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Ginji Labelvi
est un Adulte Champion Electrik
« Échec et mat »


***

Un frémissement.

Un délicat frémissement qui s’étire. Il part d’en haut, et se répand jusqu’en bas. La lumière qui passe au travers de la déchirure t’aveugles, et tu détournes rapidement le regard. Tu as passé un petit moment dans l’ombre, il faut laisser à tes yeux le temps de se réhabituer.

Au final, tout s’effondre. L’emballage qui enrobait ta cage s’affaisse, et laisse place à une vive lumière… Ainsi qu’à une main. Une main plus grande que la tienne, beige et dépourvue de fourrure, plume ou écaille.

Et une voix s’élève.

« -Ooooh… Qu’elle est adorable ! »

Enfin, tu oses lever les yeux. Te surplombe désormais ce visage ravi, d’une humaine à l’âge bien avancé. Elle te dévore du regard ; son sourire réjoui en dit long sur la joie qu’elle éprouve. Elle ouvre délicatement ta cage, et y fait pénétrer ses doigts incertains. Par réflexe, tu fais un pas en arrière, mais ne bouges pas plus que cela. Où irais-tu ? Elle occupe la seule sortie, et de toute façon… Tu ne ressens aucune animosité de sa part. Et puis, elle n’a pas l’air si dangereuse.

Alors, lorsque ses doigts arrivent à hauteur de ton museau, tu te contentes de les renifler. Ils sentent le propre, et la lavande : une odeur typiquement humaine. Tu te laisses rapidement convaincre par leur confort, et grimpe délicatement dans le creux qu’ils forment une fois réunis avec son autre membre.

Doucement, elle t’extirpe de ta prison, et t’amènes à hauteur de son visage. Toi, tu en profites pour balayer les environs. Tu es dans l’un de ses nids humains, sans ciel ni arbre, mais rempli d’un tas de perchoirs aussi improbables que saugrenus. L’endroit est vraiment spacieux, peut-être même plus que ces créatures en ont besoin. Tu les as déjà vu se compacter dans plus étroit encore, donc, pourquoi ces deux-là nécessitent autant ?

Deux, car oui, il y a un second humain. Un mâle, semblant tout aussi âgé que celle qui te tient actuellement. La principale différence avec elle, c’est que lui, tu le connais déjà : il t’a sorti de cette pension où tu es née et où tu as grandi. Ce n’a été en rien surprenant, tu as vu bien des frères et sœurs partir avant toi.

Et aujourd’hui, c’est ton jour. Tu n’as pas de suite compris pourquoi il a d’abord dissimulé ta cage dans cette fine et longue feuille bruyante, mais il t’a calmement expliqué qu’il s’agissait d’une surprise. Que tu allais juste avoir besoin d’être patiente le temps qu’il t’amène à la personne promise.

Chose qui est faite.

« -Cela te plaît ? »

Son ton calme et détendu a le don de te mettre en confiance. Chez l’humaine qui te tient, cela semble avoir surtout pour effet de la combler de joie.

« -Grandement ! Quelle adorable attention…  »

Elle pose ses yeux pétillants sur toi, et vos regards se contemplent mutuellement. Devant son enthousiasme apparent, tu ne peux pas t’empêcher de réagir : toi aussi, tu souris.

« -Comment comptes-tu l’appeler ? »

Elle prend une mine pensive, et émet un son méditatif. Il disparaît toutefois rapidement au profit d’un air plus détendu, tandis qu’elle s’accorde rapidement sur une réponse.

« -Elle sera ma petite Duchesse. »

Pour la première fois, elle s’adresse à toi.

« -Si cela te convient… »

Tu sembles surprise. Ce sera ça, ton nom ? Tu n’as encore aucune idée de sa signification, mais elle importe peu. Tu es juste contente de voir ta vie ainsi bouleversée.

Donc tu acquiesces.

Soit. Tu seras Duchesse.



***

La vie chez ces deux humains est bien différente de celle que tu as connu à la pension.

Là-bas, tu étais à l’étroit et noyée parmi tes semblables : ici, tu es seule, dans une habitation extrêmement spacieuse où il fait bon d’aller et venir.

Harry, le compagnon de l’humaine, quitte souvent votre havre de paix. Pour ramener la nourriture, sans nul doute possible. Elle ne tombera désormais plus comme par magie dans ta cage… Car de cage, tu n’en as plus !

Catharina y a rapidement tenu. Elle au moins, reste à tes côtés… Du moins, essaye. L’humaine n’est pas aussi énergique ou rapide que tu l’es. Cela t’amuse beaucoup. Et heureusement qu’elle a bon cœur, elle aussi prend plaisir à te voir gambader dans cette demeure.

Tu as vite compris qu’en l’absence de son compagnon, la pauvre Catharina se sentait seule. Telle est l’origine de ta venue en son foyer… Lui octroyer ce tendre sourire, que toi-même tu chéris tant.

Et puis, Catharina a toutes sortes d’idées d’activité. Avant, tu ne faisais pas grand-chose de tes journées. Désormais, elle t’éveille à de nouveaux jeux.

Au début pourtant, ses tentatives se confrontèrent à un refus total de coopération. La voir lancer une balle et la lui ramener ? Mais quelle idée ? C’est d’un ennui !

Ton humaine a tôt fait de le réaliser. Tu ne peux pas te satisfaire de jeux faussement distrayants… Il te faut quelque chose d’un temps soit peu intéressant. Alors, elle a commencé à augmenter le niveau…

… Passant du lancer de balle au cache-cache…

… Du cache-cache aux paires…

… Des paires aux Petits Galopa…

… Des Petits Galopa aux dames…

… Et des dames aux…



***

TAC.

C’est triomphante que tu poses ta pièce.

« -Échec et mat. »

Un sourire narquois aux lèvres, tu lèves tes yeux vers ta maîtresse. Elle n’a sans doute pas compris un traître mot de ce que tu viens de dire… Un des rares mystères que tu as pour l’heure été incapable d’élucider. Tu es presque certaine que c’est bien ce qu’elle dit en cas de victoire, pourtant : « é-chec-et-mat ». Mais tu as beau prononcer ces mots distinctement, elle paraît incapable de pleinement en saisir le sens. Seul le cri caractéristique de ton espèce semble parvenir jusqu’à ses oreilles…

Enfin, pas besoin d’une maîtrise complète du langage Pokémon pour comprendre où tu veux en venir. Le regard de Catharina est complètement figé sur l’échiquier, et repasse en revue un à un les éléments qui le composent.

