Le soleil a brillé toute la journée, offrant une température des plus agréables en ce début du mois de juin. Mais pour une fois je n’ai pas vraiment pu en profiter, alors qu’aujourd’hui personne n’avait cours. Comme à chaque fois que les vacances se profilent à l’horizon, les cours diminue de façon drastique, ce qui n’est pas pour nous déplaire, nous élèves.  C’est une journée particulière aujourd’hui, car je vais me lancer à l’assaut de la montagne, je vais tenter l’épreuve du doyen.

Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que j’ai changé depuis la mort de ma mère, et que je ne sais plus vraiment qui je suis. J’ai vu que j’étais capable du meilleur comme du pire, et c’est ça qui me gêne. J’ai entendu dire que cette épreuve du doyen était assez difficile, et qu’elle poussait ses participants à aller au-delà d’eux-mêmes, à découvrir qui ils sont aux fond d’eux. C’est justement ce dont j’ai besoin, savoir qui je suis, de quoi je suis capable…est-ce que je pourrais ressentir quelques choses ? De la déception en échouant dans l’épreuve ? De la joie et de la satisfaction en ayant réussi ? Je n’en sais rien, mais j’espère que je ressentirai quelque chose.

Je suis d’ailleurs en direction de la cabane où le Doyen de l’île attend que des personnes viennent se présenter pour relever l’épreuve. D’après les dires que j’ai entendus, c’est lui qui juge si une personne est apte ou non de tenter l’ascension. Enfin je me demande bien qu’est-ce qui va m’arriver dans cette ascension, pour que la Mairie, le Doyen et l’Académie se décharge de toutes responsabilités en cas d’accident, c’est que ça ne doit pas être de tout repos.

J’entends encore les mots très clairs de ma sœur quand je lui ai annoncé que je voulais tenter l’épreuve. ‘’Yuna, si jamais il t’arrivait quelques choses…tu as intérêt à pouvoir courir, car je te ferai payer la frayeur que j’aurai’’ comprenez par-là : Si jamais tu te blesses, je te tue. Charmant non ? Mais je ne peux pas lui en vouloir, je suis sa dernière famille et elle en veut pas me perdre, c’est tout à fait normal et à son honneur.


Me voilà finalement devant la cabane du Doyen, et je dois dire que je m’attendais à quelque chose de plus…rustique. La cabane est très simple, mais elle est comme flambant neuve, alors que l’on aurait pu s’attendre à un bâtiment qui tombe presque en ruine. Enfin je ne suis pas là pour juger de la demeure du Doyen, je suis là pour passer l’épreuve. Je toque à la porte, et attend qu’une voix grave me donne l’autorisation de rentrer. Je rentre et referme délicatement la porte derrière moi, saluant le doyen qui est assis à sa table, une tasse de thé fumante dans ses mains. Je prends quelques instants pour regarder les lieux, et comme l’extérieur, l’intérieur est vraiment impeccable. Chaque chose est à sa place, quelques décorations probablement des anciens exploits du doyen ornent les murs, un intérieur simple mais qui ne fait pas vide. Mais je ne suis pas venue parler  décoration d’intérieur, j’ai quelque chose de plus important à faire, et le temps presse.

-Bonjour jeune fille, je suis Tabalibungaba, le doyen de l’île, que puis-je pour toi ?
-Enchantée de vous rencontrer, je me nomme Yuna Frostheart, et je souhaiterai passer votre épreuve.

Je n’y vais pas par quatre chemin, ça ne servirait à rien de se perdre en politesse, ça ne ferait que me faire perdre du temps. Mon ton est cependant resté très poli, et après m’avoir détaillé du regard pendant quelques secondes, le doyen m’invite à m’asseoir en face de lui, alors qu’il se lève disparaitre dans la pièce à côté. Quelques secondes plus tard il revient avec une nouvelle tasse de thé fumante, qui pose devant moi avant de reprendre sa place.

-Pourquoi souhaites-tu passer l’épreuve ? Quelles sont tes motivations ?
-Je…

Je cherche mes mots, comment retranscrire un manque évident d’émotion sans paraître pour un monstre…C’est l’une des problématiques que j’ai le plus de mal à résoudre, je ne sais pas comment faire…ça ne sert à rien de réfléchir plus que ça.  

-Je ne le fais pas juste pour l’idée de me dire que je suis capable de gravir cette montagne, comme on put le faire une poignée d’autre personne. Je veux en apprendre plus sur moi, savoir ce que je capable de ressentir, de faire. Je ne parle pas en terme de force brute, ou de volonté, je sais bien de quoi je suis capable à ce sujet…Non ce que je veux vraiment, c’est savoir qui je suis devenue, quelle genre de personne je deviens.

Mes mots sont lourds de sens, et doivent changés de ce que le Doyen à l’habitude d’entendre. D’ailleur, même si c’est peut perceptible, il a haussé un sourcil suite à mon explication. Il me fixe dans les yeux désormais, comme s’il essayait de lire dans mon esprit, de comprendre qui je suis, et la véritable portée de mes mots. Après une bonne minute de silence, il se décide enfin à reprendre la parole.

-Tu serais prête à mettre en danger ta vie, juste pour savoir qui tu es ?
-Je n’ai pas d’autre option.

Ma réponse est franche, et directe, je n’ai pas hésité une seule seconde, je sais que cette épreuve pourrait s’avérer dangereuse, et je fais tout ça en connaissance de cause.  Je me suis renseignée auprès de mes amis qui ont déjà passé et réussi cette épreuve. Mais je sais que mon ascension sera différente de la leur, et c’est bien ce que j’espère d’un sens. Après un autre moment de silence, voyant que je ne plierai pas le regard, le Doyen ferme les yeux et bois une nouvelle gorgée de thé.

-Très bien jeune fille, tu peux passer l’épreuve.
-Je vous remercie.
-Ne me remercie pas trop vite, tu es loin d’avoir fait le plus difficile.

Je sais bien, mais c’est déjà un premier pas, je vais pouvoir gravir cette montagne, et si j’arrive à atteindre le sommet, je saurai peut-être enfin qui je suis devenue.

-Pour cette épreuve, tu auras le droit de partir avec trois compagnons. Vous devrez être aussi uni que les doigts de la main, pour pouvoir prétendre atteindre le sommet en moins de deux heures. Si le soleil se couche alors que vous n’êtes pas au sommet, ce sera un échec.

J’hoche la tête pour acquiescer avant de terminer mon thé, je n’ai pas mis bien longtemps à le terminer, mais j’ai l’habitude de boire des boissons brulantes (on est spé type feu ou on ne l’est pas). Le doyen me fait signer la fameuse décharge, avant de m’inciter à me lever et à le suivre à l’extérieur de la cabane. Il me guide…jusqu’au perron de la cabane, ou il me demande de faire sortir les trois pokémon qui m’aideront dans cette ascension. Et pour moi le choix est vite fait, je lance trois pokéball dans les airs, faisant apparaitre mes trois partenaires : Hestia, Ama et Arvak. Le Doyen semble un peu surpris de voir le Ponyta et l’Arcanin, aussitôt il me met en garde.

