le Ponyta sauvage. Il secoue la tête, avant de se cabrer. Apparemment ce Ponyta ne semble pas vouloir renoncer, c’est plutôt intéressant. Ama s’avance un peu face à son adversaire de course, je le vois à son regard, il est bien décidé à prouver à ce pokémon sauvage que lui aussi est prêt à en découdre encore.

Alors que les deux pokémon se fixent et se défient du regard, j’observe le pokémon sauvage. Il est un peu plus grand que les Ponyta que j’ai pu voir, il semble aussi plus musclé que la moyenne. Ses flammes brulent intensément, lui donnant un air majestueux, des flammes qui brulent seulement les personnes en qui le Ponyta n’a pas confiance. Son regard brun est légèrement teinté de rouge, comme s’il y avait une flamme à l’intérieur qui brulait. C’est sa détermination, et je sais que je n’arriverais pas à le capturer tant que cette flamme brulera dans son regard.

Je sens une petite pointe de chaleur apparaitre dans mon abdomen, un peu comme avant…Elle ressemble à celle qui apparaissait à chaque fois que je faisais la rencontre d’un nouveau pokémon, d’un potentiel nouveau partenaire. Peut-être…peut-être que je peux à nouveau ressentir cette sensation grisante de la capture d’un pokémon…ça serait un bon début, ça me prouverait que je peux encore ressentir des choses, que je ne suis pas devenue un être dénué de sentiment.

Mais pour cela, je dois m’occuper de cette capture, et par là je n’entends pas juste livrer un combat à l’aide d’Ama. Je dois m’occuper personnellement de cette capture. Je m’avance donc, posant une main sur l’encolure de mon Arcanin, qui me regarde un peu étonnée. En plus c’est parfait, le Ponyta sauvage me regarde désormais, j’ai attiré son attention.

-Tu ne veux pas t’avouer vaincu ? Je te propose un nouveau défi, tu me laisses monter sur ton dos, et si tu réussi à m’éjecter en une minute, tu pourras affronter Ama. Si tu échoues, cette ball sera pour toi.

Je montre l’appareil au pokémon sauvage qui regarde la sphère avec attention. Son regard alterne entre la ball et moi, avant de finalement se poser sur moi. Son regard croise le mien, et pendant de longue minute nous nous regardons. Il me jauge, il me juge. Est-ce que je suis digne à ses yeux de monter sur son dos ? Je sais que je joue à un jeu dangereux, ce Ponyta pourrait très bien décider de prendre la poudre d’escampette, et je ne pourrais pas le capturer. Mais au vu de la flamme qui brille dans ces yeux, je sais qu’il ne le fera pas, il va relever mon défi.

Et le futur me donne raison, le Pokémon feu hoche la tête avant de se décaler, se mettant alors de profil. Il continue de me fixer, attendant que je l’approche. La première partie du combat est gagnée, il me reste maintenant la partie la plus compliquée. Je sens le regard inquiet de mon Arcanin sur moi, il se demande pourquoi j’agis comme ça. Il est vrai que ça serait tellement plus simple de faire un combat, mais ça ne m’aidera pas à ressentir ces sensations passées.

-Ne t’inquiètes pas Ama, ça va aller.

Je pose mon sac et je m’approche du Ponyta qui m’attend de pied ferme. Il veut en démordre, c’est certains. Je m’arrête juste devant lui, je sens la chaleur de ses flammes, elles sont belles, elles pourraient presque m’hypnotiser. Ma main s’approche doucement du pokémon feu et de ses flammes, c’est le moment décisif, si jamais il ne veut pas que je le touche, ses flammes me bruleront. Mais ma main se pose sans problème sur la peau chaude du Ponyta, je peux donc monter sur son dos, sous le regard toujours inquiet de mon Arcanin.

Je ne peux plus reculer maintenant, je dois tenir une minute. C’est long une minute. Le Ponyta commence à secouer la tête dans tous les sens, il se cabre et donnant des coups de patte avant. Je m’accroche à son cou.

50 secondes
Tout va bien, mais je sais que sous moi se trouve un pokémon plein de puissance.

40 secondes
Je le sens qu’il s’agite, les vingt premières secondes servaient à me jauger. Maintenant il a l’intention de m’éjecter

30 secondes
Mes bras se resserrent autour du cou du Ponyta, il a vraiment de l’énergie, il se cabre, rue dans tous les sens.

