une petite brume d'été
avec moi-même
C’est dingue comme rien n’a changé, comme si le temps s’était arrêté à Unys depuis mon départ pour l’académie. Les Plumelines chantent toujours les mêmes mélodies, les Musteboués indomptables monopolisent les plages de galets. Pourtant, j’ai cette vague impression que rien ne sera plus jamais pareil. J’ai quitté ma famille et mon île pour un nouveau univers. Une nouvelle vie commençait donc, et mon absence ne change rien au quotidien des habitants. C’est un peu triste mais rien ne peut modifier le cours de la vie, surtout pour le manque d’une petite personne que je suis. Je n’ai pas révolutionné le monde, je ne mérite pas une statue sur la place publique. Mais même dans ma propre famille, le vide que j’ai laissé n’a marqué personne. Les appels de mes parents de de ma grand-mère ne manquent pas. Ça doit être normal alors. J’ai grandi, tout s’explique. J’ai pris mon envol.
Perdue dans mes réflexions inutiles, la route avait filé sous mes pas. Il restait moins de 500 mètres avant de retrouver la maison ainsi que les miens. J’étais si heureuse malgré la douleur de mes bottes sur mes petons. Quelle idée de porter sa nouvelle paire de chaussure pour entamer une mini randonnée… Pour ma défense, mamie devait venir me chercher et puis je voulais ressembler à quelque chose pour l’occasion. A l’instant présent, je regrette pourtant de tout mon cœur de les porter. Je pourrais marcher pieds nus dans le sable jusqu’à la ville au risque de me faire arroser par des Pokémons fourbes et moqueurs. Mais je préfère rester correcte. Il faut souffrir pour être belle.
Et là par miracle, un banc attendait sagement d’être occupé. Entouré par un petit bosquet, il s’offrait à moi comme une évidence. Mes pieds allaient pouvoir se reposer cinq minutes. On m’attendait pour déjeuner mais la pause ne serait pas longue. A peine assise, le sang qui fusaient dans mes pieds enflés sembla se dissiper. Je soupirai de plaisir, jamais je n’avais été aussi contente de m’arrêter sur cette route déserte. Et jamais je n’avais remarqué que le paysage était si beau. Une plage de galets accueillant les vaguelettes de l’océan pour créer une symphonie marine. C’est relaxant à un point… mon sac à dos commençait aussi à me tirer le bas des reins. Il faut dire que mon cher œuf pèse son poids. Je le sortis pour le mettre sur mes genoux, un peu de soleil fait toujours du bien. Le serrant contre moi, je m’imagine quelle petite mignonnerie peut bien s’y cacher. J’attendais depuis un certain temps maintenant pour le voir pointer son petit nez, l’attente est interminable. Je pose un baiser délicat sur la capsule qui le protège ; une chose est sûre, je l’aimerai de tout mon cœur. Telle une mère protectrice, je l’enveloppe de mes bras fragiles et l’observe d’un regard plein d’amour. Il semble réagir à mes caresses me faisant sourire de bonheur, petit être se porte bien. Puis les interactions s’intensifient, devenant plus nombreuses et plus importantes. Inquiète, je le pose dans le petit parterre de fleurs devant moi. Que se passe-t-il ? Est-ce… Est-ce qu’il éclot ? Il s’immobilisa un instant brutalement, je l’imite de panique. Le bruit des vagues disparut avec celui des volatiles, tout le monde est captivé par ce qu’il se déroule sous mes yeux. Puis un craquement suivi d’un second et d’une multitude d’autres dans la minute qui suit. Sur ses quatre pattes, un sublime Vivaldaim dans ses couleurs d’été se dressa face à moi. Mon œuf venait d’éclore.
