Une bien difficile matinée pour le jeune brun, qui était agité par toutes sortes de songes assez peu agréable et violent. Un monde étrange se peignait dans ses rêves, noir et coloré en même temps. Il était le guide, celui qui sauvait la fille de ses rêves, qu'il ne connaissait pas, qu'il imaginait depuis quelques temps. Elle y apparaissait, toujours si triste, et lui parvenait toujours à lui redonner le sourire. Parfois, en de rares occasions, c'était lui qui était triste, et elle lui remontait le moral. Ami avec un rêve. Original. Mais dans ce monde où sauter à travers un écran de cinéma ou d'ordinateur vous projetait plus profondément encore dans le rêve, la logique était abolie. Il marchait sur le plafond, volait, créait, comme son esprit le lui dictait. Ici, il était libre de faire tout ce qu'il souhaitait. Une étrange forêt de chamallow grillés se profilait devant lui, et le sol en chewing-gum ne rendait pas facile son avancée. Il sauta, s'envola, et fila dans le ciel de réglisses. Fatigué par toutes ces sucreries, d'un geste de la main, il remplaça l'étrange et malsain monde des bonbons par une ville gargantuesque et majestueuse. Entièrement sculptée en pierre et marbre, il s'en détourna plus vite encore que le monde précédent. A quoi bon pouvoir créer ce que l'on voulait si le résultat était si aléatoire ? Puis ce fut le noir. Comme un couloir, entre ces mondes, dans son propre inconscient. Entièrement noir et vide. Il ne se sentait pas menacé, loin de là, c'était comme si ce couloir, il le connaissait par cœur. Chaque recoin, même ce qui paraissait invisible. Le noir était la couleur des murs, du sol, du plafond, mais pourtant, le monde était éclairé de toutes parts, il le savait. Cette contradiction le fit sourire. La logique abdiquait pour laisser libre court à son esprit, à la projection mentale qu'il avait de lui.
Un bruit lointain parsema d'éclairs lumineux le couloirs, comme l'aurait fait le soleil à son lever. Seulement, les volets de sa chambre étaient fermés, il en était certain. Il ne plongeait jamais dans les rêves sans les fermer. Sentant peu à peu ses mouvements devenirs moindres, aspiré par la réalité, le garçon ferma les yeux dans ses songes, pour les rouvrir dans son lit. Plush, à ses côtés, se cachait sous ses ailes cotonneuses dans l'espoir de pouvoir prolonger son sommeil. Dream entourait fermement Embrun dans ses pattes de l'autre côté du lit. Depuis qu'il avait débarqué ici, le Baudrive s'était pris d'affection pour lui, et de temps en temps, ils se réveillaient entrelacés. Il n'avait cependant pas perdu sa mauvaise habitude des pattes sur les yeux de l'étudiant au coucher, loin de là. Maintenant, en plus, le Kokiyas lui tirait énergiquement la langue sur la main, ce qui rendait l'arrivée du sommeil autrement plus difficile. Rin était sur le côté, regardant son dresseur avec impatience. Il voulait probablement qu'il fasse cesser la sonorité. Noctis s'exécuta, regardant le message qu'il avait reçu. Il haussa un sourcil en lisant le nom de l'auteur. Ça ne lui ressemblait pas, d'être aussi poli et si peu... Agacé, par le manque de discernement de ses étudiants. Il soupira et s'habilla. Comme il faisait un peu plus chaud, il s'autorisa un T-shirt noir et un pantacourt, et rappela toute la petite bande dans leurs pokéballs.
Le Lac Corail lui laissait quelques souvenirs violents. A chaque fois qu'il avait été là, il avait eu un bon nombre d'émotions. A cause d'un Léviator, puis à cause de sa Miss. Machinalement, en pensant à elle, il tritura la pokéball du Kokiyas qu'elle lui avait offert. Il le chouchoutait probablement excessivement, mais qu'importe, après tout, elle lui avait demandé d'en prendre soin. Il lui fallut un moment pour se rendre compte que perdu dans ses pensées, le garçon n'avait pas pris le bon chemin. Il était dans les souterrains, alors qu'il n'avait strictement rien à y faire. Certes, il avait un peu de temps devant lui, mais tout de même... Un instant, il se demanda qui pourrait être les deux autres personnes choisies par le professeur. Sûrement des gens prêts à accepter son boulot, donc soit intelligents, soit diablement fans de lui. Sa pensée fut interrompue par une voix qui lui était familière, l'interpellant. Il se retourna vivement, reconnaissant la silhouette du vieil homme qui lui avait donné Plush. Le Collectionneur. Il s'approcha et le salua.
« Qu'est-ce qui t'amène, mon garçon ? Tu voulais un œuf ? »
Il ouvrit la bouche, s'apprêtant à répondre par la négative, mais la referma presque aussitôt. Les lèvres du vieillard formèrent un sourire, et il l'invita à le suivre. Docile, le brun se mit à regarder la silhouette de l'homme. Il était décidément bien mystérieux, par moment. Avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte, il se trouvait devant une rangée d'œufs tous plus colorés les uns que les autres.
« Fais ton choix. Crois-moi, on ne fait jamais rien par hasard. »
Noctis lui jeta un regard à la fois sceptique et intrigué. Comment diable pouvait-il savoir cela ? Le dit Collectionneur se contenta d'un regard amusé et sûr de lui. Après avoir précautionneusement pris un œuf dans ses mains, il sourit en sentant la petite chaleur s'en émaner. Il regarda l'homme, sûr de son choix. Lui hocha la tête avec un sourire léger, avant que ce dernier ne devienne rieur, presque ironique tant il était abusé.
« Ça fera 1500 jetons ! »
Comme s'il avait reçu une enclume sur la tête, Noctis foudroya du regard avant de payer. Vieux schnock. Avec un regard protecteur, le vieil homme lui demanda s'il pouvait voir son Tylton. Sans vraiment comprendre, le jeune homme sortit Plush de sa ball en rangeant doucement l'oeuf dans son sac. Le Tylton or et blanc parut reconnaître l'homme et alla directement lui faire un câlin.
« Ha ha... On dirait que j'avais eu raison. Tu t'en sors bien ! »
Le brun ne dit rien et se contenta de se passer nerveusement sa main gauche dans les cheveux. Ce geste lui fit prendre conscience de l'heure, et, ni une ni deux, il se précipita à l'extérieur en saluant d'un grand geste le donneur, qui ricana en lui faisant un très léger signe de la main. Plush le suivit à vive allure, alors que maintenant il courrait dans la forêt. Il sauta sur un rocher, s'accrocha à une branche avant de se réceptionner sur le sol, en regardant l'heure avec sa montre. Huit heures cinquante cinq. Il était à l'heure, pas de soucis. Un sourire victorieux s'afficha sur son visage alors que l'odeur boisée avait recouvert tout son corps, et lorsqu'il leva les yeux, il eut une partie de la réponse à la question qu'il se posait plus tôt. Sa Miss était devant lui, et presque aussitôt, avant que la troisième personne n'arrive, il déposa un bref baiser sur ses lèvres, avant de regarder le Noctali en lui souriant, hésitant à lui donner une caresse. Puis, l'étudiant se concentra sur leur tâche.
« Je vois que Roseverte t'a aussi demandée. C'est une bonne chose. Comment ça va ? »
Ne restait plus que la troisième personne.