''*clac, clac, clac* Fais pas...le malin...T'as de la fourrure toi, amigo !''

Malgré ses tentatives pour garder un visage parfaitement fermé, Lucki ne parvient pas à dissimuler complétement son amusement face à ma situation : même si j'ai suivi le conseil du panneau d'affichage et emporté une veste fourrée, j'aurais peut-être dû aller plus loin et choper de quoi me couvrir la tête ! Ça ne fait même pas 10 minutes que notre navire a plongé au milieu des glaces de la banquise, et j'ai déjà l'impression que mes couettes se sont solidifier sous l'effet du vent. Chaque fois que je pivote de la tête, je manque de m'éborgner !
Pour ne rien arranger, Katara a profité tout du long de cette petite virée aquatique pour plonger et replonger dans les eaux de plus en plus froides, en m'éclaboussant copieusement au passage. J'avais encore jamais vraiment fais gaffe, mais c'est vrai que sa fourrure est totalement isolante : elle se trouverait dans un bain à 40° que ça ne lui ferait probablement pas plus d'effet que ça !
Finalement, alors que les contours de la banquise se dessine loin devant nous, je dois admettre que rien  qu'à voir cette étendue vierge de toute présence, j'ai soudainement beaucoup moins froid. Mieux encore, la perspective de pouvoir l'explorer à fond d'ici quelques minutes, ça vaut tous les feux de camps du monde !
Malgré la disparition d'Andreas (Eh, ça a l'air super rigolo, j'peux essayer moi aussi ?), le reste des élèves n'a pas l'air particulièrement paniqué à l'idée que notre prof monte une tribu d'hommes des glaces en tant que Kaimorse-Rider. Il a survécu à bien pire, le pauvre.
Perso, je vais attendre un peu avant de m'élancer dans la poudreuse, hein. Première étape le matériel : même s'il grogne beaucoup, Gaston est particulièrement efficace et je récupère une paire de raquettes avant de les chausser. Voila, avec ça, pas de risque de finir enfoncé jusqu'à la tête dans la neige !

''Lucki, t'en veux une paire ?''

J'esquive à grand peine le tranchant de sa patte, lorsque le Lucario offusqué se laisse glisser au bas de notre embarcation, avec mon sac à dos. La plante de ses pattes arrières luit légèrement de son aura bleutée, manifestement il n'aura pas besoin d'aide pour repérer les sections de neige molle. De son côté, Katara profite sans vergogne de l'occasion pour venir s'ébrouer à mes cotés...Attends, tu vas voir !

''Reviens là !''

En deux bonds souples, la loutre s'est déjà dissimulée sous l'épais tapis neigeux, pour réapparaitre quelques mètres plus loin. Tu ne perds rien pour attendre, amiga, je te préviens !
Le temps de récupérer mon sac, posé contre la coque du navire...Ourgh! Pourquoi est-ce qu'il est aussi lourd ?! Ce matin, quand je l'ai préparé, il n'y avait que la Pokéball de Katara, mes casse-croutes habituels pour la route (à peine 2 kg de barres chocolatés, pour les petits creux, quoi) et rien d'autre ! J'ai même failli l'oublier, c'est Lucki qui s'est chargé de le choper et de l'amener jusqu'au bateau.. Alors comme ça se fait que j'ai autant de mal à le soulever ?!

''...Neakiiiiiiiiiiiiiiii !''

Relevant le clapet du sac, je me retrouve nez-à-museau avec une petite silhouette ronde et familière : les bajoues remplies de MES barres chocolatées, la Sabelette d'Alola me fixe l'air de dire ''Ben quoi ?'' avant de se laisser tomber hors du sac et de rouler au sol. On entendrait probablement mon cri jusqu'à l'autre bout de la banquise devant la disparition de mes provisions, si un autre élément ne m'avait pas subitement sauté aux yeux...Si ce sac contenait la Pokéball de Neaki et pas celle de ma Mustebouée, ça veut dire que c'est celui qui...AH NON !

''KATARA, VIENS PAR LÀ, VITE !''

