« LILY, LOULOU, LALA, LOLA, LAÏLAAAAAAAAAAAAA !! »
Silence. Voix qui se perd dans les vallées. Echo.
Sa voix venait de lui répondre, signifiant donc que même les vallées avaient eu pitié de sa solitude et essayait de répondre à la fillette qui, désormais, errait seule sur leurs flancs depuis déjà un peu plus d’une heure. Et étonnamment, malgré ses cris incessants, sa voix survivait. Et bien évidemment que sa voix survivait ! Lise n’était autre qu’une princesse guerrière de la paix, bien évidemment qu’il fallait que sa voix puisse survivre à une si petite épreuve ! Comment pourrait-elle protéger plus tard son royaume si sa voix disparaissait dès qu’elle commençait à parler ? Impensable.
Impensable, certes, mais cela ne l’aidait visiblement pas à retrouver ses Pokémons qu’elle avait perdue. Ou plus précisément, à retrouver les Pokémon qui avait perdue la fillette. Parce que bon, honnêtement, entre ceux-ci et l’humaine, qui étaient ceux dont le profil ressemblait le plus à celui d’un dresseur ? Les Pokémon pardi ! La réponse à cette question semble si claire et limpide.
Elle essuya quelques larmes qui coulaient sur sa joue d’un revers de main. Ces traitresses avaient osé s’enfuir hors de ses yeux, quel signe de faiblesse ! Que dirait Madame la Président d’Éleos si elle la voyait dans cet état ? À cette pensée, elle rougit de honte. Il fallait qu’elle se montre plus forte. Beaucoup plus forte. Et comme ça elle pourra combattre la grisaille sans craindre quoique ce soit, sans avoir peur, sans avoir à user des techniques primaires telles que la filature. Après tout, est-ce que la filature est une pratique utilisée par les guerriers ? Bien sûr que non, les guerriers combattent fièrement au front, défendant leur pays ! Mais alors, pourquoi la fillette, elle, agissait de la sorte ? Elle se teint le menton, pensive. Non, il devait y avoir une erreur dans son plan finement conçu. Ce n’était pas possible que ses manières de faire diffèrent autant de celle des guerriers, elle ne pouvait pas se tromper ! Qu’est-ce qu’il lui manquait donc ? Qu’avait-elle omis de prendre en compte ?
Un Galopa. Mais bien sûr ! Il est bien connu que tous les chevaliers, donc des guerriers en quelques sortes, montent un majestueux Galopa ! Et puis, avec une armure et une épée et un Galopa, qu’est-ce qu’ils pouvaient bien craindre ? Il fallait à tout prix qu’elle prévienne Richard de sa découverte ! Elle avait besoin d’un Galopa le plus rapidement possible pour honorer son futur titre royal.
Sa main se porta vivement à son sac, mais… Son sac n’était pas au niveau de son bassin. Bien sûr que non, quelle princesse porterait son propre sac ? Aucune ! Et c’était bien pour cette raison qu’elle chargeait Loulou de porter toutes ses affaires chaque fois qu’elle sortait.
Sauf que voilà, Loulou aussi n’était plus là. Elle était seule. S-e-u-l-e. Seule sans ses Pokémon, seule sans ses affaires et seule sans sa lime à ongle. Dépitée, les premiers signes de désespoir l’emporta, elle s’écroula alors sur le gazon, l’esprit vidé, yeux fixant le ciel. Si seulement elle pouvait avoir un Galopa, de cette manière, elle pourrait devenir une princesse guerrière bien plus convaincante.
Mais… Si elle ne pouvait pas appeler Richard, il devait encore rester une autre solution, n’est-ce pas ? Mais bien évidemment ! Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?
« DRACOLOOOOOOOOOOOOOOOOOOSSE, JE VEUX UNE GALOPAAA ! »
Elle étira la dernière syllabe, espérant que cette fois-ci, le dieu des Pokémon allait pouvoir l’aider. Puis elle écouta l’écho lui répondre, tendant l’oreille, impatiente d’entre la réponse d’un Dracolosse à sa demande.
Et ne constatant que rien de trop intéressant ne se passait, outre quelques oiseaux qui volaient dans le ciel, elle se releva après plusieurs minutes, en soupirant. Que la vie de princesse guerrière était compliquée, heureusement qu’elle avait la solution miracle à ce genre de situation ! Elle inspira un long coup. Il fallait qu’elle se concentre, autrement elle ne parviendra pas à réaliser ce geste magique.