-Je te rappelle qu’il est interdit d’utiliser une monture dans cette épreuve. Tu es certaine de vouloir partir avec ces trois-là ?
-Absolument. Je sais que les montures sont interdites, mais Arvak et Ama ne sont pas seulement d’excellentes montures. Ce sont de formidables partenaires qui m’ont prouvés qu’ils étaient dignes de confiance, et que je peux mettre ma vie entre leurs mains. Quant à Hestia…

Ma Pyronille choisit ce moment pour grimper sur mon épaule, et je sens qu’elle a pas mal grandi ces derniers temps. Elle vient frotter son visage contre le mien, et je la caresse doucement avant de reporter mon attention sur le Doyen.

-Elle est ma première partenaire, et je n’envisage pas d’en apprendre plus sur moi sans elle.

Je sens la chaleur d’Hestia augmenter d’un coup, elle est contente, mes mots lui ont fait plaisir. Tabalibungaba nous observe avant de regarder sa montre, il est temps.

-L’épreuve démarre maintenant, bonne chance à toi jeune fille, tu vas en avoir besoin.
-Merci

Je me tourne vers la montagne, on va y arrivé, on va atteindre le sommet avant que la lune ne fasse son apparition.

Je crois que j’ai choisi la bonne journée pour faire une ascension, le soleil brille mais une léger vent vrai vient maintenir la température à un niveau des plus agréable. Il faut aussi dire que nous n’avons pas encore vraiment fait d’effort, nous n’avons donc pas vraiment très chaud. Pour le moment je suis le sentier que m’a indiqué le Doyen pour le début de l’épreuve. Hormis quelques petites pierres sur lesquelles je pourrais trébucher, il n’y a pas grand obstacle, et c’est tant mieux. Avec mon évident manque d’équilibre, je sais que je vais avoir des soucis. Maintenant que j’y pense, j’espère que je n’aurais pas à escalader une falaise, parce qu’avec Arvak et Ama, ça ne va pas être  de tout repos… Enfin on trouvera bien une solution le moment venu, je ne devrais pas me poser des questions sur ce genre de problème maintenant.

Enfin, connaissant ma chance légendaire les problèmes ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. Face à nous un monticule de rocher nous bloque la route, et bien entendu, il n’y a aucun autre passage. Pas le choix, il va falloir déblayer les rocher pour pouvoir passer.

-Ama, Arvak vous pouvez m’aider à dégager ces rochers ?

Mes deux pokémons feu acquiescent et nous nous rapprochons des pierres, mais plus on se rapproche, plus elles me paraissent étranges…Enfin seulement certaine d’entre elle. Alors que la plupart des rochers sont assez lisse, certaines sont cabossées…Et elles nous regardent. Une minute ça nous regarde ?!

-Racaaaaa

Nous nous stoppons tous les trois alors qu’un rocher –qui n’en est pas un- vient de nous crier dessus. Des racailloux ? Génial ça complique un peu les choses. De ce que j’ai lu, les Racailloux qui sont en dehors des grottes font des amas de rochers pour se cacher dedans, et ils ne bougent que la nuit. Donc il y a deux options, soit je les déloge tout de suite, soit j’attends la nuit, qu’ils bougent d’eux même. Bien entendu la deuxième option n’est même pas envisageable, il est hors de question que j’échoue dans cette épreuve par respect pour des pokémon roche qui se sont mis sur le milieu de la route.

Mais un combat direct ne serait pas forcément une bonne idée, je ne veux pas courir le risque de blessé l’un de mes pokémon sur le début de cette ascension. Car particularité de l’épreuve du doyen, je n’ai aucune pokéball sur moi, et c’est bien un problème. Le doyen m’a bien prévenu ‘’Vous démarrez à quatre, vous devez finir à quatre’’, je ne peux donc pas appeler un autre membre de mon équipe, mais je ne peux pas rappeler mes partenaires dans les leurs…c’est bien pour ça que j’espère ne pas avoir à escalader une falaise avec Ama et Arvak. Si l’on ne peut pas se battre, on va les bouger nous-même, je me tourne vers Hestia qui est toujours sur mon épaule.

-Hestia, tu vois tous les Racailloux ?
-Pyrooo
-Utilise sécrétion pour les ligoter, et attache les à Arvak.

Mes deux pokémon comprennent parfaitement là où je veux en venir. Une fois ligotés, les pokémon roche ne pourront pas attaquer, ainsi Arvak pourra les tirer de l’amas de rocher. Sans les Racailloux, nous pourrons facilement déblayer les rochers restant. Ma pyronille descend de mon épaule, et sans perdre de temps elle ligote les trois Racailloux présents dans le tas de pierre. Une fois Arvak attachés au pokémon roche, ce dernier commence à tirer, et c’est à ce moment que je me rends compte que mon Ponyta est puissant. Il parvient à tirer les trois poids, qui ne peuvent rien faire, et il les largue un peu plus loin. La toile d’Hestia finira bien par se fragiliser, ils se libèreront tous seuls…Enfin j’espère.

Je félicite mon Ponyta d’une caresse sur le cou, et je m’assure qu’il ne s’est pas fait mal en forçant pour tirer les trois Racailloux. Nous déblayons le reste des pierres sans problème, étant donné qu’il n’y a personne pour se cacher dedans. Quelques minutes plus tard la route est enfin dégagez, et nous pouvons reprendre notre route jusqu’au sommet.

J’aurai peut-être du libérer les Racaillou de leur prison de toile.

Hestia, Arvak, Ama et moi continuons notre ascension vers le sommet du mont Skiddo, mais je ne peux m’empêcher de repenser à ces Racaillou que j’ai laissés derrière nous. En temps normal ils ne devraient avoir aucun mal à se dégager de la toile d’Hestia, cette dernière est solide, mais avec le temps et un peu d’effort on peut facilement s’en dégager. Mais s’il y avait un imprévu, et si la toile d’Hestia est trop épaisse, peut-être qu’ils ne pourront pas se libérer. Ce qui vient de dire que je viens de condamner trois pokémon…

Je…je suis vraiment devenu un cœur de glace, je le sais bien pourtant. Avant je n’aurais pas hésité une seule seconde, je les aurais dégagez du chemin et je les aurais libérer de leur prison, au risque de me prendre une puissante attaque roche dans la figure. Enfin non ça ne se serait pas passé comme ça, j’aurai demandé à Arvak de les dégagez de là à gros coup de Lance-Flamme. C’est vrai que depuis les incidents de Nénucrique, je suis beaucoup plus posées et calme qu’avant. Surement parce que mon plus grand trait de caractère avant, c’était mon impulsivité. Il m’arrivait de vraiment faire preuve de logique et de reflexion, mais la plupart du temps j’agissais à l’instinct, et par ce que me dictais mon cœur. Ce dernier étant froid comme la glace désormais, je ne résonne plus qu’avec mon esprit et mes connaissances, tout le reste n’est que pure imitation de celle que j’étais.

