qu'est ce que j'ai à y perdre sérieusement?
avec me, myself and I
Toujours vivante après presque une heure de marche, c’est bon signe. J’ai bien fait de suivre ce chemin qui ne payait pas de mine. Les paysages deviennent de plus en plus agréables, finalement ces nuages apportent un côté réconfortant. Je n’ai encore revu personne, c’est bon signe. Moi et ma tranquillité sommes ravies. Le calme me transporte, je serais loin aujourd’hui de mes musiques déprimantes. La solitude ne me fait plus peur, on cohabite depuis presque un mois sans trop se gêner. Je vais faire acte de présence en cours, priant pour rester dans mon coin, seule, sans soutien. Je n’ai besoin de personne. On ne peut compter sur personne. Et puis, au final, chaque journée passe comme celle de la veille, sans grand intérêt. Lever, manger, travailler et recommencer. Encore et encore. Est-ce les choses ont changé depuis cette fameuse soirée ? Je ne sais pas ; aucun réel progrès à constater. Je vis normalement, ou du moins, j’essaie. Ça a l’air de marcher pour le moment. Seul chose imperturbable, ma douleur. Chaque réveil est toujours aussi tranchant, chaque respiration, une fumée ardente. Les morceaux ne veulent plus s’emboiter. J’aimerais pourtant faire la dure et l’indifférente, mais je reste une femme. Une femme et ses milliards de sentiments éparpillés dans son être. Une femme et ses problèmes.
Nature et pluie. Finalement ces nuages sont de véritables plaies. Un peu comme moi. Ma doudoune devient ma meilleure amie. Le ciel crache toutes ses colères sur nous, triste journée pour lui aussi. Aucune forêt à l’horizon pour s’abriter un instant, attendre la fin de la crise. Seuls les buissons servent de refuge aux petites créatures et aux plus petits d’entre nous. Je n’ai encore vu personne, ni humain ni pokémon. Mes mauvaises ondes m’éloignent de la moindre forme de vie. J’en suis ravie. Peut-être que la bonté de Silk me rendra une partie de ma sociabilité. Sortant mon cher et tendre ami, la pluie n’a pas l’air de lui plaire, il ne pourra montrer son pelage si étincelant. Pauvre chou déjà trempé. J’aurais pu lui confectionner un imper’, mais je n’ai pas touché un tissu et une aiguille depuis un sacré moment. Je ne suis vraiment pas digne de lui. Avançant l’un à côté de l’autre, dans ce décor mélancolique, les idées vagabondes, sans réel but précis, je souris un instant parce qu’il était avec moi.
Une éclaircie. Silk à nouveau heureux malgré l’état catastrophique de ses poils. Le toiletteur sera content de me voir arriver demain, il aura de quoi ne pas s’ennuyer. Nous nous approchons de notre spot d’observation, celui qui me tentait depuis le début. J’espère que la vue est belle, je risquerais de regretter mon lit chaud et douillet. Silk court comme un jeune insouciant, essaie-t-il de me faire rire ? Je ne l’ai jamais vu comme ça. Ma tristesse m’aura au moins permis de découvrir mon compagnon, à défaut de m’avoir fait perdre 5 kilos. Jamais il n’a été aussi fou, et aussi ridicule. Mais je dois bien avouer qu’il est drôle. Je le rattrape en haut de la bute. Le ciel s’est dégagé pour donner une teinte légère à la ville en contre-bas. C’est joli. J’ai pourtant une envie dingue de pleurer. Pourquoi ? Je ne sais même pas… Ma tristesse est soudain d’une telle force que ma colère vient me chatouiller dans chacun de mes membres. Triste d’être comme je suis depuis des semaines, en colère d’être devenue aussi nulle. D’être aussi affaiblie. D’être aussi chamboulée. De ne pas savoir gérer la situation. De ne pas savoir me gérer. Les yeux de Silk percent mon cœur, ils n’ont jamais été aussi tristes. Par ma faute. Il ne sait pas quoi faire de moi. Me jetant parterre à genoux devant lui, les larmes coulèrent. Son museau rassure mes yeux, la petite langue effaça ces traces de mélancolie. Posant sa tête sur mon épaule, mes doigts parcourant son pelage humide, je n’avais besoin de rien d’autre. Il remplace tous ces humains incapables. Les yeux clos, je me sentis dépourvue de toute douleur, redécouvrant cette sensation plaisante de bien-être.
Ce bruit si désagréable. Des moqueries. Des élèves devaient nous avoir rejoint et il se moquaient maintenant de nous. Me redressant en un rien de temps, je ne découvris personne. Nous étions toujours aussi seuls au monde. Pourtant, Silk avait changer aussi d’attitude. Les oreilles en arrière, il semblait inquiet. Je regardai partout autour de nous, mais les buissons n’ont pas l’air d’être vivants. Les murmures réapparaissent. Je ne suis pas encore folle, c’est bon signe. Mon compagnon commença à grogner, quelque chose n’allait pas. Il s’approcha d’un buisson qui se mis alors à s’activer. Sorti alors cette petite chose toute rose. C’est donc ça ces nouvelles créatures. J’ai été assez mauvaise langue. Petit lutin face à moi, son air défiant me plait beaucoup. Il n’est pas très farouche. Un Grimalin, difficile de croire que le type fée vit en lui. Il se met à défier Silk. Il me plaît beaucoup. Fini la douceur. Bonjour la folie.
« Silk, montre-lui qui tu es vraiment ! »
Mon Pokémon bondit sur notre adversaire. Entre esquives et coups maitrisés, sous mes directives, il se débrouille plutôt bien je trouve. Il m’impressionne. Le Grimalin s’en sort plus ou moins, il en veut aussi. Les minutes défilent, j’ai l’impression que ce combat ne se terminera jamais. Silk ne renonce pas, il s’acharnera jusqu’au bout pour moi. Il ne lâchera rien, il se battra jusqu’à la pleine lune. Les coups s’intensifient, s’accélèrent, s’amplifient. C’est le moment, à mon tour d’entrer dans la ronde. Notre adversaire ne put éviter ma hyperball. Vu le spécimen, on n’est jamais trop prudent…
©BBDragon
hrp :
Edith lance une hyperball avec capsule étrange obtenue lors du calendrier de l'avent.