- Ainsi donc, nous allons enfin voir la région de Galar…

Intrigué, je regardais les rivages de l’île se profiler à l’horizon. Pour être exact, il s’agissait d’un lopin de terre situé à quelques miles de la véritable île de Galar. Pour des raisons évidentes de facilités d’accès, notre académie avait choisi de reporter la sortie capture sur une île annexe. Néanmoins, les Pokémon seraient les mêmes que sur Galar. Et qui disait Pokémon de Galar, signifiait nouveaux Pokémon ! Une Rubombelle de Pokémon à découvrir pour les étrangers que nous sommes.

Dans les news, j’avais entendu dire que cet effondrement des frontières était dû au président de la ligue de Galar, mais aussi de son maître que l’on surnommait, non pas sans modestie, « l’invaincu ». Ce titre attisait la curiosité, et les quelques images de l’homme distribuées de dos dans une pose peu commune n’aidaient pas. Je me demandais si Cynthia ou même Anis avaient déjà eu des contacts avec lui et si sa réputation était fondée. Un dresseur au palmarès parfait imposait forcément le respect, mais aussi la convoitise d’être le premier à le détrôner. Ce n’était sûrement pas à mon niveau. Le simple fait de le rencontrer et d’assister à l’un de ses matchs m’emplirait déjà de joie.

Alors que les côtes se rapprochaient dangereusement et que le navire allait accoster, avec Ali nous nous éclipsions vers l’un des bords. Je tirais la fermeture de ma veste à son maximum et hochais la tête pour donner le départ. Ensemble, nous sautions du bateau pour rejoindre dans un plongeon les eaux glacées de la région. Après avoir passé quelques secondes sous l’eau, je remontais à la surface, attendant que mon Pokémon refasse surface. Au bout de longues minutes à faire du sur place, Ali revint vers moi.

- T’es encore allé farfouiller les fonds marins, toi. T’as vu de nouveaux Pokémon ?

- Rwaaaa.

En grimpant sur son dos, prenant ainsi une légère hauteur sur l’eau, j’essayais de repérer quelque chose dans les profondeurs.

- Je ne vois rien. C’est trop sombre. Dirigeons-nous dans le fjord, il y aura sûrement plus de Pokémon visibles que dans ce coin.

Rapidement, nous entrions dans la gorge. Une brume légère recouvrait les hauteurs des falaises ne m’aidant pas plus à repérer les Pokémon de la région. Pour le moment, nous ne faisions qu’une balade sympathique dans un paysage de carte postale.

- Aligwaaaatueur !

- Qu’est-ce qu-

Je faillis lâcher prise lorsque l’eau se mit à remuer violemment et à faire tanguer le corps d’Ali pourtant bien bâti. Je m’accrochais fermement autour de son cou, tandis que les courants nous emportait en nous ballottant. Ma tête tournait, cela devenait de plus en plus insupportable.

- ALI ! RAMÈNE-NOUS SUR LA BERGE !

Je ne m’attendais pas à ce qu’en lui ordonnant cela, Ali plonge en m’entraînant sous l’eau. Dans le tumulte des vagues et avec la surprise, je n’avais pas eu le temps de reprendre correctement ma respiration. Toutefois, notre voyage sous-marin fut de courte durée. Il prit une impulsion et en usant de la compétence Cascade, il émergea de l’eau en fendant les vagues en ligne droite. Pendant ce temps, je recrachais la tasse bue involontairement avec dégoût et quand mes yeux purent enfin s’ouvrir, je vis qu’un Pokémon profitait du sillage laissé par Ali pour nager. Son corps beige tigré de marron m’était totalement inconnu. C’était donc le premier Pokémon que je voyais de Galar.

Wait.

…

Mmh.

WOW, MAIS C’EST TROP GENIAL !

- ALI, REGARDE ! UN POKEMON DE GALAR !