Peu de personne l’on remarqué, mais il y en a quand même, qui ont compris que quelques choses avait changé en moi. Erika et les Geisha par exemple, qui ont clairement vu mon changement d’attitude en combat ; Iléa l’éducatrice de l’école qui m’a collé des séances avec elle tous les jours. Ou encore Cael, ce ranger qui a perçu grâce à l’aura que je ne ressentais plus rien. Mais plus le temps passe, plus j’ai l’impression que je joue de mieux en mieux la comédie, et que de moins en moins de personnes pourront découvrir le poteau rose un jour.

Bien entendu ceux qui ont découvert la vérité essaye de m’aider, mais je sais que parfois, je perds complètement espoir, comme maintenant. Je me dis que jamais je ne retrouverai mes sentiments, que je serai une machine capable d’imiter les sentiments. Une machine capable de trahir et de blesser les personnes qui comptent pour moi. Est-ce que je peux encore dire qu’elles comptent si je ne ressens plus rien ?

Je n’ai pas vraiment le temps de me poser la question, que je sens une vive chaleur émaner de la boule de poil sur mon épaule. Inutile de regarder le visage de ma Pyronille pour savoir qu’elle a compris ce qui se passait dans ma tête. Parfois je me demande si elle n’a pas un troisième type Psy, c’est comme si elle lisait dans mon esprit, je n’ai pas besoin de parler pour qu’elle comprenne ce que je ressens. Et c’était réciproque…avant. Je n’avais même pas besoin de la voir, où que Stella ne me fasse la traduction télépathique pour la comprendre. Maintenant j’ai un peu plus de mal, comme si notre lien s’effritait peu à peu. C’est quelque chose que je regrette d’ailleurs, mais je sais que c’est entièrement ma faute.

Soudain les bruits de sabots d’Arvak s’arrêtent, et je comprends que mes deux gardes du corps viennent de s’arrêter à cause d’un nouvel obstacle sur la route. Je n’avais même pas remarqué que le chemin c’était rétréci au fur et à mesure que l’on avançait. Nous sommes maintenant entre deux pans de montagne dans ce qui semble être un minuscule canyon. Malheureusement pour nous un gros pokémon nous barre le passage, et ce n’est pas un Ronflex que l’on peut réveiller à la pokéflute, ça non. Il s’agit d’un immense Monaflémit qui prend toute la largeur du passage.

Génial, il va falloir que je trouve un moyen de le passer. Malheureusement pour moi, il fait pile poil la largeur de la route. Arvak et Ama ne devrait avoir aucun mal de passer au-dessus grâce à un saut, mais Hestia et moi ne pouvons pas passer. Je doute qu’il me laisse l’enjamber aussi facilement, et je n’ai pas le droit de me servir de l’un de mes pokémon comme monture. Bon je pense que cette fois je n’ai pas d’autre choix, il faut que l’on emploie la manière forte. Je m’avance vers le pokémon normal, bien décidée à en découdre avec lui, mais peut-être qu’en négociant, il y a moyen de passer.

-Bonjour Monaflémit. Je sais que nous sommes sur ton territoire, mais nous aimerions passer. Si tu pouvais te décaler, juste un petit peu que nous puissions passer, ce serait vraiment très gentil.
-Mona…

Je n’ai pas besoin de pokémon télépathe pour comprendre que c’est un non, qu’il n’a pas du tout l’intention de bouger. S’il le prend comme ça, on va passer à la manière forte…Enfin c’est ce que se dis Ama qui prépare déjà ses flammes pour passer à l’offensive, et nous dégager le passage. Mais quelque chose cloche…Ce Monaflémit n’a pas l’air agressif, s’il défendait son territoire, il nous aurait mis en garde. Surtout, il se montrerait plus menaçant, d’autant qu’il voit clairement Ama prêt à en découdre avec lui, et être une menace pour son territoire. Soit ce pokémon sauvage est certain de sa supériorité, et il pense pouvoir battre Ama sans problème…ou alors il n’a pas l’envie de se battre.

Maintenant que je l’observe attentivement, il est différent du Monaflémit que j’ai déjà rencontré avant. C’était celui de Norman, le champion de l’arène de Clementi-ville à Hoenn, lors d’un tournoi regroupant d’excellent dresseur. Mon père m’y avait amené parce qu’il savait que j’aimais par-dessus tous les combats pokémon, et j’ai eu l’occasion de voir le Monaflémit en action. La première impression que j’avais eu, c’était ‘’mais c’est quoi ce pokémon qui dort sur le terrain ?’’ et j’ai très vite compris que c’était un redoutable pokémon.

Dans ses yeux brillaient une lueur, celle du combat. Cette lueur que j’ai moi-même possédée, et qui semble avoir aujourd’hui disparue…Maintenant que je regarde ce Monaflémit avec attention, il n’y a rien…dans ses yeux, il n’y a rien qui brille, juste du vide, un ennuie profond qui lui a fait perdre goût à la vie. Plutôt que de l’affronter…si je parvenais à faire briller ses yeux, peut-être qu’il me laisserait le champ libre. On va tenter, et en dernier recours, je demanderai à Ama de s’en occuper, mais pour le moment je dois stopper mon pokémon qui s’est tendu, et qui est prêt à frapper.

-Ama arrêtes.
-Canin ?
-On a peut-être pas besoin de se battre. Arvak.

Mes deux premiers pokémon me regardent assez bizarrement, peu habitué à ce que je dise ce genre de chose, alors que quelques secondes avant, je semblais clairement partie pour un combat.

-Arvak, il faut que tu nous fasses une petite prestation, comme celle qu’on a apprise chez les Geishas à Jotho.
-Pony ?

Je sors de mon sac, l’un des seuls objets que j’ai pu emmener dans cette ascension, il s’agit de lunette noire, dont les branches sont incrustées de pierre. Je ne peux m’empêcher de penser à Sirius, le concepteur de ces lunettes. A l’origine se sont les lunettes pour Deva, ma Magby, mais elles sont déréglée et je devais les donner au coordinateur pour un petit réglage. Ma Magby ne dira rien si elle ignore qu’Arvak les as portés pour divertir un Monaflémit. Je pose l’accessoire de mode sur la tête de mon Ponyta, et il tient tout seul, c’est parfait, maintenant il est temps pour Arvak de monter sur scène.