Un peu surprise devant ma réaction, la Mustebouée me rejoint au bas de la passerelle du navire, avant d'ouvrir de grands yeux aussi étonnés que les miens : au fond du sac, emmitouflé dans une veste supplémentaire, se dresse fièrement un petit bout de coquille jaune crème. En un éclair, la type Eau se retrouve gardienne attitrée de l'Oeuf que m'a offert Aria, roulée en boule dessus pour le protéger du froid ambiant.
Gaston ayant déjà quitté les lieux en emportant sa fille sur un étrange traineau, je me vois mal le laisser là à la merci de n'importe quel Pokémon qui passerait dans le coin. Encore moins à bord du vaisseau, avec toutes les personnes présentes, qui sait ce qui pourrait lui arriver ? On dirait que notre petite exploration va prendre une tournure pour le moins imprévue...Que faire ? Avec une telle température, je doute que ce soit vraiment bon pour ce petit gars de rester à l'air libre. Mais si je m'enfonce trop loin du bateau et que le climat se durcit, ça va être encore pire.
Une minute...Andreas a parlé d'un coin protégé, il me semble.

''Ok, amigo...Je vais avoir besoin de ton aide. Tu pourrais me détecter toutes les auras que tu trouves mais sous la banquise ? Dépêche-toi !''

Avec Katara, nous devrions pouvoir maintenir la température de l'oeuf a un niveau correct quelques temps. Par contre, si tu pouvais te presser un peu, Lucki, ça m'arrangerait !

‘’Lucki, je veux pas te presser mais ça commence à devenir urgent, là !’’

Pourquoi est-ce que ça lui prend aussi longtemps ? Je veux bien que le froid affecte un peu son aura, mais repérer une concentration de Pokémons en mouvement sous la glace, ça ne doit pas être aussi compliqué que ça ! Plus les secondes passent, plus cet Oeuf va finir en meringue givrée, il en a conscience ,!
Même si Katara fait office de bouillotte et que je tente d’ajouter ma propre chaleur corporelle, on ne va pas faire illusion très longtemps...Ah !

*CRAC*

Avec une profonde inspiration, le Lucario se redresse et s’éloigne de quelques pas. Après s’être mis en position, il exécute une série de katas à même le sol, jusqu’à fissurer la croûte de glace, dissimulée sous la neige. Un bref regard à mon starter...S’il a preis la peine de nous ouvrir un passage, c’est que l’un des tunnels d’accès ne doit pas être loin. Par contre, il y a un petit détail qui risque de poser problème...Comment on est censé amener cet oeuf d’ici jusqu’à cette zone protégée, sans le congeler sous la banquise ? Même si je l’enveloppe dans toutes mes fringues, ça ne suffira pas et c’est moi qui vais finir en hypothermie...Non, il doit y avoir une vraie solution.

‘’NEAKI !’’

Mais c’est pas vrai, quelle morfale celle-là ! Sans aucun ménagement, la voila qui se jette sur le sac de l’oeuf, pour en déverser le contenu dans la neige molle à quelques centimètres du trou. Katara aurait probablement bondi sur la type Glace pour l’étrangler, si je ne l’avais pas rattrapé au dernier moment, complètement stupéfait : à l’aide d’une série de Poudreuse, Neaki est en train de...cristalliser l’oeuf, toujours enveloppé dans une veste ? Petit à petit, sous l’effet de son souffle glacial, la coquille se retrouve emprisonné dans une sorte de grosse sphère scintillante et une fois son oeuvre achevé, la Sabelette se contente de tapoter cette dernière de la patte pour en estimer la solidité...Ok, j’ai compris !

‘’T’es géniale, ma grande. Pour la peine, on reparlera de tout ce que t’a mangé dans mon sac plus tard ! Ok… la flotte !’’