- Rrrr… Râla-t-il, l’air de dire « je peux pas regarder, je conduis ». Bon bah, tant pis pour lui. De toute façon, je suis sûr que c’est l’un des Pokémon qu’il a croisé tout à l’heure. Il ne doit pas y avoir encore 50 000 espèces de poiscailles sur cette île ! Ce serait triste, sauf pour Mir-

- … Miriam…

Son nom sortit de ma bouche en emportant avec lui toute l’énergie qui m’animait précédemment. Je ne l’avais pas revue depuis… Depuis le nouvel an. Et je n’avais pas été très glorieux à cette soirée-là non plus. Quand j’essayais d’y repenser, certains événements étaient comme flous. Sûrement à cause de l’alcool. Non, c’était certain que c’était à cause de ça. Au final, je n’avais toujours pas recontacté la fille que j’avais croisé à ce bal. Kaeko, elle s’appelait. Elle me plaisait bien, mais maintenant que les effets de l’alcool étaient retombés, je ne savais pas si c’était une bonne idée de la contacter. Pour lui dire quoi en plus ? « Hey, tu te souviens de l’autre barge qui t’a abordé l’autre soir ?! Bah, c’était moi ! Ça te dit d’aller boire un verre ? » Mdr, tu parles. Elle a dû m’oublier vite fait, bien fait.

A ressasser ces vieux récents souvenirs, je n’avais pas remarqué que nous avions rejoins un zone beaucoup plus verdoyante. Une fois sortis de l’eau, je descendais d’Ali et profitais des flammes d’un Feurisson pour me sécher.

- Cet endroit m’a l’air pas mal pour commencer notre chasse aux Pokémon. Vous en pensez quoi ?

Mes deux compagnons hochèrent la tête d’un air plutôt d’accord. La zone n’était pas très boisée, mais les rares arbres dépassaient en taille les plus hauts que j’avais pu voir auparavant dans ma vie. Même mon Noadkoko d’Alola ne devait pas les égaler de ses dix mètres. La petite plaine où j’avais atterris se vallonnait très vite. Il faudrait donc marcher un peu pour repérer plusieurs Pokémon. Avec si peu d’endroits où se cacher, nous finirions bien par en trouver. Sec et déterminé, je tirais les lanières de mon sac et m’avançais vers la colline la plus proche.

Merchi ! On va croiser les doigts pour le lapinou x)

Se promener dans le paysage de Calibur était très rafraîchissant. L’air avait une odeur marine différente d’Adala et la brume légère qui recouvrait par instant les lieux lui donnait une ambiance quasi irréaliste. D’une certaine façon, cela me rappelait le brouillard du bois hanté de Lansat. Et dire qu’une année et demi s’était déjà écoulée depuis notre départ. J’avais l’impression que chacun était retourné à sa vie, comme si ce tragique événement était oublié de la mémoire de tous. Plus qu’oublié, j’aurais dit qu’il était devenu tabou d’en parler. Mes proches se mettaient en pls rien que d’y penser ou esquivaient le sujet. La fuite n’était pas la solution, mais là n’était pas la question aujourd’hui.

Un bruit dans un arbre, provoqué par un battement d’aile, attira mon attention. De l’arbre s’échappa un oiseau qui s’envola plus loin sans que je ne puisse clairement le discerner. J’aurais pu le poursuivre en utilisant Flambusard, mais je n’étais pas pressé par le temps. Nous avions des directives concernant l’heure de départ, mais cette heure n’était pas encore arrivée. Je n’avais d’ailleurs jamais terminé une sortie capture dans les dernières minutes. En explorant les divers lieux des îles, je finissais toujours par tomber sur l’un ou l’autre Pokémon à capturer.

En nous baladant, mes pensées divaguaient d’un sujet à l’autre, sans avoir de réel fil conducteur. Beaucoup de dresseurs devaient parcourir actuellement Calibur, mais je n’en voyais aucun en atteignant le sommet d’une colline. Je me sentais serein, en pleine plénitude, alors que devant moi s’étendait un lac au milieu des collines. A bien y réfléchir, je devais avoir un peu d’avance sur les autres élèves, donc autant en profiter. A Adala, j’ai vite compris que les lacs attiraient les Pokémon avec abondance et c’était l’unique point d’eau en dehors du fjord que je croisais.

- On devrait trouver des Pokémon au niveau du lac, descendons.

Feurisson se mit à débouler la colline en roulade. Lui aussi profitait à sa manière de ces grands espaces pour se dégourdir les jambes et prendre un bon bol d’air frais. Même Ali, en voyant son compagnon foncer, se mit à courir. J’en faisais donc de même pour ne pas me laisser distancer. En deux temps, trois mouvements, nous déboulions sur le lac où des Pokémon étaient effectivement agglutinés en troupeau, pendant que certains se désaltéraient.