Mon Ponyta s’avance un peu, alors qu’Hestia, Ama et moi-même reculons pour lui laisser la place. L’équidé de feu s’incline devant son public, avant de commencer à faire un petit tour de ce qui s’avère être sa scène du jour. Ça ne pas pareil que sur la scène du théâtre, mais ça fera l’affaire…enfin j’espère.

Mon Ponyta joue avec l’intensité de ses flammes, elles sont tantôt faible, tantôt puissante. Mais ce n’est pas le vrai spectacle, loin de là, ce n’est qu’un échauffement pour mon pokémon feu qui est en train en quelque sorte de calibrer ses flammes pour la suite de la prestation. D’ailleurs il a terminé, car il accélère un peu le mouvement, passant au trot alors qu’il lève bien la tête. Il fait onduler ses flammes, ce qui amplifie ses mouvements, mais c’est encore très lent. Au fur et à mesure qu’il fait des tours de piste, il accélère, prenant des virages de plus en plus serré. Mais plus sa vitesse augmente, plus la trainée de feu en fait de même. On a l’impression que les flammes d’Arvak forment une ligne tout autour de la scène.

J’observe le Monaflémit qui semble vaguement intrigués par ce qu’il se passe devant lui. Je ne saurais dire s’il aime bien, ou si c’est juste un intérêt semblable à ‘’non mais qu’est-ce qui te prends de courir aussi vite en rond sur ce petit chemin ?’’.  Pendant ce temps, mon Ponyta resserre de plus en plus ses tours de piste, à tel point que finalement il tourne juste sur lui-même, de plus en plus vite. Il intensifie grandement ses flammes, à tel point que le feu finit par s’élever, créant une tornade de feu. Je peux sentir d’ici la chaleur des flammes, c’est juste magnifique, les flammes dansent, créant un bouclier qui semble impénétrable. Impénétrable sauf par moi, car ce sont les flammes du corps d’Arvak, et il peut décider qui sera bruler ou non.

Mais je ne bouge pas, cette prestation c’est la sienne, je n’ai rien à faire dedans. En revanche, le Monaflémit ne bouge pas, mais son regard reste fixé sur la colonne de flamme face à lui. J’avais raison, il ne défend pas son territoire, sinon il aurait considéré ce tourbillon de feu comme une menace pour lui.

D’un coup net et précis, Arvak se cabre pour poser violemment son sabot au sol, faisant disparaitre les flammes. Il lève la tête et toise son public…public qui n’a strictement pas bougé, et qui semble ne pas comprendre cette fin aussi brutale. J’espère que ça va passer, pour une fois que je ne veux pas en venir aux mains…

Les minutes passent, et personne ne bouge, comme si le moment était figé dans le temps. Puis, sans une explication, le Monaflémit se lève, il tape trois fois dans ses mains, avant de partir. J’ai du mal à y croire, c’est passé, je l’ai vu dans ses yeux. C’était faible, mais les yeux du pokémon Normal brillaient un peu, comme s’il avait trouvé quelque chose qui changeait de son éternelle routine. En même temps, il ne doit pas voir beaucoup de pokémon feu dans ces montagnes, alors voir un cheval de feu créer une colonne de feu, ça doit quand même le changer un peu.

Je m’avance vers Arvak, le gratifiant d’une nouvelle caresse avant de lui retirer les lunettes de Deva. J’ignore si elles ont eu leurs rôles à jouer dans l’appréciation de cette prestation, mais je ne vais pas prendre le risque qu’elles ne s’abiment d’avantage.

-Bien joué Arvak, tu as été parfait. Bon on est d’accord, personne ne dit à Deva qu’on a utilisé ses lunettes, je n’ai pas envie qu’elle ne me pique une crise, et qu’elle m’oblige à lui en racheter d’autre.

Mes trois partenaires du jour acquiescent sans problème, aucun d’entre eux ne veut voir la Magby piquer une crise, et être sa source de cette dites crise. En même temps, être la cible de ses critiques, ça va bien cinq minutes mais c’est difficile à supporter sur le long terme. Je range donc l’objet du délit dans mon sac, et je regarde le chemin désormais dévoilé.

Finalement, nous avons réussi à refaire briller une lueur dans les yeux de se pokémon alors…peut-être que je réussirai à refaire briller cette lueur dans mes yeux et mon cœur…que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, tout n’est peut-être pas perdu.

Nous sommes bientôt à la moitié du chemin.

Enfin j’espère, car ça fait bientôt une heure qu’on monte cette montagne, et j’ai vraiment l’impression de ne pas en voir le bout. Pourtant quand je regarde en arrière, nous avons déjà fait pas mal de route, mais il nous en reste tout autant à parcourir. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ça en me lançant de l’ascension du mont Skiddo, loin de là. Je pensais sincèrement que cette épreuve serait difficile de par le terrain accidenté, les conditions climatiques qui peuvent changer du tout au tout, ou encore par les pokémons sauvages qui habitent la montagne.

Mais non tout ce que j’ai croisé, ce sont des Racaillou cachés dans un amas de pierre et un Monaflémit lassé de la vie qui ne voulait pas bouger de la route.  Rien de quoi combler les attentes de mon Arcanin. Je le sens, il trépigne d’impatience de se frotter à quelqu’un, et je peux le comprendre. Je lui ai interdit de se battre face au Monaflémit, alors que je suis certaine qu’il aurait réussi à en venir à bout sans trop de problème. Je ne sais pas pourquoi, je n’avais pas envie d’un combat, ce qui va à l’encontre des désirs de mon pokémon, et ce dernier me le fait bien comprendre.

Nous arrivons finalement dans une zone assez plate, avec pas mal de verdure, de quoi cacher une bonne embuscade. Pourquoi je parle d’embuscade, parce que j’ai clairement le sentiment que c’est ce qui va nous tomber dessus. Nous nous arrêtons quand un buisson se met à énormément bouger, et qu’un pokémon blanc en sort. Je n’ai aucun mal à reconnaitre ce pokémon, il s’agit d’un Mangriff, un pokémon normal qu’on trouve assez souvent à Hoenn. Ce dernier semble très méfiant, et il porte sur son corps les traces d’un récent et violent combat. D’ailleurs en nous voyant, le pokémon normal se met aussitôt sur la défensive, ce qui fait réagir immédiatement Ama, que je dois retenir.

-Calmes Ama. Ecoute Mangriff, on n’est pas là pour t’affronter ou te prendre ton territoire, on veut juste passer.

Le pokémon normal nous regarde à tour de rôle, avant que son regard ne se pose définitivement sur moi. Il semble voir s’il peut nous faire confiance, si nous ne sommes pas une menace pour lui et son territoire…Et effectivement, ce n’est pas nous la menace. D’un seul coup cinq Seviper surgissent des buissons alentours, encerclant le pauvre Mangriff. Je comprends pourquoi il était si méfiant, il a du sentir la présence de ces ennemis naturels, et il se tenait prêt à les affronter. Mais il m’a l’air en assez mauvais état, je ne pense pas qu’il va pouvoir affronter tous ces pokémon poison d’un coup.

