LISSA LABELVI

« Cette fois, c’est la bonne ! »

Accroupie, je passe en revue pour la énième fois le contenu de mon sac.

« -Repousse… C’est bon… Pokéballs… C’est bon… Eau… C’est bon… Ipok…  »

Je saisis l’appareil, et déverrouille l’écran. Après un bref regard sur le niveau de batterie, je soupire, et le range à sa place.

« -… C’est bon. »

Je referme le tout, et me redresse. Une fois tout ceci mis sur le dos, je me tourne vers Majesté, posté sur un banc à peine plus loin.

« -Cette fois-ci, c’est la bonne ! Je ne compte pas me décourager... Pas comme lors de notre première tentative. » je lève mes deux poings, et les resserre avec conviction « Aujourd’hui, Majesté, nous allons nous faire un nouvel ami ! »

Mais le Vipélierre ne me fait même pas face. De profil, il garde une patte sur sa hanche et affiche un petit air hautain. Il ne m’adresse finalement qu’un regard en coin, lourd de reproche, avant de complètement m’ignorer. Ma moue se fait aussitôt dépitée, et je ramène mes bras contre moi, inquiète.

« -J’ai… J'ai fait quelque chose de mal ? » une pensée me vient aussitôt après « O-oh ! Je vois !... C’est un test ! Pour voir si je garde confiance en moi malgré les imprévus… C’est ça ? »

Hélas, il ne me répond pas. A la place, il observe par delà la palissade notre bateau qui accoste, et bondis à terre une fois que c’est fait. Sans concertation aucune, il s’avance ensuite, visiblement décidé à mener la marche.

« -Ma… Majesté, attends ! »

Il nous faudra quelques minutes de plus pour pouvoir fouler terre. Les doigts fermement agrippés aux hanses de mon sac, je scrute très attentivement tout le paysage et la flore qui s’étendent devant nous. Une île à l’écart de la civilisation, recelant de Pokémon dont nous n’avons plus eu la trace depuis des dizaines d’année… C’est à la fois très excitant, et… Terrifiant ! Qui nous dit que nous sommes bel et bien en mesure d’aller les rencontrer ? Peut-être qu'ils sont particulièrement puissants, et qu’une novice comme moi est incapable d’interagir avec eux…

Ah ! Non ! Je suis encore en train de me dévaloriser… D’autant que Ginji a été formel ! Si j’utilise l’option Pokédex de mon Ipok a bon escient, il n’y a aucune raison que cela se passe mal… Il m’a même fait faire la mise à jour avec les premières informations récoltées sur ces mystérieuses créatures, donc… Je n’ai qu’à rester à l’affût.

Fin prête mentalement, je me tourne donc vers mon compagnon, et le questionne sur la suite.

« -Tu… As une préférence ? Pour une direction, quelque chose… »

Mais pour toute réponse, j’ai le droit à un reniflement de mépris. Hmm… Déjà un semestre que nous nous côtoyons, tous les deux, et… Je le croirai revenu à nos débuts. Quand j’y réfléchis… Il a adopté exactement le même comportement lors de notre précédente (et première) Sortie Capture… Qu’est-ce qui peut bien autant le contrarier ? Est-ce le fait d’explorer des contrées sauvages, et la prise de risque associée qui le dérangent à ce point ? Ah… Quelque part, je le comprends… Je ne suis pas tout à fait rassurée, moi non plus… Mais…

« -Ne t’en fais pas ! Tant que nous sommes ensembles… Nous pourrons nous en sortir, j’en suis certaine ! »

Il me renvoie la même œillade en coin. Puis il regarde ailleurs, et attend simplement que je me mette en marche. Je soupire distraitement, attristée qu’il ne partage pas mon enthousiasme… Mais je commence à être habituée à ses sautes d’humeur. Avec un peu de chance, l’exploration se passera mieux que prévu, et il retrouvera le sourire !

… Ou, il le trouvera tout court…

… Ah... Faîtes que ça se passe bien...

