Ça y est, c’est le grand jour.
Le jour pour Marie Frostheart de faire ses premiers pas dans le commerce.
Enfin c’est un bien grand mot, elle va surtout observer les employés, et peut-être pouvoir servir une ou deux clientes si c’est pour couper du tissu. Mais pour le moment la jeune femme s’observe dans le miroir, regardant chaque détail de sa tenue. Car oui, il est tout simplement inenvisageable pour la coordinatrice de sortir dans la rue, et d’aller travailler avec une tenue débraillé. Elle a une réputation à tenir, et en plus de ça elle va représenter le magasin, elle doit donc être irréprochable. Elle a opté pour une robe patineuse en crêpe de polyester bleue nuit, finement décoré avec des broderies rouge, et une large ceinture vient souligne sa taille de guêpe que bon nombre de femme jalouse.
Après avoir enfilé ses escarpins, elle pose un regard sur l’armure qui trône sur le mannequin à côté du miroir. Cette armure qu’elle a mise pour son dernier concours, la Coupe Marc. Une brusque vague de souvenir l’envahie, elle n’aura surement plus jamais l’occasion de la reporter un jour, il s’agit d’un vestige de sa gloire passée. Mais c’est un sacrifice qu’elle est prête à faire aujourd’hui, elle sait qu’il y a beaucoup plus important à faire. Elle a brillé haut dans le ciel, maintenant c’est à elle de charger les jeunes étoiles pour qu’à leur tour elle puisse le faire.
La jeune femme sent quelque chose contre sa jambe, et en regardant à ses pieds elle voit Ayane, sa Kungfouine qui la ramène à la réalité. Marie comprends clairement le message, elle n’a pas de temps à perdre, sinon elle va finir par arriver en retard au magasin. Elle rappelle ses trois compagnons de longue date dans leur pokéball, avant de sortir en toute hâte en direction de la boutique. La jeune femme espère juste une chose, qu’il n’y aura pas de fan qui viendront l’importuner sur son lieu de travail. Elle sait pertinemment que c’est en partie pour sa notoriété que la patronne de la boutique l’a accepté, mais Marie suppose que cette dernière n’aimerait pas forcément que son établissement assez tranquille soit envahi de fan, désireux d’avoir un autographe ou une photo. Et même il est difficile de travailler en étant interrompu pour ce genre de chose. Enfin, Marie se dis qu’elle se fait probablement du souci pour rien, et que tout se passera bien.
A peine elle franchit la porte de la boutique, que la patronne apparait, tout sourire (presque trop pour être honnête). Elle lui indique rapidement ou se trouve son casier, avant de refaire un tour de la boutique, pour être certaine que sa jeune stagiaire sache de quoi il en retourne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi se perdre dans la boutique. Entre la large gamme de tissu, les modèles d’exposition que les employés peuvent modifier aux goûts des clientes, il y en a des choses à faire.
Mais bon pour aujourd’hui, Marie doit s’occuper de la surface de vente avec Fang, une jeune femme à la peau bronzé et aux cheveux bruns qui semble un peu…comme un cheveu sur la soupe. La jeune femme est d’excellent conseil, là-dessus rien à redire, mais elle est très franche, trop franche. Quand quelque chose ne va pas, ou que la cliente semble partir pour un mauvais choix, elle ne prend pas de gants pour dire la vérité. Mais c’est peut-être ça que Marie aime chez la jeune femme, elle sait qu’il n’y a pas de sous-entendu avec elle.
La journée se passe bien, trop bien même. Les clientes sont adorables, et la discussion entre elles et Marie se fait sans problème, la plupart d’entre elles ne font aucune remarque à la jeune femme sur sa carrière passée, comme si elles ne s’occupaient pas de qui la rose pouvait être avant. Alors que Marie range un rouleau de tissu, une voix derrière elle l’interpelle. Première chose qui intrigue Marie, c’est qu’il s’agit d’une voix d’homme. Il faut avouer que la clientèle masculine se fait rare dans la boutique, c’est donc souriante qu’elle se tourne vers le jeune homme qui requière son aide.
-Bonjour monsieur que…
Elle s’arrête dans sa phrase en voyant les joues du jeune homme devenir aussi rouge que le Volcaropod de Yuna. Il ne faut pas longtemps à l’ex-coordinatrice pour comprendre que ce jeune homme l’a reconnue, et vu sa réaction il doit l’admirer. Marie a appris à reconnaitre ce genre de personne depuis bien longtemps, mais elle ne fait aucune remarque et laisse le jeune homme reprendre la parole. Il lui demande si elle est bien Marie Akabara, ce à quoi elle répond par un hochement de tête. La requête suivante de cet homme porte sur une demande d’autographe, ce qui élargi un peu plus le sourire de la jeune femme. Il fallait bien que ça arrive, mais elle ne peut s’empêcher de le trouver adorable avec la gêne qui le gagne. Il s’agit probablement d’un coordinateur qui est venu chercher du tissu pour une de ses créations…et il est tombé sur une de ses idoles à la place. Il la complimente alors sur ses performances durant la dernière Coupe Marc, ce qui fait chaud au cœur à la Frotheart.
-Merci, c’est toujours agréable de savoir que son travail est apprécié. Et pas de soucis pour ton autographe.
Elle prend le petit calepin qu’elle garde toujours avec elle et commence à le signer, avant de relever les yeux vers le jeune homme.
-Tu t’appelles ?
Quand le jeune homme lui dit son nom, ce dernier n’est pas inconnu à la jeune femme, mais elle ne se souvient pas vraiment d’où elle a pu l’entendre. Enfin ça lui reviendra surement, elle coupe proprement la feuille avec l'autographe et la tend au jeune homme. Après quelques secondes d’un silence gênant pour ce dernier, elle reprend la parole.
-Je suis désolée de t’annoncer ça, mais je travaille ici désormais. J’ai fait mes au-revoir à la scène il y a deux mois.
Il faut avouer qu’elle n’a pas fait de grands adieux comme le font une bonne partie des coordinateurs. Mais les évènements de Décembre n’étaient pas prévus, et il faut dire que la coordinatrice n’avait pas goût à remonter sur la scène.