- Ne faites pas de gestes brusques, ils pourraient prendre peur.

Nous les observions à une distance raisonnable. Il était préférable de ne pas les effrayer, au risque de les faire fuir. Tous collés les uns aux autres, il était difficile de discerner leur forme. J’aurais parié sur une forme de Galar de Wattouat, mais leurs queues différaient trop.

- Essayons de nous approcher, j’aimerais les voir de plus près. Doucement.

Jusque-là, ils n’avaient pas prêté plus attention à nous que cela. Mais lorsque nous nous mîmes à bouger, l’un d’eux releva la tête dans notre direction. Leurs yeux étaient vraiment spéciaux, je n’en avais jamais vu de cette forme. On aurait dit qu’ils me transperçaient pour lire mon âme. J’avais une soudaine envie irrésistible de dégainer une pokéball pour tenter la capture de l’un d’entre eux. Sauf qu’avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, celui qui nous regardait se roula en boule. Comme un seul homme, ils l’imitèrent tous et prirent en cœur la direction opposée à la nôtre. Sans m’en rendre compte, je m’étais légèrement abaissé pour ne pas les apeurer, mais maintenant qu’ils avaient fuit, je me redressais pour les regarder partir.

- J’en aurais bien capturé un. Ce n’était peut-être pas raisonnable, mais ils avaient l’air si doux et si intéressants. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

- Feuuuu.

- Tu penses qu’ils ont eu peur de toi ? Mmh… Peut-être. J’aurais plutôt pensé à l’autre andouille avec ses crocs démesurés. D’ailleurs il est passé où ?

Pendant que nous observions les nouveaux Pokémon, Ali avait préféré faire un petit plongeon dans le lac. Quand je disais qu’ils profitaient du coin, j’aurais presque dû dire qu’ils avaient déjà adopté la région.

- A TAAAAABLE ! M’écriais-je à l’attention d’Ali qui s’amusait encore dans l’eau avec d’autres Pokémon. S’il avait eu des oreilles, elles auraient remué juste avant qu’il ne me fixe du regard. Il ne lui fallut pas plus d’une dizaine de secondes pour sortir de l’eau et rejoindre ma petite nappe posée sur l’herbe. Feurisson m’aidait à composer les deux derniers sandwichs avec des cornichons et de la bonne viande de Frison cuite par lui-même. Je mettais en pause mon activité actuelle pour tendre à Ali ses propres sandwichs.

- Ils ne sont pas de Mama Odie, mais j’espère qu’ils te plairont. J’ai mis une double dose de sauce barbecue miel comme tu l’aimes !

Les pupilles de mon starter se mirent à briller intensément. Il se lécha la mâchoire, alléché par l’odeur du premier sandwich et la composition de celui-ci. En deux secondes, il engloutit une première bouchée. La suivante ne tarda pas. Ce grand gourmand ne nous attendait même pas pour commencer. Je m’en étais douté et ça me faisait sourire de le voir manger avec appétit. Ma cuisine était loin d’être extraordinaire. Je connaissais les bases, c’est tout. A Galar, j’avais entendu dire que la majorité des dresseurs savaient cuisiner, que ça faisait partie de leur entraînement au même titre que le combat Pokémon. Si c’était le cas, alors j’avais un énorme retard avec eux sur ce point haha.

- Ne manges pas trop vite, on n’a pas encore commencé.

S’empiffrant déjà son second sandwich, Ali s’arrêta net et nous fixa tour à tour. Si je lui disais cela plutôt sur le ton de la plaisanterie, Feurisson n’était pas du même avis, car lui aussi avait très hâte de dévorer son repas. Ce petit gars a tendance à s’emporter vite, mais une simple caresse sur la tête de ma part suffit à le calmer.

- Et voilà ! C’est terminé ! Bon appétit !

- Rwali ?

- Oui, j’ai pris un dessert. C’est une salade de fruit ! J’ai veillé à ne pas mettre d’ananas cette fois, vu que tu n’aimes pas ça.

Content, Ali reprit sa dégustation en remuant la queue. Je l’avais rarement vu aussi joyeux depuis son évolution. Il faut croire que l’air de Calibur lui réussit. Mais passons, je meurs aussi de faim, alors goûtons enfin ces sandwichs !