Mes pieds et leur douleur avaient disparu dans la joie de l’événement. A grandes enjambées, la ville était devant moi. Je voulais montrer au monde entier, à ma famille que j’étais une véritable dresseuse et présenter mon nouvel ami. La rencontre avait été belle, je me suis approchée de lui délicatement puis ma main est venue découvrir son corps frêle et doux. Je n’ai rien pu dire sous l’admiration, une multitude de câlins a remplacé les mots. Mon seul but désormais était d’être la fierté de mes parents en leur montrant ma réussite. Et il faudrait que je trouve un nom au nouveau venu. Il ne reste qu’un petit bosquet avant les premières ruelles, mes foulées s’accélèrent encore un peu plus. Un gémissement me figea sur place, si près de ma destination, je ne pu avancer plus. Un cri de douleur si intense qui me fendit le cœur. Si intense, il semblait pourtant provenir des profondeurs de la verdure. Faire l’indifférente n’est pas dans ma nature, je ne peux pas laisser quelqu’un dans le malheur. Sans réfléchir, je plongeai à travers les ronces et les branches fortement touffues ; on m’attendrait encore un peu plus. Un autre son me montra la direction à prendre. Sautant, escaladant, écartant chaque obstacle, je me rapprochai de ma nouvelle cible, il ne reste que quelques mètres. Derrière l’obscurité, une clairière féérique perdue du monde s’ouvrit à moi ; la victime était enfin face à moi. A bout de souffle d’avoir avancer aussi vite, je n’en croyais pas mes yeux. Un Nanméouïe au regard désemparé, mélangé entre douleur extrême et peur immense, était pris au piège dans l’un des satanés objets de tortures des traqueurs de Pokémons. La patte arrière bloquée dans la bouche d’acier aux dents tranchantes, elle était tétanisée de me voir. Sûrement prise pour un ravisseur, je devais trouver un plan pour arrêter ses souffrances sans qu’elle ne se blesse davantage. Retirant mon manteau, il servirait de couverture pour la protéger. Mon écharpe me sera utile pour stopper les saignements. Avant que je ne m’approche trop d’elle, nous nous observons scrupuleusement. Ses yeux brulés l’appréhension tandis que les mieux se fixèrent sur sa blessure ; espérons que rien ne soit trop grave.
« Je ne te veux aucun mal, tu ne crains plus rien. Je vais t’aider, tout ira bien je te le promets.»
Mes larmes vinrent tâcher mon haut. La situation et mon absence de sang-froid me trahissent. Je ne peux pas ignorer ma peur. Comment faire pour ne pas causer d’autres dégâts ? Comment la rassurer alors que je ne suis pas non plus sereine ? Je m’approchai d’elle sans faire de bruit. Il fallait se dépêcher maintenant avant que tout s’aggrave. Elle ne savait pas non plus se qu’il allait se passer mais elle ne bougea plus, son regard transmettait toutes les informations. Peur, douleur, stress ; plus rien ne n’était inconnu. J’arrivai à sa hauteur, la plaie n’est vraiment pas belle. Il ne faut pas tarder. Je lui posai mon manteau pour stopper ses tremblements. Mais la force du piège était trop grande pour moi, jamais je n’y arriverais seule. Il me faut du renfort. Silk est mon dernier espoir. Jaillissant de sa pokéball, il comprit vite la situation. De ses pattes et de ses crocs, il agrippa l’autre côté du piège et tira de toutes ses forces. De tout mon cœur, je priais pour qu’il s’ouvrit. Nous fûmes projetés en arrière quand il se déplia enfin, libérant la pauvre petite chose rose de l’enfer dans lequel elle était. Elle glissa au sol pour partir vers la forêt, malgré la douleur elle voulait quitter ce monde pour toujours et être enfin seule.
« Attend ! »
Elle posa ses yeux terrorisés sur nous. Je ne peux pas la laisser partir continuer sa vie dans son état, elle n’y arriverait pas. Il faut que je l’aide jusqu’au bout pour qu’elle est une chance de s’en sortir. Il faut que je veuille sur elle où elle tombera à nouveaux dans les mains d’ingrats personnages. Je ne peux pas la laisser, pas maintenant.
« Je ne peux pas te laisser comme ça, et tu n’y arriveras pas toute seule. La forêt ne te fera pas de cadeaux et ton état risque de s’empirer, tu dois me laisser t’aider. »
Je sortis une pokéball de mon sac, puis m’approchai d’elle sans que nos regards ne se quittent. La décision lui revient, je ne peux pas l’obliger à me suivre.
« Laisse-moi t’aider s’il te plaît. »
La pokéball vola dans un silence profond. La Nanméouïe disparut dans le même élan. L’attente est intenable, c’est son choix. Vivre à mes côtés ou disparaître à jamais, je n’en ai pas la moindre idée…
©BBDragon
hrp: :
Eclosion de l'oeuf de Vivaldaim + Edith lance une Pokéball sur la Nanméouïe (elle possède 3 pokéball)