♀8a va piquer un peu, j’imagine…*Plouf* AAAAAAAAAAH? C’EST F-F-F-F-FFROIIIIIIIIIIIIIID ! À moitié aveuglé par l’eau glaciale dans laquelle Katara vient de m'entraîner, je remarque à peine que Neaki a repris place dans mon sac et que Lucki nous emboîte la patte. Autour de nous, tout est devenu aussi sombre que silencieux et seul les mouvements de la Mustebouée viennent troubler ce vide liquide. Je n’ai même plus consience du haut et du bas, juste des tiraillements que la Type Eau appliquent sur mon poignet pour m’indiquer la direction à suivre. Si je rouvres les paupières, j’suis sûr que mes yeux vont se changer en glaçons...Katara, dépêche-toi !

‘’Aaaaaaah ! Du chauuuud !’’

Brrrr, plus jamais ça (Y’aura le retour, t’es au courant ?) ! Alors que nous émergeons de l’un des tunnels sous-marins dans une sorte de petite crique souterraine, la température de l’eau se réchauffe petit à petit, jusqu’à ce que je puisse de nouveau nager sans aide. Derrière nous, Lucki s’ébroue brièvement comme si cette balade sous-marine n’avait eu aucun impact sur lui( Faut vraiment que je me trouve de la fourrure , un jour).
Alors voyons un peu où on a atterrit : Andreas n’avait pas tort, c’est assez incroyable de découvrir un coin aussi verdoyant et tempéré sous la banquise ! On se croirait dans une forêt préhistorique, l’air est vachement pur alors qu’on est sous terre et rien qu’au bruit, je peux dire qu’il y a un bon paquet de Pokémons qui n’ont pas trop l’habitude d’être dérangés. Mais avant d’explorer tout ça, le plus urgent !
Avec l’aide de mon Lucario, briser la sphère de glace de Neaki ne prendra que quelques secondes et je constate avec soulagement que même si l’Oeuf est un peu plus frais qu’auparavant, sa coquille a commencé à trembler par intermittence...Quoi qu’il y ai là-dedans, il n’aime pas le froid et il ne se prive pas pour le faire sentir. Vu comme il bouge, ça ne devrait plus tarder !

‘’...!’’

...Reçu, amigo. Le Lucario s’est déjà mis en position entre nous et la source de plusieurs auras menaçantes et affamées, qui se rapprochent à grande vitesse depuis les sous-bois. En réaction à la posture du type Combat, Neaki et Katara ne tardent pas à faire barrage à leur tour, tandis que je reste en retrait, l’oeuf entre les bras. Ils auraient pu choisir un meilleur moment pour se montrer…

‘’Sssssss!’’

Le premier à se montrer sera un Arbok aux motifs sombres, la langue sifflante, qui ne tarde pas à se laisser glisser au bas d’une branche pour ramper à même le sol. Je suis pas un expert dans ce genre de Pokémons, mais c’est un GROS spécimen, celui-là ! Pour ne rien arranger, un autre Pokémon Cobra semble aussi motivé à l’idée de faire un bon repas et je discerne plusieurs petits silhouettes sinueuses dans son sillage...Il a ramené toute sa famille, ou quoi ?

‘’Lucki, doucement..Si ça se trouve, ils sont juste énervés parce qu’on est entré sur leur territoire.’’

‘’Kssss…’’

Vu comme ils se lèchent les babines et se concentrent sur ce que je tiens dans mes bras, j’aurais tendance à dire que le menu du jour a déjà été choisi. Et ça, il n’en est pas question ! Tendu comme un arc, j’attends le mouvement qui sonnera le début de la chasse...Et ce sera finalement Neaki qui s’élancera en avant, la carapace orientée vers ses adversaires !
Plus qu’heureux devant ce repas si généreusement offerts, quatre petit Abo se glissent sous leurs parents pour venir planter leurs Dard-Venin au coeur de la Sabelette.
Dans le même temps, les deux Arboks se détendent brusquement et tentent de mordre chacun l’un des bras de Lucki, qui se contente de rester parfaitement immobile devant leur assaut.

‘’Pas de bol les gras...Ils sont tous les deux de type Acier.’’