LISSA LABELVI

« Cette fois, c’est la bonne ! »

« -Alors ?… Les environs sont charmants, tu ne trouves pas… ? »

Majesté n’a pas l’air de partager cet avis. Ou s’il le partage, il le garde pour lui : il ne fait qu’apposer un regard de jugement sur tout ce qu’il croise, jaugeant en permanence ce qui nous entoure.

Si cette île est sauvage et supposément hostile, pour l’heure, je la trouve plutôt agréable à visiter.

Aaah... Et dire que les plaines de Galar s’étendent au loin… J’aimerai bien les visiter, mais je ne pense pas que cela soit permis de si tôt. Il doit y avoir un si fort afflux de touristes…

Enfin, le monde regorge de tant d’autres endroits à visiter. Et puis un jour, ça sera notre tour ! Donc inutile de me languir… Je dois plutôt profiter de cette opportunité qui s’offre à moi ! Celle d’agrandir mon équipe avec l’ajout d’un tout nouveau Pokémon, en provenance de cette région mystérieuse !

« -Hmm… Finalement, as-tu une idée d'une direction à emprunter, ou non ?…  »

Indécise quant à la suite, j’interroge Majesté, cherchant par la même occasion à l’impliquer dans ma démarche. Mais le Pokémon me rend très rapidement un regard laconique, avant de me pointer, nonchalamment, notre point de départ de la patte.

Cet élan d’insolence m’arrache une moue contrariée. Peinée, je me sens bien obligée de le réprimander quant à son attitude.

« -Majesté… Si tu n’y mets pas un peu de bonne volonté, jamais nous ne pourrions avoir le privilège d’agrandir notre équipe. C’est un passage important dans la vie d’un dresseur, et… Autant je veux bien affiner mes critères de sélection pour répondre à tes convenances, autant il est nécessaire que toi aussi, tu t’impliques dans le processus. »

Plus douce (bien que l’on puisse difficilement qualifier ma précédente tirade comme hargneuse), je m’agenouille devant lui.

« -… Donc ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

Même en tentant de le raisonner avec plus d'insistance, il fait la sourde oreille, et me rend un reniflement de mépris pour toute réponse. Finalement plus lasse qu’autre chose, c’est un certain ennui que l’on peut lire sur mon visage au moment où je me relève.

« -… Soit. Si tu ne veux pas m’aider… Ce n’est pas grave. Je me débrouillerai toute seule. »

Après tout, l’objectif de ma manœuvre est bien de capturer un Pokémon sans avoir à combattre, pas vrai ? Dans ce cas… Je n’ai pas besoin de l’assistance de Majesté pour y arriver. La seule raison qui pourrait le pousser à s’investir dans cette capture est de m’aider à choisir le candidat idéal, mais si même ça, il ne veut pas… Que puis-je faire de plus… ?

Je fais donc volte-face, et me prépare à repartir. Où ? Peu importe la direction, et à vrai dire…

J’aurai dû m’y intéresser à deux fois.

Bien trop pressée par ma reprise j’ai entrepris de marcher sans prêter attention au fait que j’étais arrivée à l’extrémité d’une pente abrupte. Aussitôt ma jambe élancée, je ne peux que réaliser mon erreur lorsque mon pied, en voulant se poser au sol, ne rencontre que du vide…

Et c’est la chute qui survient. La pente n’est ni trop haute ni trop brutale, mais bien assez inclinée et terreuse pour me faire débouler tout du long, sans possibilité de récupérer un point d’accroche. Je sens plusieurs cailloux écorcher ma peau le long de la descente, et une fois en bas, je me recroqueville sur moi-même en une vague tentative de calmer la douleur.

« -… A… Aoutch… Ça fait… Mal…  »

Du haut de mon ancienne position, Majesté s’est rapproché du bord, et m'a lancé un cri pour s’assurer de mon état. S’il me faut certes quelques secondes pour réagir, j’y parviens après m’être mise à genoux, et avoir recouvré mes esprits.

« -Ça… Ça va. Juste quelques égratignures…  »

Le Vipélierre acquiesce. Il évalue ensuite la pente que j’ai dégringolé, et estime celle-ci trop dangereuse pour entreprendre le même trajet… Après une rapide inspection des alentours, il semble jeter son dévolu sur un passage plus loin, vers lequel il se rend immédiatement. Je le regarde s’éloigner pour contourner la pente, et ainsi mieux me rejoindre ultérieurement, puis soupire.