C’est choquée qu’elle porte alors sa main à sa bouche.

« -C’est… C’est incroyable, tu as réussi ! »

A peine as-tu le temps de prendre une pose triomphante qu’elle se détourne pour s’adresser à son compagnon, sur le départ. Tu dégonfles immédiatement le poitrail, vexée qu’elle t’ignore.

« -Regarde ça, Harry ! Elle a réussi ! »

Occupé à équiper ses dernières affaires, il n’y prête qu’une attention distraite.

« -Mais tu ne m’as pas dit qu’elle arrivait déjà à jouer il y a quelques semaines ?... »

Elle insiste.

« -Justement ! Il n’est pas seulement question de bouger des pièces et terminer une partie, cette fois-ci… Elle m’a mis mat ! »

L’affirmation paraît suffisamment déroutante pour arrêter Harry dans sa démarche. Alors qu’il est sur le point de prendre la porte, il se rapproche de votre table et y jette un coup d’œil intrigué.

« -Voyons voir ça…  »

Après quelques secondes à peine d’observation, il acquiesce, étonné.

« -… Effectivement, on dirait bien un mat. »

Il dirige son regard vers toi, et sourit.

« -Excellent, Duchesse. »

Maintenant que tu as bien leur attention, tu réitères ta posture victorieuse. Elle ne l’émeut outre mesure, et il vient ensuite simplement te frotter la tête avec ses doigts… Ce que tu tentes d’empêcher en les repoussant, en vain.

« -Je suis bien content que tu ne sois pas tombée entre les mains de mes collègues de labo…  Ils seraient capables de t’ouvrir le crâne pour comprendre comment une petite peste dans ton genre peut être aussi intelligente. »

Enfin, tu parviens à te libérer, et tu lui tournes le dos d’un air vexé. Heureusement, Catharina est là pour prendre ta défense.

« -Mais enfin ! Si tu persistes à l’appeler ainsi, elle finira par mal le prendre…  »

Harry sourit, et lui dépose un tendre baiser.

« -J’arrêterai quand elle, cessera de dérégler mon réveil. »

Il se redresse, et retourne auprès de la porte. Catharina et toi le suivez du regard.

« -Mais puisque je te dis qu’elle a dû le faire tomber accidentellement ! Comment pourrait-elle faire une chose pareille, sinon ?…
-Qu’elle arrive à te battre aux échecs n’est pas une preuve suffisante qu’elle en soit apte, selon toi ? »

Tu ne peux pas t’empêcher de ricaner malicieusement. Si tu avais été capable de te retenir, tu aurais pu continuer de paraître innocente aux yeux de Catharina, mais la tentation est finalement trop forte. Ce rire t’octroie d’ailleurs un regard sévère de sa part, dans lequel tu ressens encore une pointe de déni.

Harry atteint enfin la poignée de la porte, qu’il ouvre.

« -Amusez-vous bien, toutes les deux. »

Il franchit tout juste le seuil, que Catharina le retient.

« -Mon amour, quand est-ce que tu décideras enfin à rendre ta blouse ?... »

Il s’immobilise, mais ne répond pas tout de suite. Il lance un regard désolé à sa compagne, puis soupire.

« -Je ne peux pas, tu le sais. Ce que je fais… C’est bien trop important. »

Il entreprend alors de refermer la porte.

« -Je t’aime. »

Et elle se clôt.

Un court silence s’ensuit, durant lequel tu détournes ton attention de l’entrée pour te concentrer sur Catharina. Cette dernière soupire elle aussi, mais bien plus tristement, avant de venir te grattouiller le menton.

« -Pourquoi est-ce que tu te sens obligée de faire des bêtises, comme ça ? Vous allez continuer de vous chamailler encore longtemps, tous les deux ?… »

La réponse à sa première question, elle vient tout juste de lui filer sous le nez.

Catharina n’attend qu’une chose de son compagnon : qu’il cesse ses allers-retours incessants avec l’extérieur pour pouvoir passer du bon temps ensemble. Mais Harry refuse obstinément d’arrêter son travail… Tu n’en as pas encore cerné toutes les subtilités, mais tu as cru comprendre qu’il est chargé d’étudier toutes sortes de comportement chez les créatures comme toi, les Pokémon. De ce qu’il dit, cela pourrait venir en aide à des tas de personnes… Mais…

Tu n’arrives pas à approuver son attitude. Pourquoi vouloir aider les autres quand il peut les aider elles, déjà ? Catharina et lui sont des humains âgés, tu le sais, et vous ne pourrez pas continuer à mener éternellement cette petite vie tranquille. Ne pourrait-il donc pas tout arrêter et en profiter ?… Tu as eu l’espoir qu’en rendant plus ardus ses départs pour le travail, il abandonnerait, mais non.

Cet humain est aussi buté que tu peux l’être…



***

L’air frais de la nuit caresse ton visage.

Perchée sur le rebord de la fenêtre, tu contemples la ville dans un silence absolu. Elle-même paraît endormie ; le tintamarre du quotidien se tait au profit d’un calme reposant pour ses habitants.

Ou presque. Tu jettes un regard derrière toi, et observes la couche de tes maîtres. Tous deux dorment à poings fermés, mais pas toi.

Après t’en être assurée, tu sautes.

Rares sont les fois où Catharina sort. Rares aussi sont les fois où tu la laisses seule : voila la raison pour laquelle tu ne te balades que de nuit, lorsqu’elle et son compagnon se lovent dans leurs couettes.  

Ce n’est pas plus mal, tes promenades nocturnes sont sans doute plus agréables que de jour. Non pas que tu sois particulièrement réticente au brouhaha et à la foule… Mais lui, l’est.

Tu n’as besoin que de quelques minutes pour le retrouver. Terré dans la seule zone du quartier où le sol est entièrement meuble… Et nommée « parc ».

« -Salut, Inso’. »

Occupé à creuser avec sa queue, il ne te remarque que lorsque tu le nommes. Il fait immédiatement volte-face et relève la tête pour t’observer.