Au grand déplaisir des types Poisons, leurs attaques se révèlent totalement inefficaces et mes équipiers ne perdent pas une seconde pour en profiter : Neaki se lance  dans une série de Roulade, entraînant les pauvres serpents fixés à son dos dans son sillage, tandis que Lucki profite de ces prises si généreusement offertes, pour fracasser les Arboks l’un contre l’autre, avant de les balancer sans ménagement un peu plus loin.
Voila, maintenant, si on peut laisser cet oeuf tranquille pour son éclosio-AH !

‘’HISSSSSSSSSS !’’

J’ai manqué de vigilance : trop concentré sur la raclée que les types Poisons subissent, j’ai baissé ma garde et un Abo, dissimulé dans les feuillages, vient tout bonnement de se précipiter vers moi, la gueule grande ouverte. Katara a bien réagi dans l’instant, mais le serpent se révèle plus agile que prévu et esquive sa tentative de marteau-pilon...pour venir se saisir de mon Oeuf dans sa gueule béante, en m’envoyant bouler à coup de queue au passage !

‘’Katara ! Stoppe-le ! ’’

Même s’il n’a pas pu le gober sur le coup, le voilà qui s’enfuit avec mon oeuf ! Un fragment de coquille glisse alors au sol et je manque de trébucher devant son apparition...Est-ce qu’il le broie, ou est-ce qu’il…

‘’Griiiiiin !’’

Tiens bon, petit gars, on arrive !

C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vraiiiii ! Lucki, j’te laisse les finir, faut qu’on rattrape cet Abo avant qu’il ne se fasse un festin d’oeuf à peine éclos ! Katara sur les talons, je tenterai bien un placage pour attraper le bout de la queue de notre voleur, mais avec sa vitesse, je vais juste m’étaler dans les buissons. Au moins, sa trace se détache sur le sol moite de la caverne, impossible pour lui de nous échapper.
Face à l’intrusion de cet humain particulièrement en rogne (J’vais en faire des rondelles !), la plupart des Pokémons du coin semblent bien décidés à faire profil bas...pas plus mal, j’ai déjà assez de problème, sans en plus devoir calmer une multitude de type Plante en colère. Malheureusement pour moi, ce fichu reptile est beaucoup trop sinueux dans ses déplacements: chaque fois que je pense avoir un angle de tir pour mon disque de capture, il bifurque d’un seul coup et l’appareil manque de s’éclater contre un tronc ou un rocher. Pour un peu, j’demanderais presque à Katara de lui hydrocanoner (oui ce verbe existe) la tronche, mais tant qu’il aura le ptit gars dans la bouche, y’a mieux comme plan.

‘’Bali-gnon !’’

‘’Ouaaaah !’’

*Rollrollrollroll..Sbunk...Ourgh et autres onomatopées diverses*

Aïe...Qui m’a collé un arbre dans c ette forêt ? Et pile sur ma trajectoire en plus, j’peux savoir ce qu’il s’est passé ? Si on revoit l’action au ralenti...Ah ouais. Il a fallu que PILE au moment où je pense rattraper mon voleur et que je cesse de regarder où je mets les pieds, un Balignon décide de passer tranquillement par là et..vous connaissez la suite.
La tête à l’envers contre l’arbre, j’ai à peine le temps de voir Katara disparaître dans un fourré à la suite de notre proie, avant que le visage particulièrement outragé du type Plante n’apparaisse en gros plan devant moi.

‘’Bali, bali, BAAALIGNON !’’

‘’Ok, désolé, pas le temps !’’

J’m’excuserai correctement plus tard, pour le moment, j’ai d’autres Chacripans à fouetter ! Avec un peu de chance, Katara l’a rattrapé, on dirait qu’il commence à fatiguer et...Oulah.
BIen plus proche du lieu de ma chute que je ne l’aurais imaginé, Katara se tient parfaitement immobile, au centre d’une espace assez vierge de toute végétation. Parsemé de plusieurs rochers, la petite clairière naturelle ne payerait pas de mine, si un spectacle assez perturbant n’était pas en train de se dérouler en son centre : se tortillant en tout sens, la moitié de l’oeuf toujours en bouche, un certain Abo tente désespérément de se libérer  d’une paire de lames étincelantes, qui le clouent au sol sans aucune délicatesse. Leur propriétaire se contente, quand à lui, d’observer le type Poison, sans manifester la moindre intention de le libérer...ou d’en faire son prochain casse-croûte. J’ai pas souvent eu l’occasion d’en observer à l’académie mais ça, c’est un Scalpion et il a pas l’air du genre à plaisanter.

