Mh, les rencontres avec les champions d’arène… Hope n’en avait pas fait énormément. Et les deux seules à laquelle elle avait participé avaient été plutôt… Nazes. Le premier relevait de l’exploit mais ses efforts n’avaient pas été récompensés, maudite direction, et la seconde… Elle en rigolait désormais mais c’était clairement lamentable.
Installée dans les gradins, Hope assistait aux combats qui s'enchaînaient plutôt rapidement. Valérienne ne ménageaient pas ses adversaires bien qu’ils soient des élèves. Certains en ressortaient victorieux, d’autres non. La blonde essaya de retenir quelques têtes, peut-être que cela pourra lui servir… Les gradins étaient loin d’être remplis. Probablement que beaucoup s’isolaient avant leur passage afin de rester le plus concentré possible. Concernant Hope, elle avait programmé quelques séances d’entraînement plus tôt dans la semaine. Ces derniers ne s’étant pas trop mal passé, elle se sentait plutôt confiante. Du coup, elle essayait de se convaincre que c'était le cas. De toute manière, rien ne pourra être pire que la performance de Coca, non ?

C’était l’heure. Lorsque la ranger vit son nom s’afficher sur la pancarte, elle quitta les gradins pour monter sur scène. Le terrain était poussiéreux dû aux précédents combats. Derrière, l’infirmière Joël prodiguait les derniers soins au Mysdibule de la championne. Enchaîner les combats ne devait guère être facile. En avait-il l’habitude ? Y avait-il beaucoup de personne qui venait faire face à cette championne dans son arène ? Rassembler les badges n’intéressait pas particulièrement Hope, à vrai dire, mais les visiter pour découvrir leur architecture ne lui déplairait pas. Un jour peut-être.
Comme entre chaque combat, un bourdonnement sourd résonnait dans le stade. Les gens en profitent pour sortir faire une pause ou papoter avec leurs voisins. Si ces derniers voulaient bien parler évidemment. Beaucoup étaient là pour récolter des informations avant leur passage ou encore simplement analyser les combats. L’observation joue un grand rôle dans l’apprentissage.
Un coup de sifflet. Les voix se turent. Le silence s’empara de la salle. Le temps semblait s’être arrêté. Hope retint sa respiration, était-ce le stress ? Cela ne lui ressemblait pas. Elle déglutit. Et si rien ne se passait comme elle avait prévu ? Et si son plan d’attaque se révélait être un échec ? Et si elle revivait la même expérience que la dernière fois ? Mais ce n’était pas Coca, ça ne se passer pas de la même manière n’est-ce pas ? Elle pencha la tête, espérant chasser ce flot de réflexions inutiles. Elles nuisaient à sa concentration. Elle n’en avait pas besoin. Pourtant des images assaillirent à nouveau ses pensées. Elle qui se trompe de Pokeball. Elle qui la fait tomber avant même d’appeler son Pokemon. Son Pokemon qui refuse de sortir. Ou encore, qu’elle ne la trouve juste pas ? En parlant de celle-ci, où se trouvait-elle ? Elle réalisa l’absence de son sac à dos. Quelque chose remonta depuis la plante de ses pieds pour s’emparer de son cœur. Le coup de stress. Puis elle réalisa qu’elle se trouvait simplement dans sa main. Dans sa main droite. Depuis quand ? Elle essaya de se rappeler exactement de ce qu’elle avait fait avant de monter sur cette estrade. Elle n’y arrivait pas. Avait-elle grimpé ici machinalement ? À quoi pensait-elle ? Et À quoi pensait-elle maintenant ? À beaucoup trop de choses dont elle ne devrait pas. Sa main était moite. Malgré le temps frisquet. Elle prit une grosse inspiration. Une voix retentit. Son nom fut prononcé.