Qu’est-ce que je dois faire ? Est-ce qu’on doit aider ce Mangriff, où laisser la nature faire les choses ? L’image des Racaillou que j’ai laissés sur le bord de la route me revient en mémoire…mais pas seulement. Je me revois quelques mois en arrière sur la plage de Nénucrique, face à mon frère et sa Séviper. Elle était aussi fourbe que son dresseur, mon frère n’est qu’un serpent qui m’a quasiment tout pris…Hors de question de laisser ça se reproduire sous mes yeux sans réagir.

-Ama…
-Canin ?
-Tu as carte blanche.

Je n’ai même pas besoin de voir la tête de mon pokémon pour savoir qu’un large sourire l’occupe. Je viens enfin de lui donner l’autorisation qu’il voulait depuis le début de cette ascension, il a le droit de rentrer dans le tas. Il n’en faut pas plus à mon Arcanin pour se recouvrir de flamme, et de foncer sur l’un des Séviper, l’envoyant voler contre un arbre. Tous les pokémons sauvages sont surpris de cette action, mais le Mangriff est le premier à se reprendre, et à partir à l’assaut lui aussi. Il a compris que pour ce coup, nous ne sommes pas ses ennemis. Arvak a envie de se mêlé à la bataille, mais je le retiens.

-Laisse Ama profité un peu, depuis le temps qu’il attend ça.

Et il faut avouer qu’il en profite plutôt bien, il affiche un air sérieux, mais au fond de lui, il s’amuse comme un petit fou, enchainant les attaques feu avec une vitesse incroyable. Il se sert même de Vitesse extrême pour couvrir le pauvre Mangriff qui peine avec son adversaire. Finalement, heureusement pour le pokémon Normal que nous passions dans le secteur, sinon la nature aurait été bien cruelle avec lui.

Après quelques minutes d’un combat des plus simples pour Ama, ce dernier conclue avec une attaque Boutefeu qui met en déroute le dernier Séviper encore présent. Hors quelques attaques subies et les dégâts de recul des Boutefeu, mon Arcanin n’a pas rien. Je m’approche de lui pour le félicité comme il se doit d’une gratouille derrière l’oreille.

-Beau travail. Tu n’attendais que ça, de pouvoir te battre.
-Canin !!!!

Je me tourne vers le Mangriff qui nous fixe longuement, avant de faire un signe de tête et de repartir à ses occupations. Je suppose que ça veut dire merci.

-Bon allez les amis, on a perdu assez de temps.

Je lève les yeux pour voir le soleil qui doucement mais surement décline à l’horizon, il ne faudrait pas qu’on loupe l’épreuve quand même.

La fatigue commence à se faire sentir.

Je ne suis quand même assez endurante, mais je ne pensais pas que monter une montagne comme celle-ci pouvait être aussi fatiguant. Au moins j’aurais appris qu’il va falloir que je m’entraine un peu plus au niveau de l’endurance. C’est bien d’entrainer ses pokémons tous les jours, encore faut-il pouvoir suivre la cadence, et visiblement ce n’est pas trop mon cas. Mais je ne peux pas demander à Ama de me porter, sinon l’épreuve sera un échec, et j’ai l’impression qu’on n’est pas si mal parti, à en juger par la position du soleil et le chemin qu’il reste à parcourir.

J’espère que nous ne rencontrerons pas d’autres imprévu sur la route, non pas que je ne me sens pas capable de les affronter avec mes pokémons. Mais je n’ai pas spécialement envie de me battre, Ama s’est calmé maintenant qu’il a eu le combat qu’il voulait, Arvak a pas mal donné depuis le début de cette ascension, et je n’aimerai pas envoyer Hestia au combat. Maintenant que j’y pense, c’est vrai que je ne fais pas beaucoup battre ma starter, pourtant elle est forte, et connait des attaques assez utiles…mais non je ne l’envoie jamais au combat, et elle ne m’a jamais fait la demande non plus.

-Spriiiiint.

Je sors de mes pensées et m’arrête juste à temps pour voir un Elecsprint sauter du rocher qui nous surplombe, pour venir atterrir devant nous. Quoi encore ? Les pokémons sauvages ne peuvent pas nous laisser tranquille ? Je sais que les visites se font assez rares dans le coin, mais quand même, ce n’est pas une raison pour sauter sur tout ce qui bouge. Je remarque toutefois que ce pokémon Elektrik ne semble pas vouloir en découdre, ou du moins pas en combat. En tournant en round comme un Némélios en cage, il nous fait comprendre qu’on ne passera pas tant qu’il ne l’aura pas décidé. Mais j’ai l’intuition que ce n’est pas dans un combat pokémon classique que l’on va réussir à se départager.

Quand je regarde le sentier derrière le pokémon sauvage, je remarque que la terre est battue. On dirait que ça a été causé par le passage répété de personne…ou de pokémon. Les Elecsprint sont connu pour leur goût du défi, et leur passion pour les courses de vitesse. Si ça se trouve, le sentier qui monte vers le sommet du mont n’est autre que sa piste d’entrainement, et de course. Et si l’on veut passer, il va falloir le battre sur son propre terrain.

-Je suppose que tu ne nous laisseras pas passer si l’on ne te bat pas à la course. C’est ça ?
-Elec !!!

Vu le ton de sa voix, et son hochement de tête, je suppose la réponse positive. Mais qui va l’affronter à la course ? Il est évidant qu’Hestia ne sera pas de la partie cette fois encore, elle est beaucoup trop lente pour faire la course avec un pokémon aussi rapide. Il faut donc que je choisisse entre Ama ou Arvak, ce qui n’est pas très facile. Les deux sont rapides, suffisamment je pense pour dépasser notre adversaire…Peut-être que je ferai de prendre Ama, s’il est en difficulté, il pourra se servir de Vitesse Extrême pour se remettre dans la course.

Alors que j’allais demander à mon Arcanin de faire la course, je sens une brusque montée de chaleur à côté de moi. Je tourne la tête pour voir mon Ponyta gonfler ses flammes, ne lâchant plus l’Elecsprint du regard. Et à ma grande surprise, c’est pareil du côté du pokémon sauvage. J’ai l’impression qu’un refus de ma part ne sera pas accepté par mon Ponyta….J’oublie parfois qu’Arvak est un compétiteur dans l’âme, je devrais m’en souvenir pourtant, je l’ai bien capturé à l’issu d’une course sauvage dans des plaines.

-Très bien Arvak, je te laisse gérer ça. Mais tu n’as pas intérêt à traîner.