- Mmh… Trop bon ! La viande est bien cuite à point, comme il faut. Beau travail Feurisson.

- Feuuu.

Lui aussi a l’air d’apprécier. Je posais un coude derrière moi, m’appuyant dessus pour basculer en arrière sans tomber. Je ne cessais de le répéter, mais cette région était vraiment très belle. Je me demandais si le continent était aussi verdoyant, avec de grandes étendues d’eau comme celle-ci. Tout en dévorant mon sandwich, je laissais aller ma réflexion bercée par ce cadre idyllique. La brume vint gâcher la fête juste avant le dessert. Elle apparut au niveau du lac sans prévenir et s’étendit jusqu’à la berge et notre coin pique-nique. En plus de cela, d’autres élèves commençaient à venir traficoter dans ce secteur, il était donc temps de partir pour ne pas se retrouver dans la masse.

- On replie tout dans le sac et on bouge de là. On verra pour le dessert plus tard, au pire ça fera un goûter.

Je réajustais le sac sur mon dos et reprenais la route. Mes Pokémon suivaient.

- En théorie, plus on s’éloigne des autres, plus on aura de chances de rencontrer de nouveaux Pokémon.

J’aurais pu dire Pokémon tout court. Avec l’armada qui était descendue sur l’île, ça allait devenir de moins en moins évident de trouver un petit coin de paradis en toute tranquillité. Parfois, j’avais envie de me mettre à la place des Pokémon qui nous voyaient débarquer en masse. Certains devaient vivre la pire journée de leur vie. Habituellement, les dresseurs parcouraient les routes de leur région à la recherche de Pokémon. Or, nous n’avions pas cette chance. Nous ne pouvions pas simplement croiser un Pokémon, sympathiser avec et poursuivre notre aventure en sa compagnie. Typiquement, nous étions interdits de capturer ceux d’Adala en dehors d’événements très particulier. Et ça se comprenait… Si tous les élèves n’avaient qu’Adala pour composer leur équipe, ils auraient tous les mêmes Pokémon et les espèces de l’île seraient en voie d’extinction dessus. Au final, n’accorder qu’une journée de temps en temps pour réaliser la même atrocité dans des lieux différents permettait de réduire l’impact sur l’écosystème. Ce n’était pas forcément le meilleur choix, mais il y avait une bonne logique derrière.

En remontant dans les collines de l’autre côté du lac, la brume disparut. Depuis leur sommet, il était possible de voir les élèves qui avaient atteint ce lac et se précipitaient sur le moindre Pokémon observé. Je les abandonnais à leur chasse et retournais à la zone d’exploration suivante. Dans ces collines, nous croisâmes plusieurs espèces que je n’avais encore jamais vu, dont de gros écureuils et les bouboules de tout à l’heure. Hormis la curiosité que je pouvais leur porter du fait que je n’en avais encore jamais rencontré, je n’étais pas attiré plus que cela par eux. En définitive, peut-être qu’aucun Pokémon ne rejoindrait mon équipe aujourd’hui. Il fallait dire aussi, qu’elle commençait à saturer en terme de place.

- Mouais mouais, je ne vois pas de quoi casser une ampoule à trois Couaneton.

Soudain, alors que tout espoir semblait perdu, mon radar a type Feu se mit en alerte. Je pointais aussitôt une direction et un Pokémon qui était assis en tailleur sur le pic de l’une des collines, face à l’océan.

- Ok ! Lui, je le sens bien !

Ali et Feurisson échangèrent un regard d’incompréhension, puis hochèrent les épaules avant de me suivre vers la position du Pokémon. C’était une sorte de lapin argent sale et magenta sur les extrémités. Ouais, moi et les couleurs, ça n’est pas très concluant. C’est bien pour ça que de nous deux, c’est Sirius le coordinateur. Malgré notre approche, la petite bestiole restait calme, sereine, les paupières fermées. Je chuchotais donc à mes coéquipiers.

- Hum… J’ai presque peur de le déranger si on s’approche plus. Vous croyez qu’on peut ?