Tout allait bien se passer. Elle essaya de se rassurer comme elle put. Elle pouvait le faire. Elle y avait pensé pendant tellement de temps. Il lui suffisait d’exécuter ce qu’elle avait prévu. Et puis, une fois lancée dans le combat, cela ira tout seul n’est-ce pas ? Une fois en condition, ses idées seront plus claires, non ? D’un geste un peu trop brusque, elle tendit son bras. Sa main droite. La sphère bicolore. Clic. Une lueur. Il était là.

Une masse sombre, plutôt imposante, se matérialisa sur le terrain. Entre deux lambeaux de tissus noirâtre se confondant avec ce qui semblait être de la fumée, on pouvait distinguer un orbe translucide, d’un vert lumineux. Vert. Brillant. Il se distinguait particulièrement bien, au milieu de cette ribambelle de ruban noir à la longueur interminable. Le Téraclope releva la tête pour fixer son adversaire.
Une dernière inspiration.
It’s time.

C'est super efficace. Mysdibule subit beaucoup de dégâts.
C'est efficace. Tércalope subit des dégâts non négligeables.
Que voulez-vous faire?

Coup de sifflet. Le combat commence. La Mysdibule se tient droite, la gueule grande ouverte en direction de Malware, sauvage. Bruit de mastication simulé. Il ne fléchit pas. Une légère brise souffle. Ses couettes se soulèvent, les rubans du spectre suivent le mouvement. Un silence de mort règne dans le stade. Mes yeux fixent mon adversaire. Mes mains sont moites. La tension grimpe en flèche, toujours plus haut. Je déglutis. Pourquoi la championne ne bougeait pas le petit doigt ? Me laisserait-elle l’honneur de lancer les hostilités ? Je mordille ma lèvre inférieure.

Et soudain, les éclats de voix fusent. Deux phrases différentes, deux voix différentes, prononcées presqu’au même instant. Un ton posé, un autre un peu moins, le mien. Je sens un léger tremblement dans ma voix. Je déteste cette sensation, ce manque de contrôle que j’ai sur moi-même. Ou est-ce seulement un manque d’habitude ?
La Mysdibule se meut avec grâce. Elle se retourne, remue lentement la tête, puis d’un coup sec, frotte ses mains l’une contre l’autre, l’extrémité de ses griffes s’entoure d’une lueur rose. Que fait-elle ? Malware, lui, semble se séparer de son ombre durant l’espace d’une seconde. Mais ce n’est pas son ombre, il s’agit d’autre chose. Plus subtile. Plus essentiel. Son regard s’assombrit juste un instant, son corps se balance vers l’avant, et la chose, immatériel mais omniprésente, le quitte, se cherche, parcourt le terrain, puis enfin, fonce sur sa cible. Une voix retentit à nouveau, pas la mienne. Le type Fée tente d’esquiver. Habilement, elle prend appui sur ses jambes, puis bondit en avant. Sa seconde gueule semble soudain subir une gravité beaucoup plus forte, se crispe, luise. Mais la chose se moque de savoir ce que sa cible fait. La chose revient sur ses pas, puis se jette en l’air, attrape la plante des pieds de la Mysdibule et s’infiltre dans le corps de cette dernière. La maudite, surprise, assiste à la chose disparaître en elle. Qu’allait-il se passer ? Elle ne comprend pas. Rien ne se passe. Un frisson parcourt son corps, mais rien d’autre. Comme si rien ne lui était arrivé. Alors elle redirige son attention vers le spectre, la gueule externe toujours luisante d’un reflet argenté. D’un mouvement de tête, elle projette la massue qu’elle porte à l’arrière de sa tête contre le spectre.