Mon pokémon comprend parfaitement le message et s’avance vers son adversaire. Le pokémon Electrik semble lui expliquer les règles que j’essaye de comprendre comme je peux. De ce que j’ai compris, ils vont devoir aller jusqu’au gros rocher, un peu plus loin sur le chemin, et revenir à toute vitesse, le premier arrivé gagne. C’est simple clair et efficace, j’espère juste qu’il n’y a pas de piège sur la route. Les deux pokémons se mettent côte à côté avant de se tourner d’un seul mouvement vers moi…quoi c’est à moi de donner le départ de la course en plus de ça ? Bon d’accord.  Je m’avance un peu, levant mon bras.

-A vos marques, prêt, PARTEZ !!

Je baisse le bras, et les deux pokémons partent à vive allure, je n’ai plus qu’à croiser les doigts pour qu’Arvak l’emporte. Et ça semble plutôt mal parti, l’Elecsprint est devant, d’une bonne longueur, allez Arvak, accélère. Le rocher arrive et le pokémon Electrik est le premier à engager le demi-tour, mais il arrive trop vite et glisse en tournant. C’est l’occasion qu’il fallait pour mon Ponyta, pour qu’il puisse repasser en tête. Grâce à nos entrainements, Arvak arrive à garder un maximum de vitesse et à tourner de manière assez serrée. C’est exactement ce qu’il se passe, et mon Ponyta reprend la tête de la course, alors que son adversaire peine à reprendre la vitesse nécessaire pour le rattraper. Les bruits de sabots se font de plus en plus fort, et c’est bien le pokémon feu qui franchit en premier la ligne d’arrivée.

Je l’entends souffler fort, il faut dire que l’effort qu’il vient de faire était intense. Mais heureusement pour moi, son endurance lui permet de toujours tenir debout. Je le prends dans mes bras, le félicitant pour cette nouvelle réussite.

-Bien joué Arvak, nos entraînements portent enfin leur fruit.

Je me tourne pour voir le Pokémon sauvage qui nous fixe, avant de repartir sans un mot, disparaissant derrière des rochers. Mauvais perdant ? Non mais il n’avait clairement pas envie de voir plus longtemps le pokémon qui l’a battu. Ça ne fait rien, il faut qu’on reprenne la route, on est sur la dernière ligne droite, on peut le faire, on peut réussir cette épreuve.

‘’Le temps fuit et emporte avec lui tout ce que nous laissons échapper’’

Le ciel est magnifique, le soleil couchant lui donne une couleur orangé/rosé qui est juste magnifique, une couleur chaleureuse, une couleur de flamme. Maman me disait souvent que lorsqu’elle regardait le ciel, c’est à moi qu’elle pensait. Le bleu du ciel lui faisait penser à mes cheveux, et le côté flamboyant à mon caractère, et ma passion pour les pokémons feu. Je me demande ce que maman dirait si elle me voyait actuellement, en train de gravie une montagne dans l’espoir de découvrir qui je suis, et si je suis capable de ressentir encore quelques choses. Est-ce qu’elle serait déçue ? Inquiète ? Je dois avouer que je ne sais même pas.

C’est sous ce temps magnifique que nous continuons notre ascension, le sommet est en vue et les rayons du soleil sont encore présents, ça devrait bien se passer….Enfin sans compter ma malchance légendaire qui vient encore une fois frapper, mais cette fois je ne m’attendais clairement pas à ça. Au plus on avance, au plus on peut remarquer des traces de luttes, et une lutte plutôt violente si vous voulez mon avis. Des rochers sont brisés en plusieurs morceau, des morceaux de glace à moitié fondue trône ici et là sur le sentier, sans parler des trous sur la route qui manque de me faire tomber à chaque pas. Ce n’est pas une scène de guerre, mais ajoutez le sang et les cadavres et on en est pas très très loin.

D’ailleurs il y a bien eu lutte, car un peu plus loin sur la route, nous trouvons un Draco. Ce dernier est allongé, enroulée sur lui-même au milieu de la route, ce qui n’est pas vraiment bon signe. Pourquoi ? Parce que les Draco sont des pokémon assez prudent, et il ne se montre pas à n’importe qui, surtout pas à des humains, encore moins au milieu de la route. Son regard est juste meurtrier, j’ai l’impression que si l’on s’approche un peu plus, il va nous balancer une Colère en pleine figure. Il faut pourtant que l’on passe, hors de question d’échouer si près du but.

Vite Yuna réfléchis, réfléchis…Sur le côté, je vois un petit chemin qui bifurque un peu sur la droite, et qui semble regagner le chemin principal. C’est super, on va pouvoir l’esquiver et passer sans se battre…enfin s’il nous laisse passer. Je lève les mains en signe d’apaisement, il ne faudrait pas que le pokémon Dragon nous attaque.

-Nous ne te voulons pas de mal, on veut juste passer.

Au fur et à mesure que nous approchons, le Draco se lève de plus en plus, ce qui me fait avancer encore plus lentement. J’entends Ama grogner, mais je ne le regarde pas, je connais bien la puissance des Draco, et ce n’est clairement pas le moment de détourner le regard du pokémon sauvage.

-Pyroniiiille.

Je sursaute presque face au petit cri de détresse de ma Pyronille qui est à mes pieds. Bon sang mais qu’est-ce qui lui prend de pousser un petit cri comme ça, en plein situation de crise. Je me risque à jeter un coup d’œil vers elle, et elle me fait signe de regarder le Draco. Mes yeux roses se reposent donc sur le long serpent bleu et…sur son œuf ? Mais oui c’est bien un œuf qu’il a, et qu’il tente de protéger de son corps. J’ignore ce qui s’est passé, mais ce dernier n’a pas particulièrement l’air en bonne santé…

Je repense à la glace que j’ai vu sur le chemin, si cet œuf a été frappé par une attaque glace, il est en grand danger. Même s’il est proche d’éclore, un œuf peut mourir si sa température descend de trop, c’est bien pour ça que je laisse toujours Hestia non loin des œufs que je récupère, comme ça elle peut réguler leur température, et les amener à maturation. Malheureusement pour cette Draco (car oui c’est une madame) sont corps n’est pas suffisamment chaud pour donner la bonne température à son œuf. Je regarde Hestia qui me regarde, je sais bien à quoi elle pense, moi aussi j’aimerai bien aider cette Dragon, mais je ne pense pas que l’on puisse l’approcher suffisamment.

-Pyroniiiiiille.

Je sais Hestia, je ne devrais pas avoir à hésiter, avant je n’aurai pas hésité, j’aurais foncé sans même réfléchir au danger de la situation. Une vie est en jeu, et ma logique m’oblige à me poser la question de est-ce que je dois le faire…Je sers les poings, il faut que je fasse quelques choses, tant pis pour l’épreuve, au diable si cette Draco nous attaque, elle sera bien contente d’avoir son bébé en vie.

-Allez Hestia fonce !