La réponse ne vint pas de mes Pokémon, mais du type Feu qui leva une patte et nous invita à prendre place à côté de lui, puis il retourna à sa position initiale. Nous en restèrent une seconde abasourdis avant de lui obéir. Je ne savais pas s’il fallait aussi fermer les yeux comme lui ou simplement attendre un événement quelconque. Voyant que cinq minutes étaient passées sans que rien ne change, je commençais à croire que nous aussi nous devions entrer dans une forme de méditation. Nous devions avoir l’air bien bête tous les trois. Cependant, j’avais le sentiment que c’était nécessaire pour entrer en contact avec lui. Je ne vous cache pas que le temps devint rapidement long et que des Fermite commencèrent à grimper dans mes jambes. Au bout d’une heure, sachant que notre temps sur cette île n’était pas infini, je décidais de sortir de mon état de demi-sommeil pour activer les choses. Lorsque mes paupières s’ouvrir, la lumière m’aveugla. Arg… J’avais presque oublié qu’on était en pleine journée. En revanche, où était passé le petit lapin violet ? J’étais persuadé qu’une heure plus tôt, il était juste là à côté de moi ! Vivement, je me tournais vers mes deux camarades. … Ils dormaient.

- Réveillez-vous les gars, le petit gars a filé !

Une bonne attaque Torgnole derrière la tête et hop, ils étaient repartis. En vérité, il m’aurait suffit de relever la tête pour le voir avec un petit baluchon d’affaires nous appartenant entrain de s’en aller gaiement sur la colline d’en face.

- Le petit roublard… Il nous a bien eu avec ses airs de faux moine.

Ni une ni deux, j’attrapais la pokéball de Ponyta et l’appelais. Sur son dos, j’allais le rattraper en moins de deux. Du moins, je le pensais. Car dès que nous fûmes à une distance raisonnable de lui, il se mit à accélérer en laissant des petites traces enflammées derrière lui. Même si son chemin était traçable, il était sacrément rapide le petit. Ponyta dû avoir recours à Hâte pour regagner en vitesse et le rattraper.

- Haha, tu n’as nulle part où te cacher maintenant !

J’avais un peu trop vite parlé. Le Pokémon freina de ses deux pattes en avant et s’arrêta net pour partir dans la direction opposée. Avec Ponyta, cette manœuvre était beaucoup plus compliquée et longue à réaliser. Je n’avais néanmoins pas dit mon dernier mot, car il avait oublié que derrière nous suivaient à leur vitesse Ali et Feurisson ! Il se retrouva nez-à-nez avec une boule de feu qui le renversa. Feurisson lança ensuite des Météores à chaque fois qu’il essaya de s’échapper. Ali, Ponyta et moi arrivèrent ensuite, mettant un terme à ses possibilités de retraite.

- Tu vas nous rendre ce que tu nous as volé petit malin.

Il jeta le baluchon à terre en me dévisageant, l’air de dire : tu vas me laisser partir maintenant ? Sauf que non !

- Tu tiens vraiment à ces babioles ? Disais-je en pointant le tas d’affaire au sol.

Il opina du chef.

- Je te propose un deal : tu m’affrontes et si tu gagnes, je te laisse repartir avec tout cet attirail sans m’y opposer. Un sourire carnassier venait alors imprégner mon visage. En revanche, si tu perds, tu rejoins mon équipe. T’en dis quoi ?

Il s’épousseta les genoux et les épaules, puis sautilla en frappant le vide de ses poings.

- Très bien, alors c’est parti.

Dans un périmètre d’une vingtaine de mètres carrés définis par quatre de mes Pokémon, le petit et moi allions nous affronter. Je n’avais le choix que d’un Pokémon et ce n’était pas Ali, sinon ce serait une vaste blague et je ne voulais pas m’abaisser à ses tromperies. Gagner honnêtement, j’étais sûr que c’était le bon pari à faire avec lui. J’employais donc Esdeath, ma Givrali !

« Tu m’envoies combattre ce type Feu, je te pensais moins stupide que cela. »

- Tu sais très bien que j’ai foi en tes capacités.

Pour une raison inconnue, Esdeath et moi arrivions à communiquer sans aucune barrière depuis que nous nous connaissons. C’est notre truc. Quelque chose qui n’était possible normalement qu’avec les types Psy et de rares exceptions. Apparemment, elle en faisait partie.