Il recule de quelques centimètres, légèrement sonné. Mais il n’a pas le temps de s’en remettre. Il sait ce qu’il doit faire. Ses rubans pointent en direction de son adversaire, il lève sa main bandée, attrape son agresseur avant qu’il n’ait le temps de prendre de la distance, son œil brille soudain d’une lueur pourpre, un courant les traverse.
Cela ne dura qu’un quart de seconde, éphémère. Deux lumières s’illuminent, se joignent, se cognent, se heurtent. Choc énergétique. Une étincelle. Puis les deux combattants se retrouvent chacun repoussé dans une direction opposée. Le spectre expire, le souffle lourd. Ses bandages se resserrent. De l’autre côté, la Mysdibule se réceptionne d’une roulade, se redresse, fière. Elle plisse des yeux, quelque chose n’allait pas, comme si quelqu’un s’était introduit dans son intimité. Sceptique, elle cherche à comprendre. Puis la chose s’empara d’elle. Un poids empoigne son soi spirituel, puis une demi-seconde plus tard, comme un écho, le même poids attrape son cœur, plus violemment. On cherche à l'entraîner quelque part, ailleurs. Elle grimace, ce qui n’échappa pas à sa dresseuse. Intéressant.

Quelque chose m'agaçait, une envie de me ronger les ongles me prit. J’eus soudainement l’impression que l’adversaire allait être plus coriace que je ne l’avais pensé. Certes, il s’agit d’une championne d’arène, je m’en doutais bien que ce n’allait pas être une tâche facile, de la battre, mais il y avait ce quelque chose en plus qui ne me rassurait pas. J’observais mon spectre avec inquiétude. Malgré sa corpulence, il n’était pas si solide qu’il en a l’air. Peut-être avais-je omis quelques détails dans mon plan. Shit. L’issue de ce combat me sembla si incertaine, en équilibre sur un fil si fragile. Je me sentais capable mais aussi impuissante. Tout pouvait bousculer si facilement.

Attaques utilisées durant ces tours :
Onde Folie (-/100) [statut] Un rayon sinistre qui plonge l'ennemi dans un état de confusion.
Feu Follet (-/85) [statut] Lance une sinistre flamme violette à l'ennemi pour lui infliger une brûlure.

C'est super efficace. Mysdibule subit beaucoup de dégâts.
C'est efficace. Teraclope subit des dégâts non négligeables.
Que voulez-vous faire?

Elle ne se manifeste pas, elle se fait oublier, mais pourtant elle est là. Cette chose qui germe peu à peu, traverse les flux d’énergie magique qui parcourt le corps de la créature. Cette ombre qui étend son influence dans l’obscurité, à l’abri des regards du monde qu’on connaît. Et pourtant si présente.
Bientôt il sera trop tard.

Elle observe, elle explore, elle dévore, tout en lenteur. Lenteur qui contraste avec l’hyperactivité présente sur le terrain. Les combattants se cherchent, se défendent, se repoussent. Ils attirent les regards des spectateurs. Pourtant, nul ne se préoccupent de la chose, celle dont les griffes se sont déjà partiellement emparées de l’issue du combat. Ô, faibles êtres qui ignorent tout de l’envers de ce monde. Peut-être le découvriront-ils. Mais trop tard. Comme ça l’a toujours été.
La chose observe son réceptacle se mouvoir, réunir encore une fois sont énergie. Les filaments lumineux tout autour de lui, flux magiques, s’agitent. Sceptique, elle essaie d’interrompre le ballet de lumière. Elle n’était pas venue ici pour admirer tant de spectacle, elle ne voulait pas de ces artifices. Mais l’énergie, scintillante, glisse entre ses griffes sombres. Agacée, s’apprête à revenir à la charge de plus belle. Mais l’Orbe verte la rappelle à l’ordre. La chose se renfrogne. Effectivement, elle n’était pas venue là pour cela. Raison pour laquelle elle n’avait pas les capacités suffisantes pour s’accaparer d’autre chose que des germes de vie. Il lui fallait étendre ses racines, et infester ce corps pour étouffer ces filaments lumineux qui la narguent.