Ma Pyronille semble contente que j’ai pris cette décision, sans réfléchir elle fonce sur la Maman Dragon qui prend ça pour une attaque. C’était prévisible et Hestia s’y attendait, c’est pourquoi elle n’a aucun mal a esquiver l’attaque souplesse qui lui arrive dessus. Il faut dire qu’elle a de l’entrainement en esquive, entre les Lance-flammes de Lucifer et les Lame de Roc de Maar, elle a eu de quoi s’entrainer.

Malheureusement c’est un bloc de glace qui vient arrêter ma starter dans son élan. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je tourne la tête vers l’origine de ce bloc de glace, qui n’est autre qu’un Dimoret, accompagné de son gang de Farfuret. Ho non, tout s’explique maintenant, ce Dimoret a dû décider que l’œuf de Minidraco serait son prochain repas, et il a attaqué la mère pour l’avoir. Mais cette dernière ne s’est pas laissé faire, et l’œuf a été touché dans la bataille. Sauf que maintenant tout le groupe vient pour finir la bataille.

La Draco alterne entre les deux groupe qui l’encercle, elle se sait coincer, c’est pourquoi elle se resserre inconsciemment sur son œuf, dans l’espoir de pouvoir le protéger. Mais ce dernier est bien fragile, et elle risque involontairement de le casser, tuant son bébé au passage. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut qu’on se débarrasse de ce groupe de voleur/mangeur d’œuf, et qu’on sauve cet œuf.

-Ama, Arvak occupez-vous de ces pokémons indésirables, Hestia et moi on s’occupe de sauver l’œuf.

Tous acquiescent, et mes deux grands pokémons foncent sur le groupe de pokémon glace, alors que je rejoins Hestia pour faire face à la maman Dragon. Cette dernière est un peu prise de cour, elle voit mes pokémon se jeter sur ses assaillant et les retenir, je pense qu’elle se pose des questions sur nous et notre intention.

-Draaa ?
-Ecoutes on a pas le temps, ton bébé est mal en point mais on peut le sauver, il faut que tu nous laisses faire.
-Draaa….

Elle me regarde, avant de regarder Hestia qui la fixe intensément. Ma strater s’est mise en tête d’aider ce petit à venir au monde, et il vaut mieux pour la Draco de la laisser faire, sinon elle est prête à en découdre. La mère semble le comprendre et desserre sa prise sur l’œuf, laissant ma Pyronille s’approcher de ce dernier. Je m’approche à mon tour, sceptique quant à l’état de l’œuf.

-Alors Hestia, il est très froid c’est ça ?
-Pyrooonille
-Fais au mieux.

Elle acquiesce avant de fermer les yeux, se couchant sur le flanc, l’œuf entre ses pattes. Dans cette position elle peut couvrir un maximum l’œuf et espérer le réchauffer. Je sens d’ailleurs la chaleur de son corps augmentée de façon significative. Je sais qu’elle ne lâchera rien et qu’elle fera tout pour sauver ce petit œuf en détresse.

Je tourne la tête pour voir Ama et Arvak se battre contre les Farfuret, je dois avouer que je ne me fais pas trop de soucis pour eux. Ama est certainement l’un des pokémon les plus puissants de mon équipe, et Arvak…ba c’est Arvak, il est suffisamment têtu pour venir à bout de cette horde de pokémon glace. D’ailleurs je pleins fortement celui qui est en train de faire du rodéo sur le dos de mon Ponyta. Pour y avoir goûté lors de ma première rencontre avec le pokémon feu, je sais que lorsqu’il s’y met, il n’est pas évidant de rester sur son dos….D’ailleurs le pokémon glace vient de voler au loin.

Malheureusement le chef de la bande, le Dimoret, arrive juste à côté de nous, bien décidé à récupérer son repas, et ne pas le laisser éclore. Je me place entre ma starter et le pokémon glace, mais ce dernier n’en a rien à faire, je le vois bien dans son regard. Enfin c’était sans compter la maman Draco qui se dresse entre moi et notre assaillant, bien décidé à défendre son petit. Le regard meurtrier qu’elle nous lançait tout à l’heure, est désormais pointé sur le pokémon Ténèbres. Mais loin de décourager ce dernier, il bondit, asseyant d’assigner une puissante attaque au serpent bleu. C’est ainsi que le combat commence entre les deux, et je ne les quitte pas des yeux une seconde car si ça dégénère, je dois me préparer à intervenir.

C’est à ce moment-là que je regrette amèrement de ne plus avoir mes autres pokéball avec moi, un petit Dracaufeu ou Pyroli aurait été pas mal sur ce coup-ci. Je jette un coup d’œil vers ma Pyronille qui fait tout ce qu’elle peut pour maintenir l’œuf en vie, mais ce n’est pas facile, elle n’arrive pas à le réchauffer convenablement.

-Hestia, il faut que tu augmentes encore ta chaleur.
-Pyro…
-Je sais que c’est difficile, mais il n’y a que toi qui peux le faire. Tu es la seule à pouvoir sauver cet œuf.

Elle me fixe dans les yeux, cherchant à savoir si je pense réellement ce que je dis, mais je n’ai pas le temps de la regarder, le Dimoret fonce à nouveau sur nous. Toute personne raisonnant par la logique se serait écartée du chemin de ce pokémon affamé, dont les griffes lacèreront quiconque s’interposera entre lui et son repas. Mais étrangement…la logique est partie pour moi, je ne vois que les griffes du pokémon Glace, et le fait que ma Pyronille soit sur le chemin. Sans réfléchir, je le jette devant, et subit de plein fouet l’attaque Tranche, alors que ma strater cri de détresse, espérant attirer l’attention d’Ama ou d’Arvak.

Je chute lourdement au sol, à côté d’Hestia alors que la maman Draco repasse à l’attaque, éloignant le Dimoret de nous. Ma Pyronille ve venir me voir, mais je la coupe rapidement dans son élan.

-Non Hestia, concentres-toi sur cet œuf.

Elle ne semble pas comprendre, pourquoi je l’empêche de venir me voir alors que je suis souffrante. La réponse est simple, je n’en sais rien. La raison a complètement foutu le camp, et je suis en roue libre totale. Pour la première fois depuis des mois, je ne sais pas quoi faire, je ne pense qu’à une chose, protéger ma pokémon et cet œuf pour lequel tout le monde se bat.

-Hestia, tu peux le faire je crois en toi. Tu sais, je suis consciente que ces derniers mois n’ont pas été des plus faciles avec moi. Je cœur s’est brutalement gelée, et je ne suis plus que la pâle copie de la dresseuse que j’étais avant. Mais…tu ne m’as jamais laissée tomber, tu es toujours resté à mes côtés alors que je mériterai surement de rester toute seule. Je t’avouerais que beaucoup de mes actions récentes ne sont que des copies de mon moi passé, mais là…ce que je viens de faire, ça ne l’est pas. Je n’ai pas réfléchis Hestia, je veux te protéger parce qu’il est important que tu sauves ce bébé, et parce que tu es très importante pour moi.