‘’Griiiin…’’

Y’a un truc qui bouge dans la gueule de l’Abo ! On dirait que notre petit fraichement éclôt s’est réfugié dans la sécurité relative de ce qui reste de sa coquille. Pour le moment, ça devrait faire l’affaire, mais plus vite on le récupère, mieux ce sera !
À pas lent, je rejoins la type Eau, avant de pivoter en direction du type Acier...Il a un peu le même regard que Lucki quand j’ai fait un truc stupide, ça promet.

‘’Hey. Désolé de te déranger mais j’aimerais récupérer...EH, ON SE CALME, OUI ?!’’

On va dire que c’est pas passé loin : j’ai à peine le temps de bondir en arrière, que l’une de mes deux couettes tombent au sol, tranché net par une attaque Taillade de sommation. Ok, j’ai compris, tu veux pas qu’on s’approche. Retenant Katara qui ne demande pas mieux que de lui bondir à la gorge (Crois-moi, à la moindre ouverture…), j’en profite pour observer le Scalpion : ce dernier darde un regard froid sur sa prise, qui a cesser de se débattre. Comme résigné, l’Abo entrouvre alors la gueule pour laisser tomber les fragments de coquille, ainsi qu’une petite forme jaune et brune couverte de bave et tremblante à terre.
Le regard du type Acier se durcit alors et il se penche légérement en direction du Tournegrin, en me quittant des yeux au passage.

‘’Katara, maintenant ! ’’

Dissimulée dans le buisson qui se trouve derrière-elle, les deux queues de la type Eau cinglent l’air en libérant un Coupe-vent...juste au-dessus du Scalpion. Anticipant l’attaque, ce dernier a déjà bondi en libérant l’Abo, qui s’enfuit sans demander son reste. Il n’aura pas le temps de réagir avant que je ne plonge en avant pour récupérer mon Tournegrin comme un ballon de rugby , avant de profiter du rocher le plus proche comme appui pour repartir en sens inverse. Et un sauvetage, un !
Lorsque je reviens auprès de Katara, en revanche, on dirait que le trop plein d’émotions à eu raison du type Plante : il est dans les vapes pour un moment, mais au moins, ce n’est pas dans l’estomac d’un gros lombric violet.
En revanche, on dirait qu’on est loin d’en avoir fini avec notre ami si aiguisé…

‘’Scaaaaal-’’

Lucki n’est jamais là quand on en a besoin (J’vais me faire taper pour avoir dit ça). J’arrive à peine à lire son aura, il pourrait me sauter à la gorge comme vouloir me faire un câlin, que y’aurait pas de différence. Euh, il fait quoi, là ? Le regard fuyant, le type Acier semble lutter contre une envie de plus en plus incontrôlable...Avant de tout bonnement commencer à ramasser les fragments de coquilles éparpillés un à un, pour les rassembler en un petit tas parfaitement équilibré. Malheureusement pour lui, avec des lames en guise de pattes, on dirait que la tâche est plus facile à envisager qu’à exécuter.
Il me fait de la peine, rien qu’à le voir galérer, comme ça...

‘’Attends, on va t’aider. Katara, tu chopes les petits morceaux ?’’

Ne crois pas que je ne t’ai pas entendu soupirer ! Il nous as aidé à récupérer ce petit Tournegrin, on lui doit bien ça ! Et puis, les puzzles, ça aide à forger des liens, à ce qu’il parait.