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La Mysdibule se remit rapidement du mal qui s’était emparée d’elle quelques secondes plus tôt. Toujours aussi agile, un sourire narquois au visage, elle suit les ordres enjoués de sa dresseuse, bondissant rapidement dans la direction du spectre. Des particules lumineuses scintillent tout autour d’elle, et avant que Malware ne puisse réagir, le type fée disparut dans ses drapées sombres. Il grimace. L’adversaire s’était un peu trop approché, il n’aimait pas savoir quelque chose se trouver aussi proche de lui. Les particules magiques s’accrochent à ses lambeaux, la Mysdibule le percute. Désagréable.
Il avait déjà subit des chocs plus violents, il savait l’adversaire capable de cela, mais cette attaque-ci avait quelque chose de répugnant. Il n’en voulait pas. Plus que les attaques précédentes.

« Onde-Folie ! »

La voix de sa dresseuse le reconnecte à cette réalité. Son œil s’illumine. Profitant de la proximité, il tente d’attraper son adversaire qui alors s’éloignait déjà. Sa main agrippe une de mèches de celui-ci, et presque aussitôt, le halo lumineux qui entourait son œil se transféra sur sa cible. Une. Puis deux. La Mysdibule écarquilla grand les yeux, surprise. On lui tambourine, à l’intérieur de son crâne. Elle fronce les sourcils, essayant de combattre ce mal alors que le spectre la repousse violemment.

Tenir debout. Regarder droit devant. Elle savait ce qu’elle avait à faire pourtant tout lui semblait soudainement si dur. La voix de sa dresseuse résonne dans sa tête, elle essaie avec difficulté de recoller les morceaux de l’ordre qu’elle lui donne. Et soudain, la voix revient à l’assaut, mais dans un langage différent. Qui lui est bien plus aisé à comprendre. Oh, bien sûre. Elle prend une inspiration, et fixe l’adversaire. Droit devant. Juste là. Elle n’avait qu’à se jeter dessus, comme elle l’eut déjà fait.
Sans quitter son objectif des yeux, elle prend appuie sur ses jambes, concentre son énergie dans sa seconde gueule, et se propulse en avant. Un flux froid enveloppe l’arrière de son crâne, lui permettant de remettre ses idées au clair le temps de quelques secondes. Elle sent ce poids qui s’empare à nouveau de cette entité avec laquelle elle se partage se corps – bien qu’elle ait pris le dessus – et la transforme en massue. Un mouvement de tête lui permet de percuter par la suite le spectre avec un plus grand impact. Un large sourire se dessine sur son visage, accompagnant celui à l’arrière de sa tête. La seconde d’après, elle sent avec satisfaction sa massue frapper l’adversaire avec force.
Mais sa vision se floute. On essaie de sortir de son crâne, le bruit ambiant semble bourdonner de plus en plus fort.

Une douce chaleur. D’abord discrète, puis toujours plus présente, jusqu’à devenir oppressante. Sa vision s’éclaircit soudain, et avant qu’elle ne se rende compte de ce qui lui arrive, l’intégralité de son enveloppe corporelle bouillonne. Elle fixe ses bras. Pourtant rien ne semblait avoir changé. Elle plisse les yeux. Le mal de tête l’empêche de voir correctement. Alors elle tente de se concentrer sur ce qu’elle ressent. Le feu. Une brûlure. Il s’agissait bien de cela. Saleté.

Et cette poigne longiligne qui agrippe encore une fois le cœur de la créature.
Avec toujours plus de griffes.
Toujours plus pointues.

Elle tire dessus, comme cherchant à l'arracher, dans cette cage fulminante bientôt fournaise.


Attaques utilisées durant ces tours :
Poing de Feu (75/100) [physique] Un poing de feu pouvant brûler l'ennemi.
Capacité Z Ball'Ombre (80->160/100) [spéciale] -> Appel des Ombres Éternelles

Mysdibule a subi trop de dégâts et est déclaré hors combat.
Hope Spettell remporte le match !

