Je continue ma promenade, trimbalant toujours ma Medhyèna avec moi. Même sans télépathie, l'île est bruyante. Bruyante de tous les gamins qui courent dans tous les sens en hurlant "PIKACHU ATTAQUE LANCE-FLAMMES !" et autres conneries du genre. Vous voulez pas les laisser faire, un peu ? Ce sont eux qui se battent, pas vous, je pense qu'ils savent mieux que vous ce qu'ils doivent faire.
Le pire, c'est que je dois rester attentive si je veux pouvoir capturer un pokémon. J'essaie simplement de ne pas me focaliser sur les dresseurs et dresseuses alentours, mais plutôt sur toute herbe qui bougerait, ou un bruit de brindille qui se casserait... Ça demande une sacrée concentration, mine de rien.
Je progresse en ligne droite, et rapidement, je commence à percevoir la mer de l'autre côté. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder là-dessus. J'aurai juré entendre un couinement venant de derrière ce fourré... Je m'approche le plus discrètement possible, et écarte les herbes qui me font face pour découvrir... Un type. Allongé, profitant de l'air vivifiant de la région pour taper sa meilleure sieste. D'ailleurs, si mes souvenirs sont bons c'est le jardinier de l'académie. C'était quoi son nom déjà ? Théodore ? Théodule ? Timothé ? Un truc en T avec trois syllabes en tout cas. Il ne semble pas avoir capté mon visage ni celui d'Oblivion qui dépasse d'entre deux hautes herbes, pourtant juste à côté de lui. Bref, je pense pas que ça vaille le coup de lui balancer une pokéball en pleine face. Ok j'avoue ce serait sans doute super drôle, mais j'ai pas envie de me faire trop remarquer alors que je suis nouvelle. Nous voilà donc repartis chasser, laissant le paresseux profiter de sa journée.
Suite à cela, pas grand chose. Le peu de pokémons qu'on a réussi à apercevoir se sont enfuis dès qu'on les a approchés t'façon ils étaient moches. Il doit à peine être midi et on arrive déjà à la côte. En jetant un œil aux alentours, je remarque une baie qui semble abriter une plage discrète. Je m'approche en surveillant mes arrières, comme si je ne voulais pas être suivie. Enfin, c'est vrai, je veux pas être suivie, mais il n'y a pas de raison que je le sois. Une fois hissée sur un amas de grosses roches qui constituent la barrière cachant la-dite baie, j’aperçois mon salut. Une plage en contre-bas, déserte.
Ni une ni deux, je descends précipitamment en un mélange de sauts et de petites glissades pour poser mes pieds sur le sable et courir jusqu'en plein milieu de la plage, m'assurant qu'il n'y ait vraiment personne d'autre. J'ouvre donc ma veste, et Oblivion ne perd pas une seconde pour sau-
-fait bon-
-belles écailles-
-bel endroit-
-humaine ?-
-on joue ?-
Je plonge, ou plutôt m'écroule, pour rattraper ma Medhyèna par le bassin juste avant qu'elle ne se mette à courir partout. Les voix se taisent à nouveau, et mon équilibre revient. J'aurai dû me douter qu'il y avait des poissons dans le coin... Il y a même sans doute des pokémons parmi eux, mais je ne pense pas être en mesure d'en attraper un sous l'eau. Je m'excuse tacitement envers ma starter en la serrant contre moi. Je reste là, assise en tailleur, caressant Oblivion postée confortablement sur mes cuisses. Mon regard alterne entre elle, la plage déserte, et la mer qui nous fait face. C'est calme. J'aime vraiment ça d'habitude. Mais là, j'ai pas le moral. Déjà parce que je viens de décevoir ma starter et parce qu'en plus, je sens déjà que cette journée va être un fiasco, côté capture. Je peux même pas laisser Oblivion combattre, comment je suis censé affaiblir un adversaire avant de lui lancer une pokéball ? Où alors je la balance direct ? Ça peut marcher quand même ? Ils en ont pas parlé à l'académie.
Je reste plongée dans mes pensées assez longtemps pour laisser le soleil traverser une bonne partie du ciel. Finalement, un battement d'ailes me tire de mes réflexions. Oblivion a déjà la tête dressée et fixe quelque chose au-dessus de nous. Le temps que je lève la tête, le nouvel arrivant se pose sur le dessus de mon front. Tout ce que je vois, C'est un ventre de plumes jaunes duquel dépasse un bec gris cendré. J'approche une main pour le chasser, déjà parce que je suis pas un perchoir, et puis les petites serres dans la peau, c'est aussi peu agréable que ça en a l'air.
Le volatile me laisse tranquille et choisit de se poser à ma droite, picorant au hasard dans le sable en me jetant des coups d’œils curieux de temps à autre. En général, lorsque les oiseaux se comportent ainsi, c'est qu'ils cherchent à manger, non ? Dans le doute, j'ôte mon sac-à-dos sans geste précipité et en sors un sandwich qu'il me restait. J'arrache un bout du pain de mie et le lance entre le Minisange et moi.
Celui-ci fixe d'abord la nourriture comme si elle risquait de prendre vie d'un instant à l'autre pour l'agresser. Il se décide finalement à sautiller jusqu'au morceau et le picore. Je découpe un autre bout et lui tend, mais sans le lâcher cette fois-ci. J'attends qu'il l'ait bien en bec pour passer un doigt dans son plumage. On reste comme ça pendant un moment. Oblivion l'observe calmement, toujours postée entre mes jambes comme une sentinelle. Je finis par me rendre compte que mon sandwich est maintenant dangereusement proche d'un jambon crudité, mais sans le pain. Alors, je me risque à sortir une pokéball et l'approche du Minisange. Il la picore sans se poser de question et se fait absorber en lâchant un cri de panique assez ridicule puisqu'il a été interrompu.
Ouais, il est mignon, mais il a pas l'air très malin...
HRP :
Je lance une pokéball !