Et celui-là, il va...Là ! Si on m’avait dit que je finirais ma journée à faire des puzzles avec un Scalpion sous la banquise, j’avoue que j’aurais eu un peu du mal à y croire. Après, c’est loin d’être désagréable : le petit bonhomme s’est endormi, il fait assez chaud pour qu’on oublie qu’on est sur Isfjellet et depuis la fuite de cet Abo, aucun autre visiteur imprévu.
Et pourtant c’est bizarre, j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose…

*Poff*

‘’Hey ! Alors, ça s’est bien passé ?’’

Souris, si ça se trouve, il ne s’est pas rendu compte qu’on les a oublié : revenu de sa petite séance de baffes, Lucki vient de rejoindre notre petit trio d’un pas mesuré, tout en traînant le couple d’Arbok assommé dans son sillage. Un bref coup d’oeil par-dessus mon épaule...ouais, vu leur nombre de bosses, ils en ont pour un bon moment avant de reprendre connaissance. Faudra juste être sûr de quitter les lieux avant ça, c’est tout.
Quand à Neaki...Eh, au fait où est-elle passée ?

‘’Lucki ?’’

‘’...’’

Quoi ? J’veux bien ne pas m’inquiéter mais va me falloir un peu plus qu’un simple geste de la patte en direction de ces arbres...couverts de Baies juteuses. Ok, je crois que j’ai une ‘’vague’’ idée de ce qu’est en train de faire ma Sabelette. Et au cas où il me resterait le moindre doute, la vacarme de ses mastications va probablement finir par fissurer la banquise elle-même (ou alors, elle va tomber à court de baies avant ça…).
En attendant, notre petite session de puzzles semble avoir porté ses fruits: séparés en plusieurs tas bien nets, les fragments de coquilles ne trainent plus ici et là, au grand plaisir du Scalpion qui a retrouvé son calme apparent.

‘’Ça te convient ?’’

Un simple crissement de lames. J’imagine que ça veut dire ‘’oui’’. Il ne nous reste plus qu’à *soupir* partir en sens inverse et reprendre la route de la banquise….Et avec le retour à la surface complètement trempé, je vais me transformer en Grelaçon.

‘’Arf, Katara, t’es sûr que t’as rien pour nous protéger du froid en plus de l’eau ? Non ? Bon et bien...Euh, quoi ?’’

Qu’est-ce qu’il me veut encore ? Les deux lames pointés vers les profondeurs de la jungle, le Scalpion semble bien décidé à ce que je le suive (et je ne dis absolument pas ça parce qu’il commence même à tirer sur ma veste, en la lacérant au passage !).
Lucki n’a pas l’air de sentir quoi  que ce soit d’inquiétant venant de lui, j’imagine que je peux lui faire confiance...Et puis, il nous a aidé à récupérer Tournegrin, ça compte un peu ! Le petit type Plante précautionneusement placé, bien au chaud dans mon sac, nous nous retrouvons donc à avancer en file indienne derrière le Scalpion. À grand renforts de moulinets, ce dernier ne se prive pas pour nous ouvrir un passage dans la végétation, révélant dans le même temps des sentiers complètement invisibles à l’oeil nu. Je ne sais pas où il nous entraîne mais il a l’air bien décidé...Oh !

‘’Tu sens ça, Lucki ?’’

C’est léger mais...On dirait qu’on est en train de monter. Bientôt, la pente se redresse même suffisamment, pour que Lucki soit forcé de se servir de ses pattes pour conserver son équilibre. Dans le même temps, la température semble diminuer progressivement, jusqu’à ce que finalement, je commence à claquer des dents.
Et lorsque nous débouchons à l’air libre (et glacial) de la banquise, j’avoue que j’ai hâte de rejoindre le bateau : après le climat intérieur de cette caverne, le retour au froid est un peu brutal.
Reste à régler une question…

‘’Et toi, du coup ? Merci, au revoir ou...Ah ben. Ok, j’imagine.’’

Et le voilà qui s’enfonce à moitié dans la neige, en direction de notre navire. J’imagine que ça veut dire qu’il n’a pas l’intention de redescendre là-dedans. Entre le petit qui commence à s’agiter dans mon sac et ce couteau de cuisine ambulant, le retour promet d’être animé...