« C’est très aimable de ta part. Nous reparlerons de mes indemnités lorsque j’aurais les poils grillés. »

- Si tu veux, maintenant concentre-toi, il arrive !

« Je sais, je le vois. Pas besoin de me le répéter. »

Esdeath sauta sur le côté pour esquiver la première attaque coup de pied de son adversaire. Me battre avec elle n’était pas le meilleur moyen de m’assurer la victoire. Sur l’île où je l’ai capturée, c’était une Givrali indépendante et dominatrice… Les Pokémon de sa région avaient peur d’elle et exécutaient le moindre de ses caprices pour lui faire plaisir. J’en ai bavé pour l’amener à nous rejoindre, mais ça valait le coup et il est important que nous nous battions ensemble pour améliorer le lien qui nous lie.

- Active Voile Miroir puis Vive-attaque.

Je voyais bien que ça l’embêtait de m’écouter, mais elle le fit quand même à contrecœur. Tandis que le miroir affichait Givrali à son ancienne position, Esdeath put contourner rapidement sa cible à l’aide d’une Vive-attaque. Ce n’était pas l’utilisation normale de ces deux compétences, mais les circonstances n’étaient pas non plus optimales, il fallait se montrer malin pour gagner la partie.

Le petit gars ne mit pas longtemps à comprendre la supercherie en brisant le miroir. Entre temps, Esdeath s’était rapproché et en lui glissant un clin d’œil, elle lui avait fait un Regard Touchant, ce qui allait perturber le lapin et l’empêcher de se déchaîner à son maximum contre elle. Elle aurait pu continuer ainsi à le séduire jusqu’à ce qu’il finisse par ne plus être en état de combattre. Mais elle était du genre à apprécier que les gens tombent à ses pieds à la force de ses coups. Donc au lieu de le charmer, elle profita de sa confusion pour le mordre à la nuque et le projeter au sol. Ma foi, ce n’était pas le plus éthique, mais ça fonctionnait…

Leurré mais pas idiot non plus, le lapin se jeta de nouveau dans la mêlée. Les flammes incandescentes enroulées autour de ses pieds diminuaient d’intensité chaque fois qu’il croisait le regard de la demoiselle. Néanmoins, il parvint à lui asséner plusieurs coups dans un enchaînement de Double Pied en la prenant de vitesse.

« Grrr… Je vais en faire de la charpie. »

- Calme-toi, il ne t’a pas encore brûlée.

« C’est moi qui vais le rôtir. »

- Arf… Soupirais-je.

Aux grands maux, les grands remèdes, elle ne fit plus dans la dentelle. Bien qu’il était difficile de croire qu’elle l’ait fait un jour. Cette fois-ci, elle y allait en usant de toutes ses attaques à distance pouvant créer ou ébouler de la glace. L’air se refroidit aussi sec. Mais le petit gars était loin de se laisser démonter. Le froid, il ne l’appréciait pas beaucoup, mais il y résistait en s’entourant complètement de flammes, avec une Nitrocharge comme l’avait fait Feurisson précédemment pour l’arrêter. Ainsi, il était couvert contre la neige. Le combat tournait un peu trop à son avantage, il était temps que je reprenne un peu la main.

- Esdeath, écoute-moi. Tu ne gagneras pas en te vidant de toute ton énergie pour rien. Il est immunisé à tes attaques Glace lorsqu’il les voit, alors fais-en sorte qu’il ne puisse pas les prédire.

Le regard de ma Givrali s’illumina. Elle devait avoir compris. Je l’espérais. Le lapin revint à la charge, toujours enflammé, et au lieu de déverser sa fureur hivernale dessus, elle lui montra son postérieur et lui jeta en grattant le sol de la terre au visage. Ce n’était pas grand-chose, mais ce sont parfois les petits riens qui font les grands moments. Celui-ci le déstabilisa suffisamment pour que son attaque rate et que ses flammes disparaissent, juste assez de temps pour permettre à Esdeath de lui balancer trois Éclats Glace en pleine face et le faire tomber au sol, des spirales à la place des yeux.

- Joli travail d’équipe, je suis fier de toi Esdeath.

« Pas même une égratignure... J’aurais pu m’en sortir seule. » Concluait-elle fièrement.

Ça ne m’empêchait pas de sourire à cette victoire.