« -Oh ! Bonsoir Duchesse ! »

Tu prends un air blasé, et viens te placer à ses côtés.

« -Je ne t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça. »

Il ne paraît que peu affecté par tes propos.

« -Tu as la chance d’avoir un surnom, autant s’en servir ! »

Et l’Insolourdo reprend son chantier. Toi, tu soupires.

« -Si j’avais su son sens à l’obtention, crois moi que je l’aurai refusé…  »

Tu te rapproches un peu plus de son trou, faisant fi de la terre qui vient se coller à ton pelage.

« -Pourquoi tu creuses ici, ce soir ?
-J’ai entendu un Ponchien… Enterrer un truc… Un peu plus tôt…  »

Sclunk. Sa queue percute quelque chose, et il se retourne pour l’attraper.

« -Et je suis venu… Le récupérer ! »

Il ressort avec l’objet dans sa gueule. Il le pose au sol, juste devant toi, et l’observe avec de grands yeux curieux.

« -Qu’est-ce que c’est, selon toi ? »

Ce que c’est ? Un grand disque, en plastique, plat, et aux rebords légèrement courbés. Tu es bien tentée de d’abord répondre « une assiette », mais…

« -C’est un frisbee. Les humains les lancent à leurs Pokémon pour qu’ils aillent le chercher. La mienne a voulu qu’on joue à un jeu similaire, une fois… »

Il agite la queue d’excitation.

« -Wow ! Tellement bien ! »

Tu le dévisages, non sans une touche de mépris.

« -… Sérieusement ? Je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant là-dedans…  »

Ton ami se redresse, les yeux pétillants.

« -Ça doit être amusant d’aller le récupérer au plus vite ! »

Tu le toises en un profond jugement, mais ne dis rien. Insolourdo a toujours été comme ça.

C’est l’un des rares Pokémon sauvages à vivre dans le coin. Il n’est pas très intelligent – en tout cas, pas autant que toi – mais il est bonne poire. Et lui au moins, il te comprend, quand tu lui parles.

Alors régulièrement, tu sors la nuit pour le retrouver, et prendre l’air. L’intérieur de ta demeure est étouffant. Une véritable prison dorée dans laquelle tu t’enfermes par simple égard envers Catharina. Tu n’es pas faite pour cette vie, tu le sais, mais elle a besoin de toi. Heureusement qu’elle est suffisamment consciencieuse pour t’autoriser ces escapades nocturnes… Sans elles, tu suffoquerais réellement.

Et puis, la simplicité d’esprit de ton ami est réellement rafraîchissante. Il a atterri ici après avoir été abandonné par un dresseur, et depuis, enchaîne découvertes sur découvertes. Il passe ses journées à dormir sous terre, et ses nuits à partir en quête d’objets insolites. Parfois, tu voles quelques affaires à tes maîtres pour les lui apporter, et cela le comble systématiquement de joie.

La trouvaille du soir devrait d’ailleurs le réjouir pour le reste de la nuit. Après qu’il soit parti la planquer dans son terrier, il revient auprès de toi, enthousiaste.

« -On fait quoi, maintenant ? »

Un sourire narquois naît sur ton visage. Il semble regretter sa question aussitôt.

« -… Ne me dis pas que tu veux encore… ?  »

Tu acquiesces lentement, telle l’être diabolique que tu es.

« -Oh que si. Je ne me lasse pas de voir leurs têtes effarées, à chaque fois…
-Mais… Tu sais à quel point je n’aime pas ça ! »

Tu gonfles les joues.

« -Pourquoi il faut que tu sois aussi trouillard ?… On a toujours réussi à se tirer avant de se faire attraper !
-Et… E-et le jour où on n’y arrive pas ? Et puis, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de drôles à aller détériorer les propriétés des humains ! »

Tu fais volte-face, et agites une patte nonchalante.

« -Ça va... »

En t’éloignant, ton rictus s’étire.

« -On met juste un peu de piments dans leurs vies, c’est tout ! »



***

« -Anh… C’est effarant ! »

Tu ne jettes qu’un œil à moitié intéressé à ta maîtresse, occupée à lire d’obscures d’inscriptions sur une feuille de papier.

« -Des voyous se sont encore amusés à dégrader des boites aux lettres, hier soir ! »

Tu détournes le regard, l’air de rien. Tu fais les trois cent coups chaque nuit depuis une éternité dans ce quartier sans que personne n’ait suspecté qu’il puisse s’agir de l’œuvre de Pokémon. Il faut croire que tu fais bien ton boulot… C’en est presque devenu trop aisé.

« -Tu sais, avec tous ces dangers qui traînent, je ne suis plus très rassurée à l’idée de te laisser sortir la nuit…  »

Tu écarquilles les yeux, et dévisages ta maîtresse. Ok, tu n’y as jamais réfléchi, à celle-là. Inévitablement, il a fallu que karma cherche à te rattraper… Devant ton air effaré, elle émet un léger un rire.

« -Ne t’inquiètes pas, jamais je ne pourrai te l’interdire… Mais tout de même, à la moindre présence suspecte, tu me promets de revenir ? »

Tu lèves la patte en signe de confirmation. Elle acquiesce, rassurée, et tu te retiens de souffler de soulagement. Autant tes petites cachotteries dans votre demeure n’ont pas grande importance, autant là…

Enfin, ton regard se focalise à nouveau sur l’air de jeu. Cela fait un moment que tu contemples l’échiquier sans trouver comment dénouer la situation dans laquelle tu t’es fourrée… Forte de ta précédente victoire, tu as voulu faire la maligne et vaincre Catharina encore plus vite, cette fois-ci.  Mais on dirait bien que l’objectif ne soit pas aussi aisé à atteindre… Ta dresseuse paraît en avoir conscience, et te sourit doucement.

« -Alors ? Tu es coincée ?  »

Tu plisses les yeux, et continues de fixer tes pièces. Elles ont été prises en fourchette, et tu ne parviens pas à trouver d’issu permettant à toutes leur survie. Que c’est agaçant ! Tu n’as aucunement envie d’en sacrifier, pourtant… Et face à ton entêtement silencieux, Catharina surenchérit.