Une fois son esprit apaisé, elle joignit ses paumes, trois fois de suite, comme elle sait si bien le faire.
Clap clap clap.
Et lorsqu’elle regarda à nouveau autour d’elle… Cela avait fonctionné ! Certes, ce n’était pas exactement le Pokémon qu’elle voulait, mais un cheval de manège rose et bleu pastel, cela lui allait également très bien.
Le destin était quand même bien fait. Malheureusement, sans aide de ses Pokémon, il lui était impossible de ramener ce monument sur Adala, ce qui était bien dommage car la fillette aimait bien ce Ponyta en bois customisé multicolore, il était même plutôt joli et s’accorderait sûrement très bien avec le lustre de sa chambre ! D’ailleurs, elle devrait même demander à fabriquer un lustre à l’effigie de ce poney si mignon ! Mais sans téléphone ni ses Pokémon, cela allait être bien compliqué.
Elle soupira.
Non, en temps que princesse elle ne pouvait pas se permettre de dépenser autant d’effort pour déplacer un monument. Il était évident que cette tâche ne lui revenait pas. Son rôle était de rendre le monde heureux, parfois au détriment de son propre bonheur. Malheureusement, si elle se blessait en effectuant cette tâche qui certes pourrait la rendre heureuse, elle ne serait alors plus en mesure de remplir sa mission de princesse guerrière de la paix. À contre-cœur, elle se résigna à récupérer le bijou des temps moderne qui se trouvait devant elle.
Mais cela ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas l’essayer ! Si elle ne pouvait pas le ramener avec elle, peut-être pouvait-elle au moins essayer de lui grimper dessus ! Avec un peu de chance, si elle l’aime bien et qu’elle parvient à le décrire de manière correcte à Richard une fois qu’elle sera de retour à Adala – les secours finiront bien par venir la chercher même si cela voulait dire s’écailler sa manucure à dormir au pied d’un arbre – et ainsi il pourra lui commander le même cheval sur mesure ! Mais quelle idée de génie elle avait ! Certes, la partie s’abîmer la manucure ne l’enchantait, néanmoins, la fillette avait désormais retrouvé son optimisme !
Pleine d’entrain, elle essaya alors de grimper sur le poney coloré, non sans un pincement au cœur lors du processus. En effet, la qualité de conception du monument se révéla être tout à fait exceptionnel, la texture souple mais pas trop, un tissu permettant de conserver la température ambiante, et des crins aussi doux que la soie. Lise dut se concentrer fortement pour ne pas s’évanouir de satisfaction tel le poney en bois semblait réel. Ou en tissu plutôt, pour le coup.
S’aidant d’une souche d’arbre, après plusieurs minutes à galérer, elle parvint enfin à grimper tout en haut du monument. Là-haut, elle put alors enfin soupirer de bonheur. Cela semblait si irréel. Elle se sentait si grande, si courageuse, si forte, si chevalière. Du haut du poney coloré, elle sentait qu’elle pouvait, et qu’elle avait le pouvoir de faire régner la paix pour son royaume. Du haut de ce poney coloré, elle savait qu’elle pourra sauver le monde de la grisaille !
Malheureusement, pour le moment, elle ne pouvait pas en devenir la propriétaire.
Alors que la fillette débattait dans son fort intérieur entre la béatitude et la déception qu’elle éprouvait sur le moment, le poney sur lequel elle se trouvait… Se mit soudainement à bouger.
« Mais… Y a-t-il donc même un mécanisme de mouvement ? C-c’est… EXCEPTIONNEL ! »
Exceptionnel. C’était un bien grand mot, surtout lorsque le Ponyta partit au gallot. La fillette ne put alors rien faire d’autre que de s’agripper au cou du Pokémon, bien collée contre ce dernier, faisant de son mieux afin de ne pas tomber. Elle était une princesse guerrière qui n’avait pas encore été couronnée, ce n’était pas le moment de mourir !
« AU SECOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOURS !!! »
Non non et non, ce n’était pas comme ça que cela était censé se passer ! Comment ce fourbe de Pokémon avait pu l’avoir de la sorte ? Était-ce un Ponyta de chevalier corrompu par la grisaille ? Mais c’était une catastrophe ! Il fallait absolument qu’elle trouve un moyen de le soigner ! Mais pour l’heure, elle devait d’ailleurs parvenir à survivre.
Et dans l’immédiat, il n’y avait qu’une seule chose qu’elle puisse faire.
« AU SECOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOURS !!! »
HRP
Lancer une Hyperball