20 secondes
Mes yeux sont fermés, je serre les dents, je sens les muscles du pokémon feu se contractent, il donne tout ce qu’il a pour ne plus m’avoir sur son dos

10 secondes
Il ne reste plus beaucoup de temps ? Je n’en sais rien, j’ai totalement perdue la notion du temps. Je suis ballotée dans tous les sens. Le Ponyta commence à fatiguer, je le sens, mais je ne dois pas me relâcher, pas maintenant.

Soudain Ama se met à aboyer, et le Ponyta se calme, arrêtant de se cabrer dans tous les sens. Je me permets enfin d’ouvrir les yeux, avant de glisser le long du corps du pokémon feu. J’essaye de reprendre mon souffle, tout comme mon adversaire, mais je ne vais pas lui laisser le temps de le faire. Je ressors la ball et la lance sur le Ponyta qui disparait pour la deuxième fois à l’intérieur. Reste à savoir si ça lui suffira.

La ball oscille un…deux…trois fois avant de s’immobiliser avec un petit clic bien connu. Je fixe l’objet sphérique avant de me tourner vers Ama, qui me sourit en remuant la queue. Ça y est, Ponyta est capturé, il semble avoir reconnu ma valeur suite à ce petit rodéo. Je m’avance pour ramasser la ball de mon nouveau compagnon, avant de me tourner vers Ama

-Tu vois Ama, parfois on n’a pas besoin de combattre
-Arcaaaa
-Ok ok je vais pas le laisser à l’intérieur plus longtemps.

Je lance la ball en l’air, libérant le cheval de feu qui était encore sauvage il y a quelques instants. Il nous regarde, avant de baisser la tête face à moi…comme un signe de reconnaissance. Je m’approche de lui et lui caresse doucement la tête.

-Je ne t’ai pas capturé n’est-ce pas…c’est toi qui m’a choisi ?

Il est évident qu’il avait largement la force de sortir de la pokéball, mais il a choisi de rester. Je suis tombé sur un spécimen rare, il m’a reconnue digne de pouvoir l’avoir à mes côtés…ou il a senti que je pourrais peut-être l’aider à devenir plus fort. Et son regard me confirme que j’ai raison, tout comme le fait qu’il pose sa tête contre moi. Un Ponyta fort et fier…qui décide des choses, et qui vraiment rapide de surcroit…j’ai le nom parfait pour lui.

-Arvak…ça te va comme prénom ?

Il me regarde en penchant un peu la tête, il semble attendre plus d’explication sur ce prénom. C’est une chose que je comprends amplement, ce nom va le suivre toute sa vie, il est donc normal qu’il se pose la question.

-Arvak est un Ponyta présent dans une légende que j’ai lue dans un livre. C’était un Pokémon très fier et très fort, mais qui était très aimant envers l’humain qui l’avait sauvé de la mort. Quand le roi ordonna la réquisition de toutes les montures du royaume pour la guerre, l’ami d’Arvak s’y opposa et il fut condamner à mort. Arvak devient le Ponyta du roi, mais il n’oublia pas ce que son nouveau maitre avait fait subir à son ami. C’est pourquoi, lors de la bataille finale, Arvak se jeta du haut d’une falaise, emportant le roi dans sa mort. Une fois dans l’au-delà, Arvak se serait transformé en Galopa aux flammes violettes, qui a cherché son ami partout dans l’autre monde.

Le Ponyta écoute avec attention mon histoire, au moins il ne semble pas choqué de ce qu’il vient d’entendre, ce n’est pas si mal.

-Tu es un Ponyta très brave, et je suis certaine que tu n’as qu’une parole. Tu reconnais les gens à leur valeur, tout ce qui décrit l’Arvak de la légende…

Il hennit avant d’hocher la tête de haut en bas, il semble aimer ce surnom. Un fin sourire apparaît sur mes lèvres alors que je le gratifie d’une caresse.

-Et si on repartait, il nous reste quelques heures pour explorer cette île, autant en profiter.

Mes deux pokémon feu acquiescent, et alors que je m’apprête à monter sur mon Arcanin, Arvak s’y oppose…je le comprends, et après un regard désolé envers Ama je monte sur le dos de mon nouveau Pokémon. Je sens la chaleur de ses flammes, elle est différente de la chaleur qui émane d’Ama, mais elle est toute aussi rassurante. Nous partons donc à vive allure, au travers des grandes plaines de l’île, à la recherche de sensation qui me rappelleront tout ce que je pouvais ressentir avant. Mais pour l'instant, j'observe avec sourire les deux pokémon feu qui sont repartis à faire la course.