« -Quelle que soit ta décision, une pièce en pâtira. C’est un choix cornélien, pas vrai ? Et tu as beau tourner et retourner la question… Tu ne peux que te rendre à l’évidence : quelqu’un va en souffrir. »

C’est alors qu’elle lève la main, et la dirige vers l’un de tes pions. Tu lui lances un regard fortement étonné quand elle se décide à jouer à ta place.

« -La meilleure chose à faire reste alors d’agir dans l’intérêt du plus grand nombre. »

Ta pièce prend une tour ennemie. Elle se fait ensuite manger par la dame adverse, et lorsque enfin tu reprends le contrôle, c’est pour une succession de coups faisant éclater vos formations respectives.

Au bout du compte, tu déplaces la dernière pièce.

« -… Échec et mat. »

Ton ton est bien moins enthousiaste que la dernière fois. Tu as pu gagner, mais uniquement parce que Catharina a agi à ta place. Elle paraît ressentir l’amertume dans ta voix, mais ne se défait pas de son tendre sourire.

« -Jamais je ne pourrai reprocher à Harry de nous faire passer après ses travaux. »

Ton expression se fige face à ce brusque changement de sujet, et tu dévisages l’humaine.

« -Il fait ça car il est convaincu de leur bien fondé. Et je refuse d’être celle qui privera le monde de ses découvertes. Et… J’aimerai que tu le comprennes. »

Tu détournes les yeux, un peu honteuse. Tu as toujours tout fait dans l’espoir d’attirer l’attention de Harry sur sa compagne, en vain, et voila désormais que celle pour qui tu agis t’en dissuade. Tes actions ont beau être discutables, tu était pourtant convaincue de bien faire…

Malgré tout, tu hoches lentement la tête. Ton objectif est de rendre heureuse ta maîtresse, et si la sensation d’être un obstacle dans le travail de Harry a l’effet inverse… Alors, il vaut mieux te raviser.

Catharina te frotte le sommet du crâne, visiblement satisfaire.

« -Merci, Duchesse. »

Ragaillardie, tu lui lances ton plus franc sourire.

« -Pas de soucis ! »

Elle rit devant autant d’assurance.



***

« -Duchesse ? »

Tu lâches un petit râle exaspéré.

« -Ne m’appelle pas comme ça. »

Tu as beau le lui répéter toutes les nuits, cela semble rentrer dans une oreille, et sortir par l’autre. Si tant est qu’Inso ait réellement des oreilles…  Malgré l’obscurité de la nuit et l’absence de lumière au sein du parc, tu parviens à discerner son expression perplexe.

« -Tu n’as jamais eu envie de voyager ? »

Ta moue se fait sceptique, et tu le toises avec désinvolture.

« -Pour quoi faire ? »

Il remue la queue avec envie.

« -Je ne sais pas. Pour voir de nouvelles choses ! »

Pas plus convaincue par l’idée, tu le désignes d’un mouvement de la tête.

« -C’est toi qui t’enthousiasmes sur tout et n’importe quoi. Pourquoi est-ce que toi, tu ne voyagerais pas ? »

Ta remarque paraît l’affoler. Vivement, il signifie son appréhension en s’agitant de gauche à droite.

« -Oh non, moi j’ai beaucoup trop peur ! Et puis, je découvre déjà tous les jours de nouvelles choses… Alors que toi, tu as l’air de connaître tout ce qu’il y a à savoir, ici ! »

Désintéressée, tu agites nonchalamment la patte.

« -Ma dresseuse me parle et me montre beaucoup de choses via ses livres. C’est pour ça. »

A la lueur qui illumine ses orbites, tu comprends avoir capté son intérêt.

« -Livres ? »

Tu souris.

« -J’essaierai de te montrer ça, un de ces quatre. Même si c’est un peu lourd…  »

L’idée l’excite assez pour le pousser à se coller contre toi.

« -Aaaah ! Merci Duchesse, tu es la meilleure !
-M-mais… Tu vas arrêter, oui ?! »



***



***

Encore une journée qui s’achève au sein de ta demeure, en compagnie de ta maîtresse.

Tu jettes un œil au travers de la fenêtre, et observes la voûte céleste. Le soleil est couché, et Harry n’est toujours pas rentré… Catharina capte ton air préoccupé, et se hâte de te rassurer.

« -Il m’a prévenu qu’il risquait de rentrer plus tard, aujourd’hui.  »

Elle t’adresse un délicat sourire.

« -N’attends pas qu’il soit là pour partir en ballade. Je peux me débrouiller toute seule. »

Yeux plissés, tu la toises, elle, puis l’extérieur. Tu te montres hésitante, mais elle t’encourage à y aller d’un mouvement du menton. Tu finis par hausser les épaules, et bondis sur le rebord de la fenêtre.

« -Je fais vite ! »

Elle a beau ne pas comprendre ton langage, elle comprend ton intention. Elle te sourit, et tu sautes.

Comme d’habitude, c’est vers le parc que tu te diriges. Il va encore falloir que tu cherches et trouves Insolourdo, puis que vous mettiez la patte sur une activité pour vous distraire. Si lui n’est pas spécialement dérangé par l’idée de ne rien faire, toi, tu aimes bouger.

Mais ce soir pourrait bien faire exception à la règle.

Tu as beau scruter le sol, il ne semble être nul part. Chose rare : il est beaucoup trop trouillard pour s’aventurer ailleurs seul. Et pourtant, après une longue fouille des lieux, impossible de le trouver. Tu repères bien quelques zones où la terre a récemment été retournée, mais rien qui ne t’aide dans ta quête…

… Enfin…  Il y a bien cette petite traînée de boue, là…  Qui va jusqu’à un tronc d’arbre, mais… Elle s’y arrête net, et aucun signe de trou dans les alentours.

….

… Une minute…

… Sur cette branche, là-haut…

Tu lèves les yeux, et ton expression se stupéfie.

« -In… Inso’ ?!  »

D’en bas, tu vois le corps crème de ton ami s’agiter doucement. Alors que tu t’approches, sa tête se penche timidement au dessus du vide, et te cherche du regard.