Chaque parcelle de son épiderme la picote. Elle tente de se concentrer, d’oublier cette douleur qu’elle connaît si bien, mais ses pensées se déforment, tout comme l’espace autour d’elle. Où se trouve-t-elle ? Et cette chose, qui tambourine dans son crâne, qui cherche probablement à fuir l’incendie que devenait son corps. À s’échapper. Fuir. Devait-elle fuir ? La partie tournait de toute évidence en sa défaveur. Le contrôle de son corps lui échappait peu à peu. Elle ne pouvait continuer de cette manière.
Mais ce n’est pas elle. Elle n’a pas été éduquée de la sorte. Elle ouvre les yeux, puise dans ses forces pour dompter cette vision trouble. Les taches tremblent, se séparent, se regroupent, se forment. Elle fixe son ennemi. Cette masse sombre qui d’une manière ou d’une autre avait réussi à perturber son équilibre intérieur. Saleté de spectre. Peut-être l’avait-elle sous-estimé depuis le début ? Où était-elle fatiguée des précédents matchs ? Fatiguée mentalement. Il était possible. Elle n’avait pas l’habitude d’enchaîner autant de combats en une journée. Dans d’autres conditions, elle n’aurait fait qu’une bouchée de ce tas de lambeaux. Deux, pour satisfaire ses deux gueules.

Le chaos. C’était le chaos autour d’elle. La chose est satisfaite. Ses griffes se courbent en un rictus. Voilà qui était mieux, les flux lumineux continuaient de filer, mais ils semblaient clairement moins convaincus par la direction qu’ils prenaient. Des particules se perdaient dans l’obscurité. Le rythme se désynchronisait. Voilà un spectacle bien plus satisfaisant.
Ses doigts tissent, tissent la discorde, l’imprégnant de cette chair rouge, coincée sous ses ongles que ses griffes ont récolté au fil du temps. Ses gestes sont lents, mais précis. La chose veut assurer sa réussite, elle se veut fatale. Car elles l’ont toujours été.

La voix résonne. Les mots volent, cherchent à atteindre leur cible. Mais ils se perdent, portées par le vent. Ils essaient de s’accrocher, de se sauver et de sauver les autres. Ils se savent plus forts ensemble. Mais l’espace se tord, un gouffre se crée. Certaines chutent. Les autres observent leurs semblables sombrer. Ils s’agrippent plus fort, cherchent à créer une percée. Et bientôt ils y arrivent, bravant l’espace, se faufilant dans leur destination.
Pour découvrir ce chaos intérieur, tout autant présent que l’apocalypse extérieur.
Mais ils ne se découragent pas, ces survivants se fraient un chemin parmi l’obscurité et le chaos. Ils ont une mission à accomplir.
Enfin, ils aperçoivent leurs alliés. Les bribes d’informations entre les pattes, ils les jettent à ces nouvelles cellules. Ils ont déjà perdu suffisamment de temps, il leur faut accélérer. Ces cellules attrapent les bribes d’informations. D’abord un peu sceptique, elles s’illuminent ensuite. Et s’envolent. Leur corps se teint de violet, un rictus narquois aux lèvres, elles foncent vers les montagnes pentues au loin. Elles rigolent. Elles vont pouvoir s’amuser.

La gueule s’anime. Visiblement peu affectée par l’état second de son corps principal. Elle s’agite, mastique, se prépare. Un filet de bave s’échappe d’entre ses crocs, s’écrase sur le sol. Au contact, le liquide s’évapore, ne laissant plus qu’une trace noirâtre. La gueule s’anime, visiblement satisfaite. Son corps l’est moins, mais puisant dans ses ressources, il parvint à rassembler suffisamment d’énergie parmi le chaos afin de se propulser vers l’ennemi.
Sa vision se floute, elle lutte pour la maintenir. Sa tête la pèse, son corps ne semble plus être sien, le bourdonnement ne provient plus des gradins, se répercutant sur chacune des parois de son crâne. Elle produit le bourdonnement. Elle s’enferme. Elle perd le fil. Chaque mouvement de sa seconde gueule la décroche un peu plus de la réalité. Elle sombre. Les filaments se rompent. Mais malgré tout, il s’agit d’un pacte. Elle doit faire confiance à cette seconde gueule. Alors une fois suffisamment proche de l’adversaire, elle projette une fois de plus cette entité qu’elle porte à l’arrière de sa tête sur celui-ci.