« -Vraiment… Je suis une catastrophe ambulante…
-Messir ? »

Je ne l’ai pas remarqué, mais quelqu’un s’est rapproché et m’a tendu une main pour m’aider à me relever. Je la saisis volontiers, quoique encore un peu secouée par ma descente brutale.

« -Me… Merci beaucoup. Je ne voulais pas... »

Je me fige lorsque, après avoir commencé à me redresser, je réalise que la main que j’ai saisi n’en est pas une. Ou plutôt… C’en est une, mais… Appartenant à un Pokémon ! C’est une patte recouverte d’une douce et soyeuse fourrure qui m’a été tendue, et qui m’aide actuellement à me remettre debout.

Lorsque c’est fait, je réalise alors pleinement l’identité de celle qui me fait face. Ou plutôt… Je comprends à quel point elle m’est inconnue ! Il s’agit d’une créature bipède, plus petite que moi mais proche du mètre, au regard doux et bienveillant. Son corps est majoritairement blanc, mais ses bras, ses jambes et la partie supérieure de sa tête sont recouverts d’une fine fourrure mauve. Elle possède également deux cornes et une petite queue touffue.

Vraisemblablement inquiète, elle m’interroge.

« -Wimessir ? »

Je lâche doucement sa patte, et ramène ma main contre moi. Ne sachant trop quoi dire ou répondre, je bafouille tant bien que mal quelque chose.

« -Mer… ci encore. C’est gentil à toi de m’avoir aidé à… Me relever… »

Outre le fait qu’il s’agisse d’une espèce de Pokémon m’étant totalement inconnue, et pas que de nom, qu’elle me soit venue en aide me déconcerte beaucoup. L’île n’est pas supposément peuplée uniquement par des Pokémon sauvages ? Comment peut-elle se montrer aussi avenante envers moi… ?

Et je suis pourtant loin d’être au bout de mes surprises. Voilà qu’elle commence à me tourner autour, non pas pour m’étudier, mais plutôt pour m’inspecter et s’assurer que je me porte bien. Via de vifs et légers coups de pattes, elle enlève la poussière de mes vêtements, et replace gentiment la lanière de mon sac. Gênée, je l’observe faire sans savoir comment réagir.

« -Oh, c’est…. C’est gentil à toi ! Mais, tu sais, tu n’as pas à te donner autant de peine… »

Elle s’arrête alors devant moi, et effectue une courte révérence, accompagnée d’un sourire. J’écarquille aussitôt les yeux, de plus en plus étonnée.

« -Euh, tu… ? N-non, c’est à moi de faire ça ! Je... »

L’imitant, je me penche vers l’avant.

« -Merci beaucoup pour ton aide. Sache que je l’apprécie !
-Messir ! »

Son sourire se fait plus grand encore, et son expression radieuse. Quelle étrange créature… Si gentille ! Et si courtoise ! Je me demande…

Oh ! Une minute ! Mon application Pokédex… Elle devrait pouvoir répondre à toutes mes questions. M’en saisissant, je la démarre, et adresse un hochement de tête rassurant à l’attention du Pokémon.

« -Si tu permets… J’aimerai en apprendre plus sur toi. Cet appareil va m’y aider... »

Elle accepte sans broncher, et acquiesce en retour. L’analyse de mon Ipok est rapidement lancée, et m’affiche tout aussi vite un résultat, que je m’empresse de lire. Alors, voyons voir…

Wimessir, Pokémon Émotion. Ils font l’impossible pour s’attirer la gratitude des humains et des Pokémon. Ce Pokémon très intelligent presse ses cornes contre celle de ses congénères pour échanger des informations…

« -Oh... Je vois…  »

Il est également dit que les Wimesir gagnent leur énergie grâce aux sentiments de gratitude. Les mâles font de très bons valets, tandis que les femelles s’occupent à merveille des enfants. C’est…

« -… C’est incroyable ! Je… » en ayant déjà vu bien assez, je range l’appareil dans ma poche, et attrape les pattes de la créature « Toi et moi, nous… Nous sommes pareilles ! Je veux dire… » plus délicatement, je me pointe d’une main, et la désigne de l’autre « Evidemment, je suis une humaine, et toi, un Pokémon, mais… Tout comme toi, j’ai à cœur d’aider autrui. Et… Les voir réussir est pour moi la plus belle des récompenses. Donc, moi aussi, quelque part… Je me nourris de leur gratitude ! »

Si elle affiche de prime abord une mimique étonnée, elle récupère bien vite sa sérénité apparente pour finalement montrer de la réjouissance.