« -Bwah… Du… Duchesse ?... »

Tu clignes des yeux, pantoise. Puis, sans répondre, tu grimpes le long du tronc à vive allure. Tu viens te poser sur une épaisse branche en face du Pokémon sauvage, et le contemple sans trop réussir à comprendre ce qu’il fait là.

« -Comment as-tu atterri ici ? Je croyais que tu ne quittais jamais terre ! »

Ta vision paraît le ravir, malgré son air endormi.

« -Oh… C’est ce que je croyais aussi… Mais le Ponchien de l’autre jour m’a retrouvé, avec son frisbee, et… Dès que je me planquais sous terre, il commençait à creuser avec ses énormes pattes… Du coup, je… Je…  »

Il soupire.

« -Dans un élan de désespoir, je suis parvenu à monter ici. Il est parti avec son jouet, et moi, j’ai eu la trouille de redescendre… Puis je me suis assoupi…  »

Tu ne sais pas trop quoi penser de la performance. Autant tu l’as toujours vu incapable d’un tel exploit, autant tu le trouves idiot de ne pas avoir réussi à redescendre. Tu te contentes de lâcher un léger rire, avant de hausser les épaules.

« -Tu veux que je t’aide à retourner au sol ? »

Surprenamment, il te fait signe que non.

« -Jamais je n’ai été autant en hauteur ! La vue est plutôt jolie, d’ici. » il le confirme d’un regard vers les alentours « C’est toujours comme ça, quand on va plus haut ? »

Son regard est illuminé de la même lueur enthousiaste des nouvelles découvertes. Tu souris en réalisant à quel point il paraît captivé par le paysage, et tu hoches simplement la tête.

« -A peu près. Évidemment, selon l’endroit, tu ne vois pas les mêmes choses. »

Tu cales ton dos contre le tronc, et te laisses glisser nonchalamment.

« -Donc on est partis pour passer la nuit ici, si je comprends bien ? »

Il agite vivement sa queue pour montrer son ébahissement.

« -Oui ! Et demain, nous irons chercher un autre poste d’observation ! »

Sa remarque t’arrache un ricanement.

« -Tu as conscience qu’en t’exposant de la sorte, les prédateurs volants ont juste à tendre leurs serres pour te gober tout cru ? »

Il se fige, soudainement paniqué à cette idée.

« -Tu... Tu crois?!  »

Puis il paraît se souvenir de quelque chose, et il se tourne vers toi d’un air plus rassuré.

« -Mais si ça arrive, tu seras là pour me défendre, pas vrai ? »

Tu souffles, amusée.

« -Ouais. »

Et tu passes tes pattes derrière ton crâne.

« -Bien sûr. »

Un bruit en contre-bas attire alors votre attention. Si tu te contentes d’y jeter un œil désintéressé, Insolourdo, lui, se tourne pleinement vers son origine. Deux humains accompagnés de leurs Pokémon domestiques, et arborant de drôles de couvre-chefs, arpentent les lieux avec ce que tu devines être une lampe torche. Vous les observez faire sans un mot, et après quelques minutes, ils disparaissent simplement de votre champ de vision. Fixant leur ancienne position, Insolourdo se permet un commentaire.

« -Ils font de plus en plus souvent ce genre de déplacement nocturne… J’ai l’impression qu’ils cherchent quelque chose. »

Tu souris, mesquine.

« -Au hasard, les responsables des dégâts matériels des dernières nuits ? »

Inso’ se tourne lentement vers toi, et t’observes d’un air peu amusé. Tu t’attends à ce qu’il prenne la parole à ce sujet, mais au final, il te questionne sur toute autre chose.

« -Duchesse… Tu es vraiment heureuse, ici ? »

Tu lui lances un regard surpris. D’où elle sort, cette question ? Tu toises ton ami sans trop comprendre, et timidement, il développe.

« -Pouvoir vivre dans la demeure d’un humain… Être chouchouté et aimé par celui-ci… C’est le rêve de beaucoup de Pokémon sauvages… Mais j’ai l’impression que toi, tu cherches à prendre de la distance par rapport à tout ça. Dès que ta dresseuse n’a plus besoin de ta présence… Tu la délaisses pour venir ici. Un peu comme si, le reste du temps, tu restais auprès d’elle… Par obligation ? »

Tu fixes Insolourdo sans rien dire. D’abord parce que tu ne t’attendais résolument pas à ce qu’il lance une telle discussion, mais ensuite et surtout parce que tu prends le temps de réfléchir à ses propos. Toi, malheureuse ? Hmpf, c’est vrai qu’il t’arrive de sacrément t’ennuyer, en journée, mais de là à dire que tu es malheureuse…

Avec ta nonchalance habituelle, tu finis par hausser les épaules.

« -Bah. »

Tu détournes le regard.

« -Ça ne me dérange pas. Elle m’a élevé… Je lui dois bien ça.  »

Inso’ plisse les yeux, visiblement peu satisfait par la réponse. Néanmoins, il finit par faire avec, et acquiesce lentement.

« -Si tu le dis. »

Le silence s’installe entre vous, et votre attention se fige sur le ciel étoilé. Lentement, la nuit continue son chemin…



***

Tu te poses sur le rebord de la fenêtre en parfaite discrétion. La lune a bien avancé dans sa progression céleste, et après avoir aidé ton ami à redescendre de son perchoir, tu t’apprêtes à retourner dans ton logis. Tu as beau vouloir mener une vie à la fois diurne et nocturne, toi aussi, tu as besoin de dormir.

Tu pénètres à l’intérieur sans un mot, ne prenant même pas la peine d’avertir tes maîtres de ton retour. Ils doivent certainement sommeiller, et tu préfères éviter de les réveiller…

« -... »

Tes yeux scrutent, au travers de la pénombre, l’environnement qui t’entoure. Cette pièce était bien plus ordonnée, à ton départ… Quel est tout ce bazar ? Cela ne ressemble pas à Catharina de laisser autant de bordel derrière elle. Harry, oui… Mais pas Catharina.

Dans l’expectative, tu avances tranquillement au sein de la maison. Ta perplexité croît autant que le désordre ne désemplit pas. Tu finis par atteindre la chambre de tes maîtres, dans laquelle tu jettes un coup d’œil méfiant. Nul son à l’intérieur, et tu es contrainte d’avancer un peu plus pour t’assurer de leur présence dans l’immense lit au centre de la pièce.