Les yeux de ma starter brillent subitement, je sens que mes mots l’ont touché, des larmes apparaissent dans les coins de ses yeux. Malheureusement la scène émotion ne peut pas durer, le Dimoret revient à la charge, et je me place devant ma starter pour la protéger. C’est ma première partenaire, elle est l’un des piliers de mon équipe, c’est ma confidente…Je ne laisserai personne lui faire de mal.

Soudain je sens une puissante chaleur émaner de derrière moi, je me tourne vers ma starter dont leur corps brille d’une lumière bleutée que je connais maintenant. Je ne m’attendais clairement pas à ce qu’elle évolue tout de suite, mais il semble que c’est le moment. Son corps grandit de plus en plus, des ailes se déploient dans son dos. Ça fait longtemps que j’espérais voir cette évolution, mais elle est encore plus belle que ce que je m’étais imaginée.

La lumière se disperse, laissant place à une magnifique Pyrax dans toute sa splendeur. Une puissante onde de chaleur émane alors d’elle, faisant reculer les pokémons glace. Cette aura, cette puissance, est-ce vraiment Hestia ? J’ai du mal à y croire, mais son regard…il est si bienveillant, pas de doute c’est bien ma starter. Le regard de la double type se pose sur le chef de la bande de pokémon glace, et je sais qu’il va passer un sale quart d’heure. Tout en restant au même endroit, elle se met à danser sur place et un tourbillon de flamme encercle le Dimoret, qui subit de lourds dégâts.

Enfin de lourds dégâts, il est tout bonnement KO, et les Farfuret se retrouvent sans chef pour les diriger. Ils ramassent celui qui git au sol, et disparaissent sans laisser de trace. Je me retourne vers la double-type alors que tout le monde revient vers nous, j’ai encore du mal à croire qu’elle vient d’évoluer. Mais nous fêterons ça plus tard, pour le moment nous devons absolument sauver cet œuf avant qu’il ne soit trop tard.

La Draco est inquiète, son œuf est un peu réchauffé, mais pas suffisamment pour éclore. Mais c’est sans compter Hestia qui prend l’œuf entre ses pattes, concentrant ainsi la chaleur de son corps. C’est incroyable de voir la chaleur qu’elle peut dégager maintenant, une chaleur douce et rassurante, mais qui est puissante. Quelques instants plus tard, ma starter pose l’œuf au sol, et ce dernier s’agite violemment, craquelant pour laisser apparaitre la tête d’un petit Minidraco.

La maman Draco fond sur son bébé, le câlinant de toutes ses forces. Ça fait plaisir de les voir heureux ensemble, j’ai bien fait de suivre Hestia sur ce coup-là, on a pu sauver un petit pokémon et ainsi toute la famille. Je m’approche de ma starter, la contemplant en même temps. Je m’étais déjà imaginée me retrouver face à ma Pyrax, mais là, ce n’est pas la même chose, c’est plus…intense. Il faut avouer que j’ai beaucoup changé depuis le début de ma scolarité, et il était temps que ma Pyronille fasse de même, et qu’elle évolue.

-Tu as réussi Hestia, tu as évolué.
-Pyraaax
-Je savais que tu en étais capable.

Un faible sourire apparait sur mon visage, alors que je caresse le dessus de sa tête. Malheureusement le moment des festivités va devoir attendre, le soleil descend de plus en plus, et si ça continue nous allons rater l’épreuve.

-Vite tout le monde, on doit à tout prix rejoindre le sommet de la montagne !!!

C’est ainsi que nous laissons la maman Draco et son bébé, désormais hors de danger, et que nous nous dirigeons droit vers le sommet du mont Skiddo. Après une course erratique vers le plus haut point de l’île, nous y arrivons enfin, et ce juste à temps. Les rayons du soleil commencent à disparaitre à l’horizon, mais nous y sommes enfin. Non loin de là se trouve un grand socle, qui attire mon attention. Sur le dessus se trouve une pierre qui m’est étrangement familière, mais aussi très différente. On dirait une dracaufite…mais ce n’est pas la même que celle que j’ai obtenue lors de mon passage de grade à l’académie. La Y et maintenant la X, peut-être que j’étais destinée à devenir dresseuse de pokémon feu…

Je me tourne finalement vers tous mes pokémons qui sont présents, et sans qui je ne serais pas arrivée aussi haut dans cette ascension. Cette épreuve avait pour but de me permettre de découvrir qui j’étais…mais finalement c’est une autre qui a pu comprendre qui elle était, et évoluer. Mon regard se repose sur Hestia, ma starter ma confidente…elle a su tiré son épingle du jeu, elle a su trouver la force de grandir. Je suis fière d’elle, mais…il y a une ombre au tableau, et une grosse.

Je n’ai pas réussi à ressentir quelques choses…je suis là, la Dracaufite X dans mes mains, au sommet du mont Skiddo, et mon cœur est vide, froid. Je ne ressens aucune fierté à ce que nous venons d’accomplir ensemble. Je suis certaine que si je n’avais pas réussi l’épreuve, je n’aurais même pas été déçue. Je sers le point, alors que je regarde l’horizon devenir de plus en plus sombre, à mesure que le soleil ne disparaisse. Je vois la ville commencer à s’illuminer, essayant d’attirer à elle les pauvres âmes qui s’égarent…comme la mienne. Mais je ne me sens nullement attirée, j’ai l’impression que mon cœur est figé, et que rien ne pourras le réchauffer….C’est à ce moment qu’Hestia se rapproche de moi, je sens sa chaleur irradié dans mon dos, et elle finit par se placer à côté de moi, observant l’horizon elle aussi.

-Je suis désolée Hestia…Il n’y a toujours rien, je n’ai encore une fois rien ressenti. Notre réussite, n’a rien déclenché….
-Pyyyrax.

Je me tourne vers elle, ma starter n’a pas spécialement l’air d’accord avec moi. Est-ce qu’à un moment j’aurai perçu des émotions sans m’en rendre compte ? Ma Pyrax pousse un petit cri en déployant ses ailes…Elle ? Mais qu’est-ce que…Je m’arrête subitement, comment j’ai pu ne pas m’en rendre compte plus tôt…Hestia a évolué justement parce que mes sentiments on refait surface, et que j’ai réussi à les lui retransmettre. Ce n’était pas aussi intense que je le pensais, mais j’ai réussi, pendant quelques secondes à ressentir quelque chose. Un pâle sourire apparait sur mon visage alors que je me retourne vers ma première partenaire.

-Tu penses que tout n’est pas perdu ?
-Pyyyyyrax
-J’espère que tu as raison.

Mais ça, seul l’avenir nous le dira.