« -Wi… Wimessir ?
-Je t’assure, c’est réellement ce que je ressens ! Et d’ailleurs, tu devrais le percevoir, puisque… Ce simple constat suffit à m’emplir de gratitude à ton égard. »

En effet, le Pokémon ferme les yeux, et semble se laisser envahir par une indescriptible sensation. Finalement, lorsqu’elle les rouvre, elle saisit à son tour mes deux mains pour s’exclamer avec tout autant de joie.

« -Messir ! »

Mon sourire s’élargit en grand. Si j’avais su qu’en mettant les pieds ici, je croiserai quelqu’un qui puisse me comprendre… Un Pokémon, qui plus est ! Je n'y étais vraiment pas préparée, mais… Je crois bien qu’il s’agit là de la rencontre que j’attendais depuis ma première sortie capture. A n’en point douter, cette créature… Je veux passer plus de temps avec elle, apprendre à la découvrir, et à la connaître ! Je… !

« -Vi… Vipélierre ! »

En me retournant, je constate que Majesté est parvenu à contourner la pente qui nous séparait l’un de l’autre, et qu’il cherche désormais à me rejoindre à toute vitesse. Cela me ravit d’autant plus, et je le hèle avec enthousiasme.

« -Majesté ! Tu tombes bien ! Regarde un peu sur qui je suis tomb...
-Vipé… LIERRE ! »

Lorsqu’il arrive à notre hauteur, il ne décélère pas, mais vient à l’inverse se placer entre la Wimessir et moi-même afin de nous séparer. Elle et moi reculons d’un pas sans trop comprendre, tandis que, les deux bras tendus, le Vipélierre fait barrage de son corps.  

« -Lierre ! Vipélierre ! »

Il l’invective de mots obscurs, mais je cherche aussitôt à le calmer.

« -Ma... Majesté ? Mais... ! Mais enfin, calme-toi ! Elle n’est nullement hostile, au contraire !… Elle serait une camarade parfaite pour toi et... »

Je n’ai pas le temps de finir, que déjà, il fait volte-face, pour cette fois-ci me fusiller moi du regard.

« -Lierre ! Lierre, lierre, lierre, Vipélierre ! »

Son insistance et sa hargne me déconcertent beaucoup. Néanmoins, je réplique dans l’optique d’apaiser cette tension absolument pas nécessaire.

« -Majesté... écoute-moi ! Je te dis qu’elle ne nous veut aucun mal… Dis moi, qu’est-ce qu’il y a ? Quel est le problème ? Pourquoi… Pourquoi te montres-tu aussi hostile ? »

Pour toute réponse, il me pointe moi, puis lui-même, de la patte.

« -Lierre ! Vipélierre.  »

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Juste moi... Et lui ? Craignant comprendre, mon expression se fait plus inquiète.

« -Quoi ? Tu… Tu souhaites que je m’intéresse à nul autre que toi-même, c’est ça ? »

Il croise les bras, et acquiesce avec vigueur. Je m’offusque immédiatement.

« -Mais… Mais enfin, Majesté ! Tu as bien conscience que...
-Messir... »

Je me tais de nouveau, cette fois-ci interrompue par la Wimessir sauvage. Si elle est restée silencieuse et immobile tout du long de notre échange, elle n’en a vraisemblablement pas manqué un mot, et… En réaction, effectue une courte révérence.

« -Wimessir. »

Si elle sourit toujours, c’est de façon bien plus modeste et résignée. Aussitôt sa courbette finie, elle fait volte-face, et commence à s’éloigner. Je réagis immédiatement, et tends un bras pour l'arrêter.