Sauf qu’il y a personne.

Ton expression se fait encore plus suspicieuse à la vue de l’armoire grande ouverte, et éventrée de son contenu. En pressant le pas, cette fois-ci, tu quittes la chambre pour rejoindre une autres salle, dans laquelle tu dois faire le même constat. Il n’y a aucune trace humaine, ici, seul un désordre constant.

« -Catharina ? Harry ? »

Ta voix se perd dans le vide. Nulle réponse ne te parvient. Paniquée, tu retournes jusqu’au salon. Quelque chose qui t’a alors échappé te saute aux yeux.

La porte d’entrée est entre-ouverte.

Jamais tes maîtres se seraient absentés sans t’en informer. Jamais non plus ils auraient laissé la maison dans un tel état, sans même prendre la peine de la verrouiller. Avez-vous été cambriolés en votre absence ? Peut-être sont-ils allés prévenir d’autres humains…

Tu restes là, immobile au milieu du salon, sans trop savoir que faire. Comment réagir ? C’est bien la première fois qu’une telle situation se présente à toi… Ton regard balaie simplement les environs, dans l’espoir d’avoir manqué un détail en particulier, mais rien ne vient. Tu souffles alors un bon coup, et prends une mine pensive.

Tu n’es pas très sereine à l’idée de te retrouver seule dans ton domicile dévasté, mais attendre le retour de tes maîtres te paraît être la plus logique des solutions. Tu n’as aucune idée d’où ils peuvent être, donc partir à leur recherche serait vain… Autant rester là, et s’assurer que personne d’autre ne tente de rentrer sans ton consentement dans votre domicile.

Tu acquiesces avec conviction, et grimpes sur un meuble pour prendre de la hauteur. De là-haut, tu peux à la fois surveiller la porte, et potentiellement t’enfuir par la fenêtre par où tu es rentrée. Dans l’espoir que tu n’aies pas à recourir à une telle mesure, évidemment, mais mieux vaut être prudente.

Ton regard se pose sur l’échiquier, aux pièces toujours en place. Tu as déjà vu Catharina jouer toute seule pour passer le temps, lorsque tu ne connaissais pas encore les règles… Le principe t’échappe, il faut bien le reconnaître, d’autant que tu as bien du mal à déceler le potentiel distractif d’une telle méthode. Pour autant, l’absence d’activité immédiate et de partenaires de jeu te poussent à, naïvement, faire avancer un pion blanc. Avec toujours autant de scepticisme, tu fais avancer la même pièce du côté des noirs, et tu contemples le plateau, silencieuse. Puisque tu connais à l’avance les coups que tu vas jouer, cela pas d’intérêt… Ce qui fait que ton objectif devient de mettre à mal ton propre toi ?

Tu fronces le museau. Peut-être que cette pratique est plus intéressante qu’elle en a l’air…



***

Tu clignes péniblement des yeux.

Doucement, tu les ouvres. Le contact froid de la table te permet de rapidement prendre conscience d’un fait : tu n’es pas dans ta couchette.

Tu te redresses d’un seul coup. Le soleil s’est levé, et inonde la pièce de sa lumière. Autour de toi, un léger, mais pas moins dérangeant, désordre, une porte entre-ouverte, et un échiquier, en cours de partie.

Tu t’es endormie. Et il n’y a l’air d’y avoir toujours personne dans la demeure. Harry et Catharina ne sont pas encore revenus...

Ton regard s’arrête sur les pièces. Ton roi noir a été mis en échec par ta dame blanche. A force de te bloquer mutuellement, la situation a fini par évoluer… Tu prends ton roi, et le déplaces sur la seule case de libre. La dame suit. Et tu plisses les yeux.

« -Échec et mat. »

Tu lèves la tête, mais aucun sourire ravi n’est là pour accueillir ta conclusion. Toi-même es plutôt sceptique quant à elle celle-ci : tu as gagné, oui… Mais techniquement, tu as aussi perdu.

Tu soupires, et replaces les pièces sans attendre. Tu as encore du temps devant toi, visiblement, donc autant le mettre à profit.

Alors tu joues.



Une heure.








Deux heures.













Trois heures.


















La journée entière.




































La nuit suivante.



















































Le lendemain.



















































Le lendemain d’après encore.



















































Et ainsi de suite.
















































Tu enchaînes.
















































« -Échec et mat. »
















































Sur.
















































« -Échec et mat. »
















































Pendant un mois.




***

Tu observes le soleil qui décline, au loin. C’est un spectacle que tu as toujours contemplé depuis ta maison, aux côtés de Catharina.

Là, tu es sur une branche, en compagnie d’Insolourdo. Alors que ton regard reste fixé sur l’astre incandescent, tes mots ont pour cible ton ami.

« -Qu’est-ce que je vais faire ?… Qu’est-ce que je vais devenir ? »

Pas l’once d’une tristesse dans ta voix. Seule une résignée et froide constatation : tes maîtres ne reviendront pas. Ils sont tous les deux partis, cette nuit là, emportant à la hâte quelques unes de leurs affaires.

Sans toi.

Inso’ te regarde à peine, attristé par ta situation. Il baisse les yeux, et met quelques secondes avant de répondre.

« -Je… Je ne sais pas, Duchesse…  »

Tu claques aussitôt de la langue. Tu fermes les yeux, serres la mâchoire, et réponds sur un ton sec.

« -Ne m’appelle pas comme ça. »

Il se fige, et acquiesce, désolé.

« -P-pa… Pardon…   »

Laconique, tu te tournes vers lui, et l’observes droit dans les yeux.

« -Comment tu as fait, toi ?… Après ton dresseur t’ait laissé ici, loin de chez toi ? »

Il soupire.

« -…. Rien. Je me suis juste installé ici… Mais…  Ça n’avait rien à voir. Cet humain, il m’a juste capturé comme ça… Et relâché peu de temps après. Alors que toi et tes maîtres…   »

Il ne finit pas sa phrase, dans la crainte de te brusquer. Sauf que tu la complètes mentalement très bien toi-même, et te détournes pour à nouveau contempler le soleil.