Elles se partagent les sensations. Les crocs qui se plantent dans cette chair meurtrie, dissimulées sous les plusieurs couches de lambeaux de pourriture. Et son liquide perfide se déverser dans ce corps déjà infesté.
Quelques secondes de plus, elle se réceptionne sur ses pattes, la voilà à nouveau face au spectre. Des morceaux de tissus gisaient au sol. Trop peu. Ce ne sera pas suffisant. Elle sent cette nouvelle source de chaleur s’approcher d’elle. Plus puissante. Malgré son corps fulminant, elle parvient à faire la distinction. Sa vision s’éclaircit, bien trop, elle n’est pas sûre de ce qu’il se passe, mais elle sent ce poing la percuter, la projeter en arrière. Mais elle ne doit pas prendre la distance, il lui faut finir au plus et pour cela elle a besoin de conserver cette proximité. Ses réflexes prennent le dessus. Elle balance sa tête, afin que sa seconde gueule puisse s’accrocher à l’adversaire. Les bribes de paroles de sa dresseuse lui parviennent. Elle n’est pas sûre de ce qu’elle doit faire, mais il fallait qu’elle riposte. Il n’y avait aucun autre choix possible. Toute son attention n’était plus que concentrée sur cette unique tâche. Attaquer.
Se servant du point d’accroche que sa seconde gueule était parvenue à lui offrir, elle se projette sur le spectre, tête baissée. Peut-être pourra-t-elle libérer cette chose qui occupe son crâne de cette manière.

Mais on la repousse.
Les voix s’emmêlent, elle s’écrase.

Bruit sourd.

Une pierre s’illumine. Les rayons se reflètent sur les mèches blondes, traversent le champ de bataille, s’extirpent de l’obscurité, s’exposent au soleil le temps de quelques secondes, avant de replonger dans l’action. Son homologue en fait de même. La lueur pourpre se fraie une voie parmi les lambeaux noirâtres. Un bref moment, juste avant que l’obscurité ne surgisse et n’étende ses racines entremêlées.
La chose s’agite, toujours plus. Elle tisse, elle tisse, mais bientôt elle n’en aura plus besoin. Bientôt ce corps ne sera plus. Les ressources autour d’elle s’épuisent, certaines dévorées, d’autres perdues dans les flammes. Ses doigts s’agitent, ses griffes frétillent d’impatience. C’était l’heure. Elles n’étaient plus seules ! Elle sent cette énergie, si familière, qui grandit, grandit, et qui cherche à se libérer de cette sphère bien trop petite pour elle. Cette boule où l’énergie s’étouffe dans les ombres, ces formes sombres qui s’agitent, se forment, les dévorent.
Et la sphère ne cesse se prendre du volume. Instable, elle absorbe les moindres recoins d’ombres qui, avec elles, entraînent le cours du temps, les souffles ralentissent, suivent le mouvement, le second monde prend le dessus. Point d'orgue.
Et soudain, elle les recrache. Toutes. Amplifiées.
Elle a absorbé ces ombres agitées, pour leur offrir une puissance nouvelle, originelle. Et maintenant, elle les délivre, les délivre de cette limite que leur impose le monde des ignares. Un voile gris s’abat sur le terrain. L'espace se fond. Puis mue. Des formes se ruent dans tous les sens, les ombres se détachent de l’obscurité, des amas noirâtres se forment, se cherchent, se déchaînent. Chaos. La sphère se fond parmi ses progénitures qui foncent vers la maudite, font de ce corps le leur. Un vent muet souffle sur le terrain.

Le silence.

Elles se sont libérées. Elles se sont exposées. Elles s’abattent sur la cible. Elles rient, elles s’esclaffent. Ce monde est à elles, le temps de quelques secondes. Et bientôt elle se replieront, ne laissant derrière elles qu’un avertissement, une fois de plus.
Mais que faibles humains ignoreront, car c’est ce qu’ils font et savent si bien faire.



HRP
Merci pour la modératioooon