« -A… Attends ! Ne pars pas ! »

Mon appel parvient à la stopper, mais seulement le temps de quelques secondes. Elle se retourne, et m’adresse un dernier rictus, plus large et sincère.

Je perçois alors pleinement toute la gentillesse et la bienveillance qui émane d’elle, comprenant par la même occasion le but de sa manœuvre.

Elle a compris qu’elle était la source d’un conflit entre mon Vipélierre et moi, et a tout de suite décidé de s’éloigner pour solutionner celui-ci. Tout simplement. Un choix basique et évident, mais qui pourtant, ne me satisfait guère.

Malgré tout, je n’objecte pas plus. Je ne fais ni ne dis rien alors qu’elle me tourne définitivement le dos, et s’éloigne, pour repartir d’où elle est venue. Mon regard reste tout du long figé sur sa silhouette qui diminue petit à petit, jusqu’à totalement disparaître de mon champ de vision.

Et même cela ne me fera pas directement revenir à moi-même. Je reste un instant le regard perdu dans le vide, et c’est Majesté qui, en se détournant avec mépris, me tirera de mes pensées.

« -Vipé.
-… »

Je le toise de toute ma hauteur. Un irascible et indésirable sentiment m’envahit, mais un plus puissant encore prend le dessus. Finalement, sans que je puisse le contrôler, mes pensées dépassent la barrière de mon corps pour prendre la forme de mots bien audibles.

« -Je n’ai été avec ce Pokémon que cinq minutes, et pourtant, je me sens plus proche d'elle que de toi. Malgré tout le temps que nous avons passé ensemble.... »

Il s’arrête, et lève la tête en ma direction, expectatif. Son regard affiche une insensibilité froide qui me glace le sang ; ma voix, elle, se fait plus fébrile.

« -Elle et moi semblions avoir beaucoup en commun. Alors que nous deux, en comparaison… Nous n'avons rien. Tu n’as rien à avoir avec moi, et… Moi non plus, je ne suis pas comme toi. »

Je serre doucement mes poings, et lutte de toutes mes forces pour retenir le flot qui monte en moi.

« -Et malgré cela… Depuis tout ce temps, je ressens le besoin et l’envie de t’aider. Car je m’en suis donnée la mission. Car je t’en ai fait la promesse. Et à côté de ça… Je n’ai qu’un seul désir : accueillir un autre Pokémon parmi nous, un nouvel allié, un nouvel ami, que je pourrai également aider et soutenir, et qui en retour, m’aidera à grandir en tant qu’Éleveuse. »

Sur le point de céder, j’abaisse le regard.

« -Mais toi… Tu ne penses pas à cela. Tu ne vois… Que toi, et... Le seul intérêt que tu me portes, est uniquement destiné à la manière dont je peux m’améliorer en qualité de vassale. »

Cette fois, des larmes perlent à l’extrémité de mes yeux, tandisu que je le dévisage à nouveau.

« -Tu penses que, avoir un autre Pokémon à mes côtés me détournerait de toi. Que je suis incapable… De m’occuper de plus d’un partenaire à la fois. En somme… Tu me crois inapte à devenir une dresseuse digne de ce nom. »

Je porte ma main à mon cœur, et ma voix se fait plus ferme.

« -Mais sache-le, Majesté...  Je continuerai de t’aider, de t’assister, ou te servir, pour atteindre ton rêve. Même en sachant tout ça. Même si, pour se faire, je dois abandonner mes propres rêves. Voire... Sacrifier mon avenir dans l’élevage. »

Je me mets ensuite en marche, et lui passe tout simplement devant.

« -Car, je te le répète. Je ne suis pas comme toi. »

Je lui coule un dernier regard, rougie par les larmes.

« -Moi au moins, je me soucie du bonheur des autres. »

Et je m’éloigne.

Mon starter, lui, reste parfaitement immobile. Impossible de décrypter son expression ou ce qu’il en pense sans me retourner, ce que je ne fais pas.

Je me contente d’avancer bêtement, la vue brouillée, et le cœur lourd.