Catharina. Cette humaine était d’une douceur à toute épreuve. Et Harry… Malgré que tu ne te sois pas toujours bien comportée envers lui, il faisait preuve d’un calme et d’une gentillesse infinie. Jamais, au grand jamais, tu aurais pu imaginer qu’un jour, ils te délaissent de la sorte.

Pourtant, ils l’ont fait. Volontairement ou dans la contrainte, ils s’en sont allés, sans t’attendre. Aucun signe de vie n’a suivi, aucune nouvelle, aucun retour…. Rien.

Rien qu’une maison résolument vide et… Silencieuse.

Alors que tu sembles prête à te consterner dans un même mutisme, tu reprends la parole.

« -Quelque part… C’est peut-être mieux comme ça. »

Inso’ te lance un regard profondément étonné, et tu développes, yeux baissés.

« -Catharina a toujours rêvé que Harry délaisse son travail pour elle. Et… Tu avais raison, l’autre soir. Je… Je n’étais pas faite pour cette vie. Peut-être que… Que Catharina s’en doutait, et… Lorsque Harry a enfin décidé de s’occuper d’elle, ils sont partis. Sans moi...  »

Tu inspires, et relèves la tête.

« -Pour me laisser vivre. »

Insolourdo sourit timidement.

« -Peut-être.  »

Toi aussi, tu souris. C’est absurde, mais cette étrange hypothèse a le mérite de te rassurer. Oui, Catharina et Harry sont partis, et oui, ils l’ont fait dans d’obscures circonstances…  Mais ils sont ensembles. Et c’est ce que Catharina a toujours voulu.

Tu le sais.

Ta présence n’a jamais été nécessaire à son bonheur.

« -…. Et, donc…  »

Tu te tournes vers le Pokémon Normal.

« -… Qu’est-ce que tu vas faire ?
-…  »

Tu hausses les épaules, et fixes le soleil.

« -Je ne sais pas… » votre conversation de l’autre soir te revient à l’esprit, et tu en relances hasardeusement l’idée « Voyager, peut-être ? Au final, je n’ai jamais pu aller bien loin de la demeure de mes maîtres parce que je devais rentrer avant l’aube… Mais maintenant, je pourrai explorer un peu plus les environs ? »

Tu lui lances ensuite un sourire narquois.

« -Et puis, il va bien falloir que j’apprenne à me nourrir de moi-même. Je ne peux pas continuer à te racketter des baies éternellement.  »

Insolourdo sourit, et agite vivement la queue, heureux de te revoir d’humeur joyeuse.

« -Oui. »

Tu souffles légèrement, comme si partir de ce simple postulat suffit à t’alléger l’esprit. Peut-être qu’en fin de compte, ton existence ne commence réellement que maintenant…



***

Un frémissement.

Un bruyant frémissement qui s’agite. Tu jettes un œil en contre-bas, et l’observes progresser.

Tu pensais cette forêt déserte de toute présence humaine, mais visiblement, tu te trompais. Un jeune mâle s’y aventure en ce moment même, accompagné d’un Pokémon domestique. Ils se sont perdus ? A leur expression, tu as plutôt l’impression qu’ils cherchent quelque chose…

Tu resterais bien en retrait, mais tu ne peux pas t’empêcher de fixer le sac qu’il porte. Cela fait des heures que tu cherches, en vain, de quoi te substanter… Tu espérais qu’en t’éloignant de la civilisation humaine, tu trouverais, mais vraisemblablement…

Il va quand même falloir que tu te serves chez eux.

Tu as souvent vu Catharina faire : les humains aiment transporter de la nourriture dans leurs affaires. Il n’y a donc aucune hésitation à avoir… Si tu veux manger, il va falloir plonger, et vite.

Tu t’exécutes donc. Tu bondis de ta branche, et vas pour attaquer l’humain.

Mais celui-ci paraît avoir quelques réflexes. D’un pas, il s’écarte de ta trajectoire, et te dévisage d’un air outré.

« -Eh ! »

Tu te poses en face de lui et son Pokémon, et souris, provocatrice. Cela a plutôt l’air de fonctionner puisqu’il réagit aussitôt.

« -Grr, tu vas voir toi ! »

Il attrape une Pokéball, et tu écarquilles légèrement les yeux. Tiens ? Il ne fait pas appel au Pokémon qui l’accompagne déjà ?

« -Goldfroy, au combat ! »

…. Hmm.

Tu n’as jamais vu ce Pokémon auparavant, mais son corps rocailleux ne te paraît pas être très bon signe.

…. Ça sent mauvais, tout d’un coup.



***

Tu avances à vives allures.

Tu n’as pas souvenir d’être déjà allée aussi vite. Tes petits poumons te brûlent légèrement, et tu es quelque peu essoufflée par le parcours. Pour autant, tu ne t’arrêtes pas, et progresses entre les allées désertes de la ville. Ce soir est particulier… Il est sans doute le dernier que tu passes dans les environs.

« -Inso’ ! Inso’ ! »

Tu déboules dans le parc en trombe. Tes cris à répétition ont pour effet de sortir ton ami de sa tanière, un peu en panique.

« -Q-quoi ?! Qu’est-ce qu’il se passe ?  »

Tu t’arrêtes devant lui lourdement. Et sans ménagement, tu lâches :

« -Je m’en vais ! »

Ses yeux s’écarquillent en grand.

« -… P… P-pardon ?! »

Tu poses tes pattes de part et d’autre de sa tête, et souris.

« -Je m’en vais, Inso’ ! Je pars ! »

Cela ne semble pas plus l’avancer.

« -O-où ça ?! »

Tu secoues la tête de droite à gauche.

« -Je ne sais pas. » tu le lâches, mais restes très proche de lui « Tout à l’heure, j’ai voulu voler des baies à un humain… Il m’a lancé une Pokéball, et je me suis laissée capturer en me disant qu’il me suffirait de lui en taxer derrière. Mais au final… Je me dis que ça peut être une bonne idée ! Il… Il vient de très loin, il y a avec lui des Pokémon qu’on ne voit jamais par ici ! »

Complètement emportée par ton récit, et pas encore remise de ta course, tu réalises soudainement la nécessité de reprendre ton souffle. Insolourdo en profite pour questionner ce choix quelque peu brusque.

« -Tu… Tu es sûre ? » il jette de nombreux coups d’œils aux alentours « Où est-il ? Je ne le vois pas… »

Tu acquiesces.

« -Il est dans un de ces Centres Pokémon. Il y passe la nuit, et j’ai cru comprendre qu’il partait dès demain… C’est pour ça que… Je suis venue te dire adieu ! »

L’emploi d’un terme aussi fort pour décrire votre séparation paraît légèrement l’ébranler, et tu en profites pour continuer.

« -Pour être franche, celui qui m’a capturé m’a l’air vraiment benêt. Mais pour l’instant, je vais me contenter de voir jusqu’où il peut m’emmener… Et s’il devient lourd, je m’en irai, puis je partirai découvrir de nouveaux horizons ! » puis tu ricanes, malicieuse « Si ça se trouve, je vais tellement le saouler qu’il me relâchera avant. »

Inso’ sourit timidement.

« -C’est… C’est un grand changement.  »

Ton rictus s’adoucit.

« -Oui. »

Il se défait lorsque tu lui lances un regard incertain.

« -Est-ce que… Ça va aller ? Des lunes que nous nous voyons presque tous les soirs, et… J’ai bien conscience de la soudaineté de cette décision..  »

Il acquiesce.

« -Ne t’en fais pas. L’adaptation, ça me connaît.  »

Ton expression se fait plus peinée.

« -Tu… Tu es certain ? » une idée te traverse l’esprit « Peut-être que ce dresseur voudra te capturer, toi aussi ! Bon, il a l’air d’être obsédé par un type précis de Pokémon, mais… Il ne me semble pas très rigoureux dans sa démarche... Et donc je me dis que...  »

Insolourdo t’interrompt.

« -Non. Je te l’ai dit, je suis bien ici…  »

Il marque un temps d’hésitation avant de continuer.

« -Toi et moi, nous sommes très différents. Je suis déjà extrêmement heureux que nous ayons pu devenir amis malgré cela. Maintenant...  » il baisse les yeux « Il est temps pour toi de suivre ta propre route. Ta place n’a jamais été ici… » il relève la tête, et te sourit franchement « Je l’ai toujours su. »

Tu entrouvres la bouche pour réagir, mais aucun son n’en sort. Tu restes ainsi béante un court instant, ne sachant trop que dire suite à une telle confession, et tu décides finalement de simplement prendre ton ami dans les bras.

« -Merci, Inso’. Merci pour tout. »

Il agite vivement la queue.

« -Merci à toi ! »

Vous restez ainsi quelques secondes, à vous câliner dans le plus grand des silences. Tu n’as jamais été du genre tactile, mais… Pour Insolourdo, pour ce qui est certainement votre dernier échange, tu te permets de faire une exception. En ton fort intérieur, tu reconnais même savourer l’instant…

Plus que Catharina et Harry, il a peut-être été celui qui t’a toujours le mieux compris, et ce en dépit de son côté un peu niais. Dire qu’il ne te manquera pas serait un odieux mensonge, et tu le sais.

Au final, la disparition de tes premiers maîtres a complètement chamboulé ta vie, plus que tu ne l’aurais cru. Tu ignores si cette voie est la bonne, si elle te rendra réellement heureuse, si elle est véritablement celle que Catharina aurait souhaité pour toi, mais tu n’as pour autant pas l’once d’une hésitation. Cette voie, tu as envie de l’emprunter, et de voir où elle te mènera.

Tu veux simplement te laisser porter par le vent.

Alors que votre étreinte s’éternise, tu t’écartes brusquement en prenant conscience de quelque chose.

« -Au fait ! J’ai un nouveau surnom, maintenant ! »

Son regard se fait étonné.

« -Déjà ? »

Tu hoches la tête.

« -Oui. Bon, je ne sais pas encore sa signification, mais… Je suis certaine que ça sera mille fois mieux que Duchesse !  »

Il s’agite, intrigué.

« -Ooooh ! Quel est-il ? »

Tu souris.










HARISSA

rp solo
« Échec et mat »

Des années plus tard, sur l’île d’Adala.

A moitié endormie, tu t’es mise à l’écart du reste de la chambrée pour piquer un somme. Néanmoins, ton sommeil est troublé par les échanges intempestifs entre Oz et Ginji, à peine plus loin.

« -Tu es juste beaucoup trop tête en l’air.
-Mais ! Ce n’est quand même pas de ma faute si elle a oublié de me rendre mon bouquin ! »

Tu leur jettes un regard désintéressé, observant avec une satisfaction muette le Raichu d’Alola sermonner votre dresseur.

« -Tu es soit trop tête en l’air pour ne pas avoir pensé à le lui rappeler, soit trop naïf pour ne pas avoir osé le lui réclamer. Je te laisse choisir.
-M-mais je !… Quoiqu’il advienne je serai forcément fautif à tes yeux, en fait ? »

Il lâche un soupir dépité, et Oz lève les yeux au ciel.

« -Si tu nous disais son nom, plutôt ? On pourrait simplement aller la voir pour le lui demander. »

Ginji baisse les yeux, résigné.

« -Catherine… N-non, Catharina ! Un truc dans ce style…  »

Tes oreilles se redressent sans que tu ne les contrôles. Les yeux d’Oz, eux, s’écarquillent doucement.

« -Catharina ? Ce n’est pas le nom du premier dresseur de Harissa ?
-… Quoi ? »

Tu plisses les yeux. Zut. Si tu avais su qu’un jour, Oz aurait été capable de lâcher ce genre d’information à ton maître, tu te serais abstenue de le faire toi-même. Tu n’échappes donc pas aux regards intrigués de Ginji et lui qui, après s’être tournés vers toi, viennent s’enquérir de la réponse.

« -C’est vrai, Harissa ? Tu as eu une dresseuse avant moi ? »

Tu agites la patte avec nonchalance.

« -Ouaiiiis, vite fait. »

Ta désinvolture amuse visiblement Ginji, qui croise les bras en un sourire.

« -C’est marrant. Avec ton comportement de sauvageonne, j’aurai pas cru. »

Joueuse, tu lui lances un regard un coin.

Tss. Si tu savais.



« Je peux pas me ramener à la maison, et faire, "Chérie, regarde ça, j’ai ramené un cyborg du futur !" »
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